Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Une Légende s'éveille... de Ramius



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 12/01/2019 à 10:38
» Dernière mise à jour le 12/01/2019 à 18:55

» Mots-clés :   Hoenn   Mythologie   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2 : Offres d'emploi
Le type du Centre d’Emploi devait commencer à connaître Arthur : ils se voyaient toutes les semaines, pour discuter d’un travail qui pourrait lui aller (à Arthur, pas au type). Pourtant, toutes les semaines, le type demandait à Arthur son nom, son bagage universitaire, tout. Et toujours sur le même ton monocorde. Arthur l’avait enregistré, quelques mois plus tôt, lors de deux rencontres consécutives, puis avait passé les deux enregistrements en même temps, chez lui. Il n’avait pas constaté beaucoup de dissonances.

Bon, alors aujourd’hui, j’ai une dizaine d’offres d’embauche à vous proposer… Caissier dans un supermarché, ingénieur hydronomique dans le service d’égouts de la ville, technicien de surface pour une copropriété du centre–ville…

– De quelle taille ?

– Je vous demande pardon ?

– La copropriété, je veux dire.

– Ah ! c’est l’immeuble d’habitation au coin de la rue de Kanto et de l’Avenue des Loisirs. Êtes-vous intéressé ?

– Cet immeuble-là ! Sûrement pas.

– Alors, il y a aussi…

Il était saoulant.

***
Après cette formalité, Arthur retrouva Max dans un bar du centre-ville, pour discuter de son projet d’entreprise. Max commença à lui expliquer sa vision de Hoenn.

Je suis parti d’un constat : dans cette région, tout le monde semble pourri. Les politiciens se corrompent et se laissent corrompre à tout bout de champ, les riches décident des impôts et même un supermarché rapporte des milliards quotidiennement quand on a un copain bien placé et bien entretenu. Je sais pas pour toi, mais moi ça me dégoûte.

– Pareil. Continue.

– Et à côté de ça, la population ne trouve rien à dire, parce que c’est soi-disant pire ailleurs. On nous dit que Hoenn et un endroit riche et paradisiaque, et on donne au peuple des publicités et des slogans, en guise d’opium.

– Comme en beaucoup d’endroits.

– Oui mais ici c’est à un niveau tel que ça commence à impacter les mœurs. Regarde un peu : il y a deux ans, un politicien comme Yukari se serait fait incendier si on avait appris qu’il avait des intérêts particulier dans le commerce intra-régional. Maintenant, tout le monde va à la Bourse et essaie de s’enrichir pour passer le temps, et on n’a plus le temps de trouver étrange le comportement de types comme Boitier.

– Tout le monde va pas tout le temps à la Bourse, y’a que mes vieux pour y passer leur vie ! Mais jusqu’ici je te suis.

– Tout le monde n’y passe peut-être pas sa vie, mais tout le monde en dépend ! C’est le point central de la propagande de la Région, tout le monde peut devenir riche !

– En théorie, hein. En pratique c’est comme le Loto.

– Certes. Mais les gens sont obnubilés par l’argent, or la bourse est à la merci de trois personnes : Wagner (tu sais, le politicien), Damien du Conseil 4, et le patron d’Ipsanem. Et ça, c’est pas normal, parce que ces trois-là sont en mesure de balancer tout Hoenn dans la misère si ça leur chante, et chacun d’eux serait assez intelligent pout inventer une façon de s’enrichir en appauvrissant le Hoennais moyen.

– Quoi, c’est pas déjà le business avoué de Wagner ?

– Si. Et personne n’a assez de fric pour l’envoyer en prison, parce que c’est le deuxième homme le plus riche de la Région. D’ailleurs, si on ajoute les comptes secrets, il dépasse probablement le patron d’Ipsanem, vu tout ce que ce-dernier lui verse...

– Et pour le temps qu’il passerait en prison, de toute façon…

– Bien dit. Bref. Moi, je veux m’insérer dans le système. Prendre le contrôle de l’économie à ces trois-là…

– Et le redistribuer au peuple ?

– Non. Le garder. Mais veiller dessus, et essayer d’enrichir la Région entière plutôt que juste moi – et pour ça, il n’y a pas trente-six leviers : je n’en vois qu’un.

– OK… et comment tu prendrais le contrôle de Hoenn, du coup ?

– C’est là que j’innove par rapport à ce qui se faisait avant. Avant, pour devenir riche et puissant, on travaillait. Moi, j’ai l’intention d’investir dans des sociétés-écrans pour acquérir de grandes quantités d’actions sans valeur, puis de déstabiliser le système pour les faire monter, et les convertir en actions de mes sociétés-cibles, qui auront été descendues en même temps.

– Pour ce que je sais d’économie, ça pourrait marcher… Mais comment tu déstabiliserais le système ?

– Avec une quantité suffisamment grande d’acheteurs d’actions, on peut influer sans problème sur le marché.

– Donc tu recruterais des gens en leur demandant de mettre leurs ressources à ton service ?

– En quelque sorte. En pratique, si douze personnes achètent une action chacune en même temps, ça impactera plus que si une personne achète douze actions (de la même société dans les deux cas, bien sûr). La quantité de personnes à agir en même temps peut être mesurée, et avoir un impact sur la bourse. De telle sorte que cent personnes, ayant les ressources d’une banque, et réparties à travers toute la Région, pourraient influer sur la bourse comme elles le voudraient.

– Et tu te propose de fédérer ces cent personnes ? Ainsi, si j’ai bien compris, que de braquer une banque ?

– Oui. De nos jours, embaucher quelqu’un qui ne posera pas de questions sur son travail n’est qu’une formalité, avec Internet, surtout dans une région aussi pourrie ; et quand à braquer une banque, la belle affaire ! Un simple virus informatique sur une carte bancaire passée dans un distributeur automatique de billets suffit.

Arthur savait bien cela, et n‘avait objecté que pour la forme. L’année précédente, deux banques avait été volées sans que personne ne s’en rende compte sur le coup, et les coupables étaient toujours en liberté. Il était bien tenté par l’aventure que lui proposait Max...

Je vois. Quel serait mon rôle là-dedans ?

– Il me faudra un bras droit à qui je puisse faire confiance. Ne le prends pas mal, mais je t’ai écouté discrètement pendant un certain temps, au Café du Port. Tu es exactement le genre de personne que je recherche : ambitieux, sans scrupules, et assez imposant et direct pour commander à des gens. De plus, rien que l’année dernière, dix phénomènes ont influé sur la Bourse sans que je ne le prévoie, et tous étaient liés à la mer et aux alguovicteurs ; je sais qu’à Hoenn, ça me désavantage, mais je suis un vrai cancre en ce qui concerne les mécanismes de l’océan. Or toi, tu pourrais les prévoir, et…

– Je ne pourrais pas prévoir leur impact économique.

– Oui, mais tu les verras venir, et si tu me les décris, je pourrais en déduire les évolutions de la Bourse – dont les mécanismes n’ont aucun secret pour moi.

– C’était quel genre de phénomènes ?

– La variation des marées, conjointe à une tempête qui a frappé Sinnoh ont apparemment diminué la qualité des AVs. Les ventes se sont faites sur stocks pendant une semaine, et les actions d’Ocaris, la société de Damien, ont baissé de 1% de plus que je ne l’avait prévu.

– Ouais, ça j’aurais pu le prévoir. Il a une société à lui tout seul, Damien ?

– Oui, c’est par son biais que le gouvernement interagit avec le secteur privé. Du coup, le job te tente ?

– Assez.

***
L’organisation devrait s’appeler la Team Éco, et cacher ses magouilles monétaires derrière une société-écran principale (et éventuellement quelques filiales) du nom de Myrmidon. Comme prévu, le recrutement ne posa pas trop problème. En cinq mois, ils purent rassembler une première cinquantaine de personnes. Parmi elles, plusieurs étaient très prometteuses… Le soixante-quatrième jour après le début du recrutement, Arthur reçut dans un square public (inutile de montrer leurs locaux à quelqu’un qui pourrait tout à fait refuser de participer…) une opératrice sonar de la Devon SARL, repérée par Max. Son travail avait plusieurs avantages, qu’il comptait exploiter pleinement à l’aide de Kelvin, un informaticien un peu hacker sur les bords qui avait découvert leur projet par hasard, en zonant sur le net. Il les avait ensuite rejoints, et avait considérablement aidé à élaborer le braquage de la banque.

Et Arthur était donc assis sur un banc du square, à côté d’un chêne aisément reconnaissable, attendant une recrue potentielle et potentiellement très utile. Elle finit par arriver, précisément à l’heure convenue.

Bonjour ! C’est bien vous qui offrez un emploi comme guide touristique en haute mer ?

– C’est bien moi. Je représente la société Myrmidon, qui... mais asseyez-vous donc, ne restez pas debout !

Les codes de reconnaissances imaginés par Max étaient farfelus, mais évitaient de se tromper de personne.

Bon, vous vous en doutez, il y a peu de visites touristiques en haute mer, et pas que ces temps-ci. À vrai dire, nous sommes beaucoup plus terre-à-terre que cela !

Sarah eut la politesse de ne pas se formaliser.

On me l’avait expliqué assez clairement, à vrai dire. Mais ça n’empêche que les arnaques sont fréquentes, de nos jours. J’ai été vaguement informée des modalités de votre projet, mais vous allez devoir m’expliquer pas mal de choses si vous voulez que je vous rejoigne.

– Je m’en doute, oui.

– Premièrement, je sais que vous prévoyez d'agir illégalement en Bourse à des fins de manipulation .

– C’est du Max tout craché, ça.

– Oui, il ne m’a pas du tout semblé avoir affaire à un aristocrate.

– Ha ! je ne sais pas trop s’il en est un, mais moi oui. Je me rends compte que je ne me suis pas présenté : Arthur Teach, trublion désœuvré et détestant la vie de château !

– Sarah Smith, ingénieure spécialisée en développement de sonars.

– Enchanté de vous rencontrer. Bon, qu’est-ce que Max vous a dit d’autre ?

– Pas grand-chose. Les codes, et puis il a évoqué vaguement vos objectifs.

– Alors je vais commencer au début. Le projet de Max consiste, en gros, à prendre le contrôle de Hoenn.

– Quoi !

– Oui, je sais. Dit comme ça, ça ressemble beaucoup à de la folie. Mais on a nos idéaux derrière.

– Non, vraiment, vous ne faites pas ça juste par mégalomanie ?

Arthur éclata de rire, désarçonné par la réponse de Sarah. Celle-ci resta stoïque jusqu’à ce qu’il se calme.

C’est justement pour ça qu’on le fait, en quelque sorte. Bien sûr, c’est plus compliqué. Le constat de départ de tout ça, c’est que dans cette région, le pouvoir c’est l’argent, et que plus on en a, plus on est riche et corrompu. On prend n’importe quel politicien au hasard, on cherche un peu, et on trouve un compte en banque secondaire et juteusement garni. Un autre exemple : vous voyez le supermarché de Nénucrique ? Chaque jour, la population y dépense à peu près six milliards de pokédollars. La moitié va dans la poche du maire, un tiers dans celle du gérant du marché et le reste sert à entretenir le magasin et ses employés, à acheter de nouveaux produits…

– Autrement dit, le patron maltraite ses employés, opprime les pauvres citoyens qui n’ont pas d’autre marché, se fait aider en cela par le maire, met tout dans sa poche et se permet de poser sur ses produits une valeur ajoutée de plus de six pour un.

– Exactement. Et on ne peut rien faire sinon on est fiché comme client basse qualité et affamé. Dans cette région, tout fonctionne comme ça. Depuis que les scientifiques on ouvert la boîte de Pandore des AVs, Hoenn est gouverné par deux institutions : l’argent et surtout la Ligue. Les politiciens sont des pros en ce qui concerne l’argent, ça se sait depuis longtemps ; et quand à la Ligue, non seulement ça rapporte beaucoup d’être un excellent Dresseur, mais en plus ils bénéficient, même discrètement, de la loi du plus fort. Autrefois, les institutions conventionnelles, la police et l’Armée, pouvaient rivaliser avec la Ligue, grâce à leur nombre supérieur ; et encore, on s’arrangeait toujours pour être d’accord avec le Maître.

Mais maintenant, avec les AVs, n’importe quel Topdresseur de la Ligue peut tenir tête à une brigade entière de l’Armée. Et ne parlons pas des Champions ! Cela, conjugué à la colossale richesse d’Ocaris, la soi-disant entreprise gouvernementale de la Ligue, rend cette dernière toute-puissante.

– Et vous vous proposez de faire tomber ce régime de la force ?

– Oui. Le plan implique de prendre le contrôle de la Bourse de Hoenn, à l’aide d’une centaine d’acheteurs qui agiraient… en suivant les directives de Max ; il prétend qu’avec son cerveau au commandes, ça suffirait. Pour ma part, je comprends pas comment il voudrait faire.

– Mais contre des sociétés aussi énormes qu’Ocaris, vous allez avoir besoin d’énormément de sous, non ?

– Précisément. Et c’est là que vous intervenez.

– Parce que j’ai un milliard sur mon compte ? Pas mal, votre arnaque. Très original. Mais je ne marche pas.

Sur ces mots, Sarah se leva et commença à s’éloigner. Après un instant de surprise, Arthur se précipita après elle.

Attendez ! Ce n’est pas ce que vous croyez !

– Ben voyons.

Elle se retourna au milieu de l’allée et fit face à Arthur, qui ralentit et s’arrêta à un bon mètre d’elle, pour ne pas sembler trop menaçant.

Mais si ! Il s’agit de pirater la banque !

– Vous êtes complètement cinglés. Et puis c’est quoi, ce stratagème, de proposer à des gens d’aider à braquer leur propre banque ?

– Je n’ai pas dit ça.

Sous le coup de la surprise, Sarah se figea à son tour.

Je n’ai jamais parlé de nous en prendre à vos sous, ni même à votre banque. Ce qui nous intéresse, c’est l’accès premium.

– Vous savez, ce truc n’est guère qu’un gadget. On ne peut pas ajouter des zéros à son compte avec ça.

– Pas normalement. Mais parmi nos recrues, il y a un informaticien qui se dit capable de s’en servir pour déposer un virus sur une carte bancaire, ni vu ni connu.

– J’hallucine. Vous êtes en train de me proposer de mettre un virus sur ma propre carte bancaire.

– Et à ce moment-là, vous n’auriez plus qu’à retirer un montant précis dans une autre banque pour l’infecter avec ce virus, ce qui nous permettrait de prendre le contrôle de son système de données. Dès lors, c’est un jeu d’enfant d’ajouter quelques chiffres dans une case, puis d’en effacer toutes traces, et d’entrer de nouvelles données d’historique ; et Max ira voir son banquier pour lui expliquer qu’il avait hérité d’une somme rondelette.

– Le plus étonnant dans tout ça, c’est que vous vous y croyez. Comment est-ce que vous imaginiez me convaincre de… d’ouvrir l’accès de mon compte en banque à des étrangers, et de les laisser mettre une saloperie informatique et infectieuse dessus !

– Je ne suis pas le spécialiste de ce genre de choses. En gros, ce qu’on m’a dit, c’est que naturellement, il est hors de question de vous demander vos identifiants, ou de travailler sans que vous ne le voyiez ; l’idéal serait apparemment que vous ayez un portable, et à ce moment-là, l’opération pourrait se faire rapidement, de telle sorte que vous voyez tout, sur un ordinateur dont vous savez qu’il ne va pas enregistrer quoi que ce soit pour nous. Vous entrez-vous même vos identifiants, sans que nous ne soyons dans la pièce, puis l’informaticien entre, hacke et repart. Ou quelque chose dans ce genre là.

– Brillant. Comme vous le soulignez vous-même, la spécialité de cet informaticien est de hacker. Comment je pourrais savoir qu’il n’introduit rien sur mon ordinateur ?

– Parce que vous verriez tout ce qu’il ferait, qu’il ne brancherait rien à votre portable et qu’il ne pourrait ouvrir aucun fichier autre que ceux de la banque.

– Je vois.

– Écoutez, je ne vais pas insister plus longtemps, je vois bien que je ne vous convaincrais pas. Si vous changez d’avis, vous savez comment contacter Max.

– Et vous vous trouverez un autre pigeon, c’est ça ? Je vous souhaite de prendre bien du plaisir quand les gens vous cracheront à la figure.

– Bah ! Un peu d’eau n’a jamais tué personne ! Et puis on trouvera bien un moyen ; si ça se trouve on pourrait braquer cette banque physiquement.

–Vous êtes complètement tarés.

– C’est bien possible, oui. Sur ce, bonne journée !

Arthur tourna les talons et rentra chez lui avec un sentiment amer de défaite. Ce qu’il n’avait pas dit à Sarah, c’était qu’elle était la cinquième à lui cracher dessus. Et même au sens figuré, ça faisait beaucoup...

***
Quelques jours plus tard, Arthur était aux locaux de la Team, et se préparait à partir à un nouvel entretien d’embauche. Ils avaient connu deux autres échecs depuis Sarah, et le moral de l’équipe de direction s’en ressentait ; et par extension, celui de toute la Team. Max semblait le seul à ne pas être affecté.

Allons, nous avons encore du temps devant nous. Au rythme où vont les recrutements, il nous faudra bien un an au total avant d’être prêts à agir. Vingt-trois personnes ne suffiront pas à conquérir Hoenn.

La perspective de hacker une banque était tout de même plus plaisante, c’est-à-dire moins angoissante, que celle de la braquer. Aussi continuaient-ils à rechercher des gens ayant des accès premium, et des idées potentiellement compatibles avec les leurs.

Arthur s’apprêtait donc à ouvrir la porte du local et à sortir dans la rue, lorsque quelqu’un sonna. Il resta interdit une seconde, puis ouvrit.

Oh. Euh, bonjour. Dites donc, vous ouvrez vite les portes ici.

Sur le seuil se tenait Sarah.

À vrai dire, je m’apprêtais moi-même à partir. Mais entrez donc, ne restez pas dehors !

– Oui, bien sûr.

– Et permettez-moi de vous présenter à mes associés, tant qu’on y est.

La Team avait racheté un étage d’un immeuble d’entreprise dont le propriétaire avait fait faillite. L'endroit était très pratique, disposant d'une cafétéria, de plusieurs salles de réunion et d'une salle commune qui servait d'entrée ; ce qui, conjugué à des murs en PVC, faisait que tout le monde avait entendu sonner, et, les visites étant inhabituelles dans une organisation clandestine, tout le monde était venu voir ce qui se passait. Max sortit du rang.

Bonjour, madame Smith. Je vois que vous avez trouvé le bâtiment.

– Voici Max…

– Enchantée. Oui, mais mon GPS a bien failli me perdre.

– Ah, vous êtes madame Smith ! Ravi de vous rencontrer.

– Kelvin, notre informaticien prodige…

– Oh, vous êtes celui qui est censé me pirater ! Mais je vous en prie, appelez-moi Sarah.

– Bon, d’accord, j’arrête les présentations et je soumets à notre chef tout-puissant le projet de nous faire porter des badges déclinant notre identité, parce que sinon ça va devenir invivable d’ici une dizaine de recrutements.

Plusieurs recrues éclatèrent de rire. Le chef tout-puissant laissa même un léger sourire se former sur son visage.

Bonne idée, oui. Mais il est hors de question que ce surnom soit définitif.

– Pfff, à chaque fois que je t’en trouve un, tu le refuse sur-le-champ !

– Tes surnoms sont un peu trop pompeux pour moi. Bien. Je suppose, Sarah, que vous êtes venue par rapport à la proposition de recrutement d’Arthur.

– Après le récit qu’il nous en a fait, on a failli le remplacer comme recruteur ! s’esclaffa Kelvin.

– Je vous aurais manqué.

– Vous avez entièrement raison, Max, c’est la raison de ma venue. J’ai réfléchi à votre projet, et je me suis rendue compte que vous avez raison sur un point : il faut faire quelque chose. Et je voulais aussi m’excuser envers Arthur, je dois dire que je l’ai un peu brusqué…

– Bah ! j’ai l’habitude, avec mes vieux. Tiens, Max, ça t’irait, Vieux Sage ?

– Non.

– J’avais pas trop d’espoir.

Kelvin prit sur lui d’intervenir avant que la conversation ne se remette à partir dans toutes les directions.

Bon, et si on réglait les détails du plan ?

– Bonne idée.

– À ce sujet, j’ai une question. Si je vous laissez vous introduire dans mes comptes en banque, qu’est-ce qui me garantit que je les retrouve après ?

Kelvin se mit alors à détailler les mesures de sécurité dont Arthur avait déjà parlé à Sarah dans le square. Mais Max l’interrompit en plein milieu, après être resté un instant figé.

N’est-ce pourtant pas évident ? Il vous suffit d’ouvrir un second compte bancaire, et quand nous aurons arrangé l’histoire de l’héritage, nous pourrons vous y virer l’équivalent de ce que vous possédez déjà ; hors de protée de Kelvin. Comme notre plan consiste à faire apparaître des sous de nulle part, ça ne pose pas de problème.

Tout le monde fut surpris de ne pas y avoir pensé. La première à réagir fut Sarah.

Ça ressemble fort à du blanchiment d’argent…

– Si on le voit ainsi, le blanchiment se produit au moment du soi-disant héritage : une grosse somme d’argent intraçable apparaît quelque part. Et comme cet argent ne vient de nulle part, il est déjà blanchi.

– Si vous le dites. Bon, c’est peut-être la plus grosse erreur de ma vie, mais… je rejoins le projet.

– Alors, madame Sarah Smith, bienvenue dans la Team Éco !