(Fanfic concept qui devait faire partie d'une série de 10 one-shots tous basés sur une chanson de l'album de Mylène Farmer "Bleu Noir" à l'exception des Inséparables)
(Ce chapitre est donc basé sur la chanson
Oui mais... Non)
A chaque fois que je regarde cette Pokéball…
Je pense à ces moments que nous avons passés.
Ce temps pendant lequel je me suis acharné à te renforcer, à t’entrainer.
A endurcir ton corps, ton cœur et ton esprit.
Tu étais à la fois simple et brut. Un gravier que je rendrais diamant à force de le tailler.
Mon premier essai de dresseur.
Mon premier chef d’œuvre.
Quand j’envoie la Pokéball, tu apparais. Rattatac. Toi et moi avons passé tant de moments ensemble. Tu es devenu à la fois l’animal de compagnie, l’arme, l’ami, l’allié.
Nous sommes inséparables à présent.
Indissociables.
Chaque montée de ta puissance en combat me transporte. Je suis avec toi, derrière toi. Me sais-tu là, à prier pour que tu gagnes, à espérer que tu t’en sortes sans heurts et sans remords ?
Pourtant mon affection pour toi provoque en moi des réflexions inédites. A force de ne jurer que par toi, je vois la vie autrement. Maman dit que je mets trop d’efforts dans ton dressage.
Je veux juste que tu m’obéisses au doigt et à l’œil, que tu sois fort. Cela fait-il de moi un bon dresseur ? Cela fait-il de toi un bon Pokémon, le fait que tu sois si docile, si obéissant ? Non. Absolument pas. Tu es un Pokémon. Tu es comme moi. Tu n’as pas de « Raison d’Être » prédéterminée.
Si je te contrôle, tu n’« Es » plus. Tu n’es plus qu’un pantin de bois. Et je suis juste celui qui manipule tes fils.
Je ne veux pas de ça pour toi.
Je veux juste que tu combattes pour moi.
Le souhaites-tu vraiment ?
Je veux juste que tu gagnes pour moi.
… c’est vraiment quelque chose que je dois « attendre » de toi ?
Dois-je vraiment attendre quelque chose de toi ? Notre relation est-t-elle seulement basée sur un donnant-donnant ? Je t’élève, t’éduque, t’enseigne, et toi tu dois en retour gagner pour moi ?
C’est tellement ridicule.
Tu es mon ami, pas mon serviteur.
J’ai envie de briser cette Pokéball.
De voir les fragments voler.
Une part de moi veut te garder à mes côtés pour qu’on continue à se battre côte à côte.
Une part de moi se dit que tu fais un peu tout le boulot dans le combat et que j’ai tort de m’y associer comme ça. J’ai fait quoi, à part te dresser ? Mes efforts à moi se conjuguent à l’imparfait. Ils sont passés et achevés. Les tiens se conjuguent au présent immédiat. Moi je suis derrière toi et je gueule des mots incompréhensibles. Croc de mort ! Vive Attaque ! Grimace ! C’est ridicule.
Est-ce que je suis vraiment fait pour ça ?
Est-ce que cette routine ne serait pas en train de me tuer quelque part ?
Est-ce que ce ne serait pas toi qui aurais un ascendant sur moi ? Quand je te regarde, je sens que tu ne te poses pas toutes les questions que je me pose. Toi, tu te bats et tu aimes ça. Je le sens bien. Quand je te sors de cette Pokéball, tu es à l’affut. Tu cherches la bagarre. Et moi je te la donne.
Je me prends trop la tête. Et toi, au final, tu as peut-être tout ce que tu veux… Peut-être que c’est ce que tu veux, te battre sous mes ordres. C’est peut-être ta destinée au fond. Et moi je jongle avec des sentiments qui n’ont pas lieu d’être.
C’est peut-être moi, finalement, le « dressé » dans cette histoire…