Chapitre 11 : Confrontation inévitable
Comme l’avait annoncé Samuel, leur véhicule était arrivé pile à l’heure : c’était un fourgon Mercedes aux vitres opaques, un modèle haut de gamme. Trop haut de gamme, peut-être. Vu l’utilisation qu’ils en auraient.
— Probabilité qu’il finisse en miettes avant la fin ? en avait soupiré la mutante roche, en constatant avec consternation l’état impeccable de la carrosserie et de la sellerie cuir.
Sa cousine lui avait alors répondu, tout aussi blasée.
— Proche de quatre-vingt pourcents. Pour le coup, j’aurai préféré avoir l’option blindage plutôt qu’intérieur cuir.
Sur les ordres de cette dernière, ils étaient partis de suite, il y a une bonne demi-heure déjà. Ils roulaient donc désormais dans les rues quasi-désertes de la proche banlieue d’Illumis.
C’était tout naturellement la mutante de feu qui avait hérité du volant. À ses côtés, s’était installé le sinnohïte, son ordinateur portable sur les genoux. Il pouvait ainsi observer les actualités, et voir à l’occasion l’emplacement de barrages. Généralement, ce genre de choses faisait le tour des réseaux sociaux.
Derrière, les jumeaux s’étaient accaparé la banquette du milieu. En fait, ils se relayaient pour recharger les batteries via la trappe sous leurs pieds. Régulièrement, une gerbe d’étincelles se formait autour de leurs poings et disparaissait aussitôt dans les câbles auxquels ils étaient reliés.
Enfin, au fond, les deux filles occupaient la dernière banquette. Alors que Marie-Kate étudiait la carte avec attention, Sophia semblait absente. Son visage collé contre la vitre, elle regardait filer les lueurs de la nuit.
Depuis leur départ, ils étaient tous restés dans un mutisme perturbant. En vérité, parler n’aurait rien changé aux événements. Alors ils ne trouvaient pas utile de le faire.
Alors qu’ils venaient de s’arrêter à un feu rouge, Coleene brisa ce silence. En face, la route se séparait. Un choix s’imposait à eux : soit continuer tout droit par la régionale, soit prendre la bretelle d’autoroute à droite. Au-dessus de cette dernière, un panneau indiquait la direction de Batisques.
— Bon, on va où ?
— Le mieux, c’est tout droit, lui répondit Marie-Kate, toujours le nez dans la carte. Filer directement à Batisques par l’autoroute est tentant, et rapide. Mais c’est probablement aux péages qu’ils vont s’installer en premier.
La fille d’Edgar acquiesça.
— OK, donc on suit La Frescale, Flusselles puis Auffrac.
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Il n’y avait pas plus de circulation sur les régionales à cette heure-ci. Les phares du fourgon éclairaient sans discontinuer un bandeau de bitume désespéramment vide. Tout le paysage n’était désormais qu’une vaste étendue de forêt aux arbres cuivrés.
Soudain, à la sortie d’un virage, Coleene aperçut des faibles gyrophares au loin.
— Mais… qu’est-ce que c’est que cette merde ?!
— Un accident ? supposa le brun, inquiet.
Intrigué, Arthur s’avança entre les deux places avant.
— Non, ça doit être un barrage.
Ils purent distinguer deux camionnettes postées en travers de la route. Elles étaient séparées l’une de l’autre d’un espace à peine suffisant pour une voiture.
Leurs craintes s’intensifièrent.
— Préparez-vous ! annonça la mutante de feu, tendue. Ça va secouer !
Immédiatement, elle écrasa la pédale d’accélérateur. D’un coup, tous furent collés aux fonds de leurs sièges. Arthur, lui, fut projeté en arrière.
Le barrage se rapprochait d’autant plus vite. Les silhouettes d’une dizaine d’agents de la M.E.A se dessinaient désormais dans la pénombre.
— Ça passera pas, s’inquiéta Samuel, en rangeant son P.C.
Mais la jeune fille ne l’écoutait pas.
Arrivant en trombe à leur niveau, plusieurs des flics les repérèrent. Ils braquèrent aussitôt leurs armes sur eux. Ils se doutaient que c’était eux qu’ils cherchaient.
Mais la jeune fille ne ralentit pas.
Au centimètre près, le fourgon passa entre les deux camionnettes. Les agents les plus proches sautèrent pour l’éviter. D’autres firent feu. La carrosserie gronda sous les impacts de balles.
D’un coup, le véhicule fut secoué par une explosion sur la droite.
— Ils ont fait péter le pneu ! affirma Marie-Kate, stressée.
— Fait chier !
Malheureusement, avec une roue en moins, il ne pourrait pas fuir assez vite. Ils devaient continuer à pieds.
À peine cent mètres après le barrage, Coleene fut forcée de stopper le véhicule sur le bas-côté.
Agrippant son sac à côté d’elle, elle ordonna aussitôt, sur un ton sec.
— Plan B : on se sépare en groupe de deux. Marie-Kate avec Arthur. Sophia avec Brian. OK ?
Ils descendirent du fourgon. Tous acquiescèrent.
— Et moi ? l’interrogea le sinnohïte, visiblement inquiet.
— Tu viens avec moi !
— On se retrouvera là-bas ? supposa le grand blond.
— Ouais…
Sur ces mots, les trois groupes s’engouffrèrent dans la forêt, partant dans des directions quasi opposées. Derrière eux, les agents de la M.E.A essayaient vainement de les rattraper en courant.
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Coleene et Samuel couraient depuis quelques minutes.
L’espace entre les arbres se fit d’un coup plus large. Ils venaient de tomber sur une sorte de clairière. L’endroit semblait étonnamment mort. Les pokémons insecte avaient cessé de striduler, les oiseaux de chanter.
Le jeune homme fut parcouru d’un frisson. Humant l’air, la jeune fille ressentit à son tour quelque chose d’étrange.
Soudain, avant que les deux aient le temps de se préparer, une douzaine d’agents bondit des buissons pour les encercler. Aussitôt, ceux-ci invoquèrent des pokémons roche, eau ou sol à leurs côtés. Il y avait des laggrons, des golgopathes, et quelques autres espèces… Comme si ces types étaient encore trop faibles malgré leur avantage numérique évident.
Par réflexe, Samuel porta sa main sous son sweat, avant de se raviser. Non. Ça ne servirait pas à grand-chose face à autant d’adversaires. Il eut le second réflexe de dégainer sa Super-Ball. Mais comme celle qu’envoya Coleene, la sphère rebondit au sol sans ouvrir.
— PUTAIN ! Y se passe quoi ? jura sa camarade.
Un type se démarqua alors du cercle d’agents. Un bonhomme bedonnant, dans un uniforme gris trop petit pour lui, une casquette de flic visée sur son crâne dégarni. Ce curieux gus affichait un grand rictus moqueur sur son visage patibulaire. Il ne devait être pas peu fier de la situation.
— Voyons, Coleene. Nous crois-tu si bête ? Nous savons ce que tu vaux en combat de pokémons. Il était évident que nous couperions les accès aux serveurs des P.C, au moins dans cette zone.
Retrouvant sa forme hybride, la mutante le fusilla du regard.
— Ouais, c’est ça, tocard ! T’as juste pas les couilles de te battre à la loyale.
— Eh non, ma grande, pourquoi le ferais-je ? On n’est pas dans un jeu vidéo ici. Tes adversaires n’ont pas à être loyaux avec toi. Les ordres ont été clairs. Nous devons simplement vous récupérer, toi et ton petit copain…
De colère, les poings serrés de l’adolescente s’entourèrent de flammes.
— CE N’EST PAS MON PETIT-COPAIN !
L’agent de la M.E.A soupira.
— Si ça te fait plaisir… Bref, je m’en fous, je ne suis pas là pour ces enfantillages… Attaquez !
Suivant leur chef, les agents s’exécutèrent et transmirent l’ordre à leurs pokémons. Mais bizarrement, ceux-ci mirent un peu de temps avant d’attaquer. Coleene ne manqua pas l’occasion pour les provoquer.
— Alors ! Qu’est-ce que vous foutez ?! Vous avez pas entendu votre chef ?!… Vous avez peur de moi, ou quoi ?
— Je suis pas sûr que ce soit le moment, lui conseilla le jeune homme.
Elle se retourna soudain vers lui.
— Toi l’immigré, tu ferais mieux de te préparer pour ce qui va suivre. Sinon tu risques d’avoir chaud aux fesses.
Les attaques se mirent d’un coup à fuser de toutes les directions. Agile, la mutante les évitait avec aisance. Et étonnamment, pour un humain, le jeune homme arrivait à faire de même.
Soudain, une lame rocheuse transperça le sol.
Coleene ne put l'éviter. Elle vint ainsi se planter dans son épaule gauche.
La fille poussa un hurlement monstrueux, avant d’être obligée de poser un genou à terre.
— Coleene ! cria le brun, désespéré.
Elle gémit, affaiblie.
— C'est bon, l'immigré ! T'en fais pas pour moi !
Étonnamment, le chef n'était pas satisfait par cette action.
— Bande d'abrutis ! Il nous la faut vivante, pas mor…
Alors que le type n’avait pas eu le temps de finir sa phrase, l’Hydrocanon d’un amonistar frappa la mutante de plein fouet, alors qu’elle tentait de se relever. Elle fut projetée, sonnée, contre le sinnohïte. À son tour, il tomba dans la terre détrempée par l’attaque.
Immédiatement, le jeune homme se redressa, et bien qu’affaiblit, sa coéquipière trouva la force de faire de même.
— Si t’as un plan,… marmonna la fille d’Edgar, le souffle saccadé… je suis preneuse.
Un peu paniqué, Samuel lançait tour à tour des regards à leurs adversaires. Sa respiration, désordonnée, ne faisait qu’accélérer.
Un plan ? Non, il n’en avait pas. Ce n’avait jamais été son fort de trouver des plans dans de pareilles conditions.
À moins que… Cela pourrait marcher, mais il faudrait que la jeune fille lui fasse pleinement confiance. Cela leur permettrait au moins de gagner du temps.
— Oui, j’ai un plan ! Est-ce que tu me fais confiance ?
— Ouais, ouais… Vas-y. On a pas le choix.
Le jeune homme fit le vide dans son esprit. Elle avait raison : ils n’avaient plus le choix. Il devait le faire, qu’importe les conséquences. Toute émotion disparut de son visage.
Le temps sembla alors comme suspendu.
Aussitôt, le garçon passa son bras autour du cou de Coleene, et la tira contre lui. Surprise, elle tenta de se débattre, mais sa récente blessure la rendait trop faible.
De l’autre main, il sortit un pistolet de sous son sweat.
Sans sembler hésiter, il colla le canon contre la tempe de sa camarade. D’un coup, tous leurs adversaires se figèrent.
— Mais qu’est-ce qu… marmonna la mutante, le souffle coupé.
— Ne bouge surtout pas. Laisse-toi faire…
Son regard se perdit un instant dans le vide, avant de se diriger vers le chef. Le brun somma alors, d’une voix forte et déterminée.
— … J’ai cru comprendre que vous vouliez Coleene vivante ! Voilà le deal : vous nous laissez partir, ou je la descends !
Bien que ne pouvant cacher sa surprise, le visage du type bedonnant se fendit d’un sourire. Il ne s’y attendait pas à celle-là.
— Voyez-vous cela ! Voilà que ce gosse nous fait des menaces ! Mais ça ne marchera pas avec nous. Tu n’auras pas le courage de le faire. Ce ne sont que des paroles pour nous impressionner. N’est-ce pas ?
Samuel retira le cran de sécurité.
— Peut-être. Ou peut-être pas. Mais vous ne prendrez pas ce risque, affirma-t-il en retour, le plus sérieusement du monde.
— En es-tu sûr au moins ? Nous pourrions très bien t’abattre, toi.
Le jeune homme tira son ‘otage’ vers l’extérieur du cercle. Aussitôt, les agents commencèrent à s’écarter pour le laisser passer, sans même attendre d’ordre de leur chef.
— Vous ne le ferez pas. Parce que si me touchiez, la douleur me ferait forcement presser la détente. Ce qui, par cause à effet, rentrerait une balle de 9 mm dans son crâne. Vous ne le voulez pas ? Bien sûr que non. Vous avez besoin d’elle vivante pour faire chanter son père. Si elle venait à mourir, ça ne ferait qu’empirer les choses.
Les deux adolescents s’étaient rapprochés de la lisière de la forêt. Encore quelques mètres, et ils pourraient disparaître dans l’obscurité. Il susurra à l’oreille de sa camarade.
— Tu as encore la force de courir ?
— Oui… Et assez pour te coller une bonne trempe si on s’en sort.
Forcé d’acquiescer, le flic hocha la tête. Mais discrètement, il fit un espèce de signe à ses subordonnés.
— Très bien. Je dois bien avouer que tu es perspicace.
Tout se passa ensuite très vite. Samuel relâcha sa prise et ils se mirent à courir. Rapidement, ils avaient disparu de la vue des agents.
— On les laisse vraiment partir ? s’étonna l’un d’eux, déjà prêt à partir à leur poursuite.
— Oui. Rien ne presse. Elle n’ira pas bien loin dans cet état.
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Après quelques minutes de course, Coleene fut forcée de s’adosser contre un arbre. Son teint était devenu pâle. Elle haletait. Sa blessure à l’épaule lui faisait perdre beaucoup trop de sang. Son T-shirt en était déjà imbibé. Ce n’est qu’avec l’adrénaline qu’elle avait pu tenir jusque-là.
La fille d’Edgar prit un instant pour souffler.
Elle devait retirer ce truc de son épaule. Inquiet, Samuel lui proposa son aide. Ce qu’elle refusa, évidemment.
L’adolescente ferma les yeux.
Elle entoura alors le caillou avec sa main droite. Ce simple contact transmis la douleur dans tout son corps.
— 3, commença-t-elle à décompter…
Ne plus penser à rien. Ne plus rien ressentir. Faire abstraction de la douleur.
— … 2…
Elle tenta de calmer sa respiration désordonnée. Peut-être que le sang circulerait moins vite comme ça.
— … 1 !…
D’un coup sec, elle tira sur la lame. Aussitôt, la douleur se fit insupportable. Telle, qu’elle faillit s’en évanouir. Elle se retint de hurler, en serrant les dents à s’en casser les gencives.
Dans la précipitation, la jeune fille jeta son sac au sol. Elle fouilla dedans à l’aide de son bras valide. Elle se rendit alors compte bien trop tard, qu’une lame rocheuse l’avait transpercé, et ses précieuses potions avec.
— … Fait chier ! trouva-t-elle la force de râler, en plongeant ses doigts dans les restes d’un flacon éventré. Tant pis, ça fera l’affaire !
Elle plongea la main sous son maillot, et appliqua le peu de liquide qu’il restait sur sa plaie.
De suite, l’hémorragie diminua, jusqu'à s’arrêter. À défaut de mieux, ça serait suffisant. S’il y en avait eu plus, la blessure aurait presque pu disparaître.
— Ça va aller ? lui demanda le brun, toujours inquiet.
— Ben, on va faire avec. J’ai encore cette putain de douleur, mais au moins, je pisse plus le sang. Et je vais pouvoir utiliser mon bras gauche…
Tout à coup, elle se redressa. Elle avait entendu comme un bruit de pas, non loin.
— … T’as entendu ça, l’immigré ?
— Non. C’est sans doute trop loin. Je n’ai pas tes capacités.
Dans le doute, l’adolescente couvrit ses poings de feu. Si on cherchait à les surprendre, elle serait prête cette fois.
— OK ! finit-elle par lancer, voyant que l’inconnu refusait d’apparaître. Vous nous aurez pas en jouant à cache-cache. Ayez au moins les couilles de vous montrer !
Le chef de police sortit soudain de derrière un buisson. Cette fois, Samuel était bien décidé à sortir son arme dès le début. Mais il se ravisa, encore. L’agent l’avait devancé et pointait le canon de son pistolet vers eux.
Contre sa volonté, le corps du sinnohïte se figea.
— Eh oui ! C'est moi ! Encore ! Décidément, pour quoi me prenez-vous, tout les deux ? Ma mission est de te ramener au boss, Coleene. Je n'allais tout de même pas te laisser partir comme ça.
— Ferme-la, connard ! répondit du tac-au-tac la mutante.
Trois autres agents arrivèrent du côté opposé. Le gars dodu tourna son arme vers Samuel.
— Bon ! Je t'explique. C'est simple. Tu te rends bien calmement, ou je descends ton petit-copain. Je ne vois pas pourquoi vous seriez les seuls à user de ces techniques.
Énervée, elle cracha quelques flammèches.
— Des méthodes de lâches, comme d'habitude !
L'autre haussa les épaules.
— Évidemment, qu'est-ce que tu crois ? Tu ne me laisse pas le choix…
Il tira alors, frôlant la joue du brun. Non, il ne rigolait pas.
— … À genoux, les mains derrière la tête ! Je ne me raterai pas une seconde fois !
— Tu peux toujours courir !
Samuel ferma les yeux, toute sa vie défilait devant lui : Amy, l'épisode de la ligue, les quelques jours passés à Kalos, et plein d'autres choses… Une larme coula le long de sa joue. Il n’avait pas fait tout ça pour mourir bêtement, dans une forêt paumée, au milieu de nulle part. Il ne cherchait pas à fuir, ça n'aurait servi à rien.
Le coup partit. La détonation sembla d'autant plus violente que la première. Le brun entendit alors sa coéquipière hurler, puis un crissement métallique qui trancha l'air ambiant.
Il y eut ensuite comme un silence de mort.
Mais Samuel était toujours bien vivant.
La balle avait été dévié par une aura psychique. Elle avait fini sa course mortelle dans un arbre non loin.
Gallame était apparu juste à temps devant de son dresseur.
— Pardonne-moi, Sam, j’ai eu des difficultés à sortir.
Rouvrant les yeux, le brun souffla de soulagement, une larme à l’œil.
— Merde ! pesta l'abruti en uniforme, avant de s’énerver sur ses sous-fifres. C’est quoi ce bordel ?!
— Désolé, chef. Je crois qu’on est sorti de la zone blanche.
— Qui m’a foutu des tocards pareils ! Vous pouviez pas le dire avant ?!…
Un Draco sortit immédiatement de derrière lui.
— … Vitesse Extrême, mon beau.
Aussitôt, le dragon vola avec une impressionnante célérité jusqu'au cou de Samuel. Ni Coleene ni Gallame n'avaient prévu cela. Ils coururent le plus vite qu'ils purent pour le secourir, en vain. Le bougre serrait fort et le jeune homme commençait déjà à manquer d'air.
— PUTAIN, L’IMMIGRÉ, CRÉVE PAS ! beuglait la mutante en tirant du plus fort qu'elle pouvait sur le corps longiligne du serpent.
Hélas, l'adolescent ne l'entendit pas. Il tomba dans les vapes.
— Coleene ! Si tu ne veux pas te rendre. Tu le sais, je vais devoir le tuer.
La fille se releva d'un bond. Elle chargea alors le chef, les poings couverts d'un feu bleu-violacé.
— CRÉVE ! CONNARD !
Emportée par la haine, elle mitrailla littéralement l'humain de coups. Elle ne s’aperçut que trop tard que son Draco était revenu le protéger avec Abri.
Profitant de ce court moment de faiblesse, le pokémon frappa la mutante d'une puissante Draco-Queue qui la fit valdinguer contre un arbre.
La fille d’Edgar se prit le tronc en plein dans le milieu du dos. Ce qui lui arracha un nouveau cri de douleur, avant qu’elle ne s’évanouisse à son tour.
Le policier était aux anges. Ses trois sous-fifres se rapprochèrent alors du pokémon de Samuel.
— Que comptes-tu faire, mon brave gallame ? Nous sommes quatre et tu es seul à présent. Il serait vain d’utiliser tes dernières forces pour nous résister.
Le regard pointé vers son dresseur, le pokémon ricana, un brin moqueur.
— Mais qui vous a dit que j’étais seul ?
À ces mots, quatre autres gallames apparurent autour d’eux.
— Je vois, comprit aussitôt le bedonnant. C’est la même technique que tu as utilisé sur la vidéo de surveillance. Un dérivé de Reflet, n’est-ce pas ?
Le type psy sembla surpris. Il ignorait qu’ils avaient été filmés ce soir-là. C’était donc probablement comme ça que la M.E.A était remontée jusqu'à eux.
— Il y a un peu de ça, en effet. Mais si cela vous inquiète, je ne compte pas faire le même coup deux fois. J’ai promis à mon dresseur de ne plus recourir à la violence…
Il ricana à nouveau.
— … Ou du moins, juste en dernier recours. N’allez pas croire que je vais me laisser faire !
— Plus de violence ?! Tu comptes donc partir en te téléportant ?
— Naaan, sourit le pokémon, amusé par les questions du flic…
Son sourire disparut d’un coup.
— … C’est vous qui partez !
Avant que leurs adversaires aient pu esquisser le moindre mouvement, les gallames fondirent sur eux. Un à un, les agents de la M.E.A disparurent dans un rayon blanchâtre.
Ne restait alors plus que les deux adolescents avec Gallame.
Aussitôt, il souleva le corps inconscient de son dresseur sur son épaule. Un autre de ses clones se chargea quant à lui de la mutante de feu.
Ils devaient partir vite. Pour sûr que d’autres agents arriveraient ici sous peu. Mais à défaut de pouvoir se téléporter à destination, les deux pokémons devraient marcher longtemps. Il faut dire qu’il connaissait bien mieux Sinnoh que Kalos.