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Jutsu ! de Deadlier



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» Auteur : Deadlier - Voir le profil
» Créé le 20/10/2018 à 02:05
» Dernière mise à jour le 31/10/2018 à 18:51

» Mots-clés :   Action   Aventure   Kanto   Romance

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Chapitre 4 : Marée Verte
La piste cyclable. Un lieu hautement sous-estimé dans tout Kanto. Même moi, quand j’étais petite, je pensais qu’il ne s’agissait que d’une grosse piste bétonnée servant à relier Celadopole et Parmanie. Un lieu mal famé, en plus, avec plein de gens louches, méchants et franchement moches. Presque un second repaire de la Team Rocket, en somme.
Mais avec le temps, j’avais appris à l’apprécier d’une manière différente. En tant que ninja, le vélo ne faisait pas partie de mes instruments de prédilection, et pourtant, pratiquement rien ne me changeait plus l’esprit que de dévaler la piste cyclable à pleine vitesse. D’autant plus que grâce à mes Pokémon, je ne me fatiguais même pas pour monter. Smog me portait en flottant et Kwoa, mon Coatox, transportait mon vélo en suivant.

Une fois que nous étions en haut, j’enfourchai mon vélo, et zou je me laissai filer. Miggie accrochée sur mon dos, adorant elle aussi la sensation du vent sur son visage, laissait ses mandibules claquer de contentement. Pour une Migalos, ressentir ce genre de vitesse était rare et curieusement, elle adorait ça. De même, Smog était relié à mon vélo par une petite corde et se laissait trainer par le vélo, l’air béat, en relâchant un peu de gaz de temps en temps.
J’avais besoin de me changer les idées. Entre mon Père parfois un peu trop écrasant et ma relation compliquée avec Silver, je ne savais plus trop quoi faire. En plus je venais d’être écartée de l’enquête par mon père alors que ça m’intéressait totalement. Franchement, ce n’était pas juste de sa part.

Roulant plein gaz, littéralement grâce à Smog, vers Celadopole, je freinai d’urgence en remarquant sur le bas côté de la piste quelque chose d’intéressant. Des plantations de baies. On en trouvait de plus en plus ces dernières années. Pour contrer la mauvaise réputation donnée à la piste par les Loubards, j’avais décidé avec Eirika, la championne de Celadopole, de confier la gestion de la piste à des horticulteurs. Ainsi, de bloc de béton inhospitalier, on était passé à un véritable ode à la nature où tout le monde pouvait venir se servir en baie diverses et variées, et même en replanter d’autres. Moi-même je venais chercher toutes les miennes par ici.

- Des Baies Remu, parfait. Je n’en avais plus.

Je pris quelques-unes de ces baies poilues que je glissai dans ma besace. Pour l’heure, cinq devraient suffire. Je reviendrai en chercher au besoin. Et naturellement, ne venant jamais les mains vides, je plantai en échange des graines de Baie Siam que j’avais emporté.

- Et voilà, donnant donnant. Oui, on va repartir Miggie, sois patiente, dis-je à l’adresse de ma Migalos qui s’agitait, mécontente de ne plus sentir le vent.

Enfourchant mon fidèle destrier de fer, je lâchai les freins et reprenais ma course effrénée jusqu’à Parmanie. Lorsque la ville fut en vue, quelque chose attira mon attention. Un attroupement vers la plage. Mais pas un petit attroupement du genre combat de Pokémon imprévu. Un vrai attroupement avec tellement de monde qu’on voyait à peine le sable au loin. Que se passait-il au juste, une compétition de surf surprise ? Ce n’était pourtant pas la saison. Et puis en plus je l’aurai noté, je n’aime pas les rater. Ces personnes qui font de superbes figures en domptant les vagues, c’est presque comme du ninjutsu !

Décidée à percer le mystère, et surtout à étancher ma curiosité maladive, je pédalai jusqu’à la plage. J’aurai bien le temps de ranger mon vélo plus tard. Une fois sur place, je posai mon vélo contre une rambarde et détachai Smog, le laissant flotter librement à côté de moi. Incroyable mais vrai, la foule était encore plus compacte et épaisse vu de près. Et comme je ne brillai pas par ma grande taille, je ne voyais rien de la plage là où j’étais. Je me décidai donc à me frayer mon propre chemin en usant de mon autorité et de mon charisme naturel.

- Fwahahaha, place manants, voici venir la grande Jeannine, maitresse des poisons et des ninjas de tous acabits ! déclamai-je avec une verve retrouvée, vive le vélo.

En me voyant, les badauds se décidèrent à me laisser passer. Dans ces moments là j’appréciai vraiment mon titre de champion et les privilèges qui allaient avec. Lorsque j’atteignis le bon côté de la foule, quelle ne fut pas ma surprise. La plage était recouverte d’une étrange verdure verte. Comme des algues très nombreuses rejetées par la mer. La police avait déjà établi un cordon de sécurité pour que personne ne puisse les approcher. Bien sûr, ça ne me concernait pas. Je commençai donc à franchir avant de me faire arrêter par un policier en faction.

- L’accès est interdit au public, me fit-il. Cette substance est dangereuse.

- C’est une blague ? Vous savez qui je suis ? grognai-je en direction du type.

- Votre autorité de Champion n’excède pas celle du Conseil qui a pris les choses en main.

Je haussai un sourcil en voyant un peu plus loin mon père qui s’entretenait avec Achroma. Zut, j’allais tout louper. Il allait encore résoudre le problème en deux secondes. Si j’avais su, je ne serai pas partie pédaler ce matin. Maudite tentation à deux roues qui me déviait de la voie de ninja pour celle du garage !

- Tiens, salut NJ. Tu viens seulement de te réveiller ? me questionna une voix famillière.

Je me retournai vers une voix familière. Silver était adossé contre un palmier, les mains dans les poches et l’air neutre. Il observait la police travailler sans rien faire lui-même.

- Et toi tu fais grève du boulot ? Tu as enfin admis que tu étais un gros nul ? rétorquai-je, cynique.

- C’est plutôt du chômage technique. Ton père est là et comme à son habitude il accapare toute l’attention. Et vu qu’il fait tout pour ignorer mon existence, je ne peux pas diriger mon équipe, soupira Silver.

- Elle s’en portera pas plus mal, tu verras.

- T’es venue pour me rabaisser ou pour aider ton père ? questionna-t-il, agacé.

- A la base aider, mais on dirait que moi aussi je suis au chômage technique.

Dans un même réflexe, nous lâchâmes chacun un soupir l’un face à l’autre, avant de hausser un sourcil puis de réfréner un sourire en coin. Pfff, quel gros nul celui-là. Tellement pas de personnalité ni d’utilité qu’il ne pouvait rien faire d’autre que m’imiter. En moins classe.

- À cause de cette marée surprise, Achroma n’a pas fini d’analyser votre plaque, ça va nous faire perdre du temps, dit-il soudainement.

- Je t’écoute pas, dis-je.

-Tant mieux, en fait je parlai à mon nouveau meilleur ami, fit-il en agrippant un spectateur au hasard derrière le cordon de sécurité. Lequel, surpris, ne savait pas trop comment réagir face à cette interpellation surprise.

- Aucun spécialiste n’avait prévu cette marée, dit Silver au type, me tournant le dos. D’après Koga il pourra s’agir de l’émanation d’un Pokémon qui dérèglerait l’océan. Il théorise sur un Tentacruel qui déverserait trop de toxines, tuant les algues et les faisant venir jusqu’ici.

- C’est débile, répondis-je, agacée. Les Tentacruel utilisent leur poison uniquement contre leur prédateurs et leur gibier. En plus ils ne mangent pas d’algues.

- Il évoque un accident. Et vu la concentration de Tentacruel dans la baie de Parmanie, ce n’est pas impossible.

- Mais ça n’a rien à voir avec du poison. Miggie frôle l’obésité à force de se goinfrer de lichen empoisonné par les émanations de Smog. Si cette verdure était rendue toxique par un Pokémon, elle se serait déjà jetée dessus pour la manger, hors elle ne bouge pas.

Pour appuyer mes propos, je désignai Miggie, toujours fixée sur mon dos et que je ne bougeai pas une patte, observant simplement la joute verbale. Silver, ne me regardant toujours pas, poursuivit calmement.

- Pourtant des Pokémon qui ont touché ces algues se sont bien effondrés soudainement, ajouta-t-il. Mais tu as une théorie, je suppose ?

- C’est peut-être un Pokémon Plante qui s’attaque aux Pokémon Eau ?

Je regardai le type qui venait de dire ça, l’air blasée tout comme Silver. Ce dernier le renvoya dans le public en lui faisant passer le cordon de sécurité, avant d’enfin m’accorder de nouveau son attention. Il réajusta ses lunettes sur son nez avant de reprendre.

- Bon quitte à entendre des âneries je préfère te parler directement.

- Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu portes des lunettes, fis-je soudain remarquer, curieuse.

- Une envie soudaine de mieux voir des rides naissantes de trentenaire. On peut se concentrer maintenant ?

Je fis la moue en me refrognant, croisant les bras. Il ne pouvait rien dire simplement celui-là ?

- Je vais jeter un coup d’œil à ces trucs, dis-je pour détourner la conversation.

- Vous êtes en couple ? questionna le type derrière le cordon de sécurité.

- Ta gueule ! lui cria-t-on dessus avec une synchro et une frustration parfaite.

***
Mars de l’an deux mille, Arène de Parmanie. Jeannine, quatorze ans.

- Moi, championne ? Je veux dire, déjà ? s’étonna Jeannine, adolescente.

Papa venait de lui annoncer qu’il venait d’être recruté par le Conseil de Kanto et de Johto pour remplacer la vieille Agatha, partie en retraite. La jeune fille avait été extrêmement fière de son père. Il était le seul champion de Kanto promu à ce rang, c’était bien la preuve qu’il était le plus fort d’entre eux. Par contre, elle n’avait pas réalisé sur le coup que ça impliquait que son père laisse l’arène à un successeur.

- Tu es prête. Je t’ai appris tout ce que je sais et tes Pokémon sont déjà très forts, dit Koga, pour rassurer sa fille.

- Mais Papa, je ne suis pas sûre d’être au niveau pour les épreuves, quand même, geignit Jeannine.

On ne pouvait pas devenir champion sur un claquement de doigt. Pour être désigné, il fallait passer des épreuves supervisées par le Conseil, afin de prouver que l’on était digne du titre. Sur le point du combat mais pas seulement, car être champion impliquait aussi de fortes responsabilités vis-à-vis de sa ville.

- Tu n’auras pas besoin de les passer, je me suis arrangé avec le Conseil. Tu as le poste.

Écarquillement des yeux à un point qu’ils manquèrent de sortir de leurs orbites. Déjà champion, sans délai ni épreuve ? Incroyable. Papa était vraiment exceptionnel pour réaliser aussi rapidement le rêve e sa fille chérie. Tout du moins c’est ce qu’elle avait pensé sur le coup.

- Ta tante restera là pour t’aider et te conseiller en plus. Tout se passera bien.

Jeannine hocha la tête en offrant un grand sourire à son paternel, qui lui rendit un sourire empreint de fierté.

- Tu vas voir Papa, je vais être la deuxième championne la plus formidable de la ville !

- Je n’en doute pas, ma petite graine de ninja.

Il passa une main affectueuse dans la chevelure prune de sa fille adorée. Mais à la joie succédait le stress. Une fois Papa parti, Jeannine réalisa l’ampleur de la tâche du champion. Et malgré les conseils de Tante Aya, les débuts de Jeannine furent un fiasco. Un jeune garçon venu de Johto vint la défier et écrasa toute son équipe avec une facilité déconcertante, qui désempara totalement la jeune Ninja.
Elle en pleura plusieurs jours, persuadée qu’elle n’avait pas le niveau pour son nouveau travail.

- Allons ma chérie, tu n’es pas la seule de ton âge avec ces responsabilités. Le fils du professeur Chen, Blue, il est plus jeune que toi et il est champion lui aussi, lui dit Aya pour la réconforter.

- Mais lui il a fait de la compétition, gagné des badges et affronté la ligue. Moi j’ai aucune légitimité, déprima l’adolescente.

- Tu es la fille du grand Koga. Tu disposes de tout son enseignement. Dis-toi que lui aussi au début il a encaissé de lourdes défaites. Mais il n’a jamais baissé les bras et a continué à s’entrainer. Il ne tient qu’à toi de devenir plus forte.

Faire comme Papa. Jeannine repensa à une conversation qu’elle avait eue deux ans plus tôt avec quelqu’un à qui elle tenait beaucoup. Il n’était peut-être pas toujours suffisant de faire comme son père. Cette discussion avec Tante Aya fit dire à Jeannine qu’elle devait prendre son entrainement à bras le corps. Et devenir autre chose qu’une Koga bis. Développer ses propres techniques et méthodes.

Et c’est ce qu’elle fit. Elle étudia les techniques de son père comme une dératée, y apporta ses propres observations et corrections. De là, elle tira son propre style. Un style dévastateur et explosif. Mais surtout dangereux, qui la mènera un an plus tard à envoyer par accident un jeune challenger à l’hôpital au cours d’un combat d’arène classique. Un évènement qui changea tout pour elle et sa façon de considérer son rôle de championne.

***


- Ah, c’est bien ce que je pensais, annonçai-je non sans fierté. C’est plantes n’ont rien d’empoisonné.

- C’est tout de même étrange que ton père ne l’ait pas remarqué, non ? demanda Silver.

- Je crois que ça fait un moment que papa ne se consacre plus à étudier le poison en fait, songeai-je.

En effet, depuis qu’il était au conseil, et même déjà quelques années avant, Papa n’avait de cesse de s’entrainer au combat et uniquement au combat. Il avait délaissé l’étude et la maitrise du poison, considérant son travail achevé dans le domaine. Il savait toujours concentrer de puissantes attaques Toxik inégalables, mais pour observer le poison naturel, ses yeux n’étaient de toute évidence plus ce qu’ils étaient.

- Miggie, descend tu veux ?

Migalos descendit de mon dos et approcha de la verdure, semblant hésiter à la toucher. Lorsqu’elle la frôla avec une patte, elle s’affaissa, comme affaiblie, tandis que je plissais les yeux en voyant le phénomène.

- Je ne crois pas que ce soit des algues, Silver.

- Et quelle est ta théorie, NJ ?

- On pourrait demander à Achroma de vérifier mais je pense à une vampigraine.

Je tournais la tête vers le dit Achroma, mais il était, de toute évidence, complètement accaparé par mon père qui semblait en plein débat avec lui. On ne pourrait donc pas bénéficier de ses analyses. Analyses qui auraient probablement déjà été faites si mon père n’était pas intervenu avec ses certitudes.

- Attends, une vampigraine ? De cette taille-là, tiqua Silver.

Nous regardâmes la plage massivement envahie par les plantes, avec circonspection. En fait, ce genre de phénomène me parlait étrangement. Je l’avais déjà étudié par le passé en croyant justement avoir à faire à une manifestation de poison. Cependant, le Pokémon qui provoquait ça ne le faisait jamais aussi massivement, et surtout, ne vivait pas dans les environs.

- Il doit y avoir une colonie pas loin. Ils ont déployé cette vampigraine pour chercher des nutriments, expliquai-je. Cette « marée » verte n’a rien d’aquatique. Ils ont en réalité répandu des spores autour de leur territoire sous forme de vampigraines. Spores qui prolifèrent à grande vitesse et se nourrissent de leur environnement.

- Tu t’y connais en Pokémon Plante, toi, maintenant ? s’étonna Silver.

- Alors déjà, beaucoup de Pokémon Plante ont un double type Poison. Ensuite Eirika est une bonne amie de la famille. Et pour finir, j’ai longtemps cru que les Parasect étaient de type poison, avouai-je piteusement.

- Des Parasect ? Il n’y a pas des Paras dans la Réserve justement ?

- Quelques-un mais pas de Parasect. L’environnement ne leur est pas propice. Et surtout même en évoluant ils ne seraient jamais aussi fort pour en produire autant…

-Je vois. Cherche cette colonie, je vais en faire part à Achroma et lancer des fouilles.

- Tu me crois ? m’étonnai-je. Tu ne penses pas que c’est une de mes théories farfelues ?

- Je n’ai aucune raison de douter de toi ou de tes compétences. C’est du beau travail de déduction, dit-il simplement.

J’étais surprise qu’il me croit sur parole, sans faire vérifier ce que j’avançai par quelqu’un d’autre. C’était pourtant autrement plus farfelu que la théorie de mon père. Car ça se basait sur une espèce Pokémon qui n’avait rien à faire là et qui en plus ne déployait jamais autant de moyens. Mais au fond de moi, je crois que ça me faisait plaisir d’entendre qu’on me faisait confiance. Aussi simple que soit ce fait.

Laissant Silver aller affronter mon père pour quérir l’aide d’Achroma, je me mis moi-même en recherche de cette colonie de Parasect. Ils devaient forcément être à proximité de la plage, bien que pourtant hors de la vue de tous. Je fis appel à Smog pour qu’il me soulève afin que je puisse survoler la zone infectée sans risque. Je sentais que tout le monde me regardait et j’avais une furieuse envie de faire mon show de ninja afin de profiter de cet immense public réuni autour de moi. Mais pour une fois, je décidai de plutôt donner la priorité à l’urgence de la situation. Je tenais à faire mes preuves.

J’étais parti pour un petit tour. D’abord, je me décidai à fouiller aux alentours de la maison des surfeurs. Mais rien ni dedans, ni dehors, ni dans leur cave. Puis, je me dirigeai vers une petite crique sur le côté qui aurait été idéal pour cacher quelque chose. Mais une fois de plus rien du tout.
Vu que nous n’en étions plus à une surprise près, je regardai par acquit de conscience au fond de l’eau, mais rien à part quelques Tentacool qui barbotaient gaiement. Bon c’était idiot de chercher des Parasect dans l’eau, mais vu qu’on avait à faire à une « marée verte », après tout…

Au loin, je voyais Silver qui commençait à se faire remonter les bretelles par mon père, ce qui, sur le coup, me fit étrangement plaisir. Voir ce lâcheur se faire engueuler par mon illustre paternel était une vision qui avant m’agaçait mais maintenant me procurait de la joie. Il pouvait lui cracher à la figure tout ce qui restait au fond de moi. Et puis j’étais bien placée pour savoir que mon père était doué pour dire leurs quatre vérités aux gens, sans aucun détour.

Vaquant de nouveau à mes occupations, je dus bien me rendre à l’évidence au bout de trente minutes qu’il n’y avait aucun Parasect dans les parages. Même la police s’y était mise, et ils n’avaient rien trouvé eux non plus. Je revins donc piteusement vers Achroma et mon père, Silver restant éloigné. À distance de sécurité.

- Rien de rien. J’étais pourtant sûre et certaine de mon coup, geignis-je.

- Votre théorie était pourtant originale, bien que peu probable, dit Achroma avec un doux sourire.

- Plus qu’improbable même. Je suis étonné que tu n’aies pas suivi mon jugement, Jeannine. Alors que j’ai de toute évidence raison, argua mon père.

- Je voulais bien faire, papa. Excuse-moi.

- N’oublie pas qu’en tant que Champion tu dois être la plus efficace possible dans tes décisions. Nous avons perdu trente minutes pour rien.

Je baissai la tête, peu fière de moi, de me faire donner la leçon devant toute une foule. Encore une fois, je m’étais ratée en beauté. Il fallait vraiment que j’arrête avec mes idées idiotes et que j’essaye d’être plus rationnelle, moins imaginative, moins… Moi-même ?

- Je vais rentrer à l’arène, je crois que ça vaudra mieux, dis-je piteusement.

- Soit, je te dirai les conclusions de l’enquête en rentrant, dit mon Père en essayant d’avoir un sourire rassurant.

Je fis demi-tour et traversa de nouveau la foule pour reprendre le chemin de l’arène. Je pensais que ce serait une bonne journée. Dévaler la piste cyclable et utiliser mes recherches pour le bien d’une enquête. Mais encore une fois je passais à côté. Décidément j’enchainai les contre-performances ces derniers jours.

Alors que j’étais sur le chemin qui montait de la plage vers l’arène, je me fis héler par une voix que je ne connaissais que trop.

- NJ, attend !

- Quoi ? Tu viens te moquer de moi en disant que tu as trouvé un demi-champignon ?dis-je un peu sèchement en me retournant vers lui, pas vraiment d’humeur.

- Non, je te ramenai juste ton vélo. Tu repartais sans lui, dit-il sans paraitre vexé par ma remarque.

Je repris mon vélo qu’il avait amené jusqu’à moi. Comment faisait-il pour rester si calme ? Mon père l’engueulait, nos rapports étaient plus que tendus, et lui il était là, simplement, à me rendre un service comme si c’était banal.

- Merci, et désolée de vous avoir fait perdre du temps.

- Tu ne nous en as pas fait perdre. Je reste convaincu que tu as raison, avança Silver avec un petit sourire.

J’étais surprise, pourquoi me croire alors que ma théorie était de toute évidence fausse et archi-fausse ?

- Tu dis ça pour mieux te moquer de moi après ? Où est la vanne ? me méfiai-je.

- Elle vient de passer au loin. Je lui ai fait un coucou de la main et c’est tout, plaisanta-t-il.

Je plissai les yeux face à ce revirement de caractère. Tout l’heure il était cynique limite indifférent, et voilà qu’il faisait de l’humour et se montrait presque rassurant.

- Je crois que ton père nous fatigue tous. Rentre te reposer NJ, je te recontacte très vite pour te dire mes découvertes, d’accord ?

Je hochai simplement la tête, ne sachant pas trop comment réagir à cette soudaine empathie de sa part. Depuis notre séparation il restait seulement froid et professionnel. Peut-être que finalement, en creusant profondément sous une bonne couche d’acidité, il lui restait un bon fond. Je repartis donc à l’arène avec un sentiment mitigé quant à cette journée, les bons points ne venant absolument pas d’où je le pensai à la base.