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Secret Défense de Oustikette



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» Auteur : Oustikette - Voir le profil
» Créé le 04/04/2019 à 18:15
» Dernière mise à jour le 04/04/2019 à 18:15

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Chapitre 12 : Un nouveau départ
C’est aux premières lueurs du jour que Samuel rouvrit les yeux. Il sentit aussitôt qu’il était allongé.

Bien qu’un peu déboussolé, le jeune homme se redressa sur ce matelas trop mou qu’il ressentait contre son dos. Instinctivement, il passa une main sur son cou. Le draco lui avait laissé une douleur qui ne faisait que persister.

— Où est-ce qu’on est ? marmonna-t-il, un brin inquiet.

D’un œil méfiant, l’adolescent inspecta les alentours.

Une habitation de taille modeste. Les rayons du soleil à peine filtrés par les rideaux couvraient l’endroit d’un éclat jaunâtre. Une cuisine vieillotte à droite, de grandes armoires rouillées à gauche. La table et les chaises avaient été poussées contre un mur, pour laisser de la place aux matelas gonflables.

La vue soudaine de Coleene couchée à ses côtés, sur un autre matelas, le rassura un peu. Elle dormait encore à poings fermés. Il faut dire qu’elle avait été beaucoup plus amochée par leur périple que lui.

Se levant, le brun s’approcha de la cuisine. Le vieux parquet craquait sous ses pas. Il avisa la cafetière presque pleine sur le meuble. Le café était encore brûlant. Sans attendre, il s’en servit une tasse.

Il se décida alors à sortir à l’extérieur. Il voulait savoir où ils avaient atterri.

C’était une maison au cœur de la forêt. Une cabane de chasse faite de bric et de broc. Derrière, il y avait un garage. Les alentours étaient calmes. Dans les arbres cuivrés, les pokémons chantaient déjà. L’air était chargé d’odeurs de mousse et de fleurs sauvages.

Tranquillement, le jeune homme s’assit sur le rebord de la terrasse.

Cette vision bucolique l’apaisa un peu. Un court instant, il oublia la situation dans laquelle ils étaient à présent.

Mais une question refusait de quitter son esprit : comment étaient-ils arrivés ici ? Il avait beau chercher, la dernière chose dont il se rappelait était le moment où l’agent avait envoyé son draco sur lui. Il avait dû sûrement s’évanouir.

Tout à coup, le sol se mit à craquer dans son dos, le brun se tourna vers ce bruit soudain. Si vivement qu’il renversa presque son café.

Il tomba nez à nez avec un lucario, ou plutôt : son lucario.

— Ah, c’est toi.
— Je vous prie de m’excuser pour vous avoir fait peur, sensei ! répliqua l’intéressé, visiblement désolé.

Samuel lui fit signe que ce n’était rien, puis il le questionna aussitôt. L’ignorance le hantait.

— Lucario, qu’est-ce qui s’est passé depuis mon évanouissement ?

Restant debout, le pokémon s’avança au côté de son dresseur.

— Après vos évanouissements, Gallame s’est chargé des policiers qui vous menaçaient.
— Il les a tués ? s’inquiéta l’adolescent, les pupilles légèrement dilatées.

Lucario le rassura aussitôt.

— Non, rassurez-vous. Il les a téléportés ’vous savez où’. Quatre téléportations inter-régionales simultanées : cela a dû exciter tous leurs détecteurs de téléportation. À l’heure qu’il est, ils doivent encore penser que nous sommes partis avec eux… Enfin, c’est l’explication qu’il m’a donnée.

Intérieurement, Samuel sembla soulagé.

— D’accord. Et ensuite ?
— Ne pouvant pas vous téléporter en lieu sûr, il s’est donc décidé à vous porter sur ses épaules. Nous avons atteint cette cabane il y a quelques heures de cela. Je vous avoue avoir eu des difficultés à le faire aller se reposer dans sa super-ball, et prendre son relais pour la garde des alentours.

Le brun hocha la tête. Il voyait très bien la situation. Comme depuis toujours, Gallame voulait jouer seul au héros. Cela lui rappela quelques vieux souvenirs. Des souvenirs datant de bien avant son voyage initiatique. Des souvenirs avec Amy.

Rien qu’en pensant à elle, son cœur se serra à nouveau. Il repensa aussitôt à Coleene. Sa blessure, elle était du même type que celle qu’avait eu son amie : super-efficace sur sa mutation. Et Marie-Kate ? Et Sophia ? Où étaient-elles ? Allait-il toutes les perdre elles aussi ?

Quelques larmes coulèrent sur ses joues.

Non, il ne le permettrait pas. Pas cette fois.

— Sensei, pourquoi vous ressens-je si troublé ? s’inquiéta le type acier.

Le jeune homme s’essuya le visage d’un revers de la main.

— J’ai peur de perdre encore quelqu’un qui m’est proche.
— Ça n’arrivera plus, je vous le promets. N’était-ce donc pas pour cela que nous avions tous suivi les entraînements de Wu-sensei ?
— Oui, c’est possible. Je n’en suis plus certain. Parfois, je me demande s’il n’y aurait pas mieux fallu que ce soit moi qui meure à la ligue ce jour-là, plutôt qu’Amy.
— C’est faux, et vous le savez très bien ! En participant à ce braquage, vous les avez empêchés d’obtenir ce qu’ils voulaient. Qui sait ce qui aurait pu advenir, si ces mercenaires avaient mis la main sur le contenu du disque dur ?
— Tu n’as pas tord. Mais que dois-je faire maintenant ?
—Notre expérience nous a rendus si puissants. Nous pouvons faire quelque chose pour tous ces mutants. Je pense qu’Amy-chan serait honorée que vous agissiez de la sorte.

Réfléchissant, Samuel se massa machinalement la nuque.

Il était vraiment perdu, dépassé par les événements. Dire qu’en venant à Kalos, il avait espéré trouver la paix et oublier Sinnoh. En réalité, c'était bien tout le contraire.
Tout ce qui se passait depuis hier ne faisait que lui rappeler d’où il venait. Il était maintenant en fuite avec une créature aussi puissante que magnifique, qui lui rappelait tant celle qu'il avait aimé.
Mais que pouvait-il faire d’autre ? Ils étaient pourchassés par des ennemis qu'ils ne pouvaient vaincre. Ils étaient seuls face à des milliers, des millions d'adversaires.

D’un coup, la porte de la cabane se mit à grincer, le sortant de ses réflexions. C’est une Coleene encore endormie qui apparut de derrière le battant. Ses longs cheveux, complètement désordonnés, semblaient léviter à cause de l’électricité statique.

— Sensei, permettez-vous que je retourne à mon inspection des alentours ?
— Oui, bien sûr. Vas-y.

Alors que le pokémon disparaissait derrière la cabane, la mutante s’installa sur le rebord de la terrasse, juste à côté de son compagnon d’infortune.

— Tu peux m’expliquer c’est quoi ce bordel, l’immigré ? l’interrogea-t-elle avec son traditionnel ton sec.

Le jeune homme sourit légèrement. Il ne pouvait que s’amuser du surnom qu’elle lui donnait chaque fois.

— Bien sûr. On est restés évanouis plusieurs heures. Mon gallame nous a amenés ici pour nous éloigner de la zone de recherche. Cependant j’ignore précisément où nous sommes.

La jeune fille hocha la tête.

— OK. Merci…

Il y eut ensuite un blanc qu’aucun des deux ne chercha à combler. Chacun regardait dans le vague, sans savoir quoi dire.

— … Ça fait deux fois n’empêche ! lança soudain la fille d’Edgar, en soupirant.

Samuel ne sembla pas comprendre.

— Deux fois ?
— Oui ! Deux fois que tu nous sauves les fesses sans que je serve à quelque chose. Deux fois que mon honneur en prend un sérieux coup. Deux fois que je me devrai de te rendre !

Il haussa les épaules.

— Tu n’as pas besoin de le faire. Quand j’ai fait ce que j’ai fait, je le faisais avant tout pour me sauver moi. C’était purement égoïste.
— Je m’en fiche de ça ! Tu l’as fait, c’est tout ce qui compte.

L’épisode du bar revint soudain à l’esprit du brun.

— Quand on a été au bar l’autre fois, ce n’était pas déjà pour t’acquitter de ta dette ?

Sans se tourner vers lui, elle soupira à nouveau.

— Nan, ça c’est ma sœur et mon andouille de cousine qui m’ont forcé à le faire pour m’excuser. Et d’ailleurs sur ce coup-là, mon objectif était plutôt de te tirer les vers du nez quand à ta présence à l’arène. Ce que Coralie à fait bien mieux que moi d’ailleurs…

Les pupilles du sinnohïte s’écarquillèrent de surprise. Un frisson glacé parcourut son échine. Il avait complètement oublié ce détail : la mutante de Gardevoir savait tout de lui. Que lui avait-elle raconté après avoir repris ses esprits ?

— … Bon, elle ne faisait que me confirmer que tu n’étais pas un anti-mutants. Elle ne voulait rien me dire de plus sur ce qu’elle avait pu voir en toi. « Un télépathe honnête ne dévoile jamais des secrets qui ne sont pas dangereux » qu’elle me répétait dès que je voulais en savoir plus. Du coup, j’ai laissé tomber, et en y réfléchissant, je me suis rendu compte qu’en fait, j’en avais rien à foutre de ton passé. Si un jour tu m’avoues des trucs, je t’écouterai. Sinon, je m’en contrefous.

Un poids disparu des épaules du jeune homme. Intérieurement, il était soulagé mais il ne le montra pas.

— Je te remercie, marmonna-t-il de manière quasi inaudible.

Il y eut un nouveau blanc.

— Le truc, c’est que je ne me serais jamais attendue à ce que tu finisses par me coller un flingue sur la tempe.

Samuel déglutit. Il aurait préféré qu’elle oublie ce détail.

— Je suis désolé ! gémit-il aussitôt, le regard triste. On n’avait plus d’autres choix que de jouer quitte ou double.

Pour la première fois, l’adolescente se tourna vers lui. Elle lui sourit, bien que très légèrement.

— Ne t’inquiète pas. Je ne t’en veux pas. Ça a fonctionné, c’est l’essentiel !… C’est juste que je ne t’imaginais capable de voler l’arme d’un de ces imbéciles.

Il se mordit la lèvre.

— Je te dois la vérité. J’ai cette arme depuis bien plus longtemps. Les composants électroniques ne sont pas les seuls objets que j’ai ramenés de l’arène clandestine.
— Qu’est-ce que tu comptais faire d’une arme ? s’étonna-t-elle, en haussant les sourcils.

Le regard du jeune homme se perdit dans l’ondulation des branches. Il repensa à pleins de choses. Il chercha des raisons plus convenables à lui faire croire, en vain. Tant pis. Mais il ne lui parlerait pas de Dreak. Pas avant d’avoir le cœur net de sa présence à Kalos.

— Je n’avais pas que des amis à Sinnoh. C’est une simple précaution au cas où on voudrait me retrouver.
— Ouais, je comprends. J’aurais fais pareil, si mon père m’avait appris à m’en servir…

D’un coup, elle sortit son téléphone de la poche de son pantalon.

— … D’ailleurs, en parlant de mon père… Tu peux rentrer à l’intérieur ? J’aurais besoin de passer un coup de fil.

Acquiesçant, le brun se leva immédiatement.

— Tu as besoin de sécuriser le flux de données ?
— Nan, pas besoin. On m’a déjà installé un logiciel qui le fait automatiquement.

Quand Samuel claqua la porte derrière lui, Coleene composa un numéro qu’elle semblait connaître que trop bien. Elle colla ensuite l’appareil à son oreille.

Un bip.

Deux bips.

Soudain, on décrocha.

— Allô ! À qui ai-je l'honneur ? demanda aussitôt une voix de femme mûre à l'autre bout du fil.

La mutante sembla soulagée. Elle n’était pas tombée sur le répondeur. Elle avait horreur de cela.

— Allô, Charlotte ? C’est Coleene !
— Saint Arceus ! Que ça fait du bien de t’entendre ! Depuis qu’on nous a fait suivre votre avis de recherche, on était paniqué ! Même s’il voudra jamais l’admettre, je ne te dis pas dans quel état est ton père.
— Je me doute. Justement, tu peux me le passer, s’il te plaît ?
— Bien sûr ! Je te mets en attente deux secondes, je l’appelle, il n’est pas dans son bureau…

Sa voix se coupa d’un coup sec, remplacée par un cliquettement désagréable.

Trente secondes plus tard, la dénommée Charlotte reprit l’appel.

— … Don’t worry, il arrive !… En attendant, comment va ta cousine ?

Coleene soupira. Elle s’attendait à cette question. En même temps en appelant sa tante, cette question était l’évidence même.

— J’en sais absolument rien. On a dû se séparer dans la soirée. Je ne l’ai pas revu depuis.
— Ah merde !…

D’un coup, on entendit une porte claquer en fond.

— … Bon, je te laisse. Je te passe ton père.

Un court instant, le son diminua. Puis, un souffle de soulagement se fit entendre. Le timbre de voix de cet homme était puissant, caverneux, séant parfaitement au chef impitoyable qu’il était. Même au travers du téléphone, il vous dominait rien qu’avec sa voix. Mais ce n’était bien sûr pas le cas de Coleene.

— Ma chérie, je suis heureux de t’entendre. Fais-moi un rapport complet de la situation.

La jeune fille soupira.

— Eh bien, c’est simple. On a été obligés de procéder au protocole d’évacuation de la pension, hier dans l’après-midi. Suite à la publication de l’avis de recherche, on a décidé de poursuivre la procédure en quittant Illumis. Mais on n’a pas été assez rapides, ils avaient déjà monté des barrages. On a dû de se séparer. Ce qui nous a pourtant pas empêché de devoir casser du flic.

— Tu n’es pas blessée ? la coupa Edgar, un peu inquiet.

Elle aurait voulu lui dire la vérité sur cette plaie qui la faisait encore souffrir. Mais elle était trop fière pour admettre son erreur. Et de toute façon, ce n’était sûrement pas le moment pour s’apitoyer sur sa santé.

— Nan, c’est bon, t’inquiète pas. Bref, on s’est battus, puis on a dû encore fuir, plus loin encore dans la forêt, jusqu’à trouver une espèce de cabane. Là actuellement, je n’ai aucune foutue idée de l’endroit où nous sommes !

Le général sembla surpris.

— ‘Nous’ ? Hum, je comprends, vous avez bien suivi les consignes, vous êtes en binôme. Laisse-moi deviner : Tu es avec ce Samuel Hanless ? Euh… Hansell ?
— Affirmatif, acquiesça la mutante sur un ton presque militaire.
— OK. J’ai lu sa fiche d’identité, c’est un nouvel arrivant, humain qui plus est. Pourquoi l’avoir impliqué là-dedans ? Je ne tiens pas à ce que le cas de Tsubasa se reproduise.

Coleene serra les dents. Pourquoi était-il obligé de remettre cette affaire sur la table ? Comme si ça ne la travaillait déjà pas assez.

— NON ! Je suis sûre et certaine qu’il n’est pas comme Tsubasa…

Ce qui s’était passé hier soir l’avait beaucoup fait réfléchir. À partir du moment où Samuel l’avait mise en joue, il aurait eu mille occasions de la capturer. Cela venait donc mettre un point final aux doutes qu’elle mettait sur lui.

— … Et quant à savoir pourquoi il est venu avec nous, c’est simple. Au-delà de ce que je veux admettre, il est doté de compétences très intéressantes. De plus, ça me fait mal de le dire, mais il m’est bien supérieur en combat pokémon.
— Très bien, admit finalement son père, peut-être un peu à contrecœur. J’ai confiance en ton jugement. Je suppose que vous aviez l’intention de rejoindre le fort ?

L’adolescente acquiesça.

— Ouais. On était censé retrouver les autres à Auffrac, mais ce n’est pas dit qu’on arrive à l’heure. On comptait de toute manière passer par l’entrée du tunnel nord.
— Parfait. De toute façon, je t’aurais sûrement demandé de revenir. Nous préparons quelque-chose de gros. J’aurai eu envie de t’avoir à mes côtés. Je vais informer nos contacts dans les villes que vous pourriez traverser.
— OK, je te remercie !…

Alors qu’elle commençait sa phrase, elle aperçut Lucario arriver d’un pas trop pressé. Cela n’annonçait rien de bon.

— … Je vais devoir te laisser. Je crois qu’on va bientôt avoir de la compagnie.
— D’accord ! Qu’Arceus veille sur toi !

Le pokémon arrivant enfin à sa hauteur, la jeune fille coupa la communication.

— Qu’est-ce qui se passe ? l’interrogea-t-elle, un peu inquiète, en se relevant.

Il pointa de la patte dans une direction.

— Une vingtaine d’individus venant de l’ouest, à environ huit-cents mètres.
— Combien de temps il nous reste ?
— Approximativement, dix minutes. Ils ne progressent pas très vite. Ils ont l’air de rechercher quelque chose.

Se dirigeant vers le garage, la mutante hocha la tête.

— OK ! Préviens ton maître, il faut qu’on se casse vite d’ici. Je vais voir s’il n’y a pas un quad, ou un truc du genre là-dedans.

Lucario acquiesça, puis entra dans la cabane.

==

Peu de temps avant, le commandant Pierce avait atteint l’endroit où les détecteurs avaient repéré les téléportations. Toutes ces inhabituelles marques témoignaient qu’un affrontement avait eu lieu ici. Des scientifiques de l’agence tentaient déjà d’en tirer quelque-chose : un carré de mousse calcinée, l’écorce brisée d’un arbre.

Après tout, ce n’était pas commun que quatre agents, dont un sergent, disparaissent d’un coup dans la nature en pleine opération.

Voyant que son supérieur était arrivé, un sbire lui tendit une tablette tactile. Pressé, l’homme s’empressa de la déverrouiller.

— Bon. Mya, explique-moi tout ! ordonna-t-il sèchement, en tapotant son oreillette.

S’éleva alors une voix féminine, appartenant probablement à une jeune femme. Dans le même temps, une visualisation en réalité augmenté s’afficha sur la tablette, avec notamment les traces déjà récoltées en surbrillance.

— Bonjour, commandant Pierce. Eh bien, j’ai analysé et recoupé les sceptres de nos détecteurs. Je pense pouvoir dire que ces sauts spatiaux menaient tout droit jusqu’à Sinnoh.

Semblant ne pas saisir, Dreak fronça les sourcils.

— Qu’iraient-ils faire à Sinnoh maintenant ? Pourquoi ne pas être partis avant ?
— Vous ne vous posez pas les bonnes questions. Demandez-vous plutôt : qui est parti ? Il serait plus logique de croire qu’ils se sont débarrassés de nos agents en les envoyant loin d’eux. Car, on peut distinguer les traces de passages de deux personnes juste ici…

Une flèche s’affichant, le commandant pointa l’appareil dans la direction indiquée. L’appareil photo zooma de lui-même, et des marqueurs au sol reformèrent le chemin supposé.

— … Il est évident que des personnes ont fui de cette zone vers l’est. Dans tous les scénarios que j’ai modélisé, ça ne peut pas être le sergent Stanley et ses hommes. Ça ne tient pas debout. J’ai donc pris la liberté d’envoyer un groupe dans cette direction.
— Sage décision, affirma l’homme, acquiesçant.
— Mais de vous à moi, il serait préférable de les devancer dans leur parcours. Les probabilités de capture doublent si l’on saisit cette opportunité.

Dubitatif, Dreak porta une main à son menton.

— Et donc, que disent tes probabilités sur le chemin qu’ils vont prendre ?
— Si on suppose toujours que la principale base de l’A.M.L est située dans les hauts-sommets de l’est, au-delà d’Auffrac-les-Congères, et que c’est l’endroit qu’ils cherchent à atteindre ; ils devraient forcement passer par cette dernière.

Pourtant, l’homme ne semblait toujours pas convaincu.

— J’en toucherais deux mots à Augustin.
— Reçu. Précisez-lui bien que je suis sûre de mes calculs à quatre-vingt-sept pourcents. D’ailleurs, voulez-vous le contacter maintenant ?

Redonnant la tablette à son subordonné, il acquiesça.

— Oui, envoie-le en appel vocal sur mon oreillette.

La jeune femme se tut, et laissa place au bruit classique de la numérotation. Il ne se passa pas même un bip avant que l’on décroche à l’autre bout. Un homme, évidemment. Mais difficile de mettre un âge sur sa voix, quarante ans peut-être. Elle semblait intemporelle.

— DREAK ! Les avez-vous retrouvés ?!
— Pas encore. Nous suivons leurs traces. Avec l’expertise de Mya, nous allons les prendre par surprise à Auffrac. Si vous n’y voyez pas d’objection.

Ce qui ne plut visiblement pas à Augustin.

— QUOI ? MAIS QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ ! Si c’est juste pour me parler de votre pitoyable échec, vous feriez mieux de ne pas m’appeler !
— Je sais, affirma calmement Dreak, sans être surpris. Je vous rappelle juste que la fille Dorgman va être très difficile à capturer vivante, maintenant qu’elle est accompagnée par Gregory Arsian. Souvenez-vous, lui et ses pokémons ont suivi l’entraînement de Wu, et il dispose de la CyberBall depuis notre collaboration.
— JE ME FICHE DE CES INSIGNIFIANTS PARAMÈTRES !… Bien que vous ayez tué ce vieux débris, il nous cause toujours autant de problèmes. De toute manière, je me fiche que Gregory Arsian soit vivant, il ne nous intéresse plus. Je veux juste reprendre le disque dur qu’il était censé récupérer pour nous… Mais assez perdu de temps à bavasser ! Retournez faire ce pourquoi vous êtes payé !

Avant que Dreak n’ait le temps de rajouter quoi que ce soit, l’homme avait raccroché. Il n’était pas étonné, c’était une habitude assez commune chez lui.