Chapitre 9 : Ils arrivent
Il était 15h. Les étudiants de la section Stratégie Appliquée attendaient le début de leur prochain cours magistral. Ici, un cours de stratégie théorique. Dans l’amphithéâtre, s’étaient formés quelques groupes épars d’amis. Ceux-ci bavardaient de manière peu studieuse. D’autres étudiants au contraire, restaient dans leur coin à potasser leurs notes du cours précédent.
Samuel faisait partie de ce second groupe. Il avait gardé la même place près de la fenêtre que lors de son premier jour à l’Institut.
— Hansell ? T’avais noté ce qu’avait dit le prof à la toute fin ?
Le nez plongé dans ses cahiers, l’intéressé releva le regard. C’était son voisin de devant qui lui avait posé cette question. Un blond binoclard qu’il dépassait de presque une tête.
— Ouais, répondit le jeune homme, souriant, en lui tendant ses notes.
— Oh, merci ! Je te revaudrai ça, vieux !
Tout à coup, la porte de la salle claqua avec grand-bruit. Tous crurent à l’arrivée de leur enseignant, et commencèrent à s’installer. Mais ce n’était que Coleene. Elle avait fait une entrée fracassante, d’un coup d’épaule dans le battant, comme toujours.
En ayant rien à faire du bazar qu’elle avait semé, la jeune fille monta quatre à quatre les marches qui la séparaient de sa place favorite. Cependant, elle s’arrêta au niveau du sinnohïte, à la surprise de ce dernier. Il haussa un sourcil.
Si d’habitude le visage de l’adolescente ne laissait transparaître aucune émotion, cette fois-là, on pouvait y lire une légère inquiétude. Quelque chose semblait la préoccuper.
Pas essoufflée, elle lui somma aussitôt.
— Ramasse tes affaires et suis-moi, l’immigré !
— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta-t-il à son tour, sans comprendre.
— Tu vas bientôt le savoir, ne te fait pas de soucis.
Des milliers d’hypothèses se formèrent dans l’esprit torturé du brun. Qu’est-ce qui pouvait la préoccuper ainsi ? Craignant le pire, il s’exécuta. Tant pis pour le cours, il y avait peut-être plus urgent.
L’hybride lui laissa à peine le temps d’enfiler son sac. Elle l’agrippa au poignet, et le tira en vitesse au dehors de la salle, sous les regards surpris ou choqué de certains. Une fois sortit, elle ne le lâcha pas. Il voulut se défaire de sa prise, mais elle était trop forte.
Se faufilant dans la foule d’étudiants, elle saisit son téléphone de sa main libre. Trop pressée pour le chercher dans le répertoire, elle composa directement le numéro de sa cousine.
— … Allô, c’est Coleene. Préviens tout le monde. Protocole Mike-Echo-Alpha.
— Ouais, je sais, répondit Marie-Kate, assez calmement. Henry m’a prévenue. J’allais t’appeler, justement. On est déjà en route vers le point d’évacuation.
— Parfait. Je risque d’avoir du retard. Si tel est le cas, appliquez le plan, partez sans moi.
— Message reçu !
La blonde coupa aussitôt la communication.
Au détour d’un corridor, les deux jeunes tombèrent sur un attroupement. Tous étaient collés aux vitres. Chacun voulait apercevoir ce qui se tramait à l’extérieur. Ces fenêtres donnaient sur l’avenue de l’entrée principale de l’Institut.
Coleene libéra le jeune homme, enfin.
— Tu veux bien m’expliquer ? s’impatienta le brun, se massant le poignet.
Sans lui répondre, elle le poussa contre la vitre. C’est là qu’il comprit ce qui tracassait sa camarade.
Une demi-douzaine de camionnettes de la M.E.A s’étaient garées de l’autre côté de l’avenue. Tout le quartier avait dû être bloqué. Des dizaines d’agents attendaient le bon moment pour faire une entrée fracassante dans l’établissement. Habillés de leur tenue de combat, PokéBalls et armes à la ceinture, ils n’étaient pas venus ici sans se préparer à affronter le pire.
— Faut qu’on évacue au plus vite, l’immigré ! exigea la jeune fille, impatiente. Tu viens avec moi. c’est un ordre !
— Pourquoi ? Je n’en ai pas besoin. Je ne fais pas partie de leurs fichiers.
L’adolescente pouffa. Elle connaissait les méthodes d’interrogatoire de l’agence. Il n’était pas assez fort. Il n’y survivrait pas.
— Ah. Parce que tu ne crois pas qu’ils peuvent faire le lien entre toi et nous ?
— Je ne sais rien de tes plans, assura-t-il, en observant les agents à l’extérieur. Même s’ils m’interrogeaient, je ne pourrais rien leur avouer.
— Tu connais l’emplacement de la pension. C’est déjà bien suffisant.
Soudain, quelque chose attira l’attention du jeune homme : une hache walkyrie posée au coin d’un fourgon. Un frisson glacé glissa le long de sa colonne, et tout son corps se figea. Ses formes, ses gravures, tout rendait cette arme unique. Il ne la connaissait que trop bien. Il avait déjà pu l’observer de bien plus près.
Mais une question se posait : Que faisait son propriétaire ici ? Et encore pire, où était-il en ce moment ?
Il ne pourrait donc pas sortir par la grande porte. Bien qu’hésitant, il grimaça.
— Coleene, permets-moi de reconsidérer ton offre.
Affichant un rictus satisfait, l’adolescente ricana.
— De toute façon, même si tu refusais, je n’avais pas prévu de te laisser partir !
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Il ne fallut qu’une poignée de minutes au duo pour atteindre les sous-sols de l’Institut. Sombre et sinistre. Les couloirs étaient plus étroits, aussi bien en largeur qu’en hauteur. Les deux devaient marcher le dos voûté, pour éviter les conduites qui couraient au plafond. Les rares personnes à pénétrer ces zones n’étaient là que pour de la maintenance.
Arrivés devant la porte d’un local technique, entre des gaines de chauffage, Coleene frappa trois coups rapprochés puis un autre.
Une bonne minute passa. Mais rien ne se passa.
Agacée, la mutante frappa à nouveau. Sans réponse encore une fois. Elle s’écarta de la porte et fit signe à Samuel de reculer.
— Écarte-toi !…
La jeune fille donna aussitôt un puissant coup de pied dans la poignée. Le battant pivota violemment sur ses gonds, qui manquèrent de lâcher.
Personne. Les autres étaient déjà partis. Au centre de cette nouvelle pièce, une trappe ouverte menait encore bien plus en profondeur.
— Ça mène où ? s’inquiéta le jeune homme, sentant l’odeur nauséabonde qui émanait du trou.
L’adolescente posa le pied sur le haut de l’échelle. Elle se contenta de hausser les épaules, comme si c’était évident.
— Les égouts de la ville. C’est le moyen le plus sûr de rejoindre la pension dans notre situation.
Elle continua sa descente en se laissant glisser le long des parois. Le brun la suivit sans poser plus de question.
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Le duo atterrit quelques mètres plus bas, à l’embranchement de trois boyaux souterrains où coulaient les eaux usées de la capitale. À cette époque de l’année, le niveau était suffisamment bas pour libérer un passage ‘au sec’ de chaque côté. Mais malheureusement, cela n’enlevait pas les résidus de vase et l’odeur encore plus immonde qu’elle dégageait.
Il y faisait trop sombre pour s’y aventurer sans danger. Tous deux dégainèrent rapidement leur téléphone pour servir de lampe torche.
Samuel jeta un œil à droite, à gauche. Les tunnels partaient dans des directions opposées. Seul, il n’aurait jamais pu se repérer dans ce dédale labyrinthique. Il était bien heureux que Coleene soit là.
— ‘tain, c’est affreux, cette odeur ! commenta le sinnohïte, nauséeux, se bouchant le nez avec sa main libre.
La kalosienne hocha la tête, d’accord avec lui pour une fois. Elle avait déjà remonté son col de T-shirt pour couvrir le bas de son visage.
— Et dis-toi que c’est bien pire pour moi.
Tout à coup, leurs portables vibrèrent en même temps. Intrigués par la coïncidence, ils regardèrent.
C’était un message urgent de madame Strauss.
« URGENT ! Intégrité de la pension compromise. Évacuez vers refuge 816. »
Samuel ne comprit pas.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire qu’on ne peut pas rentrer à la pension. La M.E.A doit déjà être au portail.
Les yeux du jeune homme s’écarquillèrent. Comment la M.E.A avait pu trouver la pension aussi vite ? Les avait-on trahis ? D’ailleurs, pourquoi l’agence déployait autant de moyens pour capturé sa camarade ?
Mais son esprit se recentra aussitôt. Ce n’était pas le temps des questions. Il viendra, bien après.
Si le propriétaire de la hache était bien ici, avec l’agence anti-mutant, il ne fallait pas qu’il tombe sur ce que contenait son ordinateur. Ce pourquoi l’adolescent avait fait toutes ces choses qui le hantait maintenant. Il s’était promis de tout faire pour que cet homme ne mette jamais la main dessus.
— Je dois quand même aller à la pension ! affirma le jeune homme, l’air grave. J’ai deux-trois choses à récupérer.
Coleene lui lança un regard mauvais par-dessus son épaule.
— C’est si important que ça ?
— Oui ! Il ne faut pas que la M.E.A tombe dessus !
Soudain moins agressive, la jeune fille hocha la tête.
— D’accord. Alors je t’accompagne. Non pas que je te fasse pas confiance, quoique… mais je vais en profiter pour récupérer quelques trucs, moi aussi.
— Et les autres ? Tu crois qu’ils sont déjà là-bas ?
— Non. Ils nous devançaient que de cinq minutes. À peine plus. Ils ne devraient pas être encore arrivés. On les rejoindra au nouveau point de rassemblement.
Par prudence, Samuel fit sortir Lucario de sa Ball. Celui-ci suivait calmement son dresseur, à l’arrière du groupe, les yeux mi-clos.
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Le désormais trio arriva après un insupportable périple de quelques minutes, au pied d’une nouvelle échelle qui semblait remonter à la surface. Coleene, qui menait encore la marche, se retourna alors vers le jeune homme. Comme il fallait s’y attendre, ils ne s’étaient pas échanger une parole depuis leur départ. L’odeur des égouts n’arrangeait pas les choses
— On est arrivé en dessous de la pension. Tu peux demander à ton lucario de vérifier qu’il n’y ait personne au-dessus de nous ?
Comme s’il avait pressentit sa demande, le pokémon répondit du tac au tac avec un sourire.
— C’est déjà fait, Coleene-san. La voie est libre. Mais il ne faut pas traîner, la M.E.A est déjà à nos remparts.
Sans plus attendre, la mutante monta quatre à quatre l’échelle. Le brun rappela Lucario puis pris la suite de sa camarade.
Arrivés en haut des barreaux, leur ascension se stoppa net. Coleene avait atteint le couvercle, et il était fermé. Pas surprise, elle tenta de le soulever en le poussant avec ses omoplates. Mais ce n’eut pas l’effet escompté. La plaque ne bougea qu’à peine.
— Putain ! Je me rappelais pas que c’était aussi lourd ça ! grogna l’adolescent, remontée…
La jeune fille redescendit d’un barreau pour prendre du recul, puis flanqua un coup de poing dans le couvercle, qui sauta sous le coup du choc. Le passage enfin libéré, elle continua sa montée vers la surface.
En faisant de même, Samuel eut la surprise de voir où ils étaient arrivés : dans le cellier adjacent à la cuisine, au rez-de-chaussée de la pension. La bouche d’égout arrivait juste entre une étagère à provisions et un lave-linge.
Ramenant le couvercle non loin de là où il devrait être, Coleene ordonna :
— … On se laisse cinq minutes pour récupérer ce qui doit l’être et redescendre. OK ?
Le sinnohïte acquiesça, bien que perplexe. Cinq minutes, cela risquait d’être court, mais ils pouvaient difficilement se permettre plus. Leurs ennemis étaient proches. Ne perdant pas de temps, il courut à sa chambre par l’escalier.
Coleene préféra une autre méthode, d’autant plus rapide pour elle. En passant par le conduit qui servait d’habitude à faire descendre le linge sale, elle atteignit le troisième étage en un temps très court.
Aussitôt arrivée dans sa chambre, la mutante vida le contenu de son sac à dos en le retournant au-dessus de son lit. Elle s’approcha ensuite de la commode sous sa fenêtre. Elle saisit la bouteille de liqueur forte et en transvasa une partie du contenu dans une flasque, trouvée dans le premier tiroir.
Dans ce même tiroir, elle récupéra plusieurs fioles de médicaments pour pokémon : contre-statuts, soins, et autres rappels.
Dans celui d’en dessous, se trouvait un objet protégé par un tissu, que l’adolescente déroula. C’était un tomahawk, une petite hache de jet, semblable à celle de l’armée américaine. La garde, tout comme la lame, étaient faites en un métal noir de jais.
Après un rapide contrôle de son équilibrage, elle le glissa dans le holster qui était présent depuis toujours à sa ceinture, juste à côté de ses PokéBalls.
Tout à coup, une explosion retentit, en provenance du rez-de-chaussée. Le corps de la jeune fille se raidit. Tentant de garder son calme, elle serra les poings. La M.E.A venait sûrement de défoncer la porte principale. Même elle savait qu’elle ne pourrait pas grand-chose face à un trop grand nombre d’agents.
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Au même moment, Samuel entendit lui aussi la détonation. Le nez plongé dans sa tour de P.C, il débranchait un à un les fils qui connectait l’étrange PokéBall anthracite qui lui servait de cœur. Bien que restant calme, sa respiration s’accéléra. Pas maintenant ! Il était encore loin d’avoir terminé.
Il n’avait pas eu besoin de remplir son sac en urgence. Il y a quelques jours de cela, il avait préparé un gros sac de randonnée en vue d’une telle éventualité. Comme s’il s’en était douté. À côté de son bagage, une mallette en acier était posée, ouverte, mais les creux dans la mousse étaient vides.
Les bruits de pas dans le couloir s’intensifièrent. Le rythme cardiaque du jeune homme accéléra d’autant plus. Que ferait-il s’ils le trouvaient ? Serait-il capable d’agir en conséquence pour sa survie ?
Un premier agent fit soudain son apparition dans l’embrasure de la porte de la chambre. Il vit Samuel. Samuel le vit. Ils restèrent une fraction de seconde sans bouger.
Aussitôt, le flic porta la main à son arme de service. Dans le même temps, le sinnohïte glissa la sienne sous son sweat.
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Deux coups de feu rapprochés. C’est ce qu’entendit Coleene. Son sang ne fit alors qu’un tour. Cela ne voulait dire qu’on avait tiré sur l’immigré.
Oui, elle ne le supportait pas. Oui, elle aurait aimé partir sans avoir à traîner ce gus derrière elle. Mais il y a une chose que la jeune fille ne pouvait se défaire : son honneur. Elle lui en devait une depuis ce samedi soir là, où ils s’étaient battus, et où il l’avait sauvée.
En un éclair, elle repassa son sac à ses épaules et bondit hors de sa chambre. Le soldat de l’agence qui venait d’atteindre le troisième se rendit compte de sa présence. Avant qu’il ait le temps de réagir la mutant lui fondit dessus à une vitesse surhumaine. Elle l’enchaîna avec un crochet du droit, avant d’envoyer son crâne valser contre la rambarde de l’escalier. Inconscient, son corps redescendit quelques marches.
Il eut à nouveau deux tirs en provenance du premier étage. En bas, les troupes de la M.E.A semblaient s’affoler.
La mutante jeta un œil depuis sa position surélevée. Il n’y avait même pas une dizaine d’agent.
— Pfff, pathétique ! marmonna-t-elle, courroucée. Comme si s’était suffisant pour m’arrêter !
N’hésitant pas une seule seconde, elle enjamba la balustrade d’un bond. Elle espérait avoir le temps encore le temps être utile au brun.
Durant sa chute, tout son corps se mit soudain à changer.
Une longue queue à l'extrémité enflammée qui se forma dans le bas de son dos, traversant son short sans le déchirer. Une crête qui poussa à l'arrière de son crâne. Le bas de son visage qui s'élargit pour contenir une mâchoire garnie de crocs acérés. Au point que ses canines pointèrent à travers ses lèvres. Et ses doigts, qui se mutèrent en griffes à partir de la dernière phalange. Enfin, sa peau qui se couvrit par endroit de fines écailles orangées.
Son corps d'humaine avait disparu. Ne restait plus qu’un corps chimérique. Plus bestial. Un mélange entre une jeune fille et une Reptincel.
N’ayant pas revêtu sa ‘vraie’ forme depuis longtemps, la mutante ne put s’empêcher de pousser un râle de satisfaction. Et puis, elle ne pouvait que se ravir d’avoir l’occasion de casser de l’anti-mutant.
C’est ce cri qui interpella les agents, avant qu’elle ne percute l’un d’eux avec un coup de rangers enflammé. Tous pris de court, ils dégainèrent leurs armes dans la précipitation.
Les avant-bras de Coleene se recouvrirent de flammes. Encore plus rapide sous cette forme, elle projeta un tourbillon enflammé autour d’elle, sans que ses ennemis aient le temps de s’écarter. Peu habitués à la chaleur, les agents hurlèrent de douleur, lâchant au passage leurs armes.
Des coups de poing bien placés suffirent ensuite à les occire. Ils s’effondrèrent comme des mouches.
Un individu descendit soudain en trombe l’escalier. Dans le feu de l’action, la fille d’Edgar manqua de l’attaquer. Mais elle se rendit vite compte que ce n’était que Samuel. Au fond d’elle, elle ressentit une once de soulagement. Il n’avait apparemment rien.
— Désolé, j’ai mis plus longtemps que ce qu’on avait convenu ! bredouilla-t-il, confus, sans voir les changements chez sa camarade.
Le jeune homme était trop intrigué par les corps roussis autour d’elle. Les quelques flammes résiduelles, qui consumaient encore les tapis, lui montraient qu’on s’était battu ici. Avait-elle réussi cela toute seule, sans l’aide de pokémon ?
C’est quand il releva la tête vers Coleene, qu’il comprit. Ses yeux brillèrent d’un éclat mêlant surprise et fascination. Il la trouvait tellement belle, même sous cette nouvelle forme.
Réaction que l’intéressée perçut évidemment.
— Je suppose que vu la tronche que tu tires, tu ne t’y attendais pas ? lança-t-elle, acerbe…
En vérité, il ne comprenait pas pourquoi cela ne lui était pas venu à l’esprit avant. C’était pourtant si évident.
Aussitôt, tout en se dirigeant vers le cellier, la mutante reprit sa forme humaine. Elle grogna à nouveau.
— … Bon, on n’a pas que ça à foutre ! Maintenant qu’on a ce qu’on voulait, on se tire. Les autres ne vont pas nous attendre encore très longtemps.
Encore un peu perturbé, le sinnohïte lui emboîta le pas sans broncher.
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De retour dans les égouts, la kalosienne suivit le plan d’évacuation comme prévu. Cela épatait le jeune homme qu’elle puise se repérer dans ce dédale.
S’ils n’échangèrent pas un mot du trajet, cela n’empêchait pas le jeune homme de se poser une foule de questions.
Qu’allaient-ils devenir maintenant qu’ils n’avaient plus de toit ? Avait-elle vraiment un plan de prévu pour toutes les éventualités, comme lui essayait de le faire?
En réfléchissant à la mutation de Coleene, le brun ne pu éviter d’avoir une pensée pour Amy, sa meilleure amie aujourd’hui disparue. À la simple évocation de son nom dans sa mémoire, son cœur commença à se serrer. Trois ans déjà, et toujours autant de douleur.
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Au détour d’une intersection, ils tombèrent sur une vieille porte en acier blindé. Avec les années, une pellicule de rouille avait recouvert sa surface, mais on pouvait toujours clairement ce qui était gravé : 816.
— C’est là ! commenta la jeune fille.
Coleene frappa trois coups rapprochés puis un autre. Derrière elle, Samuel rappela Lucario, qui avait servi encore une fois de sentinelle.
L’épaisse plaque de métal pivota alors lourdement sur ses gonds, avec un cliquetis désagréable.
Ce fut une Marie-Kate tout sourire qui leur ouvrit.
— Eh bien alors, qu’est-ce que tu foutais ? On te croyait morte ! ricana-t-elle, sarcastique.
— Commence pas, Marie ! On a voulu passer vite fait à la pension, mais on s’est fighté avec ces lopes de la M.E.A.
— Ah ! Tant que tu n’as rien, j’ai pas à m’inquiéter… Attends ! Comment ça, ‘on’ ?…
Elle aperçut alors le brun un peu à l’écart. Quel ne fut pas sa surprise de voir qu’il n’y avait non pas un, mais deux nouveaux arrivants. Bizarrement, son sourire se réduit.
— … Pourquoi tu l’as ramené ? murmura la blonde à l’oreille de sa cousine.
— Je te rappelle qu’il en sait déjà beaucoup trop. Pour une fois, j’ai préféré pas prendre de risque…
Elle chuchota en retour.
— … Et puis, vaut mieux l’avoir sous les yeux.
Cette réponse sembla ne pas plaire à Marie, mais elle s’en contenta. Elle leur posa soudain une bien étrange question.
— Dites, au fait, vous n’avez pas croisé Sophia ?
Semblant mal comprendre, l’hybride de Reptincel fronça les sourcils. Elle n’avait tout de même pas recommencé ?