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La chanson qui fait peur [one-shot] de Flageolaid



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Informations

» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 20/12/2018 à 23:21
» Dernière mise à jour le 21/12/2018 à 12:00

» Mots-clés :   Kalos   Song-fic

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Que se passe-t-il ? Je n'y comprends rien...
Avez-vous déjà eu peur d'une chanson ? Moi oui.



Ni calme, ni serein, le silence était plutôt pesant, inquiétant, mortel. Au milieu du néant se tenait un homme debout, l'air hagard, scrutant les environs, sourcils froncés. Son esprit essayait vainement de formuler une question, mais l'absurdité de la situation le bloquait bien avant le point d'interrogation.

À défaut d'une question, il chercha une réponse, mais rien ne lui vint non plus. En puisant dans ses derniers souvenirs, il se rappela de cette scène étrange. Quand était-ce ? Il y a quelques minutes ? Une heure ? Une éternité ? C'était un jour, sûrement.

À ce moment-là, l'homme se nommait Beladonis et parcourait d'un pas décidé les rues de Flusselles. Il venait de mettre les pieds à Kalos sur ordre express de ses supérieurs. C'était l'agent le plus proche de cette région, normal que la mission tombe sur lui en attendant l'arrivée des renforts, vu l'état d'urgence. Rien de moins qu'une annonce du célèbre Lysandre au nom de la Team Flare promettant une fin du monde imminente.

Pourtant, autour de lui les citadins vaquaient à leurs petites vies tranquilles, peu inquiets du message reçu deux heures plus tôt sur leur holokit. C'était le printemps, le soleil brillait, il faisait bon, chacun profitait de la météo superbe. Humains et Pokémon arpentaient les rues sans prêter attention au membre des Forces de Police Internationales qui s'agitait, l'air lugubre.

Une fille sourit à Beladonis, un sourire à la fois dément et triste. Des larmes débordaient abondamment de ses yeux aussi bleus que le ciel. Elle avait abandonné sa paire de solaires orangées un peu plus loin. Sa chevelure rousse, trempée de sueur, n'arborait plus ces étranges mèches en forme de flammes. Et elle errait parmi les passants, invisible dans son costume criard, le visage blême. L'agent chercha ses mots pour l'aborder, mais ce fut elle qui parla, plus pour le vide que pour Beladonis :

« Trop loin de Cromlac'h, j'y arriverai jamais à temps. Je suis morte, morte. Pas le bon jour pour faire la grasse matinée, hein ? »

Un sifflement lointain capta l'attention du policier. On aurait dit une mélodie venue de l'éther, un chant insolite, sans être désagréable. Le sourire de la fille s'élargit tandis qu'elle s'adressait à la foule :

« Vous entendez ça ? La musique des sphères ! Le monde de beauté promis par Lysandre arrive. Il sera bientôt là, mais je ne pourrai pas le voir. Ha ha ha ! »

Les habitants cessèrent bientôt de marcher et levèrent le nez en direction du ciel d'où provenait ce son étrange, à la fois magnifique et terrifiant. La voûte céleste se teinta alors d'or, d'argent et d'améthyste, un peu comme dans un rêve. Un miracle était certainement en train de se produire ou quelque chose dans ce genre. Ceux qui ne poussaient pas de grandes exclamations à s'en décrocher la mâchoire filmaient avec empressement ce spectacle divin.

Parmi eux, Beladonis sentait son cœur marteler d'effroi sa poitrine. Il fallait faire quelque chose, n'importe quoi, mais son esprit refusait de réfléchir et ses jambes de bouger. Tout au fond de lui-même, une petite voix insinua qu'il devait fuir. Fuir vite et loin. Maintenant !

L'homme à l'imperméable recula fébrilement de quelques pas, son regard ne pouvant se détacher de ce ciel sublime à la musique si belle, hypnotisé par l'inévitable, fasciné par la catastrophe à venir. Même quand la lumière devint aveuglante, le vacarme assourdissant et la chaleur insupportable, son visage crispé continua de fixer compulsivement les cieux. Ensuite, tout se mit à s'effondrer.

Le souffle court, le policier arriva alors à la fin de ce lointain souvenir. Lointain en effet. Peut-être quinze ou vingt minutes auparavant. Pourtant c'est avec nostalgie qu'il repensa à cette époque ancienne où il y avait une ville ici peuplée de gens souriants et de Pokémon amicaux et, plus loin, derrière les habitations, une route bordée de verdure où s'affrontaient des dresseurs de tous âges et leurs fidèles compagnons.

À présent, il ne restait qu'un désert presque uniforme de débris, enveloppé dans un silence à rendre fou, imprégné de cette odeur de mort qui vous prenait à la gorge et vous asphyxiait. Et, pire que tout pour Beladonis, demeurait cette détestable impression de ne pas comprendre, d'avoir raté un détail crucial. Derrière le chaos de pensées qui lui bombardait le cerveau, la rationalité froide dictait la question à mille points. Si tout avait disparu, que faisait-il là debout, l'air hagard, scrutant les environs, sourcils froncés ?

Les gens ont peur de mourir, pourtant c'est le survivant qui ressent l'injustice de rester seul au milieu de rien quand tout est fini. Cruelle vérité.

La main de Beladonis s'écrasa plusieurs fois contre sa joue dans un claquement sans écho. À chaque coup, l'homme priait de plus en plus fort Arceus pour se réveiller de ce terrible cauchemar. Il se frappa encore et encore, avec les deux mains. Et lorsqu'il finit par ne plus sentir la douleur, un cri sauvage remonta des tréfonds de son être jusqu'à sa gorge d'où il éclata comme un sanglot.



PokéEarth-212 : En l'absence de Kalem et Serena, le plan de Lysandre est mis à exécution sans incident.