Chapitre 4 : Excursion au CNI
Encore à moitié endormie, Charlotte Linday entra dans l'une des trois cuisines de sa demeure et salua sa servante Lisa qui s'attelait à la préparation du petit déjeuner. Pour la cyber-chasseuse, la journée de la veille ne fut pas de tout repos. Connectée au Réseau Codélia quasiment toute la journée, elle avait tenté de glaner des informations au sujet de la mystérieuse Axerola, qui ne s'était pas montrée, tout en effectuant une autre mission sur le feu.
Sa chevelure brune partant dans tous les sens, son pyjama rose complètement de travers et avec de grosses poches noires sous les yeux, la demoiselle faisait peine à voir. Elle y était habituée. Tout comme le montant de travail du Codélia Network Industries augmentait pendant le Festival Numérique, il en était de même pour elle, dont la profession était directement liée à la plate-forme. Et ce maudit Cercle des Proxys n'aidait pas à arranger les choses.
- Vous avez bien dormi, madame ? demanda Lisa avec enthousiasme, alors que sa patronne avançait une chaise afin de pouvoir s'asseoir. Votre petit déjeuner sera prêt d'ici quelques minutes. En attendant, vous pouvez vous servir du thé qui se trouve sur la table.
Toujours très professionnelle, la dénommée Lisa Harensfield ne montrait jamais le moindre signe de faiblesse. Elle était la première à se lever le matin, souvent la dernière à se coucher le soir, et ne déméritait jamais dans ses tâches. De petite taille, elle avait des cheveux à mi-chemin entre le rouge et le rose. Son visage aux contours parfaits était toujours habité par le même sourire, montrant la véritable passion de la jeune fille dans son travail.
Proche de la vingtaine, Lisa était au service de Charlotte depuis maintenant trois ans. Elle avait toujours vécu dans la pauvreté et ses parents, emportés par la maladie, ne lui avaient rien légué. Se retrouvant à la rue, ce fut la rejetée des Linday qui lui offrit ce poste. Profondément redevable, Lisa arborait fièrement l'uniforme de domestique qui mettait en avant sa silhouette élancée et ne se séparait jamais de la petite coiffe assortie à la profession.
- Il va vraiment falloir que je pense à me prendre quelques vacances pour décompresser, soupira Charlotte en versant le contenu de la théière dans une petite tasse. En parlant de ça, tu n'as pas envie de prendre un congé, Lisa ? Cela fait déjà un bon moment que tu travailles sans t'arrêter, tu as bien mérité un peu de repos toi aussi.
- Mais qui va nettoyer le manoir si je ne suis pas là pour le faire ? questionna Lisa avec le plus grand sérieux.
- Oui, c'est vrai qu'on ne va pas pouvoir compter sur Kohaku pour ça... admit son chef avec ennui.
Comptant porter le contenu de la tasse à ses lèvres, elle s'arrêta subitement après avoir prononcé ces derniers mots, se rappelant visiblement d'un détail important. Suspicieuse, elle la reposa où elle se trouvait initialement, sans en boire la moindre gorgée. Au même moment, Lisa se retourna avec un grand plateau de gâteau au chocolat fait maison, le préféré de Charlotte. Une lueur d'excitation traversa le regard de cette dernière, impatiente de dévorer le met préparé par Lisa.
- Dis-moi Lisa, qui a préparé ce thé ? demanda calmement Charlotte alors que sa servante préparait son assiette avec euphorie.
- Le thé ? C'est Kohaku qui s'en est chargée, elle m'a dit qu'elle voulait tester une nouvelle variété d'herbe.
- C'est bien ce que je pensais…
La brunette reprit la tasse dans sa main et se leva, s'approchant de la plante en pot située dans un coin de la pièce. Elle renversa le liquide comme si cela permettrait d'arroser le végétal. Et sans qu'elle n'en soit surprise le moins du monde, il ne fallut qu'une poignée de secondes avant que la plante ne commence à se recroqueviller sur elle-même, à perdre ses couleurs jusqu'à devenir noire et rétrécir pour n'en laisser qu'une petite trace sombre.
- On dirait bien que Kohaku met encore du cœur à la tâche, nota Lisa avec effroi. Dommage que ce ne soit pas pour celles qui permettent de recevoir un salaire.
- Où est-elle ? interrogea la maîtresse de maison, sans attendre la réponse.
Charlotte savait pertinemment où Kohaku passait le plus clair de son temps, quand elle flânait au lieu de faire la part du travail qui lui revenait directement. Quittant rapidement la cuisine, la cyber-chasseuse prit immédiatement le chemin de l'une des chambres du manoir, celle qui était réservée à la concernée. Même si elle fit preuve de politesse en frappant à la porte, elle ne patienta pas avant de l'ouvrir et pénétrer à l'intérieur de la pièce.
Kohaku se trouvait en effet là, assise en tailleur sur son lit et tenant une manette dans ses mains. Son regard jusqu'à alors plongé dans la télévision se trouvant sur le meuble en face d'elle se tourna vers l'entrée où sa patronne se tenait, l'air mécontente. Pas impressionnée par le regard de Charlotte, elle mit son jeu en pause avec ennui, comprenant très bien pourquoi la brunette venait lui rendre visite de si bon matin alors qu'il n'était pas encore temps de s'atteler aux tâches ménagères.
- Tu t'amuses bien, Kohaku ? souffla Charlotte avec un sourire particulièrement forcé.
- J'aurais pu battre mon meilleur score si vous n'aviez pas débarqué à l'improviste... madame, ajouta-t-elle en se rappelant le respect qu'elle devait à son supérieur.
Lisa n'était pas la seule personne au service de l'aristocrate. En effet, elle avait une sœur jumelle du nom de Kohaku Harensfield dont elle ne se séparait jamais. Mais en dehors de leurs apparences physiques identiques, mis à part la couleur de leurs yeux, tout semblait les séparer. Là où Lisa, la cadette, donnait de sa personne dans son travail pour faciliter celui de sa patronne, et faisait preuve d'une efficacité extraordinaire, Kohaku... n'était pas vraiment une servante fantastique.
Si à ses débuts, l'aînée des jumelles fut tout aussi énergique que sa sœur, Kohaku s'était rapidement ravisée lorsque Charlotte refusa d'augmenter son salaire. Maintenant, elle tirait souvent au flanc, bâclait son travail et pire, semblait provoquer des incidents pour attenter à la vie de son supérieur. Ce thé meurtrier de la matinée n'était au final que l'une des nombreuses tentatives de la demoiselle d'avoir finalement gain de cause et recevoir davantage d'argent à la fin du mois.
- Dis-moi Kohahu, c'est normal que le thé préparé par tes soins a des propriétés nocives ? Tu n'aurais pas cherché à me rendre malade ou à me tuer par hasard ?
- Ce n'est pas mon genre, madame ! assura-t-elle d'un ton où l'ironie était aisément perceptible. J'ai dû me tromper dans le mélange des herbes, je suppose. Une erreur est si vite arrivée après tout…
- Dans ce cas, je suppose que l'aquarium qui a failli me tomber dessus hier était également une erreur d'inattention de ta part ?
Une nouvelle fois, Kohaku acquiesça d'un signe de tête. Au moins une fois par jour, Charlotte échappait de peu à une catastrophe provoquée par la servante, qui continuait de les multiplier au fil des semaines. Si la brunette pouvait au moins lui reconnaître quelque chose, c'était sa ténacité. Mais augmenter son salaire était hors de question, elle ne ferait que le dépenser dans ses jeux mobiles et demanderait toujours davantage lorsqu'elle ne parviendrait pas à tirer son personnage préféré dans la loterie.
Si Charlotte avait toutes les raisons de pouvoir congédier Kohaku, elle ne le faisait pas. En effet, se séparer d'une sœur viendrait à en faire de même avec l'autre et Lisa était bien trop efficace pour tirer un trait sur elle. Et même si elle ne l'admettrait jamais ouvertement, Charlotte s'amusait souvent des tentatives désespérées de Kohaku d'attirer l'attention. Aujourd'hui n'était tout simplement pas le bon jour pour plaisanter avec elle, à cause de la surcharge de boulot virtuel causée par de multiples facteurs.
- Tu t'occuperas de ta console plus tard, y a du ménage qui t'attend dans le salon, révéla la brunette en retenant un bâillement. Si je ne vois pas la moindre trace de poussière quand je ferais les vérifications tout à l'heure, je te donnerais trente Pokédollars supplémentaires à la fin du mois.
- Trente ? s'étonna Kohaku, manquant de s'étrangler. Vous êtes d'humeur généreuse décidément. On ne peut pas doubler la valeur si je fais un tour dans les chambres aussi ?
- Va pour soixante si tu es impeccable, soupira Charlotte.
Elle se promit mentalement de rajouter au moins deux zéros au salaire mensuel de Lisa en échange. Ce qu'elle ne savait pas en revanche, c'était que sa servante dévouée, bien trop peu dépensière, donnait souvent la majeure partie de son argent à Kohaku qui s'empressait de l'utiliser en babioles franchement dispensables. Pour Lisa, le simple fait d'avoir un toit, des vêtements, de la nourriture et pouvoir s'entretenir était suffisant pour être heureuse. Tout le contraire de son aînée.
Décidément tout séparait le duo des servantes, à commencer par leurs prénoms. L'une en avait un relativement commun, l'autre était bien plus exotique. Les yeux azurs emplis de bonté de Lisa contrastaient avec ceux ambres de Kohaku, qui ne laissaient échapper que la malice. Mais malgré leurs différences, chacune était nécessaire à l'autre. Après tout, elles revenaient de loin depuis le décès de leurs parents et savaient se soutenir dans les moments difficiles.
Comprenant que sa partie sur la console était compromise, Kohaku fit la moue avant de quitter son lit. Cette dernière avait quand même pris la peine d'enfiler sa tenue de domestique, parfaitement identique à celle de Lisa mis à part la coiffe qu'elle refusait de porter. Charlotte savait que Kohaku était encore plus efficace que sa cadette lorsqu'elle s'en donnait la peine. Le problème étant qu'elle ne s'en donnait jamais la peine, utilisant plutôt cette énergie pour provoquer des désastres.
- Il y a la finale du Festival Numérique demain soir, rappela Charlotte alors qu'elles quittaient la chambre. Je vais donc être absente pendant un petit moment. Bien entendu, je vous laisse prendre soin de la demeure. C'est le meilleur moment pour moi de pouvoir remplir la mission offerte par Edouard. Essaye de ne pas trop jouer à la console et soutiens ta sœur dans le nettoyage, s'il te plaît.
Visiblement, elle disposait d'une faculté pour lire dans les pensées. Kohaku répondit qu'elle ferait de son mieux tout en évitant de croiser son regard. Le dernier match de la compétition virtuelle, ou plutôt l'avant-dernier avant la vraie finale qui se déroulerait dans quelques jours, attirait toujours l'attention. L'occasion rêvée pour ces maudits Proxys d'effectuer leurs entourloupes dans des coins reculés de la cité Codélienne qui seront désertés. Et qui disait Proxys disait peut-être apparition d'Axerola.
Même si dévoiler sa véritable identité au Codélia Network Industries restait exclu, Charlotte souhaitait tout de même dénicher une ou deux informations croustillantes au sujet de l'utilisatrice. Un échec pouvait peser lourd dans la balance concernant de prochaines missions et elle ne souhaitait pas compromettre ses relations avec le CNI, qui demeurait à ce jour son meilleur client. Elle avait jusqu'à l'ultime match pour trouver quelque chose mais préférait accomplir ses objectifs en avance par mesure de sécurité.
- Tu as intérêt à te montrer demain soir, Axerola, songea la brunette en retournant dans la cuisine en compagnie de sa servante rebelle. Je compte sur toi…
***
- Monsieur, il semblerait que la classe de l'Université Vermillion vienne d'arriver dans nos locaux !
Henry Linday, chef-adjoint de la Sécurité pour le compte du Codélia Network Industries, se tenait droit comme un pic devant le bureau de son supérieur hiérarchique. Edouard Keyton savait que l'incident d'Alphamarie pouvait causer du tort à leur société et comptait utiliser cette visite éducative pour redorer leur réputation. Il demanda à son assistant de faire venir Victoria Viltrust, professeur accompagnateur mais également grande sœur d'Alphamarie, directement à son bureau.
Henry, tout comme Edouard, transpirait le professionnalisme par tous les orifices de son corps. Membre du CNI depuis seulement six ans, il avait très rapidement acquis sa place par le simple mérite. Mais son ambition ne s'arrêtait pas là car il comptait bien récupérer le poste de monsieur Keyton lorsqu'il en aurait l'occasion. De petite taille malgré ses vingt-quatre ans, il présentait en permanence un regard arrogant, encadré par des lunettes rondes.
L'assistant d'Edouard avait un rôle capital aujourd'hui, étant chargé de prendre en charge les élèves qui venaient visiter leur lieu de travail. Il ne tarda donc pas à quitter la pièce pour rejoindre les invités et démarrer officiellement la visite. Se retrouvant seul dans son bureau, l'homme à la chevelure verte en profita pour se détendre un peu sur son fauteuil. Décidément, il était bien trop crispé ces derniers temps à cause de l'enchaînement des événements.
- M'excuser envers madame Viltrust est la moindre des choses... songea Edouard en plongeant à nouveau son regard sur l'écran.
Le chef de la Sécurité redressa ses lunettes carrées, qui ne permettaient pas de cacher sa fatigue. Comme il fallait s'y attendre, les patrons de la société souhaitaient obtenir des résultats rapidement concernant la récupération de CE-01. Edouard devait donc jouer sur de nombreux plans à la fois. Il attendait avec impatience la conclusion du Festival Numérique, où le scan permettrait de localiser l'intelligence artificielle. D'autant plus que ne pas gérer la compétition lui donnerait bien plus de temps à consacrer au reste.
Charlotte n'avait toujours pas donné signe de vie concernant l'utilisatrice Axerola. Aux dernières nouvelles, la cyber-chasseuse attendait la première finale du lendemain, pour voir si la concernée pointait le bout de son nez. Si Axerola disposait d'un lien avec les Proxys, Edouard tenait à savoir s'il pouvait en faire une alliée ou la considérer comme une adversaire. Bien qu'il ne pouvait pas le confirmer pour le moment, il n'était pas impossible que l'utilisatrice soit également à la recherche de CE-01.
Une dizaine de minutes après que Henry Linday soit parti, quelqu'un frappa à la porte. Ne doutant pas une seconde de la personne se trouvant de l'autre côté, Edouard l'invita à entrer. Une jeune femme blonde dans la vingtaine se tenait à présent sur le seuil. Une certaine curiosité animait les traits de son visage, ce n'était après tout pas tous les jours que l'on pouvait pénétrer à l'intérieur des locaux du Codélia Network Industries, dont les sécurités mises en place au niveau de l'accueil étaient hors-normes.
- Le petit monsieur à lunettes qui a accueilli les élèves m'a demandé de venir ici, déclara Victoria Viltrust en refermant derrière elle. Vous vouliez me voir monsieur…
L'institutrice cherchait visiblement du regard où pouvait bien être indiqué le nom de son interlocuteur mais ne trouva rien. Avec un léger sourire, Edouard Keyton ne tarda pas à faire les présentations, indiquant que c'était lui qui avait pris la décision de couvrir tous les frais médicaux de la pauvre Héléna Viltrust, dont la situation n'était pas à envier. Victoria attrapa la chaise située en face du bureau du chef de la Sécurité et prit place dessus, déposant son sac à dos sur ses genoux.
- Je souhaitais profiter de votre présence dans nos locaux pour vous présenter mes plus plates excuses concernant l'incident causé par le Proxy envers Alphamarie. Nous mettons tous les moyens à notre disposition pour enquêter et tenter de mettre fin à leur menace et nous ne pensions pas qu'ils arriveraient à de telles extrémités…
- Je me doute bien que vous ne restez pas les bras croisés... soupira Victoria sans la moindre once d'animosité. Héléna est dans un état catastrophique et je suis vraiment inquiète de découvrir comment elle se comportera à son réveil, ceux qui s'occupent d'elle m'ont parlé de possibles séquelles définitives…
Si Victoria n'en voulait pas spécialement au Codélia Network Industries, sa haine envers le Cercle des Proxys demeurait intacte, pire grandissante. Elle savait qu'un lien existait entre ces deux groupes et elle comptait bien profiter de sa présence dans les locaux pour le découvrir. Le chef de la Sécurité ne la renseignerait certainement pas mais elle comptait bien mener sa petite enquête. Sur le chemin du bureau, elle avait pris en photo le plan de l'immeuble afin de savoir où se trouvait la salle des données.
Lorsqu'elle en aurait terminé avec cette entrevue, elle s’éclipserait discrètement jusque là-bas sans attirer l'attention. Le professeur d'informatique avait apporté une clé usb avec une importante capacité afin de copier des possibles dossiers compromettants. L'objectif serait de découvrir la raison pour laquelle le groupe de terroristes mettait tous les moyens à sa disposition pour tenter de hacker les serveurs et prendre le contrôle du Réseau Codélia. Il se tramait forcément quelque chose dans l'ombre.
- Je peux vous promettre que ce qui est arrivé à votre sœur ne restera pas impuni. Le Proxy qui a causé tout ceci sera retrouvé et poursuivi jusqu'en justice.
- Ce n'est pas ça qui va soigner ma sœur... songea Victoria avec amertume.
Même si elle appréciait l'attitude de son interlocuteur, elle souhaitait tout de même régler cette histoire par elle-même. Elle avait beau savoir que la vengeance n'était jamais la bonne solution, elle demeurait bien trop attachée à sa sœur pour s'en soucier. De plus, le Cercle des Proxys agissait depuis déjà au moins un mois sans que le Codélia Network Industries n'ait pris la moindre mesure les concernant, mis à part des messages de prévention. Selon Victoria, le CNI était inoffensif dans cette affaire.
- S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous rendre service, n'hésitez pas à me contacter. Je vous laisse mon numéro, indiqua Edouard en lui remettant une carte. C'est le moins que je puisse faire vu les circonstances actuelles.
- Je vous en remercie, dit la jeune femme blonde, tentant de se montrer chaleureuse en prenant l'objet pour le ranger dans son sac. Si cela ne vous dérange pas, je vais retourner auprès de mes élèves maintenant. Moi aussi j'aimerais bien profiter de cette sortie pour en apprendre davantage sur le CNI.
- Je peux vous raccompagner, si vous le souhaitez.
- Ne vous donnez pas cette peine, je saurais retrouver mon chemin, assura Victoria avec un grand sourire, se levant de sa chaise. Bonne chance dans votre traque des Proxys, je pense que vous allez en avoir besoin. Ils ont montré avec ma sœur qu'ils étaient une menace à prendre entièrement au sérieux.
L'aspect jovial de son visage disparut immédiatement lorsqu'elle tourna le dos à Edouard. Même si l'accompagner jusqu'à ses élèves partait d'un bon sentiment, il avait bien failli mettre à mal son plan d'infiltrer la base de données de l'entreprise. S'inclinant devant le chef de la Sécurité, elle ne tarda pas à ouvrir la porte et quitta le bureau. Se retrouvant alors dans un couloir désert, elle put lâcher un soupir. Maintenant, elle allait pouvoir passer aux choses sérieuses.
Le bureau d'Edouard se trouvait au septième étage, loin de celui de la base de données du premier sous-sol. Victoria jeta un coup d’œil à sa montre, songeant qu'il fallait agir rapidement pour éviter de se faire prendre. Son regard se posa sur l'une des caméras accrochées au mur, qui semblait suivre ses déplacements. Voilà qui allait lui compliquer la tâche, heureusement qu'elle avait pensé à tout. Une fois dans la cage d'ascenseur, elle sortit une veste à capuche qui dissimulerait son identité de son sac à dos.
Il s'agissait là d'une mesure de sécurité importante pour elle car Victoria ne tenait pas à ce que le CNI coupe le financement des soins de Héléna après ce qu'elle comptait faire. Avec un peu de chance, il n'y aurait peut-être pas de caméras au soul-sol mais l'institutrice préférait déjà s'imaginer le pire. Tenant fermement dans sa main la clé usb qui détiendrait bientôt les secrets du CNI, elle sortit de l'ascenseur, une détermination implacable animant son regard.
- Ne t'inquiète pas Héléna, tu seras bientôt vengée...