Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 21/10/2018 à 09:35
» Dernière mise à jour le 21/10/2018 à 09:35

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 43 : Repousser l'ennemi
Rohban



C’est amusant comme je m’étais toujours considéré comme un homme de lettres, d’esprit et de paix, et comme aujourd’hui je me retrouvais en tête de cortège au sein d’une bataille, menant des dizaines de Pokemon contre des humains enragés. J’avais toujours considéré l’usage de la force comme une défaite en soi, la violence étant l’arme des idiots. Mais quand l’ennemi ne comprenait que ça, et qu’il était impossible de raisonner avec lui, elle pouvait se justifier, surtout quand il s’agissait de sauver des innocents. Certains Pokemon de l’Empire avaient beau vouloir l’extermination des G-Man, je n’éprouvais aucune haine envers eux. Les G-Man étaient les seuls responsables de leur sort ; ceux de ma famille plus que les autres. Tant pis si nous devions disparaître à terme ; je voulais au moins le faire comme un véritable Aura Gardien des temps jadis, en combattant pour la justice et pour secourir les autres !

Mais bon, en étant honnête, je faisais plus figure de symbole dans cet affrontement que de guerrier véritable. Je ne maîtrisais que quelques attaques un peu faiblardes, la plupart de type Normal, et je savais à peine tenir une Lamétrice. Mais ma présence semblait inspirer les Pokemon qui nous suivaient. Malgré la purge récente, les G-Man demeuraient, dans l’esprit collectif des Pokemon de l’Empire, les fidèles protecteurs du Seigneur Xanthos. En avoir un avec eux, c’était comme avoir le souvenir de Xanthos. Et c’était d’autant plus indiqué à présent d’avoir un symbole de Xanthos, le Défenseur des Pokemon, avec nous, vu qu’on affrontait des humains avides de tuer des Pokemon.

Pandarbare restait près de moi pour me protéger, et il le faisait bien. C’était une véritable montagne de muscles qui ne laissait rien passer. Immotist provoquait le chaos et l’effroi dans les rangs des Partisans, et était de plus insensible à leurs bâtons Desgen qui s’attaquaient à l’ADN des Pokemon. Et plus les mercenaires humains reculaient, plus d’autres Pokemon, qui prenaient jusqu’alors la fuite, nous rejoignaient. Très vite, l’avantage du nombre fut de notre côté, et les Partisans se dispersèrent de plus en plus. L’un d’entre eux, voyant peut-être en moi le meneur de cette contre-attaque, se jeta sur moi avec son long couteau. Pandarbare n’eut même pas besoin d’intervenir. Je lui fis passer la pointe de ma Lamétrice à travers le crâne, et l’humain s’écroula en se convulsant. Certes, je n’étais pas le G-Man le plus puissant qui soit, mais quand même… Qu’un simple humain armé d’un couteau puisse s’imaginer pouvoir me tuer comme ça, c’était limite insultant.

- Que les Pokemon capables de guérir s’occupent des blessés, ordonnai-je. Les autres, continuez de repousser les humains jusqu’aux limites de la ville basse !

La rapidité avec laquelle les Pokemon m’obéirent était impressionnante. Leurs anciens réflexes prenaient le dessus : un G-Man était un humain élu de Xanthos, et devait être obéis à la seconde. Moi qui n’avait pu, dans ma vie, que me faire obéir des esclaves humains domestiques du manoir de mon père, c’était troublant, mais gratifiant à la fois. Je me rendis compte que j’aimais le commandement. Je n’aurai peut-être pas fait un Grand Maître si catastrophique que cela, après tout…

Alors que je me relançai dans la bataille, une sensation dans l’Aura me troubla. Les deux perturbations puissantes qui s’entrechoquaient non loin d’ici depuis un petit moment avaient cessé. Le combat entre Six et ma sœur devait être terminé. Techniquement, comme les deux étaient des ennemies, le résultat aurait dû m’indifférer. Mais je sentais que le plus important se jouait de leur côté plutôt que du mien. Ces humains barbares n’étaient clairement qu’une diversion de Kashmel et ses sbires, pendant qu’ils s’adonnaient à une tâche précise. Je sentais toujours la plupart des signatures G-Man dans l’Aura. Beaucoup d’entre eux étaient dans la ville haute et tentaient d’accéder à la Citadelle, là où Kashmel devait se trouver. Et justement, je sentis l’Aura de ma sœur se déplacer et se rendre vers là elle aussi. Je mourrai d’envie de la suivre, mais si je quittais la bataille alors que j’en étais devenu malgré moi le porte-drapeau, les Pokemon allaient finir par se disperser…

- Messire ! Des soldats impériaux ! M’informa Pandarbare auprès de moi.

Effectivement, une unité de gardes de la cité, prête au combat, s’avançait vers nous. Le Pokemon en tête, un Chapignon, semblait en être le commandant. Il me dévisagea avec un air indéchiffrable.

- Je suis le lieutenant Chapignon, de la 14ème compagnie de sécurité civile d’Axendria. Nous vous avons vu repousser les assaillants humains. Qui êtes-vous, et quelles sont vos intentions ?

Vu que je tenais toujours ma Lamétrice, je ne risquais sans doute rien de plus à me présenter.

- Je suis Rohban Irlesquo, fils de l’ancien Grand Maître de l’Ordre G-Man. Et je ne suis pas membre de Lance.

- Peu importe. Vous êtes un G-Man, et cela suffit pour être déclaré ennemi de l’Empire et condamné à mort.

- Si tu veux ce G-Man là, lieutenant, il faudra nous passer sur le corps, déclara Pandarbare.

De nombreux autres Pokemon avec qui je m’étais battu se placèrent à ses côtés, entre moi et les gardes impériaux, et j’en fus ému. Mais le Chapignon se contenta de sourire.

- Loin de moi une telle idée. J’emmerde la nouvelle politique sur les G-Man pour le moment. Je ne vois qu’un noble seigneur ayant réussi à fédérer une petite armée de Pokemon pour défendre notre cité. Mes gars et moi, nous sommes à votre disposition, messire.

Le Chapignon s’inclina devant moi, suivi par ses Pokemon. J’en fus étonné et, en quelque sorte, soulagé. Les G-Man continuaient à être respectés par une bonne partie de la population Pokemon, malgré la purge. Ni l’Empereur ni Lance n’avaient réussi à totalement salir notre image. Une image qui datait même d’avant la Guerre de Renaissance. Même pour les Pokemon de jadis, les G-Man représentaient l’ordre, la justice, la lutte contre le mal. Il fallait refaire vivre ça. Même une seule journée, même si notre disparition était inéluctable.

C’est dans cet état d’esprit que je donnai l’assaut contre les derniers Partisans, qui avaient cessé de reculer pour se rassembler autour d’un homme qui ne pouvait être que leur chef. Borgne, il avait un visage effrayant qui semblait être un entrelacs de cicatrices en tout genre. Mais plus que tout, c’était son sourire qui était inquiétant. Cet homme ne semblait aucunement se soucier du fait qu’il était désormais en sous-nombre. Pour lui, tout cela n’était qu’un jeu, et la mort du plus grand nombre de Pokemon son principal objectif.

- Eh bien… J’pensais que tous les G-Man de cette putain de ville marchaient avec le vieux Kashmel, commenta Draïen Malket. Tu dois donc être le fameux G-Man traître à son sang que Lance désire, gamin ?

- Je suis Rohban Irlesquo, déclarai-je. Et je ne pense pas avoir trahi mon sang, merci bien. On ne peut pas en dire autant que Kashmel et de ma sœur, quand on voit notre situation aujourd’hui.

- Ah, oui, ricana le chef des Partisans. Kashmel a toujours eu une certaine tendance à foutre le bordel partout où il passait. Il nous a gracieusement rémunéré pour qu’on mette le merdier dans ce trou à ras que vous appelez la ville basse en attendant qu’il fasse un truc important en haut. Je sais pas ce que c’est, mais ça risque de faire grand bruit, vu que ce trouduc de Kashmel est persuadé que l’Empire tombera après ça. Il m’a promis de pouvoir éliminer les hauts pontes Pokemon de l’Empire moi-même. Et ta belle frangine, de me donner un bâtard G-Man si jamais je te ramène à elle. Tu vas donc venir bien sagement, gamin, ou bien je te coupe les jambes pour te porter jusqu’à elle. Elle n’a pas précisé que tu devais être entier, seulement vivant !

Comme si j’étais devant un interlocuteur particulièrement simplet, je fis mine de soupirer.

- Vous savez, contrairement à beaucoup de mes compatriotes G-Man, je n’ai jamais considéré les humains comme moins intelligent que nous. Mais quand je vous écoute parler, je me dis que j’ai peut-être eu tort.

Je levai trois doigts devant lui, pour lui expliquer lentement, tel le demeuré qu’il était.

- Un : mon oncle Kashmel se sert de vous et ne s’entend pas à ce que vous surviviez pour pouvoir réclamer les têtes des Pokemon haut placés de l’Empire. Deux : les promesses de ma sœur sont aussi vides que votre tête, et fière de son sang comme elle l’est, jamais elle ne laissera un humain la toucher. Trois : vous ne m’amènerez nulle part. Regardez autour de vous et comptez, si vous savez le faire. Vous êtes encerclés. Vous seriez bien inspiré de vous rendre.

Je voulais en finir avec ce malade et ses sbires et vite monter au Quartier G-Man, car effectivement, ce que préparaient Kashmel et Meika m’inquiétait. Ils n’auraient pris tous les risques pour se regrouper dans la Citadelle où ils ne pourraient plus fuir s’ils n’étaient pas certains qu’ils n’en auraient nul besoin. Et comme ce Draïen l’avait dit, Kashmel semblait certain de sa victoire.

- Tu ne ressembles pas à ta frangine physiquement, me dit l’humain avec un rictus de haine, mais je constate en revanche que tu as tout de sa morgue. Foutus G-Man… Vous êtes finis. C’est votre punition divine pour avoir été les toutous de l’Empire depuis tout ce temps. Tu crois que nous, humains, allons laisser Kashmel et moins de trente G-Man nous diriger une fois que l’Empire sera fini ? Laisse-moi rire ! Nous allons les ensevelir sous notre nombre, et crois-moi, j’aurai ta chienne de sœur pour moi, qu’elle le veuille ou non ! Puis nous ferons des Pokemon survivants nos esclaves à jamais, comme il se doit !

Je compris que ça ne servait à rien de raisonner avec ce gars. C’était un fou. J’échangeai un regard avec Pandarbare et Immotist, qui hochèrent la tête. Quand je levai ma Lamétrice, nos troupes chargèrent sur les Partisans, faisant de cette place de la ville basse le lieu d’une véritable bataille rangée.


***

Mizulia



J’étais couverte de blessures et mon corps était poisseux de sang, des pieds à la tête. Il y avait un peu du mien bien sûr, mais le plus gros appartenait aux G-Man que j’avais tués. Cela faisait bien une demi-heure que nous autres Nettoyeurs combattions les G-Man de Lance dans la ville haute. Il y en avait une vingtaine face à nous, et alors qu’au début ils semblaient vouloir accéder à la Citadelle, désormais, ils n’avaient visiblement pas d’autre but que de nous retenir. Comme je n’avais pas l’Aura, j’étais incapable de ressentir leurs présences partout dans la ville comme le faisait Six, mais j’étais prête à parier que Kashmel était bien installé dans le Quartier G-Man, à préparer Arceus savait quoi.

Les G-Man avaient opposé une farouche résistance, et au début, nous étions en difficulté. Mais au fur et à mesure que les renforts de l’armée régulière arrivait, c’était les G-Man qui se retrouvaient acculés. Conscients qu’ils ne pourraient pas rejoindre leur chef en haut, ils s’efforçaient désormais de nous retenir assez longtemps pour que Kashmel ait terminé ce qu’il avait prévu, quoi que ce soit. J’étais pas du genre à réfléchir très loin, surtout quand j’avais des ennemis à tuer devant moi, mais la situation m’inquiétait tout de même. Il fallait se débarrasser d’eux au plus vite pour arrêter Kashmel.

Seul problème : ces G-Man là n’étaient pas les chiffes molles à l’image de Bradavan ou les bâtards traqués et apeurés que j’avais l’habitude de tuer. Ils savaient se battre. Ils étaient entraînés. Et pire : ils étaient prêts à mourir. Je me disais experte des G-Man, mais en réalité, des comme ça, je n’en avais jamais combattus. J’ai bien réussi à maîtriser Six oui, mais nous étions dans une maison, et la gamine manquait tristement d’expérience. Je l’ai eu par surprise. Là, je fais face à plusieurs G-Man regroupés, à l’air libre, et c’était à peine si je pouvais retenir, au plus fort du combat, qui était le G-Man de qui.

Mais j’avais un petit avantage : j’étais une humaine. Et en cela, je troublais les G-Man, qui ne savaient pas trop comment s’occuper de moi. Face à mes collègues Pokemon, principalement des Scalproie, c’était facile : ils se tenaient à distance et envoyaient des attaques spéciales, généralement de Feu, ou bien ils envoyaient à l’avant leurs plus résistants G-Man, qui étaient généralement de type Combat ou Sol. Mais ils s’étaient toujours entraînés en pensant combattre des Pokemon ou d’autres G-Man, jamais des humains. Pour eux, les humains étaient négligeables, ils n’avaient aucun pouvoir, et de toute façon, les humains n’auraient aucune raison de les combattre. Mais ils constataient aujourd’hui qu’une humaine comme moi, armée de poignards, et rapide, pouvait être toute aussi mortelle, voir plus, qu’un Pokemon.

J’avais bien étudié l’art de l’escrime des G-Man, avec leur pompeuse Lamétrice. La façon qu’ils avaient de manier cette pseudo rapière relevait plus de la danse que d’un moyen de tuer quelqu’un. Et même des G-Man moins traditionnels, comme Six elle-même, usaient de la Lamétrice de cette même façon. C’était le style G-Man, enseigné depuis des millénaires, et rien n’allait les faire changer à ce sujet. Six avait cessé de s’entraîner à la Lamétrice avec moi, et préférait maintenant la compagnie de Maître Scalpuraï, car je la battais toujours en moins de deux. Leurs gestes et parades étaient si prévisibles, et face à deux poignards dans deux mains, ils étaient tristement démunis.

Comme les deux qui me faisaient face en ce moment, tiens… L'un d'eux était un jeune homme à peine sorti de l’adolescence, et l’autre une femme d’un certain âge. J’avais choisi mes cibles. Ils étaient ceux qui attaquaient le plus à distance mes collègues Nettoyeurs. Ils ne devaient donc pas avoir énormément d’attaque rapprochées de type physique, et ils me le confirmèrent d’ailleurs bien vite : quand je m’étais trop approchée d’eux, ils arrêtèrent leurs attaques Pokemon pour prendre leurs épées. Mais le combat à la Lamétrice n’était pas quelque chose que l’on faisait à deux. Avec leurs amples gestes et leurs pirouettes grotesques, ils allaient se gêner entre eux. Je faisais tout pour d’ailleurs, en changeant souvent de position, en passant entre eux, en les poussant même parfois l’un sur l’autre. La femme avait déjà reçu de ma part plusieurs blessures peu profondes, et commençait à perdre son sang froid.

- Misérable humaine ! Tu combats sans honneur !

Je ne cachai même pas mon ricanement de mépris.

- Oui, en effet. Et c’est pour ça que vous allez perdre face à moi, une pauvre humaine impuissante face à deux nobles G-Man entraînés. L’honneur, ça sert à rien à un cadavre.

Le jeune G-Man attaqua, tout en faisant apparaître un début d’attaque glace dans le creux de sa main. La femme G-Man, elle, fit tournoyer sa Lamétrice dans les airs, préparant me semblait-il une attaque Vol. Ces deux idiots avaient enfin compris qu’ils ne pourraient pas m’avoir à l’épée et revenaient à leurs attaques spéciales. Mais c’était trop tard ; j’étais bien trop près d’eux à présent. Je glissai au sol pour éviter l’attaque du jeune homme, et en deux coups sec, je lui tranchai une bonne partie de ses cuisses.

Le G-Man hurla à la mort et tomba tandis que ses jambes se vidaient de leur sang à gros jet, signe que j’avais atteint les artères fémorales. Puis je lançai un de mes poignard sur la main de la G-Man qui tenait sa Lamétrice. Le couteau la lui transperça proprement, et la G-Man lâcha son épée en même temps que son début d’attaque prenait fin. Ne lui laissant pas le temps de récupérer ses esprits, je bondis et lui ouvrit le ventre de haut en bas avec mon second poignard. La G-Man me cracha un flot de sang au visage, mais ce qui m’intéressa le plus fut le bout d’intestin qui pendouillait désormais de sa blessure. Avec un grand éclat de rire, je tirai dessus, en déroulant une bonne partie. Il était si fascinant, cet intestin grêle… Il faisait plus de trois fois la taille de son possesseur ! C’était mon organe préféré, celui dont je prenais le plus de plaisir à retirer à mes victimes lors de mes séances de torture. Lentement, délicatement, presque avec amour…

Évidement, pour les autres G-Man, ce fut la douche froide. Ils avaient beau être prêts à se sacrifier pour leur cause, voir une humaine baignée de sang se trimballer avec les tripes d’une des leurs en riant comme une possédée fit baisser quelque peu leur motivation, et les troupes impériales en profitèrent. Je voulais y retourner pour ajouter d’autre G-Man à mon tableau de chasse et si possible quelques morceaux de plus pour ma collection, mais mon corps ne suivit plus ma volonté, et je tombai à genoux malgré moi. J’étais épuisée, j’avais perdu pas mal de sang, et mes muscles semblaient hurler de protestation.

- Tsss… soupirai-je. Un corps humain, c’est vraiment pas pratique…

Qu’est-ce que j’aurai donné pour naître comme Pokemon ! Un Pokemon comme mon maître par exemple, de type Acier, avec un corps solide, qui ne vieillissait pas, et avec pleins de parties tranchantes dessus pour bien lacérer mes ennemis. J’étais encore jeune bien sûr, mais j’étais bien consciente que je ne pourrai pas me battre comme je le faisais éternellement. J’étais déjà bien moins rapide que du temps de mon adolescence. Mes trois grossesses et la vie misérable que j’ai mené comme esclave m’avaient prématurément fait vieillir. Mais je n'embarrasserai pas mon maître avec une esclave incapable de se battre. Je mourrai avant, au combat de préférence. Mais ce moment n’était pas encore venu, aussi, j’écoutai mon corps et me retirai à l’arrière pour me reposer, en laissant les Pokemon Nettoyeurs continuer le combat.

Mais c’est alors qu’une explosion retentit derrière nous, à l’endroit où nous avons installé un blocus, dans l’avenue qui liait la ville basse et à la ville haute. Ce fut une véritable décharge électrique, comme si la foudre s’était écrasée en envoyant des morceaux de roches partout. Et comme ce phénomène n’était clairement pas naturel et avait balayé précisément nos lignes d’arrière-garde, je me forçai à me relever. Quand plusieurs Pokemon autour de moi commencèrent à briser leur formation, je leur criai :

- Non ! Je m’en occupe. Restez sur les G-Man. Qu’aucun d’entre eux ne fuit ou ne parvienne jusqu’à la Citadelle !

Deux silhouettes sortirent du chaos de décombres et de poussières qui avait fait suite à la décharge électrique. Je ne pus qu’identifier deux G-Man que je connaissais un peu personnellement : Lady Meika Irlesquo et Lord Gilthis Antenos, les deux plus puissants G-Man de Lance. Ils semblaient pressés de monter, et ne cherchèrent même pas à aller aider leurs camarades qui affrontaient les Nettoyeurs. Je serrai les poings et les dents quand je vis que Meika portait la forme inconsciente de Six dans ses bras. Si jamais on s’en sortait tous, elle allait en entendre parler pendant longtemps, la gamine, elle qui se l’était tant pétée pour affronter Meika seule à seule. Comprenant que les deux G-Man allaient emprunter la rue seconde pour monter jusqu’à la Citadelle, je les pris de vitesse et me plaçai devant eux, leur bloquant le chemin. Gilthis me reconnut directement, et s’arrêta avec un sourire amusé. Meika, elle, m’accorda à peine un regard.

- Fais place, humaine, si tu veux vivre encore un peu.

Évidement, la fille de Bradavan ne m’avait pas reconnue. Bah, je ne pouvais pas lui en vouloir. Ça faisait quinze ans, et elle n’avait jamais trop accordé beaucoup d’attention à ses domestiques du manoir.

- Vous êtes devenue une femme remarquable, jeune maîtresse Meika, fis-je d’un ton mielleux. Tout le portrait de madame votre mère.

Jeune maîtresse étant l’appellation avec laquelle les esclaves de son domaine l’appelaient quand elle était enfant, elle fronça les sourcils et m’examina davantage.

- Qu’est-ce que… Qui es-tu ?

À ses côtés, Gilthis sourit de l’air perdu de sa camarade.

- C’est Mizulia, répondit-il. La mère de Six.

Un éclair de compréhension passa dans les yeux de la G-Man, puis fut vite remplacé par du mépris.

- Je vois… La chienne impériale qui s’est donc infiltrée dans le manoir pour séduire ce crétin libidineux de Bradavan et le pousser à violer la loi ?

- Oh, il n’y a pas que la loi que votre père adoptif a violé, ma chère. Même si moi j’ai tout fait pour qu’il m’amène dans son lit, son goût pour les jeunes domestiques humaines n’était plus un secret pour personne au Quartier G-Man.

Meika balaya la remarque d’un geste de main agacé.

- Peu importait combien d’esclave il violait ; tant qu’il les exécutait ensuite, il était dans son droit. Mais j’aimerais bien savoir… Alors même que Xanthos lui avait bien fait comprendre qu’il n’accepterait plus aucune entorse à la loi de la part de notre famille, comment as-tu fait pour le pousser à ne pas te tuer après le premier soir ? Bradavan avait beau être un idiot, même lui n’aurait pas pris ce risque intentionnellement.

- Vous n’êtes pas un homme, vous ne pouvez pas comprendre, dis-je en souriant. Ils ont la fâcheuse habitude de réfléchir avec leur entrejambe, surtout un homme comme Bradavan Irlesquo. Il suffit juste de leur accorder un plaisir tel qu’ils ne peuvent qu’en redemander, en dépit des risques. Moi, une simple adolescente humaine à l’époque, sans aucun pouvoir, j’avais fait du Grand Maître G-Man ma chose. Il ne pouvait plus se passer de moi.

Meika haussa finalement les épaules, comme si cela n’avait aucune importance.

- C’était un idiot, et il est mort comme un idiot. Ce n’est pas moi qui vais t’en vouloir de l’avoir mené à l’échafaud. Mais même s’il ne t’a pas tué… Comment une esclave a-t-elle pu s’échapper du Quartier G-Man ?

Là, j’hésitai à répondre. C’était bien évidement Gilthis qui m’avait aidé à m’échapper à cette époque. Il avait découvert - Xanthos seul savait comment - que j’étais un agent de Maître Scalpuraï, mais au lieu de me dénoncer, il avait couvert mes arrières durant tout mon séjour au manoir Irlesquo, jusqu’à finalement assurer ma fuite quand j’étais sûre d’être enceinte. Je soupçonnais Gilthis d’avoir des liens dans les hautes sphères de l’Empire. Ça m’étonnerait qu’il soit réellement loyal envers Lance, et si donc vraiment il était un espion d’un Pokemon haut placé, comme une des Etoiles Impériales, je ne voulais pas détruire sa couverture. Mais à ma grande surprise, il avoua lui-même à Meika :

- C’est moi qui l’ai aidée.

La G-Man se tourna vers lui comme s’il l’avait giflée.

- Tu peux répéter ça ?

- Je suis partie avec elle, en faisant briller mon Aura pour qu’aucun G-Man ne sente la présence humaine à mes côtés. Je savais qu’elle était le chaton de Scalpuraï, et que ce dernier cherchait à faire tomber Bradavan. Avant même que tu ne me recrutes pour Lance et pour Lord Kashmel, je ne pouvais pas blairer notre abruti de Grand Maître.

Je ne dis rien, mais j’étais à 99% sûre que Gilthis mentait. Il n’avait sûrement pas fait ça juste pour le plaisir de causer du tort à Bradavan. Mais Meika sembla y croire, et s’exclama :

- Et tu n’as pas pensé aux conséquences, si cette femme était revenue directement auprès de Scalpuraï avec sa bâtarde ?! L’Empereur aurait directement ordonné la mort de Bradavan, et de toute notre maison, moi y compris !

Gilthis fit un vague geste d’excuse.

- Nous ne nous connaissions pas très bien à l’époque, très chère. Je n’avais aucune raison de vouloir t’épargner. Je ne voulais que la chute de la maison Irlesquo, pour qu’une autre puisse prendre sa place.

- Abruti, cracha Meika. Tu expliqueras tout ça à père en temps voulu.

- Comme tu veux, fit-il en s’inclinant.

Meika se retourna vers moi, et ne vit donc pas le regard plein de dédain et de moquerie que Gilthis lui lança.

- Tu peux être fière d’avoir eu un rôle si important dans le déclenchement de la révolution G-Man et dans la naissance de notre nouvel ordre, humaine. Sois encore plus fière en sachant que ta bâtarde va avoir un rôle tout aussi majeur.

- Oui, et à ce propos… J’aimerai que vous me la rendiez. C’est une gamine arrogante, naïve, contrefaite et la plupart du temps insupportable… mais c’est la mienne. Et surtout, c’est la propriété du Seigneur Scalpuraï.

- Ton maître n’aura pas le loisir de la réclamer. Mon père compte qu’il soit le premier impérial haut placé à mourrir de sa main, peut-être même avant l’Empereur. Je ne sais pas ce qu’il aura prévu pour ta bâtarde, mais ça m’étonnerait qu’elle vive longtemps après qu’elle ait fait ce pourquoi nous la voulons. Quant à toi… même si je te respecte pour ta force et ton ingéniosité, je ne peux pas laisser en vie une humaine qui a tué plusieurs de mes camarades.

Elle me visa avec sa main, et avant même que je ne saute à gauche ou à droite pour esquiver, une attaque Rayon Chargé me toucha de plein fouet, à une vitesse telle que je n’avais pas pu anticiper. Même si ce n’était pas une attaque d’une grande puissance, avec mes blessures et ma fatigue, ce fut suffisant pour me jeter à terre et me faire perdre momentanément l’usage de mes membres. Meika s’approcha pour m’achever, quand Gilthis s’avança pour lui attraper le poignet.

- Non, dit-il. J’aimerais que cette femme reste en vie pour le moment.

Meika se dégagea d’un geste rageur, ses yeux semblant lancer des éclairs.

- Tu as perdu l’esprit ?! Tu crois que tu es en position de demander ce que tu veux ?

- Oui, je le crois, dit-il simplement.

- Tu oses…

- Ton père apprécie mes services. Des services dont même toi, tu ne connais pas la teneur.

- Père ne me cache rien du tout !

- Si tu le dis… En tout cas, Lord Kashmel, dans sa grande générosité, me passerait certainement ce petit caprice pour tout ce que j’ai fait pour lui et pour Lance. Et puis bon… en quoi cette simple humaine peut-elle t’inquiéter ?

- Elle ne m’inquiète en rien ! Protesta Meika. Mais c’est une ennemie, qui est assez puissante pour avoir tué certains des nôtres !

- Oui… Fascinant n’est-ce pas, alors qu’on a toujours considéré les humains comme des attardés impuissants. Cette humaine est spéciale, et parce qu’elle est spéciale, elle a pu apporter un véritable coup de sang neuf dans notre ADN G-Man dégénérescent. Regarde le résultat : cette Six est une G-Man avec un potentiel tel qu’on en rencontre qu’un chaque siècle. Si Mizulia a pu donner naissance à une G-Man pareil avec ce faiblard de Bradavan, imagine un peu quel enfant pourrait venir au monde si elle le faisait avec un G-Man puissant… comme ton père, par exemple ?

Meika envisagea l’idée, puis secoua la tête avec dégoût.

- Père ne se reproduirait pas avec une simple humaine. Ce serait dégradant pour un G-Man aussi noble et puissant que lui !

- Lord Kashmel n’a pas les mêmes aprioris que toi sur les humains, répliqua Gilthis. Tu oublies qu’il a passé des décennies de sa vie à lutter à leur côté au sein des Paxen. Et il est plus que conscient de l’affaiblissement de notre sang. Il sait que s’il veut refonder un ordre de G-Man comme celui de jadis, il devra se trouver du sang neuf, en dehors du nôtre qui a été souillé par des siècles de consanguinité.

Ne trouvant pas quoi répondre à ça, Meika demanda avec ironie :

- Ce serait donc pour le futur des G-Man que tu veux que j’épargne cette humaine ?

- Non, c’est seulement un caprice de ma part, avoua Gilthis sans aucune gène. Mais ce que j’ai dit n’en reste pas moins vrai. Elle pourrait nous être utile.

Agacée, et ne désirant pas perdre plus de temps ici, Meika obtempéra avec un grognement, passant devant moi sans m’accorder un seul regard, comme si je n’étais plus qu’un déchet indigne de son attention. En revanche, Gilthis me servit un de ses sourires moqueurs avec un clin d’œil. Alors que je récupérai peu à peu l’usage de mon corps, je me demandai si ce n’était pas lui, et non Kashmel, le G-Man le plus dangereux du moment.