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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 28/10/2018 à 23:06
» Dernière mise à jour le 28/10/2018 à 23:06

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kalos   Romance   Slice of life

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SR106 - Mac & Cheese
VENDREDI

[Et dans l’actualité, la présence militaire s’intensifie à Alola alors que les niveaux d’alerte se sont tendus vers le rouge...]

Rachel inspira.

- Ça devient n’importe quoi...
- Hm.

La cuiller touillait dans le café sans discontinuer. Depuis bien dix minutes.

[Le Maître du Conseil d’Alola, Elsa-Mina Aether, a déclaré que la situation était techniquement sous contrôle mais qu’une aide extérieure serait la bienvenue. Sinnoh, Unys et Kalos ont d’ores et déjà déclaré qu’ils enverraient des troupes.]

- Génial, le conflit va devenir national… soupira Rachel.
- Hm.

[Dans le reste de l’actualité, le Président de l’Association Pokémon continue sa tournée, après l’académie d’Illumis, le Président visitera la faculté de Rivamar, connue pour son excellent niveau général…]

- Oh, ta fac, Malcolm !... Mac ?
- Hm.
- Malcolm Heine ?!
- He-hein ?! Pardon, je…
- Tu touilles ton café depuis que j’ai servi le petit dej… ça va ?!
- Oui oui, ouiouioui, tout va bien, tout va… J’ai… pas mal de pression…
- C’est pour ça qu’hier tu as « séché » la conférence ?

Malcolm acquiesça, fébrile. « C’est ma sœur… »
Rachel agita la tête.

- Ouais, j’suis désolée, j’prends pas toujours au sérieux ce que tu subis vis-à-vis de l’administration... Et j’en fais un peu beaucoup à ma tête, mais je t’assure que je me fais aussi du souci pour toi. Mais t’es vraiment trop borné et têtu à l’école, c’est dur de te soutenir…

Malcolm hocha doucement la tête. « C’est ma sœur et elle sort avec ce mec que je peux pas encadrer… »

- Je me doute, je me doute.

« Et de toute évidence je les embête énormément vu que… bah j’en savais rien… »
Malcolm acquiesça rapidement en détournant le regard. Rachel haussa les sourcils en écoutant la radio. « Depuis le début, je les gêne… »

Quelque chose titilla Malcolm. Cradopaud. Malcolm plissa les yeux.

- Merde, j’ai oublié de nourrir mes Pokémon !! Merde, merde !!
- Bah frangin…
- Putain…

Malcolm se leva et alla chercher ses croquettes. « J’arrive pas à me contrôler… »

Il se rendit dans le bureau pour nourrir Cradopaud et Croâporal. « Si je dis quelque chose, si je donne l’impression de m’opposer, je vais la perdre, elle va prendre son parti… Est-ce que j’ai envie de m’opposer ?! On vit ensemble en coloc. Je peux pas le blairer. Il m’horripile. Qu’est-ce qu’elle lui trouve ? Je croyais qu’il était homo, moi… On m’avait dit qu’il était homo ! Pourquoi… J’comprends plus rien ! »

Il regarda ses Pokémon se nourrir mais les deux Pokémon semblaient préoccupés par leur maître, assis qui les regardait, l’air médusé, perdu dans ses pensées. Malcolm se releva d’un coup, effrayant ses Pokémon. « Blast ! »

Il sortit du bureau en trombe. Rachel le regardait, surprise. Sucreine, Ponyta et Goupix l’observaient, étonnés. Malcolm se dirigea vers le jardinet dehors où Charkos dormait. Le Pokémon se releva. Malcolm lui servit une gamelle.

- Excuse-moi, excuse-moi, Blast…

Malcolm regarda Charkos qui mangea un bout et regarda son maître, tout comme Cradopaud et Croâporal l’avaient fait. Malcolm ferma les yeux. « Ils savent… Ils ont compris que j’allais pas bien… »

Malcolm secoua vivement la tête. « J’ai pas à aller pas bien, ça me regarde pas… »

Il allait se relever mais l’émotion le saisit. « J’suis un boulet dans la vie de ma sœur… »

Il se rassit et fondit en larmes. « J’suis un boulet et si j’réagis mal, j’vais la perdre ! »

Cradopaud et Croâporal arrivèrent et fermèrent la porte. Malcolm plissa les yeux. « Ah oui je suis vraiment pas bien, ils réagissent vraiment pas normalement… »

Malcolm essuya ses larmes et se calma. « Bon, reste calme, t’es un homme bordel, un peu de tenue… »

Rachel toqua à la porte du jardinet. Malcolm leva les yeux au ciel et rit nerveusement.

- « Mac ? Malcolm, tout va bien ? »
- Oui oui j’ai… besoin de prendre l’air ! C’est tout !

Rachel ouvrit. Malcolm s’essuya les yeux d’un revers du bras.

- Hey, ça va ?!
- Oui oui…
- T’as pleuré ?! Mais il t’arrive quoi ?!
- Rien, rien, rien ! Je… Le proviseur et le proviseur adjoint sur mon dos…
- Burton et Vinner ? Le premier c’est clairement un gros blaireau et le second, chaque fois que je lui parle, il me fait du gringue, il est ultra gênant…

Malcolm fit de gros yeux. « Il la drague et il se sert d’elle pour me faire chanter ?! Mais à quoi il… »

- Quoi ? Je le repousse, hein ! Systématiquement ! Tu m’as pris pour qui ?!
- J… Je… je, ça te regarde, Rachel, j’ai pas à m’en mêler…
- Tu vas bien ? T’es flippant, tu veux faire un arrêt de travail ?!
- Non, non, non, certainement pas !!
- Ouais, je sais, faut pas paraître faible face à l’administration mais là t’as l’air traumatisé…

Malcolm grimaça et décida de mentir à sa sœur. « Autant mélanger le vrai et le faux… »

- Vinner m’a tapé un vilain coup de pression quant à ma gestion des relations syndicales… comme quoi je faisais de la rétention d’information… Avec l’absence de Meredith il a comme qui dirait perdu une cafteuse…
- Ah, ok… Laisse pas ça te miner, enfin… ou alors quitte le syndicat !
- Mais c’est le seul moyen de… enfin d’être sûr que tout se passe bien pour toi, pour moi, pour nous tous…
- Mais ça va aller, Mac, c’est quoi le pire qui peut nous arriver ?!

Malcolm hocha la tête. « Je déteste lui mentir, bordel, je déteste ça ! »

- Ouais, t’as pas tort… soupira Malcolm.
- Allez, ressaisis-toi, c’est pas la mort, hein ? Tout est normal, rien n’a changé !

Malcolm hocha la tête rapidement. « Par contre elle, ça a pas l’air de l’embêter de rien me dire… »

Malcolm se releva et fut raccompagné dans le salon par sa sœur.

- Allez, on finit le petit dej et on va passer une journée normale. Dépressurise.
- Hm…

Malcolm revint à sa place. Texto. Numéro inconnu.

[Coucou, c’est Roland. Soirée samedi avec ta sœur et les collègues, tu viens ?]

Malcolm grimaça. Il mit le téléphone en veille. « C’est quoi ce délire ?! »

***

Ecole. Malcolm et Rachel arrivent ensemble, et Roland attend comme à l’accoutumée. « Mais comment j’ai pu être aussi cooooooon… » gronda Malcolm en son for intérieur.

- Hey, Roland… Mac est pas super bien ce matin…
- Oh, ok, pardon…
- Voilà, donc si tu peux…
- Ça va aller, ça va aller…

Malcolm se détacha de sa sœur. « Paye ta chandelle ! »

- J’ai des trucs à faire je vous attends en salle de cours, on fait le bilan d’hier ! Ahem…

Roland se rapprocha de Rachel, étonné, alors que Malcolm partait.

- C’est quoi son problème…
- J’sais pas, ce matin il était tout dépressif…
- C’est mon texto qui lui a fait ça ?
- J’sais pas. Nan apparemment le proviseur adjoint lui a tapé un vieux coup de pression.
- Il a l’air louche, ouais !
- Carrément louche. Il me draguait l’an passé…
- Vraiment ?
- Oui ! Malcolm a essayé de lui prendre la tête mais je sais pas, ils sont en froid, je sais pas trop pourquoi…

Roland se rappela de ce que lui avait dit Claire et serra les dents. Rachel le regarda.

- Quoi ?
- Quoi, quoi ? Rien.
- Tu sais quelque chose !
- N…
- Tu peux pas me mentir, Roland !

Roland leva les yeux au ciel.

- Ok, Claire a entendu dire qu’il y avait une histoire entre cette Meredith et Malcolm.

Rachel haussa les sourcils.

- Cette grosse PUTE ???
- … oui, calme-toi…
- Mais elle était avec Vincent, fin c’était son ex mais… Waaaaah ! Je m’aperçois que je sais rien de la vie amoureuse de mon frangin !
- Bah c’est réciproque en même temps.
- C’est pas pareil. Donc tu lui as envoyé le texto pour l’inviter…
- Oui mais je suppose qu’il va refuser.
- Ah bah vu comme il était ce matin, oui, c’est probable…
- A ce point ?
- Ah oui, complètement démoralisé, je sais pas ce que le Proviseur Adjoint lui a dit, mais ça devait être salé…
- Il se fait du mal à rester syndicaliste… marmonna Roland.
- C’est clair et net, je lui ai dit, mais je sais aussi que ça lui tient à cœur, comment tu veux que je l’en empêche…
- Ouais, pas faux.

Ils entrèrent en salle des profs. Vincent semblait désemparé, en effet…

- Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! souffla Malcolm.

… les tables avaient été changées de place. Plus de table de réunion. Juste deux grandes tables distinctes, une au fond de la salle et l’autre au milieu. Roland agita la tête.

- Ça a le mérite d’agrandir la pièce !
- Bon cela dit, ça fait un peu première année d’école préparatoire… admit Rachel.

Vincent se tourna vers les premiers arrivés.

- C’est vous qui avez fait ça ?!

Malcolm regarda Hadley d’un air blasé. Rachel secoua la tête. Roland inspira.

- Si ça avait été nous, on se serait installés direct sans discuter, comme pour imposer la chose comme normale, si vous voulez découvrir le coupable, on remet tout en place et la personne qui sera surprise de retrouver la pièce en ordre sera la coupable.

Rachel désigna Roland.

- Je suis la bourrine, c’est le cerveau.
« Et moi le gros débile de ne pas avoir remarqué tout de suite votre anormale complicité, la façon dont vous avez en permanence l’air de vous compléter. Je croyais qu’il avait une mauvaise influence sur toi, mais en fait il a une influence sur toi tout court… »
- Mouais. Archéodong !
« Mauvaise ou bonne je sais pas, et est-ce que je veux savoir en fait… »

La cloche de métal apparut, regarda son maître et salua poliment. Vincent inspira.

- Tu remets les tables droites, s’il te plait.

Agitant ses bras métalliques, le Pokémon déplaça les tables sans sommation. Roland sembla impressionné. La table redevint ce grand rectangle droit comme un I qui fendait la pièce comme un bateau de croisière.

- Voiiiilà. Une belle table bien droite et bien rigoureuse.
- Hourra, youpi, marmonna Roland sur un ton monocorde.

Vincent regarda le professeur qui haussa les épaules.

- Je veux savoir qui c’est autant que vous, pour autant je ne trouvais pas l’idée mauvaise, je ne vous le cache pas.
- C’est pas encore la fête du slip, Smirnoff.
- Oh non, certainement pas… souffla Malcolm en allant se placer.

Rachel regarda Roland qui hocha la tête. Le couple se plaça à son emplacement habituel. Malcolm les regarda du coin de l’œil. « Bon sang, il y a tellement de signes évidents en plus. Et si ça se trouve ils se font du pied. Non. Tu t’enlèves ça de la tête. Il a embrassé ta sœur. Tu. Enlèves. Ça. De. TA. TETE, MALCOLM. Est-ce que papa et maman savent ? Ils ont couché ensemble, c’est sûr. Si ça se trouve, tout le monde sait à part toi. Charlie, Léopold, Claire, Megan, même cette andouille de Clancy, Vincent aussi, mais il attend la bonne occasion pour me le refoutre en pleine gueule parce que je suis sorti avec son ex. Et le Proviseur Adjoint qui n’attend qu’un instant de faiblesse de notre part pour dissoudre les équipes pédagogiques et revenir à un système chaotique. Si ça se trouve ça s’est passé pendant leur stupide voyage itinérant. Je me doutais bien qu’avec leur prof bizarre… »

- HEINE !

Malcolm sursauta. Rachel et Roland regardaient le professeur de mathématiques. Rachel se releva.

- Excusez-le, il ne va pas très bien depuis ce matin…

Malcolm grimaça. Il regarda Hadley, un peu stupéfait, sa sœur, toute à sa défense, et Smirnoff qui le regardait avec inquiétude.

- Monsieur Hadley te demandait si tu voulais un café… marmonna le jeune homme.

Malcolm se tourna mécaniquement vers son acolyte et hocha la tête.

- Bien serré, s’il vous plait…
- Ah bah vu l’état dans lequel vous êtes, je vais le charger de whisky, votre café ! souffla Hadley en se trainant jusqu’à la cafetière.

Malcolm se redirigea vers son ordinateur. Il recevait des mails de tout l’établissement, des autres professeurs syndiqués des cinq autres groupes pédagogiques, et en envoyait aussi. Il se tenait au courant de ce qui se passait sur l’intranet de l’école, ainsi que des évènements et réunions qui s’y déroulaient. Habituellement il jouait les pères-mêle-tout, mais disons que ce matin, l’humeur n’y était pas. Il fallait qu’il contacte quelqu’un pour s’assurer de plusieurs choses. « C’est quoi déjà son adresse mail… »

Charlie et Matt arrivèrent en ricanant, bras dessus bras dessous.

- Tu m’énerves ! sourit Charlie.
- Oui mais tu m’adores alors bon ! sourit Matt.

Les deux s’assirent. Roland et Rachel les regardaient, intrigués, tout comme Vincent. Malcolm tapait un mail mais il recommençait mille fois, incapable de se concentrer.

- Un souci ? s’étonna Matt qui remarqua enfin les regards.
- J’crois que c’est parce qu’on se marre…
- Ah. C’est moi qui conduisait et j’ai failli écraser la dame de la loge sur le parking des profs, elle m’a traité d’abruti de pédé et je lui ai répondu d’arrêter de siphonner l’essence des profs comme la mal-baisée sous-diplômée qu’elle était.

Les deux éclatèrent de rire. Vincent pencha la tête, étonné. Rachel et Roland se regardèrent, mi-amusés, mi-surpris. Roland regarda Vincent en secouant la tête. Vincent ne put qu’acquiescer. Charlie plissa les yeux.

- Un souci ?
- Tables déplacées ce matin, on cherche le coupable, c’est pas vous.
- Les tables étaient déplacées ? s’étonna Matt. Pourquoi vous les avez rem…

Vincent inspira en regardant Matt qui leva les mains.

- Question idiote, je sais. Je suis meilleur pour insulter la dame de la loge que pour tenir ma langue !
- Mouais.
- C’est pas moi, je suis resté avec Charlie à écouter ses discussions barbantes avec l’autre, là, Richter, de l’inter-LGBT…
- Et tu as été un magnifique ornement pendant ces conversations, je te remercie ! sourit Charlie.
- Et Arceus bénisse les smartphones dans ces situations…

Léopold arriva sans Robbie, tout content.

- Coucou ! Pas d’enfant aujourd’hui !
- Ah vous l’avez noyé ?

Rachel, Roland, Charlie, Vincent et même Malcolm dans toute sa perturbation, regardèrent Matt, horrifiés. Matt leva les mains en signe d’apaisement.

- Ok, j’arrête, j’ai été trop loin !
- Oui… marmonna Rachel.
- Totalement… ajouta Roland.

Léopold s’assit sans regarder Matt ni même prêter attention à ses propos.

- On a changé de garderie, du coup pas de souci pour faire garder Robbie.
- Passionnant. C’est pas vous qui avez changé les tables de place hier ?
- J’ai signé des autographes toute la soirée, vous avez pas arrêté de vous faire mousser auprès du Président de l’Association, vous vous rappelez pas ?!

Vincent agita la tête.

- Certes.
- Ah bah c’est même plus que « certes » hein !

Megan arriva et sembla surprise. Roland regarda Vincent qui croisa les bras.

- Doppler, vous aviez déplacé les tables hier.
- N… non, enfin… je… euh…

Claire arriva ensuite et sembla désemparée.

- Evidemment ! C’était trop demandé…
- Perry, qu’est-ce qui vous a pris ?! s’étonna Vincent. Doppler, j’attends des explications aussi.

Claire alla s’asseoir tout comme Megan. Claire regarda Malcolm qui semblait hautement perturbé et très concentré, voire pas concerné par ce qui se passait, ce qui l’étonna.

- C’était son idée à elle, je l’ai aidée ! assura Megan.
- Désolée, Vincent, j’en ai juste un peu marre de ces réunions systématiques à chaque matin et chaque interclasse, Meredith n’est plus là, je ne vois pas pourquoi on continue ce cinéma.

Vincent se redressa dans sa chaise et leva les yeux au ciel.

- Tout simplement parce que la situation disciplinaire n’a pas changé…
- Et ça justifie ces coups de pression systématiques…
- Pas de coups de pression, je veux juste être au courant de ce qui se passe d’important pour réagir au plus vite. Heine !
- Mais ça on pourrait vous le dire si vous n’imposiez pas un tel cérémonial chaque matin ! Tout simplement !
- Tiens d’ailleurs on n’a pas fait l’appel… marmonna Roland.

Claire le regarda. Il haussa les épaules.

- Syndrome de Stockholm, cherchez pas.

Matt et Rachel pouffèrent de rire. Claire leva les yeux au ciel et regarda Vincent.

- Si vous étiez plus détendu, ça nous détendrait tous et il y aurait moins de problèmes, c’est de la logique élémentaire !
- Je suis détendu, c’est juste que j’ai des comptes à rendre sur une base permanente. Vous savez quelles responsabilités j’ai, je vous en ai déjà parlé lors de notre entretien annuel précédent…
- Oui, seulement vous imposez un climat qui provoque une ambiance de travail délétère.
- Heine, vous pourriez me seconder, s’il vous plait ?

Malcolm frappait mécaniquement son clavier, comme un écrivain en transe. Rachel regarda Vincent en lui faisant signe de lâcher l’affaire. Vincent ne l’entendit pas de cette oreille.

- Mal-COLM !
- AH MAIS QUOI !

Surprise de la table. Malcolm les regarda. Sans flegme aucun. Complètement déstabilisé. Rachel semblait inquiète, tout comme Léopold et même Charlie.

- Vous pourriez me seconder quant à ce qu’elle a fait hier soir ?
- Hein ? Mais on s’en fout de ces tables à la con, passez à autre chose Hadley, merde !

Ahanements de Megan, Roland et Léopold. Charlie grimaça. Matt se pinça le bras.

- Aouch. Ah bah non c’est pas un rêve…

Claire elle-même semblait surprise d’être…défendue ?!

- M’enfin, Heine, c’est quoi votre problème ?!
- Je n’ai aucun problème, c’est vous qui… Putain, qu’est-ce qu’on en a à faire de la disposition des tables, si elle n’a que ça à faire de son jeudi soir, laissez-là donc ! On devait faire le bilan de la journée d’hier, respectez l’ordre du jour au lieu de… jouer à l’inspecteur Derrick !

Matt pencha la tête, stupéfait. Rachel secoua la tête, complètement abasourdie. Megan rehaussa ses lunettes, agréablement surprise. Roland semblait circonspect. Léopold tapota l’épaule du jeune homme.

- Ca va aller, Mac, tout va bien, tu n’as rien à craindre…
- Oui, oui, oui, je sais. Bon. Hier, vous avez tous assuré, bravo. Euh, Roland, c’était... très bonne gestion de… quoi qu’il se soit passé avec le Président, la presse locale en parle comme d’une rixe maîtrisée et impressionnante. C’est bien, c’est très bien !

Roland pencha la tête comme s’il était dans un mauvais polar.

- Charlie, Charlie, bah… tu… as fait part de tes investissements extra-scolaires et ça provoque le débat, mais pas forcément en faveur de l’un ou de l’autre, disons que votre échange avec le Président a été commenté mais sans plus… Et euh… évidemment tout le monde parle surtout de Léo et de son cours. C’est sur Youtube en long en large et en travers et ça fait une bonne pub à l’établissement ainsi qu’au milieu de l’élevage donc c’est tout bénef. Bravo, vous faites du bon travail. Je dois aller préparer ma salle, excusez-moi.

Malcolm replia sa tablette et son clavier, la rangea précipitamment dans son sac et se barra en trombe après avoir reculé brutalement avec sa chaise. Tout le monde le regarda, médusés. Rachel inspira.

- Me demandez pas, je sais pas ce qu’il a non plus !

Vincent resta stupéfait, comme le reste de la table. Matt regarda Claire.

- Alors, ton avis sur la nouvelle ambiance de travail ?
- Euh bah…

***

Malcolm s’était installé à son bureau, fébrile, repensant la situation. « Rachel et Roland. Ca fait visiblement longtemps. Maintenant je le sais. Si je m’écoute, j’essaie de mettre fin à cette relation parce que je ne le supporte pas, parce que depuis l’académie il a une sale réputation, parce que je pensais que ma sœur préférait les hommes plus… »

Il prit sa tête entre ses mains. « Non, c’est ridicule, justement, c’est ta sœur, t’as pas à contrôler sa vie ! Et à te prendre la tête comme ça, tu fais comme si elle te devait quelque chose, alors que non, c’est sa vie à elle, et tu es mal placé pour la juger en terme de relationnel… »

On avait répondu à son mail. Il écarta les mains.

[Ok pour entretien à 10h]

Il acquiesça. « Bon, si au moins je fais une chose de bien aujourd’hui, que ce soit ça… »

On toqua à sa porte. Rachel. Il la regarda.

- Hey, sœurette…
- Hey… Tout va bien ?
- Oui, oui, oui, je suis juste un peu… un peu fatigué je crois !
- Ouais… Euh, Vincent a dit que tu pouvais prendre ta journée si tu voulais, il est prêt à t’excuser auprès du Doyen et du Proviseur…
- Non-non-non, je vais aller m’excuser auprès de lui et faire ma journée normalement, j’ai des tas de trucs à faire…
- Ok… tu veux qu’on lance un raid avec les gars sur le bureau du proviseur adjoint et qu’on lui pète la gueule à l’ancienne comme les parents auraient fait ?

Malcolm ricana. Rachel sourit d’avoir pu faire rire son frère.

- Non ! Et pour la énième fois, on en a déjà parlé, je suis persuadé que les trois quarts des histoires de papa sont fausses !
- Surtout cette histoire de Mont Couronné…
- Hm. Pour moi c’était juste une sortie en famille bizarre !
- Pareil !

Les jumeaux se regardèrent. Rachel inspira.

- Bon, bah j’espère que tu vas te ressaisir, en tout cas viens me voir dans ma salle si ça va pas, tu sais ce que c’est le combat direct…
- Nan, ça ira, t’en fais pas. Ça va me faire du bien de faire cours…
- Ok… Et puis tu appelleras papa ce soir, ça te fera du bien, je pense aussi…

Malcolm hocha la tête. « Pour lui dire quoi ? ‘Papa, Rachel sort avec Roland, depuis des lustres, sous notre nez et… Bon sang, pourquoi j’ai ces réflexes de merde ? En quoi ça concerne papa ?! Non, c’est à moi de gérer ça tout seul… »

Rachel sortit en saluant son frère qui la salua en hochant la tête. « Et puis elle est tellement normale avec moi, c’est qu’elle ne pense pas faire à mal… ou qu’elle se fiche de mon avis… et, certes, l’importance de mon avis, bah… »

Malcolm inspira. « Je dois arrêter de penser à ça… »

***

- Je vous présente mes excuses pour mon comportement de tout à l’heure, j’ai été absolument inqualifiable.

Vincent agita les mains. Malcolm était venu en vitesse à la salle de Vincent à la fin de la première heure, laissant ses élèves seuls en classe.

- C’est rien, Heine… vous m’avez interrompu en pleine explication de notre non-intervention pendant les deux guerres mondiales.
- … certes… mais en tout cas, désolé d’avoir… parlé ainsi et d’avoir été aussi négligeant.
- Vous êtes pardonné… J’ai surtout eu peur qu’on doive vous faire interner en fait… M’enfin si ça va mieux…
- Oui… euh, à dix heures, j’ai rendez-vous chez la CPE…
- La CPE ?
- Oui j’ai un souci à régler.
- Faites comme vous voulez… bon, évitez de péter un câble avec elle, cela dit.
- Bien sûr, bien sûr.

Malcolm hocha la tête et repartit vers sa salle. Vincent le regarda en secouant la tête. « Il va nous claquer entre les pattes, celui-là… »

***

Dix heures. Malcolm se précipita vers le couloir de l’administration. Claire essaya de l’arrêter.

- Monsieur Heine, euh…
- Pas le temps. Je suis pas là à dix heures, ça devrait vous réjouir.

Claire regarda Malcolm en balbutiant. « Euh bah non, je voulais m’excuser en fait… »

Malcolm traversa les couloirs de l’école, traversa le hall rempli d’élèves et de professeurs et se rendit dans le couloir de l’administration, juste en face, vide. Le bureau du doyen était ouvert, le jeune homme travaillait en compagnie de son Okéoké. Il s’étonna de sa présence.

- Heine ?
- Truce, bonjour. J’ai rendez-vous avec la CPE.
- … je ne suis pas gardien de couloir, vous faites ce que vous voulez…
- Je vous précise, juste.

Malcolm s’avança en secouant la tête. « Celui-là, à part renifler des culs de professeurs et faire le clown… »

Malcolm inspira. « Voilà, tu retrouves les bonnes habitudes, les jugements expéditifs et ton bon sens indécrottable qui te permettent de traverser n’importe quelle situation. Du coup, cette relation entre ta sœur et Roland Smirnoff ne devrait pas t’atteindre… »

Il passa devant le bureau de l’adjoint du proviseur, fermé. « OUF. »

Puis devant celui du proviseur, fermé également. « DOUBLE OUF. »

Il prit le virage. Quelques élèves devant l’intendance comme d’habitude. Malcolm passa devant le bureau du directeur qui classait des dossiers dans son entrée en compagnie de son Excavarenne.

- Brice…
- … Oh, Heine ! Bonjour !

Malcolm serra la main de l’homme en gris.

- Comment va ?
- Bien, bien, euh… Est-ce que le proviseur adjoint est venu vous voir cette semaine…

Brice hocha la tête.

- … concernant ma sœur… ?

Brice hocha lourdement la tête.

- Désolé, je n’ai pas pu lui refuser les accès, c’est son droit.
- Je comprends…
- Vous vouliez y accéder aussi ?
- Non, non, non… c’était juste… juste pour vérifier. Merci Brice, bonne journée.
- Bonne journée à vous, Heine.

Malcolm s’éloigna et ferma les yeux. « Ils ont été se signaler comme si de rien n’était. Elle l’a dit à un corps administratif plutôt qu’à moi. Elle devait avoir peur que je le répète, justement… Je me sens tellement gênant, c’est horrible comme sensation… »

Il passa devant le bureau du secrétariat, de l’intendance ainsi que la loge des surveillants pour aller jusqu’au bureau du CPE. « Mon père a occupé ce genre de bureau, jadis… »

Deux Viskuse, un mâle et une femelle, bleu et rose, assuraient l’entrée. Malcolm sourit.

- Ce n’est que moi.

Les deux Pokémon chantonnèrent. Le voyant de la porte s’ouvrit. Les deux méduses firent une révérence pour lui faire signe d’entrée.

- Vous êtes choux, merci…

Malcolm ouvrit la porte et fit face à une belle jeune femme toute en noire, des cheveux au maquillage. Bijoux en argent avec des crânes, des pointes, du cuir et tout le toutim. Grands yeux verts fins surlignés de noir, là encore. Elle s’assit dans le fond de son siège. Sur son bureau, une peluche de Mimigal. Un Téraclope trônait au fond de la pièce, semblant veiller sur sa maîtresse.

- Malcolm Heine.
- Marigold Heller, bonjour… Merci de bien vouloir me recevoir.
- C’est un plaisir, comme toujours. Assieds-toi

Malcolm prit place. Marigold pianota sur son ordinateur pour afficher le mail de Malcolm et se rassit en le fixant attentivement.

- Alors… Tu voulais me voir pour discuter de l’emploi du temps de la Quatrième Cinq
- Voilà.
- Qui serait, selon toi, préjudiciable à la tranquillité de la classe.
- Voilà… ils protestent, ça met à mal le bon fonctionnement des cours, en temps normal j’en aurais appelé au proviseur adjoint et donc à la surveillance générale, mais…
- Mais Nathan Vinner est con comme un Miasmax. Je comprends.
- Je suis désolé d’en appeler à toi…
- En fait suite à ton mail je me suis repenchée sur la façon dont les emplois du temps étaient faits, et je suis un peu tombée sur le cul.
- Ah ?
- Hm. Figure-toi qu’ils ont été faits il y a très longtemps, genre sept ans, que ça n’a jamais vraiment bougé, et qu’ils se contentent de les échanger entre les classes.
- « Ils… »
- Propro et Propro adjoint.
- Ah.
- Voilà. Non seulement ils sont cons mais ils ne font rien pour arranger ça. Du coup j’ai envoyé un mail…

Malcolm serra les dents. Marigold sourit.

- … à une collègue haut placée à Rivamar. Tu sais, mes relations à cause de mon frère…
- Oui bah oui…
- Qui m’a expliqué que c’était courant dans les petites académies, ce truc de garder des emplois du temps tout faits qu’on inverse entre les classes…
- J’avais… pas vraiment fait attention à vrai dire.
- Du coup je pense pouvoir faire quelques ajustements et les proposer au Proviseur dans le courant de la semaine prochaine, en lui faisant bien savoir que cette méthodologie est inepte et qu’il faut en changer.
- Cool.
- Quant au petit Phelps, je l’ai déjà convoqué, il se tiendra à carreaux.

Malcolm hocha la tête.

- Merci, euh, j’avais une demande un peu moins professionnelle…

Marigold posa ses coudes sur la table, les mains sous le menton, aguicheuse.

- … est-ce que tu pourrais me tirer…
- Ouiii…
- … les cartes, s’il te plait ?

Marigold leva les yeux au ciel, dépitée.

- Bon, bon, bon…

Elle sortit un jeu de tarot et le mélangea.

- Je pensais qu’avec le départ de l’autre folle, tu serais plus entreprenant avec ta seconde maîtresse…
- J… je suis pas dans un bon jour.
- Alors reviens me voir quand tu seras dans un bon jour, bourreau des cœurs.

Malcolm baissa la tête en soupirant. Marigold posa le jeu à sa gauche et tira une première carte.

- Numéro 2 : Bastiodon. La protection. La dureté.

Nouvelle carte.

- Numéro 16 : Tartard…

Malcolm haussa un sourcil.

- … la force de surmonter les épreuves, l’abnégation…

Nouvelle carte.

- Numéro 20 : Charmina. L’équilibre des contraires, l’oscillation entre le bien et le mal…

Malcolm acquiesça. Dernière carte.

- Et enfin… Numéro 5 : Apireine. Ma préférée. Le besoin d’une reine, d’une femme dans ta vie…
- Marigold…
- Bon… Au vu des quatre cartes, je dirais que tu es dans une phase perturbée, la succession de deux cartes de Pokémon Combat, c’est signe d’une lutte intérieure, surtout Tartard et Charmina, Tartard est synonyme de « noyade » intérieure et Charmina de « conflit », symbolisé par le double type opposé, Combat et Psy, ça aurait été pareil si j’avais tiré Sépiatroce ou Armaldo, avec des interprétations différentes, certes…
- Hm…
- Mais Apireine est signe d’espoir, d’atteinte des objectifs et de trône à atteindre. Le fait que j’aie tiré le Bastiodon en premier conforte, comme pour les précédents tirages, ton besoin profond de stabilité personnelle ancré très profondément, d’où le Pokémon fossile… ce alors que ton Pokémon fossile à toi n’est pas du tout sur la défensive.

Malcolm acquiesça.

- Juste par curiosité…
- Ah non, Mac, je déteste ça !
- Quelle aurait été la cinquième carte ?

Marigold souffla et tira la cinquième carte.

- Numéro 9 : Groret.
- … et ça veut dire ?
- Je suis censée m’en tenir à quatre cartes, donc je m’en tiendrais à l’interprétation simple de la carte : La découverte d’un salut, d’une perle qui sauve.

Malcolm acquiesça et se releva.

- Merci pour tout…
- De rien…

Marigold rangea rapidement son tarot et se leva.

- N’hésitez pas à revenir me voir, en tout cas, Malcolm Heine…
- Je… n’y manquerai pas.
- Et puis…

Marigold plaqua sa main contre l’entrejambe du professeur qui inspira lourdement.

- Marigold, je…
- Dois retourner en cours, je sais, je sais, mais je n’ai pas attendu le départ de Meredith pour rester sur la touche comme une ingénue…

Elle approcha sa bouche de son oreille.

- … ni pour oublier toutes ces… heures supplémentaires que nous avons faites… vous et moi, sans les signaler à la… pointeuse…

Les mouvements de sa main allaient de pair avec ses pauses.

- M… Marigold, je…
- Vous pouvez revenir quand vous voulez… et le plus tôt sera le mieux.

Elle recula brusquement et retourna à sa place, surveillée par son Teraclope qui avait observé TOUTE la scène sans rien dire.

- Maintenant du balai, ouste, j’ai du travail, professeur Heine ! Retournez… syndiquer des élèves ou je ne sais quoi d’autre ! Zou !

Malcolm grommela. « Quel caractère cette femme… »

Il sortit du bureau, repassa devant les Viskuse qui le saluèrent doucement de manière un peu glauque. Il inspira. « Je me demande de qui je tiens cette facilité à m’attirer les faveurs de la gent féminine… »

Il agita la tête en reprenant le couloir en sens inverse. « Non pas que je déteste ça… »

Les cours étaient sur le point de reprendre. « … mais l’an passé ça a un peu failli m’attirer des problèmes… et je pense que ma bonne résolution de cette année ne va pas tenir bien longtemps… »

Malcolm arriva à sa salle. « Allez, on reprend le travail et on s’occupera de toute cette affaire entre ma sœur et Roland plus tard… »

***

Repas de midi. Rachel et Roland mangeaient auprès de Malcolm, et donc de Vincent.

- L’espace d’un instant j’avais cru que c’était mon SMS qui t’avait perturbé…
- Oui, bien sûr, entre les affaires syndicales, le conflit entre les professeurs et l’administration et tous les soucis internes, c’est ton texto qui m’a dérangé… soupira Malcolm.

Roland regarda Rachel qui haussa les épaules.

- Il est redevenu normal !
- Je veux dire… euh… pourquoi m’inviter, je suis chiant, tu l’as bien vu la dernière fois !
- Rachel sera là, vous habitez ensemble, je trouverais ça mesquin de te snobber…

Malcolm regarda ailleurs, semblant réfléchir. « Il veut être sympa avec moi, m’amadouer parce qu’il sort avec ma sœur… il a beau être insupportable, il est malin. »

- Eh bah… je verrais…
- C’est comme tu veux, mais sache que c’était de bon cœur.
- Hm, ok.

Malcolm se concentra sur son assiette. « De bon cœur, bah voyons… »

***

SAMEDI

- Et hop me voilà habillée pour la soirée !

Malcolm, qui s’était plongé dans ses comptes, regarda sa sœur. Petite robe noire, sans chichis, maquillage et coiffure minimum.

- Hm.
- C’est juste un apéro entre collègues, en même temps, inutile de trop en faire.
- Exact.
- Tu vas mettre quoi ?

Malcolm inspira.

- Je sais pas trop. Je sais pas si je dois y aller, Rachel, je suis un rabat-joie, je ne comprends pas cette invitation de Roland…
- Il veut juste être sympa et ne pas t’exclure d’une soirée entre collègues. Vincent est le prof principal, c’est pas pareil. Toi tu es un collègue, alors tu es invité à la soirée entre collègues.

Malcolm plissa les yeux.

- Mouais. Eh bah je mettrais juste une simple veste marron. Ça me va bien, d’après maman.
- Hm. Si tu veux, frangin… Où sont mes chaussures ?

Malcolm inspira. « J’suis vrrraiment pas motivé pour la voir elle et son mec au milieu de tous les collègues. »

***

Malcolm et Rachel arrivèrent assez tôt, vu que Rachel s’était proposée pour aider Roland.

- Salut… ah Malcolm tu es venu !
- Hm.
- Du coup… vu que j’ai demandé à Rachel de venir tôt pour aider, tu peux rester au salon si tu veux !

Malcolm plissa les yeux.

- Je… peux aider aussi !

Roland regarda Rachel qui haussa les épaules.

- Euh, bah, si tu veux.
- Je peux faire des roulés à la saucisse par exemple.
- … ah bah oui. Oui, ce serait… bien.

Et c’est ainsi qu’ils passèrent un long moment bien gênant dans la cuisine tous les trois à préparer la soirée, Rachel à faire les salades, Roland à concocter des verrines et Malcolm tout à ses roulés à la saucisse.

- Je peux mettre un peu de musique ? demanda Roland.
- T’es chez toi.

Roland hocha la tête et alla aux enceintes. Malcolm regarda Rachel qui haussa un sourcil.

- Quoi ?
- Rien. Les autres arrivent quand ?
- Dans une petite demi-heure. Désolée que tu t’ennuies.
- Non, ça va.

Les enceintes de Roland résonnèrent dans l’appartement. Il revint en cuisine.

- C’est peut-être le bon moment pour le four, Malcolm…
- En effet…

Malcolm prit son plateau et le plaça au four.

- Euh, il faut…
- Je l’avais mis à préchauffer en prévision, t’inquiète. Je sais comment marche un four.

Malcolm avait dit ça tout calmement. Alors que le jeune homme s’appliquait à bien placer la plaque, Rachel et Roland échangèrent un regard intrigué.

- Voilà.
- … euh, du coup je pensais aller faire quelques courses… enfin, te demander, mais…
« M’éloigner pour profiter un peu de ma sœur avant la soirée, malin. Très malin. Je reconnais enfin le Roland que j’ai appris à si bien détester… »
- …je t’ai déjà demandé la dernière fois, du coup je vais y aller cette fois…
- Non, laisse c’est moi qui vais faire ! sourit Rachel. J’vais vous laisser entre hommes. Tiens, Mac, tu peux remuer mes saladiers ?
- Euh bah oui…
- Cool. Donc, du rhum, du coca, du jus d’orange et du whisky, c’est ça ?
- Et un pack de bières si possible… De la 16, ça suffira.

Malcolm agita la tête.

- Pourquoi pas de la Grim, c’est bien la Grim…
- Oh, bah de la Grim alors, c’était pour prendre un truc plus générique…
- La Grim c’est très bien. Tant que tu prends pas de la Heineken ! sourit Malcolm.
- Nan bah nan ! sourit Roland.
- Ok j’vous laisse ça devient trop bizarre ! sourit Rachel.

Elle sortit de l’appartement avec un tote bag. Roland et Malcolm restèrent donc en cuisine. Petit silence et musique en sourdine. Malcolm touillait les salades et Roland agrémentait les verrines.

- Tu vois toujours Théodore ?

Roland regarda Malcolm, surpris qu’il lui adresse la parole tout court.

- Euh, oui… Enfin, on est toujours en contact…
- Ah. Moi plus trop… on s’est un peu éloignés après le voyage itinérant, j’ai… pas très bien compris pourquoi, on se voyait de moins en moins et au bout d’un moment, pouf, on se voyait plus.

Roland agita la tête.

- Des choses qui arrivent.
- Hm. Pourtant ils disent qu’un voyage itinérant ça fait des amis pour la vie…

Roland hocha la tête en gardant sa contenance.

- Parfois oui, parfois non.
- Et euh… comment il va, Théo ?
- Il est prof de sport en académie à Acajou, il compte acheter une maison prochainement mais il ne sait pas trop où.
- Ah. Toujours célibataire ?
- Non, il…

Roland s’arrêta. Malcolm le regarda, surpris. Roland sembla chercher ses mots.

- Il… a probablement quelqu’un mais il ne m’en parle pas ! souffla Roland.
- Oh… Ouais, il était plutôt discret là-dessus après le voyage itinérant, alors qu’avant c’était les meufs, les meufs, les meufs…
- Hm.
- J’aurais cru qu’il s’intéresserait à Rachel mais c’est avec toi qu’il est devenu pote…
- On a noué des liens, oui… marmonna Roland, gêné.

Malcolm regarda Roland qui haussa les épaules. Malcolm hocha la tête. Nouveau silence. Roland reprit la parole.

- Euh… c’est probablement indiscret, mais euh… je préfère t’en parler tant qu’on est seuls…

Malcolm grimaça.

- Oui ?!
- Claire m’a parlé de… toi et Meredith.
- Oh seigneur… souffla Malcolm en se frappant le front.
- Désolé, je… voulais crever l’abcès, c’était un peu gênant de savoir ça sans te le dire, tu es le frère de ma meilleure amie…
- Hm… « T’es mal placé pour parler d’abcès à crever… »
- J’te juge pas, hein…
- « Ah bah ça t’as pas intérêt ! » C’était… enfin, y’a…

Malcolm inspira. « Je peux bien lui en parler, lui et sa fibre gauchiste libérale de merde… »

- Disons que… tu répètes pas ça à ma sœur !
- Non non… « Trop taaard… » geignit intérieurement Roland.
- Elle venait de quitter Vincent au début de l’année précédente, quand je suis arrivé dans l’équipe avec Rachel, elle m’a comme qui dirait… tourné autour et… je suis le genre qui résiste pas quand l’occasion se présente.
- Je vois.
- Alors voilà, ça s’est fait, et Vincent n’était pas au courant au départ, logique, tu te doutes, et puis ça lui est arrivé aux oreilles autrement…

Roland plissa les yeux.

- … le proviseur adjoint…
- … comment tu…
- Justin m’a dit de m’en méfier comme la peste.
- Oh. Ouais ça peut se comprendre qu’il t’ait dit ça.
- Ah ?
- Ouais… Ils ont une relation un peu bizarre, Vinner adore… taquiner les gens, les titiller jusqu’à ce qu’ils explosent et… Truce est pareil dans l’autre sens, il aime plaire, séduire, Charlie et Matt ont dû te dire qu’il les avait pas mal dragué l’an passé…
- Ils l’ont suggéré… sourit Roland.
- Hm. Vinner avait menacé de le dénoncer à la Générale des Doyens pour harcèlement.

Roland grimaça.

- Pourtant, ils ne... ils en ont plaisanté avec moi, comme le doyen et moi on a sympathisé…
- Ah, Charlie et Matt l’avaient pas mal pris, mais disons que c’était vu d’un mauvais œil par le proviseur qu’un doyen… fasse ce genre de choses.

Roland acquiesça.

- C’est… un sujet compliqué… mais tu pouvais pas défendre le doyen ?

Malcolm s’étonna.

- Hein ?
- En tant que syndiqué…
- Je suis le syndiqué des professeurs, pas de l’administration, Roland. Tout ambigu soit le rôle du doyen, je ne peux pas le défendre.
- Ah…
- … vous avez sympathisé, toi et lui ?
- Oui, enfin, on a fumé ensemble, et c’est lui qui m’a informé pour l’ordre de passage du Président… c’est un mec cool.
- … mouais. Si tu le dis. Je… suis pas aussi doué que toi pour me faire aimer des gens.

Roland ricana, amusé par ce que venait de dire Malcolm.

- … bah quoi ?
- Rien. Rachel et Charlie sont pour ainsi dire mes seuls vrais amis, et vu tout ce que je me suis pris rien que cette semaine, on peut pas dire que je sois du genre à me faire aimer des gens !

Malcolm inspira.

- Toi tu peux dire que tu as des gens, moi…
- Oh arrête Malcolm, je suis sûr que tu as des amis !
- Bah pas… pas vraiment, maintenant que tu le dis… à part les collègues…
- Bah moi pareil… enfin ça et des connaissances que je me suis fait à la fac…
- Bah en théorie j’en ai aussi, mais on se revoit plus trop…
- Essaie de les recontacter, t’auras peut-être des surprises !

Malcolm acquiesça.

- C’est pas une mauvaise idée.

Les deux se regardèrent.

- C’est marrant on s’était jamais autant parlés, toi et moi… marmonna Roland.
- Faut croire que les gens changent…
- Hm. Rachel était vraiment très inquiète pour toi hier…

Malcolm inspira. « Je devrais relever le fait qu’ils aient parlés de moi hier au point qu’il juge bon de m’en parler… »

- Je me doute… J’ai pas l’habitude d’être le centre des inquiétudes…
- On s’y fait. T’as vu comment est ma mère !
- Hm. T’as des parents géniaux.

Roland haussa un sourcil.

- … tes parents sont géniaux aussi !
- Moins que les tiens.
- Malcolm, c’est stupide, enfin !
- Ton père a fait des tas de choses extraordinaires, il arrive au mien de mettre des chaussettes dépareillées !
- Ça n’empêche que ton père est un sacré dresseur, et ta mère cuisine au moins aussi bien voire mieux que la mienne !
- Alors ça, permets-moi d’en douter…

La porte cliqueta, et par réflexe, les deux hommes cessèrent leur conversation.

- J’ai pas été trop longue ? Personne n’est arrivé ?! Il est déjà sept heures !! C’est quoi ces gens qui n’ont aucune ponctualité !!

Rachel arriva dans la cuisine et plaça les bouteilles au frigo.

- Han non, vous êtes restés tout ce temps sans parler ?!
- On a discutaillé… marmonna Roland.
- Hm, la conversation courante quoi… ajouta Malcolm.

Rachel haussa les épaules. Roland et Malcolm échangèrent un sourire. Les invités arrivèrent peu après.

***

La soirée battait son plein, comme la dernière fois, avec Claire et Megan en plus.

- Très sympa l’appartement, Roland ! admit Megan.
- Merci. Pas mal de meubles sont empruntés à mes parents…
- Mais tout va très bien ensemble ! sourit Claire, sur le canapé avec Léopold et Rachel.

Charlie secouait le shaker pour faire des cocktails.

- J’te sers pas Léo, du coup ?
- Oh, un petit verre, ça va pas me faire de mal !
- Ah bah quand même, enfin tu te sors les doigts du derche…

Léopold regarda Matt et expira en levant les yeux. Il tendit son verre à Charlie. Matt l’ignora et continua à rouler son pétard.

- Ton amie ne pouvait pas venir ? demanda Roland à Megan.
- Elle a apprécié mais elle se serait sentie de trop, elle ne connait personne, c’est une sauterie entre collègues…
- Oh, bah ce n’est que partie remise…
- Certes. Sympa les roulés à la saucisse !
- Oui c’est l’œuvre de Malcolm !

Megan regarda le professeur syndiqué qui leva sa bière. Megan sembla impressionnée.

- Eh bien nous allons de surprise en surprise, d’abord vous nous pétez un joyeux câble hier matin, et voilà que vous savez cuisiner !
- Tout arrive… marmonna Malcolm.
- C’est quoi, la prochaine étape, vous agissez vraiment, vous arrêtez de regarder passer les trains ?...

Roland plissa les yeux. Malcolm inspira sans se laisser démonter.

- J’ai réussi à avoir un rendez-vous avec la CPE, on travaille à rectifier l’emploi du temps des Quatrième Cinq.

Megan fit de gros yeux. Léopold s’étonna. Claire en resta bouche bée.

- J’ai même pas encore fini de le rouler et il fait déjà de l’effet ! s’étonna Matt en regardant son joint.
- Attends, la CPE, madame Heller ?! s’étonna Charlie.
- Hm.
- La rumeur dit qu’elle s’est tapé tout le couloir… marmonna Matt.
- Peu importe, j’ai réussi à la voir en entretien et c’est en bonne voie.
- Genre tout le couloir même les poignées de porte… marmonna Matt.
- On a compris, je crois… grommela Charlie.
- Et c’est indécent de parler d’une femme qui n’est pas dans cette pièce de cette façon… souffla Roland à destination de son collègue. C’est cool, Malcolm !
- Désolé de ne pas être intervenu plus tôt, c’était compliqué d’agir avant… marmonna Malcolm en direction de Claire.

La rousse agita une main.

- C’est rien, c’est passé, juste que… je crois que j’ai été un peu traumatisée par l’an passé…
- Je comprends, la patience de tout le monde est émoussée, on a un changement de professeur, l’équipe est fragilisée… et le proviseur adjoint…
- Ne parlons pas de ce connard ce soir, on se détend ! souffla Rachel en se relevant.
- Roland, t’en penses quoi des dernières nouvelles ? demanda Charlie.

Le jeune homme inspira.

- Ça tourne au vinaigre. Je crois que j’ai passé toute la matinée sur Twitter à me battre avec des néo-conservateurs, qui veulent une intervention guerrière tous azimuts et des écologistes extrémistes qui veulent qu’on évacue tout et qu’on laisse Alola devenir une réserve naturelle…
- C’est absurde… soupira Claire.
- Bah en même temps, tu préconises quoi ?

Tout le monde regarda Malcolm. Roland haussa les épaules.

- Qu’on se demande pourquoi ces Pokémon passent dans notre monde, qu’on les étudie sérieusement, qu’on ait une approche pacifiste, modérée et scientifiquement encadrée. Cette intervention militaire va juste envenimer un conflit qui n’existait pas à la base !
- Va dire ça aux villages détruits, aux forets incendiées, aux bénévoles humanitaires qui ont été frappées par la foudre, coupés en morceaux ou pulvérisés par des tirs balistiques…

Tout le monde observait le débat entre Roland et Malcolm.

- Il est normal que des Pokémon sauvages avec des puissances exacerbées se comportent anormalement dans un milieu différent, et attaquent à tout va, et les bénévoles humanitaires n’avaient rien à faire là, qu’on soit bien d’accord, ils sont entrés illégalement sur le territoire qui refuse toute aide humanitaire depuis l’annexion.
- Pourquoi tu appelles ça des Pokémon, en plus ?

Charlie plissa les yeux.

- Je voulais juste parler d’autre chose que du boulot !
- En attendant, fais passer ! sourit Matt en tendant le joint allumé.

Claire inspira en regardant les deux garçons.

- C’est peut-être pas le soir pour avoir un débat aussi échauffé…
- Ce sont des Pokémon, que veux-tu que ce soit d’autre ?! souffla Roland.
- Des créatures qui échappent à toute classification jusqu’à preuve du contraire ! rétorqua Malcolm.
- Les spécimens observés se comportaient exactement comme des Pokémon.
- Avant ou après qu’ils ne tuent des gens ?

Megan s’ouvrit une bière.

- Je suis pas assez saoule pour écouter ce genre de conversation !
- Tu m’étonnes… geignit Claire en se faisant une vodka pomme.
- Les garçons, c’est bon, on s’en fiche ! souffla Rachel.

Roland leva les mains.

- Ok, pardon, je pensais pas que tu avais un avis aussi tranché sur le sujet…
- C’est toi qui a une approche naïve… Je suis sûr que ton père serait d’accord avec moi !

Rachel grimaça et regarda Roland qui agita la tête, semblant prendre sur lui.

- Probablement que oui.

Malcolm grimaça. « Ah oui, il ne veut vraiment pas se fâcher avec moi… » Charlie plissa les yeux et regarda Malcolm et Roland.

- C’est bon ? On arrête le débat politique que j’ai lancé par inadvertance ?!
- Hm ! assura Roland.
- Oui, oui… souffla Malcolm, conscient d’avoir refroidi l’ambiance.
- Cool. Léopold, lance un autre sujet de conver… Léo ???

Léopold tirait une taffe sur le joint et le passait à Claire.

- J’ai quartier libre ce soir !
- … ah oui très libre même !
- Si ça pouvait te rendre un poil moins naze… lâcha Matt.

Malcolm se renfrogna sur sa bière. « J’me sens pas du tout de trop, c’est génial… J’fais quoi, j’me barre maintenant ? »

Il regarda sa sœur. « Ca l’arrangerait, en fait. Ca les arrangerait. C’est peut-être ça la solution, finalement, que je me retire. Que je prenne un autre appart et que je les laisse vivre tranquillement ensemble. Ou même que Rachel s’installe ici, en fait, et que je garde l’appart pour moi… Il faut que je leur dise que je sais pour eux deux… »

- Tu peux arrêter de me taquiner comme ça ?! souffla Léopold.
- Non.

Matt termina sa bière et prit la bouteille de whisky.

- T’as une autre question ?

Roland, Megan, Claire et Rachel avaient repris une autre conversation. Malcolm observait la passe d’armes entre Matt et Léopold.

- Fondamentalement, je m’en tape, et je comprends, ça t’énerve que je reste proche de Charlie malgré notre rupture…
- Ah non je m’en fous complètement, Finsbury. On en a déjà parlé, ça n’a pas varié d’un iota.
- Vous arrêtez tout de suite… souffla Charlie, excédé.
- Alors arrête avec tes piques de merde !
- Autant me dire de mourir !
- C’est tout ce que tu sais faire, balancer des horreurs ?
- Oui ! répondit Matt, très sérieusement.

Malcolm inspira.

- Faut peut-être les laisser se disputer une bonne fois pour toutes…
- Déjà essayé une fois, c’était pas jojo.
- Baston ?
- S’ils en viennent aux vêtements, faudra les séparer…

Malcolm plissa les yeux. « Charlie est drôlement casuel avec moi alors qu’au boulot, nos rapports sont vachement plus tendus… peut-être que c’est moi qui n’arrive pas à faire la part des choses… »

- Au moins tu doses bien le whisky, c’est toujours ça de pris… souffla Léopold.
- Ton cake est une tuerie, j’ai rien à redire dessus… marmonna Matt.

Charlie regarda Malcolm en agitant la main.

- Généralement ça se finit comme ça…
- Hon. On est loin de la guerre anticipée… marmonna Malcolm.
- C’est leur rivalité de longue date, c’était déjà comme ça quand on était à l’académie…
- Hm, oui, vous… étiez déjà ensemble à l’époque, toi et Léo…
- C’était plus compliqué que ça.
- Hm.
- J’étais amoureux de Léo, lui moyennement, je suis sorti avec Matt pendant un temps pour… me changer les idées, au final avec Léo on s’est mis ensemble sur un coup de tête après un tournoi et plus officiellement pendant le coma du père à Roland, ça a duré six ans, on a rompu parce que ça marchait pas, Léo a eu un enfant avec Annette et moi et Matt on était toujours en contact, ça nous arrivait de… remettre le couvert, et après la rupture il a proposé qu’on sorte simplement ensemble et il… n’est jamais parti !
- Je vois… J’avais pas trop suivi tout ça, je t’avoue…
- Rachel et Roland étaient en première ligne, sans eux, je pense pas que j’aurais refait surface…

Malcolm hocha la tête. « Lui, il sait pour eux. Obligé. Ils sont trop proches. Et il a bien dit ‘Rachel et Roland’, genre les deux en même temps… »

Malcolm regarda autour rapidement. « Par contre les autres ne savent pas. Rachel et Roland sont trop casuels en groupe, ils ne laissent pas de place au doute… Ils se cachent, c’est une décision qu’ils ont prise dès le départ… »

Malcolm hocha la tête. « Nan faut que je respecte. J’peux pas leur dire que je sais. J’vais les laisser vivre… »

Il lança un regard vers Roland qui semblait chercher à renouer un contact. « Mais rien à faire, il m’énerve avec ses positions de gauchiste niais, là… »

Il se déporta donc vers… Claire. Qui était un peu hors de la conversation. Il inspira.

- Vous me détestez un peu moins du coup ?
- Disons que je tempère mon opinion de départ ! Pourquoi vous persistez à nous vouvoyer même en dehors de l’école ?
- Je vous retourne la question ! sourit Malcolm.
- Bah vous êtes tellement froid, tellement distant…
- J’ai une position à tenir…
- Oui mais du coup, personne ne vous parle…
- C’est comme ça, je m’y suis fait.
- Eh bah c’est triste !
- Peut-être, oui…

Claire agita la tête, souriante. Malcolm grimaça. « Ok, on recule, Malcolm, on recule tout de suite… »

Il regarda son portable.

- Déjà… Oula, je vais y aller, moi…
- Si tôt ? Mac ! souffla Rachel.
- Faut que je me lève tôt, je vais à la salle, j’ai de la paperasse à établir tout ça… A lundi tout le monde…
- Bah merci d’être venu… marmonna Roland.

Malcolm regarda Roland et inspira.

- Ouais, ouais, pas de soucis…
- Salut Malcolm…
- Salut…
- ‘lut…

Malcolm prit sa veste et prit la porte. Roland s’était levé pour l’y rejoindre.

- T’es sûr… ?
- Oui oui, faut que je me couche tôt, j’ai une grosse journée demain…
- Ok… bah c’est sympa d’être passé en tout cas…
- Hm. A lundi, Roland.
- Ouais. Rentre bien.

Malcolm hocha la tête et sortit. Roland se tourna vers les autres et haussa les épaules.

- Pour une fois qu’il était invité de bon cœur…
- Ouais, il était vachement plus relax… faut qu’il pète un câble plus souvent ! sourit Charlie.
- Il a même pas tiré sur le joint… souffla Matt, déçu.
- Ton joint du démon, là ! grommela Rachel en tirant sa taffe.
- Quoi, c’est de l’afghane, c’est de la qualité, madame !

Roland alla se rasseoir, dépité. Megan le regarda.

- Eh bien, c’était si important que ça, qu’il reste ?
- Je… pfff… je sais pas par quel bout le prendre, j’aimerais juste qu’on sympathise un peu, j’ai l’impression que je me heurte à un mur de glace, faut croire qu’on n’est pas faits pour s’entendre…
- Ça arrive à des gens très bien, regarde, moi et l’ex de mon mec ! sourit Matt.
- Mais ouais, on se déteste très amicalement ! ajouta Léopold.

Roland agita la tête. Rachel lui tapota l’épaule.

- C’était un bel effort.
- Mouais. Mais il a l’air d’avoir changé, quand même, ça a dû bien le secouer, ce que lui a dit le proviseur adjoint…
- Celui-là, je vais lui dévaster son bureau, un de ces jours… grommela Rachel.
- Tu disais tout le temps ça pour Meredith, que t’allais dévaster sa salle ! souffla Claire.
- Ah non, c’est elle que j’allais dévaster ! grommela Rachel.
- On re-change de sujet, pourquoi on est aussi mauvais ce soir ?! soupira Charlie.
- Le week-end probablement… souffla Léopold.
- Voilà, vendredi tout est permis ! sourit Matt.
- Et je le répète, cet appartement est le refuge de toutes les conneries ! souffla Roland en levant son verre.

***

Malcolm était dans la rue à rentrer à pied. « J’aurais pu prendre le métro mais j’ai besoin de marcher… »

Il reçut un texto. Marigold. [Ça m’a bien allumée de te voir ce matin… possible de passer demain ? <3]

Malcolm leva les yeux au ciel. « Pire qu’avec Meredith. Du cul, du cul, du cul, rien d’autre… »

Il regarda le répertoire de son téléphone. 90% de numéros de travail. Le reste, la famille. « Génial… J’espère qu’il me reste du bourbon à la maison, je vais en avoir besoin… »

Il se retourna vers le quartier de Roland dont il venait de sortir. « En vrai, ce serait peut-être mieux que je m’efface. Je ferais que les gêner… »

Il repensa aux cartes ce matin. « Bastiodon, Tartard, Charmina… Apireine… et Groret… le salut, la ‘perle qui sauve’… ça parlait de Marigold ? Et Claire qui essaie de faire ami-ami alors qu’elle est censée me détester… à quel jeu elle joue ?! »

Malcolm secoua la tête et prit un raccourci par un parc, un peu sombre. « C’est quand ils veulent qu’ils éclairent, la municipalité… le champion de l’arène est spécialisé dans les Pokémon Electriques mais y’a toujours des pannes locales… »

Malcolm s’aventura dans le parc, pas très rassuré. « C’est pas comme si je pouvais pas me défendre, mais bon… »

Il entendit quelque chose filer derrière lui. Il plissa les yeux, se retourna. Rien. Des arbres, l’obscurité. Malcolm souffla et sortit Cradopaud. Le Pokémon regarda son maître.

- Non pas que je flippe, hein.

Cradopaud hocha la tête. Malcolm avança dans le parc en compagnie de son Pokémon. Nouveau sifflement. Cradopaud se retourna.

- Niveau de la menace, Bufo… ?

Le Pokémon se mit en garde classique.

- Bon.

Nouveau sifflement qui se rapproche. Cradopaud tenta un contre, mais l’attaque permit tout juste de dévier la trajectoire du Pokémon. Malcolm constata l’œil bleu luisant dans l’obscurité.

- Monorpale…

Le Pokémon, encore dans son fourreau, en sortit. La lame s’illumina au reflet de la lune. Malcolm sourit.

- La perle qui sauve, hein ? Une épée magique dans un parc d’Illumis… ça sonne un peu comme une légende…

Monorpale vola vers Cradopaud qui tentait de contrer avec Direct Toxik, sans succès. Le Pokémon esquivait par grands sauts les coups d’Aéropique donnés par le Pokémon. Malcolm plissa les yeux. « Spectre et Acier… »

- Bufo, tu te places en retrait…

Le Pokémon maintint une distance de sécurité avec Monorpale qui cherchait à le toucher sans succès. Il changea de stratégie et s’illumina, paré pour une Tête de Fer. Il chargea vers Cradopaud. Malcolm sourit.

- Aéropique, trop rapide et pas favorable sur le plan de la physique des attaques, mais Tête de Fer, c’est idéal…

Cradopaud fit un grand saut en arrière.

- Boue-Bombe !!

L’attaque, d’une précision redoutable, frappa Monorpale en plein dans la garde. Le Pokémon recula, tournoyant, et se ficha dans l’herbe fraiche du parc en pleine nuit. Malcolm hocha la tête.

- Bah voilà… et du coup…

Le professeur jeta une Pokéball sur l’épée qui y entra sans plus de procès. Il la ramassa et l’observa.

- Si je m’attendais à faire une capture ce soir…

Il regarda son téléphone et le message de Marigold. Il inspira et tapa une réponse.

[Pas dispo demain, dsl]

Rangeant son téléphone, il rentra chez lui. Finalement, il aurait vraiment quelque chose à faire de son dimanche…


Générique de fin : Muse – Guiding Light

« The sunshine trapped in our hearts
It could rise again
But I'm lost, crushed, cold and confused
With no guiding light left inside »