Le mousquetaire divin : La vie d'un apprenti de ShiroiRyu

Chapitre 2 : Les premiers pas

« Pfff. Il fallait s’en douter, je me suis perdu à moitié. »

L’adolescent à la chevelure blonde marmonnait cela avec un peu de désarroi. C’était assez basique pour lui que de se perdre dans un nouveau lieu mais en même temps, rien d’étonnant, non ? Il était dans l’un des plus grands bâtiments du royaume : le château du roi lui-même.

Ah… Et donc qui dit château, dit couloirs, gardes, servants et autres. Et le voilà justement en train de vagabonder dans ces fameux couloirs. Ses pieds foulaient sans cesse un fin tissu rouge, sensé peut-être le guider vers une salle où plus de monde serait présent.

Il pouvait demander de l’aide, bien entendu mais peut-être était-ce à cause de sa fierté mal-placée mais il ne voulait pas de ça. Il voulait se débrouiller seul. Sans Melgana à ses côtés, il était maintenant apte à accomplir de telles choses seul.

« Melgana. Pourquoi est-ce que je l’appelle encore comme ça alors que c’est juste Mysvia. »

Il en connaissait la raison. Tout simplement parce que pendant des années, il avait considéré cette femme comme sa grande sœur. Pendant des années, elle avait osé lui mentir, cacher son visage et tout le reste. Le simple fait qu’elle ait tué sa famille, leurs pa… non ! Ses parents ! Sa grande sœur ! Tout avait disparu à cause de cette femme !

« Tout ça est de sa faute même si, même si... »

Une part de lui voulait croire en cette femme. On ne pouvait pas passer plusieurs années à s’occuper de lui s’il n’y avait pas un semblant d’amour non ? Elle lui avait dit maintes fois qu’elle l’aimait, qu’il était tout pour elle. Il voulait se rattacher à ses parole… mais rien que de voir ces yeux dorés, il sentait la haine qui remontait en lui.

Rien que le fait d’y penser le mettait dans un état proche de la rage et… C’était quoi ça ? Il avait fini par s’arrêter dans sa marche pour se retrouver devant deux belles statues de plusieurs mètres de hauteur. Peut-être trois ou quatre, au grand maximum.

« C’est bizarre, j’ai l’impression de reconnaître la femme. »

Il n’est pas stupide, il sait parfaitement que ce n’est pas Melgana mais cette femme, c’est quand même étrange. Elle est rayonnante et radieuse. Elle possède une armure légère sur le corps, une épée à deux mains est présente dans son dos puis cette chevelure qui lui va jusqu’au dos. Pourquoi est-ce qu’il a l’impression de la voir ?

« Je n’aime pas ce sentiment. Et cet homme ? »

Il a l’air aussi bienveillant que la femme. Par contre, c’est presque une montagne de muscles mais non pas l’apparence d’une brute. Comme la femme, il a la sensation que derrière cette allure se trouve un être qui est tout aussi bon.

« Pourquoi est-ce que j’ai cette sensation ? »

Il se répète la même question dans sa tête sans obtenir de réponse malheureusement.

« Oh ? Vous êtes intéressé par ces statues, messire Soklar ? »

Une voix féminine qui s’adresse à lui avec douceur et politesse. Il tourna son visage vers une jeune femme habillée comme une servante. Tout dans son allure présentait une certaine classe et dignité. Ainsi, dans ce château, même les servants avaient bien plus de prestance que lui. Il eut un petit sourire de dépit avant de dire :

« Oui, c’est exact. Est-ce que vous pouvez me dire de qui il s’agit ? »

« Il s’agit du quatre-vingts dix-huitième porteur de la marque d’Arceus et de sa femme. Ils étaient tous les deux dans l’armée du roi. La femme, nommée Galia était le mousquetaire psychique tandis que le porteur de la marque d’Arceus, Reivan, était connu comme possédant une capacité de combat des plus formidables. »

« Oh, ils étaient donc mariés, c’est bien cela ? »

« C’est exact. Pour tout vous dire, Reivan était assez célèbre pour aussi sa relation très proche avec notre monarque actuel Ralsion. En fait, pour tout vous dire, ils étaient aussi dans la même armée lorsqu’il a fallut combattre sur les terres à l’Est de notre royaume. C’est pourquoi sir Reivan était aussi le général des armées du roi en plus d’être le chef des mousquetaires grâce à la marque d’Arceus. »

« Mais si c’est le quatre-vingts dix-huitième porteur, Mel… Mysvia était la prochaine non ? Qu’est-ce qui s’est passé exactement de ce côté-là, vous pouvez me le dire ? »

« Oh, eh bien, je crois que c’était la première fois que cela arrivait mais que deux membres de la même famille ait la marque d’Arceus. »

« Deux membres de la même famille ? Qu’est-ce que vous voulez vous dire ? »

« Et bien, la jeune Mysvia était la fille de Reivan et Galia. Malheureusement, Galia est morte en lui donnant la vie et quelques années plus tard, Reivan... »

« Assez ! Merci pour ces informations, c’est tout ce que je voulais entendre. Je suis désolé mais je dois partir. »

Il n’avait même pas laissé le temps à la servante de s’exprimer. Il avait recommencé à marcher, accélérant le pas à toute allure, voulant éviter que tout cela ne continue. Non, ce n’était pas l’heure d’avoir du remord ! Il ne pouvait pas ! Il n’avait pas à excuser de tels gestes ! Qu’importe l’histoire de Melgana ! Non, Mysvia ! Qu’il arrête d’utiliser ce prénom ! Ce prénom, c’était celui de sa sœur ! Sa véritable sœur !

« Personne ne la remplacera ! Personne ne peut la remplacer ! »

Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’était forcément les évènements avec Melgana dont il se souvenait ? Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas se rappeler de ces moments heureux avec sa famille ? Etait-ce à cause de Mysvia ? Qui avait utilisé ses pouvoirs pour lui laver le cerveau ? Elle en serait parfaitement capable, ça serait son style ! Cette femme, elle serait parfaitement capable de le manipuler de la sorte et de…

« AIE ! » s’exclama une voix féminine alors que sa tête venait de percuter celle d’une autre personne. Il se retint de tomber bien qu’il fut balancé en arrière, observant la personne en face de lui alors qu’il se frottait le crâne en gémissant.

« Est-ce que vous... Ah. »

La voix féminine qui s’était adressée à lui vint s’arrêter dans ses propos. Il le reconnaissait facilement, cette personne aux couettes roses et aux yeux rubis avec une pupille rose prononcée à l’intérieur. Il s’agissait de la descendante du roi : la princesse Zaphirosa. Elle portait une robe magnifique et puis, elle semblait avoir son âge. Par contre, le regard qu’elle lui lançait était lourd de reproches.

« Pardonnez-moi, princesse Zaphirosa. Donnez-moi votre main, je vais vous aider... »

Il n’avait pas eu la possibilité de terminer sa phrase alors qu’il lui tendait sa main. Comme l’effet d’une claque, elle repoussa la main de Soklar avec la sienne, se relevant sans aucune difficultés, disant d’une voix neutre :

« Je n’ai pas besoin d’aide. Merci bien, porteur de la marque. »

« Euh, d’accord. Comme vous le désirez, princesse Zaphirosa. »

Autant, il avait bien remarqué que le roi était sympathique et agréable avec lui, autant la princesse, c’était tout le contraire. Pourtant, il n pensait pas lui avait fait quelque chose pour qu’il ait à subir une telle chose venant d’elle.

« Princesse, qu’est-ce que... »

« Désolée, porteur de la marque mais je suis pressée. Je n’ai pas le temps pour parler. »

Pourtant, il y avait bien deux personnes avec elle. Des servantes. Elles les regardaient toutes les deux avec une certaine confusion, n’osant pas se mêler de toute cette histoire. La princesse reprit la route, les deux servantes l’accompagnant. Même sans avoir besoin de tendre l’oreille, il pouvait entendre les rires de la jeune demoiselle.

« Pas si pressée que ça. Pas le temps de parler hein ? »

Il avait un peu d’ironie dans sa voix avant de reprendre la route. C’est stupide. Qu’est-ce qu’il avait fait à cette fille pour qu’elle lui en veuille ainsi ? Reprenant la route, il s’apprêtait à percuter une nouvelle personne, mettant les mains devant lui par précaution.

« Vous devriez faire attention. Si j’avais été une femme, cela aurait été assez problématique, jeune Soklar. »

« Dé… Désolé. Je… Euh… Pardon. »

Il avait relevé un peu ses yeux. C’était un jeune homme aux cheveux blancs. Il ne l’avait jamais vu auparavant. Il avait peut-être vingt-cinq ans au grand maximum. Par contre, il gardait les yeux fermés. Lui aussi avait une queue-de-cheval comme la demoiselle de la cantine.

« Ce n’est pas bien grave, jeune porteur de la marque d’Arceus. Et ne vous inquiétez pas pour la princesse Zaphirosa. Sa colère n’est pas portée directement sur vous. »

« Ah oui ? Et elle est sur qui alors ? »

« Sur son propre père qui est en admiration devant vous, tout simplement. Vous devriez chercher à bien vous entendre avec la princesse. Elle est la future reine de ce royaume. Sans elle, il y a de très fortes chances que ce royaume soit perdu. »

« Vous n’exagérez pas un peu quand même ? Je sais bien qu’elle est importante mais à ce point ? Il ne faudrait peut-être pas trop pousser non plus hein ? »

« Je n’exagère guère, messire Soklar. Cet enfant est la seule descendante de l’actuel roi. Il semblerait que la reine ne puisse plus enfanter depuis la naissance de sa fille. Heureux sera l’homme qui épousera la princesse Zaphirosa. Il deviendra avec elle le future monarque de notre royaume. De lourdes responsabilités pèsent sur les épaules de la princesse. »

« Ce n’est pas pour cela qu’il faut qu’elle passe ses nerfs sur moi, princesse ou non. Mais bon, je ne suis pas en meilleur état donc ça va aller. »

« Merci de faire des efforts de votre côté bien que ça ne soit pas à vous d’en faire. »

« Y a pas de quoi mais dites, ce n’est pas la première fois que je vous vois, non ? »

C’était étrange non ? Il savait que cet homme avait été là lors du… combat contre elle mais il ne se rappelait pas de son prénom. Cet homme aux cheveux blancs et aux yeux fermés avait une certaine prestance qui lui faisait ressentir un léger malaise.

« Ne soyez donc pas perturbé en ma présence, messire Soklar. Je ne suis que le mousquetaire de la normalité. Je voulais simplement vous prévenir au sujet de la princesse, rien de plus. Je vais maintenant me retirer. »

Comme ça ? Comme si de rien n’était ? Il avait beaucoup de mal à cerner cet homme mais… même s’il avait ce malaise, il se sentait bien en face de lui. Il le regarda partir puis disparaître au détour d’un couloir avant qu’une évidence ne vienne se faire ressentir :

« Il ne m’a même pas dit son prénom ! »

Comment est-ce qu’il allait l’appeler la prochaine fois ? Hey, monsieur ? Non, c’était beaucoup trop personnel. Pfiou… Ah, au moins, bizarrement, il se sentait maintenant un peu soulagé par rapport à l’histoire avec cette princesse. Ainsi, le roi semblait trop en faire pour les porteurs de la marque d’Arceus, au détriment de sa propre fille. Il pouvait guère comprendre ce sentiment, ayant perdu très jeune ses parents mais…

« Bah, je vais juste voir comment je peux régler cette situation. »

C’était un nouveau monde qui s’offrait à lui aujourd’hui. En rentrant dans ce château, en acceptant la proposition du roi, en devenant officiellement le porteur de la marque d’Arceus, il savait qu’il abandonnait tout ce qu’il avait été dans le passé.

Bon il avait toute la journée devant lui. Il lui suffisait alors de se rendre à un seul endroit où il n’avait pas encore posé les pieds. Demandant des renseignements, il les obtint très rapidement, finissant par arriver devant les portes du lieu où il voulait se rendre.

De belles portes en bois avec deux gardes devant mais surtout, ce n’était pas l’architecture qui l’intéressait mais l’intérieur. Pénétrant dans la pièce, le tout changea aussitôt de dimension. Au lieu d’un simple couloir, c’était juste d’innombrables étagères qui l’ attendit. Des étagères à gauche, des étagères à droite, des étagères en hauteur ! Oui, il s’agissait nulle autre que de la bibliothèque royale ! L’endroit parfait pour avoir des informations sur ces plaques liées à Arceus !