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Codélia Network - Tome 1 : La justicière virtuelle de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 13/03/2019 à 14:20
» Dernière mise à jour le 13/03/2019 à 14:20

» Mots-clés :   Action   Aventure   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 33 : Cicatrices du passé
- Mes fonctions viennent de tomber à environ trente pour cent, il faut que je mette un terme à ce combat avant d’atteindre la limite de mes capacités…

Grâce à une ruse habile, Aya était parvenue à s’isoler dans une sous-branche du circuit Haute-Vitesse où ARiSa ne pouvait pas l’atteindre. Sa vision se troublait de plus en plus fréquemment et même ses facultés de réflexion s’en retrouvaient affectées. Un adversaire comme cette fille blonde, qui attaquait souvent sans prendre la peine de mettre en place des stratégies, ne devrait pas représenter grand-chose. Mais dans les conditions actuelles, la numéro deux du Réseau Codélia était bel et bien en difficulté.

Elle ne contrôlait plus son corps avec aisance ce qui compliquait la tâche d’attraper les bonus Codéliens qui défilaient. Naviguer devant son adversaire n’apportait plus le moindre avantage vu que c’était la sbire du Cercle des Proxys qui finissait quand même par les attraper. Heureusement pour Aya, le virus qui détruisait son organisme ne semblait pas affecter les programmes alentours. Son Exagide, mis à part les dommages encaissés, ne présentait pas d’anomalies. Peut-être avait-elle encore une chance après tout.

Aya le savait, elle n’aurait pas l’occasion d’interroger ARiSa même en cas de victoire. Elle devait rallier le monde réel au plus vite afin de réaliser une maintenance d’urgence et mettre ce virus néfaste en quarantaine. Si son niveau d’activité venait de tomber à trente pour cent, il continuait toujours de diminuer lentement. Le temps qu’il lui restait avant la fin pouvait se calculer en minutes à présent. Aya était consciente de ce qui l’attendait si cette valeur atteignait le zéro absolu.

La fille ninja, pendant une courte période où sa vision fut rétablie, nota la présence d’un bonus Codélien situé vers la réunion des deux embranchements. Comme elle avait traversé jusqu’ici le circuit Haute-Vitesse en amont d’ARiSa, elle l’atteindrait en premier. Si son corps refusait de lui obéir, elle pouvait toujours compter sur Exagide pour lui donner un coup de main. Frapper un grand coup sans attendre lui permettrait possiblement d’arracher une victoire.

- Elkira chérie, cela ne fait pas si longtemps que nous nous sommes séparées mais tu me manquais déjà ! s’exclama ARiSa, se trouvant assez proche pour que son interlocutrice puisse l’entendre. Tu m’as l’air bien mal en point par contre, je m’inquiète !

- Maintenant Exagide, souffla Aya sans lui prêter attention, restant concentrée sur son objectif.

Le Pokémon Noble Lame, qui avait usé de la capacité Allègement plus tôt dans la confrontation, pouvait être tenu par sa dresseuse sans difficulté sous sa forme Assaut. La suite se déroula en un éclair, Exagide lança une attaque Lame Sainte qui fit apparaître un faisceau lumineux autour de lui, permettant à la demoiselle de trancher en deux la sphère lumineuse qui flottait dans les airs. Une utilisation créative du système d’affrontement Haute-Vitesse.

Si attraper les bonus Codéliens restait la solution la plus simple, il suffisait d’entrer en contact avec eux pour les récupérer. Avec ses dernières forces, la jeune fille avait décidé de recourir à cette tactique plutôt que de faire confiance à ses jambes. Toutefois, cela demeurait un coup de poker. ARiSa ne se ferait pas avoir deux fois par le même stratagème et si ce bonus Codélien ne permettait pas de renverser la situation, Aya se retrouverait coincée.

- Oh je n’avais jamais pensé à faire ça ! s’égosilla la sbire des Proxys, admirative. Tu as vu Scalproie ? Faudra qu’on essaie de faire la même chose nous aussi. Mais monsieur Ivan ne veut pas que je me connecte trop au Réseau Codélia parce que je ne tiens pas en place. Il faudra que je parvienne à le convaincre que je suis inoffensive. Pas vrai que je suis inoffensive, Elkira chérie ?

- Doubler la puissance offensive de la prochaine capacité, lut la concernée, bien décidée à conserver cette carte pour le moment opportun.

Son adversaire possédait le double type Acier et Ténèbres, l’usage de Lame Sainte relevait de l’évidence. Aya devait simplement trouver le bon timing afin de ne pas perdre sa dernière chance de remporter la victoire et se sortir de ce pétrin. Jusqu’ici, ARiSa s’était contentée de frapper là où ça faisait mal, enchaînant les assauts sans se pencher sur la défense. Il n’y avait aucune raison que cela change maintenant, l’occasion de vaincre se présenterait très bientôt.

Sans se soucier du fait que cela le mettait à découvert, le partenaire d’ARiSa se servait de la capacité Aiguisage. Si cela lui octroyait un supplément offensif et de précision, il ne pouvait pas éviter ou parer la moindre attaque quand il s’en servait. Visiblement, la fille blonde semblait prête à donner le coup de grâce et souhaitait simplement ne pas se manquer. Si Aya ne comptait pas faire traîner le combat en longueur, il aurait pris fin même sans son intervention.

- Elkira, Elkira, Elkira… répétait ARiSa en se grattant nerveusement le bras gauche. Je me suis dit que rendre mon cher Scalproie encore plus fort serait le meilleur moyen de te remercier pour ce divertissement. Si à la base, je comptais juste jouer un peu avec Dennis Keyton, tu n’auras pas été un mauvais remplacement.

Comme à son habitude, la deuxième du classement général préféra ne pas répondre, consciente de l’absence de logique dans la majorité des propos de son opposante. Elle se contentait de rester observatrice, malgré ses difficultés dues au virus, afin de ne pas rater son occasion. Scalproie venait d’en terminer avec l’aiguisage des bras, le moment de vérité approchait. Aya comptait sur les réflexes de son Pokémon dans le cas où elle-même aurait une mauvaise rechute.

ARiSa ne perdit pas une seule seconde, lançant la capacité signature du Pokémon Tranchant à savoir Tranche-Nuit. Pour ne pas perdre son effet de surprise, Aya se contenta d’ordonner le Bouclier Royal sans indiquer ce qui devrait se passer ensuite. Cela faisait déjà suffisamment longtemps qu’elle combattait aux côtés de son Exagide pour se rendre compte qu’il disposait à présent de sa propre autonomie. Il savait quoi faire pour renverser la situation.

Le Pokémon Noble passa en mode Parade au bon moment, annulant ainsi le Tranche-Nuit adverse avec aisance. Mais si ARiSa s’apprêtait à opter à nouveau pour la même attaque jusqu’à ce qu’elle fonctionne, ce fut Exagide qui se montra le plus efficace. Sans attendre, il prit au dépourvu le Scalproie et profita de sa proximité avec lui pour le frapper de plein fouet avec un Lame Sainte amplifié grâce au bonus Codélien de sa dresseuse.

- NON ! s’exclama ARiSa dont le visage se décomposa.

Atteint par l'attaque améliorée, Scalproie fit un sacré vol plané qui se termina contre la paroi droite du circuit Haute-Vitesse, entraînant des dommages supplémentaires. Le type Combat représentant sa plus grande faiblesse, ce coup bien placé d’Exagide allait peser lourd dans la balance. Et pourtant, contrairement à ce qu’Aya avait envisagé, le Pokémon adverse ne jetait pas encore l’éponge malgré ses blessures évidentes.

Si Aya ne se préoccupait pas de ce genre de détails, une personne normale se serait posée la question. Qu’est-ce que Scalproie pouvait ressentir en étant le partenaire d’une personne aussi instable qu’ARiSA ? Son expression n’avait changé que lors du dernier impact pour exprimer la douleur, autrement il restait parfaitement stoïque. Peut-être aimait-il ce genre de combats où la force brute jouait un rôle important ? ARiSa était alors la personne parfaite pour l’épauler.

- Il est plus coriace que dans mes calculs, murmura Aya dont la qualité optique diminuait sans se rétablir à présent. Dommage, c’était ma principale chance. Ce sera difficile de le reprendre par surprise à présent, même Exagide est en train d’atteindre ses limites.

- NON ! NON ! NON ! NON ! répétait ARiSa au risque de se briser la voix.

La vision de la fille ninja était à présent bien trop trouble pour le remarquer mais le sourire permanent du visage dément de son adversaire avait complètement disparu. Pâle, déformé par des grimaces, une respiration bruyante brisa le silence malsain qui s’était installé après cette série de cris. La main portée sur son cœur, elle posa un genou sur sa planche qui continuait d’avancer à travers l’amas de données numériques. Perdue, Aya ne comprenait pas ce qui se passait.

La demoiselle blonde semblait murmurer des propos à la limite de l’audible. Des flashs lui revenaient en mémoire sans qu’elle ne puisse les contrôler. Une petite pièce blanche vide, la douleur, la faim. Les décharges électriques. ARiSa ne put retenir un autre cri, portant cette fois-ci ses deux mains au niveau de son crâne, des larmes commençant à couler sur ses joues. Si Aya n’avait jamais été du genre bavard, même sa capacité de logique ne lui donnait aucune phrase cohérente à prononcer dans ce genre de situation.

- Pas encore… je ne veux pas y retourner… s’il vous plaît… je ne veux pas perdre… je vais encore souffrir… débita-t-elle d’une voix presque éteinte.

- Tu… commença Aya sans pouvoir terminer sa phrase.

En l’espace d’une seconde, ARiSa venait de se déconnecter. Lorsqu’un utilisateur quittait le Réseau Codélia sans prendre la peine de rappeler son Pokémon au préalable, ce dernier était aussitôt rappelé lui aussi dans le monde réel et rejoignait la Pokéball qui lui était associée. La disparition de la blonde démente permettait également à Aya de retrouver ses fonctionnalités de déconnexion. En revanche, le virus continuait de détériorer son organisme.

Cette fin imprévisible la prenait de court mais elle n’allait pas se plaindre. Partir de la dimension numérique afin de correctement mettre le virus en quarantaine demeurait la priorité. Ainsi, la fille ninja disparut à son tour du circuit Haute-Vitesse une fois Exagide mis en sûreté. Peut-être qu’en retrouvant un niveau convenable d’activité de ses différentes fonctions, Aya pourrait essayer de percer le secret entourant Arisa Harriet. Elle n’était décidément pas une personne ordinaire.



***


- Je ne veux pas y retourner… je ne veux pas y retourner, supplia Arisa à voix basse.

La sbire du Cercle des Proxys était recroquevillée dans un coin de l’appartement appartenant à son bienfaiteur Ivan Malverik, les bras enlacés autour de ses genoux. Son visage ne possédait plus le moindre sourire et si ses larmes ne coulaient plus, ses yeux restaient irrités. Une différence flagrante avec la fille excentrique s’extasiant facilement pour pas grand-chose en mangeant de la glace à la fraise avec son poignard fétiche.

Si Ivan refusait de la faire participer aux combats Pokémon, ce n’était pas uniquement à cause de son comportement défiant la norme. Arisa disposait d’un véritable problème qui surgissait dès l’instant où la défaite lui tendait les bras lors d’une confrontation. Son passé la rattrapait et elle se persuadait qu’elle retournerait dans l’enfer de sa jeunesse si Scalproie n’était plus capable de poursuivre l’affrontement. Un passé qu’elle ne parvenait pas à enterrer.

Si Arisa s’était rendue au sein du Réseau Codélia afin de faire gagner du temps à Ivan dans son opération avec la puce, elle avait voulu se tester et voir si elle pouvait surmonter son traumatisme. Mais comme elle pouvait s’en rendre compte à présent, ses cicatrices étaient beaucoup trop profondes. Si douze longues années s’étaient écoulées depuis cet incident, pour elle rien n’avait changé. Cette affaire aurait très bien pu se dérouler la veille.

- Je t’avais pourtant dit de te tenir à l’écart des batailles et laisser les autres sbires se charger de récupérer CE-01…

Complètement tétanisée par la peur et ne se souciant plus de son environnement, Arisa n’avait même pas remarqué à son retour dans le monde réel que le commercial en automobile était revenu. Sa mission s’était déroulé sans péripéties, la puce préparée avec soin par Vyrus se trouvant soigneusement logée à l’intérieur de la Codéwatch de Dennis Keyton. Indétectable, ses effets se manifesteraient lors de la prochaine bataille de Brave dans la dimension numérique.

Le Cybéria scellé dans les tréfonds du Réseau Codélia avec seul CE-01 qui s’en était extirpé, il existait forcément un lien entre l’intelligence artificielle et ce garçon. Si l’envoyé du Cybéria se trouvait actuellement en compagnie d’Axerola alors une relation reliait ces trois personnages. Ivan espérait que l’activation de cette puce attirerait la fameuse justicière virtuelle sur la plate-forme afin de lui tendre un piège. Cette dernière se faisait bien discrète depuis la finale du Festival Numérique.

- Monsieur Ivan… je suis désolée, lâcha-t-elle toujours sur le même ton très faible, sans oser croiser son regard. Je savais que je n’aurais pas dû me connecter.

- Tu devrais te reposer Arisa, tu en as assez fait pour la soirée.

Assis à son bureau, le commandant Proxy avait pu regarder les derniers instants de la confrontation de sa protégée avec Elkira. Mais elle avait rallié le monde réel bien trop rapidement pour qu’il ait besoin d’intervenir. Même si c’était au prix d’une crise d’Arisa, il était tout de même soulagé qu’Elkira ou Brave n’aient pas subi un destin similaire à celui d’Alphamarie. Nul doute que Sirius lui serait tombé dessus par la suite, sans parler de la puce qui aurait été gâchée.

- Monsieur Ivan, est-ce que je peux tuer Elkira ? ajouta-t-elle, encore repliée sur elle-même.

- Impossible de retrouver sa véritable identité, j’ai bien peur que ce soit compliqué. Tu as déjà commis suffisamment de meurtres dans ta vie, Arisa. Essaye de trouver un autre moyen de calmer tes nerfs. Si tu continues de causer des problèmes, je ne vais pouvoir te protéger. Hors de question que je termine en prison pour t’avoir hébergé, je n’hésiterai pas à te vendre.

- Dans ce cas… je peux tuer Dennis Keyton ?

Un frisson parcourut l’échine d’Ivan. Sa protégée connaissait l’identité réelle de Brave. Et cela pouvait potentiellement compliquer la situation. Pour les besoins de sa mission de coincer Axerola, le commercial requérait la survie de Dennis Keyton jusqu’à ce que la puce entre en effet. De plus, Sirius avait expressément demandé à ce que les vies de personnes dans le monde réel ne soit pas mises en danger pour le bien de leurs missions.

Arisa étant particulièrement douée avec l’informatique, elle n’éprouverait aucune difficulté à retrouver l’adresse du garçon une fois qu’elle se serait calmée. Il allait devoir constamment la surveiller et s’assurer qu’elle ne quitte pas l’appartement pour aller calmer ses nerfs en commettant un meurtre. L’enfermer quand il devra aller travailler deviendrait une nécessité absolue. Arisa ne sortait généralement pas à l’air libre mais elle ne contrôlait pas bien ses pulsions.

- Un couteau bien placé pour rendre le coeur moins lourd… se mit à fredonner Arisa.



***


- Tu as mis le virus en quarantaine ? Tu es vraiment certaine que je n’ai pas besoin de me déplacer pour m’assurer que tout va bien ? C’est la première fois que tu as affaire à ce genre de désagréments…

Comme il fallait s’y attendre, Aya avait aussitôt reçu un appel téléphonique de Charlotte Linday après son départ du Réseau Codélia. La cyber-chasseuse qui se tenait au courant de tout ce qui se passait dans la dimension virtuelle n’aurait jamais raté les événements de la soirée. Et comme elle connaissait le secret de la jeune fille, elle comprenait pourquoi un virus informatique pouvait lui poser de sérieux problèmes. A l’autre bout du fil, Charlotte lâcha un soupir de soulagement.

Cela faisait déjà plus de six mois qu’Aya était en contact avec elle maintenant. Ses capteurs de logique l’empêchaient d’accorder une confiance totale à une personne dont la principale motivation restait l’argent mais Charlotte avait beaucoup fait pour elle pendant ce laps de temps. Elle lui fournissait un domicile privé, avait géré tous ses papiers administratifs et s’occupait de financer ses études afin qu’elle puisse se fondre dans la masse.

La déléguée de classe n’était en effet pas une élève comme les autres. Aya provenait de Phoenix System, ayant été conçue par Mister Phoenix en personne il y avait de cela environ cinq ans. Si pour des besoins d’intégration, elle usait à présent du nom d’Aya Milani, elle s’appelait en réalité Androïde Yrmesis Autonome 13-09-12-01-14-09. Un être pour le moins étrange qui souhaitait se mélanger aux êtres humains et les comprendre afin de devenir comme eux.

- Le virus est confiné dans une petite zone de mon disque dur, révéla-t-elle calmement. Je ne suis pas en mesure de le supprimer complètement mais il ne devrait à présent pas affecter mes autres fonctions. Je suis certaine à quatre-vingt quinze pour cent que c’est sans danger.

- Tu ne disposes pas de quelques disques durs de rechange que tu as actualises chaque soir ? interrogea Charlotte. Tu devrais peut-être procéder à un échange et te débarrasser de celui que tu contient en ce moment. Tu perdras uniquement tes souvenirs d’aujourd’hui. Une journée, ce n’est pas grand-chose à l’échelle d’une vie.

Si la cyber-chasseuse avait raison, Aya ne souhaitait pas prendre le risque d’infecter ses disques durs de rechange en effectuant une mauvaise manipulation. Elle préférait conserver sur elle celui contenant le virus afin de les préserver. Un moment viendrait où l’infection aurait raison de ses circuits mais à ce moment-là, elle aurait ses ressources pour repartir à zéro. Elle perdrait uniquement sa mémoire en partant d’aujourd’hui jusqu’au jour où le virus aurait raison d’elle.

Charlotte fournissait à l’androïde une de ses résidences secondaires afin qu’elle puisse y vivre seule. Mais à cause de sa fortune insolente, même une maison sans importance restait trop grande par rapport à celles du commun des mortels. Il y avait certaines pièces de la demeure où Aya n’avait jamais mis les pieds. Sans lâcher le téléphone portable, elle ouvrit le tiroir de sa commode pour attraper un carnet et un stylo.

- Je vais noter tout ce qui m’arrivera à partir de maintenant à l’écrit afin que je puisse le relire quand je ne me souviendrai de rien, expliqua-t-elle.

- Tu ne penses pas que ce serait plus prudent d’en parler avec Mister Phoenix ?

Cinq années s’étaient écoulées depuis sa fuite de Phoenix System. Elle avait alors erré dans la nature, voyageant à travers Ebravia et s’arrêtant dans les bibliothèques et les cyber-cafés pour lire des ouvrages et se connecter à Internet. Elle avait appris tout ce qu’il y avait à savoir sur les êtres humains, leurs modes de vie ainsi que sur leurs émotions. Le mois dernier, Aya s’était même fait son premier véritable ami, qui était la seule personne en dehors de Charlotte à connaître son secret.

Cette dernière n’avait jamais révélé à Mister Phoenix que le prototype du projet Yrmesis ne s’était pas éteint dans la nature et continuait d’exister pour se mêler aux humains. Le dirigeant de la société de robotique souhaiterait sûrement l’étudier pour comprendre d’où venait son envie de coexistence et Aya n’avait pas envie de finir recluse dans un laboratoire. Elle était grandement reconnaissante à Charlotte d’avoir tenu sa langue jusqu’à présent.

- Je suis navrée Aya, je veux bien rester muette encore un peu mais je parlerai avec Phoenix quand tu auras besoin de réparations. J’essaierai de lui expliquer la situation pour que tu puisses reprendre ta vie une fois sauvée.

Après avoir coupé la conversation téléphonique, Aya s’assit au bout de son lit et commença à griffonner sur son carnet tous les événements notables à retenir de la journée. Elle s’attarda notamment sur la soirée et sur Arisa Harriet. Si un jour, elle recroiserait la route de la sbire des Proxys, elle souhaitait essayer de comprendre ce qui s’était passé à la toute fin de leur confrontation. L’androïde avait encore du mal à réaliser que tous les souvenirs qu’elle créait en ce moment disparaîtraient bientôt à tout jamais.

Au moment où elle écrivit sa dernière phrase, Aya entendit la sonnette de son habitation retentir. Un phénomène pour le moins surprenant étant donné que cela n’arrivait jamais. Charlotte était la seule à lui rendre visite et ne prenait pas la peine de s’en servir avant d’entrer. Qui pouvait bien lui rendre visite à une heure aussi tardive ? Elle avait bien une idée et ne tarda pas à en avoir la confirmation après avoir rallié l’entrée et ouvert la porte. Dennis Keyton se trouvait sur le seuil.

- Aya, est-ce que tu pourrais m’héberger ce soir ?