Chapitre 8 : Il n'y aura qu'un gagnant
Après être revenu du distributeur, Samuel s’installa sur un banc au calme, dans les vestiaires. En face de lui, de l’autre côté de la pièce, Coleene avait fait de même. Mais, fatigué par ses trop nombreuses nuits blanches, il finit par s’assoupir.
==
Le jeune homme se retrouva dans un endroit qu’il ne connaissait que trop bien. C’était une grotte au sol sablonneux, aménagée en une grande salle d’entraînement. L’abondance de néons rendait l’endroit beaucoup trop artificiel, malgré l’aspect naturel des parois. Conscient de rêver, le brun sembla surpris. Celui-là, ce n’était pas un souvenir. Il n’avait jamais vécu ça un jour.
— Je suis pleinement désolé, Grégory, lança une voix qu’il reconnaissait, derrière lui…
Samuel se retourna. En face de lui désormais, se tenait un vieillard en kimono traditionnel. Petit, chétif, on aurait pu croire qu’un souffle suffisait à le briser. Pourtant, son visage plissé par les années dégageait une terrifiante force. À son côté dépassait le fourreau rouge sang de son sabre.
— … Je pensais que te transmettre tout mon savoir te permettrait de t’échapper de cette spirale de destruction. Je me suis trompé. Ça t’a mené sur une voie bien plus sombre encore.
Par réflexe, le jeune homme s’agenouilla devant son maître. Il n’en revenait pas. Le revoir maintenant, c’était inespéré.
— Maître Wu ! Mais… Mais comment ?
— Ne te méprends pas, Grégory. Je ne suis pas celui que tu crois.
Les yeux humides, l’adolescent fronça les sourcils.
— Pardon ?
— Je ne suis qu’une image rémanente dans ton esprit. Tu parles seul, ici.
N’y croyant pas, le jeune secoua la tête.
— Non. Non. Non. Je refuse d’y croire. Pourquoi alors, je vous ferais apparaître dans mes rêves ?
— Tu cherches une nouvelle voie à suivre, expliqua alors le sage, l’air attristé. Tu crois pouvoir la trouver dans mes enseignements. Mais malheureusement, ça ne servira à rien.
D’un coup, les murs commencèrent à se liquéfier. Craignant de perdre à nouveau son mentor, le jeune homme paniqua.
— Maître, ne partez pas ! Vous étiez mon seul allié là-bas ! J’ai encore besoin de vous !
— Je ne peux pas, Grégory, et tu le sais…
Alors que le vieillard disparaissait lui aussi dans les flots, ses derniers mots, pourtant comme des murmures, parvinrent aux oreilles de son élève. En vérité, celui-ci le savait depuis bien longtemps.
— … Je suis mort, ce jour-là, rappelle-toi. Tu dois trouver ton chemin seul désormais.
==
Lassée d’attendre qu’il se réveille de lui-même, Coleene vida une bouteille d’eau sur le visage de Samuel. Il ne fallait déconner non plus, la finale commençait dans à peine cinq minutes.
— Hey ! Grosse feignasse, tu te réveilles ?!
L’effet fut immédiat, et son partenaire s’éveilla aussitôt, trempé.
— C’était obligé ça ?! bougonna le brun, encore à moitié somnolant.
— Ouais ! H moins cinq minutes, l’immigré !
Le jeune homme s’essuya le visage avec la mouchoir que lui tendit la fille. Si une partie de l’eau venait de la bouteille, l’autre provenait bien de ses yeux rougis. Ce rêve était beaucoup trop étrange. Il nota mentalement d’en parler à Gallame quand ils rentreraient à la pension.
==
Les deux adolescents attendaient derrière la porte du stade. Coleene patientait, adossée contre le mur adjacent, le nez dans son téléphone. Samuel lui, se balançait légèrement d’avant en arrière.
— De ce que m’a dit Sophia, commença le brun en voulant faire la conversation. Un des types qu’on va affronter : Henry. Il est bon, très bon même.
— Pff. C’est logique qu’elle dise ça, elle couche avec…
Ne s’y attendant pas, le jeune homme manqua de s’étouffer. Il se reprit aussitôt.
— Bon stratège ! Je disais qu’il était bon comme stratège !
— Je sais, réaffirma la jeune fille, sèchement. Et ce que j’ai dit n’en est pas moins valable. Son jugement est complètement biaisé par ses sentiments. L’amour rend aveugle, tu savais pas ?
Haussant un sourcil, le sinnohïte sembla perplexe.
— Ah, parce que tu t’y connais en sentiment amoureux ?
Soudain prise au dépourvu, sur un sujet qu’elle ne voulait pas aborder, la fille d’Edgar s’énerva un peu plus.
— Bien assez, figure-toi !… Et puis, ce n’est pas le sujet ! Peu importe qu’il soit bon stratège, ou bon tout court ! À deux, on le surpasse dans tout les domaines !…
Se calmant à nouveau, elle soupira.
— … Il n’a même pas fait de voyage initiatique, en plus. Ce serait la honte qu’il nous batte.
— D’accord, d’accord. Mais tu as un plan, au moins ?
— Ouais, acquiesça-t-elle, pour une fois. J’ai toujours un plan ou deux de prêt. T’inquiète pas, l’immigré.
Le sinnohïte leva les yeux au ciel. Décidément, sa partenaire avait du mal avec le travail d’équipe.
— Ah oui ! J’en fais partie au moins ?
— Ouais, ouais. Contente-toi d’envoyer un pokémon insensible à la tempête de sable. Sa momartik a pris pas mal de dégâts en demi-finale. Donc, en toute logique, il devrait envoyer Gigalithe. C’est son second plus puissant. Il devrait être facilement gérable, mais avec Sable-Volant, ça pourrait se compliquer.
— OK. J’ai ça en stock.
==
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Voici enfin le tant attendu match final de ce tournoi d’intégration ! D’un côté, le très puissant duo Henry Slayton – Benedict Wong, tout deux vainqueurs de nombreux tournois l’année passée ! »
Le fameux Henry, vingt ans, salua joyeusement la foule d’un signe de la main. Possédant de lointaines racines anglaises, il avait gardé de celles-ci, l’élégance vestimentaire de ses aïeux. Un costume en tweed composait le principal de sa tenue, surplombant ainsi chemise et veston, comme à son accoutumée.
Son partenaire, quant à lui, était un jeune asiatique bien portant. Un peu trop geek, il arborait un de ces vieux T-shirt avec une référence geek dessus.
« De l’ autre, face à eux, les non moins méritants Samuel Hansell et Coleene Dorgman ! On dirait bien que cette année, les premières années sont prêts à en découdre avec leurs aînés ! »
Samuel fit aussi un signe au public. Retournés auprès des jumeaux, les filles lui répondirent de même. À ses côtés, comme d’habitude, Coleene attendait le début de l’affrontement les mains dans les poches.
« Néanmoins, je vous dois la vérité. Cette finale sera un peu différente des précédentes. Les amis d’hier seront les ennemis d’aujourd’hui. Vous vous affronterez jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un ! Cette fois, il n’y aura qu’un gagnant ! »
La surprise s’empara du public. Abasourdis, les quatre compétiteurs se dévisagèrent l’un l’autre. Une bataille royale en finale, c’était une première. Ça changeait toutes les affinités de types entre leurs pokémons.
Pour une fois, les deux jeunes de la pension s’échangèrent un regard entendu.
— On va enfin pouvoir finir ce qu’on avait commencé l’autre soir ! s’enjoua Coleene, avec un sourire de défi. Et t’as intérêt à y aller à cent pourcents, cette fois !
Samuel amusé, ricana.
— Rêve pas trop ! J’ai pas envie de finir ce match en deux secondes.
— Mais quel crâneur ! Tu vas voir ! Je vais vite te faire regretter d’avoir sortit ça !
Réajustant ses montures du bout du doigt, Henry laissa glisser une poké-ball au sol, d’où sortit, comme prévu, un gigalithe. Ses pics brillaient d’un rare éclat bleu, le pokémon était shiny. À ses côtés, le dénommé Benedict invoqua un pokémon étrange, qui disparut aussitôt dans le sol de l’arène. Il ne laissa derrière lui qu’une petite pelle rouge, plantée dans le sable.
La jeune fille comprit aussitôt, et hocha la tête.
— Trépassable. En effet, c’est pas con.
— C’est clair qu’il est dans son élément, ici, commenta le brun.
Samuel lança la poké-ball de Lucario. La faiblesse sol, l’immunité combat : ça ne lui faisait pas peur. À son tour, son ancienne partenaire dégaina une hyper-ball de sa ceinture. En sortit un roserade.
Un roserade ?! Jamais le jeune homme n’aurait imaginé que la jeune fille possédait un tel pokémon. Si classiquement féminin, si subtil dans ses attaques. Bien loin des gros bourrins, traditionnellement masculins, qu’elle avait pu sortir auparavant.
Il haussa un sourcil, mais s’abstint de tout commentaire. Il en était mieux ainsi pour sa santé.
« Que les hostilités commencent ! »
Aussitôt, un vent puissant se mit à souffler le sable de l’arène. Rapidement, l’air se chargea en poussière, et on ne vit bientôt plus rien du terrain d’affrontement. Le talent Sable-Volant de Gigalithe s’était activé.
— Putain de tempête de mer… ATCHAAA ! grogna Coleene, en éternuant, malgré qu’elle se soit protégée avec sa main. Roserade ! Noeud-Herbe sur Gigalithe !
Bien que gêné lui aussi par les conditions météo, le pokémon s’exécuta. Il fondit à l’aveugle sur la dernière position connu de son adversaire. Mais il ne trouva rien que des empreintes.
Le sable s’enfonça soudain sous ses pieds.
— Avale-le ! hurla l’asiatique, tout proche.
Le type spectre était sous lui. Agissant de lui-même, le type plante dégaina un Feuille-Magik en direction du sol. Ça n’eut pas grand effet. Deux châteaux de sable apparurent autour de lui.
La voix de Samuel s’éleva alors, plus lointaine. Trop pour qu’elle soit audible par le pokémon Bouquet.
— Désolé, je m’incruste !
D’un coup, un véritable boulet de canon récupéra Roserade au vol. Boosté par une combinaison Vitesse-Extreme/Vol-Magnétique, le pokémon Aura en profita pour le frapper d’un Pisto-Poing bien placé. À cette vitesse, le type poison fut propulsé au loin.
— Je vois qu’on veut faire la fête sans moi ! souffla l’anglais, faussement vexé. Gigalithe, empale-moi tout ça !
Des pierres tranchantes transpercèrent alors le stade un peu partout. Trépassable fut touché. Roserade aussi, bien que légèrement.
Seul restait Lucario, qui les ayant toutes évitées, retourna en pleine forme à la charge.
— Fouets Obscurs !
En pleine course, le loup bipède forma une Vibrobscur. Mais celle-ci était particulière. Au lieu de partir en une large onde, elle forma deux longs filaments énergétiques à l’extrémité de ses mains. Ses véritables fouets crépitaient, grésillaient comme le fil d'une ampoule. Ils étaient parcourut d'étincelles noires, tels les plus sombres desseins.
Le pokémon les lança alors sur Gigalithe, qu’il avait repéré dans sa tempête. Le type roche évita sans grande difficulté le premier. Néanmoins, le second vint s’enrouler autour de sa patte droite. L’énergie en émanant lui fit pousser un gémissement de douleur.
Ramenant le câble à lui, le type combat propulsa son adversaire en l’air avec une force inouï. Malgré son poids, ce dernier fut projeté à plusieurs mètres au-dessus du sol. Et un court instant, la tempête qui l’entourait le suivit.
Le type roche percuta enfin le sol, mal en point.
Profitant du bref regain de visibilité, Benedict passa à l’attaque.
— Trépassable, Telluriforce !…
D’un coup, le sol se mit à trembler. Une bosse se forma sous Gigalithe. Et il y eut une explosion.
Suffisante pour finir de lui ôter toutes ses forces. Définitivement K.O, la tempête
disparue pour de bon.
— Holy shit ! commenta Henry, déçu.
Une nouvelle explosion retentit sous Lucario. Lévitant encore, le pokémon ne reçu que peu de dommage. Mais le souffle fut suffisant pour le déstabiliser.
— Giga-Sangsue !
Le château de sable surgit du sol. Comme avec des mains, il saisit le loup de ses deux tours jumelles, et commença à l’engloutir. Rapidement, le premier pompa l’énergie vitale du second.
— Lance-Soleil ! hurla Coleene, y voyant une opportunité…
À l’autre bout du terrain, le type plante avait déjà chargé ses roses de lumière. Il tira alors un fantastique faisceau d’énergie sur ses adversaires. Les deux furent touchés équitablement. Mais le type sol, désavantagé, en souffrit bien plus.
— … alors, on m’avait oublié !
— Mais t’inquiète pas, répondit Samuel, amusé. Ton tour arrive bientôt !…
Sur ces mots, son pokémon s’arracha des griffes de son ennemi d’un Poing-Glace précis. Sautant, mais retombant non loin, il plongea alors son bras dans le sable. Le type combat en extirpa un Trépassable affaiblit. Il l’avait agrippé par la pelle qui lui servait de radar.
De son côté, Roserade préparait un autre Lance-Soleil.
Quand celui-ci tira à nouveau dans sa direction, le loup se servit de sa prise comme bouclier. Cette attaque eut raison pour de bon du type sol. N’en ayant plus l’utilité, Lucario jeta le corps inanimé de son adversaire derrière lui.
« Trépassable est K.O ! »
— … À nous deux, maintenant ! affirma le brun, soudain sérieux.
Son ancienne alliée hocha la tête. Son sourire, si rare chez elle, trahissait son envie d’en découdre avec lui.
Chacun d’un bout du terrain, leurs pokémons se jugeaient du regard, attendant les ordres.
La fille d’Edgar fit craquer ses phalanges.
— Très bien !… Roserade, vas-y !
Passant aussitôt à l’attaque, le pokémon bondit sur son adversaire. Lucario se prépara à le recevoir. Il fit briller son poing d’une lueur métallique.
Mais, au dernier instant, le type plante changea de trajectoire, et s’engouffra dans le sol.
— Tu n’es pas au courant qu’il peut le localiser ? commenta Samuel, étonné.
— Si, justement. J’y comptais.
Au moment où le loup plongea sa patte dans le sable, une graine se planta au revers de celle-ci. Immédiatement, ses racines pénétrèrent sa chair. La douleur lui arracha un noble grognement.
Ne s’y attendant pas, le brun haussa les sourcils.
Le type combat sonda à nouveau le sous-sol. Il en comptait déjà des dizaines, rien qu’autour de lui. Et ce nombre ne faisait qu’augmenter. Roserade essayait de l’aveugler.
La graine sur sa patte commença à extraire son énergie. Cela brisa sa concentration. Profitant de sa faiblesse, le type plante sauta hors du sable derrière lui. Ses fleurs luisaient, il l’attaquait cette fois.
Cependant, ce n’était pas suffisant pour briser sa garde. Le prenant de vitesse, Lucario pivota sur lui-même. Enfin assez proche, il lui asséna un puissant coup de paume.
Le type plante vola en arrière. Affaiblit, il se réceptionna avec difficulté. Heureusement, la Vampigraine lui transféra encore de l’énergie.
Aussitôt, le loup contre-attaqua. De sa patte valide, il tira un Luminocanon. Mais au lieu d’un laser long, il le concentra en un tir court, proche de celui d’un pistolet. Roserade en évita un premier, puis un deuxième. Mais le troisième le toucha au genou. Bien que blessé, il esquiva ceux qui suivirent.
Ne se laissant pas abattre, le pokémon relança un puissant Lance-Soleil, que le loup dévia en partie avec son avant-bras infecté. Sous la puissance du faisceau, la graine lâcha sa prise.
— Merde ! jura Coleene.
Samuel lui, affichait un léger sourire satisfait. Un adversaire qui perdait son sang-froid était un adversaire qui était déjà vaincu. Bien qu’il ne fut pas sûr que cette théorie s’appliquait à son ancienne partenaire.
Le type poison recommença. Cependant, cette fois, le rayon était moins concentré. Il était ainsi plus difficile de le contrer. Pendant qu’il tirait en continu, le pokémon se rapprocha, couvert par son attaque. La lumière éblouissait son adversaire.
Une fois assez près de celui-ci, Roserade planta une nouvelle graine au niveau de son thorax. Ici, l’énergie serait plus vite pompée. Il en avait bien besoin.
Jetant un œil discret à sa montre, le brun ordonna soudain.
— Ça a assez duré… Lucario, finissons-en !
Sur ses mots, son pokémon fit briller ses poings de cette même lueur métallique. Mais elle était bien plus intense qu’auparavant. Roserade n’eut même pas le temps de bouger.
Alors à bout portant, Lucario descendu son adversaire d’un double Luminocanon. La déflagration en fit trembler l’arène, et le public avec.
Le sable se souleva autour, en cachant le résultat. Un silence pesant s’installa dans le stade. Y avait-il un gagnant ?
Coleene retint sa respiration. Elle ne voulait pas perdre, pas encore. C’était son honneur qui était en jeu ici.
Aussitôt le sable dissipée, l’arbitre reprit son micro, un peu perturbé.
« Roserade est K.O ! Samuel Hansell est vainqueur ! »
Vexée, la jeune fille serra les poings. Contrairement au match d’avant, elle ne quitta pas le stade cette fois. Samuel sourit, heureux tout de même d’avoir vaincu. Même si au fond, il le savait : dès le départ, la victoire lui était assurée.
Le brun lança un regard à sa terrible adversaire. Il aurait aimé la féliciter pour cet affrontement, mais il savait très bien que ça ne rimait à rien. Il avait volontairement fait durer le combat pour avoir un peu de plaisir. Si Lucario avait frappé avec toute sa force, il les aurait probablement tués.
Heureux du spectacle, le public ovationna les combattants, qui repartirent aussitôt dans les vestiaires.
==
Un podium fut rapidement installé au milieu du terrain, derrière lequel attendaient les dresseurs occupant les trois premières places du tournoi.
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! C'est avec un grand honneur que je remets aux vainqueurs un chèque cadeau valable dans toutes les boutiques des Centres Pokémons de Kalos.
Deux mille cinq cents pokédollars pour le 3éme : Benedict Wong ! »
Le jeune asiatique monta sur la troisième marche. Il salua les tribunes, et elles lui rendirent en l’applaudissant avec force.
« Cinq milles pokédollars pour la 2éme: Coleene Dorgman ! »
Arborant une mine renfrognée, Coleene sauta sur sa marche. Comme toujours, les mains dans les poches, elle ne fit aucun signe au public. Et pourtant, pas rancunier, celui-ci l’acclama.
« Et enfin, dix milles pokédollars pour le 1er : Samuel Hansell ! »
Le sinnohïte grimpa sur la plus haute marche, levant le poing en l’air. Dans les gradins, les filles de la pension et d’autres, sifflèrent de joie.
Tout trois reçurent leur prix, et le vainqueur eut même droit à une petite coupe dorée.
« On les applaudit tous bien fort ! »
==
Retourné dans les vestiaires, Samuel rangeait sa récompense dans son sac à dos. Il était pensif. Malgré tout, il aurait voulu remercier Coleene pour ce combat, mais il craignait sa réaction. Coleene ne lui avait plus adressé la parole depuis sa victoire. Elle était si fière. Le prendrait-elle mal ?
— Hey, l’immigré…
Peu surpris, le brun releva la tête. Il n’y avait qu’elle pour l’appeler ainsi. La fille d’Edgar se tenait devant lui, adossée contre un casier. Elle avait pris le temps de renfiler ses vêtements de moto.
L’adolescente lui tendit la main. Croyant qu’elle voulait le frapper, il eut un mouvement de recul.
— … Je te félicite pour ta victoire, avoua-t-elle, sincère. C’était un beau combat. Je t’en remercie…
Ils se serrèrent la main.
— C’est moi qui te remercie. Tu as été une adversaire admirable ! Tu n’as pas démérité ton titre de maître !
La mutante de feu afficha un léger sourire.
Quand leurs mains se séparèrent, l’adolescent retrouva un papier dans le creux de sa paume. Le chèque cadeau qu’elle avait reçu pour être arrivée deuxième.
— Mais qu’est-ce que… ? ne comprit-il pas.
— Je n’en ai pas besoin. Et c’est un peu grâce à toi que j’ai été en finale.
Gêné, le jeune homme se gratta la nuque.
— Oh merci ! Mais tu sais, c’est pas l’argent qui manque aussi chez moi.
— Ah. Eh bien, si tu n’en veux pas, donne-le à une asso caritative.
Ne lui laissant pas le temps d’en dire plus, Coleene quitta la pièce, son sac sur l’épaule. Encore surpris, Samuel resta un instant figé. Il n’en revenait pas. Elle lui avait fait un cadeau.
Décidément, cette fille était vraiment imprévisible.
==
Une fois en dehors de l'institut, les six adolescents se rejoignirent. Les jumeaux en profitèrent pour féliciter leurs camarades dans la joie et la bonne humeur. Enfin, pour cinq d’entre eux.
Hélas, ils ne virent pas que dans l'ombre, à une vingtaine de mètres d’eux, se dissimulait un individu qui les observait. Sous son long manteau noir à capuche, on ne pouvait voir, de son visage, qu’ un vague sourire sadique sur ses lèvres. C’était le commandant Pierce, Dreak Pierce.
Son téléphone collé à l’oreille, le soldat semblait heureux.
— Boss ! Désolé de vous importuner à une heure si tardive… Mission accomplie. Je l’ai retrouvée !… Mais vous ne devinerez jamais qui est le garçon !