Chapitre 3 : L’aquarium fantôme
Comme il fallait s’y attendre, l’intérieur de l’aquarium se révélait tout à fait ordinaire. L’aspect étrange cartoonesque qui avait enveloppé l’avenue semblait se contenter de transformer l’extérieur. Mais après tous les phénomènes étranges auxquels elles avaient assisté au cours des dernières heures, ni Hildegarde ni Aléria n’y firent vraiment attention. A ce stade, une anormalité supplémentaire qui viendrait se rajouter aux autres ne changerait pas grand-chose.
L’intérieur du bâtiment ne possédait pas d’éclairage, plongeant l’environnement dans l’obscurité la plus totale. Tentant de conserver son calme, Aléria espérait de tout son être que des Pokémon sauvages de type Spectre ne se promenaient pas dans les environs. Elle avait déjà eu son compte pour la journée avec les Spectrum et Fantominus qui s’étaient présentés à l’appartement précédemment. Cela n’empêchait pas la jeune fille de tenir la veste de sa camarade pour éviter de la perdre de vue.
Les Pokémon à disposition des deux compères ne leur seraient pas d’une grande utilité pour explorer la zone. Si le Fragilady d’Aléria avait la capacité Flash dans son arsenal, il ne ferait que les aveugler plutôt que d’éclairer l’aquarium. Grâce au plan disponible à l’entrée, elles purent rapidement localiser le local du personnel technique du bâtiment qui, comme il fallait s’y attendre, était tout aussi désert que le reste de la mégapole d’Ebravia.
- Nous ne sommes même pas sûres de ce que l’on cherche, soupira Hildegarde en attrapant une lampe torche dans l’un des casiers non fermé par un cadenas. Et nous ne pouvons pas non plus être certaines non plus que cet endroit renferme bel et bien quelque chose.
- Même si la lettre A ne se réfère pas à cet aquarium, je doute qu’il soit apparu soudainement sans raison, avoua Aléria qui finit par en trouver une à son tour. Même si cela n’a peut-être aucun rapport avec le meurtre de monsieur Elton, il se peut que nous dénichions une explication par rapport à tous les phénomènes bizarres que nous rencontrons.
La demoiselle au manteau noir avait encore du mal à accepter la disparition de son mentor. Elle qui avait toujours vécu dans une famille pauvre dans un quartier reculé d’Ebravia avait eu la chance d’être prise sous l’aile de cet homme. Elle devait beaucoup à Harris Elton et ne savait même pas où sa vie allait se diriger à présent. Mais tant qu’elle n’aurait pas résolu cette affaire, elle préférait ne pas y penser. Peut-être que d’autres humains existaient toujours quelque part dans la ville.
Aléria se sentait également mal vis-à-vis de madame Linday. Même si cette dernière prenait toujours tout avec amusement et adorait se moquer des autres, elle considérait Harris comme un ami. A cause de cette amnésie qui la privait de ses souvenirs, elle ne parvenait même pas à ressentir la moindre tristesse au sujet de son meurtre. Pour elle à ce stade, c’était du même niveau que d’apprendre la mort de quelqu’un d’inconnu à la télévision.
- Quelle relation j’entretenais avec ce type que nous avons découvert à l’appartement ? demanda Hildegarde en allumant sa lampe pour étudier davantage le reste de la pièce. J’étais un soutien financier pour lui, c’est bien ça ?
- Effectivement, confirma son interlocutrice. Monsieur Elton avait perdu son école de dressage dans un incident et vous avez fait reconstruire le tout. Mais à cause de cette période d’arrêt, il n’arrivait plus à récupérer d’élèves. Il a donc pris ce hobby de détective privé pour alléger sa dette envers vous. Avec moi, Shingo et Noctis, il n’a plus grand-chose à faire dans l’école...
- Noctis et Shingo ? répéta l’amnésique sans comprendre ce qu’elle voulait dire. Qui sont-ils ? Des amis à toi, je suppose ?
- Les deux autres élèves de monsieur Elton. Ils vivent à l’internat de l’école. Eux aussi souhaitaient devenir détectives donc nous étudions ensemble. Mais j’ai comme l’impression qu’ils ont tous les deux disparus comme tous les autres habitants…
Forcer ses souvenirs à revenir ne servait à rien. Même si elle avait certainement rencontré ces deux garçons par le passé, elle ne pouvait même pas leur attribuer une simple silhouette. Mais elle pouvait comprendre le poids qui pesait sur la conscience d’Aléria. En plus d’avoir découvert le cadavre de son bienfaiteur, elle se retrouvait séparée de tout son entourage et la seule personne restante pour l’épauler souffrait d’amnésie. Sa situation n’était pas enviable.
- On dirait bien que quelque chose pend du plafond, nota la blonde au béret bleu en projetant sa source de lumière en direction du plafond. Encore un Pokémon sauvage...
Le visage d’Aléria vira au bleu lorsqu’elle remarqua la présence d’un Mimigal sauvage qui descendait et se trouvait à présent à proximité d’elle. Sans perdre une seconde, elle recula de plusieurs grands pas en rabattant sa capuche contre sa tête. Hildegarde ne put s’empêcher de lâcher un sourire. Visiblement, la pauvre jeune fille n’avait pas peur que des Pokémon Spectre et phénomènes paranormaux. Ou peut-être que l’ambiance actuelle jouait simplement sur son stress.
Sans perdre davantage de temps, Hildegarde tendit sa main vers Aléria pour que cette dernière la prenne et se calme. Elles allaient à présent procéder à l’exploration de l’aquarium en espérant parvenir à obtenir ne serait-ce qu’une simple indication sur l’étrangeté de la situation. Si l’origine de la transformation physique de l’avenue à l’extérieur était causée par une personne, peut-être se trouvait-elle entre les quatre murs de ce bâtiment qui n’existait normalement pas.
***
Même si cela était dû à sa panique refoulée, Aléria avait la constante impression désagréable que quelqu’un l’observait. Ce qui n’était pas complètement faux à première vue. Les deux compères traversaient le même couloir en ligne droite depuis un moment, le mur à leur droite étant en réalité une immense paroi de verre. De l’autre côté se trouvait de l’eau en grande quantité où les Pokémon aquatiques semblaient les regarder passer. De nombreuses espèces cohabitaient ensemble en harmonie.
Aléria songeait au plus profond d’elle-même que se faire fixer par des Froussardine et des Rémoraid restait préférable que de croiser le chemin de Pokémon Spectre qui auraient colonisé la zone. Elle pourrait même accepter de voir des Viskuse ou des Moyade tant qu’ils demeuraient de l’autre côté de la vitre. Pour sa propre sécurité, elle préférait ne pas lâcher la manche de la veste de Hildegarde. Avec l’obscurité réduite des environs, il valait mieux que la paire ne soit pas séparée.
- On a presque visité toutes les pièces qui étaient présentes sur le plan à l’entrée, souffla la femme blonde, toujours imperturbable. Je ne sais pas si nous allons pouvoir tirer grand-chose de cette excursion.
- Le trajet des visiteurs forme une boucle avant de revenir vers l’entrée, il doit y avoir une dernière salle située au centre du trajet, juste en face de l’entrée mais de l’autre côté, expliqua timidement Aléria, à seulement quelques centimètres de son interlocutrice. Mieux vaut tout fouiller de fond en comble pour ne pas avoir de regrets plus tard…
Si elle n’y avait pas prêté beaucoup d’attention jusqu’ici, Hildegarde notait qu’elles n’avaient rien mangé depuis des heures, au moins depuis son réveil à bord du train électrique. Et pourtant, elle ne ressentait toujours pas le besoin d’avaler quelque chose. Aléria ne se plaignait pas non plus de l’absence de nourriture, Hildegarde supposa donc qu’il en était de même pour elle. Peut-être devraient-elles faire un saut dans le restaurant le plus proche en quittant l’aquarium.
Si l’humanité avait disparu d’Ebravia, ce ne serait sûrement pas le cas des stocks de nourriture, que le bâtiment ait un aspect cartoonesque ou non. Avec la pression permanente qui résidait sur les épaules de la pauvre Aléria, cette dernière avait bien mérité un instant de repos. Mais pour le moment, il valait mieux s’assurer une bonne fois pour toutes que cet aquarium ne recelait aucune information pouvant les mettre sur la bonne voix.
- Arrête-toi Aléria, prévint la demoiselle blonde qui cessa subitement d’avancer. Quelque chose ne va pas.
- Vous avez découvert quelque chose d’intéressant, madame Linday ? s’enquit la concernée en espérant une bonne nouvelle avec tout ce qui leur tombait dessus en ce moment. J’aimerais vraiment que nous puissions quitter cet aquarium le plus vite possible, cela ne me dit rien qui vaille...
- Pas vraiment, j’en ai bien peur. En fait, nous avons un visiteur juste devant nous.
Aléria sentit son cœur qui battait la chamade alors que Hildegarde relevait sa lampe torche vers l’horizon. Un Migalos sauvage approchait dans leur direction. Sans y réfléchir à deux fois, la fille au manteau noir s’apprêtait à lâcher la manche de sa camarade et à prendre les jambes à son cou en direction de l’entrée de l’aquarium. Malheureusement pour elle, Hildegarde avait anticipé ses actions et l’attrapa par le bras pour l’empêcher de prendre la poudre d’escampette.
Elles ne pouvaient pas être certaine qu’un autre Migalos, Pokémon Insecte ou pire encore ne soit pas située sur le chemin qu’elles venaient de parcourir. Plutôt que de se faire encercler bêtement, il valait mieux forcer un passage et poursuivre. Si Aléria avait fièrement combattu les Malamandre sauvages précédemment, c’était avant de découvrir le cadavre de Harris Elton et surtout, dans un environnement en plein air disposant d’une bonne luminosité.
- Aléria, est-ce que tu pourrais faire sortir ton Fragilady s’il te plaît ? Il a beau être de type Plante, je pense que ce sera le meilleur moyen de nous défendre contre ce Migalos.
Perdue dans sa panique, la jeune fille aux cheveux gris mit un certain temps à se souvenir de la façon dont elle s’y était prise pour faire fuir les Malamandre. Il valait mieux répéter l’expérience ici plutôt que d’engager un combat qui pourrait les mettre en danger. Ainsi, elle lança la Pokéball du Pokémon Chef-Fleur pour le libérer et lui ordonna aussitôt de lancer l’attaque Flash. Prenant par surprise le Migalos, qui venait à peine de remarquer leur présence, cela fut suffisant pour l’aveugler.
Hildegarde et Aléria, fermant les yeux pendant l’utilisation de la capacité, les rouvrit aussitôt et se mirent à courir pour passer à côté du Pokémon Long-Patte sans qu’il ne fasse attention à elles. La propriétaire de Fragilady jugea qu’il serait mieux de laisser son partenaire à l’air libre pour le moment au cas où un autre obstacle viendrait se mettre en travers de leur chemin. A en croire le Mimigal du local technique et maintenant ce Migalos, une famille de Pokémon Insecte avait visiblement élu domicile dans l’aquarium.
- On dirait que c’est la fameuse dernière salle qui était indiquée sur le plan à l’entrée, nota Hildegarde, satisfaite. Nous devons donc être au centre de la boucle. Si cet aquarium renferme une information alors elle se trouve forcément ici.
Si le Migalos ne semblait pas avoir décidé de les poursuivre, le binôme pouvait entendre d’autres bruits de pas de l’autre partie du couloir. D’autres Pokémon se trouvaient là, ils valaient donc mieux qu’ils entrent rapidement fouiller le dernier emplacement avant d’entrer au contact avec de nouveaux insectes. La fille amnésique posa donc sa main sur la poignée et commença à la tourner, arrivant rapidement à la conclusion que la porte était fermée à clé.
Les bruits de pas s’intensifiant, Aléria commençait déjà à s’inquiéter de nouveau. Est-ce que toute leur excursion aura été un échec juste à cause d’un verrou ? La clé correspondant à la serrure devait certainement se situer dans le local technique où elles avaient récupéré les lampes torches. Mais cela signifiait repartir en sens inverse et revenir ensuite. Elle savait que son courage atteindrait ses limites bien avant leur retour ici.
- On abandonne ? Si c’est le cas, nous ferions mieux de partir rapidement avant qu’un autre Pokémon sauvage ne nous attaque...
- Pas vraiment, on va en forcer l’ouverture par nous-mêmes, expliqua Hildegarde. Je n’en aurais pas la force toute seule mais nous sommes deux, ça devrait le faire. Il faut que nous tapions contre la porte de toutes nos forces avec nos pieds au même moment. Au vu de ma corpulence, je pense que nous allons devoir nous y reprendre à plusieurs fois.
La fille amnésique faisait référence à son corps frêle de petite taille. Elle n’aurait jamais pu accomplir l’acte sans aide et même avec Aléria, qui n’était pas spécialement très musclée non plus, cela allait certainement leur demander beaucoup d’efforts et les fatiguer. Mais elles n’avaient pas d’autre choix. Hildegarde avait très bien compris que sa camarade puisait dans ses dernières ressources pour ne pas perdre le contrôle de ses émotions.
Un aller-retour était hors de question, la femme blonde ne pouvait pas non plus faire le trajet toute seule et laisser Aléria devant la porte. Ainsi donc, elles passèrent à l’action en se synchronisant sur leurs coups de pied. Et à la cinquième tentative, les gonds de la porte finirent enfin par céder. L’accès fut dévoilé, permettant aux deux compères d’accéder à l’ultime salle. Celle qui déciderait si toute cette excursion avait un sens ou non.
***
Aléria replaça la porte à son emplacement initial afin d’éviter que des Pokémon sauvages errant dans le couloir circulaire n’aient l’idée de les rejoindre. Toute aussi peu éclairée que les autres salles, Hildegarde parvint toutefois à trouver un interrupteur pas très loin de l’entrée. Même si elle ne pouvait pas être certaine que le courant passait toujours, elle ne perdait rien à essayer de créer une lumière plus vive et économiser leurs lampes torches.
A sa grande surprise, cela fonctionna. Le binôme put enfin réaliser le type de salle dans laquelle elles venaient de mettre les pieds. Une bibliothèque. Quelque chose que l’on n’attendait pas vraiment au sein d’un aquarium censé être une attraction touristique. La pièce était envahie par des étagères, regorgeant d’ouvrages en tout genre. Hildegarde trouvait cela particulièrement louche et espérait que son instinct ne la trompait pas.
- Il faut que nous fouillons chaque étagère, je suppose ? comprit Aléria, réalisant que cette opération risquait de leur prendre des heures.
- Plus vite nous commençons et plus vite nous pouvons quitter cet aquarium et retrouver l’air libre, rappela sa compère. Il vaut mieux feuilleter rapidement chaque bouquin pour s’assurer qu’il n’y a pas un message caché ou quelque chose. Il peut aussi être caché dans l’étagère derrière les bouquins, on ne sait jamais. Il vaut mieux ne rien laisser au hasard.
Fragilady, qui n’avait pas rejoint sa Pokéball, décida de les aider dans cette tâche afin qu’elles puissent en terminer plus rapidement. Partant chacune d’une extrémité de la bibliothèque avec le Pokémon Chef-Fleur se plaçant au centre, elles débutèrent leur investigation. Cela aurait pu se révéler bien plus facile si elles avaient la moindre idée de ce qu’elles recherchaient mais elles devraient se contenter du minimum. La lettre A n’avait peut-être aucun rapport avec l’aquarium après tout.
L’opération devenait rapidement chronophage. Aléria remerciait le ciel qu’aucun Pokémon sauvage n’ait pu s’aventurer jusque-là, la fouille aurait été bien plus compliquée si elles avaient dû en plus combattre des adversaires. Les minutes passaient. Après un certain temps, la fille au manteau noir songeait que la possibilité qu’il fasse nuit à l’extérieur grandissait. Elle n’avait pas de téléphone portable ou de montre pour vérifier l’heure et n’osait pas demander à Hildegarde.
Inlassablement, Aléria sortait un à un les livres de leurs emplacement, s’assurait que rien n’était caché sur l’étagère puis faisait défiler les pages avec l’espoir grandissant que quelque chose se passe. Harris Elton avait possiblement laissé un message plus complet ici vis-à-vis de la situation dans l’espoir qu’elles finissent par tomber dessus. Son assassinat ne pouvait pas être une coïncidence, pourquoi les autres êtres humains auraient disparu alors que lui serait autorisé à laisser son corps derrière lui ?
- Madame Linday, il y a un bout de papier caché sous ce livre ! Je ne sais pas si c’est un indice, je vais vérifier tout de suite ! s’exclama-t-elle subitement après une éternité passée au sein de la bibliothèque.
- C’est vrai ? Qu’est-ce que ça dit ? s’enquit Hildegarde avec une grande curiosité. Une explication sur pourquoi nous sommes toutes seules en ville ? Ou alors un truc en rapport avec la transformation entière de l’avenue à l’extérieur ?
Replaçant l’ouvrage qu’elle tenait entre ses mains à son emplacement initial, l’amnésique s’approcha d’Aléria en compagnie du Pokémon Chef-Fleur. La demoiselle en manteau noir se mettait sur la pointe des pieds afin d’attraper le morceau de feuille au fond. Mais avant qu’elle n’ait pu le déplier pour en lire le contenu, elle fut prise d’une soudaine douleur à la tête et le lâcha sans s’en rendre compte. Perplexe, Hildegarde se baissa pour le ramasser.
- Un jeu-vidéo ? Comme le Réseau Codélia ? s’enquit Hildegarde, intéressée. Je vois que j’ai bien fait d’avoir quelques parts dans Kaminsky Corporation, j’espère que cela va me rapporter un peu d’argent quand ce sera commercialisé.
- C’est à plus petite échelle que le Réseau Codélia, révéla Alphonse Kaminsky, directeur de Kaminsky Corporation. Il est encore en bêta-test mais nous serions ravis que vous acceptiez de tenter l’expérience, madame Linday. Bien entendu, vos amis peuvent vous accompagner. Nous avons déjà un technicien sur place, vous pourrez tenter de la retrouver.
- Oh je ne pense pas que ce soit utile de solliciter toute la troupe de Monsieur Beau-Garçon, susurra la femme d’affaire en retenant un rire. Ses trois disciples pourront nous regarder depuis l’extérieur.
- Hildegarde, je t’ai déjà demandé d’arrêter de m’appeler comme ça, reprocha Harris Elton sur un ton ennuyé. Ce n’est pas parce que Shingo adore donner des surnoms à tout le monde que tu dois les réutiliser dans le but de te moquer des gens, enfin.
Ressentant à son tour une migraine soudaine qui s’en alla aussi vite qu’elle était venue, Hildegarde lâcha à son tour le bout de papier blanc. Une partie de ses souvenirs venait subitement de refaire surface, au moment exact où sa main était entrée en contact avec l’objet. Elle se souvenait des événements récents, pouvant à présent remonter les dernières années de sa vie. En revanche, elle ne pouvait toujours pas se rappeler de son enfance.
Ce fut Aléria qui le ramassa cette fois-ci. Sentant une goutte de sueur couler sur son front, Hildegarde n’avait plus du tout la même impression en regardant sa compère. Aléria faisait de nouveau partie intégrante de ses souvenirs, tout comme Harris Elton et ses deux autres disciples. Mais le plus important, elle était enfin capable de comprendre la situation dans laquelle elle se trouvaient depuis le départ. Cette visite de l’aquarium n’était donc pas une erreur.
- Aléria chérie, tu vas bien ?
- Oui, j’ai l’impression que cette feuille est tout sauf ordinaire. Madame Linday, je pense avoir compris ce qui… attendez, à en voir votre regard, j’ai l’impression que cela a également eu un effet sur vous.
- Je me souviens des quatre ou cinq dernières années de ma vie, annonça Hildegarde avec un sourire malicieux qu’elle avait l’habitude de présenter en temps normal mais qui s’était évaporé à cause de son amnésie. On dirait bien que notre enquête va dans la bonne direction.
- Je n’aurais jamais pu le savoir avant cet instant mais il semblerait que j’ai moi aussi été frappée d’une légère amnésie depuis le départ. Mais contrairement à vous bizarrement, un seul événement avait été effacé de ma mémoire. Nos derniers instants avant d’arriver ici à vrai dire. Depuis le départ, nous sommes à l’intérieur d’une simulation virtuelle de Kaminsky Corporation.