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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 09/06/2019 à 09:50
» Dernière mise à jour le 09/06/2019 à 11:56

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 8 : Lame Obscure
En choisissant l'avion pour se rendre à Jadielle, Funerol avait choisi le moyen de transport le plus polluant, comme n'avait pas manqué de lui faire remarquer Brenwark. Ce à quoi l'homme d'affaire avait rétorqué :

- Est-ce que cet avion serait resté sur le tarmac de Safrania si on avait décidé de ne pas le prendre ? Aurai-je été utile à la planète en quoi que ce soit en me rendant à Bourg-Palette à pied et en perdant au passage un temps considérable ? Cet avion aurait décollé et dégagé de la pollution, qu'on y monte dedans ou non. Alors autant le prendre.

- Vous n'avez pas à me convaincre à moi, monsieur Funerol, fit l'avocat alors qu'ils rentraient dans l'appareil. Je vis avec mon temps et je pollue comme tout le monde. C'est juste qu'à entendre certains de vos militants, qui sont fiers de respirer le moins possible pour dégager peu de CO2, ou de s'éclairer à la bougie, je m'interrogeais sur votre mode de vie.

- Je suis un idéaliste certes, mais avant tout un pragmatique. Ce ne sont pas une minorité d'individus un peu hystériques qui vont changer quoi que ce soit. Si changement il doit y avoir, il doit se faire au niveau global. Et je suis là pour accompagner ce changement, en douceur, en l'expliquant. Pas en faisant peur aux gens en imposant brutalement un retour à l'âge de pierre.

Leonora ricana derrière eux.

- Ouais... Dis surtout que t'es devenu un putain de bourge qui ne peut plus se passer de son petit confort matériel. Le trajet en bagnole jusqu'à Bourg-Palette prend à peine trois heures.

- Si on avait pris la voiture, on aurait pollué davantage. Alors qu'en prenant l'avion, qui allait décoller avec ou sans nous, on n'aggrave pas la situation.

- Logique tordue, décréta la jeune dresseuse.

Elle s’assit à côté de Funerol avant que Brenwark ne prenne la place. Ça parut contrarier Funerol, qui aurait sans doute préféré discuter de son affaire avec l'avocat, mais il s'abstint de tout commentaires, sous peine de provoquer un drame avec Leonora et de se faire débarquer de force. Brenwark s'installa donc sur la rangée juste devant, où il fut bientôt rejoint par une autre passagère, une femme aux cheveux sombres dissimulant son visage et portant un large manteau en laine ne laissant rien voir de son corps. Oswald, en homme courtois, la salua, mais la femme resta silencieuse, tête baissée.

- Mesdames messieurs, le vol 893 de Kanto Air-Dominion, à destination de Cramois'île, décollera dans cinq minutes, fit l'annonce de vol. Un arrêt de trente minutes sera effectué à Jadielle.

- J'en profiterai pour passer à l'arène rapidos, signala Leonora. Je n'ai pas encore rencontré le nouveau champion, là-bas. Il paraît qu'il est balèze, au point d'avoir été classé comme plus puissant des huit de Kanto, alors qu'il est là que depuis trois mois !

- Hummm, fit vaguement Funerol. Jalouse parce que c'était toi avant, la plus puissante championne de Kanto ?

- Y'a jamais vraiment eu de classement officiel. Ça ne tient qu'à ce que disent les challengers. Mais oui, avant c'était moi, juste devant ce débile de ninja de Parmanie. Enfin, quand je suis devenue championne, la meilleure c'était celle de Carmin, mais elle est morte y'a un an lors d'un accouchement, parait-il. Triste... Mais bon, ça risque encore d'évoluer, quand la Ligue se sera enfin décidée de retirer sa licence officielle à cette pseudo-arène Combat en face de la mienne. Je sais qu'il y a un gars, à Cramois'île, qui n'attend que ça, pour ouvrir sa propre arène. Un scientifique chauve avec une sacrée moustache. Trop chelou, ce gars…

À son ton, Leonora semblait considérer que les gens avec une moustache étaient des déviants, ce qui irrita quelque peu Oswald sur le siège de devant, qui bien que jeune possédait déjà une moustache bien garnie.

- Enfin, si j'peux, je défierai le nouveau champion de Jadielle. Parait que c'est un jeunot qui se bat avec des Pokemon Sol.

- Et toi une jeunotte qui se bat avec des Psy. Si l'âge importait dans les combats Pokemon, ça se saurait.

Leonora le regarda avec son air condescendant.

- Mais c'est que tu dis des trucs pas cons, pour un snob qui ne connaît rien au dressage, hein ? C'est tout à fait vrai. Figure-toi qu'il y a une gamine dans mon arène, sept ans à peine, qui sait déjà se synchroniser parfaitement avec des Pokemon Psy. Ses parents me l'ont amenée y a cinq mois car elle présentait des capacités psychiques inquiétantes, et ils espéraient que dans mon arène psy, on pourrait les calmer ou les contrôler. Total, on a rien pu faire pour ses pouvoirs, qui deviennent carrément flippants et dangereux, mais on a pu se rendre compte qu'avec une Pokeball en main, cette morveuse avait un potentiel de dingue.

Funerol ne put s’empêcher de s'inquiéter de l'histoire de son amie, qui avait l'agaçante habitude de toujours considérer la loi avec dédain.

- T'es sûre que c'est bon, de garder une telle enfant ? Demanda-t-il. Si elle a des pouvoirs paranormaux, mieux vaut la confier à l'Ordre G-Man non ?

- Crétinus ! Jamais je ne laisserai filer cette fille. Elle est promise à devenir la dresseuse psy la plus puissante de mon arène !

- C'est ça... Jusqu'à qu'elle décide de prendre ta place et de se servir de ses pouvoirs que tu dis incontrôlables contre toi.

- Moi, elle m'écoute. Je sais comment la gérer, et canaliser ses pouvoirs. Puis surtout…

Leonora baissa d'un ton, prenant garde que Brenwark devant eux ne l'entende pas.

- J'crois qu'elle a un potentiel de divination. Ça serait utile pour deviner à l'avance les numéros du loto, tu vois l'genre ?

Funerol soupira, accablé.

- Tu vas te faire coffrer pour exploitation illégale d'enfant à potentiel G-Man, et là, même mon compte en banque sera impuissant.

- Occupe-toi de tes arbres. T'as aucun droit à vouloir gérer ma vie. Tu as refusé de le faire quand je t'en ai donné la possibilité.

- Comment ça ? S'étonna Funerol.

- Après ma victoire au tournoi de la Ligue. Tu ne t'en souviens pas ?

Funerol s'en souvenait, oui. Il se souvenait d'une Leonora, grisée par sa victoire, le trophée en main, qui lui balançait comme une brique au visage qu'elle l'aimait et qu'elle voulait vivre avec lui. Il avait pensé sur le coup que Leonora ne savait pas ce qu'elle disait, ou qu'elle plaisantait, comme à son habitude.

- Mon père venait de mourir, se défendit Funerol. Je devais reprendre le Vert de la Planète et l'affaire familiale. Je ne pouvais pas me laisser distraire, ni t'impliquer dans les dangers qui allaient immanquablement naître de ma nouvelle vie. Et j'ai eu raison. Je viens juste de survivre à une bombe, Leonora. Je risque à tout moment de me faire tuer comme mon père. Je ne veux pas t'imposer ça.

- Crétinus. Tu n'as rien à m'imposer, c'est moi qui prends mes propres décisions. Si j'ai envie de risquer ma peau auprès d'un binoclard hautain comme toi, c'est moi que ça regarde.

Funerol voulut répliquer, mais une toux discrète de Brenwark devant l'en dissuada. C'était clairement un avertissement codé qui voulait dire « merci de ne pas étaler votre vie privée en public ». L'avion décolla, et Funerol espéra que le trajet jusqu'à Jadielle serait court : être assis à côté de Leonora après cette discussion était assez inconfortable.

De son côté, Oswald ouvrit sa malette et refit le tour des documents relatant ses affaires en cours. Malgré ce que lui avait dit Funerol sur l'enjeu de la confrontation juridique avec New World Corporation, Oswald ne pouvait pas négliger ses autres clients, d'autant qu'il n'était pas sûr d'accepter la proposition de l'écologiste. De plus, il menait chacune de ses affaires jusqu'au bout. Il était hors de question qu'il renonce à un contrat en cours pour se concentrer sur un nouveau.

- Pardonnez-moi...

Oswald tourna vers la tête vers sa voisine, cette femme à demi-dissimulé sous son large manteau, qui avait pris la parole d'un air timide.

- Je... je vous prie de m'excuser monsieur, mais j'ai entrevu vos papiers, et... Ne seriez-vous pas avocat, à tout hasard ?

- C'est le cas, madame.

La femme se mit la main droite sur la poitrine, comme si elle respirait un grand coup. Une main gantée, ne manqua pas de remarquer Oswald.

- Alors... alors ce doit être Arceus le Très Grand qui m'a mis à côté de vous. Il se trouve que j'ai un besoin urgent d'être défendue.

- C'est que... j'ai pas mal d'affaires en cours, et mes futurs clients prennent rendez-vous pour me relater leurs problèmes.

- Je vous paierai, maître, insista la femme. Je ne demande que vous m'écoutiez un peu.

- Ce n'est pas... Enfin, si vous voulez, répondit Oswald, gêné.

- C'est une affaire assez délicate, voyez-vous ? Je vais être très bientôt accusée de meurtre, je le crains.

- De meurtre ? Répéta l'avocat, stupéfait.

- Oui. Le vôtre, et celui de vos deux amis derrière.

Ce fut l’instinct de Brenwark qui le sauva. Au cours de sa carrière, bien que courte, il avait déjà été confronté à des meurtriers, et là, il avait bien reconnu le ton d'une personne prête à ôter la vie, et à y prendre plaisir. Il passa par-dessus le siège avant juste à temps, une seconde avant qu'une lame ne coupe en deux celui où il se trouvait. Il atterrit sur les passagers de devant, qui bien sûr crièrent de surprise et de protestation. Mais ceux de derrière avaient bien vu la femme tirer un katana de sous son manteau, et ce fut bien vite la panique. Les hôtesses, ne comprenant pas ce qui s'était passé, tentèrent de calmer la foule, jusqu'à qu'une passe à côté de la femme au katana. Elle fut proprement coupée en deux, de façon parfaitement symétrique au niveau du nez. Ce qui bien sûr ne fit rien pour calmer les passagers.

- FERMEZ-LA ! Ordonna la tueuse.

Elle s'était débarrassée de son manteau. Elle tenait bien un katana de sa main droite, et Oswald, malgré la situation, se demanda comment elle avait pu faire pour embarquer avec. Mais c'était surtout son bras gauche qu'on remarquait le plus : il était entièrement fait d'un métal sombre, grossier, avec une main se terminant par des griffes. La femme paraissait relativement jeune, et l'on voyait ses formes voluptueuses sous sa tenue légère, mais un éclat furieux brillait dans ses yeux anormalement rouges sang sous sa chevelure sombre et désordonnée. C'était les yeux d'un chasseur. La femme affichait un sourire sadique : celui d'être au centre de l'attention d'une foule paralysée de terreur.

- Le prochain qui l'ouvre, il termine comme elle, annonça la tueuse au bras artificiel en désignant les restes sanglants de l'hôtesse.

Cela suffit pour calmer momentanément les passagers. Funerol, pensant à un détournement d'avion, se dit finalement qu'il aurait mieux dû privilégier un mode de transport plus écologique, pour le coup. Cela dit, il trouva cette terroriste étrange, avec sa tenue bien légère et sans arme à feu ou explosifs quelconques. Si elle n'avait que son katana, ils pourraient la maîtriser à eux seuls. Ils étaient une centaine, et elle était seule. À côté de lui, Leonora en était sans doute arrivée à la même conclusion, car elle se leva et interpella la forcenée.

- Eh connasse, t'es qui toi au juste ? D'où que t'emmerdes les braves gens et qu'tu les coupes en deux, hein ? Puis c'est quoi, ces fringues ? Et cette épée ? T'es une actrice, c'est ça ? Tu t'es cru sur le tournage de ton navet de série B où une samouraï du futur à moitié à poil va déchiqueter des zombies ?

Funerol ne put se retenir de se mettre la main contre le visage en un geste de dépit et de désespoir. Pas du tout ébranlée par ce ton cinglant, mais étonnée que quelqu'un arrive à lui tenir tête avec une telle audace, la tueuse dévisagea Leonora.

- Toi, t'as pas bien compris la situation ma grande, fit-elle lentement. Mais c'est pas grave, car t'es justement une de mes cibles.

- Ah ouais ? Tu veux dire que quelqu'un t'a payée pour me buter ? Attends, ne dis rien... J'suis sûre que c'est ce crétinus de Roi du Dojo ! Sa couille gauche doit le tourmenter sévère. Je savais que tu faisais une connerie en lui donnant tout ce pognon, Haysen !

- Euh... Non, je ne pense pas qu'il s'agisse de cette affaire-là marmonna Funerol.

- J'ai rien à cacher à ceux qui vont mourir, dit la tueuse. Je me nomme Zestira. Je sers le Marquis des Ombres et le Seigneur Horrorscor, en tant qu'Agent de la Corruption. Et ils m'ont chargé de vous éliminer tous trois : Haysen Funerol, l'avocat Oswald Brenwark, et toi, la championne d'arène de Safrania Leonora Davosh.

Funerol échangea un regard perplexe avec Brenwark, et il sut que l'avocat était dans le même état d'esprit que lui : lui non plus n'avait jamais entendu parler de ce Marquis des Ombres, de ce Seigneur Horrorscor, ni de ces Agents de la Corruption. Et que des personnes qu'on ne connaissait pas veuillent notre mort était pour le moins intriguant. Leonora cligna des yeux, elle aussi perplexe.

- Le Marquis des Ombres ? Horrorscor ? C'est quoi ces trucs ? Oh, ce serait pas un des challengers que j'ai humiliés à l'arène ? Genre un abruti qui s'est pointé avec toute une équipe de Pokemon Spectre en pensant qu'il gagnerait d'office contre mes Psy, comme ça arrive souvent ? Pourtant, j'me souviens pas qu'un d'entre eux se soit donné un titre aussi bidon que « Marquis des Ombres ». J'aurai tellement éclaté de rire que je m'en souviendrai…

Même la dénommée Zestira fut perturbée par la nonchalance et la bêtise de Leonora, qui ne ressemblait à rien à ses victimes habituelles. D'habitude, ils la suppliaient de les épargner à genoux.

- T'es vraiment une Championne Psy toi ? Demanda l'Agent de la Corruption. Parce que ton cerveau n'a pas l'air de fonctionner à 100% là... Bah peu importe. Toi et l'avocat, vous n'auriez pas dû vous mêler des affaires de l'écolo milliardaire. Ayez en tête que c'est à cause de lui que vous mourrez, quand vous sentirez vos têtes se détacher de vos corps.

Funerol se sentit très mal. C'était ce qu'il avait suspecté quand Zestira avait énoncé ses cibles, mais l'entendre de la sorte était comme un coup de couteau glacé. Comme il le craignait depuis le début, il avait mis Leonora et Oswald en danger en les mêlant à ses propres affaires. Ils allaient peut-être mourir avec lui, juste pour l'avoir accompagné. Qu'est-ce qui lui avait pris de les amener avec lui ? Et même de leur parler ? La bombe dans son propre bureau ne lui avait donc rien appris ?

Pour parfaire son sentiment de culpabilité, nombre de passagers tournèrent leur regard vers lui. Beaucoup semblèrent le reconnaître, et le jeune homme pu lire une certaine forme d'accusation dans leurs yeux. Comment en aurait-il été autrement ? Ils s'étaient retrouvés dans cette histoire, pris en otage par une cinglée meurtrière, juste parce que lui, Haysen Funerol, un homme qui avait beaucoup d'ennemis puissants, se trouvaient dans le même avion qu'eux. Ne supportant plus leurs regards, Funerol s'apprêtait à se lever pour se rendre à Zestira et demander qu'elle épargne les autres, mais Leonora le devança.

- Si une tarée dans ton genre veut buter mon Haysen, alors c'est aussi mon affaire, que je sois avec lui ou non. Puis tu sembles oublier quelque chose : cet avion a décollé de Safrania. Beaucoup de personnes ici présentes sont donc des citoyens de Safrania. Et moi, j'suis la championne de la ville, pauvre débile ! Protéger ses habitants est aussi mon devoir. C'est relou, mais c'est inscrit sur la charte du champion d'arène.

Cette déclaration parut rassurer quelque peu les passagers. Ils murmurèrent entre eux, nombre d'entre eux reconnaissant effectivement l'une des plus puissantes championnes de Kanto, et le faisant partager à ceux qui ne la connaissaient pas. Sentant que le pire allait arriver, Funerol se leva.

- Arrête ! Tu ne peux pas utiliser tes Pokemon à bord d'un avion en plein vol !

Sans doute les pilotes s'étaient déjà rendus compte que quelque chose n'allait pas, et qu'ils allaient tenter un atterrissage d'urgence quelque part. Ça mettrait un certain temps, mais le jeune homme savait qu'un les Pokemon Psy de Leonora – dont il n'ignorait rien de leur puissance – auraient tôt fait de pulvériser l'appareil de l'intérieur.

Mais Leonora ignora les avertissements de Funerol ; comme toujours. Elle lança une de ses Pokeball au milieu de la rangée de siège, à égale distance entre Zestira et elle-même. Un Archéodong en sortit dans un flash de lumière. Funerol le connaissait très bien ; il l'avait connu des années auparavant, alors qu'il n'était qu'un Archéomire. C'était le tout premier Pokemon de Leonora, qu'un dresseur de passage lui avait donné à Almia. S'il y avait peu de dresseurs dans la région natale des deux jeunes gens, c'était parce qu'il n'y avait aucune remise officielle de Pokemon pour les jeunes de dix ans qui désiraient embrasser une carrière de dresseur. Si on voulait un Pokemon, il fallait se le trouver soi-même. Et il était assez difficile de capturer un Pokemon sans en avoir un au préalable.

Leonora avait donc mis entre parenthèse son rêve de devenir dresseuse, et ce jusqu'au jour de ses treize ans. Un dresseur originaire de Sinnoh était alors en visite à Almia, dans le village de Funerol et Leonora. La jeune fille, qui avait eu rarement l'occasion de croiser un dresseur, s'était vite liée d'amitié avec lui, et ce dernier, avant de partir, lui avait donné cet Archéomire qu'il avait capturé il y a peu. C'était avec lui que Leonora était partie à la conquête des arènes de Kanto, jusqu'à triompher au tournoi de la Ligue Pokemon.

- Colle-moi cette tarée au sol, ordonna Leonora. Attaque Extrasenseur !

Le Pokemon Acier et Psy vibra un moment, produisant un son significatif, signe qu'il était en train d'attaquer. Mais alors que Zestira aurait dû être prise de tremblement et projetée la tête la première par terre, elle se contenta de lever son katana, comme si elle voulait parer une épée invisible. Funerol n'était pas un dresseur, encore moins un extrasensoriel, mais il jurerait avoir vu le champs immatériel de l'attaque psy se dissiper quand elle arriva vers sa cible. Leonora, elle, comprit immédiatement le problème.

- Ce foutu katana... c'est un Pokemon ? Demanda-t-elle.

- T'es bigleuse en plus d'être conne ? Répondit la tueuse.

- Il dissipe pourtant les attaques psy comme le font les Pokemon de type Ténèbres. Je sais reconnaître ça !

- Ah, ça, c'est bien possible. Cette arme est un présent du Marquis des Ombres, renforcée par le pouvoir des ténèbres. Et c'est d'elle que me vient mon surnom d'assassin : Lame Obscure. Je te montre ?

Zestira donna un coup sec dans le vide devant elle, et toutes les personnes présentes eurent l'impression qu'elle venait de couper l'air. Ce fut comme une attaque Coupe-Psycho, mais sans la couleur rose-violet du type psy ; plutôt une teinte on ne peut plus sombre. Elle avait visé Leonora, mais Archéodong se plaça sur la trajectoire, renforçant au passage son corps avec Mur de Fer sans même que sa dresseuse n'eut à donner d'ordre. Mais malgré tout, quand la traînée noire et tranchante le percuta, il fut violemment repoussé en arrière et percuta durement la carlingue de l'avion qui en fut quelque peu déformée sous le choc.

- Salope ! Rugit Leonora.

Elle s'apprêtait à prendre une autre de ses Pokeball, quand Zestira pointa ses doigts artificiels et pointus vers elle. Ils s'échappèrent alors de sa main métallique, reliée avec elle par de très fins filins. Deux d'entre eux s'enfoncèrent dans les épaules de Leonora, tandis que les trois autres lui passèrent derrière et enroulèrent les fils autour d'elle. Et ils devaient être solides, car en dépit de sa force, Leonora ne parvint pas à les briser.

C'est à ce moment que deux hommes parmi les passagers décidèrent d'intervenir, profitant du fait que la tueuse semblait occuper avec Leonora. Ils tentèrent de bondir sur elle pour la faire tomber et l'immobiliser, mais Zestira réagit avec des réflexes incroyables. Les deux individus furent tranchés d'un seul coup latéral de son katana, tandis qu'une autre lame sombre immatériel alla découper une rangée de siège et provoquer une fissure dans la coque de l'appareil.

Les mains de Funerol tremblaient. Il savait qu'il aurait dû intervenir depuis longtemps, que c'était à lui d'aider Leonora, et non des civils innocents, mais ses jambes refusaient de bouger. Il avait peur, la certitude de finir en morceaux s'il s'approchait de cette femme étrillant son esprit. Il était capable d'affronter des gens puissants à distance avec le risque de se retrouver une bombe dans son bureau, mais faire face ainsi directement à la mort, il ne pouvait pas. Quelle lâcheté... Il en aurait rit, s'il en était capable.

- Bon, il est temps d'en finir, lâcha Zestira. Je ne comptais épargner personne, de toute façon. Mon maître n'aime pas attirer l'attention sur lui. Cet avion va connaître une dislocation inexpliquée, et il n'y aura aucun survivant pour témoigner.

Même si elle était blessée et immobilisée, Leonora fut incapable de se taire.

- Et toi non plus. Tu penses survivre à un crash, crétine ?!

- Je ne le pense pas, je vais le faire. Mon corps a été largement amélioré grâce à la science noire du Marquis. Je suis une surhumaine.

D'un coup de katana, qui laissé échapper une autre traînée noire tranchante, Zestira éventra l'avion, qui perdit d'un coup sa queue et une partie des sièges de l'arrière. Funerol s'accrocha désespérément à un siège avant que l'aspiration ne manque de le projeter dans le vide. Tout autour, c'était le chaos. Des objets en tout genre, et aussi des personnes, furent propulsés au dehors. Le son du vent furieux cacha les cris pourtant nombreux des passagers, entre ceux qui furent aspirés et ceux qui tentaient furieusement de s'accrocher à quelque chose.

L'Archéodong de Leonora, qui pouvait léviter, utilisait ses pouvoirs psychiques pour retenir sa dresseuse toujours à moitié immobilisée et d'autres qui étaient sur le point d'être expulsé de l'appareil, mais il ne pourrait pas tenir longtemps. Zestira le savait, et c'était pour cela qu'elle considéra sa mission comme accomplie. Ses cibles n'avaient aucune échappatoire, et il n'y aurait aucun témoin à la participation du Marquis des Ombres dans cette tragédie.

- Messieurs dames, je vous souhaite d'apprécier ce ballet aérien, qui sera le dernier spectacle de vos vies, leur dit-elle en s'inclinant ironiquement.

Puis elle se laissa emporter dans les airs, se laissa tomber un long moment, avant de faire sortir de derrière son dos deux ailes mécaniques de type planer. Voilà pour les ordres du Marquis. Zestira ne savait pas trop en quoi ce bobo-écolo de Funerol pouvait bien l'inquiéter, mais la question ne se poserait plus, désormais. À l'intérieur de l'avion en perdition, qui chutait de plus en plus, Leonora sortit tout son répertoire de juron en tentant de libérer son bras des filins de la tueuse pour attraper une de ses Pokeball à la ceinture. Heureusement, elle était bien accrochée, et ne fut pas emportée. Mais si Leonora n'arrivait pas à appeler son Pokemon, ils étaient tous morts.

- Haysen, crétinus ! Amène-toi et attrape ma deuxième Pokeball sur la gauche !

Mais son ami était toujours paralysé, incapable de lâcher prise sur le siège qui le retenait. Leonora n'insista pas, car elle voyait à son visage que c'était inutile. Funerol avait toujours été quelqu'un de bon, de droit et de gentil... mais il perdait régulièrement ses batailles face à la peur. Leonora ne pouvait pas demander à Archéodong de retirer la Pokeball de sa ceinture par psychisme, alors que tous ses pouvoirs étaient en ce moment même utilisés à leur maximum pour la retenir elle et d'autres sur le point d'être envoyés dans le vide. Une opération minutieuse comme celle-ci allait immanquablement le déconcentrer dans sa tâche. Pourtant, quitte à ce qu'ils meurent tous ou seulement trois ou quatre passagers en plus…

Finalement, la question ne se posa pas. Quelqu'un rampa jusqu'à elle dans l'allée centrale, en s'accrochant à tout ce qu'il pouvait. C'était Brenwark, l'avocat, autrement dit la dernière personne à laquelle Leonora s'attendait voir risquer sa vie. Ça renforçait encore plus sa réputation de mec désintéressé, et ça agaça prodigieusement la championne. Mais ce n'était pas trop le moment de faire la difficile, d'autant que Brenwark parvint à prendre la Pokeball en question sans que Leonora n'eut à se répéter. Au lieu de la lancer maintenant et de risquer qu'elle ne parte en arrière, il remonta l'allée et l'ouvrit derrière un siège. Ce fut un Kadabra qui apparut, quelque peu surpris d'être invoqué à bord d'un avion coupé en deux qui chutait à toute vitesse.

- Kadabra, Téléport ! Ordonna Leonora.

Le Pokemon obéit. Il n'avait pas besoin de plus d'explication ; tout ce qu'il devait savoir était dans l'esprit de sa dresseuse. Comme toute bonne dresseuse d'élite de type Psy, Leonora avait appris à ses Pokemon à lire en elle pour deviner sa volonté. La destination était en mémoire, de même que ce qu'il devait téléporter. Pas juste sa dresseuse. Pas seulement ses deux amis. Pas tous les passagers qu'il pourrait bloquer psychiquement (ce qui serait long et complexe). Tout l'avion.

L'appareil disparut en une seconde, ainsi que tous ses passagers, puis réapparut des kilomètres plus loin... et plus bas. Le choc de l'atterrissage les secoua tous et en blessa certain, mais au moins, ils étaient tous en vie. Des passagers se dépêchèrent de sortir, hystérique. D'autres, plus calmes, allèrent trouver les pilotes pour qu'ils appellent les secours, et certains aidèrent ceux qui avaient été blessés. Kadabra libéra sa dresseuse des filins entravants, et cette dernière se leva sans aucune considération pour ses épaules trouées qui saignaient abondement. Elle alla vérifier que Funerol allait bien. Il était toujours tremblant et sous le choc, mais entier. Puis elle se tourna à contrecœur vers Brenwark.

- Merci... pour ton aide. Même si je t'ai rien demandé à toi bien sûr !

- Où sommes-nous ?

Pour quelqu'un qui venait de passer à peu de chose près à la mort en se faisant attaquer par une tueuse à moitié cyborg, l'avocat avait l'air étonnement stoïque.

- Non loin d'Argenta, je crois, répondit Leonora. C'est le premier endroit auquel j'ai pensé que je connaissais, et Kadabra n'a pas cherché à comprendre. J'espère juste qu'on ne s'est pas téléporté sur une maison ou quelqu'un.

- Je vois... Et puis-je vous demander quelque chose ? Pourquoi diable a-t-on été obligé de prendre l'avion pour nous rendre à Bourg-Palette si vous aviez depuis le début un Pokemon capable de nous téléporter aussi près ?!

- Parce que je voulais être assise pendant un moment à côté d'Haysen, répondit Leonora sans aucune gène. Ça te pose un problème ?

Brenwark secoua la tête, atterré par cette réponse.

- Oui, ça m'en pose un. Des gens sont morts, et d'autres auraient pu mourir, juste pour votre souhait égoïste qui nous aurait fait perdre un temps fou même si tout s'était bien passé !

- Dis le bourge, tu penses qu'je savais qu'une tarée sortie d'un film de science-fiction allait attaquer notre foutu avion ? Répliqua Leonora. J'ai l'habitude qu'on m'insulte ou qu'on me cherche des noises, mais pas qu'on tente de me buter !

Oswald dut admettre cela. En vouloir plus que de raison à Leonora aurait été injuste. Personne n'aurait pu prévoir cela, pas même Funerol. Malgré les récents événements dont il avait fait les frais à Almia, son vol avait été décidé au dernier moment, et personne n'aurait pu y poser une bombe. Cette attaque était d'un autre niveau, et d'un commanditaire très puissant.

- Si tu veux te tirer, c'est maintenant, ajouta Leonora. Tu vois bien que ce dans quoi trempe Haysen, c'est du lourd.

- Ce serait mal me connaître, répondit sombrement Brenwark. Ce soi-disant « Marquis des Ombres » a commis un attentat juste sous mon nez, et détient sous ses ordres une organisation terroriste. Qui qu'ils soient, je promets de tout faire pour les traduire devant la justice. Et comme ça a visiblement un lien avec l'affaire de monsieur Funerol, alors je vais l'accepter. Je serai l'avocat du Vert de la Planète, et je ferai la lumière sous tout cela !

Leonora ricana, mais son regard démontrait un regain de respect pour le jeune avocat. Funerol, bien que toujours sonné, lui lança un regard de reconnaissance. Tous trois venaient de se lancer dans une entreprise périlleuse, et allaient maintenant rejoindre leurs alliés à Bourg-Palette.






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Image de Zestiria (car même si c'est pas un Pokémon, faut pas renoncer à la tradition d'illustrer les agents et les gardiens^^)