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Jutsu ! de Deadlier



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» Auteur : Deadlier - Voir le profil
» Créé le 30/10/2018 à 19:26
» Dernière mise à jour le 31/10/2018 à 23:19

» Mots-clés :   Action   Aventure   Kanto   Romance

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Chapitre 7 : Le fils de
Chapitre 7 : Le fils de

Se jeter vers l’inconnu. Plonger la tête la première dans le vide. Traverser la brèche, c’était un peu tout ça à la fois. Grisant et effrayant en même temps. Aucun d’entre nous ne savait où nous allions atterrir. En partant du principe que nous allions atterrir quelque part. J’avais pris une grande inspiration avant de franchir le pas. Silver s’était jeté en premier et j’avais suivi rapidement derrière, avant d’avoir peur et de reculer. Le grand plongeon vers l’inconnu !

La sensation en passant ce portail était des plus étranges. Je m’étais sentie comme distordue, étirée. Et compressée dans le même temps. Ce fut comme un flash qui m’aveuglait. Je sentais mes rétines me brûler par le trop plein d’images qui devaient passer devant mes yeux. Tant d’informations à traiter, c’était simplement beaucoup trop. Je flottais, comme s’il n’y avait aucune gravité. Comme si j’étais en suspension dans l’air. Puis, d’un seul coup, mes pieds touchèrent de nouveau le sol. Un sol réel, dur et irrégulier. Rocailleux. Mais je ne distinguai rien. Je n’entendais rien.

Il fallut un temps difficile à déterminer pour que mes yeux finissent par revenir à la normale. Enfin, ils cessaient de souffrir. Et moi, je voyais. Je discernai. Une grotte. Froide et humide. Comment pouvais-je voir dans une grotte dépourvue de puits de lumière ? Cherchant du regard, je vis à ma propre surprise quelques projecteurs attachés ci et là dans la caverne. Oui, nous étions bels et bien attendu, des fois que le doute subsistait.
Silver, quant à lui, était juste devant moi, de dos, face à un grand gouffre. En me tournant, je pouvais constater que tante Aya et mon père avaient suivi et étaient également désorientés. Plus loin, en plein milieu, un genre de ring de pierre. Presque comme un terrain de combat.

- Silver, tu reconnais cet endroit ? demandai-je en m’approchant.

Il observait devant lui, presque sidéré. Me décidant moi aussi à enfin aller voir, je fus glacée d’effroi face au spectacle. Déjà parce que le gouffre était sacrément profond, et que tout en bas de celui-ci se trouvait notre commissariat disparu, piégé dans de gigantesques vampigraines semblables à celles que nous avions vues sur la plage. Le tout gardé par de nombreux Parasect.

- Des Pokémon sauvages surpuissants, avec un instinct territorial très fort, vint constater mon père. Nous ne pouvons être qu’à un seul endroit.

- Oui, poursuivit Silver en hochant la tête. La caverne azurée. Nos ennuis venaient tous d’ici.

- Mais ça n’a pas de sens, fis-je remarquer. Elle a été scellée il y a plus de dix ans maintenant.

- De toute évidence, les murs de roches ne sont pas des obstacles pour ces gens-là vint conclure tante Aya.

Un bruit étrange se fit entendre juste derrière nous. Le portail venait de se refermer. Impossible de repartir désormais. Puis, un cri de détresse retentit depuis le gouffre. En nous penchant, nous vîmes, à travers les vitres du commissariat, les employés qui tambourinaient pour capter notre attention, visiblement effrayés par leur situation des plus précaires.

- Bon sang, il faut qu’on aille les aider au plus vite, grommela mon père.

- C’est forcément un piège, songea Silver.

- Un piège, non. Simplement un appât grandeur nature, répondit une voix grave.

Surgissant de l’obscurité, un homme s’approcha de nous. Il portait un costume noir complet avec une chemise blanche. Pas moins de six Poké Ball, dont une étrange mauve et rouge, ornaient sa ceinture. Et sur la pochette de sa veste se situait un sigle « R » de couleur arc-en-ciel. L’homme en lui-même semblait avoir une cinquantaine marquée, des rides se montrant sur son visage, et ses cheveux lissés tendant vers le poivre et sel. Un homme que je n’avais plus vu depuis ma petite enfance.

- C’est impossible, dit tante Aya en se mettant les mains devant la bouche.

- Giovanni, maudite enflure ! Je vais t’exterminer ! cracha mon père.

L’ancien chef de la Team Rocket ricana pour seule réponse, avant de secouer la tête. Puis, il porta son regard vers Silver. Lequel demeurait stoïque et impassible, face à son père qui arborait un sourire naissant.

- Enfin nous revoilà face à face mon fils. Quel déploiement de moyens tu m’as contraint à faire pour nos retrouvailles.

Mais Silver ne répondit pas. Ce qui ne désarma pas pour autant Giovanni, qui n’y vit qu’une occasion de poursuivre son discours face à un fils attentif.

- Notre grand duel va enfin avoir lieu. J’ai hâte de voir tes progrès. L’envie de t’affronter me brûle les entrailles, et j’en suis sûr qu’il en est de même pour toi.

Giovanni avait presque un regard extatique en disant ça. Quel genre de relation avaient-ils exactement ? Plusieurs années en arrière, j’aurai juré voir Silver arborer ce même regard en parlant d’un père qui dans mes souvenirs était froid et indifférent. Mais aujourd’hui, les rôles semblaient inversés.

- Il n’y aura rien de tout ça Giovanni. Tu es seul et nous sommes quatre, déclama mon père en tentant de reprendre la main.

- Evidemment, il a fallu que tu amènes tes amis avec toi. C’est navrant. Mais pas d’inquiétude, j’ai prévu une petite distraction pour eux.

À ces mots, Achroma, ou Nikolaï plutôt, apparu de nulle part à côté de Giovanni. Il arborait désormais une étrange mèche bleue et des lunettes épaisses de la même couleur. Sans même nous regarder, il tapota sur son brassard avant de regarder Giovanni.

- Le piège est prêt, monsieur.

- Le piège ? reprit, tante Aya.

- Vous voyez, cela fait des mois que nous étudions les Pokémon de cette grotte. Leur vécu dans ce lieu très hostile les rend horriblement agressifs et protecteurs, expliqua Giovanni.

- Pour l’instant les Parasect se contentent d’immobiliser cet élément perturbateur, poursuivi Nikolaï en montrant le commissariat. Mais que se passerait-il si nous y lâchions d’autres espèces de Pokémon. Comme des Machopeur, ou encore des Rhinoféros… Combien de temps pensez-vous que le bâtiment tiendra ?

- Si mon fils m’affronte, nous ne les attirerons que de manière progressive. Mais s’il refuse, nous les lâchons tous, termina Giovanni.

- Vous êtes des monstres ! m’exclamai-je. Pourquoi prendre tous ces gens en otage pour un simple combat !

- Parce que mon fils a perdu son envie de combattre. Il faut le remotiver. Il faut qu’il se donne à fond contre moi pour notre grand duel, trancha Giovanni en observant son fils d’un œil aiguisé.

Silver se mordillait les lèvres en serrant les poings. J’avais presque de la peine pour lui. Avant il avait toujours rêvé d’affronter et vaincre son père. Ensuite il avait tout fait pour l’ignorer. Et maintenant il se retrouvait au pied du mur. À devoir combattre pour la vie de multiples personnes.

- Je t’affronterai uniquement si tu libères ces gens, dit enfin Silver.

- Les lois de la physique sont très claires à ce sujet : lorsque deux objets célestes entrent en collision, il y a systématiquement des dommages de type collatéraux, répondit Giovanni avec un sourire carnassier.

Puis il prit place sur le terrain de combat érigé dans la grotte. Après deux minutes de flottement, Silver prit une des Poké Ball avec un soupir d’exaspération, puis se dirigea à son tour vers le terrain, marchant contraint et forcé.

- Silver, tu t’es toujours préparé pour ça, tu peux le vaincre, lui dis-je pour l’encourager.

- Très bien. Je vais le faire. Je vais le vaincre, déclama-t-il sans motivation.

- Et nous, on va sauver tous ces pauvres gens, rajouta tante Aya en regardant le gouffre, inquiète.

- Magnifique, s’exclama Giovanni, extatique. Enfin, je suis réuni avec mon fils pour le plus intense de tous les instants de partage qui existent : un combat Pokémon !

Ils lancèrent leurs Poké Ball en même temps, faisant appel à Kangourex et Ectoplasma. Serrant les poings à mon tour, je tentais d’envoyer toutes mes ondes positives disponibles à Silver avant de me tourner vers mon propre objectif, en compagnie de ma tante. Nous ne devions pas nous rater. Silver comptait sur nous comme on comptait sur lui. J’espérai juste pouvoir compter sur mon père, qui resta quelques instants à contempler le duel père-fils qui commença juste sous nos yeux.

***
Octobre deux mille douze, Maison de Silver, Parmanie. Jeannine, vingt-six ans.

- Kwoa, Bomb-beurk, Nostie, Lame d’air !

Le Coatox gonfla son abdomen puis cracha la déjection empoisonnée. Suite à quoi la Nostenfer battit des ailes pour créer un courant aérien qui emporta l’attaque empoisonnée, transformant la boule en un jet fin long et précis qui percuta la tête d’un mannequin.

- Et boum, en plein dans la caboche. Bien joué vous deux ! s’enjoua Jeannine.

Comme souvent, Jeannine venait s’entrainer chez Silver pendant leurs temps libres respectifs. Les occasions n’étaient pas si nombreuses que ça vu leurs postes à responsabilités, mais ça faisait partie des moments que le couple aimait partager. Un moment qui permettait à Jeannine de s’émanciper de son quotidien de ninja héritière du grand Koga.

- Ta technique est de plus en plus précise. Tu seras bientôt parfaite pour les combats en double, acquiesça le jeune homme.

Le jeune homme était assis non loin, en train de brosser la fourrure de son Farfuret, ce dernier avachi comme une larve sur les genoux de son dresseur. Tout en papouillant ses Pokémon, il conseillait Jeannine et l’encourageait. Mais en soit, il participait rarement lui-même à l’entrainement. À dire vrai, Jeannine ne l’avait jamais vraiment vu s’entrainer.

- Toujours pas envie de te battre, aujourd’hui ? demanda la jeune femme, joueuse.

- Pourquoi faire ? On sait déjà que je suis le plus fort, non ? répondit-il, taquin.

Jeannine gonfla les joues, prenant un air faussement vexé. Il remettait toujours sur le tapis sa victoire à l’arène. Et ça restait toujours en travers de la gorge de la jeune femme. Surtout qu’il n’avait jamais accepté de l’affronter de nouveau, depuis ce jour.

- Gnagnagna, tu vas encore me sortir ton excuse bidon, c’est ça ?

- Je crains que oui. Je ne veux pas être contre toi, jamais, répéta-t-il mécaniquement, tout sourire, tandis que Jeannine reprenait la même phrase sur un air parodique.

- J’ai saisi oui. Mais toi tu ne comprends pas que les ninjas sont insensibles à ce genre de mièvrerie !

C’est en tout cas ce qu’elle se plaisait à dire. Bien évidemment il n’en était rien du tout. Si Jeannine s’était mise à aimer le jeune homme, c’était bien pour toutes les attentions et le soutien qu’il lui apportait.
Habitué à ce genre de contestation de sa petite amie, Silver se contenta de secouer la tête en souriant.

- Et puis tu devrais arrêter de caresser autant ton Farfuret, il va finir par se changer en type Fée avec toute cette guimauve !

- Serais-tu jalouse ? se contenta de répliquer Silver, amusé.

- D’un Pokémon ? Et puis quoi encore ?

- Avec toi, on ne sait jamais, dit-il, amusé.

- Pfff, t’es vraiment nul. Quand je pense que j’allais te faire un cadeau pour fêter nos huit ans…

Silver haussa un sourcil, intrigué, tandis que Jeannine secouait la tête en signe de désapprobation. Puis, elle afficha soudainement un air malicieux sur son visage, avant de lancer une baie Remu à son Coatox qui l’avala d’une bouchée.

- Kwoa, Eructatioooooon ! hurla Jeannine.

Le Pokémon, après avoir avalé la baie, lâcha un très bruyant rôt accompagné d’une odeur peu agréable et d’une étrange fine fumée noire qui envahit rapidement la pièce. Silver se mit à suffoquer un peu, avant que Nostie aille ouvrir la fenêtre, évacuant la fumée et ramenant de la clarté dans la pièce. Quand ce fut fait, Silver réalisa que Jeannine se tenait derrière lui, un Kunaï sur sa gorge.

- C’est ça ton cadeau ? Tu veux me tuer ? s’amusa-t-il.

- Soit tu meurs, soit tu acceptes ça ! déclama-t-elle en lui tendant un paquet cadeau.

Silver accepta donc tout naturellement de bon cœur et l’ouvrit, avant d’en sortir, étonné, une Griffe Rasoir.

- C’est pour Moignon, expliqua Jeannine en désignant le Farfuret. Il est peut-être temps qu’il évolue non ?

- Je te remercie NJ, mais, Moignon est très bien comme il est. Je n’ai pas besoin qu’il devienne plus puissant.

Jeannine déchanta, déçue d’avoir offert un cadeau à côté de la plaque. Silver, pour consoler la jeune ninja, vint l’embrasser avec tendresse.

- Merci pour l’attention et le petit show privé en tout cas. D’ailleurs je crois que tes petits soldats attendent leur dû, fit-il remarqué.

Jeannine se retourna vers ses deux Pokémon qui attendaient sagement derrière elle, tout en la regardant avec des yeux très expressifs, montrant bien qu’ils désiraient quelque chose de leur dresseuse. Dresseuse qui soupira en prenant deux baies qu’elle leur lança.

- J’oubliais votre récompense, gavez-vous mes petits champions.

Ils attrapèrent chacun leur baie au vol et les dévorèrent avec envie. Jeannine avait choisi des baies Mangou. Les Pokémon en raffolaient tout particulièrement. Avant, elle n’aurait choisis ses baies que pour leurs effets sur le poison de ses protégés, mais Silver lui avait conseillé d’aussi prendre en compte leur simple plaisir, de temps à autre. Ce sens de l’attention, il l’avait acquis suite à une profonde remise en question de lui-même et à un entrainement dans l’antre du dragon d’Ebenelle. Là-bas, on lui avait appris à avoir en ses Pokémon autre chose que des objets de combat. Autre chose que les objets de sa vengeance.
Cet entrainement avait profondément changé Silver, au grand plaisir de Jeannine, qui en bénéficiait à son tour grâce à lui désormais.

***


- Attention, Spores en approche ! prévint tante Aya.

- Nostie, contre avec Lame d’Air ! ordonnai-je en réaction.

- Grotadmorv, profites-en avec Acidarmure ! poursuivit mon père.

Nous devions approcher du commissariat prisonnier des graines de Parasect. Ces Pokémon ne disposaient pas de grandes capacités offensives, mais la foultitude de spores qu’ils pouvaient nous envoyer ne les rendaient pas moins dangereux pour autant. Nous avions donc convenu de l’organisation suivante : Tante Aya utilisait l’œil composé de son Mimitoss pour identifier les attaques spores en préparation. Je les repoussai avec Nostie et mon père tentait de faire une percée de son côté pendant qu’on le couvrait.

Les battements d’ailes de Nostie repoussèrent cette nouvelle vague de spores, permettant à Grotadmorv de se liquéfier. Son corps empoisonné, rendu presque intangible par l’Acidarmure, pouvait arpenter les vampigraines sans se faire bloquer. Cependant, comme je le craignais lorsque mon père avait décidé de cette approche, il ne demeurait pas immuniser à l’effet de ces dernières. Sa santé diminuait au fur et à mesure qu’il approchait.

- Père, Grotadmorv n’y arrivera pas, l’avertis-je.

- Il doit y arriver. Nous n’avons pas le choix. Dégage-les avec ton Détricanon !

Il cracha la volute de poison en direction des Parasect, mais deux d’entre eux vinrent à l’avant encaissé l’attaque pour protéger le reste de la colonie. Ils semblèrent souffrir de l’attaque, mais aussitôt, leurs camarades déployèrent une Aromathérapie massive pour les soigner et les remettre en forme.

- Bon sang, ils sont sacrément bien organisés, fit remarquer tante Aya.

- On va faire autrement. Jeannine, utilise ton Smogogo pour cacher Grotadmorv, il pourra ainsi atteindre le commissariat sans être vu.

Je n’étais pas vraiment fan du plan, mais je n’avais pas trop le choix. Je n’osais, une fois de plus, pas m’élever contre mon père. En fait, je savais en théorie comment parfaitement contrer l’attaque aromathérapie. Mais fidèle à moi-même, je me décidai à suivre son idée.

- Smog, Brouillard !

- Aya, tu seras mes yeux, signifia Koga.

L’épaisse fumée noire vint envahir le gouffre, dissimulant totalement à nos yeux ce qu’il s’y passait. J’en vins à espérer que nos amis en bas avaient de bons filtres à air dans le commissariat, car le plan efficace de mon père pourrait asphyxier tout le monde. Avec mon Pokémon. J’en tremblais rien qu’à l’idée.

- Les Parasect se regroupent, d’après Mimitoss. Ils grimpent sur le toit du bâtiment, ils cherchent de la hauteur.

- Parfait, Grotadmorv, profites-en pour atteindre la porte !

Alors que nous étions concentrés, un grand fracas retentit derrière nous. Je me retournai vers le combat entre Silver et son père. Kangourex venait d’étaler Casper, l’Ectoplasma de Silver, d’une violente attaque Ultimapoing. Je me surpris à serrer les dents en même temps que le grincheux.

- Concentre-toi fils, ce combat ne mérite pas que tu fasses de telles erreurs d’attention. Franchement, oublier que mon Kangourex avait le talent Querelleur.

- Ce n’était qu’une mise en jambe, marmonna Silver en rappelant Casper. Mais maintenant je passe aux choses sérieuses avec Gali !

L’Aligatueur prit place sur le terrain, à la grande satisfaction de Giovanni. Moi, j’étais inquiète. Gali était un des meilleurs, si ce n’est le meilleur Pokémon de Silver. Pourquoi déjà l’utiliser ? Avait-il un plan en tête.

- Enfin, tu saisis l’idée. Ce Pokémon respire la puissance, contrairement à l’autre. Envoie-le contre moi de toutes ses forces !

Kangourex était déjà en place pour recevoir le Pokémon Eau qui s’élança avec Aqua-Jet contre lui.

- Jeannine bon sang, concentre-toi par ici ! Smogogo ressent ton manque d’attention, se plaignit soudainement mon père.

Je me retournai vers le gouffre. En effet, Smog m’avait imité et avait cessé de cracher de la fumée pour regarder le combat, diminuant le camouflage de Grotadmorv. Mais à notre propre surprise, il avait atteint la porte, les Parasect lui fichant la paix.

- C’est trop simple, marmonna Aya.

- Ces Pokémon sont fascinants, vous ne trouvez pas ? commenta Nikolaï, juché en hauteur sur son Magnézone. Ils sont une vraie ode à la puissance. Tant par leurs capacités propres que par leurs stratégies.

- Où voulez-vous en venir ? cracha mon père.

- Qu’ils savent mettre leur orgueil de côté pour défendre leur territoire, simplement.

- Quelque chose approche ! s’exclama tante Aya.

Un tremblement se fit alors entendre. À notre propre surprise, une partie du gouffre s’effondra, révélant trois Rhinoféros qui avaient creusé jusqu’ici. Mais comment ? Est-ce que les Parasect les avaient appelés d’une manière ou d’une autre ? Quel genre de milieu était la caverne Azurée pour que des espèces si différentes apprennent à collaborer malgré leur état sauvage ?

Les trois Pokémon Roche chargèrent le pauvre Grotadmorv qui ne put rien faire et fut envoyé ad patres. Plus surprenant, preuve de la collaboration entre espèces, les vampigraines ne s’attaquaient pas du tout aux nouveaux arrivants, les laissant progresser à leur aise.

- Impossible, balbutia mon père, surpris.

- Je déteste ce mot, précisa Nikolaï, très amusé par la situation.

- On fait quoi maintenant ? Ils ont l’avantage du type sur nos Pokémon Poison en plus, demandai-je à mon père.

Mais avant même qu’il ne puisse me répondre, les Rhinoféros nous attaquèrent avec des attaques Jet-Pierre, nous forçant à nous éloigner du gouffre au risque de se prendre un rocher dans la figure. La situation se compliquait encore pour nous.

- Au diable ces Pokémon sauvages, nous n’avons qu’à neutraliser directement Giovanni et Nikolaï, statua mon père. Nous avons l’avantage du nombre.

- Et les otages ? Tu es fou, fit remarquer Aya.

- Je vous assure que si vous ne suivez pas les règles, ils sont condamnés, affirma Nikolaï.

On perdait le contrôle. Mon père lui-même semblait à bout de nerfs. Je devinai qu’il ne rêvait que d’une chose : aller casser la figure de Giovanni et de Nikolaï. Mais il ne pouvait pas. Nous ne pouvions pas. Cette tâche incombait à Silver, et uniquement à lui.

- Et termine-le avec Cascade.

Aligatueur venait d’envoyer rouler Kangourex aux pieds de son dresseur. Première victoire pour Silver. Enfin. Malgré moi, je lâchai un petit cri d’encouragement qui fit rouler les yeux de mon père au ciel.

- Tu ne nous aides pas beaucoup, Jeannine ! commenta-t-il.

- Enfin tu es sérieux, mon fils, dit pour sa part Giovanni. J’en veux plus ! Prépares-toi à affronter mon Nidoking !

Le Pokémon Perceur fit son apparition sur le terrain, avec l’envie d’en découdre. Silver avait toujours l’avantage du type et son plus puissant Pokémon avec lui. Il avait toutes ses chances. Il pouvait gagner. Mon père avait raison, il nous fallait nous concentrer sur notre propre problème. Retournant vers le gouffre, j’observai, sceptique, les Rhinoféros et les Parasect nous attendant de pattes fermes.

- On ne peut pas utiliser nos poisons à fond, on risquerait de toucher les humains, précisai-je avant que mon père ne sorte son nouveau plan.

- Ce qui du coup réduit considérablement notre marge de manœuvre, se plaignit-il. Je vais donc utiliser Moufflair.

Je tiquai de l’œil en même temps que tante Aya. Mais cette dernière fut plus rapide que moi pour réagir à l’idée de mon père.

- Tu veux le faire exploser ? Mais c’est de la folie !

- Non, ça nous débarrassera de tous les Parasect d’un coup. Le bâtiment encaissera et il est assez solide, et comme ça nous n’aurons plus que les Rhinoferos à gérer.

- Tu es sûr qu’il encaissera ? demandai-je, peu rassurée.

Je n’aimais pas les attaques explosives, beaucoup trop dangereuses et aléatoires. J’avais toujours refusé que Smog les utilises. Mais mon père, lui, n’avait aucun problème à les utiliser. Même si dans le cas présent il y avait un fort risque de dommages collatéraux.

- L’Explosion d’un membre du Conseil, j’ai hâte de voir ça, fit Nikolaï.

- Aya, tu dois me guider, Jeannine, tu me couvres.

Ma tante et moi hochâmes la tête tandis que mon père fit appel à son Moufflair. Le Pokémon Moufette descendit dans le gouffre tandis que Smog fit cette fois-ci appel à son Brouillard pour couvrir le gouffre.

- Puredpois est une meilleure couverture, fit remarquer mon père.

- Mais c’est trop dangereux, répliquai-je.

- C’est surtout nécessaire, affirma-t-il.

Une fois de plus résignée, j’obtempérai. Smog cessa son brouillard pour envoyer de nouveau le gaz mauve, tandis que je n’osais même pas regarder. Grâce aux conseils de tante Aya, Moufflair parvint à s’infiltrer entre les Pokémon sauvages sans se faire prendre. Au fond de moi, je crois que j’aurai bien aimé qu’il se fasse mettre K-O. Mais ça n’avait aucune chance d’arriver, mon père et ma tante avaient bien trop l’habitude de fonctionner en duo.

Lorsque le moment vint, ma seule réaction fut de rappeler Smog et Nostie au cas où, puis de fermer les yeux et de me boucher les oreilles. Puis la détonation eut lieu. Forte. Puissante. Elle souffla tout le gaz d’un coup et me fit même tomber à la renverse. Puis un silence de mort. A moins que la puissance de l’explosion m’ait simplement brisé les tympans. Je n’étais pas trop sûre.

Ce fut un cri de victoire de mon père qui me confirma que je n’étais pas soudainement devenue sourde. Venant près du gouffre, je ne pus que constater le massacre : Les Parasect étaient hors d’état de nuire et les Rhinoféros sonnés. Mon père rappela Moufflair, K-O, tandis que j’observai avec regret les nombreuses fissures qui lézardaient désormais les murs du commissariat.

Au moins le principal effet recherché eut lieu : Les Parasect vaincus, l’entièreté des vampigraines se résorbèrent avant de totalement disparaitre. Mais notre joie fut de courte durée. Un autre tremblement suivi. Une foule de Pokémon, visiblement dérangés par l’explosion, arrivèrent pas les trous des Rhinoféros.

Des Sablaireau, des Kadabra, des Machopeur et même un Leveinard dans le tas qui commençait à se diriger vers les Parasect vaincus. Autant dire qu’on déchanta tous.

- Quelle force ! Tu m’impressionnes vraiment !

Je pris la liberté de me retourner vers l’arène. Au moins les choses allaient bien de ce côté. Gali avait vaincu le Nidoking de Giovanni, qui semblait pourtant au comble du bonheur de perdre. Et aussi paradoxal que ce soit, Silver semblait lui de plus en plus fatigué par la situation. Il regarda un peu notre situation avant de revenir sur son combat, tandis que Giovanni empoignait une nouvelle Poké Ball. Alors, à ma propre surprise, Silver rappela Gali.

- Tu veux le préserver pour plus tard ? Tu fais bien commenta Giovanni.

- Non, ce n’est pas ça. J’abandonne.

Je clignai des yeux. Tout comme Giovanni. Pour le coup, même Aya, mon père et Nikolaï se retournèrent pour observer l’arène et ce qui était en train de s’y passer.

- Excuse-moi fils, je crois que l’explosion m’a abimé les tympans. Que disais-tu au juste ? questionna Giovanni.

- J’abandonne, répéta simplement Silver, indifférent. Tu as gagné.

- Quoi ? Mais, tu ne peux pas abandonner ! se plaignit Giovanni. Ce n’est pas une victoire, ça ne ressemble même pas à une victoire !

- A quoi joue cet idiot ? grommela mon père, foudroyant Silver du regard.

- Bien sûr que c’est une victoire, poursuivit ce dernier. J’abandonne. Beau match.

Pour la première fois, Giovanni et mon père semblaient d’accord sur leur envie immédiate de tuer Silver. Quelle étrange situation. Pour ma part, j’étais dans l’incompréhension totale. Pourquoi fuir ? Il n’avait jamais fuit. C’est moi qui fuyais habituellement. Il y avait tant en jeu, comment pouvait-il tous nous laisser tomber dans une situation pareille ?

- Tu as conscience que si tu ne poursuis pas ce match, je tue mes otages et tes petits amis dans la foulée ? cracha Giovanni, énervé par son fils.

- Oui. Mais je ne comptais pas fuir. Juste te proposer un combat encore plus intéressant. Il y a ici un dresseur bien meilleur que toi et moi réunis, père.

- Oh vraiment, et qui ça ? demanda Giovanni, piqué dans sa curiosité.

Je haussai moi-même un sourcil. Par réflexe, je portai un regard vers mon père. Pourquoi Silver voulait l’envoyer affronter Giovanni ? Etait-ce un moyen de gagner sa confiance ? De laisser les vieux régler leurs comptes entre eux ? Sans doute. Et après il comptait peut-être faire un duo avec moi pour vaincre les Pokémon sauvages. Nous étions plutôt efficaces ensemble. Oui, tout ça bout à bout me semblait logique.

- Papa, ça va aller ? demandai-je, soucieuse.

- Ne t’en fais pas, je vais enfin pouvoir m’occuper de ce criminel, dit-il en regardant vers Giovanni et Silver en même temps.

Silver qui, indifférent, quitta l’arène en se dirigeant tranquillement vers nous. Mon père avança vers lui mais Silver ne s’arrêta pas, marchant jusqu’à moi avant de poser une main sur mon épaule et de me sourire.

- Va lui mettre sa pâtée NJ. Il ne mérite que ça, dit-il simplement.

Sous la sidération et l’incompréhension générale, Silver me poussa vers l’arène. Moi, championne en sursis avec les résultats parmi les plus faibles de tout Kanto. Moi qui n’arrivais jamais à élaborer le moindre plan qui tienne la route. Moi qui faisais tout de travers. J’étais désignée pour affronter le grand méchant de l’histoire et sauver tout le monde. Sur le coup, j’aurai dû être honorée, mais une seule chose me vint à l’esprit : Tu es stupide ou quoi !?