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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 20/01/2019 à 10:44
» Dernière mise à jour le 20/01/2019 à 10:44

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 51 : Terre brûlée ( 2nde partie )
En dépit de ce que son costume à cape grandiloquent pouvait laisser penser, le Seigneur Protecteur Xanthos n’était pas homme à faire dans l’impressionnant et la surenchère, à moins que ce soit nécessaire pour servir sa cause. Les Pokemon aimaient les choses simples, efficaces. Ils n’étaient pas comme les humains qui préféraient toujours l’extraordinaire à l’utilité et à l’économie. Aussi, il avait décidé que le Palais Impérial, au sommet de la nouvelle capitale Axendria, se devait d’être simple. Grand bien sûr, symbolisant la puissance, mais simple. Pas de matériaux hors de prix, d’architectures artistiques, ou autre.

Le Palais était continuellement en travaux depuis trois ans maintenant. Xanthos avait tenu à ce que ce soit la dernière chose de la capitale qui soit construite. Il n’était pas encore terminé, mais Xanthos y vivait quand même. Il avait laissé Daecheron et les principales têtes de l’Empire dans leur ancien quartier général, construit au-dessus du Puits des Abysses, où encore la plupart des choses étaient décidées, mais lui aimait bien sa nouvelle demeure, et surtout, il aimait le calme qui y régnait, si ce n’était le bruit des travaux. Et comme les Pokemon à l’intérieur du Palais étaient peu nombreux, il pouvait se permettre de retirer parfois son masque, quand il était sûr que personne ne le verrait.

Ce masque ne servait aucunement à garder son identité secrète. Après tout, nombre de Pokemon qui l’avaient suivi depuis le début savaient très bien qui il était, et le révéler à d’autre n’était nullement interdit. En privé du moins, car en public, son seul vrai nom était le Seigneur Protecteur Xanthos, le Messie des Pokemon. Et c’était justement ce pourquoi ce masque existait. Pour dissimuler l’humain qu’il était, lui qui dirigeait désormais un empire de Pokemon.

Seul dans la salle du trône encore en cours de construction, son masque posé sur l’accoudoir à sa gauche, Xanthos savourait cette solitude et ce silence qui lui permettait de réfléchir. Réfléchir à l’avenir, au présent, et même à ce passé nostalgique qu’il avait détruit de ses propres mains. Il en éprouvait encore des regrets, oui. Il en éprouverait toute sa vie, qui s’annonçait longue. Mais les dés étaient jetés. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Il ne pouvait que se réconforter en se disant qu’il avait fait ce qu’il fallait, pour le bien de ce monde… qu’il avait fait son devoir de Sauveur du Millénaire. Tant pis s’il était méprisé de ses anciens amis, de sa famille. Tant pis s’il devait tous les éliminer un par un. Même Salia…

- Je viens au rapport, dit une voix féminine derrière la porte qui avait été légèrement entrouverte.

- Rentre, acquiesça Xanthos.

Il ne prit pas la peine de remettre son masque ; la personne qui se présenta à lui n’était pas un Pokemon, mais une humaine. Une humaine qui connaissait bien évidement son visage. C’était une jeune femme toute habillée de noir, qui semblait se fondre dans les ténèbres, mais très facilement repérable par sa chevelure rouge, striée d’une unique mèche noire. Cette femme servait Xanthos comme exécutrice personnelle et directrice des services de renseignements de l’Empire. Son existence relevait quasiment du mythe pour la plupart des Pokemon. Seuls quelques hauts placés étaient au courant de son rôle et de sa proximité avec le Seigneur Protecteur Xanthos. Ils en étaient venus à la surnommer « la Main Rouge de Xanthos ». Mais son vrai nom, qu’encore moins de Pokemon connaissaient, était Alrianne.

- Tu n’étais pas censée superviser la reddition de la région Pertinia et son intégration dans l’Empire ?

- C’est terminé depuis hier. Je suis rentrée directement quand un de mes espions à Alamirgo m’a contacté.

Le nom de la forteresse G-Man éveilla les soupçons de Xanthos. Même s’il trouvait un intérêt à avoir ces surhumains de son côté, il ne leur faisait pas entièrement confiance. Maintenant que Sacha était parti, il serait aisé pour un G-Man puissant et charismatique, nostalgique de l’ancien temps, de soulever l’Ordre. Voilà pourquoi il avait demandé à Alrianne de soudoyer quelques G-Man là-bas pour en faire ses espions. Il voulait aussi que les G-Man quittent bientôt leur forteresse millénaire pour venir à Axendria, à ses côtés, là d’où il pourrait mieux les surveiller.

- Lord Psuhyox trame quelque chose ?

- Oui, mais pas contre toi. Ils ont eu connaissance du lieu où se cachaient les résistants, et comptent lancer une attaque très bientôt.

Xanthos fronça les sourcils.

- Et comment ont-ils fait pour savoir cela, alors que tes propres services de renseignements pataugent depuis des années ?

Alrianne fut quelque peu offensée par la remarque.

- Les G-Man possèdent l’Aura. Ils ont des moyens que je n’ai pas.

- Ils nous en ont rien dit ?

- Non. Ils veulent se charger eux-mêmes des rebelles, pour avoir tout le mérite. Dois-je les arrêter ?

Xanthos s’adossa à son trône et réfléchit. Ça ne le dérangeait pas que les G-Man prennent des initiatives, même s’il aurait préféré être averti. Et puis… Xanthos était las d’avoir ses mains trempées du sang de ses anciens camarades.

- Non, fit-il finalement. Laissons-les faire le sale boulot s’ils y tiennent. Ce sera la preuve, pour les Pokemon qui doutent encore de leur loyauté, qu’ils me sont entièrement dévoués.

- Bien. Mais j’ignore s’ils comptent faire des prisonniers ou non. Y’a-t-il quelqu’un que tu souhaites garder en vie, pour l’exécuter toi-même ensuite par exemple ?

- J’ai déjà donné avec monsieur Régis, soupira Xanthos. Qu’ils fassent comme ils l’entendent, tant que plus aucun humain n’ose me défier.

Ce n’était visiblement pas la réponse qu’Alrianne attendait. Elle le regarda de ses yeux orangés avec un air sévère, comme durant leur enfance.

- Tu fuis encore, lui reprocha-t-elle. Tu ne veux pas découvrir la vérité sur ce Willen.

- C’est pas que je ne le veux pas, se justifia Xanthos. C’est qu’elle m’indiffère. Que cet enfant soit de moi ou non n’enlève rien au fait qu’il doit disparaître, ainsi que tous ceux qui le suivent. N’avons-nous pas juré de renier toutes nos familles, tous nos amis, toutes nos connaissances, pour accomplir ce qui doit être accompli ?

- Tu pourrais tenter d’en faire un subordonné, insista Alrianne. Son nom est puissant. Il pourrait t’assurer une domination durable des humains.

- C’est ça… Avec tout ce que Régis, Salia et ceux avec qui il a grandi lui ont sans doute dis sur moi ? La haine doit couler dans son cœur, et à juste titre. Non, grande sœur. La lignée des Chen doit disparaître. Et pour se faire, Terrence aussi devra périr. Il était proche de toi, si je me souviens bien. Ça ne te fait rien ?

Xanthos lui retourna la situation dans laquelle elle l’avait mise, à ressasser le passé et leurs sentiments enfouis. Mais Alrianne secoua la tête, toujours aussi stoïque.

- Terrence Wasdens avait une place dans mon cœur, oui. Mais le cœur, j’y ai renoncé quand j’ai décidé de te suivre. Je ne suis plus qu’une main, désormais…

Elle se leva pour s’en retourner comme elle était venue, se mouvant dans les ténèbres avec grâce. Xanthos soupira quand la porte se referma, et ce soupir fut repris par quelqu’un d’autre derrière le trône.

- Je sais ce que tu te dis. « Aaaaah, les femmes », hein ?

Le Seigneur Protecteur ne se retourna même pas pour vérifier qui était là. Outre le fait qu’il avait immédiatement reconnu cette voix ironique aux allures enfantines, il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait ainsi apparaître comme si de rien n’était derrière lui.

- Tu as tout entendu ? Demanda-t-il.

- Oui, mais je savais déjà tout. Cette chère Alrianne n’est pas la seule à avoir deux trois taupes chez nos amis G-Man.

L’individu qui émergea de l’ombre était un jeune homme, semblant à peine sorti de l’adolescence, aux cheveux bruns-roux ébouriffés. Outre son uniforme noir richement brodé, il portait un pendentif jaune et vert autour du cou. Il s’adossa négligemment sur le rebord du trône de Xanthos.

- Salia sera là-bas, tu sais ? Continua le jeune humain. C’est grâce à la petite G-Man qu’elle a recueilli avec Zeff que nos G-Man ont pu les traquer, directement jusqu’à la planque des résistants.

- C’est censé me faire quelque chose ? Argua Xanthos.

- J’aurai pensé que tu te serais déplacé, façon de la revoir une dernière fois.

- Je n’en ai nul besoin. Mais toi, si tu en as envie, ne te gène pas.

L’humain au pendentif éclata de rire.

- Salia est constamment auprès de moi désormais, et ce depuis seize ans. Son corps physique ne m’intéresse pas… surtout qu’il a dû pas mal vieillir. C’est là le triste sort des pauvres mortels qui n’ont pas reçu l’Eternité. Je crois qu’elle nous serait même reconnaissante de la tuer maintenant, tant qu’elle n’est pas encore trop infirme.

Il ricana à nouveau, et Xanthos se tourna vers lui en fronça les sourcils.

- J’essaie de feindre l’indifférence quand on parle d’eux, mais ça me fait toujours aussi mal au fond de moi. Mais toi Sulin, tu en rigoles de bon cœur, comme si plus rien de tout ça ne pouvait t’atteindre. Comment fais-tu ?

- Je ne fais rien. Je me contente d’être comme je suis toujours.

- Un monstre, acheva Xanthos. Un sociopathe pour qui la vie n’a aucune valeur.

- C’est tout à fait ça oui, acquiesça Sulin sans aucune gène. Mais c’est pour ça que je suis avec toi aujourd’hui, et non avec Salia.

Il prit le masque de Xanthos sur le rebord du dossier du trône et joua avec en le jetant dans les airs et en le rattrapant.

- Cet Empire que nous avons crée est pour moi le terrain de jeu idéal. Accomplis donc ta tâche de Sauveur du Millénaire. Rends les Pokemon plus forts. Bats l’Ennemi. Sauve le monde. Tout cela, ça me barbe, à moi. Je vais me contenter de m’amuser, et de repousser les limites de ce que je suis plus loin que personne ne l’a jamais tenté.

Il tendit la main pour rattraper une nouvelle fois le masque, mais ce fut celle de Xanthos qui fut plus rapide. Il le remit sur sa tête.

- Fais donc. Mais souviens-toi d’une chose, mon ami : en tant que Sauveur du Millénaire, l’Ennemi n’est pas forcément mon seul adversaire. Tous ceux qui tenteront de causer du tort à ce monde le seront. Même si c’est toi.

Sulin éclata de son rire aigu et enfantin.

- J’ai peur, j’ai peur ! N’aie crainte mon vieux, je ne prévois pas de détruire le monde, de le remodeler à mon image, ou ce genre de conneries que proclamaient tous les abrutis maléfiques et égocentrique qu’on a pu affronter avant. C’est d’une ringardise affligeante. Et surtout… c’est un manque d’ambition accablant.

Il s’éloigna dans l’ombre de la grande salle, laissant survivre son ricanement un bon moment, et Xanthos se dit une énième fois qu’entre les résistants et Sulin Chen, c’était sans aucun doute le second qui était le plus à craindre.


***


Si Scalproie avait regretté d’être venu dès qu’il avait mis le premier pied dans le Bois aux Chênes, maintenant qu’il était entouré d’une dizaine d’humains en arme qui le tenaient quasiment en joug, il le regrettait encore plus. C’était insultant, et surtout risible, étant donné que leurs armes à projectiles ne lui feraient qu’un petit impact sur son corps en acier. Mais Zeff lui avait demandé de laisser faire et de la jouer cool. Il était normal que les résistants se méfient des Pokemon, dont la grande majorité étaient devenus leurs ennemis.

Surtout qu’ils avaient avec eux une G-Man, ce qui n’arrangeait pas les choses. Les résistants gardaient en effet un très mauvais souvenir des G-Man. C’était à cause de leur trahison que Régis Chen, leur fondateur, avait trouvé la mort il y a une dizaine d’années. Scalproie pouvait supporter que ces idiots d’humains braquent leurs armes faiblardes sur lui, mais il avait prévenu d’emblée : s’il voyait un seul flingue pointé sur Six, l’arme en question serait immédiatement coupée en deux, avec probablement une partie de la main qui la tenait.

- Sérieux les gars, je pensais que Salia vous avait prévenu de notre arrivée non ? Tenta une nouvelle fois Zeff.

Salia avait été amenée une nouvelle fois vers les leaders de la résistance, plus loin dans la forêt, mais les humains avaient refusé de les laisser passer eux. Ils devaient rester là et être intimement surveillés le temps que Willen Chen et les autres donnent leur autorisation.

- Y’a pas un d’entre vous qui saurait reconnaître ma gueule ? J’ai pourtant bossé pendant un paquet d’années pour la FAL…

Un jeune homme qui le tenait en joug s’avança d’une façon qui se voulait menaçante.

- Tu la fermes, grand-père. On a aucune raison de connaître les vieux cons qui ont laissé Xanthos foutre le bordel dans le monde entier, et encore moins ceux qui se trimballent avec un foutu Pokemon à leur côté !

Zeff ne fut bien évidement pas impressionné le moins du monde.

- C’est quoi ton nom, gamin ? Demanda-t-il calmement.

- Qu’est-ce que ça peut te foutre ?

- Terrence Wasdens, ça te dit quelque chose ? C’est un de vos chefs je crois. Il se trouve que je connaissais bien ses parents. Un petit mot de ma part, et il se peut que tu sois en première ligne lors de la prochaine bataille, à faire dans ton froc face à une rangée de Pokemon qui n’auront d’autre envie que de te bouffer.

Le jeune homme ne sut pas trop s’il devait le prendre au sérieux ou non, et dans le doute, il préféra baisser les yeux et reculer. Scalproie savait bien sûr que c’était une menace en l’air. Zeff n’était pas du genre à se servir de sa réputation pour bousiller quelqu’un. Il le faisait généralement lui-même, avec son poing. Finalement, au bout d’un moment, un résistant plus âgé et visiblement plus gradé arriva, et demanda à ses hommes :

- OK les gars, repos, on se détend, ces gars là sont cleans. De toute façon, s’ils ne l’étaient pas, vous serez tous par terre en petits morceaux.

Zeff sourit et serra la main au nouveau venu, un homme aux cheveux rouges flamboyants dans la force de l’âge.

- C’est moi ou vous devenez de plus en plus parano, Pavis ?

- Quand on combat un Empire mondial, faut prendre deux trois précautions, m’sieur Feurning.

Ren Pavis était un ancien champion d’arène de Kanto, et un fidèle de Régis Chen de la première heure. Zeff avait parfois combattu à ses côtés, il y a de ça des décennies. Dresseur de type Feu aguerri, il avait su conserver l’amitié de son Pyroli malgré la révolution des Pokemon, qui était devenu pour lui ce que Scalproie était pour Zeff. Le Pyroli en question marchait à ses côtés d’ailleurs, et Zeff le salua également. Ce Pokemon, il le connaissait depuis bien plus longtemps que Ren Pavis lui-même. Il avait jadis appartenu à la mère de Salia, un des premiers membres de l’ancienne équipe de Zeff dans la Team Rocket. Et comme Pyroli n’avait plus vu Zeff depuis le début de la révolution de Xanthos il y a seize ans, il fit un temps d’arrêt et cligna des yeux.

- Oh… Je ne t’avais pas reconnu sur le coup, dit-il. Tout ce blanc sur ton visage…

- Ta gueule, foutue bestiole, répliqua Zeff sans être offensé. T’es plus tout jeune toi non plus, je te signale. Sans le fragment d’Eternité de Xanthos, tu serais sans doute six pieds sous terre aujourd’hui.

- En revanche, ton langage n’a pas changé lui, c’est rassurant, continua le Pokemon Feu.

- Non, mais son cerveau a pris un coup lui aussi, ajouta Scalproie. Il oublie de plus en plus de trucs, c’est flippant.

- Tu m’en diras tant. Ren aussi semble avoir des ralentissements mémoriels de temps à autres.

Le Ren en question échangea un regard avec Zeff.

- Je les appréciais bien plus quand ils répétaient seulement leurs noms à longueur de journée, les Pokemon, dit-il.

- Ouais, quitte à ce qu’ils gouvernent le monde, le gamin aurait pu se passer de leur conférer l’usage de la parole, approuva Zeff. Bon, on a enfin le droit de passer ?

- Scalproie et vous, oui. Mais cette gamine m’inquiète. Ce n’est pas prudent de laisser une G-Man entrer chez nous…

- Arrête ton char, vieux, répliqua Zeff, agacé. Elle a dix ans. Qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse ?

Scalproie remarqua que Zeff n’avait nullement signalé que Six, malgré son âge, pouvait déjà se servir de ses pouvoirs G-Man. Scalproie en savait quelque chose, vu que c’est lui qui l’entraînait. Bien qu’ils ignoraient encore de quel Pokemon elle était la G-Man, elle présentait des capacités de type Acier évidentes.

- Je serai gentille, monsieur, ajouta Six.

Alors que jusque-là, tous les résistants s’étaient tenus à distance de la fillette avec des regards de dégoût évident, Ren lui se baissa pour se mettre à sa hauteur et lui tapota la tête avec un sourire paternel.

- Je n’en doute pas, ma douce.

Il se releva et glissa à l’oreille de Zeff.

- C’est pas d’elle que je m’inquiète, c’est de nos hommes. Beaucoup d’entre eux ont perdu des proches quand les G-Man nous ont trahi. Cette fille ne rencontrera que de la peur voir de la haine parmi nous.

- Alors vous vous êtes mis à raisonner comme les Pokemon de l’Empire ? Intervint Scalproie. Les amalgames à fond ? Si eux pensent que tous les humains sont forcément des abrutis destructeurs, pour vous, tous les Pokemon sont des usurpateurs meurtriers et tous ceux qui ont eu le malheur de naître avec des pouvoirs G-Man sont des traîtres à mépriser ?

Ren Pavis le regarda avec des yeux sombres et las ; des yeux d’un homme qui en avait vu beaucoup trop.

- Ce qui se joue là est une guerre basée sur la haine de l’autre, messire Scalproie. Nous le regrettons, mais ce n’est pas nous qui l’avons débuté. Après tant d’années de combat, de morts injustifiés et d’horreurs perpétrées par le camps de Pokemonis, il est naturel de raisonner par l’émotion et plus par la raison.

- Nous ne resterons pas longtemps, de toute façon, lui assura Zeff pour calmer le jeu. On a promis à Salia de vous aider, mais on le fera tous seuls, de notre côté. C’est comme ça qu’on marche. Et le premier qui regardera Six de travers, il lui coupe les couilles.

En disant cela, Zeff caressa sa pistolame en argent. Ren sourit à nouveau.

- Essayez d’éviter ça, s’il vous plait. La natalité des humains qui se battent contre l’Empire est vivement encouragée. Si un jour nous n’arrivons plus à faire assez d’enfants, là c’est clair, les Pokemon deviendront la race dominante de cette planète à jamais.


***


Pour sa première mission officielle, Cliff aurait largement préféré rester debout immobile devant le trône du Seigneur Xanthos que d’aller affronter les résistants. Non, affronter n’était pas le terme adéquat. Il s’agirait d’un massacre pur et simple. Le Grand Maître Clément avait dépêché un groupe de quarante G-Man, dont de nombreux vétérans, comme le Seigneur Kenda, ou la propre mère de Cliff, Lady Cathy. Certes, les résistants étaient bien plus nombreux dans ces Bois aux Chênes, mais si on estimait qu’un seul G-Man valait cinquante humains, le rapport de force était clairement inégal. De plus, l’effet de surprise serait total.

Même s’il savait qu’ils avaient largement l’avantage, le jeune homme ne pouvait s’empêcher d’être mal à l’aise dans cette forêt. Le nombre et la taille des chênes faisaient que même en plein jour, le soleil avait du mal à percer. Il y régnait aussi une tension étrange. Cliff n’aurait pas pu définir ça avec l’Aura. C’était au-delà de l’Aura, quelque chose qui pouvait s’apparenter comme avoir « un mauvais pressentiment », une chose typiquement humaine à laquelle les G-Man n’étaient pas familiers. Et Cliff n’était visiblement pas le seul à ressentir ça.

- Elle donne la chair de poule, cette fichue forêt, maugréa Siquilée, la seconde fille de Lord Argoin.

- Le Bois aux Chênes est un très vieil endroit, dont on dit qu’il est protégé par Celebi, la Voix de la Forêt. Un lieu qu’ont tendance à éviter les Pokemon, même les plus fanatiques qui croient dur comme fer que les Pokemon Légendaires n’oseront pas se soulever contre Xanthos. Et du coup, une planque idéale pour les contestataires.

Celle qui venait de parler était Lady Cathy Destra, la mère de Cliff, ancienne amante du précédent Grand Maître Sacha Ketchum, et G-Man de Mentali. Même si elle n’était pas une G-Man du genre qui brillaient par leurs talents aux combats, elle était respectée de tout l’Ordre en raison de son incroyable capacité de pouvoir lire dans les esprits, et de projeter sa voix dans ceux des autres, ce qui lui avait valu le titre d’Inquisitrice. L’étendue de son réseau mental était telle qu’elle pouvait capter les pensées à plusieurs mètres à la ronde, ce qui la rendait indispensable dans les missions d’infiltration.

Mais au-delà de ses pouvoirs de G-Man, la mère de Cliff était aussi une véritable encyclopédie vivante, possédant un nombre de connaissances hallucinant, du fait sans doute de son passé d’inspectrice spéciale des Forces de Police Internationale, une ancienne organisation mondiale opérant dans quasiment tous les domaines pour faire respecter l’ordre et la paix ; un peu comme les G-Man en somme, mais sans leurs pouvoirs. Venorlume et elle étaient vite devenus très amis grâce à ça. Bien qu’elle ait les soixante ans passés, Cathy laissait encore transparaître les traces de sa jeunesse, avec sa chevelure mauve brillante, ses yeux perçants où brillaient une infinie intelligence, et son visage sans ride. Un truc purement G-Man ; ces derniers étaient encore considérés comme jeunes à soixante ans, grâce à leur durée de vie supérieure aux humains normaux.

- Vous croyez que ce Celebi va s’en prendre à nous, ma dame ? S’inquiéta un autre G-Man. On dit qu’il peut voyager dans le temps, et même envoyer les autres avec lui.

- Justement. Si Celebi se serait soucié d’intervenir contre l’Empire Pokemonis dans ce conflit, il aurait pu le faire dès le début grâce à ses pouvoirs temporels. Les Seigneurs Protecteurs ont beau être surpuissants, ils ne pourraient rien faire si Celebi décidait de les emprisonner dans le futur, ou de remonter le temps pour les arrêter dans le passé. Comme il n’en a rien fait, c’est qu’il compte rester neutre, comme la majorité des autres Pokemon Légendaires.

Si l’argument de sa mère rassura un peu les G-Man les plus impressionnables, Cliff resta toujours sur ses gardes, à visionner frénétiquement les alentours avec l’Aura pour repérer d’éventuels êtres vivants. Mais les présences des résistants étaient encore bien loin, et étaient du coup quasi-indiscernable. Pour se repérer et continuer d’avancer vers eux, les G-Man suivaient une présence toute particulière : celle, inexpérimentée, d’une jeune G-Man particulièrement puissante qui ne savait pas encore dissimuler son Aura.

- On a aucune info sur cette gamine G-Man qui est avec les résistants ? Demanda le Seigneur Melgrist.

- Aucune, si ce n’est qu’elle a acquis ses pouvoirs il y a peu et qu’elle voyage avec Zeff Feurning et Salia Chen, répondit l’arrogant Lord Fushard. Il y a peu de chance qu’elle soit apparentée à un membre de l’Ordre. C’est probablement une naturelle.

Fushard avait énoncé ce mot comme une insulte, ce qui fit froncer les sourcils de Cliff. Les G-Man qui, comme Fushard, tiraient orgueil de leur longue lignée, considéraient avec le plus grand dédain ceux qui étaient devenus G-Man par chance, par hasard de la génétique, sans ascendance G-Man antérieure. Pour eux, les naturels étaient des G-Man inférieurs. Ce qui, du point de vue de Cliff, était totalement débile. Il connaissait plein de G-Man naturels qui n’avaient rien à envier, niveau pouvoir, aux G-Man de pures lignées. Sa propre mère par exemple… Mais Lady Cathy laissa passer le ton insolent de Lord Fushard.

- Naturelle ou pas, cette fille est des nôtres, prévint-elle cependant. Comme elle est encore jeune, on pourra sûrement rattraper ce que Zeff et les autres ont pu lui mettre dans la tête. Le Grand Maître a donc précisé qu’elle se doit d’être capturée sans qu’aucun mal ne lui soit fait. Est-ce clair ?

Tout le monde hocha la tête, sauf bien sûr le Seigneur Kenda, qui n’approuvait jamais quand les ordres étaient d’épargner quelqu’un, sauf si c’était pour le torturer ensuite.