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Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



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» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 20/12/2018 à 07:35
» Dernière mise à jour le 20/12/2018 à 07:35

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Jour 20 : Le silence de l'hiver, par Rose Noctalis
Une vaste étendue blanche et glacée...
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il avait toujours vu ce paysage. Depuis qu'il était sorti de l'œuf couvé par sa maman, depuis qu'il s'était serré, tout petit, contre ses frères et sœurs de quelques heures à peine... Depuis toujours, jusqu'à aujourd'hui. Ils avaient tous grandi, chacun avait fini par partir de son côté. Seul lui était resté auprès de sa mère jusqu'à ce que l'hiver achève ses dernières forces. Alors, il s'était fait une promesse... Il retrouverait son frère, celui qui s'était toujours blotti contre lui lorsqu'ils étaient petits.
Jetant un dernier monceau de neige sur le corps de sa mère désormais défunte, il mit la truffe au vent, la brise glacée ne lui faisant presque plus rien. Il fallait dire qu'il y avait deux hivers de cela, il avait marché sur une curieuse pierre. Cette pierre, d'aspect ovale et plus haute qu'un œuf de pokémon ordinaire, dont le manteau scintillait de neige et de cristaux... Il défendait chèrement le fruit de sa chasse lorsqu'il avait sauté sur cette pierre, et qu'une vive lumière l'avait enveloppé, faisant de lui quelqu'un d'encore plus tolérant au froid. Sa fourrure s'était colorée de bleu et ses oreilles étaient tombées le long de son crâne... Des pokémons de passage avec leurs humains lui avaient dit qu'il avait évolué, et sa maman avait été très fière de lui.
Puis la maladie et le froid avaient eu raison de la constitution de sa génitrice. Elle qui les avait toujours protégés, avec qui il riait encore la veille... Ou bien était-ce autre chose ? La neige près d'elle avait pris une teinte rouge et il avait vu une plaie sur le pelage de sa mère, qu'il s'était empressé de nettoyer. Mais elle était déjà raide et froide, et c'en était déjà fini de sa douce chaleur lors des longues nuits d'hiver. Sa fourrure grise qu'il adorait tant avait perdu tout son éclat... Mais au moins des humains ne la lui avaient-ils pas enlevée. Il l'avait traînée sur quelques mètres à la seule force de ses crocs et de ses pattes, pour lui offrir une sépulture digne. Après encore un instant de recueillement, il entendit dans le lointain les aboiements de féroces molosses... Et il n'avait pas envie de savoir quels pokémons les humains avaient envoyé aux trousses de sa mère. Lui offrant un dernier hommage, il partit ensuite en courant, ses pattes s'enfonçant dans la neige. Sauf que contrairement aux humains, lui avait l'avantage de connaître la région. Il y avait grandi, ce n'était pas rien tout de même. Dans l'air glacé, son souffle formait des nuages blancs, pourtant jamais encore il n'avait eu aussi chaud lors d'un effort. Peut-être parce qu'il se rendait compte, inconsciemment, qu'il courrait pour sa vie ? Autour de lui, c'était une véritable cohue. Il voyait plusieurs autres pokémons s'enfuir, ce qui n'était pas bon signe. De toute évidence, des humains avaient décidé de les chasser de leurs terres, ce qui lui déplaisait fortement... Mais au moins ne risquait-il pas de finir en manteau pour le plaisir dérangé de ces bipèdes. A dire vrai, il ne comprenait même pas comment d'autres pokémons faisaient pour leur obéir servilement et exécuter le moindre de leurs desiderata... Près de lui, il entendait le bruit sourd et l'écrasement de la neige sous les pattes d'un Mammochon, sans doute suivi de sa famille. Pourtant, il ne put se concentrer trop longtemps sur eux car bien vite, un stalagmite l'obligea à dévier sa course tandis que dans le lointain, il entendait le cri glaçant d'un Séracrawl... Il n'osait pas imaginer ce que les humains pouvaient bien lui faire. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait courir. Courir, courir, encore courir, de toute la force de ses pattes et jusqu'à ce qu'elles ne le portent plus.

Lorsqu'il s'arrêta enfin, ce fut car ses pattes s'emmêlèrent et qu'il tomba la truffe la première dans le sol couvert de poudreuse. Reprenant péniblement son souffle, il leva les yeux pour se rendre compte que la nuit était tombée. Il replia un instant ses pattes flageolantes sous lui, envisageant de passer la nuit là, incapable de faire un pas de plus. Mais un vent glacial le convainquit de ne pas le faire. Avisant une ouverture dans la roche un peu plus loin, il s'y rendit, impressionné que ses coussinets puissent encore le porter. Passant la tête par le trou, il découvrit un grand ours blanc qui semblait avoir une barbe glacée, et près duquel se massaient plusieurs petits oursons bleus et blancs enrhumés. Tandis que le grand Polagriffe rugissait contre lui, il se raidit un instant, avant de simplement secouer la tête pour lui faire comprendre qu'il ne serait pas une menace. Ce qui, au demeurant, ne fut pas bien dur à confirmer, vu comme ses pattes tremblaient... Lorsque l'ours lui fit un grognement d'approbation, il alla alors se mettre à l'abri, s'écroulant contre l'un des murs, à bout de forces. Ce fut le grondement de son ventre qui lui permit de réaliser depuis combien de temps il n'avait rien mangé, trop occupé à courir pour se sauver. Il n'allait cependant pas abuser de l'hospitalité de ses hôtes du soir... Alors qu'il fermait les yeux pour se reposer, il ne tarda pas à sentir une petite patte froide se poser sur lui. Rouvrant les paupières, il découvrit l'un des petits oursons. Sous son petit bras duveteux se trouvait un petit poisson blanc au dos bleu et aux yeux en forme d'étoiles ternes, et il comprit qu'il voulait partager son repas avec lui.
Se redressant légèrement, il accepta avec soulagement sa pitance, même si ce Froussardine était étonnamment petit, même pour une saison hivernale. La mère ours lui tournait ostensiblement le dos, mais il ne comptait pas les importuner longtemps, aussi était-il heureux de voir qu'il était en partie accepté par les petits ours. Il s'efforça de ne pas se montrer trop gourmand, et remercia avec déférence l'ourson d'un digne de tête.

« Tu viens d'où ? »

Étonné, il releva les yeux, constatant que la voix enfantine qu'il avait entendue était celle du petit Polarhume face à lui. Curieux, ce dernier avait penché sa petite tête bleue sur le côté et le détaillait du regard. Comment lui expliquer ? Si il comprenait bien entendu le langage de ses congénères, il n'avait jamais réellement réussi à le parler, s'étant toujours contenté de se faire comprendre autrement. D'un signe de queue, il pointa l'extérieur de la grotte, et la neige qui avait fondu sur ses pattes endolories prouvait qu'il avait marché dans la neige pendant longtemps.

« Pourquoi tu es ici ? »

A nouveau, la question du petit le désarçonna. Il déglutit un instant, remarquant que la mère ours le regardait avec insistance, couvant son petit du regard. Il ne voulait pas s'en prendre à lui, mais il comprenait la méfiance de la femelle. Avec ses pattes, il mima tant bien que mal un humain, et repoussa un monticule de neige pour signifier à l'ourson qu'ils étaient en train de détruire l'endroit où il avait grandi. Un petit cri d'horreur s'échappa de la bouche du petit Polarhume, lequel mit ensuite ses pattes devant comme pour s'excuser.

« Des humains saccageraient ton territoire ? C'est absurde. Pourquoi feraient-ils une chose pareille ? Ils n'ont rien à faire des landes glacées. »

La question de la Polagriffe était légitime, mais il était bien en peine de ne pouvoir y répondre. Il se contenta de hausser les épaules et de secouer la tête pour lui faire part de son incompréhension. Il ignorait ce que des humains pouvaient bien trouver aux terres de sa jeunesse, et même pourquoi l'un d'eux s'en était pris à sa mère pour la geler jusqu'aux os.

« Et où vas-tu aller ? Tu ne peux pas rester ici. J'ai déjà du mal à nourrir mes petits, je ne peux pas te faire manger toi aussi. »

Il acquiesça silencieusement, avant de lui faire comprendre qu'il ne comptait de toute façon pas rester. L'ourse ramena son petit vers elle en le prenant sous sa grosse patte, tandis qu'il posait la tête sur les siennes. Les plus jeunes oursons étaient endormis, et une autre partie tétait encore sa mère pour se donner quelques forces supplémentaires. Ce fut d'ailleurs sur cette vision de tendresse qu'il s'endormit, quand bien même ses pattes mouillées lui donnaient froid. Au cours de la nuit, il sentit en outre une petite forme chaude se blottir contre lui, et devina qu'il s'agissait de l'un des oursons. Sans doute celui qui avait partagé son poisson avec lui, d'ailleurs.
L'aube se leva bien trop tôt à son goût et à celui de son corps endolori, apportant avec elle un souffle froid. Malgré ses muscles courbaturés, il regarda par l'ouverture de la grotte. Il devrait se dépêcher si il voulait aller plus loin, quand bien même il ne savait guère par où aller, car il pouvait voir les vents se gorger de flocons. Il avait suffisamment observé ce type de volutes venteuses pour savoir qu'une tempête de neige se préparait. Mais il avait promis à la Polagriffe qu'il ne resterait pas, et il tiendrait parole. Se retournant, il remercia l'ourse de son hospitalité, tentant d'ignorer les élancements dans tout son corps transi de froid, et alors qu'il prenait son courage à deux pattes pour sortir, il fut coupé dans son élan par la voix du petit ours sympathique.

« Attends ! Il fait rudement froid aujourd'hui ! Atchoum ! »

Tournant la tête, il vit le petit Polarhume revenir en manquant de trébucher. Il secoua un morceau de tissus devant lui, élevant quelques petits nuages de poussière et enlevant quelques flocons, puis s'approcha de lui.

« Ze sais pas trop à quoi ça sert, mais un humain avait quelque chose comme ça autour de son cou ! Vu que c'est moi qui l'ait trouvé, z'ai le droit de te le donner. Alors tiens ! Z'espère que c'est pas trop sale. »

Tout en parlant, l'ourson avait fait plusieurs petits tours autour de lui, et voilà qu'il se retrouvait avec une curieuse bande d'étoffe orangée autour du cou. La mère Polagriffe ne dit rien, se contentant de surveiller son rejeton. Doucement, il s'approcha et frotta sa joue contre celle du bébé pour le remercier, ce dernier se pendant à son cou en riant. Puis finalement, il laissa la petite famille derrière lui et ressortit, agréablement surpris par la chaleur du tissu autour de son cou... Le petit s'était peut-être couché dessus pour la réchauffer avant de la lui donner ? Dans tous les cas, l'attention le touchait. Il salua une dernière fois la petite famille, plusieurs oursons lui faisant des signes de patte, puis repartit braver la neige et le vent.

Plus le jour avançait, plus la tempête s'intensifiait. Le vent lui fouettait le visage et lui donnait encore plus froid même si il gonflait sa fourrure, et la neige l'empêchait de voir clairement à plus d'un mètre devant lui. Il avançait complètement à l'aveugle dans la toundra glacée, jusqu'à distinguer dans le lointain une silhouette... D'abord imprécise, il se dirigea dans sa direction, avant de croire reconnaître son frère. Et peut-être d'autres pokémons derrière lui ? Il n'en n'était pas sûr. Il pressa le pas, sautant désormais dans une neige qui lui arrivait au ventre, mais plus il s'approchait, plus quelques détails ne concordaient pas. Il ne tarda pas à comprendre qu'il n'y avait qu'un seul pokémon, mais également que c'était un pokémon qu'il n'avait jamais vu. Ou plutôt, il en avait entendu parler et en avait vu avec certains humains, mais ce genre de pokémons ne vivaient pas dans un tel climat ! Il vit une patte s'agiter et machinalement, poussé en partie par la curiosité et par l'envie de se mettre à l'abri, il suivit le signal jusqu'à se retrouver abrité derrière une grande planche de bois. Il s'ébroua, chassant la neige de sa fourrure.
Et là, il dut bien admettre qu'il croyait rêver. Il avait déjà vu des pokémons comme ça, mais... Celui-ci était différent. C'était bien un petit renardeau avec six queues qu'il voyait, mais au lieu d'être roux et d'avoir un corps chaud, celui-ci était tout blanc. Il ne se prononçait pas pour la chaleur, mais la neige autour de lui ne fondait pas. D'un nouveau signe de queue, le Goupix blanc l'invita à le suivre, et ils empruntèrent un petit passage protégé des vents glacés par plusieurs barricades en bois et vieilles souches d'arbre. Enfin, ils débouchèrent dans un endroit savamment protégé de la tempête grâce à un vieil arbre couché, dans lequel un creux béant était visible... Et il ne tarda pas à voir d'autres individus blancs. Stupéfait, il s'approcha, tandis que le Goupix qui l'avait mené ici se secouait pour éviter de tremper l'habitacle de fortune à cause de la neige fondue.

« Tu es bien loin de chez toi, Givrali ! »

Cette voix était plus aiguë que ce à quoi il s'attendait... Il s'agissait vraisemblablement d'une femelle. Il hocha alors la tête, perplexe. En effet, jamais il n'avait vu de pokémons comme celui-ci par chez lui.

« Reste ici le temps que la tempête se calme. Ne t'en fais pas, mon frère et mes sœurs ne sont pas méchants, et notre maman nous laisse faire ce qu'on veut. »

Il avisa le petit groupe réfugié dans l'arbre. Quatre autres Goupix blancs se tenaient là... L'un d'eux était d'ailleurs tout occupé à faire sa toilette. La femelle qui l'avait guidé vint s'allonger près de lui avec un sourire sur le visage.

« Ça ne dure jamais longtemps, en général. Bon, alors ! Qu'est-ce que tu fais par ici ? Les Evoli sont en général un peu plus loin, ils ne s'approchent jamais de la montagne ! »

A nouveau, il leur expliqua comme il put ce qu'il avait vu et comment sa mère était morte. Rassemblant un petit monticule de neige, il tenta également de faire une forme qui ressemblait à son frère pour leur demander si ils l'avaient vu passer par ici. Mais comment savoir, dans le fond ? Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu son frère.

« Un Evoli ? Ah ça non, on n'en croise pas beaucoup par ici. », trancha le mâle.
« Il y a un humain qui recueille des pokémons, un peu plus loin... Tu peux peut-être aller voir ? »
« Des humains méchants... Je sais que ça existe, mais j'ai de la peine à y croire. Maman revient bien nous voir chaque année, et plusieurs fois ! Si ça se trouve, il nous ment. »

La perspective de trouver un humain l'effrayait, mais la petite Goupix pourrait toujours lui servir de guide ou lui expliquer la route... En revanche, le commentaire de sa sœur le blessa fortement. Non ! Jamais il ne mentirait. Il avait enterré sa propre mère ! Il se coucha en leur tournant le dos, quand bien même la jeune femelle qui l'avait guidé ici semblait gênée. D'ailleurs, elle essaya bien de le rassurer, mais il n'avait pas envie de « discuter ».

« Oh, euh, désolée... Ma sœur est... Enfin... C'est compliqué. Mais tous les humains ne sont pas méchants, tu sais ? Notre maman a été adoptée par l'un d'eux, et elle revient nous voir très souvent ! En plus, elle est très bien traitée et elle a même trouvé un amoureux. »

Tout cela le laissait perplexe, mais il n'allait, lui, pas se permettre de juger ce qu'on disait sur les mamans des autres pokémons.
La journée se passa néanmoins sans que la tempête ne se calme, tant et si bien qu'il resta avec le groupe de Goupix bien plus longtemps que prévu. Bien entendu, il les aida à chasser et à rassembler de quoi manger et de quoi remplumer leur abri pour résister aux très basses températures, le tout sous les ordres consciencieux du mâle de la bande. Il finit même, petit à petit, par apprécier l'humour acerbe de la sœur qui l'avait à l'origine blessé. La tempête ne se calma qu'au bout d'une longue semaine, quand bien même il y eut un jour entier où les rafales étaient telles qu'ils ne purent sortir de leur souche d'arbre. Ce jour-là, il avait rassuré la jeune femelle qui l'avait amené à l'abri, et au terme du septième jour, il put se remettre en route. Comme il s'y attendait, la Goupix le suivit et se proposa d'autorité pour lui faire guide jusqu'à l'humain dont elle lui avait parlé, et après avoir salué le quatuor, ils se mirent en route.

La marche fut longue et pénible, mais au moins n'eurent-ils pas à subir les affres de la météo. Tout au plus quelques montées... Durant l'expédition, il se prit d'affection pour sa petite guide, laquelle parlait certes beaucoup, mais était d'une compagnie très agréable. Il gravirent le sommet de la montagne, découvrant là une étendue gelée qui fascina la renarde. Pour sa part, il savait déjà qu'il s'agissait simplement d'eau que le froid avait fait geler, il avait vu quelques lacs se changer de cette façon une fois les plus basses températures arrivées. La femelle s'aventura sur la glace, fascinée, sous le regard amusé d'une Lamentine qui gloussa. Et il ne pouvait pas en vouloir à l'otarie : cette Goupix était vraiment trop mignonne ! Sous l'eau, ils virent passer un Obalie qui agita la nageoire pour les saluer, et un Crustabri tranquillement endormi entre deux rochers. Mais plus impressionnant, ils eurent l'honneur de voir passer sous l'eau un énorme pokémon... Un Kyurem nageait tranquillement, majestueux et de toute évidence encore un peu endormi, ce qui ne manqua pas de faire pousser plusieurs exclamations fascinées à Goupix. Elle essaya d'ailleurs de le rattraper en courant sur la surface glacée, mais malgré une certaine lenteur tranquille du légendaire, ses mouvements étaient bien trop amples pour qu'elle puisse aller à son rythme. Néanmoins, elle fut plus qu'heureuse d'avoir pu l'apercevoir et ne manqua pas d'en reparler pendant toute la journée de trajet suivante !

Puisqu'ils avaient grimpé la montagne, il leur restait à la redescendre, la cabane de l'humain se trouvant un peu plus en bas. Leur traversée prit plusieurs jours et il y eut certains soirs où ils ne purent guère s'abriter autrement que l'un contre l'autre, leur amour éclosant aussi délicatement que les premiers bourgeons du printemps. Quelques jours plus tard, une cabane se découpa sur l'horizon, une fumée doucereuse bien que piquant les narines s'échappant tranquillement de la cheminée. Ils n'eurent pas à aller bien loin pour voir l'humain, un grand homme aux cheveux blonds et dont la largeur d'épaules n'avait rien à envier à un Blizzaroi, en train de fendre du bois à la hache. Près de lui se trouvait une Feunard étrange, car elle était d'un bleu presque féérique et que ses queues et sa crinière flottaient au vent glacé comme si elles étaient aussi légères que l'air.

« Maman ! »

Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait réellement, la Goupix s'élançait vers l'humain. La Feunard, quant à elle, avait tourné la tête, surprise, avant de se mettre elle aussi à courir dans leur direction. Très vite, il comprit que la mère et la fille s'étaient retrouvées, et l'aînée ne manqua pas de décrire sa vie auprès de l'humain à sa fille, bien qu'elle fusse étonnée du périple qu'ils avaient entrepris. Pour sa part, il n'osait pas s'approcher de la cabane malgré les incitations de ses camarades. Comprenant son choix, Goupix revint auprès de lui et ils restèrent à l'extérieur. Une Momartik délicate leur apporta néanmoins une petite coupelle de nourriture, qu'ils dévorèrent comme des goinfres. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas mangé à leur faim !
Sur le rebord de la fenêtre était perchée une Mentali. Si d'abord il n'y prêta pas attention, il ne tarda pas à voir qu'un Pyroli lui faisait des câlins. Pyroli qui ne manqua pas de réagir en le voyant. Les oreilles en avant et malgré la neige, il se précipita à l'extérieur. Autant dire qu'il ne se fit pas prier pour rejoindre le pokémon, reconnaissant l'éclat de ses yeux entre mille. Il s'agissait de son frère !

« Givrali ! Mais que fais-tu ici ? Tout va bien ? Et maman ? »

Même si il était heureux de revoir son frère, la dernière question le fit déglutir. Gêné, il baissa la tête, malgré les encouragements de son frère et de Goupix. Puis finalement, il annonça le décès de sa mère au jeune mâle. D'abord affecté, ce dernier ne tarda pas à enrouler son frère de sa queue en une attitude bienveillante, le quadrupède savourant la douce chaleur qui en émanait... Comme lorsqu'ils étaient petits et qu'ils se blottissaient l'un contre l'autre.

« Tu as fait tout ce chemin pour moi... ? »

Il hocha la tête. La scène se passait de mots, et les deux frères se frottèrent les joues pour se rappeler combien ils s'aimaient. Désormais, il ne lui restait que son meilleur ami, son frère, alors il ne voulait plus le quitter. Le soir venu, les pokémons aidèrent l'humain et tous s'y mirent de bon cœur à l'exception du Givrali, qui resta à l'extérieur. Il ne faisait pas encore confiance à cet homme, mais quelques jours d'observation lui suffirent. Il put en effet voir combien cet homme chérissait ses petits compagnons et s'en occupait, donnant même à manger aux chats errants et aux pokémons perdus... Un Sabelette blanc put ainsi faire leur rencontre, même si il ne resta pas, de même qu'un Osselait et un Excavarenne qui s'étaient égarés. De toute évidence, cet humain était bien loin de ceux qui avaient tué sa mère et l'avaient chassé de chez lui... Aussi, il finit par, timidement, entrer dans la maison en liesse. Ce soir-là, tout le monde avait été très occupé. Un sapin avait été décoré et un feu de cheminée réconfortant brûlait dans l'âtre. Timidement, bien qu'encouragé par son frère et par Goupix, il goûta aux préparations de l'homme, non sans s'en être méfié. Sa crainte s'amenuisant petit à petit, il finit par demander aux autres ce qu'il se passait. Il entendit alors la réponse de Mentali dans sa tête.

« Ce soir, c'est Noël. Les humains fêtent ça et s'offrent des cadeaux, ou en reçoivent. C'est aussi une période où on mange énormément de bonnes choses, qu'on cuisine pour les gens qu'on aime. Voilà pourquoi notre humain nous a tant régalés. »

Comme pour appuyer ses propos, elle descendit de son perchoir et alla se frotter aux jambes de son dresseur, lequel lui caressa doucement la tête. Lorsque minuit retentit, trois petits coups se firent entendre à la porte. L'humain ne tenait plus en place.

« Voilà le Cadoizo de Noël ! »

Il avait bien entendu l'histoire du Cadoizo de Noël... Un pokémon rouge et blanc qui donnait des cadeaux à tous les pokémons, à ceci près que les pokémons qui n'avaient pas été sages pouvaient entendre une explosion en ouvrant leur cadeau. Rien de dangereux, mais suffisant pour que les petits pokémons se tiennent à carreau ! Le Cadoizo entra alors dans la cabane, traînant derrière lui sa hotte. Il donna à l'humain plusieurs paquets, apparemment envoyés par sa famille, puis en posa un devant chaque pokémon. Lorsqu'il ouvrit le sien, le Givrali découvrit, posé sur une belle écharpe orange en grosse laine, une curieuse boule blanche et rouge. Jetant un coup d'œil au-dessus du paquet de Goupix, il put voir qu'elle aussi avait reçu cette balle.

« Pour Noël, voudrez-vous nous rejoindre, tous les deux ? »

Cette fois, c'était l'humain qui parlait. Goupix hésita un instant, mais fut la première à accepter. En posant sa patte sur la balle, elle y rentra. Paniqué, il fit un pas en arrière, voyant l'humain prendre la balle. Mais en appuyant sur le bouton en son centre, il fit ressortir la Goupix, laquelle tourna sur elle-même, contente. Méfiant, il apposa alors à son tour sa patte sur la boule...
D'abord, il ne vit que l'obscurité, mais une douce chaleur confortable l'avait enveloppé. Et quelques secondes plus tard, il était ressorti à son tour. L'humain s'approcha doucement de lui et lui défit son écharpe pour lui nouer sa nouvelle autour du cou.

« Merci... Ne t'en fais pas, je vais simplement laver ton écharpe, je te la rendrais. Joyeux Noël à tous ! »

Ce faisant, il prit ses pokémons contre lui, chacun y allant de son petit câlin. Même Givrali se prit au jeu, se laissant bercer par la douce chaleur des retrouvailles, de la nourriture et de la chaleur... Et, comble du bonheur, Goupix lui annonça juste avant de s'endormir qu'elle sentait un œuf dans son ventre. Ils allaient avoir un petit... Et il avait retrouvé son frère. Il ne pouvait pas espérer être plus heureux, quand bien même il adressa une petite prière remplie d'amour à sa mère en regardant le ciel nocturne par la fenêtre.

… Alors c'était ça, la magie de Noël ?