Chapitre 5 : Objectif commun
Tsubasa ne se montrait que très peu attentive pendant que sa classe effectuait la visite des locaux appartenant au Codélia Network Industries. L'employé qui leur expliquait tout était apparemment le chef-adjoint de la Sécurité, un dénommé Henry Linday. Un gosse de riches très certainement, vu qu'il appartenait au clan Linday. La brunette tâcha de ne pas montrer ouvertement qu'elle avait grand hâte d'en terminer avec cette excursion.
Elle comptait initialement en profiter pour entretenir une discussion avec madame Viltrust au sujet d'Alphamarie mais ce projet fut immédiatement compromis lorsque l'institutrice se sépara du groupe. Apparemment, le supérieur de Henry Linday souhaitait lui aussi discuter avec elle. Décidément, la pauvre femme blonde était bien demandée aujourd'hui. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle s'ennuyait mais Tsubasa notait que leur accompagnatrice mettait du temps à revenir.
- Je devrais peut-être profiter d'être ici pour collecter des informations sur le CNI... si je découvre ce que le Cercle des Proxys cherche à faire, ce sera sûrement plus facile de les retrouver ensuite, songea-t-elle, pas du tout réceptive au discours de monsieur Linday.
Alors qu'ils visitaient les salles de modération où les techniciens contrôlaient régulièrement l'activité du Réseau Codélia, Dennis nota bien que Tsubasa avait la tête ailleurs. Il la connaissait depuis suffisamment longtemps pour comprendre quand elle fomentait des plans dangereux et savait que cela ne présageait rien de bon. Il préféra toutefois ne rien dire pour le moment, jugeant inutile d'attirer l'attention sur eux. Dennis préférait ne pas attirer d'ennuis à son frère aîné, le chef de la Sécurité.
Pour le garçon, cette visite du Codélia Network Industries était une aubaine. Voilà des années qu'il souhaitait en découvrir davantage sur l'envers du décor de la société où Edouard travaillait avec autant d'acharnement. Même s'il ne comprenait pas grand chose à l'informatique, contrairement à son amie, il notait tout ce que Henry Linday avait à leur raconter. D'autant plus qu'il y aurait peut-être un contrôle plus tard basé sur cette sortie, si madame Viltrust terminait de corriger les précédents d'ici là.
- Tu ne te sens pas bien, Tsubasa ? demanda le garçon aux cheveux argentés à voix basse, histoire que seule son interlocutrice puisse l'entendre.
- J'ai vraiment envie d'aller aux toilettes, je ne vais pas pouvoir me retenir très longtemps, souffla la concernée qui inventa une excuse à la vitesse de l'éclair. Tu peux me couvrir s'il te plaît ? Je ne serais pas longue, j'ai mémorisé le plan tout à l'heure…
N'attendant pas la réponse, la brunette s'éclipsa sans que Dennis ne puisse l'arrêter. C'était précisément le genre de situations qu'il tenait à éviter, il se doutait bien que Tsubasa n'avait pas besoin de faire ses besoins et qu'autre chose lui traversait l'esprit. Écoutant attentivement les propos de monsieur Linday, le reste de la classe ne remarqua pas que la jeune fille quittait la salle de modération en tentant de faire le moins de bruit possible. Du moins à l'exception d'une élève.
Aya Milani, collègue déléguée de Dennis au sein de la classe, s'approcha de ce dernier suite au départ impromptu de Tsubasa. Une fille menue, à la silhouette fine et au visage neutre en toutes circonstances. Ses cheveux noirs fins étaient attachés en queue de cheval sur le côté de sa tête et ses yeux azurs ne laissaient pas ressortir la moindre lueur. Selon Dennis, elle était simplement timide et éprouvait des difficultés à interagir. Mais étrangement, il se sentait bien en sa compagnie.
- Ce n'est pas bien ce que tu fais de laisser partir Tsubasa sans la retenir, déclara-t-elle dans un murmure, une pointe de reproche faiblement perceptible. Si elle se fait prendre à faire autre chose que d'aller aux toilettes, madame Viltrust va avoir des ennuis.
- Je le sais bien mais elle ne m'a pas laissé le temps de réagir, chuchota-t-il d'un air coupable.
Le jeune homme en était parfaitement conscient, son plus gros défaut était qu'il pardonnait tout trop facilement à Tsubasa. La bonté demeurait une qualité indéniable mais qui pouvait se transformer en problème si employée à de trop grosses proportions. Aya Milani le savait pertinemment et s'occupait de recadrer la brunette lorsque son comportement dépassait la limite du tolérable, notamment sur ses siestes répétées pendant les cours d'informatique.
Dennis se rappelait notamment que le mois dernier, la déléguée avait dû courir après Tsubasa à plusieurs reprises afin de recevoir l'autorisation signée de son responsable légale de participer à la sortie actuelle. Le flagrant manque d'émotions d'Aya lui donnait souvent des airs stricts. Mais le garçon, qui la côtoyait davantage que les autres de part son propre rôle de délégué, savait qu'au fond, Aya demeurait une fille gentille qui penchait sur le côté introverti.
- Si Tsubasa ne revient pas d'ici dix minutes, il faudra que l'un de nous deux aille la chercher, dit simplement Aya. Si tu ne te sens pas capable de le faire alors je m'en chargerai, cela ne me pose aucun problème.
- Ne te dérange pas avec ça, je vais m'en occuper ! assura-t-il, jugeant qu'il était peut-être temps pour lui de se montrer un peu plus ferme avec son amie.
Dennis espérait tout de même que la jeune hackeuse reviendrait dans le temps imparti, pour éviter de créer des soucis. Tsubasa avait beau être spéciale, il tenait à son amitié avec elle et ne souhaitait pas la briser à cause de choses futiles. Mais en tant qu'ami, il était également de son devoir de la surveiller et éviter qu'elle ne commette des impairs. A cause de l'incident qui avait ruiné son enfance, Tsubasa avait parfois une perception différente des autres personnes.
Aya n'insista pas et ne chercha pas à le dissuader. Elle faisait entièrement confiance à son collègue délégué pour calmer le jeu si jamais la situation dégénérait. La fille à la chevelure noire jugeait préférable que Dennis s'occupe du cas « Tsubasa », ayant le sentiment que cette dernière ne l'appréciait pas beaucoup. La brunette serait plus à même d'écouter les conseils de quelqu'un dont elle se sentait proche plutôt qu'elle, une personne extérieure.
***
Victoria Viltrust remercia le ciel pour l'absence d'activité au premier sous-sol. Après sa sortie de l'ascenseur, elle n'avait croisé personne et les lumières dans le couloir n'étaient même pas allumées. L'institutrice préféra tout de même garder sa capuche sur sa tête, sachant pertinemment que ce ne serait pas la basse luminosité qui empêcheraient les caméras d’enregistrer sa présence dans une partie du bâtiment où elle ne devrait pas se trouver.
Comme elle n'y voyait pas grand chose, la jeune blonde attrapa son téléphone portable pour improviser une lampe torche. Même si elle savait que l'absence d'éclairage indiquait que personne ne se trouvait dans les environs, elle ne souhaitait pas s'attarder trop longtemps. Plus vite elle retournerait auprès de sa classe et mieux ce serait. De plus, elle n'appréciait pas l'ambiance qui se dégageait de ces locaux sombres, elle ne doutait pas qu'elle ferait une une crise cardiaque si quelqu'un la surprenait maintenant.
- Où peut bien se trouver cette salle des données, marmonna Victoria pour elle-même en avançant prudemment dans le couloir.
Chaque fois qu'elle passait devant une porte, elle s'arrêtait et levait son appareil avec le maigre espoir qu'il s'agisse de sa destination. La demoiselle sentait son cœur battre à un rythme indécent dans sa poitrine, à un niveau proche de la douleur. Ce n'était pas son genre de commettre des actes illégaux sans être derrière un ordinateur, elle n'en avait pas l'habitude. L'image de sa pauvre sœur coincée dans son lit d'hôpital la motiva à poursuivre, ce n'était pas le moment d'abandonner.
Victoria nota alors que le mur de gauche se transformait en vitre de verre après la dernière porte inspectée. Et de l'autre côté s'étalaient des petites lumières bleues réparties équitablement. Même si elle se doutait de la nature de la chose, elle put le confirmer avec son téléphone. Les serveurs du CNI se trouvaient dans la prochaine pièce, son objectif était donc atteint. Le rythme de son cœur ne diminua pas pour autant alors qu'elle ouvrait discrètement la porte suivante où était indiquée « salle des serveurs ».
- J'ai tiré le gros lot on dirait…
Par mesure de précaution, elle n'alluma pas la lumière mais se servit de sa lampe torche pour tenter de localiser les possibles caméras. Victoria n'en trouva qu'une seule, dans l'un des coins de la pièce qui permettait une vue d'ensemble. Sans perdre une seconde, elle attrapa une Pokéball rangée dans son sac et l'ouvrit afin de faire sortir son fidèle Cryptero. Le Pokémon Similoiseau, surpris d'être appelé à l'extérieur du Réseau Codélia posa ses deux pattes sur le sol.
- Tu vois la caméra ? Est-ce que tu pourrais te positionner devant elle pour masquer ce que je fais. Pendant une dizaine de minutes disons, demanda la dresseuse blonde en caressant la tête noire de son partenaire.
Le Pokémon Psy et Vol accepta affectueusement la caresse de sa dresseuse avant de s'exécuter. Victoria comptait agir avec efficacité et rapidité pour partir d'ici rapidement. Elle s'assit donc en face de l'un des ordinateurs de la pièce et insérer sa clé usb dans l'une des fentes prévues à cet effet. L'institutrice doutait que cette pièce ne renferme absolument tous les secrets de l'entreprise mais le moindre indice pouvant la mettre sur la piste des Proxys était bienvenue.
Tentant d'ignorer son cœur qui martelait sa poitrine, la jeune femme blonde commença à fouiller dans les dossiers de l'ordinateur. Elle tomba sur des informations sans importance comme un classement en temps réel des utilisateurs, le planning des prochaines éditions du Festival Numérique ou un immense tableau indiquant qui était connecté en ce moment même et qui ne l'était pas. Après quelques minutes, Victoria commençait déjà à désespérer. Peut-être qu'elle ne se trouvait tout simplement pas au bon endroit.
- Cybéria ? Qu'est-ce que c'est ?
Perdant peu à peu espoir, Victoria tomba finalement sur un dossier pour le moins inhabituel. Des fichiers différents les uns des autres se présentèrent à elle, des schémas, des textes compliqués qu'elle ne pouvait pas comprendre sans une lecture poussée et bien plus. Jugeant que cela sortait réellement de l'ordinaire, elle décida d'entamer la copie du dossier pour le récupérer. Elle aurait tout le temps au cours de la soirée de se pencher dessus et apprendre quelque chose de crucial.
Heureuse d'avoir trouvé une piste, Victoria ne fit plus attention à ce qui l'entourait, ce qui faillit lui coûter cher. En entendant la porte de la pièce s'ouvrir dans un grincement, elle retira brusquement sa clé alors que le transfert n'était pas complété et se dissimula sous le bureau sans faire de bruit. A cause de l'obscurité, discerner Cryptero sans être proche de lui relevait de l'impossible, cela suffirait pour le mettre en sécurité. Elle n'hésiterait pas à se montrer si cette nouvelle présence se montrait hostile envers son Pokémon.
- Je n'ai pu récupérer qu'une partie des fichiers, songea l'institutrice avec amertume. Si c'est un employé, j'espère qu'il ne va pas rester trop longtemps histoire que je puisse récupérer le reste…
- Je crois que c'est ici... murmura la voix de la nouvelle personne qui refermait la porte derrière elle. Je ferais mieux de me dépêcher.
Le cœur de Victoria manqua un battement. Ce n'était pas la voix d'un adulte et encore moins d'un employé du Codélia Network Industries. Recroquevillée sous le bureau de l'ordinateur qu'elle fouillait précédemment, elle ne pouvait apercevoir que la partie inférieure du corps de l'inconnu. Un pantalon marron parfaitement ordinaire. Le plus troublant pour le professeur était le fait que cette voix lui disait quelque chose. Et elle ne tarda pas à mettre le doigt dessus.
- Tsu…
Oubliant où elle se trouvait, Victoria se cogna la tête en essayant de se relever, ce qui surprit l'invité qui ne s'attendait pas à la présence de quelqu'un d'autre. Tentant d'ignorer la douleur grandissante de son crâne, la jeune blonde sortit de sa cachette et put obtenir ainsi une confirmation de ses suspicions. Pour une raison ou pour une autre, Tsubasa Albiki, l'une des élèves de sa classe, se trouvait en ce moment-même en face d'elle dans un lieu ou elles n'auraient jamais dû se rendre.
Difficile de dire laquelle semblait la plus surprise de voir l'autre. La bouche de la brunette s'ouvrit et se referma sans laisser ressortir le moindre son. Victoria, cachant immédiatement sa clé usb dans la poche de son pantalon, reprit rapidement ses esprits. Visiblement, elle n'était pas la seule qui souhaitait profiter de cette excursion arrangée au Codélia Network Industries pour glaner quelques informations que le commun des mortels n'avait pas besoin de connaître.
***
- Je peux savoir ce que tu fais ici, Tsubasa ? demanda Victoria en tentant d'utiliser un ton autoritaire de professeur. Tu devrais être avec tes camarades en ce moment.
- Je me suis égarée en vous cherchant, madame Viltrust, répondit simplement Tsubasa comme si sa présence ici n'avait rien d'extraordinaire. Je voulais vous parler de quelque chose et comme vous mettiez beaucoup de temps à revenir... et vous, qu'est-ce que vous faites ici ? Ce n'est pas le bureau du chef de la Sécurité qui voulait vous voir, non ?
- Euh oui... effectivement, admit son interlocutrice, prise sur le fait accompli. Mais bref, nous ne devons pas rester ici, Tsubasa. Je ne sais pas de quoi tu veux me parler mais nous le ferons pendant que nous rejoindrons nos camarades. Retourne à l'ascenseur, je te suis.
Même si elle voulait réellement avoir une discussion avec madame Viltrust au sujet d'Alphamarie, Tsubasa ressentit une pointe de déception à l'idée de ne pas pouvoir fouiller dans la salle des serveurs. Elle n'aurait jamais pensé que son professeur ferait également des cachotteries. Comme elle ne pouvait pas lutter, la brunette s'exécuta et quitta la pièce aussi vite qu'elle était entrée, rapidement suivie par Victoria qui avait rappelé discrètement Cryptero lorsque son élève tourna le dos.
Une chance que le corps du Pokémon Similoiseau avait couvert également les micros associés à la caméra. Autrement, elles auraient toutes deux été démasquées. Victoria était aussi amère que Tsubasa mais pas pour les mêmes raisons. L'arrivée inopinée de son élève l'avait empêché de compléter le transfert, qui fut bloqué à trente-six pour cent. Elle savait qu'elle ne disposerait jamais d'une telle chance de revenir ici et espéra donc de toutes ses forces avoir récupéré les fichiers les plus importants.
- De quoi voulais-tu me parler, Tsubasa ? interrogea Victoria en appuyant sur le bouton de l'ascenseur qui leur permettrait de rejoindre les autres élèves. Permets-moi de douter que tu te sois retrouvée par hasard au sous-sol au niveau de la salle des serveurs.
- A vrai dire, c'est ma passion pour l'informatique qui a parlé pour moi. Je me suis dit que c'était l'occasion parfaite de découvrir comment le Réseau Codélia fonctionne de l'intérieur, mentit la brunette, qui ne pouvait pas parler ouvertement de ses véritables raisons. Et en fait... je voulais vous parler d'Alphamarie.
- De Héléna ?
Le professeur d'informatique mit une demi-seconde à réaliser que Tsubasa ne devait pas savoir qu'Alphamarie était sa petite sœur. Décidément, à quoi jouait-elle ? Victoria lui jeta un regard accusateur alors que la porte de l'ascenseur se refermait et que la cage commençait à montrer. La brunette ne montrait pas d'expression de visage particulière, comme s'il était parfaitement normal d'interroger sa sœur sur l'incident survenu la veille.
- Tu m'avais bien dit que tu aimais le hacking, non ? se rappela Victoria. Ne me dis pas que tu as fouillé dans la base de données publique du Codélia trouvable sur le site officiel... dans quel but ?
- J'enquête à ma façon sur ce qui se passe en ce moment avec les Proxys. Du coup quand j'ai appris qu'Alphamarie s'appelait Héléna Viltrust, je me suis dit que je pouvais vous demander si vous saviez quelque chose au sujet de ce qui s'est passé.
Abasourdie, Victoria ne répondit pas immédiatement. Elle avait bien deviné que Tsubasa jouait à un jeu dangereux mais que cherchait-elle à faire en se renseignant sur le Cercle des Proxys ? N'était-elle pas effrayée par ce qui était arrivé à Héléna ? Ces gens-là devaient être entièrement pris au sérieux, elle mettait sa vie en péril avec ces bêtises. Lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit à nouveau, la blonde fut la première à en sortir, suivie par son élève.
- Je ne sais pas quels sont tes objectifs, Tsubasa. Mais tu devrais arrêter tant qu'il est encore temps. Pénétrer dans les serveurs gouvernementaux pour t'amuser c'est une chose mais là on parle de terroristes. S'ils remontent jusqu'à toi d'une manière ou d'une autre, il va t'arriver malheur. Et en tant que professeur, je ne peux pas te laisser faire.
- Mais vous étiez bien dans la salle des serveurs vous aussi. Vous ne seriez pas en train de vouloir préparer une vengeance à cause de votre sœur par le plus grand des hasards ? questionna alors l'intéressée sur un ton entièrement accusateur.
Victoria, qui soutenait jusqu'ici le regard de son élève, le détourna suite à ces propos, le visage rougissant. Certes, elle ne pourrait pas fournir d'explications valables pour justifier sa présence au premier sous-sol. L'une comme l'autre avaient visiblement le même objectif en se rendant dans la pièce privée du CNI. L'institutrice toutefois doutait que Tsubasa souhaite se renseigner sur le Cercle des Proxys par simple curiosité. Il devait avoir autre chose là-dessous.
Comprenant que leur conversation n'irait nulle part, elles décidèrent de se couvrir mutuellement concernant cette affaire afin que personne ne découvre la véritable raison de leurs absences respectives. L'une comme l'autre étaient animées par la frustration. Tsubasa n'avait pas pu utiliser la salle des serveurs ni obtenir d'informations de son professeur. Victoria n'avait pas pu compléter son transfert du dossier et ne pourrait certainement pas convaincre son élève de rester en dehors de cette histoire.
- Te voilà enfin, où étais-tu donc passée ?
Alors qu'elles s'approchaient de la salle de modération où le reste de la classe se trouvait toujours, Dennis croisa leur route. Visiblement, le délégué avait fini par fausser à son tour compagnie à ses camarades pour aller chercher son amie avant qu'elle ne commette des bêtises. Il poussa un soupir de soulagement en remarquant qu'elle se trouvait en compagnie du professeur, pensant que cette dernière avait dû l'intercepter avant qu'il ne soit trop tard.
Dennis respirait bruyamment, signe qu'il avait certainement couru à travers les couloirs pour tenter de la rattraper au plus vite. Chose rare chez lui, il afficha un léger regard sévère envers Tsubasa. Il avait décidé de prendre à cœur le conseil d'Aya Milani et de se montrer plus strict envers les écarts de sa camarade. Se promener dans les locaux du Codélia Network Industries sans autorisation était une faute grave qui aurait pu être gravement punie en d'autres circonstances.
- Aux toilettes, comme je t'avais dit, déclara simplement Tsubasa. Tu ne me fais plus confiance maintenant ? J'ai croisé madame Viltrust sur le chemin, elle revenait de sa discussion avec ton frère.
- C'est très gentil de te soucier de ta camarade, Dennis. Maintenant, nous allons pouvoir retourner avec les autres. Ce serait dommage de ne pas profiter de cette visite pour en apprendre davantage sur le mode de vie des employés du CNI, n'est-ce pas ?