Jour 7 : Une Baie Ceriz pour Noël, par Higanbana
Brou c’est encore cette période de l'année. Décembre, les humains pensent tous à Noël. Et pourtant il fait frisquet et la seule envie que j'ai, c’est de retourner dans le sac à dos de Nick ! Au moins il fera chaud et je pourrai dormir brou… brou … zzz
- Ah non ! Pas la boule rouge de Maya ! C’était sa préférée ! Que vais-je faire ?
Brou ? Qu'est-ce que Nick a fait avec la décoration préférée de son amie Maya ? Brou brou brou !? Le champion a cassé la boule de Noël qui ressemble à une Baie Ceriz en cristal ! Attendez, il a osé la briser alors que moi, Mokuroh son fidèle Brindibou, n'a même pas le droit de s'en approcher ? Pourquoi il se tourne vers moi tout larmoyant ? Ah non. Hors de question. Je ne vais pas venir avec lui sous la neige et le froid pour acheter un remplacement. Ce regard implorant. C’EST BON NICK TU AS GAGNE ! J’y vais, je vais te trouver une nouvelle décoration de Noël.
- Merci Mokuroh ! Je savais que je peux compter sur toi ! Mais comment tu as fait pour lire dans mes pensées ? Minute, tu es un Pokémon type Psy ?? Maya avait donc raison ?!
Et c’est reparti. Sans laisser le temps à mon dresseur de ruminer sur des théories abracadabrantes, je file par la fenêtre sans oublier de gober le petit portefeuille rouge.
C’est la panique au centre-ville. Des humains, des Pokémons, des familles, des couples, des potes : trop de monde ! Ils sont tous pressés par l’ambiance des achats de cadeaux et la magie de Noël. Amer ? Moi ? Du tout ! Je regrette seulement mon sac à dos bien chaud. Dépanner Nick n’est rien comparé à tout ce qu’il m’a donné et fait pour moi. Par exemple l’autre fois, où il a défendu ma cause contre un Persian qui a essayé de me faire passer pour coupable du vol de la coupe de glace à la fraise de Maya. Bref, je dois aller à la place du marché et trouver l’artisan de boules de Noël.
Brou, brou enfin … arrivé. Comme prévu, la place de marché est bondée. Les cabanes marchandes aux toits blancs et illuminés se dressent sur la plus grande place de la ville. L’odeur délicieuse de crêpes et de marrons chauds se mêlent au parfum épicé du vin chaud. Les gens et Pokémons se pressent les uns contre les autres pour céder le passage ou bien pour se réchauffer. Il ne reste plus qu’à repérer le bon stand parmi les commerçants sous les toits enneigés et la décoration souhaitée. Allez Mokuroh, un petit effort et tu peux retrouver la douce chaleur du sac à dos, brou brou !
Au stand du Père Noël, des enfants et bébés Pokémons se pressent autour du bonhomme imposant et de son Cadoizo. Ce dernier distribue des petits paquets rouges remplis de chocolat. Les Ho ! Ho ! Ho ! enjoués du Père Noël se mélangent aux exclamations de joie des bambins. Une Togedemaru s’est même mise à câliner l’homme aux vêtements carmin, qui n’a pas manqué de se prendre un petit éclair ou deux. Je ne veux pas être sa place, Arceus sait comment l’électricité de ces souris est forte ! J’aperçois du coin de l’œil un garçon enrobé essayant de récupérer le hérisson électrique.
Devant les marchands de vin chaud, un groupe d’amis entonnent (ou plutôt braillent) des chants de Noël modernes. On peut entendre des « All I waaaant for Christmaaas is yoooouuu » même en s’éloignant. Ils ont visiblement un peu abusé de la boisson hivernale. Un Flamiaou, visiblement gêné par le comportement de son dresseur (à la peau bronzée et drôlement peu vêtu pour la saison), se détache du groupe d’humains à mon passage. Je compatis, Nick et Maya peuvent être particuliers par moments aussi. Si je suis le Flamiaou, je me tire au plus vite possible comme maintenant.
Une odeur de pain d’épices s’échappe de la cabane la plus proche. Je ne peux pas m’empêcher de voir d’un peu plus près. J’adore les pains d’épices ! Surtout ceux de la tante de Maya : elle les fait si bien ! Brou brou brou ! La vitrine est pleine de délicieux pains d’épices ! Oh je vois une maison en pain d’épices et même une crèche ! Ah je crois que la jeune marchande aux cheveux verts et la Sucreine m’ont remarqué. Je me tourne lentement vers elles. Le Pokémon Reine me tend alors un gros bout de pain d’épices aux figues avec un doux sourire. Je dois avoir les yeux qui brillent et de la bave au bec, mais ce morceau divin d’un délice interdit se dresse devant moi avec toute sa splendeur ! Au moment même où la saveur cannelée du met céleste envahit mon bec, je me sens comme … revivre brouh. Le bonheur coule dans mes veines et fait frémir mon plumage brouh. Je me dois remercier ces anges descendus du ciel. Sur ce, j’offre une de mes précieuses plumes à la marchande avant de reprendre ma quête de la boule rouge.
Non loin de la demeure des pains d’épices, un marionnettiste fait danser ses poupées devant les yeux ébahis d’enfants. Etrangement toutes ses marionnettes sont des Polichombr ou des Branettes. Pourtant ça n’a pas l’air d’effrayer son public, c’est le contraire même. Les enfants les adorent ! Les silhouettes envoûtantes des poupées projettent des ombres inquiétantes sur les rideaux bordeaux, qui leur servent de scène. Au moment où on s’attend le moins, elles ont commencé à bouger toutes seules ! Brou ! Ce sont des vrais Pokémons ! Comment je ne m’en suis pas rendu compte !? Pourquoi ces gamins rigolent ? Je ne suis pas le seul à avoir été effrayé, si ? Brouh …
Ces Pokémons Spectre m’ont plus effrayé que je ne veuille l’admettre. Tiens ça sent bon et ça vient de la prochaine cabane. Je me demande ce qu’ils vendent, cette odeur me rend très curieux. Je ne suis même pas arrivé, qu’une Funécire apparait de nulle part ! Brouh ! Décidément les Pokémons Spectre savent me faire peur. Ne tenant même pas compte de ma surprise, la bougie à la flamme violette me présente le stand de la famille de son dresseur : une entreprise familiale qui fabrique des bougies parfumées. Le parfum agréable s’explique de lui-même. C’est quand même drôle que des artisans de bougies aient un Funécire … Comme si elle a lu dans mes pensées, la Funécire me révèle qu’il est commun pour des Funécires de naître dans les ateliers de bougies. Je me suis alors posé à côté d’elle pour écouter l’histoire de la maison Kaandler et la transmission de l’artisanat.
En passant devant la cabane aux sucreries, un couple semble se disputer. L’homme s’avère avoir contrarié sa petite amie. Une Pikachu et un Evoli s’échangent un regard exaspéré : ce n’est pas la première fois que leurs dresseurs se disputent. Ça a l’air intéressant. La souris jaune m’a remarqué et m’adresse un signe de la patte. Elle m’invite à écouter la querelle futile sous le regard gêné du Evoli. Je ne vais pas m’en priver ! Plus une dispute est futile, mieux c’est ! Apparemment il s’agit d’une histoire de robe vermillon et d’escarpins mordorés qu’elle mettrait le temps d’une soirée et ensuite au placard. Le petit ami désemparé essaye de se rattraper en achetant une pomme d’amour à sa bien-aimée. Cependant celle-ci ne paraît pas l’accepter, mais alors pas du tout ! Elle tourne les talons, un geste élégant de la main bien placée dans les cheveux, pour le planter là avec sa pomme et sa Pikachu, dont le grand sourire moqueur peine à se faire discret. Avant d’emboîter le pas de sa dresseuse, le Evoli bredouille une excuse polie : après tout j’ai été spectateur d’une querelle inutile. La Pikachu, elle, elle s’est mise à rire face au désarroi de l’homme. Elle nous assure que c’est passager et qu’au lendemain tout sera revenu dans l’ordre. La plaisanterie a assez duré, Pikachu va devoir consoler son dresseur et je ne devrais pas faire patienter Nick plus longtemps.
Quelque chose de brillant attire alors mon attention : un artisan de bijoux ! C’est bien joli tout ça, mais je ne comprends pas comment les gens peuvent aimer des choses aussi scintillantes. Je veux dire les Cornèbres sont les plus incompréhensibles qui soient, brou ! Toujours à vouloir voler les choses brillantes des autres brouh. Oh ? Au bout du comptoir du stand, un homme déboussolé se laisse conseiller par un Ténéfix bien renseigné. Sa maîtresse, apparemment la mère du jeune homme en question, aime les pierres similaires aux rubis. Selon le Pokémon serti de gemmes, il n’a pas à débourser des centaines de Pokédollars, c’est l’intention qui compte après tout ! Le gobelin violet ne semble pas être très commode : je ne vais pas les déranger, je ferai mieux d’y aller.
Une magicienne de rue s’est calée entre deux cabanes. Aidée de son chapeau haut de forme, elle fait apparaître des poinsettias aux pétales vermillon, émerveillant petits et grands. Pour ajouter à la féérie, la lumière des illuminations festives se brise en mille feux dans d’énormes bulles, soufflées par une Otaquin joviale. Le plus spectaculaire est atteint quand la magicienne est entrée dans une bulle pour flotter au-dessus du public ! Je ne savais pas que les Otaquins peuvent faire ça, sauf si c’est une spécialité de cette Otaquin et de sa dresseuse. En tout cas, ce spectacle ne manque pas de dessiner un sourire aux plus grincheux des Chaffreux ! Je me suis plus attardé que prévu devant l’artiste et ses deux partenaires. Je dois penser à trouver la nouvelle boule de Noël avant le retour de Maya !
Brouh ! Brou-brou-brouh !!! Sapristi ! Le marchand de décorations de Noël a fermé ! Oh non que vais-je faire ?! J’ai passé trop de temps à flâner au marché de Noël ! J’aurai dû prendre la boule et partir directement ! Et puis, Nick doit être inquiet à l’heure qu’il est … Brouh … Je ne veux pas rentrer sans la boule rouge et pourtant, ça va être le cas.
Déçu de ne pas avoir pu la trouver, je prends la direction vers l’appartement de Nick. Maya sera triste et furieuse contre mon dresseur. Brouh, je m’en veux d’avoir pris le temps de m’amuser. Sur le chemin de retour je croise un Ectoplasma, exaspéré, consoler sa dresseuse (je suppose) en larmes. Nos regards se croisent et le Pokémon violet ne commence pas à dire :
- Hey, tu vois ce Brindibou déprimé, ec-ec ? Il ne verse aucune larme et continue d’avancer. Et ben tu feras mieux d’arrêter de pleurer et tu fais pareil : (déprimer) et avancer, ec-ec ! D’ailleurs, qu’est-ce qui t’arrive l’ami volant ? On dirait que toi aussi tu as été déçu de ton rendez-vous Pinder.
Ce ne sont pas les meilleurs mots pour consoler une demoiselle en larmes après une déception amoureuse, si on peut qualifier ça amoureux brouh. Etonnement, la fille ne bronche pas à la pique et continue de pleurer. Il me semble distinguer des murmures ressemblant à « snif, ch’était pas … lui … mon … prinche charmant, snif ». Avec un soupir las, je me laisse tomber sur le muret. J’explique au Ectoplasma ma situation et la raison de mon chagrin. Le Pokémon poison semble beaucoup plus intéressé par mon périple au marché de Noël que par la détresse de sa dresseuse. Quel étrange duo, ils m’ont l’air proches pourtant.
- Donc si j’ai bien compris il te faut une boule décorative rouge pour le sapin. C’est une décoration bien spéciale et la boule en question ressemble à une Baie Cériz, c’est cela ? Alors ne t’inquiète pas, moi Shin, je suis ton Pokémon ec-ec!
Sur ces mots, Shin se met face à sa dresseuse. Depuis la remarque, elle n’a pas changé de position. J’observe le spectre agiter ses bras et appeler la jeune femme par son nom afin d’attirer son attention. Plus le temps passe, moins Shin est patient. Brouh … je me demande si je peux vraiment compter sur lui.
- Oh ! Hey ! Ery ! Mon pote Mokuroh, le Brindibou, m’a dit qu’il y a un café super sympa dans le coin ec-ec. Il peut me donner l’adresse, mais il lui faut une Baie Cériz en échange. Et tu pourras éventuellement trouver ton VRAI prince charmant ec-ec.
Le Ectoplasma n’a même pas terminé la phrase, que la fille humaine sort de sa torpeur. Visiblement l’expression prince charmant fait un carton monstre auprès d’elle. Est-ce que ça va aussi fonctionner chez Maya ? Bonne question brouh … Sans attendre que la dresseuse se lève, Shin se saisit d’une Baie Cériz dans la petite sacoche à outils Pokémon. Il me la lance et entraine la jeune femme vers le centre-ville, tout heureux de ce méfait. Je me demande comment il va s’en sortir …
Me voilà avec une vraie Baie Cériz à la place de la décoration rouge que je suis censé rapporter. Sans tarder j’entre par la fenêtre entrouverte, angoissé. A ma grande surprise, Nick et Maya se sont précipités vers moi et m’ont pris dans leurs bras. Il leur est plus important de me savoir sain et sauf, qu’avoir une nouvelle boule rouge de Noël. Et bien c’est la même chose pour moi, brouh !