Smirnoff R+ de Domino

- Ecoute, je sais que tu t’attaches vite aux gens, que tu as à cœur de défendre toutes les causes et de te jeter à corps perdu dans toutes les batailles… mais là, Roland !! grommela Rachel.

Stanley et les autres surveillants nettoyaient le hall, aidés par Brice et son Excavarenne. Roland, Claire, Matt, Charlie et Vincent étaient restés dans le hall. Rachel secouait Roland, encore choquée par son parjure.

- J’ai pas réfléchi.
- Mais tu vas te faire virer !! On dit quoi à ton père ?! « Il a voulu protéger un collègue, il s’est fait virer » ???
- Je ne vais pas me faire virer, je vais battre le proviseur.
- Roland…
- Burton est reconnu comme un des proviseurs les plus puissants de la région… C’est l’académie d’Illumis, la capitale de Kalos… marmonna Vincent.
- C’est très brave de votre part, mais… vous… n’avez aucune chance d’en réchapper, Roland… geignit Claire.
- Roland, laisse-moi l’affronter à ta place, j’ai une chance, pas toi ! Et c’est mon petit ami, c’est ma responsabilité…
- Ça ira, Charlie. J’assume. Si Matt ne l’avait pas fait, c’aurait pu être moi. J’y pensais, en fait. J’aurais largement pu le faire.

Rachel se mordilla les lèvres.

- Si tu te fais virer, je démissionne !
- Ola, ola, on se calme ! souffla Vincent.
- Moi aussi, je supporterais pas cette culpabilité ! geignit Matt.
- Matt, arrête…

Vincent secoua la tête en regardant Claire.

- J’ai le droit de me « faire dessus », là ?
- Euh… oui, vous pouvez…

Léopold arriva avec Megan, stupéfait.

- Oh bah d’accord…
- C’est intéressant, niveau déco… admit Megan en rehaussant ses lunettes.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?! marmonna Léopold en voyant la troupe.

Vincent inspira.

- Clancy a voulu faire une action coup de poing qui s’apparente à un attentat…
- Moui, jusque-là rien d’étonnant ! admit Léopold.
- Le proviseur et son adjoint ont lancé une chasse à l’homme pour trouver le coupable…
- Journée classique… poursuivit Léopold.
- Et Smirnoff s’est dénoncé à la place de Clancy.

Léopold regarda Roland et Matt.

- … bah on va y perdre au change !
- LEO ! cria Charlie.
- J’ai raison ou j’ai raison ?! souffla Léopold en regardant Megan.

Megan inspira.

- Pour le coup, j’ai hâte de voir la réaction de Heine frère…
- Oh bon sang, Heine va faire une crise de nerfs… souffla Vincent.
- Quelque chose de bon ressortira de tout ça, donc… marmonna Claire.
- Dites…

Le groupe regarda Stanley qui utilisait un grand balai pour déblayer les affiches.

- Vous le dites si on gêne en nettoyant !
- C’est votre boulot, allez donc vous plaindre au proviseur adjoint si vous n’êtes pas content ! grommela Rachel en s’éloignant avec Roland qu’elle tenait par les épaules.
- J’avoue que c’est pas très écologique comme attentat, cela dit… admit Roland.
- Je suis sérieuse, Roland, tu vas te faire virer, les proviseurs, c’est pas des rigolos !
- Je vais voir avec Vinner, c’est à moi d’affronter le proviseur, pas à toi.
- J’ai relevé son défi, c’est une question d’honneur maintenant, Charlie.

Charlie inspira en regardant Roland.

- On parle de ton POSTE, Roland, pas d’honneur, de militantisme, de solidarité entre collègues ou que sais-je encore, c’est de TOI qu’on parle !! Tu vas te faire virer et ta réputation dans le milieu de l’éducation va en souffrir ! Tu vas être connu comme le rebelle qui a voulu se mesurer à un proviseur et qui s’est fait laminer ! Burton ne rigole pas !! Il était surnommé « Le Donjon d’Os » quand il était dans le milieu du dressage, on dirait un homme patate à lunettes, mais c’est un guerrier impitoyable, Roland, et je veux prendre ta place parce que j’ai une chance potentielle mais en réalité je ne suis même pas sûr de pouvoir lui tenir tête, il va falloir que j’y aille à fond !

Roland inspira.

- C’est ce que mon père aurait fait, je me montre juste digne de mon nom…
- Roland, bon sang… grommela Charlie.
- Salut tout le…

Malcolm vit l’état du hall et haussa les épaules.

- … monde…

Il traversa le hall et se rendit dans le couloir comme si de rien n’était. Tout le monde se regarda. Rachel inspira.

- Malcolm peut t’aider, il peut plaider ta cause, dire que… je sais pas, tu étais fou, sous l’emprise de drogue… geignit Rachel.
- Rachel, sans vouloir me répéter ou te vexer, ton frère ne sert à rien ! souffla Megan.
- On ne peut pas compter sur lui. On peut peut-être essayer de tous être derrière Roland, si on se bat tous contre le proviseur, on a peut-être une chance… marmonna Claire.
- Toucher à un Pokémon du Proviseur, c’est s’exposer à un licenciement… souffla Vincent.
- Il ne pourra pas nous virer tous ! souffla Rachel. C’est décidé, on se met tous sur le proviseur !
- Euuuuh… geignit Léopold.
- J’suis d’accord. C’est ma faute, c’est à moi d’assumer… souffla Matt.
- Me faire virer pour un prof qui n’est là que depuis un mois… marmonna Megan.

Charlie serra les dents. Roland agita les mains.

- Personne n’a à m’aider ou à se faire virer. C’est un simple combat, le proviseur ne peut pas être aussi fort que ça, je vais me débrouiller !
- Roland… souffla Rachel.
- Tout ira bien, je t’assure. J’en ai eu, des combats difficiles, et je m’en suis toujours tiré…
- Tu veux dire comme avec le garde du corps du Président… geignit Léopold.

Roland serra les dents. Tout le monde sembla désolé.

- Tu n’as plus que deux heures à passer dans l’établissement… soupira Charlie.
- Et c’est ma faute… putain… geignit Matt, défait.
- Bon, bah… c’était sympa le temps que ça aura duré… soupira Léopold.
- En tout cas je me souviendrai de vous comme d’un collègue courageux et amical, Roland… geignit Claire.

Roland plissa les yeux.

- Votre confiance me touche… ironisa le jeune professeur.

Rachel se mordilla les lèvres, attristée. Roland la regarda.

- Non, pas ça. Pas toi.
- Mais enfin, quelle réaction tu veux que j’aie…
- Rachel, je vais y arriver !
- …

Elle secoua la tête et s’effondra sur lui.

- Je veux pas que tu partes !!
- Rachel…
- J’ai pas fait tous ces efforts pour que tu viennes pour que tu t’en ailles ensuite !!
- Rachel, voyons… Arrête de pleurer, tu…

Roland regarda avec embarras les autres qui observaient la scène. « Si avec ça on n’est pas grillés… »

- Bon, on va en salle de pause, on doit discuter de tout ça avec Heine, souffla Vincent, gêné.
- Ouais, allez, tous en salle de pause ! souffla Charlie en menant le groupe.

La petite troupe s’éloigna. Matt regarda Roland, dépité, et suivit le mouvement, honteux. Claire et Megan observaient le duo, intriguées. Léopold lui-même semblait mal comprendre. Roland grimaça et regarda Rachel.

- Rachel, euh…
- Je me fous de ce qu’ils pensent ! Je t’aime, je veux pas que tu te fasses virer, surtout pour un prétexte aussi…
- Je ne me ferais pas virer, je vais gagner, tu crois en moi ?
- Oui bien sûr mais…
- Alors j’y arriverais, parce que si tu es derrière moi, je peux tout faire !

Rachel inspira et essuya ses larmes.

- Tu es fou. Et d’habitude j’aime cette folie qui émane de toi, mais là j’ai trop peur que tu perdes et que tu te fasses virer…
- Je vais gagner.

Rachel hocha la tête.

- D’accord…
- Va rejoindre les autres !
- Hm… tu viens rapidement, hein. Je vais parler à Malcolm.
- Fais donc ça.

Rachel trotta vers le couloir de l’administration. Roland inspira. Quand elle eut disparu dans le couloir, il s’effondra. « Bordel de merde, quel con !!! »

Il tourna le dos, grimaçant, la respiration erratique, au bord de l’attaque. « J’vais mourir. J’vais crever de stress, j’arriverais pas jusqu’à dix heures, POURQUOI J’AI FAIT CA POURQUOIIIIIIIIIII !!!! »

Il se saisit la tête entre les mains. « Papa ! Papa va avoir tellement, tellement, TELLEMENT HONTE DE MOI ! Et maman, elle va être tellement déçue !! David et Lily, que vont-ils penser de moi ?!! Il a voulu faire le brave et au final, on ne pourra pas se faire loger chez lui si besoin !! Roland n’a pensé qu’à lui ! Roland a fait le bravache, il a tenté le diable, il va se faire virer pour une question d’égo stupide !! TOUT CA POUR UN COLLEGUE QUE TU CONNAIS DEPUIS UN MOIS A PEINE !!! FOUTRE TA CARRIERE ET TA VIE ACTIVE EN L’AIR !!! Roland, Roland, Roland, quel con tu es, quel con putain quel CON ! TU VAS TOUT PEEEEEEEEERDRE !!! TOUUUUT !!!! »

Il allait presque s’évanouir quand une main se posa sur son épaule. Roland se retourna. Le Doyen Truce. Il tenta de garder sa contenance.

- Justin…

Roland essuya ses larmes d’une manche et reprit une respiration normale. Justin serra les dents.

- Vous avez pris un risque immense, vous en êtes bien consc…

Roland hocha rapidement la tête. Justin tapota l’épaule de Roland sans la lui lâcher.

- Bon. Le proviseur utilise deux Ossatueur. Cubbert, un Ossatueur de Kanto et Kudgel, un Ossatueur d’Alola. Il les manie en duo et chaque coup d’os, vous le sentirez passer, croyez-moi. Gardez vos distances et utilisez de puissantes attaques spéciales. Vous avez des Pokémon Eau ?

Roland acquiesça. Justin hocha la tête.

- Parfait. Reposez votre stratégie sur eux. Un Pokémon volant pourra être utile dans un premier temps mais il va vite le neutraliser avec des attaques Roche. Vous connaissez la règle, vous pouvez utiliser tous les deux la totalité de vos équipes respectives…
- Oui…
- N’hésitez pas, et gérer bien le rythme de vos envois de Pokémon, c’est la clé. Le mieux que vous puissiez espérer c’est de l’épuiser sur la durée.
- Compris. Merci…

Justin tapota l’épaule de Roland à nouveau.

- Courage, Smirnoff. Je crois en vous, vous pouvez le faire.
- … merci, Justin…

Le doyen s’éloigna en regardant Roland. Le professeur souffla. « Bon, à vue de nez, tu peux le faire… Mais effectivement je doute que tu survives à la matinée, ne serait-ce qu’émotionnellement… »

Roland se dirigea vers sa salle des profs. La rentrée fut sonnée pour les élèves, le hall ayant été nettoyé. Roland ferma les yeux alors que les élèves emplirent l’établissement. Il entra dans les toilettes des profs. Il s’y essuya le visage à un lavabo. Il aperçut un autre professeur, une femme blonde mûre. Elle le regarda.

- C’est vous, le petit chenapan qui a repeint le hall ?
- … à qui ai-je l’honneur ?
- Lola Prutt, professeur principal de l’équipe 5, j’enseigne les fondamentaux.
- … bonjour…
- C’est très courageux ce que vous avez fait. Mais carrément suicidaire.

Roland agita la tête.

- Vous ne m’apprenez rien.
- Vous êtes professeur d’apprentissage technique des attaques, n’est-ce pas ?
- Hm.
- Eh bien. Je vous avais vu, affrontant votre collègue, le jour de la rentrée.
- … ah, oui… « j’ai l’impression que ça fait un millénaire... »
- J’aime associer les gens à des Pokémon, c’est une petite lubie de ma part…
- Ah… « un truc de vieux… »
- Vous me faites penser à un Froussardine.

Roland grimaça.

- Un… Frou… quoi ?!
- Froussardine. Au départ vous avez l’air d’un garçon simple et adorable, avenant et compatissant. Et quand vous vous battez… c’est une bête sauvage qu’on libère, un monstre, un Froussardine sous sa forme Banc !

Roland inspira.

- Je… ok, merci pour… quoi que ce soit que voulait dire cette intervention…
- Rien, sinon que j’ai hâte d’être à l’interclasse, ça va être très intéressant, je le sens !

Roland souffla en regardant Lola partir. « Dire qu’à une époque je me serais juste réjoui que les toilettes soient mixtes… »

Il sortit et entra enfin en salle des professeurs. Malcolm avait son casque sur les oreilles. Tout le monde semblait désemparé. Rachel le regarda.

- Malcolm ne peut rien faire... il dit qu’il n’a ni le temps ni la marge de manœuvre…

Roland acquiesça.

- J’ai dit que je pouvais gagner, je gagnerai. Tout va bien. On va faire cours comme si de rien n’était, et tout à l’heure, j’aviserai.

Charlie inspira lourdement. Claire semblait gênée. Megan se mordilla les lèvres. Matt avait les yeux rougis et semblait complètement abattu. Vincent soupira et regarda Roland.

- Smirnoff, si jamais vous êtes viré, je peux vous faire une lettre de recommandation dans la journée…

Roland acquiesça.

- C’est… gentil, Vincent… de croire en mes chances…

Léopold souffla. Charlie secoua la tête.

- Je dois essayer d’appeler mon père, si on peut te dénicher un avocat…
- En si peu de temps, Charlie ? Ne sois pas bête… sourit Roland en s’asseyant.
- J’suis tellement, tellement désolé… geignit Matt en sanglotant.
- Hey, arrête. Je refuse que tu t’en veuilles comme ça. Je voulais partir à un moment, eh bah on va dire que c’est la revanche karmique, pour avoir souhaité trop fort déserter le navire ! Haha…

Personne ne rit. Roland croisa les bras et regarda Malcolm qui semblait ultra concentré sur son écran, le casque sur les oreilles. Roland regarda Rachel qui haussa les épaules. Il hocha la tête.

- Bah, en tout cas, on pourra pas dire que ça n’aura pas été un mois intense !

Claire souffla. Rachel secoua la tête, abattue. Charlie se leva.

- Je vais discuter avec le Proviseur !
- Non, Charlie, je t’assure… souffla Roland.
- Hop, voilà, c’est bon !

Malcolm se leva, prit sa sacoche et sortit en trombe de la salle. Tout le monde l’avait fixé, médusés.

- Arceus bénisse les syndicats… souffla Megan.

***

- Mac !

Malcolm regarda sa sœur qui s’avançait vers lui alors qu’il allait ouvrir sa salle.

- Malcolm, attends…
- Rachel, va donner ton cours…
- Malcolm, par pitié, je sais que tu n’es pas ce sale type que tu prétends être devant tout le monde pour te donner un genre, s’il te plait, je suis ta sœur !

Malcolm serra les dents et ferma les yeux, vaincu.

- Je t’écoute, Rachel.
- Roland et toi vous ne vous entendez pas, j’ai bien compris. C’est mon ami. C’est quelqu’un que nous connaissons depuis que nous sommes tous petits, ça a été mon premier, mon seul et véritable ami, je connais tout de lui, il connait tout de moi…

Malcolm grimaça. « Ok ça devient trèèèès gênant, là… »

- Je t’en CONJURE, Malcolm, mon frère, il faut que tu le sortes de là !
- Ça, c’est pas possible, il a accepté le défi du Proviseur, c’est irrévocable administrativement, article 22 du CAP. Le code associatif Pokémon.

Rachel grimaça. Malcolm agita la tête.

- Tout à l’heure en salle des profs, j’écoutais un podcast sur les articles de ce bouquin, j’ai jamais tenu le coup devant un bouquin.
- … Mac…
- Rachel, je ne peux rien faire pour sortir Roland de sa situation. Il s’y est fourré tout seul. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
- … tu ne peux rien faire ? Au moins pour moi ?! Si ce n’est pas pour Roland, fais-le pour moi ta sœur !

Malcolm plissa les yeux. « Ah oui, elle ne me fait vraiment pas confiance… »

- J’ai une possibilité…
- Oh je le savais…
- Mais je ne peux pas t’en parler.
- Mais tu vas faire quelque chose !
- Oui.
- Alors le coup du casque tout à l’heure…
- J’écoutais des textes de loi associative, Rachel. Tu me connais, moi et les bouquins sans schéma de démonstration géométrique ou sans opération centrée en police de caractère de taille supérieure…

Rachel sembla soulagée.

- Merci, Malcolm ! Merci, merci, MERCI !

Elle lui sauta au cou et s’éloigna de lui.

- Promis je ne dis rien aux autres, tu pourras continuer à passer pour un connard !
- … ça me va.

Rachel s’éloigna. Malcolm serra les dents. « J’ai plus le choix… »

***

Roland donna son cours de façon mécanique, sans passion. Les élèves se demandaient ce qui se passait.

Rachel était à moitié rassurée par la conversation avec son frère.

Malcolm avait prétexté le contrôle surprise et avait de nouveau des écouteurs reliés à son ordinateur.

Charlie envoyait des dizaines de SMS à Matt.

Matt se contentait de lire un polycopié, totalement déphasé. Son téléphone vibrait mais il ne le regardait pas.

Léopold, Claire, Megan et Vincent donnèrent leur cours normalement.

***

- Voilà il est dix heures, vous pouvez y aller…

Les élèves sortirent de la salle. Roland resta inerte sur sa chaise. Jérôme approcha du bureau.

- Monsieur, tout va bien ? Vous êtes tout blanc…

Roland hocha la tête.

- Ça va, Jérôme. Pendant le reste de ta scolarité, n’oublie pas que rien ne te tombera tout cuit dans les mains. Tu vas devoir lutter toute ta vie pour avancer.

Jérôme grimaça.

- Ok… vous êtes vraiment chelous… tous nos profs sont chelous !

Roland inspira lourdement et se leva.

***

Roland s’avança vers le hall. Bondé de profs. Le Proviseur Adjoint avait barré la route en compagnie d’un Prédastérie.

- Vous êtes attendu, je crois.

Roland hocha la tête. Nathan et son Prédastérie s’écartèrent. Roland s’avança dans le hall. Les profs s’écartèrent sur son chemin. En bout d’allée, Rachel lui passa une main sur l’épaule. Charlie lui tapota l’autre épaule. Claire, Vincent, Léopold, Megan, Matt et Malcolm étaient alignés au premier rang. Roland se retrouva face au Proviseur, gros homme dans son costume jaune crème. Il regarda Roland derrière ses grosses lunettes. Le reste de l’administration observait. Justin Truce, Brice Tramer, Marigold Heller, Ethel Wilde, Stanley Hendricks. Nathan s’avança jusqu’à eux après avoir fermé les portes coupe-feu.

- Roland Smirnoff… marmonna le proviseur.

Le fils d’Etienne Smirnoff déglutit bruyamment.

- Quand vous êtes arrivé le premier jour, j’ai cru que vous seriez un bon élément, servile, docile, qui enseignerait plutôt que de se laisser aller à exprimer des opinions subversives. Eh bien visiblement, on ne peut faire confiance à personne. Si j’avais pu deviner que nous en viendrions aux mains… Et vous savez ce que signifiera votre inévitable défaite…

Le proviseur était très calme. Roland allait clairement se faire dessus.

- … à savoir votre départ immédiat et sans sommation de l’établissement. Et autant dire que les professeurs comme vous, qui sont sanctionnés par un Duel, n’ont pas excellente réputation. Vous serez connu comme, ce professeur fou qui a recouvert le hall d’affiches pour la promotion de l’homosexualité auprès des élèves. Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?

Roland inspira.

- Je ne regrette absolument rien.

Rachel ferma lourdement les yeux. Vincent essuya ses lunettes, l’air désolé. Léopold se mordilla les lèvres. Megan inspira. Claire secoua la tête. Matt recommença à pleurer. Charlie le serrait contre lui.

- Objection.

Tout le monde regarda… Malcolm Heine qui s’avança aux côtés de Roland. Le Proviseur s’étonna. Nathan grimaça.

- Monsieur le Proviseur, selon l’article 23 du CAP. Dans le cadre d’un Duel de Sanction entre le proviseur et un professeur, le syndicaliste attitré à ce proviseur a la possibilité, non pas l’obligation mais la possibilité, d’appuyer le professeur dont il est, techniquement, le responsable.

Le Proviseur hocha la tête.

- Je suppose que… c’est exact… ?!
- Ça l’est ! sourit Brice, le livre en main.
- Personne ne vous a demandé votre opinion ! grommela Harold Burton.
- Oh pardon…
- Les risques sont toujours présents, certes, quand bien même nous gagnerions…
- Hohoho ! sourit le proviseur.
- … si Roland perd mais que je gagne, nous sommes sauvés tous les deux mais Roland perd la possibilité de passer des concours pour gagner de l’agrément, et si Roland gagne mais que je perds, je perds mon titre de syndicaliste…

Claire s’étonna. Rachel grimaça. Vincent baissa la tête. Charlie serra les dents.

- Voilà. Roland Smirnoff…

Malcolm regarda Roland qui ne s’attendait pas tout court à ce que Malcolm prenne la parole.

- … n’est pas mon ami. C’est mon collègue. C’est l’ami de ma sœur.

Nathan eut un ricanement. Malcolm resta stoïque.

- Et c’est un professeur de mon équipe pédagogique. Alors j’assurerais sa défense selon les règles qui me sont imposées, à savoir que je n’ai droit qu’à un seul Pokémon.

Roland serra les dents.

- Tandis que Roland a droit, comme à la normale, à tous les siens, tout comme vous, monsieur le proviseur.
- En effet. C’est à vous de commencer, Heine, l’offensé a le choix des armes…

Malcolm hocha la tête. Il ouvrit sa veste et sortit Monorpale.

- J’en appellerais à Glaive.

Il prit le Pokémon par le manche, la plaça devant son visage, et la lâcha. L’épée lévita d’elle-même. Malcolm était prêt à la diriger.

- Vas-y, Roland.

Roland avait… autre chose en tête en fait. Il se faisait toujours dessus, mais pour une autre raison. « IL SAIT. »

Roland secoua la tête. « Il sait pour moi et sa sœur. C’est pas possible qu’il fasse ça de lui-même comme ça par pur esprit de gentillesse. J’aurais dû m’en douter. C’est pour ça qu’il s’était mis à devenir tout mielleux d’un coup d’un seul. C’EST CA que le proviseur adjoint lui avait dit à la conférence, c’est pour CA qu’il s’est barré. Comment on a pu rater ça, c’était tellement évident qu’il savait, après coup ! Et Rachel qui s’étonnait qu’il la laisse sortir sans mégoter ! Bon sang… »

- Monsieur Smirnoff, vous vous débinez ? sourit le proviseur.
- Roland… marmonna Malcolm.
- Euh, oui…
- Je ne garantis pas qu’on va gagner, je nous accorde juste une petite chance.

Roland inspira.

- On s’est jamais battus ensemble, toi et moi, ça semble compromis, en effet…
- Je suis syndicaliste, pas homme de chevet.
- Allez, Lys !

Roland envoya Lianaja. Justin inspira. « Il a suivi mes conseils. »

Le Proviseur hocha la tête.

- Bon. C’est triste de perdre deux si bons éléments, mais le sort en est jeté. Cubbert ! Kudgel !! GO !!!

Les deux Ossatueur apparurent. L’un, classique, agita son os vierge. L’autre, d’Alola, fit tourner son os enflammé.

- C’est quand vous voulez, messieurs, vous avez droit à la première frappe !

Roland hocha la tête. Malcolm restait stoïque.

- Lys, Vampigraine !

C’était la meilleure option. Infecter un des deux Ossatueur, c’était un bon moyen de se préserver pour plus tard.

- Roue de Feu !

L’Ossatueur noir s’avança, faisant tournoyer son os de feu. Le Pokémon sembla danser avec ses flammes. La graine sensée infecter fut littéralement désintégrée. Roland haussa les sourcils. « Attendez, quoi ?! »

- C’était bien essayé, certes… sourit Harold.

Roland grimaça et eut un mouvement de recul que Lianaja eut aussi.

- Mais de toute évidence vous et moi ne sommes pas faits du même bois. Cubbert, Sabotage !

Ossatueur chargea vers Lianaja. Et l’autre Ossatueur, toujours dans sa Roue de Feu, chargeait également vers Lianaja, sautant par-dessus son camarade, faisant tournoyer son os avec habileté. « C’est un technicien hors pair, meilleur que moi, il maîtrise ses deux Pokémon à la perfection, je n’ai aucune chance de… »

- Lys, je… atta… euh…

Le Lianaja regarda son maître, aussi désespéré que lui.

- Glaive, GARDE LARGE !

Monorpale, le fourreau encapuchonné, se dressa en travers des attaques des Ossatueur qui les cessèrent et retournèrent près de leur maître. Le Proviseur Burton regarda Malcolm qui croisa les bras.

- J’ai déjà pu vous voir à l’œuvre, comme certains ici, je sais comment vous agissez, quand j’entraine mes Pokémon je les prépare toujours un peu à vous recevoir.

Le Proviseur lança un regard noir au syndicaliste. Rachel semblait impressionnée. Claire carrément subjuguée. Charlie assez surpris.

- Roland, garde ton calme, bats-toi comme tu t’étais battu contre moi au début de l’année.

Roland déglutit bruyamment. « C’était pas pareil. J’étais en colère, j’étais mauvais, j’étais… »

Roland ferma les yeux. « J’étais comme à cette époque, quand je m’entrainais avec David et Lily… comme quand j’ai défendu Rachel contre le prof… dans… cet état de mal où je laisse libre cours à… »

Roland se saisit le cœur. « Je ne peux pas. Même si ma carrière est en jeu, je ne sais pas si je peux… »

Rachel serra les dents. « Il est au bord du point de rupture, ses angoisses vont reprendre le dessus… »
Charlie secoua la tête. « Allez, Roland… »

Harold Burton inspira.

- Je vois, je vois. C’est intelligent de votre part…

Monorpale se replaça près de son maître. Harold Burton hocha la tête.

- Kudgel, Boutefeu…

L’Ossatueur noir fit tourner son os plus vite et se chargea de flammes. Il fonça vers Lianaja. Roland recula.

- Tu as droit à plusieurs Pokémon en même temps aussi, Roland ! cria Malcolm.

Roland grimaça et agita une main. Passerouge sortit de sa cachette dans la foule et utilisa Nitrocharge. Rachel sembla rassurée. « Il est dans le combat, c’est le plus important, qu’il reste concentré… »

Le Pokémon alla à la rencontre de l’Ossatueur d’Alola. Roland remarqua que l’Ossatueur blanc n’avait pas bougé. « Où est le piège ?! »

L’Ossatueur d’Alola ne s’occupa guère de Passerouge qu’il écarta sans délicatesse d’un coup d’os. Roland frissonna.

- C’est trop tard, Smirnoff…
- Glaive, Ombre Portée !!

Monorpale se saisit de son fourreau. Une ombre d’épée émergea de lui et partit en éclair sur Ossatueur d’Alola. Harold acquiesça.

- Osmerang, Cubbert.

L’attaque ne fut pas un boomerang du tout. Ossatueur se contenta de balancer son os en ligne droite pour frapper l’épée fantôme d’un coup sec. Malcolm grimaça. L’Ombre Portée cessa, Passerouge et Lianaja furent frappés par Ossatueur d’Alola tous les deux. Roland frissonna. Passerouge avait plutôt moyennement bien encaissé le choc. Lianaja avait plus durement pris le coup et semblait déjà à bout.

« Je devrais le rappeler. Si je reste fidèle à mes principes, je le rappelle. Mais là, ma carrière est en jeu, ma vie… Mon destin tout entier… »

Roland regarda Harold, tout relax, tout rond. « Entre les mains de cet homme… tout ça parce que j’ai voulu défendre un camarade, parce que j’ai voulu être digne de mon père, me voilà… dans une situation où je ne suis pas à sa hauteur. Mon père est un génie, moi… »

Roland regarda ses mains. « Moi… »

- Roland, tout va bien. Tu as cinq Pokémon à disposition. Tu peux te permettre d’en perdre un ou deux.

« Facile à dire pour toi », songèrent Roland, Rachel et Charlie.

Roland grimaça et regarda Lianaja qui se releva difficilement. « Non, non, non, il ne peut pas, et puis pour faire quoi, face à une puissance aussi écrasante et un tel désavantage de types… »

Monorpale s’était redressé également. Malcolm regarda Roland.

- Je joue ma place aussi, Roland ! Tu n’as pas le droit de flancher ! Je peux t’aider mais seulement si tu donnes tout ce que tu as !

Roland hocha la tête.

- Tu t’es battu à fond contre moi alors que c’était une simple rixe entre collègues, mais là, face au Proviseur, dans un combat où ta carrière est en jeu, tu te laisses aller ?!

Roland ferma les yeux. « Il n’a pas tort… »

- Mac, tais-toi ! grommela Rachel.
- Mais oui enfin, vous le déconcentrez ! grommela Claire.
- J’aimerais simplement qu’il se concentre, pour commencer ! gronda Malcolm. Allez ! Je sais que tu vaux mieux que ça !

Roland se releva, sonné. « Je ne vais pas gagner ce combat. »

Harold inspira.

- Pardonnez-moi, mais je ne suis pas de ceux qui laissent mes adversaires discuter cent-sept ans. Masse-Os.

Les deux Ossatueur partirent, dos joint, l’os en main, vers leurs adversaires. Roland regarda ses Pokémon.

- Garde Large !

Monorpale s’interposa. Harold sourit.

- Docile et prévisible, comme un Ponchiot.

Malcolm haussa un sourcil. L’Ossatueur d’Alola se retira de la course vers les adversaires et seul Cubbert, l’Ossatueur de Kanto, poursuivit l’attaque. « Ouuups… » songea Malcolm.

L’attaque frappa Monorpale avec dureté. Roland grimaça. « Malcolm va perdre son poste à cause de moi… »

Kudgel, l’Ossatueur d’Alola, prépara une attaque. Malcolm contra du mieux qu’il put avec Aéropique mais Ossatueur utilisait Charge Os, et la série de coups était trop rapide. Une joute os-épée s’était engagée.

- Préparez-vous, Smirnoff… Os-Ombre !

Ossatueur d’Alola prépara une attaque tournoyante à l’os, mais les flammes prirent une teinte bleutée sinistre. Charlie serra les dents.

Le Pokémon chargea en disparaissant et réapparaissant face à Roland. « Bon sang mais qu’est-ce que c’est que cette technique ??? » grimaça Roland.

Lianaja et Passerouge étaient visés. Roland reprit de la contenance. « Passerouge peut contrer ça ! »

- Robin, Aile d’Acier !

Passerouge avança, ailes en avant. Harold acquiesça.

- Oui, un Pokémon Normal pour contrer une attaque spectre, c’est finement joué…

Ossatueur d’Alola se contenta de disparaître devant le Pokémon et de réapparaître derrière lui.

- Une telle finesse stratégique, digne de votre père !

Boum. Coup de semonce pour le Roland. Le jeune homme accusa le coup.

- Allez, Roland…
- Trop de pression… souffla Léopold.

Rachel le regarda. Le blond secoua la tête.

- Il n’est pas habitué à subir autant de pression, Roland est un homme calme qui aspire au calme, c’est trop pour lui.
- Il a une bonne expérience du combat pourtant… souffla Charlie en serrant Matt contre lui.
- Oui mais on connait Roland. En plus de la pression du combat et de la situation, il s’impose aussi une pression à lui-même…

Megan hocha la tête.

- Il est le fils de son père mais il n’est pas « le » fils de son père… résuma la jeune femme.
- Double pression… acheva Léopold en tremblotant.

Rachel inspira lourdement. Claire pencha la tête sur le côté. Vincent observait très attentivement.

Ossatueur fit tournoyer son os. L’amplitude des flammes spectrales emporta Lianaja dans le tourbillon de l’os. « Nooon… »

- Lys, Phytomixeur !! « Je ne partirais pas sans me battre !! »

L’attaque entra en conflit avec l’Os’Ombre. Harold haussa les épaules.

- Enfin on réagit…
- « Je ne partirais pas sans me battre !!! » Pince Masse, Bertha !

Harold s’étonna. La Pokéball avait été lancée pendant l’impressionnante attaque à l’Os’Ombre. La Crabagarre jaillit, intrépide, au-dessus de la mêlée.

- Joli ! Dommage que vous n’ayez pas compris…

Ossatueur disparut, laissant Lianaja et Crabagarre sans adversaire. Roland fit de gros yeux. Harold montra son bracelet Z. « Une attaque Z ! C’est une technique qu’il a préparée à l’avance et enregistrée dans le cursus d’attaques d’Ossatueur, et… »

Ossatueur d’Alola apparut derrière Lianaja et l’abattit au sol avec l’Os’Ombre. Roland grimaça lourdement alors que son Pokémon était violemment frappé au sol par le lourd coup d’os.

- Un de moins.

Crabagarre tenta quand même de mener son attaque jusqu’au bout. L’autre Ossatueur était toujours en joute avec Monorpale, le tenant hors de la joute avec Roland.

- Hey, Heine !

Malcolm plissa les yeux.

- C’est le moment de réutiliser votre Garde Large !

Rachel, Claire et Charlie haussèrent un sourcil. Justin grimaça. « Han non… »
Harold agita un bras et abattit son poing vers le sol.

- SEISME !!

L’Ossatueur d’Alola abattit son os sur la longueur dans la tronche de Crabagarre qui allait le frapper d’un Pince-Masse. Le Pokémon fut aplati au sol et frappé directement par le choc de l’attaque Sol. Mais l’Ossatueur de Kanto exécuta également l’attaque, enfonçant l’épée dans le sol du hall de l’académie, l’abattant sur le coup après l’avoir bien affaibli tout au long du match. Malcolm se figea. « C’est… fini pour moi… »

Rachel porta ses mains à sa bouche. « Son poste de syndicaliste… »
Charlie ferma lourdement les yeux. « C’était chevaleresque d’un certain point de vue… »
Megan inspira. « Si je m’attendais à avoir de la compassion pour lui… »
Matt en devenait presque fou. « C’est de ma faute, tout ça c’est de ma faute ! »

Roland regarda Lianaja et Crabagarre partout. Passerouge revint sur son épaule, inquiet pour son maître. Malcolm, défait, rappela Monorpale. Harold inspira.

- Les règles sont les règles, Heine, mais je suis admiratif de votre inconscience…

Roland en pleurait presque. « C’est ma faute, c’est parce que j’ai été faible… il s’est porté à mon secours et je m’en suis montré indigne… »

Malcolm était là, tête baissée, prêt à accepter la sentence.

- … et ce serait dommage de perdre un élément aussi bien dressé que vous…

Claire plissa les yeux. « Il parle de son intervention à l’intersyndicale… »

- Aussi, je vous laisse votre poste de syndicaliste, je ne suis pas un monstre…

Malcolm releva la tête, interloqué.

- … Et je préfère punir le véritable responsable de tout ce charivari, puisque je suppose que monsieur Smirnoff s’est porté bouc émissaire dans cette affaire…

Charlie était prêt à morfler pour tout le monde. Matt sentit qu’un gradin de stade allait s’effondrer sur lui. Claire frissonna. Rachel et Megan se regardèrent. Léopold était mal à l’aise…

- Et je choisis donc de démettre Hadley de sa fonction de Professeur Principal à la place.

Malcolm serra les dents, ulcéré. Roland secoua la tête, abasourdi.

- N-Non…

Le gros rouquin à lunettes hocha la tête.

- Ça me va.

Malcolm grimaça et regarda Burton.

- NON !! NON ! C’EST MOI QUI AI PERDU ! PRENEZ-MOI !!!

Roland regarda Malcolm, stupéfait. Hadley semblait résigné. Claire garda la bouche ouverte, horrifiée. Charlie secoua la tête, désespéré.

- Burton, allons !
- C’était pas Roland, c’était mpfff !!! tenta Matt, étouffé par Charlie qui le tenait bien contre lui.
- C’est moi le proviseur, ma décision est irrévocable.
- … C’EST COMPLETEMENT ABUSIF, VOUS N’AVEZ PAS LE DROIT !!
- Mais mon pauvre Malcolm, nous vivons à Poképolis, la nation du combat, de l’âpreté, de la lutte ! Nous luttons pour nos vies, pour nos métiers, pour notre honneur ! Un dresseur qui n’est pas capable d’accepter les conséquences de sa défaite…

Malcolm secoua la tête, désemparé.

- … ou les périls encourus par ses Pokémon…

Harold s’était tourné vers Roland, mutique, en état de choc.

- … n’est pas digne d’être un dresseur et encore moins un homme. Hadley, vous êtes rétrogradé.
- C… c’est dég…
- J’ai dit que ça m’allait, Heine.

Hadley hocha la tête.

- Il a raison, j’ai pas assuré à mon job. Meredith avait beau être… une… belle salope…

Malcolm serra les dents, pétri de culpabilité. Marigold observait, les bras croisés.

- … c’est elle qui gérait, qui assurait, qui prenait toute la mesure des risques. Elle m’a quitté parce que j’étais mou et… que je me laissais un peu aller…
- Ah ça, c’est le moins qu’on puisse dire ! assura Harold avec un sourire, reproduit par le Proviseur Adjoint.
- … et elle n’avait pas tort. Je me suis ramolli, j’ai failli, je n’ai pas su gérer mon équipe pédagogique. Je désignerai un successeur au terme du séminaire de retour des fêtes.
- Cela me convient ! sourit Harold.

Roland secoua la tête. « Les autres. Pâtissent de ma faiblesse, je… Je suis la cause de tout cela, j’ai voulu… si j’avais laissé Matt être puni comme il se devait, ou si j’avais choisi le conseil disciplinaire, certes, mon dossier aurait été souillé mais au moins… »

Il regarda Vincent qui était soutenu par Claire.

- Vous n’avez pas à… Vincent…
- Désolé de ne pas vous avoir prévenue ou défendue à l’intersyndicale, j’ai été lâche… une fois de plus…
- Oh, Vincent !! geignit la jeune prof en serrant son collègue dans ses bras.

Charlie regarda Roland en lui faisant signe de continuer, de garder le cap. Rachel recevait son frère qui s’éloignait du champ de bataille.

- Merci, Malcolm, merci d’avoir essayé…
- Mouais… pas comme si j’avais le choix…

Il s’éloigna de sa sœur et alla se placer auprès des autres. Rachel fit de gros yeux. « Pas eu le choix… oh merde… IL SAIT ! »

Rachel resta muette, un peu crispée, peut-être. Elle regarda Roland qui la regarda. « Et elle… est-ce que je la mérite, au fond ? Un homme qui ne sait pas se battre ? Qui n’est pas capable de tenir ses engagements ? Qui fait le fier sur Twitter mais qui n’est pas capable d’aller au bout de ses convictions ? Qui pleure… »

Roland essuya ses joues. « C’est tout ce que je suis, un homme qui pleure… et qui déçoit ceux qui l’aiment… »

- Finissons-en, je n’ai pas la matinée, je pensais que ce serait plus rapide… marmonna Harold. Et plus consistant, certes.

Roland secoua la tête. « Certes… »

Il regarda ses collègues. Rachel hocha la tête et lui fit signe de se battre. « J’ai envie d’être digne d’elle… »

Il regarda tous ses collègues. « J’ai envie d’être digne d’eux tous. De rester. De me battre. D’être digne de… »

- Rassurez-vous, je ne dirais pas à votre père que vous avez pleuré ! assura Harold Burton.

Roland releva la tête. Il y eut quelques rires côté administratif.

- C’est vrai, quoi, vous imaginez le grand Etienne Smirnoff qui viendrait visiter notre académie, j’arrive comme ça, et je lui dis « Votre fils ? Avant de le virer, il a bien pleuré ! »

Nouveaux rires. Justin regarda Roland, les lèvres serrées. Roland fronça les sourcils et prostra ses épaules. Les jambes légèrement écartées, les mains tendues vers le sol. Charlie plissa les yeux. « Je connais cette posture… »

Rachel inspira. « Il l’avait déjà prise contre Hartman, pour me défendre… »

Malcolm pencha la tête sur le côté. « Contre moi, et contre Théo, au tournoi de fin de voyage itinérant… »

Claire, Megan, Léopold, Vincent et Matt observaient, neutres. Roland prit une grande inspiration.

- On s’y remet ? Vous vous sentez d’attaque ?
- Vive-Attaque, Robin.

Passerouge piailla et s’envola. Il fit le tour du hall. Les quelques rires ou sourires qui avaient succédé à l’intervention cessèrent. Harold observa.

- Vive-Attaque. Eh bien. Voilà qui est bien basique…

L’oiseau tournait autour de la foule entourant le match. Passerouge passa ensuite à côté de son maître et fonça vers Ossatueur d’Alola qui laissa passer le Pokémon sans sourciller.

- Vous vous rappelez que les attaques Normales, sur les Spectre… marmonna Burton.

L’attaque frappa Ossatueur qui contra le premier coup avec son os. Pas le deuxième, le troisième, le quatrième, le cinquième, le sixième, le…

- Eh ! EH ! Sabotage !!

Ossatueur donna un coup d’os mais Passerouge avait disparu, reparti vers son maître. Harold grimaça.

- Cubbert, Kudgel, Lame de Roc !!!

Ossatueur d’Alola et Ossatueur soulevèrent une nuée de rochers durs, tranchants, menaçants, entre leurs deux os soulevés. Prêts à tout balancer sur l’adversaire.

- Aile d’Acier, tonna Roland d’une voix monocorde mais forte.

La nuée de rochers, avant même d’être balancée, fut réduite en gravier par Passerouge qui passa en vrille à travers l’amas de roches en lévitation, les brisant de ses ailes brillantes et solides. Les deux Ossatueur semblaient surpris. Harold regarda Roland, interloqué.

- Vous ne vous réveillez que maintenant ?

Charlie plissa les yeux. « C’est plutôt que le bon bouton a été pressé. Dans un tel état de pression et de désespoir, il a su faire le vide, abandonner toute maîtrise de lui-même et laisser libre court à l’étendue de son talent… »
Rachel inspira. « C’est ce dont il me parle souvent, les deux Roland… »
Malcolm grimaça. « On dirait une toute autre personne, c’est bluffant… »
Claire était sciée. « Quelle maîtrise de la physique des attaques… Un Airmure au top n’aurait pas mieux traversé cette Lame de Roc… »

Passerouge repartit pour une nouvelle charge vers ses adversaires. Harold grommela.

- Vous vous activez enfin en pensant jouer les héros de dernière minute ? C’est quand la tête de votre collègue et de votre principal étaient sur le billot qu’il fallait réagir, espèce de petit freluquet…

Vincent plissa les yeux. « Ouais, mais j’ai l’impression qu’il ne pouvait pas le faire comme ça… c’est vrai qu’il est bizarre, ce garçon. Tantôt sage, intelligent, précis, jovial, et parfois il s’emporte d’un coup, devient inexplicablement rude, violent, à renter dans le lard, et c’est comme s’il était pareil au combat. »

Les deux Ossatueur s’étaient lancés pour recevoir Passerouge. Ossatueur d’Alola se retira en sautant sur le côté. Ossatueur de Kanto prépara son os et frappa d’un Sabotage. Passerouge fut projeté sur le côté, sonné. Harold sourit.

Le Pokémon resta au sol, sur ses pattes, s’ébrouant suite à l’attaque. Léopold plissa les yeux. « Ses Pokémon sont très bien préparés mais c’est comme s’il se refusait à exploiter toute l’étendue de leur force… »

Rachel inspira. « C’est ce qu’il avait raconté à Hartman. Qu’il avait demandé à leur père de l’entrainer, qu’il avait progressé trop vite, qu’il avait eu peur de lui-même, et ce potentiel refoulé, monsieur Hartman avait tenté de le faire sortir sans pour autant le bousculer… »

Roland rappela Passerouge. « Et là, pour être bousculé, il est bousculé… »

- Ah, vous lâchez déjà l’affaire ?

Léopold secoua la tête. Et juste à ce moment, la pluie tomba dans le hall. Harold s’étonna.

- Oh, on veut assombrir l’ambiance ! Pourtant on s’amusait si bien.

Roland inspira et envoya Tarpaud. Harold sourit.

- Les Pokémon Eau, mes préférés !
- …
- Ils croient toujours tellement avoir la victoire…

Une Fatal Foudre fusa du plafond nuageux. L’Ossatueur de Kanto le reçut directement sur son os. L’Ossatueur d’Alola préparait un Boutefeu. Claire plissa les yeux. « Cubbert a Paratonnerre, et Kudgel a Tête de Roc… ils se complètent à merveille… »

- Vous cachez un de vos Pokémon, n’est-ce pas… Kudgel !

Ossatueur d’Alola fonça vers Tarpaud. Roland releva la tête et eut un œil menaçant pour l’adversaire. L’autre Ossatueur envoya son os en ligne droite, comme il avait fait contre Malcolm. Lequel plissa les yeux.

Tarpaud mit ses mains contre son ventre et émit un grondement sourd. Claire plissa les yeux. « Sa technique de l’Echo… »

Léopold plissa les yeux. « Un Brouhaha… non, Requiem ? Mégaphone ? Eh, il aurait pu utiliser Requiem dès le départ en n’appelant qu’un seul Pokémon, ça aurait réglé le problème… ou pas ?! »

Et pendant que Léopold oubliait que les adversaires aussi pouvaient rappeler leurs Pokémon, les joues de Tarpaud gonflèrent intensément. Vibration de l’air, à en tordre la pluie. L’Ossatueur d’Alola fut repoussé en arrière et l’os de l’autre carrément détourné. Harold rehaussa ses lunettes. Justin, Brice, Marigold et Nathan semblaient tout aussi impressionnés. Roland claqua des doigts.

Tarpaud ouvrit la bouche et lâcha comme un coassement sec, claquant dans l’air. Harold se boucha les oreilles, visiblement atteint. « Mes oreilles se sont débouch… non ? » Les deux Ossatueur observaient, interloqués. Malcolm et Vincent plissèrent les yeux.

… aucun effet, en fait, sur les deux Pokémon, ou si peu. Harold regarda Roland qui haussa les épaules. Tarpaud avait profité du battement pour se mettre à quatre pattes. Harold plissa les yeux.

- A quoi vous j…

L’Hydrocanon partit du sol. Il émergea comme l’éruption d’un volcan aqueux, sans cratère. Ossatueur et Ossatueur d’Alola esquivèrent en sautant de côté. Roland montra du doigt celui d’Alola. Harold Burton s’étonna. Un second Hydrocanon partit du ciel nuageux cette fois et partit vers l’Ossatueur d’Alola.

- KUDGEL !!!

Le Pokémon tenta de contrer l’attaque avec son os mais il fut emporté.

- Cubbert, aide ton frère !!

L’autre Ossatueur tenta de venir contrer l’attaque avec lui, lorsque son bras se leva en l’air avec son os, le détournant de sa mission. Harold plissa les yeux. « Les deux Hydrocanon sont l’œuvre de son Tarpaud seul… »

La Fatal-Foudre détourna Ossatueur de Kanto du secours de son allié et l’obligea à pointer son os pour recevoir la charge de foudre, perdant de l’élan pour aider son coéquipier. L’Ossatueur d’Alola se prit pleinement l’Hydrocanon du ciel. Morphéo sortit de derrière le dos de Roland. Le Pokémon regarda son maître qui hocha la tête.

L’Ossatueur d’Alola se releva. L’Ossatueur de Kanto sembla un peu désolé d’avoir manqué à son devoir.

- Alors ça, vous allez le payer…

Pour seule réponse, Roland tendit un doigt. Morphéo et Tarpaud ouvrirent la bouche. De multiples bulles d’eau partirent en trombe vers les deux Ossatueur. Charlie plissa les yeux.

- Bulles d’O, pour Tarpaud, et Balle Météo pour Morphéo, il peut diviser sa Balle Météo, ça augmente la vitesse et le rayon mais ça diminue la puissance… souffla Rachel.
- C’est le coup de semonce… marmonna Charlie.

Harold sembla presque offensé.

- Charge Os !!

Les deux Ossatueur firent tournoyer leurs os pour contrer les attaques aqueuses, dissipant les bulles et écartant les Balles Météo qui s’écartèrent aux alentours en mimant de vraies bulles solides. Roland inspira. Le vent se leva. Harold regarda Morphéo. « Je dois me débarrasser de cette petite merde qui contrôle le climat, il m’empêche de mener mes attaques comme je le souhaite… »

- Cubbert, Kudgel !!

Les deux Pokémon achevèrent de contrer l’attaque et foncèrent vers les deux Pokémon adverses. Le Vent Violent s’activa pleinement. « Peuh, quelle attaque puérile !! »

Les deux Ossatueur tendirent leurs os en avant comme des lances. « Je sais utiliser la physique des attaques, mon bon monsieur ! »

Charlie hocha la tête. « Cette Lame de Roc est plus maîtrisée que la précédente, il en a encore sous la pédale, le Burton… »

Les deux Pokémon franchirent le Vent Violent et sautèrent vers Morphéo, sous sa forme Eau de Pluie, en amorçant, à deux, un Poing-Eclair. Claire serra les dents. « Si ça porte… »

Tarpaud se mit à quatre pattes. Harold sourit de toutes ses dents. Les Ossatueur ajustèrent leurs os. Léopold haussa les sourcils. « C’est une feinte, c’est un Séisme, ils veulent… »

Les Ossatueur allaient retomber au sol rapidement quand le soleil apparut et illumina tout le hall. Surprise générale. Tarpaud, à quatre pattes, bondit en l’air, tout content. « Hein ??? »

Roland inspira et désigna le ciel. Harold leva la tête. Des tas de lumières suspendues. « Hein… ? »
Claire sembla stupéfaite. « Les Ball’Météo de tout à l’heure… le Bulles d’O de Tarpaud n’était qu’une diversion ! »

Une dizaine de Lance-Soleil partit des lumières suspendues et frappa le duo de toutes parts. L’Ossatueur de Kanto reçut sa dose et l’Ossatueur d’Alola fut affaibli plus encore qu’il ne l’était.

- Mais qu’est-ce que…

Roland inspira et regarda Morphéo qui changea à nouveau le climat en grêle. Harold plissa les yeux. Le hall émit un gémissement embarrassé. Les deux Ossatueur se remirent en garde. Le Blizzard leur partit dessus sans crier gare. Harold fit de gros yeux. « Sa vitesse d’exécution est parfaite… et la puissance… »

Harold grimaça en voyant Tarpaud retomber vers le sol en tapant des mains comme un benêt. « COUP DE MAIN ??? SON TARPAUD UTILISE COUP DE MAIN ??? UNE ATTAQUE SI… SI … »

Le Blizzard repoussa les deux Ossatueur jusqu’au mur derrière Harold qui sembla sonné. Tarpaud retomba au sol et continua à taper dans ses mains. Les deux Ossatueur allaient se relever mais Morphéo prolongea son attaque et le Blizzard frappa de nouveau les deux Pokémon. Le hall entier observait. Roland cessa l’attaque d’un geste de la main. Harold serra les dents.

- Je continue ? marmonna le professeur.

Harold inspira en toisant Roland, refusant d’admettre sa défaite. Roland ferma le poing et un énième Blizzard lapidaire frappa de nouveau les deux Pokémon Gard’Os. Le proviseur adjoint était décomposé. Marigold, Stanley, Ethel, Brice et Justin observaient, muets de stupeur. Claire, Léopold, Vincent, Malcolm, Charlie, Matt, Rachel et Megan fixaient, avec les autres professeurs, les Pokémon laminés par une série de Blizzard.

Roland fit cesser l’attaque. Tarpaud et Morphéo observaient.

Roland souffla et regarda le proviseur.

- Je continue ?

Harold Burton inspira lourdement. Petit silence avant qu’il ne se décide à dire :

- Vous êtes maintenu en service…

Il partit vers le couloir de l’administration sans plus de procès. Le hall acclama Roland. Rachel lui sauta au cou, tout comme Charlie et Matt. Claire arriva également pour se jeter sur la mêlée avec Léopold. Vincent observa, rassuré mais quelque peu inquiet quant à la suite. Megan observait à distance, amusée par ses collègues. Malcolm inspira et tourna les talons à son tour, ne tenant pas à se joindre aux effusions.

- Tu nous auras fait peur quand même ! sourit Charlie.
- J’suis tellement rassurée ! Tu es complètement fou !!
- Je sais, pardon de vous avoir inquiétés… geignit Roland.

Il se tourna vers Matt, tout ému et tout coupable. Roland le serra dans ses bras.

- Tout va bien, mon pote. Tout est arrangé.
- Merci de m’accepter malgré mes conneries !
- T’inquiète…
- Et mes blagues de merde !
- Mais oui !
- Et ma personnalité !
- Hm…
- Et moi tout court de manière générale !
- J’avais bien compris !
- T’es un frère, Roland, merci !! geignit Matt en se blottisant contre lui.

Roland regarda Rachel qui haussa les épaules.

- Tu as un Remoraid, à présent.
- La balance de mon équipe commence à pencher un peu trop en faveur de l’eau… admit Roland dont le regard croisa celui de Hadley. Il se décolla difficilement de Matt qui fut tiré par Charlie.

Vincent inspira.

- Désolé… souffla Roland.
- Oh j’en étais arrivé naturellement à cette conclusion aussi… C’est la logique naturelle des choses. Je me doutais que peu importe l’issue, ce serait comme ça.
- Quand même… sachez que vous aurez toujours mon… notre respect, ne serait-ce qu’en tant qu’aîné…
- J’avais bien compris, Smirnoff. Désolé d’avoir été un peu rude.
- Vous m’avez mis en garde, avec le recul… vous et…

Roland se tourna vers le couloir de l’administration. Il inspira.

- Bref, j’espère que les choses vont bien se goupiller par la suite.
- Oh ça pourra pas être pire…
- Dispersez-vous ! Retournez en cours !! grommela le proviseur adjoint.
- Regardez qui essaie encore de jouer les petits chefs… grommela Claire.
- Hanlala, mais quel pauvre type… souffla Megan.

Nathan se tourna vers Rachel qui plissa les yeux et lui fit signe de baisser les yeux. Le proviseur adjoint gronda et s’en retourna vers le couloir de l’administration.

- On fêtera ça ce midi, Roland ! cria Claire en partant vers le couloir des salles de cours.
- Hm !
- Content que tu restes parmi nous ! souffla Charlie.
- Pareillement !

Les professeurs se dispersèrent. Roland profita du tumulte et se dirigea vers le couloir de l’administration qui avait très rapidement retrouvé son calme. Il crut entendre un proviseur bougonner tout ce qu’il savait au fond du couloir dans son bureau, mais bon.

Il approcha de la première porte. Le doyen, à son bureau, l’aperçut.

- Hey. Jolie victoire.
- Merci… c’est un peu grâce à vous…

Justin sourit et se leva pour rejoindre le professeur.

- Ce n’était pas moi sur le terrain.
- Vos conseils… ça m’a permis d’établir un plan de base, mais… en termes de puissance, si je n’avais pas… tout donné, comme ça a été le cas, je n’aurais jamais vaincu Burton.

Justin inspira.

- C’est vrai que vous avez comme… switché, je ne vois pas de meilleur terme…
- Disons que quand je me lâche c’est... impressionnant.
- J’ai vu ça. Vous lui avez donné une bonne leçon en tout cas, il va y réfléchir à deux fois avant de s’en prendre à votre équipe.
- Hm…

Roland hocha la tête.

- Eh bien… je suis content de pouvoir vous dire… à bientôt !
- Hm. Je suis ravi que vous restiez parmi nous.
- Ah oui ?

Justin hocha la tête, approcha et embrassa Roland sur les lèvres, là, au milieu du couloir. Il s’éloigna doucement de lui.

- Ravi, vous dis-je.

Roland balbutia, mais il donna réponse au baiser en le reprenant. Justin osa une main sur le bras de Roland qui ne l’empêcha pas. Le baiser dura moins d’une minute. Roland s’éloigna de nouveau. Il s’éloigna d’un pas.

- Hem-hem.

Roland et Justin se tournèrent vers… Rachel.

- Je…peux vous aider, peut-être ? marmonna la jeune femme, les bras croisés.



Générique de fin : LP – Other People

« I never tried to be a hero
You took us from the stars to zero

We had a love devout, without a shred of doubt
We never worried 'bout
Other people
You broke the spell, and wanted something else
Well, go fuck yourself with
Other people… »