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Les douze tableaux de Jaune de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 31/10/2018 à 18:25
» Dernière mise à jour le 31/10/2018 à 21:31

» Mots-clés :   Aventure   Kanto   Mythologie   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de personnages du manga

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IX, X et XI – Ceinture volée, bœufs dérobés et Cerbère
Jaune venait d’arriver à Parmanie. Elle avait quitté Auguste et Malva le matin même, après avoir passé une très mauvaise nuit. Elle ne comprenait pas ce qui la taraudait autant. Mais elle ne devait pas se laisser abattre ! Elle était venue à Parmanie – la grande métropole la plus proche de Cramois’île – afin de se changer les idées et de constater comment la ville avait évolué depuis toutes ces années. Elle releva donc la tête et observa les environs. Chenipou l’avait déposée à l’entrée de la ville, juste devant le panneau de présentation en bois, usé par les ans.

Cependant, ce que Jaune vit ne la ravit pas exactement. L’écriteau, très abîmé, signalait : « Parmanie, la ville rose comme la passion, qui mélange tradition et modernité. » Mais, à en juger par ce que Jaune pouvait voir, la modernité avait largement pris le dessus sur la tradition. La ville autrefois si herbue et fleurie n’avait plus le moindre carré de verdure. Son emblématique couleur rose était noyée au milieu de ternes gris et noir. Les gigantesques gratte-ciel avaient poussé de terre comme autant de fleurs qui se trouvaient auparavant à leur place.

Atterrée, Jaune erra dans la métropole, perdue dans ses pensées nostalgiques ; elle se remémorait la Parmanie d’il y a vingt ans avec mélancolie. Pendant qu’elle déambulait, elle passa notamment devant l’arène Pokémon. Elle avait entendu dire que Jeannine s’en occupait bien depuis le départ de son père, mais la rumeur disait également qu’elle trempait dans des affaires assez louches. Jaune, qui broyait du noir, occulta inconsciemment la première information pour se concentrer uniquement sur la seconde : son esprit l’incitait à détester cette nouvelle Parmanie.

Ses pieds traînants la menèrent au nord de la ville. L’agitation ambiante attira son attention : les gens semblaient effrayés et couraient dans tous les sens. Jaune tenta de se frayer un chemin parmi la foule et atteignit finalement le cœur de l’action : le Parc des Amis, anciennement Parc Safari. Bousculée de toutes parts, elle réussit toutefois à appréhender un des badauds affolés – vêtu de l’uniforme du parc – pour lui demander :

— Excusez-moi, mais… Qu’est-ce qu’il se passe, ici, au juste ?

— Une folle a pris possession des Pokémon du parc ! lui répondit l’employé, apeuré. Si j’étais vous, je ne resterais pas là ! lui conseilla-t-il ensuite en s’éloignant loin du parc.

N’écoutant que son instinct, Jaune appela Chenipou et prit la direction inverse : celle du Parc des Amis. En survolant ainsi le parc, elle constata qu’elle avait eu tort : il restait au moins un endroit en ville avec un peu de verdure. Et il était actuellement assiégé par une supposée « folle » qui terrorisait humains et Pokémon. Jaune ne pouvait pas laisser faire ça. Elle scruta le paysage et n’eut aucune difficulté à repérer la fauteuse de troubles : elle se trouvait sur un promontoire rocheux depuis lequel elle ordonnait à un troupeau de Tauros et d’Écrémeuh de foncer droit sur la porte qui menait à l’accueil du parc, très probablement dans le but de la briser.

Jaune s’apprêtait à descendre vers elle quand soudain, elle remarqua un homme caché derrière un arbre, non loin de l’entrée du parc. Inquiète de ce qui pourrait lui arriver, la jeune femme se dirigea alors d’abord vers lui. Elle atterrit rapidement à ses côtés et s’écria :

— Monsieur, vous ne devriez pas rester là, c’est dangereux !

Au même moment, juste à côté, trois Tauros et autant d’Écrémeuh vinrent s’écraser sur le bâtiment d’entrée du parc, qui ne se brisa pas pour autant, mais endura péniblement le choc – Jaune supposa qu’il devait être renforcé pour faire face à ce genre d’éventualité.

— Mais ce sont mes Pokémon qu’elle manipule ! Je ne les abandonnerai pas ! affirma le vieux monsieur en pointant le furieux troupeau du doigt. Dire que je venais justement les récupérer aujourd’hui… se lamenta-t-il.

— Vous veniez les récupérer… ? Se pourrait-il que vous ayez les Poké Balls de vos Pokémon sur vous ? demanda Jaune, qui commençait à avoir une idée.

— Ma foi, oui, le personnel me les a rendues juste avant que…

— Parfait ! Je crois que je peux vous aider, Monsieur…

— Yon. Jerry Yon. Appelle-moi Jerry, ma petite.

— Très bien. Monsieur Jerry ! J’aimerais que vous fassiez diversion : au moment où vos Pokémon retenteront de s’écraser contre l’entrée, faites-les rentrer dans leurs Poké Balls. À cette distance, ça devrait être faisable. Cela va déstabiliser celle qui les manipule et me permettre de l’attaquer par surprise !

— D’a… d’accord ! accepta Jerry, fébrile. Bonne chance !

Jaune le remercia et s’envola à nouveau à l’aide de son Papilusion. Depuis les airs, elle avait une meilleure vue de la femme qui manipulait les Pokémon. Ce fut à cet instant qu’elle la reconnut : ces cheveux mauves hérissés, ces perfides yeux gris, cette silhouette longiligne et surtout, ce sourire narquois… Il s’agissait de Saki, ancienne membre des « Trois Crocs » de la Team Rocket mais également membre de la Team Galaxie qu’elle avait – hélas – eu le malheur de croiser sur son chemin par le passé. Mais une chose en particulier retint l’attention de Jaune.

En effet, Saki portait une ceinture très sophistiquée ornée de tas de boutons sur lesquels elle pianotait sans cesse. Lorsqu’elle eut fini de presser les boutons, les six Tauros et Écrémeuh chargèrent à nouveau le bâtiment. Jaune en déduisit donc que c’était cette ceinture qui permettait à Saki de contrôler les Pokémon de Jerry Yon. Elle suivit le déroulement de la scène avec inquiétude. Heureusement, M. Yon fit rentrer ses Pokémon dans leurs Poké Balls au bon moment, et, comme prévu, Saki ne l’avait pas vu venir.

Voir ses jouets s’évaporer en une simple lumière rouge ne la mit pas exactement de bonne humeur. Folle de rage, elle voulut envoyer de nouveaux Pokémon à la poursuite de Jerry, mais Jaune s’interposa, volant toujours dans les airs grâce à Chenipou.

— Qui es-tu pour oser me défier ? cracha-t-elle à l’adresse de la dresseuse au Papilusion. Oh,tiens tiens.... On se connaît je crois… Tu es l’une des gamines qui m’a empêchée d’attraper Deoxys il y a vingt ans ! Je n’oublie jamais un visage !

Elle avait lancé ces mots avec force. Ses yeux lançaient des éclairs :

— Tu ne peux rien faire pour m’arrêter, reprit-elle. Même si tu essayais, ce serait sans espoir. J’ai l’entièreté des Pokémon du parc à mon service, grâce à cette petite merveille ! affirma-t-elle avec dédain en désignant sa taille, à laquelle trônait sa « merveille » de ceinture.

— C’est ce qu’on va voir ! déclara Jaune sur un ton de défi, Poké Ball à la main.

— Ah, ça commence à devenir intéressant… Voyons combien de temps tu vas pouvoir résister avant d’implorer ma pitié !

Commença alors un combat très serré entre le Staross de Saki et le Dodrio de Jaune : cette dernière évitait au maximum d’infliger quelque blessure aux Pokémon, que ce soient le sien ou celui de Saki. Et cela fatiguait énormément celle-ci :

— Arrête d’esquiver, et bats-toi ! Quel est l’intérêt de combattre comme ça ? hurla Saki en fusillant Jaune du regard.

— L’intérêt ? répéta Jaune sur un ton de défi. L’intérêt, c’était de détourner votre attention de votre précieuse ceinture, qui se trouve maintenant… Entre les crocs de Rattinou, expliqua Jaune le sourire aux lèvres, en désignant son Rattatac qui revenait vers elle en courant, la ceinture high-tech entre les crocs.

À la vue de sa ceinture, Saki serra les poings et vociféra :

— Grrrr ! Sale bestiole ! On ne t’a jamais appris qu’il ne fallait pas voler ?

— Sauf que tu l’as toi-même volée, cette ceinture, n’est-ce pas Saki ? intervint soudain une autre voix.

Surprises, les deux femmes se retournèrent : un homme d’environ cinquante ans, à l’air imposant et à la tenue sombre, venait de pénétrer dans le Parc des Amis. Son puissant regard était rivé sur Saki. Jaune l’avait reconnu : il s’agissait de…

— Katz ? Comment m’as-tu retrouvée ? s’exclama Saki, aussi furieuse que surprise.

Katz était un ancien membre de la Team Rocket, aujourd’hui devenu un homme mercenaire, qui agissait à l’internationale en effectuant de multiples tâches contre de l’argent, avec discrétion et minutie. Sa tête était mise à prix pour une somme exorbitante. Jaune avait entendu parler de lui, comme tout le monde. Elle devait bien admettre qu’il était très impressionnant… Et qu’il lui faisait même peur.

— Ne me sous-estime pas, Saki. Et ne sous-estime pas non plus le pauvre vieux à qui tu as volée cette ceinture : Pluton n’est pas encore sénile. Sa méfiance naturelle l’a poussé à mettre un traceur sur sa ceinture, et il a eu raison, lui expliqua Katz avec condescendance.

— Argh…

Ce fut tout ce que Saki trouva à répondre. Katz secoua la tête avec désappointement et s’adressa ensuite à Jaune, qui tremblait des pieds à la tête :

— Je vais récupérer cette ceinture, maintenant, jeune fille.

Jaune considéra la ceinture, toujours dans la gueule de Rattinou. Elle songea un instant à obtempérer, tant cet homme la terrifiait. Mais elle se ressaisit : elle ne pouvait pas laisser une telle arme entre les mains de ce criminel. Rassemblant tout son courage, elle déclara avec force :

— Non. Rattinou, détruis-la !

Son Pokémon obtempéra, et mâchonna la ceinture électronique jusqu’à la scinder en deux. Les deux morceaux atterrirent ensuite lourdement aux pieds de Jaune, qui fixait le sol.

— Tu viens de faire la dernière erreur de ta vie, gamine, affirma froidement Katz en la foudroyant du regard. Et toi, Saki, n’espère pas aller où que ce soit, dit-il à son ancienne collègue en la fusillant du même regard dur. Pluton veut s’occuper de toi personnellement, la menaça-t-il en brandissant un étrange pistolet.

Avant que Saki ou Jaune puissent faire quoi que ce soit, Katz pressa la détente et décocha un filet qui vint emprisonner une Saki furieuse mais également – Jaune le pressentait – apeurée. Puis il se tourna vers Jaune :

— Quant à toi… J’ai bien peur que tu doives disparaître. J’ai pour habitude de ne jamais laisser de témoins derrière moi.

Jaune fut soudain agitée de sueurs froides. Ce n’était pas un simple match Pokémon qui allait démarrer. C’était un combat pour sa vie : Katz voulait la tuer ! Rien qu’à penser cela, ses jambes chancelaient, et la panique la gagnait. Elle n’était pas sûre de pouvoir rivaliser avec lui. Il lui faudrait très certainement fuir. Heureusement, Chenipou était encore à ses côtés. Il fallait absolument qu’il ne lui arrive rien. Jaune essayait de conserver son calme, mais elle était en proie à la peur.

Sans plus attendre, un sourire suffisant aux lèvres, Katz envoya ses trois Démolosse contre Jaune. Celle-ci savait qu’elle devait faire attention. Le souffle de feu de Démolosse était extrêmement douloureux, or Katz voulait réellement sa peau, pas seulement l’affronter en combat Pokémon. Réagissant au quart de tour, elle envoya Amonichou, Gravounet et Chuchu au combat. Il fallait qu’elle gagne du temps et fasse diversion pour pouvoir s’envoler avec son Papilusion.

Avec l’énergie du désespoir, elle ordonna à ses Pokémon d’éviter les trois puissants Lance-Flammes des molosses noirs. Leur regard étincelait de cruauté. Lorsque l’un d’eux évita l’Hydrocanon d’Amonichou, il répliqua immédiatement avec Vibrobscur, le même air orgueilleux que son dresseur plaqué sur son museau. L’Amonistar de Jaune prit l’onde d’énergie ténébreuse de plein fouet, ce qui brisa le cœur de sa dresseuse en plus de l’angoisser davantage.

Pendant ce temps, Chuchu et Gravounet s’efforçaient de maintenir les deux autres à distance : alors que la Pikachu courait dans tous les sens pour esquiver les attaques des canidés démoniaques, le Grolem utilisait Jet-Pierres pour entraver leurs mouvements. Jaune était fière de ses Pokémon, ils donnaient tout, comme s’ils étaient conscients de la gravité de la situation. Et, à défaut de gagner le combat, ils pouvaient au moins faire front assez longtemps pour trouver une échappatoire.

Il fallait que Jaune leur fasse honneur et se ressaisisse, car ses Pokémon croyaient en elle. Soudain, Jaune eut une révélation : cette confiance mutuelle était ce qui allait la sauver ! Elle ferma les yeux, et se concentra. Elle devait faire vite, car Katz n’allait évidemment pas l’attendre gentiment. Elle fit le vide dans son esprit pour entrer en connivence avec celui de ses Pokémon.

Désormais sereine, car elle avait pleinement confiance en son équipe, Jaune parvint à accéder à l’esprit de ses Pokémon. Elle avait réussi à activer cette compétence qui lui permettait de décupler leurs pouvoirs pendant un temps limité. Comme elle l’avait fait face à Peter il y a vingt ans… Elle rouvrit les yeux : elle avait quatre-vingts secondes pour contre-attaquer. Et s’enfuir.

— Amonichou ! Lance Hydrocanon ! Chuchu, attaque Tonnerre ! Et toi, Gravounet, utilise Jet-Pierres ! cria-t-elle à ses Pokémon.

Revitalisés, ses Pokémon obéirent ; un formidable jet d’eau vint frapper le premier Démolosse, une onde de choc paralysa le deuxième, et d’énormes rochers vinrent s’écraser sur le troisième. Jaune n’était pas dupe : le sourire de Katz lui indiquait bien qu’il savait que cette volte-face, aussi puissante soit-elle, était provisoire. Elle n’était pas étonnée qu’il connaisse ses pouvoirs : c’était un professionnel, et les professionnels se préparaient à tous les dangers. Et en tant que sauveuse de Kanto qui avait déchu Peter, Jaune en était un.

Plus que soixante secondes.

— Tu te fatigues pour rien ! Utilisez Déflagration ! Encerclez-les ! intima Katz à ses Démolosse.

Les trois Pokémon obscurs se relevèrent aussitôt, à peine égratignés par les attaques pourtant dévastatrices des Pokémon de Jaune.

— Chuchu, Gravounet ! Resserrez-vous autour d’Amonichou ! Amonichou, utilise Hydrocanon en l’air, puissance maximale !

Les trois Pokémon de Jaune se rapprochèrent les uns des autres, encerclés par les trois gigantesques étoiles de feu lancées par les trois chiens de l’enfer de Katz. Amonichou leva alors la tête et cracha un Hydrocanon si puissant qu’on aurait dit un véritable geyser.

Plus que trente-cinq secondes.

Jaune devait faire quelque chose, et vite ! Elle avait bien une idée... Mais son cœur se serrait à l'idée de la mettre en pratique. Cependant, elle n'avait plus ni le temps ni le choix :

— Chuchu ! Profite de l’eau pour lancer Fatal-Foudre ! hurla Jaune, la voix cassée.

Elle ne voulait pas faire ça. Elle savait qu’Amonichou allait en souffrir, mais elle n’avait pas trouvé d’autre solution. Elle détourna son regard vers son Papilusion, qui volait à côté d’elle, lorsque l’incroyable onde électrique se propoagea sur tout le champ de bataille. Amonichou tomba à terre, inconscient. Gravounet, du fait de son type Sol, n’avait pas été affecté par l’attaque. Quant aux Démolosse… Ils avaient subi un sacré choc, qui avait paralysé deux d’entre eux.

Plus que vingt secondes.

C’était le moment. Les larmes aux yeux, Jaune rappela en quatrième vitesse ses trois Pokémon dans leurs Poké Balls et Chenipou s’empressa de la soulever. Jaune s’envola alors dans les cieux de Kanto, le visage baigné de larmes, au nez et à la barbe de Katz qui ordonnait toujours à ses Démolosse de la bombarder d’attaques Feu.

Bouleversée, Jaune ne vit que trop tard l’une des attaques Lance-Flammes arriver sur elle, et ce fut Chenipou qui prit lui-même l’initiative d’accélérer afin de l’éviter. Cependant, il ne s’écarta pas assez vite, et le jet de flammes effleura la main de sa dresseuse, qui ressentit une immense douleur.

Même les larmes de Jaune ne parvinrent pas à apaiser complètement la brûlure qu’elle avait endurée ce jour-là…