Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 31/10/2018 à 16:59
» Dernière mise à jour le 02/09/2020 à 23:56

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
054. 4x08 - Rencontre sur le Site Météore
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Le groupe rencontre Annick, une amie d’enfance de Timmy avec qui Flora se lie très vite d’amitié. De son côté, Jessie, James et Miaouss se retrouvent à travailler pour Max Magma qui pratique des expérimentations sur le Galifeu de Sofian qui en ressort traumatisé. D’autre part, Max Magma désire s’emparer du Super Bonbon de Flora afin de mener à bien son mystérieux projet. Annick fait une révélation au sujet de la sœur de Sofian : Sarah les aurait aidés à s’enfuir du repère de la Team Magma. Sofian refuse d’y croire, mais un détective lui fait parvenir le dossier criminel de sa sœur dont les informations remettent tout en question. Sarah est-elle véritablement la criminelle que Sofian s’est toujours représenté ? Les quatre adolescents partent en voyage vers Mérouville alors que ni le Professeur Seko, ni Norman n’acceptent qu’ils poursuivent leur route. Cet affrontement entre parents et enfants fait ressurgir en Flora le manque de père dont elle a souffert lorsqu’elle était petite. Gobou évolue en Flobio et Flora détruit son Super Bonbon, alors que le Pokénav de Timmy est endommagé. Excédé par l’échec de Jessie, James et Miaouss dans la mission qu’il leur avait confiée, Max Magma leur accorde une ultime chance avant l’exécution : la confection d’une machine qui lui permettra d’arriver à ses fins. Avec le Professeur Kosmo prisonnier, la Team Magma s’apprête à nouveau à passer à l’action.

Site Météore


Pokémon #201
— Je comprends à présent pourquoi Max Magma voulait à tout prix mettre la main sur le Super Bonbon des gamins.
Le pokémon félin déroula une large et épaisse feuille sur le sol de la caravane et scruta une partie particulièrement détaillée, au centre du plan dessiné sur la carte. Sa complice aux longs cheveux roux s’arrêta un instant, quelque peu intriguée par les propos de la créature, avant de reprendre sa ronde mécanique dans le bâtiment. L’homme, quant à lui, ne prêta aucune attention au chat et continua à faire les cents pas.
— C’en est fini de nous, marmonna James en se rongeant les ongles.
— Si le cœur de son engin est fonctionnel, il peut décupler l’énergie de tout carburant introduit dans la partie supérieure, à l’image de l’efficacité du Super Bonbon sur nos corps de pokémons, expliqua Miaouss pour lui-même.
— Il va nous abattre, rumina Jessie en s’arrachant quelques cheveux.
— Analyser Galifeu a dû lui permettre de mettre au point cette partie de l’engin, qui est formidable d’un point de vue technologique, poursuivit Miaouss sans se soucier de ses deux comparses paniqués.
— Tu veux bien laisser ce truc de côté et nous aider à trouver un moyen de faire faux bond à la Team Magma ? s’impatienta Jessie en montant dans les tours.
— Du calme ! soupira Miaouss. Tant qu’on s’affère à la construction de sa machine, on ne craint rien. C’est ça, notre plan : Max Magma vient de nous donner trois semaines de plus pour nous enfuir.
— Il va se débarrasser de nous à la première occasion, affirma James, défaitiste. Vu son tempérament pervers et dangereux, il va même peut-être nous utiliser une dernière fois et nous tuer en faisant croire à un accident.
— Crois-moi, s’il n’avait pas besoin de notre aide pour la confection de sa machine, il nous aurait déjà éliminé, rassura Miaouss sans quitter des yeux les plans qu’il trouvait fascinants.
— Comment tu expliques qu’il ne nous a toujours pas dit quelle serait la matière première à transformer en énergie ? Sans cette info, on ne peut pas construire la machine ! Et si on ne la construit pas, il nous exécute !
— Peut-être qu’il ne nous dit pas tout parce qu’il n’a pas confiance en nous, supposa le chat. Entre nous, il n’aurait pas tort… De toute façon, il a besoin de cette machine. Et les seuls qui peuvent la lui construire, c’est nous. Donc, il ne peut rien nous faire tant qu’on n’a pas fini ce job.
— Je ne serais pas si sûr de moi, à ta place !
James attira son attention en essayant d’ouvrir la porte de leur caravane. L’objet resta immobile.
— Il nous a renfermé ici… murmura Jessie, le teint devenant livide. Nous sommes ses prisonniers…
Miaouss souffla, las, et releva enfin les yeux des plans de l’engin mécanique.
— On n’a plus Galifeu, on n’a pas réussi à se faire respecter dans leur bande, et on est ses prisonniers, énuméra Jessie en tremblant de chacun de ses membres. Maintenant, il va se servir de nous pour construire sa machine et puis se débarrasser de nous ! On s’est fait avoir comme des bleus !
— Bon, écoutez, une bonne fois pour toute ! s’énerva Miaouss.
Jessie et James se forcèrent à rester silencieux, habitués à l’autorité naturelle qui émanait du pokémon félin.
— Je vais faire de cette machine notre monnaie d’échange. Dans trois semaines, elle sera fonctionnelle et on la lui donnera, comme convenu. Et s’il nous la met à l’envers, ce qui risque fort d’arriver,… disons que je compte ajouter un petit détail à sa machine, en guise de joker.
Miaouss afficha un sourire malicieux qui rassura ses deux comparses. Jessie et James finirent par consentir à se calmer.
Un cliquetis retentit derrière la porte et la serrure se défit. La porte de la caravane s’ouvrit brusquement, laissant apparaître une escorte de sbires de la Team Magma, menée par Sarah Match.
— Il est l’heure, annonça-t-elle simplement.

Jessie, James et Miaouss s’attendirent à ce que les rayons du soleil les aveuglèrent mais il n’en fut rien à leur sortie de leur cellule mobile. La lune régnait toujours sur un ciel étoilé et une légère brise nocturne les fit frissonner. Sur la plaine rocailleuse, dénuée de végétation, un incroyable mur rouge s’était bâti à la sortie de leur campement. Une cinquantaine d’hommes et de femmes enveloppés dans des uniformes rouges, la tête cachée sous une capuche à l’effigie de la Team Magma, se dressaient en groupes minutieusement formés, telle l’armée de terre prête à lancer un assaut. Trois sbires masqués poussèrent Jessie, James et Miaouss dans les rangs. L’attente fut de courte durée car bientôt, une voix s’éleva devant les troupes.
— Team Magma, lança la voix lisse et glaciale de leur leader, après de longues semaines de préparation, le jour est enfin venu de mener à bien notre mission. Chacun de vous a été préparé pour les évènements qui vont suivre, chacune de vous a reçu un entraînement précis pour faire face à la journée qui nous attend. Tous nos efforts vont enfin payer. Il est temps d’assaillir le Site Météore, comme nous l’avions convenu. Dans quelques heures, nous serons en possession du trésor le plus convoité de toute la région. Dans quelques heures, nous serons irrésistibles.
Faible de sa petite taille de pokémon, Miaouss ne voyait que des jambes et des pieds se succéder les uns derrière les autres sur le sol poussiéreux de la Route 114. Il se faufila entre les membres inférieurs des sbires rangés et accéda au premier rang. Face à lui, debout devant l’entrée d’une grotte, flanqué de ses deux Administrateurs les plus fidèles, Sarah et John, et du Professeur Kosmo recroquevillé sur lui-même sous l’étreinte de Gérald, se tenait Max Magma, le visage pâle brillant de mille feux sous la lumière lunaire.
Soudain, les voix de la demi-centaine de sbires s’élevèrent dans la nuit et scandèrent en chœur :
Pour un continuent plus large, Team Magma !
C’est alors que Max Magma ouvrit la marche et pénétra dans le Site Météore, suivi de Sarah, John, Gérald et un Professeur Kosmo terrorisé, et des troupes de la Team Magma.

Pokémon #201f
— Quelque chose ne tourne pas rond…
La grotte dans laquelle ils venaient de pénétrer était des plus singulières. Jamais ils ne se seraient douté qu’ils allaient bénéficier d’autant de luminosité dans une des grottes les plus anciennes de Hoenn. En effet, le Site Météore n’était pas doté d’un plafond rocheux. Ou plutôt, le reste du plafond rocheux du Site Météore ne pouvait pas être qualifié de plafond. Tel un morceau de fromage, des milliers d’énormes trous parsemaient la voûte de la grotte, si bien que chaque rayon du soleil bénéficiait d’un ticket d’entrée dans la grotte, formant des tubes lumineux dans l’obscurité, dignes des plus belles scènes de spectacle. C’était comme si le Site Météore avait été détruit pendant des millénaires par la chute de météores qui s’y étaient écrasés les uns après les autres.
Sofian, Flora, Timmy et Annick marchaient depuis une bonne heure sur les hauteurs du Site Météore, longeant un précipice de plusieurs mètres d’altitude sous lequel flottait paisiblement un lac d’une pureté sans nom. Depuis la traversée d’un campement de caravanes abandonnées, Annick n’avait eu de cesse d’afficher une mine sérieuse et angoissée.
— Quelque chose ne tourne pas rond, répéta-t-elle.
— Pourquoi faut-il toujours qu’on s’imagine le pire ? conforta Flora.
— Parce qu’il nous arrive toujours le pire ? suggéra Sofian, un sourire amusé.
— Allons, Annick, pourquoi est-ce que tu tires cette tête ? demanda Timmy qui s’inquiéta de l’absence de réaction de la part de son amie à la blague de Sofian.
— Parce que le Site Météore est étrangement calme.
— Pourquoi voudrais-tu qu’il ne le soit pas ?
— Nous sommes le huit novembre, pas vrai ?
Les trois adolescents approuvèrent.
— Si y a bien une chose que j’ai retenue de la conférence du Professeur Kosmo, expliqua Annick, et pourtant j’ai eu du mal à la suivre, c’est qu’il avait organisé une convention scientifique dans le Site Météore à cette date précise, durant laquelle ses collègues archéologues désiraient trouver des météorites pour je ne sais quelle raison.
— D’où le campement de caravane à l’entrée du Site Météore, comprit Flora.
— Or, je ne sais pas vous, mais une dizaine d’archéologues en plein travail, ça n’a pas besoin de vingt-cinq caravanes, fit remarquer Annick. Et en général, les scientifiques ne s’absentent simplement pas de leur campement. En règle générale, il y a une équipe qui fait des fouilles sur un site, et une autre équipe occupée à travailler auprès de leurs ustensiles, à leurs caravanes.
Sofian fronça les sourcils, étonné que ce raisonnement ne lui fût pas venu plus tôt à l’esprit.
— Quelque chose ne tourne pas rond ici…
— Pourquoi est-ce que la date du huit novembre me dit quelque chose ? intervint Timmy.
— Parce que nous sommes le huit novembre ? supposa Flora, qui ne trouvait aucun intérêt à la conversation. Moi, ce qui m’ennuie le plus, c’est qu’on n’a pas encore rencontré un seul pokémon sauvage. C’est vrai quoi, j’aurais bien voulu croiser la route d’un Drabby. Il paraît qu’ils aiment cet endroit pour son humidité et sa luminosité. J’aurais même bien voulu en attraper un, tiens !
— C’est étrange, en effet… marmonna Timmy.
— En même temps, avec tout le boucan qu’on fait… ajouta Flora.
À ces mots, elle prit plus de précaution à avancer sur le chemin rocailleux du Site Météore, en-dessous duquel le lac montrait enfin sa berge, sur une petite plage de cailloux.
— Surtout que d’après ce que j’ai lu sur l’endroit, les touristes se plaignent souvent de la présence en surnombre de Seleroc et de Solaroc, précisa Annick.
— La Team Magma !
Sofian, Flora et Annick s’arrêtèrent brusquement et se tournèrent vers Timmy, apeurés.
— Quoi ?
— Pourquoi est-ce que tu as crié « la Team Magma » de cette façon ?
— T’es fou ? Je pensais qu’on se faisait agresser !!
— Non, c’est juste que… j’ai l’impression que la date du huit novembre est liée à la Team Magma, se justifia Timmy. Mais je ne sais pas pourquoi. C’est comme… un conditionnement.
— Je crois surtout que nous sommes tous devenus paranos depuis ce qu’il nous est arrivé chez eux.
C’est alors que la paranoïa des jeunes adolescents se transforma en véritable menace lorsqu’une voix masculine et sèche s’exclama de manière autoritaire :
— Qui est là ?
Par réflexe, Sofian tira ses trois amis au sol et ils se cachèrent en précipitation derrière un amas de rochers. Flora voulut passer sa tête par-dessus leur protection mais Sofian la tira davantage par le col afin de la forcer à rester accroupie au sol. Ils échangèrent un regard paniqué et Sofian appuya son regard. Derrière eux, un frottement à peine perceptible indiquait la présence d’un individu très proche de leur cachette.
Les quatre amis maintinrent leur position inconfortable durant quelques minutes qui leur parurent des heures. Enfin, lorsque toute menace fut passée, Timmy osa étirer sa jambe droite avec délicatesse. Tout à coup, un frétillement résonna depuis l’intérieur de sa poche et ils reconnurent le bruit de son Pokénav défectueux. Leur position était révélée, il fallait fuir !
Deux chaussures noires apparurent devant leur nez. En remontant leur regard, ils parcoururent le long imper gris de l’homme qui venait de les démasquer, remontant jusqu’au visage fin, aux yeux bleus électriques et à la mèche brune dépassant d’un chapeau marron rapiécé du jeune détective qui s’était occupé de l’attentat à Autéquia.
— Vous avez eu la bonne réaction en vous cachant, leur annonça-t-il de sa voix grave non pas en les invitant à se relever, mais en s’accroupissant à leurs côtés. Vous devriez rebrousser chemin et rejoindre Autéquia au plus vite. Mieux vaut ne pas trop traîner dans le coin, aujourd’hui.
Le groupe d’adolescents échangèrent des regards inquiets, mais ce fut Timmy qui brisa le silence pesant.
— La Team Magma prévoit d’attaquer le Site Météore aujourd’hui, dit-il.
— Tu m’as l’air bien sûr de toi dans ce que tu affirmes, répondit la détective. Retournez à Autéquia au plus vite, et ne vous faites pas remarquer.
Sur ces mots, le détective se releva et leur tourna le dos, prêt à les quitter.
— Attendez ! appela Timmy en se levant d’un bond. Je peux vous aider. J’étais dans le bureau de leur leader le jour où ils ont détruit leur base secrète. J’ai vu des informations qui peuvent vous être utiles !
Le détective s’arrêta un instant et le considéra du regard. Sofian, Flora et Annick en profitèrent pour les rejoindre. Soudain, l’homme leva sa main droite afin de les faire taire, chercha sa poche de son autre main et en sortit un Pokénav qu’il porta à son oreille.
— Je vous écoute… Je suis en chemin… Rien à signaler… Entendu… Je vous rejoins tout de suite, Chef.
Le détective raccrocha, rangea son Pokénav et, toujours fixant Timmy du regard, lui assura un sourire sympathique.
— Je ne pense pas qu’un enfant de quinze ans atteint de crises d’angoisses et d’hallucinations chroniques puisse avoir des éléments d’enquête plus précis que ceux de l’Organisation de Défense Nationale d’Hoenn. Partez, maintenant, ajouta-t-il à l’adresse des trois autres.
Et le détective disparut dans la pénombre dans un mouvement rapide et silencieux.
— Si ce que tu dis est vrai, on ne peut pas rester ici sans rien faire ! s’emporta Sofian.
— C’est pourquoi on va gentiment quitter les lieux et nous rendre dans un lieu sûr et sécurisé, intervint Annick.
— La Team Magma est ici, et tu veux partir sans les empêcher de… commença Timmy.
— Les empêcher de quoi ? l’interrompit Annick fermement. Je pense que le détective a raison : ce n’est pas à une bande d’adolescents d’arrêter une organisation criminelle et terroriste.
— Et le Professeur Kosmo ? lui demanda Sofian. Ce n’est pas toi tout à l’heure qui disait qu’il pouvait être en danger ?
— Oui, mais ça ne veut pas dire que c’est à nous de l’aider ! s’énerva Annick. Si le détective est ici, c’est que les forces de l’ordre sont présentes elles-aussi. Ne nous mêlons pas d’un conflit qui ne nous regarde pas !
— Avoir failli mourir dans une grotte parce qu’on s’en est pris à mes pokémons n’est pas ce que j’appelle un conflit qui ne me regarde pas, insista Sofian qui s’était approché si près d’Annick qu’ils se touchaient quasi du bout du nez.
Annick voulut riposter mais Flora l’en empêcha :
— Les gars, taisez-vous et regardez !
Flora leur montra un large espace poussiéreux en contrebas, une sorte d’étage inférieur de la grotte, qui se terminait par la bordure du lac qu’ils avaient vu de haut durant leur traversée. Déployé dans l’espace immense, une cinquantaine de personnes vêtues d’uniformes rouges avait pris possession de l’endroit.
— Qu’est-ce que je vous disais, chuchota Timmy.
Les quatre amis se plaquèrent au sol afin de ne pas être vus et observèrent de loin la scène dramatique qui se jouait dans le Site Météore.

Pokémon #201f
John poussa fermement le Professeur Kosmo vers le bas, de sorte qu’il s’incline à s’agenouiller au sol, face au trou creusé dans la roche poussiéreuse du Site Météore. Contre sa volonté, le scientifique enfonça ses mains dans la roche et en ressorti une poignée de petits cailloux noirs brillants.
— Alors ? demanda John de sa voix autoritaire.
— Je ne peux pas me prononcer sans analyses sérieuses avec un matériel…
John l’empêcha de terminer sa phrase en poussant brusquement son visage vers le bas, jusqu’à ce que sa joue droite frôle la poussière du sol. Autour d’eux, les sbires sous les ordres de Max Magma s’affairaient dans la grotte lumineuse.
— Je… Je ne pense pas que ce soit celle que vous recherchez, répondit précipitamment le Professeur Kosmo qui abandonne toute résistance.
— Et à quoi ressemble-t-elle ? questionna paisiblement une voix froide et dénuée d’émotion.
Le silence tomba d’un coup sur le groupe de malfrats. John obéit au signe que lui avait indiqué Max Magma et relâcha son emprise sur le scientifique. Celui-ci se releva sur ses genoux et replaça ses lunettes rondes sur son visage en sueur.
— La météorite, à quoi ressemble-t-elle ?
— Je n’en ai aucune idée, lança le Professeur Kosmo en fuyant le regard du chef de la bande.
Peu satisfait par cette réponse, Max Magma s’accroupit face à lui et sortit de sa poche une de ses pokéballs personnelles. En voyant la menace d’une attaque d’un pokémon violent arriver, le Professeur Kosmo accepta de parler :
— Si mes recherches sont exactes, et c’est au conditionnel car les données que j’ai récoltées n’ont pas semblé convaincre mes paires, la météorite que vous recherchez devrait avoir subi de nombreux dégâts naturels, avoua-t-il. Avec le temps, elle a dû souffrir de l’humidité ambiant et surtout de la pollution de ces cent dernières années. Il ne devrait en rester qu’un tout petit fragment, pas plus grand que la paume de ma main, couleur charbon, poreux, mais très lisse au toucher. Peut-être même qu’elle pourrait refléter l’image de celui qui se trouve face à elle à cause du frottement de l’air qui l’aurait polie lorsqu’elle est tombée des cieux.
— Si tes recherches sont exactes ? insista John en le brutalisant.
— Oui ! La science n’est pas aussi parfaite que le pensent les esprits faibles ! se défendit le Professeur Kosmo en le défiant du regard. Si mes recherches sont exactes, elle devrait se trouver quelque part dans le Site Météore, si mes recherches sont exactes, elle devrait être dans l’état dans lequel je viens de vous la décrire !
— Tu as intérêt à être un excellent scientifique, Kosmo.
Max Magma se releva de sa longue silhouette et observa les alentours : ses cinquante sbires s’étaient dispersés sur le périmètre indiqué par les études du scientifique, mais aucune découverte n’avait encore été menée en une matinée. Et s’il ne la trouvait jamais ?

Non loin de lui, cachés par les formes ténébreuses d’un haut rocher, Jessie et James attendirent le signal de Miaouss. Le chat avait grimpé au sommet du rocher et analysait les mouvements de tous les sbires.
— On devrait profiter de tout ce raffut pour nous barrer d’ici, répéta Jessie.
— Tu as raison, pourquoi attendre trois semaines alors qu’on n’aura probablement pas d’autre chance d’être en liberté qu’aujourd’hui ? approuva James.
— Le tout est de saisir la bonne occasion… Maintenant !
Jessie et James amorcèrent un mouvement de fuite lorsque Miaouss bondit du rocher et leur bloqua le passage.
— Toujours aucun signe de la météorite ! cria-t-il à l’attention de quelqu’un derrière le duo Rocket.
Gérald les avait rejoints à l’instant même durant lequel ils avaient voulu s’enfuir.
— Ne restez donc pas plantés là à chercher des yeux, allez mettre vos mains dans…
Mais Gérald s’était interrompu. Quelque chose derrière Miaouss l’avait terrifié sur place.
La Team Rocket se tourna vers la source de sa terreur et furent saisi de choc en discernant au loin, les rejoignant depuis le lac du Site Météore, une troupe d’une cinquantaine de personnes vêtus d’un uniforme bleu marine.
— PA… PATRON ! hurla Gérald. LA TEAM AQUA !!!

Pokémon #201r
— Qu’est-ce que la Team Aqua vient faire ici ? s’étonna Flora.
— Je ne comprends pas… Je pensais qu’elle était occupée sur la côte sud de Hoenn et qu’ici, c’était la zone de la Team Magma, marmonna Timmy.
— Regardez ! Il y en a un qui se détache du groupe et avance vers Max Magma, observa Annick.
— C’est leur chef.
Sofian en était persuadé. À peine les troupes de la Team Aqua avaient-elles débarqués dans le Site Météore, l’adolescent avait déjà repéré l’homme qui s’avançait au centre du groupe. La distance ne l’avait pas empêché de le reconnaître. Grand, massif, la démarche fébrile de celui qui a vécu toute sa vie en mer, une cape flottant sur ses épaules : deux mois plus tôt, il avait fait face à cette silhouette dans la brume du port de Poivressel. À présent, dans la lumière du Site Météore, Sofian put mettre une image sur le visage qui l’avait tant terrorisé : la peau bronzée d’un homme qui avait vécu toute sa vie au soleil, les yeux bleus foncés des abysses, la barbe mal-entretenue de celui qui n’acceptait pas les codes de la société, un bandana bleu noué sur les cheveux à peine grisonnant.
— Timmy, il nous faut entendre leur conversation ! le pressa Flora.
Comme s’il y avait déjà réfléchi, Timmy fit apparaître son Tarsal qui utilisa ses pouvoirs psychiques pour transmettre aux adolescents les paroles qui s’échangeaient quelques mètres plus bas.

Le patron de la Team Magma et le chef de la Team Aqua se faisaient à présent face, au centre d’un cercle formé par leurs troupes. Ni l’un ni l’autre ne semblait vouloir démarrer l’affrontement, et ils se contentèrent de s’observer longuement.
— Arthur, Max finit-il par dire de sa voix froide et lisse.
— Max, son opposant dit-il simplement de sa voix grave et rauque.
— La Team Aqua, quelle belle surprise ! lança Max avec ironie. Que me vaut dont le plaisir de votre détestable compagnie ?
— Je me suis dit qu’une petite visite de courtoisie à cette bonne vieille Team Magma serait opportune, étant donné votre nouvel espace de travail, répondit Arthur du tac-au-tac. Je me demandais ce que vous pouviez trouver d’intéressant à faire dans une grotte abandonnée.
— Une simple garden party en toute sérénité, Arthur. Je ne me souviens pas avoir étendu l’invitation aux marins de Nénucrique ; en règle générale, vous n’êtes pas très friands de ce genre de choses.
Le regard d’Arthur dévia une fraction de seconde sur la droite, à l’endroit où gisait le Professeur Kosmo au sol, aux pieds de John.
— Vu votre façon de recevoir vos invités, nous sommes plus que ravis de ne pas avoir été comptés dans cette petite fête privée, poursuivit Arthur avec une touche de dégoût dans la voix.
— Allons, Arthur. Toujours à penser que nous sommes de mauvais bougres ! se défendit Max en éclatant d’un faux rire cinglant.
— Drôle de façon de traiter ses invités, ne trouves-tu pas, Max ?
— Arrêtons ce petit jeu stupide.
Le ton de Max Magma s’était durci.
— Qu’est-ce que vous faites sur notre territoire ? La mer ne te plait plus ? Tu as le mal de mer et tu t’es enfin décidé à venir vivre sur le continent ? Tu arrives trop tard, le continent nous appartient. Ou peut-être est-ce l’odeur fétide du poisson qui te fait ouvrir les yeux sur la tristesse de ta vie ?
— Je sais ce que tu manigances, Maxime. Nous sommes là pour t’en empêcher.
— Alors je vais faire tout ce qui est dans mon pouvoir pour protéger Hoenn de toi, Arthurus.
— Protéger Hoenn ? s’étonna Arthur, cette fois véritablement surpris. Tu ne te rends pas compte que tu seras la cause de sa destruction ?
Les deux meilleurs ennemis tombèrent dans le silence, s’observant à nouveaux à présent que les masques de la politesse étaient tombés. Enfin, Max s’autorisa un sourire.
— Cette obsession que tu as à me mettre des bâtons dans les roues… C’est pour sauver la région, ou pour prendre le pouvoir ?
Cette dernière phrase eut l’effet d’une bombe. Aussi simple fut-elle, elle sembla avoir une portée beaucoup plus profonde sur Arthur. Offensé, les traits d’Arthur se crispèrent et l’homme sembla s’emplir de rage.

— Je ne sais pas ce qu’il fallait comprendre par là, mais on dirait que l’Arthur l’a très mal pris, commenta Annick.
— On devrait prévenir la police… suggéra Flora.
Timmy se jeta sur son Pokénav mais l’objet crépita à nouveau et refusa se s’allumer.
— Je pensais que le détective était là pour gérer la situation, lança Sofian sur un ton sarcastique.
— Ça va péter… marmonna Annick.
Quelques mètres plus bas, la scène d’affrontement se transforma instantanément. Max et Arthur avaient agi en même temps : leurs ordres avaient fusés dans la grotte et leurs sbires avaient dégainés leurs pokéballs. En quelques secondes, le terrain avait été saturé en jets de flammes et jets d’eau qui éclatèrent de partout.
— ATTENTION !! s’écria Flora.
Deux attaques s’étaient percutées au pied de la falaise qui trembla violemment. Le sol se mit à choir sous leurs pieds et les adolescents furent obligés de s’enfuir en courant vers le seul chemin disponible : celui qui descendait vers le terrain d’affrontement.

Pokémon #201o
Dans le brouhaha de l’action, Sofian, Flora, Timmy et Annick étaient passés inaperçus. Ils étaient arrivés sur la plaine rocailleuse sur laquelle s’affrontaient les deux organisations criminelles et restaient en retrait près du lac. Quelque part dans les profondeurs de ce lac se cachait le sous-marin que la Team Aqua avait volé sous leur nez deux mois plus tôt.
— Il faut qu’on parte d’ici avant qu’on ne se fasse repérer ! pressa Annick.
Un Nosferapti fendit l’air à quelques mètres d’eux et ils se jetèrent derrière un rocher. Le pokémon ne les avait pas vus et retournait sur le champ de bataille.
— JE VEUX CETTE MÉTÉORITE !! hurla la voix de Max quelque part dans les cris des combats. ÉQUIPES ALPHA ET BRAVO, ATTAQUEZ ! ÉQUIPES CHARLIE ET DELTA, POURSUIVEZ LES RECHERCHES !
— EMPÊCHEZ-LES DE METTRE LA MAIN DESSUS !! ordonna Arthur qui devait se trouver très près d’eux.
Timmy attira leur attention en montrant une masse sombre recroquevillée au pied de la falaise qui avait subi des dégâts : le Professeur Kosmo s’était tassé contre la paroi rocheuse, terrassé par la panique.
— On doit l’aider ! cria Timmy.
Sa voix se perdit dans le brouhaha mais ses amis avaient bien compris quelle était son intention. Annick et Flora le retinrent par le bras pour l’empêcher de se mêler aux combats. Même Tarsal préféra rester cacher. C’est alors qu’une attaque frappa de plein fouet le rocher derrière lequel ils étaient cachés et les deux filles relâchèrent Timmy sous le coup de la surprise.
Mais c’était trop tard : un jet de flammes venait d’être propulsé vers le Professeur Kosmo paralysé par la peur. Sans réfléchir, Timmy lança la pokéball qui contenait son Arcko et l’objet entra en contact avec les flammes à quelques centimètres du visage du scientifique. La pokéball explosa littéralement et Arcko en sortit, indemne. L’explosion fit barrière contre les flammes, protégeant ainsi le Professeur Kosmo, mais l’attention fut attirée par ce nouveau pokémon envoyé au combat.
— Y EN A D’AUTRES !!
Les quatre adolescents venaient d’être repérés.
N’écoutant que son instinct, Timmy courut à toute allure vers le Professeur Kosmo, l’empoigna fermement, et l’obligea à quitter les lieux en vitesse, Arcko et Tarsal sur leurs talons.
— Timmy !!
Mais le jeune garçon n’entendit pas ses amis crier après lui, et il les perdit vite de vue.
— Pourquoi est-ce que vous m’aidez ? demanda le Professeur Kosmo tandis que Timmy l’obligeait à traverser le terrain de combat vers une direction inconnue, opposée à celle du lac.
— Je ne fais partie d’aucun de ces groupes ! Nous nous sommes déjà rencontrés !
— L’œuf de la vie ! Vous êtes le jeune homme qui m’a posé des questions sur cette légende qui vous tenait tant à cœur ! reconnut le scientifique.
— Je pensais que vous étiez en colloque avec des confrères et que vous faisiez des recherches sur des météorites !
Timmy bondit au-dessus d’un duo de Limagma épuisés et le Professeur Kosmo tituba.
— On m’a tendu un piège ! raconta-t-il. Ce colloque a été inventé de toute pièce par ces brutes qui m’ont enfermé pendant trois jours !
Timmy poussa le Professeur Kosmo dans un coin de la grotte, à l’abri des combats. Derrière eux retentissaient les cris des sbires Magma et Aqua qui s’affrontaient toujours sans relâche.
— Je crois que la sortie est un peu plus loin, après la pente qui…
— Qu’est-ce qu’ils recherchent ? l’interrompit Timmy.
— Je… Je ne sais pas…
— Vous devez bien avoir une idée ! Pourquoi ils vous ont enlevé ? insista l’enfant.
— Je… Je crois qu’ils veulent prendre possession des météorites qui contiendraient les séquences ADN des plus anciens pokémons de la région, dévoila le scientifique.
— Qu’est-ce qu’ils peuvent bien vouloir en tirer ?
— Je n’en sais rien ! D’après ce que j’ai pu comprendre en écoutant les messes basses ces trois derniers jours, je… je pense qu’ils veulent transformer l’énergie nucléaire contenue dans cette matière première — ne me demande pas comment ! — en énergie qui serait capable… enfin qui serait tellement…
— Tellement quoi ?! pressa Timmy.
— Si mes calculs sont bons, il se pourrait qu’ils prévoient de créer une arme assez destructrice que pour rayer Hoenn de la carte !
La nouvelle tomba sur Timmy aussi durement que si la gravité avait été altérée. Pour la première fois depuis que la Team Magma les avait pris pour cible, les bras lui en tombèrent. Alors c’était ça, le fameux plan de la Team Magma : détruire Hoenn. Était-ce pour cette raison que la Team Aqua l’affrontait ? Était-ce pour cette raison que la Team Aqua menait son projet de son côté ? La Team Aqua, des voleurs, des agresseurs, les premiers ennemis qu’il avait croisé sur les routes de Hoenn… Se pouvait-il que la Team Aqua fasse partie des gens biens ? De ceux qui essayaient de sauver la région ?
— Vous êtes d’une résistance incroyable.
Timmy sursauta. John et quatre sbires Magma les avaient retrouvés. Son Grahyèna grognait de rage entre Timmy et lui.
— Je ne sais pas comment vous avez échappé à la destruction de notre base dans la montagne, je ne sais pas comment vous avez réussi à survivre à quatorze tonnes de bombes, ni même comment vous faites pour toujours vous retrouver dans nos pattes. Mais je t’assure que c’est la dernière fois que nous nous croisons, car mon Grahyèna va te déchiqueter en morceau. Je vais te faire payer la mort de Klein !
Grahyèna bondit dans les airs, mais Tarsal et Arcko firent barrière. Les deux pokémons furent jetés au sol férocement et l’immense chien avança vers Timmy.
C’est alors qu’un son strident retentit depuis la poche de John. Grahyèna s’immobilisa et attendit des ordres qui ne vinrent pas : John était focalisé sur le message qu’il venait de recevoir sur son Pokénav. Il se mordit la lèvre, jeta un regard mauvais à Timmy, et rappela ses troupes avant de partir vers les combats.
— Qu’est-ce que… ?!
Surpris, Timmy accourut pour prendre soin de ses pokémons tandis que le Professeur Kosmo se laissa tomber au sol.
— Cela ne signifie qu’une seule chose : ils ont trouvé la météorite, annonça-t-il gravement.

Pokémon #201n
— Timmy !!
Flora courut derrière Timmy, mais Annick la retint. Une seconde plus tard, un Tentacool était projeté devant elle et s’écrasait contre un rocher. Flora jeta un coup d’œil à l’endroit où était parti Timmy : le Professeur Kosmo n’était plus recroquevillé au sol, Arcko et Tarsal s’étaient volatilisés, ils avaient tous disparu dans les combats.
— On doit les retrouver ! s’horrifia Flora.
Les deux filles se tournèrent vers Sofian mais l’adolescent était captivé par une autre scène qui se déroulait sur la berge du lac. La longue chevelure rousse de sa sœur venait de disparaître dans un virage avec trois autre sbires, s’éclipsant loin des combats, probablement à la recherche de la météorite convoitée.
Il fallait qu’il la suive. Peu lui importait cette histoire de météorite, peu lui importait de connaître les plans de la Team Magma ou ceux de la Team Aqua. Toutes ces histoires le dépassaient. Mais sa sœur… Il devait en avoir le cœur net !
D’un coup, Sofian démarra en trombe et courut le long du lac, plongeant ses pieds et ses chevilles dans l’eau glacée, pour rejoindre le tunnel dans lequel sa sœur s’était enfoncée avec son expédition.
— Sofian !!
Mais les appels au secours de ses amies se perdirent au loin, derrière lui.
Il faisait sombre dans la grotte et le couloir qu’il empruntait était inondé jusqu’aux genoux. Le moindre mouvement provoquait une petite vague d’eau qui annonçait, par son bruit, sa position. Bientôt, il entendit les bruits de pas dans l’eau des quatre sbires qu’il poursuivait. Ils semblaient s’être arrêtés. Sofian fit de même. S’il faisait un pas de plus, il allait être démasqué. Soudain, il eut une idée.
— Parce que c’est le seul endroit où on n’a pas encore cherché, disait Sarah.
— Et comment on est censé creuser dans toute cette eau ?
— C’est pour ça que j’ai envoyé Gérald…
Mais Sofian ne sut jamais où Gérald avait été envoyé. Écrapince était sorti de l’eau à hauteur des sbires et, de ses deux pinces volumineuses, avait asséné deux gros coups sur le crâne des deux sbires entourant Sarah. Les hommes s’affalèrent au sol et Sarah pivota sur elle-même. Sa mèche rousse lui glissa sur la joue alors qu’elle reconnaissait son frère qui venait de lui faire face.
— Sofian ! s’exclama Sarah, comme si elle venait d’apercevoir un fantôme.
— La dernière fois qu’on s’est vu, je venais d’être attaqué et je sombrais dans le coma, dit celui-ci, le cœur battant à tout rompre.
Une goutte de sueur perla sur le front de sa sœur qui baissa les yeux.
— Deux minutes plus tard, votre base explosait sous les bombes.
— J’ai cru que tu étais mort… murmura Sarah, les yeux baissés.
— La police m’a sauvé in extremis. J’ai ensuite passé une semaine en hôpital psychiatrique pour me remettre de mon traumatisme.
— Je suis désolée…
— Et pourtant, je ne me souviens pas que tu aies essayé de me sauver dans cette base…
— Sofian…
Tout à coup, interrompant les deux frères et sœurs, Écrapince s’envola du lac comme par magie et s’écrasa contre la paroi rocheuse du couloir. Derrière Sarah, au sommet d’un escalier de gravas, Gérald était revenu sur ses pas, entourés d’un Solaroc et d’un Seleroc.
— Tes amis voulaient te faire un petit coucou ! s’amusa Gérald. Solaroc, Seleroc, attaquez !
Les deux pokémons psys fendirent les cieux en direction de Sofian. Comprenant que les pokémons qui lui avaient sauvé la vie auparavant étaient passés dans l’autre camp, Sofian envoya son Balignon et son Nirondelle. Balignon lança une graine sur Solaroc qui fut entouré de lianes et tomba au sol tandis que Nirondelle frappa de son aile Seleroc qui dévia de sa trajectoire.
— Oh ! Tu es prêt à blesser tes amis ?
— Si ça peut les faire revenir à la raison, oui ! se défendit Sofian. Je ne sais pas quelle technologie vous permet de lobotomiser des pokémons, mais si mon Galifeu a réussi à vous tenir tête, alors Solaroc et Seleroc y parviendront eux-aussi.
— Touchant… Poussons le raisonnement à l’extrême. Solaroc, Seleroc, attaque « destruction », ordonna Gérald.
Les deux pokémons échangèrent un regard et, avant que Sofian ait le temps de se protéger, leurs corps brillèrent de mille feux. L’instant suivant, deux explosions firent trembler les murs du couloir sombre et Sofian fut projeté en arrière. Lorsqu’il sortit la tête hors de l’eau, Solaroc et Selerec gisait au sol, leurs corps calcinés, près de son Nirondelle et son Balignon également évanouis.
— Va-t’en Sofian ! s’exclama Sarah qui se relevait à son tour.
Derrière elle, Gérald avait lui aussi subi l’attaque et se massait les oreilles, comme assourdi par le bruit des déflagrations.
— Va-t’en tant qu’il en est encore temps ! le pressa Sarah.
Pris d’une colère noire, Sofian brandit la dernière pokéball qui lui restait : celle de Galifeu. Mais son pokémon n’était pas prêt. Toute attaque de son Galifeu jouerait contre sa propre santé. Et Sofian ne pouvait pas lui faire subir ce que Solaroc et Seleroc venait de subir.
De son côté, Gérald venait de reprendre pleine conscience de la situation.
— Ces pokémons étaient bien faibles, finalement… Bon débarras. Limagma, finis le travail !
Son Limagma sortit de sa pokéball et envoya un jet de flammes vers Sofian qui se protégea le visage à l’aide de ses mains.
— NON !! hurla Sarah.
Tout à coup, un flash rouge illumina le couloir et le jet de flammes explosa sur une masse sombre et vigoureuse. Galifeu avait pris l’initiative de sortir de son cocon et avait protégé son maître. Galifeu échangea un regard avec Sofian : un regard déterminé, un regard empli de colère, un regard ferme et vigoureux. Il était prêt.
Sans attendre d’ordre, Galifeu se jeta sur Limagma et le rua de coups à l’aide de ses poings. Lorsque le pokémon perdit connaissance, Galifeu passa à son maître et le jeta au sol. Une fois son compte réglé, il laissa Gérald mal en point, et se dirigea vers Sarah.
— Rends-toi ! ordonna Sofian.
— Je suis désolée, petit frère.
Sarah porta sa main à sa ceinture, prête à dégainer son propre pokémon.
— Je ne voulais pas en arriver là.
— Je ne te laisserai pas passer.
— Mais tu ne me laisses pas le choix.
C’est alors que Galifeu défaillit et tomba sur un genou. Sofian se précipita sur son ami qui cria de douleur lorsqu’il lui toucha le plumage. Sarah rangea sa pokéball, ramassa ses troupes, et quitta l’endroit.
Sofian ignora sa sœur et la Team Magma qu’il venait de laisser partir. Tout ce qu’il l’importait, c’était son Galifeu qui avait surpassé son traumatisme et l’avait protégé. Sofian l’enlaça tendrement.

Pokémon #201t
— Sofian !!
Dans la cohue générale, Flora perdit Sofian de vue.
— Mais où est-ce que vous vous barrez tous ??! s’emporta-t-elle.
— On doit d’abord sauver…
Mais Annick n’arriva pas à terminer sa phrase : elle venait de se faire rentrer dedans par une sbire de la Team Magma. Un autre sbire les avait rejoints, et Flora les reconnut.
— Vous !
— Vous ?
Flora et Annick firent face à Jessie, James et Miaouss.
— Alors, vous n’avez plus de boules fumées pour vous enfuir ? s’énerva Flora.
Jessie et James échangèrent un regard et semblèrent se comprendre.
— Vous devez nous aider ! lança James.
— Nous sommes prisonniers de la Team Magma depuis le début et ils vont nous assassiner si on n’arrive pas à leur construire une machine ! expliqua Jessie dans la précipitation.
— Jessie, James ! s’énerva Miaouss.
— Je vous en supplie, on ne veut pas mourir !
Flora et Annick restèrent muettes de surprise.
— Vous êtes ignobles, cracha Flora. Vous êtes prêts à nous laisser pourrir dans une grotte, à sacrifier nos vies pour sauver la vôtre, vous êtes prêts à bosser pour quelqu’un qui vous menace, vous changer d’alliance comme vous changer de chemises, et dès que vous êtes en dangers, vous suppliez vos victimes de vous aider ? Allez au diable ! Flobio, « tir de boue » !
Le pokémon de Flora sortit de sa pokéball et lança un jet de boue si puissant que les trois acolytes furent projetés contre une paroi rocheuse qui se brisa sous le choc. Dans les cris de douleurs, les trois sbires Magma chutèrent dans une petite grotte cachée.
— Cette fois-ci, vous allez vous rendre, annonça Flora, déterminée.
Annick et elle les rejoignirent et Flobio les menaça de son regard.
— Il est temps de payer pour vos crimes !
Flobio saisit Miaouss de force tandis que Flora fit appel à son Charmillon et son Skitty pour neutraliser les deux autres. Mais Jessie semblait complètement absente, le regard perdu sur la gauche, comme si son arrestation ne la préoccupait pas.
— James… Rappelle-moi à quoi ressemble la météorite ?
— Elle est vieille, couleur charbon, poreuse et… mais je ne pense pas que ce soit le plus important sur le moment !
— …et si lisse qu’on peut voir son reflet ?
Jessie pointa du doigt de sa main que Skitty n’entravait pas un endroit sur sa gauche. Flora suivit le mouvement et se retrouva nez-à-nez avec son propre reflet. Après quelques secondes, elle comprit que ce qui se trouvait devant elle était un énorme morceau de charbon tellement lisse que son reflet lui apparaissait très nettement.
— J’AI TROUVÉ LA MÉTÉORITE !!! hurla Jessie.
Les combats s’arrêtèrent instantanément derrière eux. À travers le trou dans la paroi rocheuse, Flora vit tous les regards se tourner vers eux. Un par un, les sbires des deux organisations criminelles comprirent que la lutte venait de se resserrer autour de cette toute petite grotte où se trouvait cachée la météorite tant convoitée. Le corps musclé d’Arthur fendit la foule alors qu’il criait :
— Hercules, arrête-les !
Le sbire en uniforme bleu qui portait ce prénom courut à toute vitesse vers la petite grotte et Annick poussa Flora sur le côté. Flora roula au sol et termina sa course contre un rocher. Désarçonnée, elle perdit le fil des actions. Lorsqu’elle reprit ses esprits, les combats avaient repris. Mais il lui fallut un certain temps pour comprendre qu’il ne s’agissait plus des mêmes affrontements. De toutes parts, les membres de la Team Magma et ceux de la Team Aqua quittaient les lieux.
— LES FLICS !!
— QUI LES A APPELÉS ?!!!
— QUI EST LE TRAITRE ??!!
— TEAM ROCKET !!!
Dans la cohue, Max Magma repéra Jessie, James et Miaouss qui venaient d’arracher la météorite noire hors des mains de Hercules. Une flamme victorieuse brûla dans le regard de Max alors que Hercules se mettait à l’abri des attaques des Caninos appartenant aux policiers qui venaient de débarquer de tous les coins de la grotte.
Max poussa un cri de victoire qui résonna dans tout le Site Météore. Il lança sa pokéball dans les airs et un énorme chameau rouge, plus grand que n’importe quel autre être vivant dans la grotte, apparut au centre de la salle.
— « Séisme » ! ordonna Max.
Le sol fut parcouru de secousses si puissantes que tout le monde tomba au sol. Un morceau de roche se détacha de la falaise et tomba sur Flora qui roula au sol pour l’éviter. Le chaos régna un instant dans la grotte, pendant lequel Flora perdit toute notion de temps et d’espace. Lorsque le sol se calma, plus un son ne s’élevait autour d’elle.
Elle se releva d’un bond, juste à temps pour voir le dernier membre de la police s’effondrer sous les mains de Hercules. Autour d’elle et d’Annick, les seuls personnes restantes et debout étaient vêtues d’un uniforme bleu.

Pokémon #201e
Charlie, Stephen et Roger, les trois sbires qui leur avaient causé tant de soucis par le passé, se démarquèrent du groupe et avancèrent vers eux.
— Ne les touchez pas !
Sofian accourut depuis le lac avec son Galifeu claudiquant derrière lui.
— Sinon quoi ? menaça Charlie, l’administrateur trapu.
— Sinon, vous pouvez dire adieu à votre pote !
Timmy venait de rejoindre le groupe et menaçait Hercules avec son Arcko. Le Professeur Kosmo resta en retrait.
— ASSEZ !!
La voix grave et rauque d’Arthur Aqua flotta au-dessus d’eux et paralysa tout le monde. Le chef de bande approcha le groupe d’adolescents d’un pas rapide et décidé.
— Nous n’avons pas beaucoup de temps avant que les policiers ne reprennent connaissance, dit-il en s’adressant directement à Sofian devant qui il s’était arrêté. Au nom de l’entièreté des membres de la Team Aqua, je vous demande pardon pour tout ce désordre auquel vous n’auriez jamais dû participer. Tout cela n’était pas censé se produire. Comme vous avez pu le constater, nous essayions d’éviter une énorme catastrophe pour l’humanité. J’imagine que le Professeur Kosmo vous a tenus au courant. Cette météorite, dans les mains de la Team Magma, va servir à la construction d’une arme de destruction massive. Notre plan était d’empêcher la Team Magma de mettre la main dessus. Malheureusement, nous avons échoué.
Des milliers de questions traversèrent l’esprit de Sofian, mais il ne put en poser une seule car un des policiers venait de reprendre conscience derrière eux. Arthur Aqua reprit d’un chuchotement à peine audible :
— Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir peur les empêcher de créer cette arme. En attendant, je ne peux que vous conseiller de rester en dehors de tout cela et de ne pas leur accorder votre confiance. Max peut se montrer très… manipulateur.
Sofian dévisagea Arthur Aqua du regard.
— N’ayez crainte, nous ne leur faisons pas plus confiance qu’à vous.
L’espace d’une seconde, Sofian crut déceler dans le visage d’Arthur Aqua une envie irrésistible de l’attaquer. Mais d’autres policiers gémissaient à présent au sol, et la Team Aqua avait amorcé un mouvement de repli. Impuissants face à un tel nombre d’ennemis, les quatre adolescents et le Professeur Kosmo les laissèrent s’enfuir. Lorsque les policiers s’étaient relevés, il n’y avait plus trace du moindre malfrat sur le Site Météore.

Annick ramassa un bout de métal calciné et aplatit et serra les dents en reconnaissant l’objet. Elle se dirigea vers Timmy qui était occupé à terminer sa déposition avec le Professeur Kosmo.
— …une arme qui pourrait détruire Hoenn, disait ce-dernier. Je n’ai pas toutes les informations sur la quantité d’énergie qui pourrait être produite par cette météorite, mais je peux vous en parler lorsque je serai retourné à mon laboratoire.
— Nous allons vous y conduire après vous avoir accompagné aux urgences pour soigner votre Solaroc et votre Seleroc, rassura un policier. Mais vous allez devoir déménager dans un de nos locaux sécurisés, nous ne savons pas ce que ces terroristes sont capables de faire contre vous.
— …qu’on était persuadé que vous interviendriez plus vite, expliquait Timmy à une autre policière. On avait croisé votre collègue un peu plus tôt, avant que tout cela ne commence, et il nous avait assuré qu’il avait la situation sous contrôle.
— De quel collègue vous parlez ? demanda l’agent de la sécurité.
— Votre collègue, le détective, précisa Flora. Il s’était occupé de l’attaque à Autéquia. Eh bien, il était présent tout à l’heure, avant que les Team Magma et Aqua n’arrivent.
La policière termina de griffonner un mot dans son calepin et se précipita sur son supérieur pour lui annoncer les dernières informations.
— Ils n’ont pas l’air de vraiment savoir ce qu’ils font, commenta Annick.
— Ou alors, c’est leur détective qui est complètement incompétent, supposa Sofian qui massait les muscles de Galifeu.
— Hey ! Content de te voir à nouveau sur pied ! s’exclama Flora à l’adresse du pokémon.
— Pourquoi la Team Aqua voulait-elle nous faire croire qu’elle essaye de sauver la région de Hoenn ? s’inquiéta Timmy, perdu dans ses pensées.
— La question, c’est plutôt de savoir qu’est-ce que la Team Magma prévoit de si dangereux, fit remarquer Annick. Et surtout, en quoi ça parasite les plans de la Team Aqua.
— Les gars, c’est moi où ça commence à faire beaucoup de menaces sur la région de Hoenn, tout ça ? soupira Flora.
— Personnellement, j’ai d’autres soucis plus importants à régler, s’énerva Timmy qui chipotait toujours à son Pokénav cassé.
— À ce propos… marmonna Annick.
Elle lui tendit le morceau de métal qu’elle avait ramassé au sol un peu plus tôt.
— Qu’est-ce que c’est ?
Annick lui montra son Arcko en liberté. Soudain, la pièce tomba.
— Non… Non ! C’est pas vrai ! Ne me dis pas que… c’est sa pokéball ?!
— Désolée, Timmy…
Timmy se laissa tomber sur un petit rocher et soupira, fatigué.
— Je suis certaine que Monsieur Rochard saura réparer tout ça ! le rassura Flora. On n’est pas loin de Mérouville, pas vrai ? Je propose qu’on aille faire un tour à la Devon SARL, ils nous doivent bien ça après avoir risqué nos vies pour livrer leurs colis !
Timmy pouffa de rire et accepta les gestes d’attention de ses amis. Arcko grimpa sur ses épaules et il finit par accepter la situation.
— Excusez-moi ?
Un policier les avait rejoints.
— Pouvez-vous me décrire le détective que vous avez croisé ce matin ?
Intrigués par la question, les adolescents laissèrent Annick répondre aux interrogations de la police qui semblait ne pas connaître l’individu qui menait l’enquête. Sofian attira Flora et Timmy en retrait.
— Et si… okay, une théorie complètement folle mais… et si ce « détective » faisait en fait partie d’une des deux Team ?
— Je ne sais pas… hésita Flora.
— Non mais attendez ! Écoutez ! Il était là ce matin, mais il n’était pas là pendant la bagarre générale avec les policiers. Rappelez-vous de la dernière fois qu’on l’a croisé : c’était au CRISP. Il y avait la Team Magma et lui, il faisait son petit chemin de son côté. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Et s’il faisait partie de la Team Magma ?
— Ça se tient, réfléchit Timmy. C’est lui qui s’est occupé de l’arrestation de Flora à Autéquia quand la Team Magma m’avait enlevé.
— Exactement ! Et encore une fois, il était absent pendant que la police nous sauvait de leur repère ! Et si ce détective n’en était pas un ?
— Mais du coup, qui a appelé la police ? s’interrogea Flora.
— C’est vrai ça ? Comment la police était-elle au courant de l’affrontement vu que le soi-disant détective a été appelé avant que l’affrontement ne démarre ?
— Peut-être… que la police attendait le bon moment pour intervenir ? suggéra Sofian, lui-même peu certain par l’argument.
— Ou alors, quelqu’un nous aide depuis l’intérieur des rangs de la Team Magma.
Annick venait de les rejoindre. Lassé, Sofian se laissa emporter :
— Tu ne vas pas recommencer avec ta fixation sur ma sœur ? Je l’ai affrontée tout à l’heure, et elle n’avait pas l’air de vouloir nous aider !
C’est alors que Sofian ressentit un étrange sentiment au fond de son estomac. Pour la première fois, il était troublé par ses propres pensées. Après avoir épluché le dossier de sa sœur, avoir écouté les arguments d’Annick et Flora, et avoir confronté Sarah dans la grotte, un étrange doute s’était installé en lui. Sarah n’avait, en effet, pas été hostile. Et pourtant, elle l’avait été auparavant.
L’adolescent se secoua la tête, refusant de revenir sur ce débat. Il savait ce qu’il s’était passé à Clémenti-Ville lorsqu’ils étaient petits, Sarah et lui. Il connaissait la sombre histoire de sa famille. Il se souvenait de la trahison de sa sœur. Et pourtant… Et si, en effet, Sarah n’était pas aussi coupable qu’il avait toujours voulu le croire ?

Pokémon #201r
À suivre dans : « Les ennemis de mes amis sont mes ennemis »