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Rapport d'enquête n°126 de Kyrameru



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» Auteur : Kyrameru - Voir le profil
» Créé le 21/01/2019 à 19:50
» Dernière mise à jour le 14/02/2019 à 23:35

» Mots-clés :   Organisation criminelle   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense   Unys

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Partie 2
- Mais qu’est-ce qu’il vous a pris, bon sang ? demanda l’inspecteur, visiblement irrité de la situation dans lequel le journaliste l’avait plongé.

Voyant qu’il ne répondait pas, il continua.

- Enfin, vous les aviez bien vu, leurs uniformes, alors je ne comprends pas… Pourquoi Looker, pourquoi est-ce que vous avez fait une chose pareille ?

Toujours aucune réponse.

- Et puis c’était quoi ça ? Se battre comme ça ? Vous savez bien que c’est illégal ! Encore, combattre un policier avec des Pokémon, ça aurait pu passer mais là…

Silence.

- Eh, vous pourriez répondre, tout de même ! J’ai fait des pieds et des mains pour qu’ils me laissent vous interroger seul, alors vous pourriez faire un effort, nom d’Arceus !

William avait le regard perdu. Il ne comprenait rien à la situation. C’était comme si son cerveau s’était juste… arrêté, comme s’il avait refusé de fonctionner.

- WILLIAM LOOKER ! JE VOUS PARLE !

Le cri de l’inspecteur le ramena à la réalité. La visite chez le responsable de la White Forest Company, l’appel, l’attaque : tout lui revenait d’un seul coup. Il se souvint de la raison pour laquelle il était retourné au poste.
Il regarda l’inspecteur dans les yeux.

- Est-ce que vous êtes allé chez la White Forest Company ?

Evans fut surpris par la question, étant donné que c’était la seule chose que le hors-la-loi disait après sa tête d’ahuri.

- Il ne me semble pas que…

- Je répète ma question : est-ce que vous êtes allé interroger le responsable chargé de communication de la White Forest Company à propos du décès de Sanders ?

- Je répète également ma réponse : je ne crois pas que vous soyez en état de poser des questions, Looker !

L’intéressé se leva lentement et posa ses mains menottées à plat sur l’unique table de la salle d’interrogatoire, ce qui lui conférait une posture imposante par rapport au jeune policier qui était resté assis.

- Pour la troisième et dernière fois, vous allez répondre à ma question, inspecteur Alexandre Evans, répondit William d’une voix posée et menaçante en fixant son interlocuteur dans les yeux.

Le policier resta interdit un instant. Il ne reconnaissait plus le journaliste qui l’avait aidé auparavant en face de lui. Intimidé par le brusque changement d’attitude de William, l’inspecteur répondit finalement par un signe négatif de la tête. L’autre soupira. Il se rassit et plongea à nouveau dans ses pensées.

- Vous avez de la chance que le système de vidéosurveillance ne soit pas actif. Votre comportement aurait pu fortement aggraver votre situation.

Cela fit lever les yeux de William.

- C’est à dire, ma situation ?

L’inspecteur n’osait plus le regarder en face. Il prit une photographie qui se trouvait à l’intérieur du dossier qu’il avait posé sur l'extrémité de la table en arrivant, la retourna et la posa en face du journaliste.

- Encore…, répondit William d’un ton las en apercevant le corps étendu au sol.

- Un des employés l’a retrouvé dans les locaux de la White Forest Company.

- Et quel est le rapport avec ma situation ? Vous ne pensez tout de même pas que… J’étais là-bas, mais ça ne veut pas…

- Non, non, ce n’est pas le fait que vous étiez dans le bâtiment qui m’intrigue le plus. Ce sont vos empreintes digitales que l’on a retrouvées près du corps.

•●•
Il avait réussi.

Lorsqu’ils étaient arrivés dans la pièce, il avait cru que son heure était venue. L’escorte de Karaclée l’avait pris par le col et l’avait traîné à travers les couloirs insalubres. Il s’était retrouvé dans la pièce qu’il avait récemment quittée, en face du boss.

Mais, contre toute attente, alors qu’il pensait finir ses jours dans les secondes qui suivaient, le boss lui accorda une dernière chance.

Il l’avait saisie.
Il s’était tenu au plan cette fois ci.
Il avait enfin réussi.

•●•
Il était presque 19 heures et l’inspecteur était enfin sorti de la salle d’interrogatoire. William observait à travers la cloison vitrée le grand écran qui diffusait le journal télévisé. L’endroit réservé aux Breaking News affichait en lettres capitales “Meurtre d’un employé dans les locaux de la White Forest Company”. Une interview du Responsable Communication avait été enregistrée et William était heureux de ne pas avoir le son.

Il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer et ne savait pas comment sortir de cette situation. Révéler sa véritable identité était une idée qui lui était passée par la tête, mais c’était trop tôt et trop risqué. Et si c’était bien l’homme qui était actuellement en train de feindre la panique et l’incompréhension sur l’écran HD qui l’avait mis dans cette situation, il devait sûrement savoir la vraie raison de la venue de l’agent sous couverture.

Toutefois, cette entrevue lui avait certifié un chose : le tueur n’était pas un seul et même homme, mais un tout un groupe défendant ses intérêts. “Sûrement encore une histoire d’argent”, se dit-il, ”il ne manque plus qu’à trouver celui qui tirait les ficelles.”

Son cerveau était en pleine ébullition. De toute façon, il n’avait pas grand-chose d’autre à faire à part réfléchir aux éléments de l’enquête, dont sa mémoire se souvenait parfaitement. Il se redessina son trajet, tout ce qu’il avait pu parcourir, observer et effectuer ces 48 dernières heures dans les moindres détails. La découverte du corps dans la ruelle, son excursion à l’Immeuble de Combat, le message en peinture rouge ainsi que le logo qu’il avait aperçu à travers sa photographie, ses recherches sur la base de donnée des Forces de Police Internationales, sa visite chez la WFC… une seconde.

Il se rappela d’un détail auquel il n’avait pas fait attention lorsqu’il s’y était rendu. Un détail crucial qui pouvait le rendre innocent !
Il fit frotter ses menottes sur la table en acier pour attirer l’attention, ce qui produisit un crissement atrocement insupportable. Une fois, deux fois, trois fois… La porte s’ouvrit violemment.

- Qu’est-ce que c’est que ce vacarme !!?? cria un policier de garde en uniforme en entrant brusquement dans la salle.

Il regarda William avec un regard haineux.

- Toi le serial killer, t’as pas intérêt à faire des conneries ! J’te promets que si je t’entends encore essayer de te défaire les menottes, tu vas avoir affaires à…

- Non attendez ! l’interrompit le journaliste menotté, j’ai absolument besoin que vous appeliez l’inspecteur !

- Ah bah ouais bien sûr, tout ce que tu veux… nan mais franchement, tu te rends compte d’où tu te trouves ? Tu pensais que c’était quoi, ici ? Une agence de tourisme ? répondit le policier d’un air sarcastique.

- Je vous demande seulement de parler à l’inspecteur qui m’a interrogé. J’ai une chose très importante à lui faire parvenir.

- T’as qu’à me la dire à moi, ta chose importante, j’lui ferais passer le message.
Il allait lui rétorquer que ce n’était pas à un flic de sa trempe à qui il allait faire confiance dans cette situation quand un autre arriva, apparemment agacé d’entendre son collègue beugler.

- Attends, Fred, je m’en occupe. Vous voulez parler à l’inspecteur Evans, c’est ça ? Il est parti il y a quelques minutes. Il ne doit pas être loin. Je vous l’appelle.

William le remercia tandis que l’autre brute lui gueulait dessus parce que “fallait pas faire confiance à un type qui tuait des gens”. Lorsqu’ils furent enfin en dehors de la pièce, le journaliste se massa les tempes d’une main. La fatigue accumulée avec la grosse voix qu’il venait d’entendre lui avait fait resurgir son mal de tête. Il allait falloir qu’il se sorte de là et vite, car la situation commençait à plus que lui déplaire.



Cela faisait maintenant dix bonnes minutes que William fixait la porte, encore une fois perdu dans ses pensées, lorsque celle-ci s’ouvrit brusquement. Mais cette fois-ci, c’était Evans qui se trouvait sur le pas de la porte.

- Vous vouliez me voir apparemment, Looker, demanda-t-il en entrant dans la pièce après avoir refermé la porte. Vous avez beaucoup de chance que je ne sois pas encore parti. De quoi est-ce que vous vouliez me parler ?

William attendit que son interlocuteur s’assied, puis il prit une grande inspiration.

- La White Forest Company. Plus d’un millier d’employés. Basée seulement dans la Ville Noire.

Ces quelques mots rendit l’inspecteur de police perplexe.

- Looker, nous le savons déjà, tout cela.

- L’entrée est gardée par un système biométrique. Ce bijou de technologie dernier cri a été produit par la Pokémon Trainers Electronics, une société très récente avec un chiffre d’affaire qui a explosé ces derniers mois. Et pour cause. Ce système de reconnaissance d’empreintes digitale a été conçu principalement pour l’Immeuble de Combat, permettant ainsi de pouvoir identifier un quelconque dresseur posant sa main dessus en un temps record. Chaque nouvelle empreinte, chaque nouvelle Carte Dresseur est enregistrée dans une gigantesque base de données, qui est la propriété de la société.

Il s’arrêta de parler quelques secondes pour reprendre son souffle.

- Continuez.

- Le système qui se trouve à l’entrée du magasin de la WFC, donc en-dessous des locaux et des bureaux de la compagnie, a été sûrement mis en place pour un comptage de clients et une reconnaissance immédiate des grands dresseurs visitant la boutique. Cela implique donc que chaque visiteur doit poser sa main sur la plaque pour entrer…

- Et c’est ce que vous avez fait, je suppose ?
William hocha la tête. Ce n’était qu’un simple détail, mais qui pour lui faisait toute la différence.

- Donc vous êtes en train de me dire que la WFC aurait récupéré vos empreintes digitales et auraient fait en sorte que le meurtre de l’un de ses employés aurait été de votre faute ?

- Exactement.

- Et vous êtes en train de vous dire que je vais vous croire ?

- Vous avez dû reconnaître la victime, non ? Et si je ne me trompe pas, il s’agit de Rob Neymart, du même âge que Anderson et Sanders.

- Le suspect connaît les nom et prénom de la victime, je prends note… Franchement, Looker, vous cherchez à ce qu’on vous mette vraiment sous les barreaux ?

- Ils se connaissent tous les trois depuis le lycée. Ils ont obtenu leurs badges Triple ensemble à Ogoesse. Les noms étaient écrits au dos de la photo de leur victoire.

Il se tut un instant en repensant à l’image posée sur le bureau de son appartement qu’il n’avait pas vu depuis la matinée.

- Je ne sais pas ce qu’il se passe exactement, mais ces trois-là ont dû faire obstacle à un moment ou un autre aux plans de la WFC et celle-ci a décidé de les faire taire. Quant à moi, vu ce que m’a annoncé le responsable chargé de communication, je pense que je commençais à poser problème.

- Alors ça pourrait peut-être coller avec ce qu’on a trouvé…

William lui lança un regard interrogateur que l’inspecteur remarqua avant de développer son idée.

- On a envoyé des hommes visiter le bureau de Anderson à la PTE, mais aussi celui de Sanders après la remarque que vous aviez faite. Ils ont trouvé des lettres cryptées et illisibles dans des tiroirs aménagés avec un double fond. Ils ont aussi vu un Poichigeon avec un message accroché à la patte, mais lorsqu’ils se sont approchés de lui, il s’est envolé.

- Ils communiquaient par Poichigeon voyageur pour éviter de laisser des traces informatiques. Bien sûr.

Un silence s’installa entre les deux hommes, un silence pesant qui fit lever l’inspecteur.

- Excusez-moi, mais je dois y aller. On m’att…

- Non, attendez une seconde ! le coupa William dans son élan. Trois personnes qui se connaissaient depuis leur tendre enfance et qui travaillaient dans des sociétés plus que complices, ont été retrouvées sans vie avec quelques heures d’intervalles, et vous partez ? Vous les abandonnez alors que d’autres pourraient subir le même sort ? Sans compter les centaines de disparitions de Pokémon depuis ces derniers mois, sans compter leurs chiffres d’affaires qui continuent d’exploser inexorablement, vous ne faites rien ? Je ne peux pas vous prouver mon innocence, inspecteur, mais nous pouvons prouver la leur.

Celui-ci prit ses affaires, tourna le dos au journaliste et commença à avancer en direction de l’unique porte de la pièce.

- Alexandre Evans, vous devez me faire confiance.

L’intéressé se retourna et parut réfléchir quelques instants. Il chercha dans sa poche un petit objet, ressemblant à des clés et s’avança vers le suspect.

- Je regrette déjà ce que je suis en train de faire, dit-il en prenant les mains de William.

D’un geste habile, il lui déverrouilla les menottes qui entravaient ses mouvements. Le captif maintenant libre frotta ses poignets endoloris et lui adressa un regard d’abord d’incompréhension, puis le remercia.

- Dépêchez-vous et soyez discret, nous nous rendons à la WFC, lui annonça l’homme de loi. Le temps presse.

- Reçu cinq sur cinq.

Après que l’inspecteur ait vérifié qu’il était désert, les deux hommes se faufilèrent dans le couloir sombre du commissariat, qu’ils quittèrent peu après.

•●•
- Ça passera pour cette fois.

Tels étaient les mots du boss, qui l’avaient profondément déçu. Il avait cru pouvoir monter en grade, pas seulement se faire racheter.
Mais le boss avait l’air pressé et inquiet. Les types masqués de noir qui étaient arrivés ne le mettaient pas en confiance et le boss l’avait presque viré de son bureau. Les intrus l’avaient regardé de haut, presque méprisants, mais le blason couleur bleu électrique qui ornait leurs capes l’avait dissuadé de faire un quelconque commentaire.

Malgré cet incident, il restait tout de même fier de lui, surtout quand un des hauts gradés lui avait demandé de patrouiller autour du bâtiment.

Il récupéra son Minotaupe et son Farfaduvet avant de commencer à escalader les escaliers.

•●•
L’imposant bâtiment se dressait enfin devant eux. Haletants, ils venaient de finir leur course devant le rez-de-chaussée de la WFC, illuminée seulement par les éclairages nocturnes de la grande rue. Les passants se faisaient de plus en plus rares, seuls quelques dresseurs parcouraient la ville pour se rendre à la route 15.

- Vous comptez entrer comment Looker ?

- On doit pouvoir trouver un moyen d’entrer en trafiquant la porte arrière, dit-il en se dirigeant dans la direction qu’il indiquait avec sa main.

- Vous voulez entrer par effraction ?

- Vous comptiez entrer comment, inspecteur ? Nous n’avons pas de mandat de perquisition. Puis à une heure pareille, je doute qu’il y ait grand monde dans le bâtiment. À moins qu’ils n’aient des activités… nocturnes.

William plongea sa main dans la poche droite de son manteau, croyant y trouver sa Pokéball. Surpris de ne pas l’y attraper, il chercha dans sa poche gauche, sans résultat.

- Tenez, lui adressa Evans en lui tendant l’objet rond bicolore. J’ai récupéré vos effets personnels qui vous ont été réclamés lors de votre arrestation.

William prit sa Pokéball en remerciant l’inspecteur avant de lancer pour laisser sortir un Cradopaud, visiblement heureux de pouvoir rendre service à son dresseur.

- Vous avez un Cradopaud ? s’étonna Evans en suivant son complice vers l’arrière du bâtiment. Mais c’est un Pokémon extrêmement rare !

- Pas dans la région de Sinnoh. Bon, Cradopaud, tu vois cette bouche d’aération ? (Le Pokémon Toxique acquiesça d’un hochement de tête). Essaie de t’y faufiler et ouvre-nous la porte. Compris ?

- Crado ! répondit l’intéressé tandis qu’il commençait à grimper sur le mur en béton armé.

Il fit quelques bonds avant de lancer une attaque Casse-Brique bien placée pour ouvrir la grille et pénétrer à l’intérieur.

- Cradopaud est un Pokémon Combat très habile, mais principalement de type Poison. L’acide corrosif qu’il peut projeter va pouvoir faire fondre le mécanisme de verrouillage et ainsi ouvrir la porte en un clin d’œil.

William eut à peine le temps de finir sa phrase que déjà la porte émit un grincement, laissant apparaître fièrement son Pokémon Poison.

- Bien joué, le félicita son dresseur en invitant Evans à entrer avant de refermer délicatement la porte.

Deux long couloirs sombres et dépourvus d’une quelconque source lumineuse menant à des directions opposées s’offraient à eux. L’un, celui qui menait vers la gauche, semblait faiblement illuminé d’une lumière verdâtre à son extrémité.

- Par-là ! guida l’inspecteur en partant devant en direction de la lumière.

- Non attendez, ces lumières ne me disent rien qui vaillent. Elles doivent mener à une issue de secours ou directement au magasin. Il faudrait trouver un escalier. Ils sont beaucoup trop prudents pour laisser des traces là où ils accueillent des visiteurs. Celui-ci que l’on a croisé lorsque j’étais venu ici semblait aussi mener à un sous-sol.

- Vous croyez ?

- Non. J’en suis sûr.

Suivant son instinct policier qui l’avait aidé de nombreuses fois auparavant, l’agent Beladonis se dirigea vers la droite. “Ce sera bientôt le moment de vérité” se dit-il en progressant dans l’obscurité. “Bientôt le monde saura ce que vous manigancez à l’abri de tous les regards.”

- Eh ! Qu’est-ce que vous faites ici ?

Une voix provenant du fond du couloir, rapidement suivit de la lumière éblouissante d’une lampe de poche qui tira William de ses pensées et l’aveugla un court instant.

- Attendez… mais je vous reconnais ! V-vous êtes le journaliste !! fit la voix, qui visiblement commençait à paniquer. Minotaupe, occupe-toi d’eux ! Attaque Guillotine !

- Looker attention ! Caninos, contre-attaque avec Lance-Flamme !

William ne comprit rien à la situation un instant. Le temps qu’il recouvre sa vision ainsi que le contrôle total de son esprit, l’inspecteur Evans s’était placé devant lui et combattait contre un puissant Minotaupe avec son Pokémon Feu. Cependant, il remarqua un détail chez le Pokémon adverse. Oui, c’était bien ce qu’il avait cru apercevoir ! Une de ses griffes de sa patte gauche était abîmée, il lui manquait un morceau d’acier de la taille d’un pouce. Ce Minotaupe et ce dresseur...

- Evans ! C’est le tueur d’Anderson ! C’est ce Minotaupe qui l’a achevé !

Entendant ces mots, l’ennemi se stoppa net avant de battre en retraite.

- Looker, poursuivez-le ! Je vous rejoins dans un instant, cria le policier alors que William était déjà parti à une vitesse fulgurante, son Cradopaud accroché à son épaule.

L’agent des Forces de Police Internationales descendit les marches quatre à quatre en poursuivant le fuyard. Celui-ci avait rappelé son Pokémon Souterrain et avait sorti une autre capsule pour faire sortir son autre bestiole. Beladonis n’avait pas eu le temps d'apercevoir le deuxième coéquipier du tueur que déjà ceux-ci bifurquaient dans un couloir aux pieds des escaliers. Il prit la même direction que lui et se retrouva dans un autre long couloir, celui-ci orné de portes et de fenêtres, ressemblant tantôt à un entrepôt souterrain, tantôt à un laboratoire clandestin. Mais il n’avait pas le temps de se concentrer sur les détails, il garda son allure et tenta de garder son objectif dans sa ligne de mire.

- Crado, crado ! l’avertit soudainement son Pokémon, l'interrompant dans sa concentration.

- Qu’est-ce qu’il se passe, Cradopaud ? lui demanda-t-il entre deux souffles.

Le Pokémon Poison lui montra un petit morceau de pollen que son dresseur fixa avant de s’arrêter. Le talent Anticipation de son Pokémon lui avait une fois de plus sauvé la vie, comme dans nombreuses missions passées. Il plaqua sa main sur son visage de manière à obstruer son nez et sa bouche et retint sa respiration tout en commençant à faire demi-tour le plus vite possible. Hélas, en plein dans la trajectoire inverse se trouvait Evans qui s’était enfin décidé à le rejoindre. Ne pouvant s’arrêter à temps, il lui montra la direction à suivre de sa main valide, celle qui ne lui servait pas à se protéger des spores soporifiques. Cependant, l’inspecteur de police, ne comprenant pas la raison pour laquelle son complice faisait demi-tour, resta dans sa position, paralysé par son incompréhension.

- Dépêchez-vous ! Il ne faut pas rester ici ! lui cria William en l’attrapant par le bras au passage. Il a utilisé un de ses Pokémon pour lancer l’attaque Spore. Il faut sortir d’ici avant qu’on ne soit à leur merci.

- Une attaque Spore ? Vous voulez dire comme sur la scène de crime ?

- Exactement. Sauf que si on ne bouge pas de là, c’est nous qui allons faire partie de la scène de crime !

Arrivant enfin au pieds des escaliers, ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle.

- Je pense que nous nous sommes assez éloignés. On ne devrait plus courir aucun risque. Du moins pour l’instant.

William observa le couloir quelques instants avant de chercher quelque chose à l’intérieur de son manteau. Il en ressortit un Pokématos.

- Tenez, prenez-le, mettez-vous à l’abri et appelez le premier numéro sur la liste de contacts. Soyez précis sur la localisation et surtout sur la situation. Une dernière question : est-ce que vous avez un Pokémon de type Vol ?

Evans ne comprit d’abord pas la question à cause de la tonne d’informations que son cerveau avait à traiter en l’espace de quelques secondes. Il lança un regard à son complice qui paraissait fortement déterminé, puis lui envoya une de ses Pokéballs.

- C’est un Furaiglon. Il est un peu capricieux mais ça devrait aller.

- Parfait, répondit William en sortant un disque bleuté de sa poche.

- Par contre, pour votre Pokématos…

- Vous comprendrez bien assez vite. Dépêchez-vous et surtout, soyez précis, c’est tout ce qui compte.

La CS Anti-Brume fonctionna à merveille sur le Furaiglon, qui avait déjà l’air de s’être attaché à son dresseur temporaire. Le Pokémon Aiglon accroché avec ses serres sur l’avant-bras, il pénétra à nouveau dans le sous-sol de l’immeuble, à la poursuite de l’assassin. Lorsqu’il fut assez éloigné, il envoya le Pokémon d’Evans.

- Maintenant Furaiglon ! Lance Anti-Brume !

Le Pokémon oiseau s’envola en un éclair et provoqua une violente bourrasque qui fit disparaître les dernières particules indésirables laissées par le Farfaduvet du tueur.

- Bien joué, le félicita Beladonis. Pour une première fois, c’était plutôt pas mal.

- Furaiglon ! se réjouit le petit Pokémon en frottant son duvet contre lui.

Accompagné de ses deux bestioles, il marcha d’un pas rapide vers la direction qu’avait prise le hors-la-loi. Il espérait au fond de lui que Evans allait tenir sa parole et tout livrer à ses supérieurs.

Il espérait aussi que l’inspecteur était vraiment dans son camp et qu’il avait eu raison de lui accorder toute sa confiance.



Evans ne savait pas quoi faire. De sa jeune carrière, il n’avait jamais assisté à une enquête d’une telle ampleur. Et le fait qu’un Pokématos flambant neuf arborant les initiales “F.P.I.” en lettres dorées ne le rassurait pas pour autant. Il déverrouilla l’appareil et alla dans l’application contact. Suivant les indications du journaliste, il sélectionna le premier numéro qui se présentait à lui.

- Chef ! Y en a un ici ! s’écria une voix au-dessus de sa tête au moment où il lança l’appel vers le numéro inconnu.

Son pouls commença à accélérer. Les gardes du bâtiment les avaient repérés et il allait sûrement se faire engueuler à cause de leur effraction. Il prit son badge de police et porta le téléphone à son oreille.

- CHEF ! IL APPELLE DU RENFORT ! cria de plus belle la même voix.

Il brandit son badge en direction du cri et des pas rapides venant de l’escalier. Les multiples sonneries dans le vide du téléphone venaient de s’arrêter.

- Attrapez-le, ne le laissez pas contacter qui que ce soit.

- Arrêtez ! Je suis de la police ! dit-il avec affirmation en éloignant l’appareil de son oreille alors qu’une voix commençait à dire quelque chose dans le haut-parleur.

Le visage de l’homme en retrait, celui qui avait été appelé “chef”, se décomposa tandis qu’une dizaine d’hommes commencèrent à encercler l’inspecteur de police qui, pris par surprise, laissa tomber le Pokématos de son complice. La tête de cet homme lui rappelait quelqu’un. Il l’avait vu… oui, c’est ça, au poste, après qu’il ait interrogé Looker. Il était passé à la télé, cet homme…

Ça y est, il s’en souvenait. C’était le Responsable chargé de communication de l’entreprise. Celui qu’était allé voir Looker avant de se faire arrêter. Celui qui avait menti au journaliste en affirmant qu’Evans était déjà venu l’interroger.

- Qu’est-ce que…

- Emmenez-le, enfermez-le, ce que vous voulez mais mettez-le en dehors de mon chemin, l’interrompit le responsable.

L’inspecteur se remémora la mission que lui avait confié son partenaire. Il n’avait rien à perdre.

- LA VILLE NOIRE ! RUE OUEST ! SOUS-SOL DE L’IMMEUBLE CENTRAL DE LA WHITE FOREST COMPANY, cria Evans en direction de l’appareil qui était toujours fonctionnel malgré sa chute.
Un des garde réduit le Pokématos en miettes en l’écrasant avec sa chaussure. Evans espérait que, qui que ce fut à l’autre bout du fil, il avait entendu ses dernières paroles, avant de se faire emporter par les Judokrak qu’avaient envoyé les employés de l’entreprise.



Beladonis portait ses lunettes spéciales des Forces de Police Internationale, lui permettant de retracer le trajet du fuyard ainsi que d’observer ses empreintes digitales. Son Cradopaud avait déjà passé deux gardes lui ayant barré la route et le Pokémon Toxique, malgré la Super Potion que lui avait administré son dresseur, commençait à fatiguer. Il lui fallait agir le plus vite possible. Il espérait seulement qu’Evans avait bien passé l’appel et était à l’abri à l’heure qu’il était. Sans cela, il n’était pas sûr d’en échapper vivant, du moins entier.

Il entendit des bruits sourds venant de sa gauche. Comme si quelqu’un, ou plusieurs, venait de poser quelque chose de volumineux et métallique au sol. Il observa à travers ses lunettes, qui possédaient également l’option de vision nocturne, dans cette direction et vit d’autres traces de pas, humaines et d’origine Pokémon. Il se décida à faire quelques pas, restant à l’affût d’une quelconque menace, pour atteindre la porte qui se trouvait à quelques mètres, puis il prit son courage à deux mains et abaissa le plus silencieusement possible la poignée de la porte blindée. A sa grande surprise, celle-ci n’était pas verrouillée et il pénétra dans l’immense hangar qui se trouvait de l’autre côté. Il était aussi peu éclairé que le reste du sous-sol et des caisses gigantesques y étaient empilées çà et là.

- … suis très heureux de notre coopération messieurs.

La voix grave qui venait de retentir en provenance du centre de la pièce le fit sursauter et il se cacha derrière une grande bâche qui recouvrait un tas de caisses pour écouter la discussion. Il en profita un instant pour ranger ses lunettes de vision nocturne dans sa poche pour en ressortir un carnet et un stylo-lampe. A défaut de ne pratiquement plus rien voir dans la pénombre, il s’apprêta à noter tout ce qu’il allait entendre.

- Nous espérons principalement que les fonds versés supportent une noble cause, monsieur le directeur, fit une autre voix plus fluette.

- Ne vous faites pas de soucis pour cela, c’est moi-même directement qui m’en assure.

S’étant progressivement habitué à la pénombre, Beladonis hasarda un regard vers la scène où se situait la discussion.

- Boss, interpella un homme qui venait d’arriver. Nous avons arrêté un flic à l’entrée du sous-sol.

Il jeta à nouveau un coup d’œil vers le nouvel arrivant. Venant tout juste d’entendre sa voix, il ne fut pas surpris de reconnaître le responsable qui l’avait accueilli lors de sa dernière visite, quelques étages plus haut.

- Hum ? Que faisait-il là ? répondit la voix que Beladonis avait compris appartenir au directeur de l’entreprise.

- J’en ai aucune idée, mais il n’avait pas l’air d’être là pour une simple balade.

Oh non. Il craignait le pire.

- J’espère que cela ne compromettra pas nos plans, monsieur le directeur, fit de nouveau la voix fluette.

- L’un de vous l’a reconnu ? adressa le directeur au responsable après avoir poussé un long soupir.

- Non, mais il est de taille moyenne, brun, avec des lunettes…

- Il doit s’agir de l’inspecteur Evans du commissariat non loin d’ici, répondit à voix haute le directeur, comme s’il se parlait à lui-même. Hank, je vous avais demandé de vous occuper du faux journaliste d’abord ! Il a dû vendre la mèche et le faire venir jusqu’ici !

- Pardonnez-moi, boss…

- Le journaliste ne doit pas être loin. Retrouvez-le-moi sur-le-champ !

Les yeux de l’agent d’élite s’écarquillèrent. Evans s’était fait avoir et il n’avait aucune idée d’où est-ce qu’il pouvait bien être. Il fallait qu’il aille le chercher à tout prix. Après tout, c’était de sa faute si le jeune inspecteur de police s’était mis dans cette situation.

Il espérait seulement qu’il n’était pas blessé, mais surtout qu’il avait eu le temps de passer l’appel.



Ils avaient ligoté ses poignets et l’avaient jeté sans prendre aucune précaution dans une salle humide qui ressemblait fortement à une cave ordinaire. Enfin, ordinaire si celle-ci n’était pas si grande et si toutes les caves ordinaires possédaient des caisses et des cages de cette taille.

"C’est la fin, Alex…" se dit-il à lui-même alors qu’il était encore étendu au sol. "Tu ne sauras jamais quels étaient les véritables desseins de la WFC…"

Tout son courage et tous ses espoirs l’avaient abandonné. Il n’avait aucune idée de comment se sortir de là, surtout sans son Caninos préféré que ces bandits lui avaient dérobé avant de le foutre là-dedans. Il se releva tant bien que mal et s’adossa à un des quatre murs de la pièce, tout près d’une des grandes caisses en bois. Alors qu’il repensait sans cesse à ce qu’il aurait pu faire au lieu d’être resté planté devant les gardes et se faire attraper comme un gamin, il entendit comme un petit couinement provenant de l’intérieur de la caisse. Il tapa doucement avec son pied à deux reprises et entendit à nouveau le faible cri, qu’il reconnut provenir d’un bébé Solochi, du moins très jeune. Deux autres cri, cette fois-ci plus graves, se firent entendre également.

"Il y a une famille de Solochi et de Diamat là-dedans !" se rendit compte Evans.

Les cris de l’enfant et de sa mère réveillèrent les Pokémon des autres caisses qui, à leur tour, poussèrent un cri d’appel à l’aide.

" Cette pièce… cette pièce est remplie de Pokémon enfermés ! Il faut que je sorte d’ici et que j’aille prévenir Looker ! " se donna-t-il l’ordre à lui-même pendant que des dizaines de Pokémon commencèrent à créer une cacophonie étrange et emplie de tristesse.



Toujours terré derrière la grande bâche bleue de l’entrepôt, Beladonis cherchait désespérément à élaborer un plan de secours pour son complice. Bien que sa mission soit sa priorité, il ne pouvait se permettre d’abandonner une vie humaine derrière lui.
Le tueur était arrivé il y avait quelques minutes à peine en criant que “le journaliste était là et qu’il l’avait reconnu”, ce à quoi le directeur avait répondu en donnant l’ordre à ses gardes de le retrouver le plus vite possible.

- Je souhaitais par ailleurs, monsieur le directeur, vous rappeler que la Team Plasma a ses contacts et que notre Maître n'hésiterait point à les utiliser si jamais notre accord venait à se rompre.

Il avait bien entendu ? La Team Plasma était de mèche avec la WFC. Cela était largement suffisant pour les faire condamner. Maintenant que Beladonis avait le chef d’accusation, il ne lui manquait plus qu’à trouver des preuves, et surtout de retrouver Evans.

- Valdaim ? fit une petite voix derrière lui au moment où il sortait son appareil photo numérique.

Un Vivaldaim se trouvait dans la caisse à laquelle il était adossé et le Pokémon Plante l’avait senti au travers malgré la bâche en plastique et la palissade de bois.

- Vous avez entendu ça Boss ?

- Quelqu’un nous écoute depuis tout à l’heure ! MAIS BOUGEZ VOUS BON SANG D’ARCEUS ! ALLEZ L’ATTRAPER BORDEL !

Il entendit des pas pressés approcher de plus en plus près. Il se dirigea précipitamment vers la porte par laquelle il était entré et s’échappa de la pièce, suivi de près par les gardes de la WFC.



Les mains plaquées sur le métal froid, Evans observait chaque coin de la porte, cherchant un moyen de l’ouvrir. Il avait, par chance, trouvé un Tranchodon qui avait accepté de le défaire de ses liens à travers les barreaux de sa cage, et Evans était libre à présent. Enfin, du moins libre de ses mouvements car il était toujours bloqué dans ici. Comme si cela ne suffisait pas, les Pokémon enfermés continuait de gémir.

- Oui, je sais, ne vous inquiétez pas. Vous allez bientôt sortir de là, tenta-t-il de les rassurer.

Il eut soudainement un éclair de génie. S’il ne se trompait pas, ça avait une chance de marcher. Il fouilla dans sa poche et en ressortit une Pokéball vide que ses ravisseurs n’avaient pas prise avant de s’approcher du Tranchodon qui l’avait aidé un peu plus tôt.

- Écoute, j’ai encore besoin de ton aide, dit-il au Tranchodon qui s’était approché des barreaux de sa cage. Je ne peux pas sortir d’ici tout seul mais je sais que toi, tu peux trancher cette porte sans effort. Je te promets de te laisser partir quand tout sera terminé. Alors, qu’est-ce que tu en dis ?

En guise de réponse, le Pokémon Dragon appuya de sa tête sur le bouton de l’objet rond que le présentait l’inspecteur de police. La ball tourna trois fois dans sa main avant de briller quelques instants. Evans invita son Pokémon fraîchement capturé à le rejoindre.

- Très bien Tranchodon, utilise Tranche sur cette porte !

Le Pokémon abattit ses lames situées sur les côtés de sa tête sur le fer de la porte qui ne résista pas bien longtemps et ils purent enfin échapper à l’air humide de la pièce.

- Eh ! Le prisonnier s’est échappé ! s’écria une voix qui appartenait à l’un des gardes qui l’avaient attrapé.

- Comment est-ce qu’il a bien pu sortir !? Tutankafer, Miamiasme, occupez-vous de lui ! lança un autre garde en envoyant ses deux Pokémon au combat.

Evans ordonna au Tranchodon d’utiliser son attaque Double-Baffe qui fit mouche chez ses adversaires.

- Pourquoi il a un Tranchodon ?! Je croyais que vous étiez censé récupérer ses Pokémon !

- Mais c’est ce qu’on a fait, Aaron !

L’inspecteur profita du moment de confusion des gardes pour demander à son Pokémon Dragon d’achever les deux Pokémon adverses avant de s’enfuir. Il se rappelait vaguement de quels chemins ses ravisseurs avaient empruntés et tenta de revenir à son point de départ après avoir rappelé le Tranchodon dans sa Pokéball.



Alors que Beladonis courait depuis déjà cinq bonnes minutes sans s’être arrêté une seule fois, il regarda derrière lui et se rendit compte qu’il les avait semés. Il s’autorisa à ralentir un peu et s’arrêta devant une porte entrouverte. Après s’être assuré que personne ne continuait à le suivre, il entra et découvrit une sorte de salle des archives. Des centaines de dossiers étaient accrochés dans des bibliothèques pleines à craquer qui recouvraient les murs et un petit bureau se trouvait au fond, lui-même enseveli de livres épais et volumineux ainsi que de feuilles éparpillées, dont certaines s’étaient retrouvées au sol. Il s’approcha du bureau et prit un des ouvrages qui se trouvait au-dessus d’une des piles. "Le mythe de la Forêt Blanche", lut-il à voix haute avant de l’ouvrir à la page du milieu. Celle-ci représentait une carte qui occupait tout la double page étant à la limite de se détacher tant le livre avait été ouvert à cet endroit. Il continua de parcourir les pages suivantes, qui parlaient d’un endroit fabuleux où seuls les Pokémon semblaient vivre et en paix.

Il prit l’appareil qu’il avait sorti avant sa fuite et commença à photographier quelques pages ainsi que les autres détails qu’il avait repérés dans la pièce. Un des dossiers entreposé dans la bibliothèque affichait "Financements" en lettres capitales. Intrigué, il le prit et commença à le feuilleter. Des dizaines de pages recensaient les versements d’argent de la Pokémon Trainers Electronics effectués ces derniers mois au profit de la WFC. "Je commence à comprendre… La Team Plasma utilisait la PTE comme société de couverture et finançait les projets du directeur petit à petit. La startup étant si récente et si peu connue, elle n’allait pas faire beaucoup de bruit…" se dit Beladonis en prenant quelques photographies des relevés de la WFC.

Il entendit tout à coup des bruits de pas qui se rapprochaient dangereusement. Par réflexe, il posa le dossier au sol, se rua vers la porte et regarda à travers l’ouverture. Il n’en croyait pas ses yeux. L’homme qui courait dans le couloir…

- Evans !! l’interpela Beladonis en sortant de la salle des archives.

- Looker ? Vous êtes là ? déclara l’inspecteur d’un air surpris.

- Tout va bien ? Vous n’êtes pas…

- Ils sont juste derrière, courez !

En effet, les gardes qui poursuivaient Evans l’avaient presque rattrapé et en voyant son complice, redoublèrent leur vitesse. Cependant, Beladonis ne bougea pas de sa position et se retourna vers l’inspecteur.

- C’est fini, Evans, dit-il pendant que les gardes se rapprochaient dangereusement.

L’inspecteur comprit lorsqu’il vit arriver par l’autre côté d’autres employés de la WFC qui venaient de rattraper le journaliste. Ils n’avaient aucune issue. Collés dos contre dos, faisant face à l’ennemi, ils tenaient fermement leurs Pokéball respectives entre leurs mains, bien qu’ils furent largement dépassés en termes d’effectifs numériques. La quarantaine de paires d’yeux, celles des gardes et des Pokémon de type Combat qui les accompagnaient, emplis de haine et de rage les fixaient.

- Eh bien, monsieur Looker, il semblerait que vous aviez perdu, je me trompe ?

Beladonis serra les dents et glissa à l’oreille d’Evans :
- À trois fermez les yeux et avancez le plus vite possible, compris ?

L’inspecteur n’eut pas le temps de répondre que déjà le faux journaliste balança sa ball factice au sol en criant “TROIS !” et l’attrapa ensuite par le col en le tirant vers l’avant.

- C’est une bombe lacrymogène !! hurlaient les gardes de douleur.

Beladonis courut sans savoir vers quelle direction il se dirigeait et en écartant toute forme de vie au passage. Lorsqu’ils furent enfin hors de portée du gaz, il ouvrit les yeux et chuchota à son complice de faire de même. Ils continuèrent d’avancer presque à l’aveugle tant la luminosité était faible.

- On devrait bientôt pouvoir remonter à l’air libre.

- Looker attendez, mon Caninos est toujours ici et il y a des centaines de Pokémon enfermés…

- Oui, je sais, j’ai vu moi aussi. Mais j’ai des preuves suffisantes pour les faire arrêter.

- Des preuves ?

- J’ai trouvé une sorte de bibliothèque avec tous les documents papiers des virements effectués par la Team Plasma. Ainsi qu’un gros livre parlant d’une certaine Forêt Blanche.

- … une Forêt Blanche ? Vous ne savez pas de quoi il s’agit Looker ?

Le simple fait que le visage du journaliste affichait une totale incompréhension lui fit comprendre qu’il allait devoir développer ses propos.

- La Forêt Blanche n’est qu’un mythe. Jamais personne ne s’y est rendu et pour cause : c’est un lieu irréel qui est l’exact opposé de la Ville Noire. La légende raconte que les Pokémon y vivent en pleine harmonie avec la nature, cette forêt est pour eux une sorte de sanctuaire. Certains racontent qu’elle serait située au même emplacement que la Ville Noire mais dans une autre dimension. Enfin, ce n’est qu’un conte pour enfants.

Les rouages du cerveau de Beladonis se mirent à tourner à une vitesse fulgurante.

- Ils entreposent des milliers de Pokémon ici, prennent le monopole économique de la Ville Noire, négocient avec la Team Plasma qui soi-disant œuvrent pour la ‘Libération des Pokémon’, et maintenant cette Forêt Blanche…

- Vous en êtes presque arrivés à la conclusion, messieurs, déclara la même voix fluette que Beladonis reconnut, ce qui les fit sursauter. Le but de la WFC était de ramener la Forêt Blanche à la vie. La Ville Noire n’est que pour ces pathétiques bureaucrates qui se considèrent souverains de ce monde.

- La Team Plasma ! les reconnut Evans.

Les deux femmes qui arboraient le blason gris et bleu électrique étaient postées juste devant eux, l’une tapotant sur son Vokit à l’effigie du groupuscule.

- Oh mais je vous reconnais, dit celle qui avait interrompu leur discussion en pointant le faux journaliste du doigt. Vous êtes celui qui aviez fait tomber nos 7 sages avec ce jeune homme !

Evans se tourna vers son complice sans comprendre.

- Lydia, contacte nos supérieurs immédiats les plus proches, ordonna-t-elle à l’autre sbire Plasma, et dis-leur de venir le plus vite possible.

- Tout de suite.

Avant qu’elle n’eut le temps d’appliquer l’ordre, Evans envoya son Tranchodon arracher le Vokit des mains de l’ennemi.

- Lugulabre, appela sa dresseuse, récupère-moi ce Vokit ! Utilise Châtiment !

Le Pokémon de type Dragon se prit l’attaque Spectre de plein fouet malgré la distance, ce qui lui fit lâcher l’appareil électronique. Il riposta en envoyant une attaque Draco-Rage qui faillit rater sa cible. Le Lugulabre, malgré avoir souffert des dégâts fixes de l’attaque, prépara une attaque Déflagration, commandée par son dresseur. Il allait souffler sa surpuissante attaque de type Feu lorsque…

BOUM !!!

Un énorme choc venait de retentir juste au-dessus de leurs têtes. Des dizaines d’hommes marchaient au pas et hurlaient. Lorsqu’enfin il comprit ce qu’ils disaient, Beladonis, souriant, attrapa son acolyte par l’épaule et le regarda dans les yeux.

- Alexandre Evans, vous avez réussi. Je savais que je pouvais vous faire confiance.

Une porte s’ouvrit violemment et ils purent entendre une énième fois ce qu’ils répétaient depuis leur entrée dans le bâtiment.

“POLICE INTERNATIONALE ! RAPPELEZ VOS POKÉMON ET QUE PERSONNE NE BOUGE !”

•●•
Nuit noire.

Enfin presque. Les phares blancs ainsi que les gyrophares rouges et bleus illuminaient la façade sud de l’immense immeuble qui n’appartenait dorénavant plus à la White Forest Company, et dont le toit avait servi de zone d'atterrissage d’un des hélicoptères de la Police Internationale. William Looker, en réalité l’agent Beladonis observait la scène. Ces quelques minutes, qui étaient peut-être même une heure entière, l’avaient épuisé, physiquement comme mentalement. Les policiers s’affairaient à emmener les criminels dans les voitures qui arrivaient, repartaient, attendaient et les spécialistes étaient déjà au sous-sol s’attachant minutieusement à détail crucial qui allait servir pour l’enquête et le procès. Les Pokémon enfermés avaient été sortis de leur cages et attendaient encore terrorisés, certains encore au chaud et d’autres plus courageux au-dehors sous la fine bruine qui s’était installée. Quant à lui, il avait transféré son appareil photo ainsi que tous ses gadgets à son supérieur, aussi présent sur les lieux. Cela le débarrassait d’un poids encombrant sous son fidèle et long manteau marron.

- Alors comme ça, vous n’êtes pas journaliste, n’est-ce pas Looker ? lui demanda Evans qui s’était glissé en douce à ses côtés.

Il baissa les yeux en esquissant un sourire gêné.

- Ai-je vraiment besoin de répondre à cette question ? répondit-il finalement.

Malgré les sirènes de police, le silence que laissa planer l’inspecteur de police l’obligea à répondre.

- Disons pas plus que je me nomme William Looker.

- Donc comment dois-je vous appeler ?

- Beladonis. Mon nom de code est Beladonis, agent de l’élite itinérante des Force de Police Internationale, déclara-t-il en tendant la main à l’inspecteur. Mais appelez-moi William. Cela évitera de trop changer vos habitudes.

- Alors merci, William. Je vous remercie du fond du cœur pour nous avoir aidé tant de fois dans cette ville au cours de ces derniers mois, répondit Evans en lui serrant chaleureusement la main. Revenez quand vous le souhaitez, vous serez le bienvenu.

- Entendu inspecteur. Ah, et une dernière chose, je vous en prie, gardez cette histoire pour vous. Évitez au max…

- M’sieur Beladonis ! L’hélicoptère va bientôt décoller, dépêchez ou il partira sans vous, interrompit un autre agent de la Police Internationale.

- J’arrive, cria-t-il en sa direction avant de se retourner vers Evans. C'est pour vous.

Il tendit un objet rond, rouge et blanc, à l’inspecteur.

- Ils l’ont retrouvé dans l’une des cages de Pokémon. Il ne s’était pas séparé de sa ball.

- Mon Caninos... J-je ne vous remercierais jamais assez, William, dit-il les larmes aux yeux alors que Beladonis commençait déjà à courir vers l’engin volant en agitant la main vers lui.

William, enfin Beladonis, espérait en réalité ne jamais devoir revenir à Unys pour une autre mission. Après tout ce qu’elle avait traversé, cette région méritait une réelle et durable paix.
Il se retourna pour saluer une dernière et ultime fois l’inspecteur Alexandre Evans, qu’il ne recroiserait sans doute jamais, avant d’embarquer dans l’appareil.


*-* RÉSUMÉ DU RAPPORT *-*
Lieu : Unys, Ville Noire.
Cible : White Forest Company, Team Plasma.
Motif d’arrestation : coopération avec la Team Plasma sous couverture de la Pokémon Trainers Electronics pour la récupération de Pokémon sauvages et dressés (séquestration dans des locaux sous équipés et sous-alimentation de ces derniers) par le biais de systèmes informatiques et planification de la destruction de la Ville Noire (cf. plans en annexe) dans le but de recréer la Forêt Blanche.
Condamnation : 5.000.000 P d’amende pour la société (fonds reversés aux centres Pokémon pour les soins des Pokémon affaiblis), 10 ans de prison pour les responsables généraux.


Fin du rapport

EN CAS DE COPIE DU DOSSIER, IL EST RECOMMANDÉ DE LE DÉTRUIRE IMMÉDIATEMENT APRÈS LECTURE
/! DOSSIER STRICTEMENT CONFIDENTIEL /!