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Le bâton de pluie de Stea



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Informations

» Auteur : Stea - Voir le profil
» Créé le 18/06/2019 à 19:42
» Dernière mise à jour le 19/06/2019 à 20:08

» Mots-clés :   Aventure   Science fiction

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0 - Introduction
Je ne comptais plus le nombre de fois où du fond de mon cœur sortait un cri désespéré qui me suppliait de tout abandonner pour redémarrer de zéro.

Je ne comptais plus le nombre de fois où cette faiblesse me faisait trembler, hésitante à laisser tomber toutes mes responsabilités.

Tout cela parce que la vie m'offrait tant d'obstacles à franchir... Tellement que petit à petit même le plaisir de s'en sentir plus fort après les avoir surmontés commençait à avoir un goût amer à mes yeux.

J'en avais marre de voir les mêmes histoires se répéter, de me rendre compte que grandir ne rend pas les gens plus sages et de me rendre compte que, jusqu'à ma mort, je devrais lutter pour que mon esprit soit en paix.

Je ne comptais plus les fois où je me disais que j'étais... fatiguée.

La mort ne m'intéressait pas. Si je devais mourir, il fallait que je sois heureuse. Mon vrai problème était la recherche d'un bonheur qui apaiserait mes soucis. Et jusqu'à présent ce que je pensais en trouver fut décevant ou éphémère. Bien heureusement pour vous, ce malheur n'est pas ce dont cette histoire parlera. Il n'en sera que la cause, l'évènement déclencheur.

Car grâce à tout ceci, il me prit un jour de partir en vacances, loin de tout, pour me donner de l'espace et un peu de ressource pour continuer à avancer.

Je prenais le train en direction de la frontière France-Espagne, vers les Pyrénées. Les montagnes étaient les lieux les plus apaisants à mon cœur, isolés et en pleine nature. Peu de communication qui me reliait au monde, rejetant ainsi toute forme d'ennuis ou d'obligations qui auraient pu m'entraver. C'était l'été, le TGV me berçait paisiblement tandis que j'observais avec plaisir les paysages défiler à vive allure.

Mon lieu de destination était une petite ville, plus proche de l'Espagne que de la France. On y parlait les deux langues et à part les gens locaux, il y avait peu de fréquentations. Je me suis installée confortablement à l'auberge que j'avais réservée, je me sentais ravie d'avoir une semaine entière de paix.

Lors du deuxième jour, après avoir fait confortablement la larve et le plein d'énergie, je suis partie explorer les lieux. Mais alors que je montais une rue qui collait le flanc de la montagne, un bâtiment attira particulièrement mon attention : les enfants s'y dirigeaient quasiment tous et me bousculaient à leurs passages. Je n'étais pas sûre de lire correctement : il s'agissait d'un magasin spécialisé dans les pokémons ? Le bâtiment était d'apparence grand et spacieux, ce qui me laissa penser à un pokécenter, surtout avec la très grande enseigne collée au-dessus des portes automatiques. Mais comment diable Nintendo aurait pris la décision d'installer un pokécenter dans un endroit pareil ?

Les tout premiers jeux étant de ma génération, je n'avais pas perdu une miette de la série. Et grandir ne fit qu'empirer mon état comme grand nombre de personnes dans mon entourage. Je me pris l'envie de rejouer à mes vieilles cartouches, que je n'avais évidemment pas emmenées, et me laissa tenter.

J'entrais gaiement à mon tour, aussi joyeuse que les gosses, qui semblaient être la seule population ici. Mes joues rougirent un peu. Je ne me laissais jamais faire dire que j'étais trop grande pour rester dans cet univers, mais le vivre de cette manière avait quelque chose d'un peu honteux.
Hormis les jeux, les goodies étaient nombreux. De quoi étancher la soif d'achat de la fan que j'étais. Mais ce que je trouvais le plus impressionnant fut leur qualité. Jamais je n'avais trouvé pareils éléments sur internet ou dans les grandes conventions. Les statuettes et porte-clefs étaient stylisés autrement que dans l'animé ou le jeu, ça apportait une grande fraîcheur.

Je fus immédiatement scotchée par une reproduction de Noctali, un pokémon s'approchant du fennec, de type ténèbres et qui se trouvait être mon préféré. Je m'empressais d'en faire un achat, jubilant de joie.

J'aurais peut-être dû m'arrêter là.

J'aurais dû remarquer.

Mais pour le moment la surprise comblait tout espace de mon esprit ; je fis une visite complète pour voir ce que je pouvais trouver d'autre.

Je compris rapidement pourquoi la moitié des gosses de la ville se rendaient ici. Il y avait une petite salle de repos et de jeux et une petite salle de projection du dessin animé. J'hallucinais et me demandait comment un lieu pareil n'avait pas fait entendre parler de lui auprès des fans et de nouveau ce qui était passé par la tête de Nintendo pour installer un magasin dans pareil endroit.
Cependant, je n'arrivais pas à me sentir à ma place. La moyenne d'âge tournait autour des 10 ans et j'étais là seule personne à être vieille, du haut de mes 24 ans. Je jetais un œil auprès des vendeurs, pour vérifier qu'ils ne se moquaient pas de moi.

C'était à partir de là que j'eus la puce à l'oreille.

Bien que je ne savais pas pourquoi, deux vendeurs ne me quittaient pas du regard, et murmuraient entre eux en m'observant. Ce qui augmenta mon malaise : je me dirigeais alors vers la sortie. J'imaginais que ça devait malgré tout avoir un rapport avec mon âge mais... Ceux-ci me suivirent d'assez près lors de mon départ, tellement que je ressentis le besoin de presser le pas pour éviter qu'ils... ne m'attrapent.

Je fus plus observatrice sur le retour. Et je me rendais compte à quel point c'était en fait étrange de ne voir que des gosses par ici. Je sentais quelque chose de malsain, par le regard que portaient d'autres gérants sur ces enfants : mi-intéressés, mi-déçus. J'eus un certain soulagement d'en sortir, sans me retourner.

Mais j'étais intriguée. Qu'est-ce que c'était que ça ?

Ne voulant pas en rester là, je me contentais de m'installer à un bar d'où je pouvais voir le bâtiment. Et je me mis à réfléchir.

" Je ne comptais plus le nombre de fois où du fond de mon cœur sortait un cri désespéré qui me suppliait de tout abandonner pour redémarrer de zéro.

Je ne comptais plus le nombre de fois où cette faiblesse me faisait trembler, hésitante à laisser tomber toutes mes responsabilités. "

Et là... Actuellement, mon esprit me poussait à me jeter dans la gueule du loup. À l'excitation de savoir s'il y avait autre chose derrière tout ça.

Je n'en avais pas pleinement conscience. Je pensais simplement que je m'inquiétais pour les gosses et que je cherchais à les protéger de je ne sais quel possible trafic ou abus. Je trouvais ça bizarre et il me semblait naturel de vérifier que tout allait bien.
Mais dans le fond... Mon envie de vivre autre chose était si forte... Mon espérance qu'un évènement s'enclenche si forte... Qu'elles étaient les seules responsables.

Mon hésitation dura pas mal de temps en réalité. Il commençait à se faire tard, les enfants rentraient chez eux pour manger, leurs petites figurines en main. Mais... Une heure avant que ce "Pokécenter" ne ferme, je ne sais pas pourquoi, j'y suis retournée.

À l'entrée il n'y avait personne dans la partie magasin. Mais j'entendais des gosses jouer encore à leurs consoles dans la pièce voisine.

Je fis quelques pas et ne vit pas un des caissiers se diriger vers le bouton de la clôture de fermeture à mon arrivée. Je fis cependant attention à trois autres qui se dirigèrent dans le même lieu que moi et qui semblaient... m'attendre. Ou satisfaits de me revoir.

Lorsque j'entendis la grille s'activer et descendre, me coupant toute retraite, mon cœur fit un bond. De joie ou bien de peur... Qu'importe. Car aussitôt je me mis à courir là où je pouvais m'échapper.

Les hommes ne bronchèrent pas, ils emboîtèrent eux aussi le pas et me poursuivirent. Ignorant complètement la présence des autres personnes présentes. Je filais dans un couloir derrière les caisses et cherchais le moyen le plus efficace pour sortir.

Les fenêtres étaient toutes fermées, cela prendrait trop de temps de les ouvrir, mais cependant je devinais aux panneaux d'indications qu'une sortie de secours n'était pas très loin. Aller dehors était la première bonne chose à faire. Ce que je fis immédiatement à la première porte qui me le proposait.

J'arrivais cependant dans une cour intérieure. Pas d'accès direct à la rue pour partir. Mais j'aperçus un grillage qui menait vers la montagne. Je pris mon souffle et m'élançais. Avec difficulté je passais une première jambe. Mais les hommes étaient sur mes talons.

Avant que je n'eus le temps de passer la seconde, l'un d'entre eux arriva sur moi et me planta douloureusement quelque chose dans la cuisse.

Je n'eus pas grand souvenir de plus après cela. Je savais qu'on me traînait quelque part, la pointe de mes pieds raclant sur le sol. J'eus des moments lucides et d'autres moments où c'était le noir complet. Le seul souvenir que mon esprit put arracher à ces moments de trou fut celui où on m'amenait devant un homme, vêtu de noir.

Il s'était approché de moi, s'était saisi de mon sac de goodies, en sortant la statuette de noctali avant de dire, il me semble, avec un certain sourire :

"- C'est assez amusant." Il mit en évidence l'objet. "Usez donc de celui-ci et voyons l'effet qu'il donnera."

On me traîna ailleurs, j'eus la même douleur à l'épaule que celle qu'on m'avait infligée à la cuisse, puis j'eu soudain une forte fièvre et mes os me donnèrent l'impression de fondre.