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La dernière éruption de Onanar



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» Auteur : Onanar - Voir le profil
» Créé le 17/10/2018 à 17:51
» Dernière mise à jour le 02/11/2018 à 17:01

» Mots-clés :   Guerre   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life

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Chapitre 5 : Le grand assaut
- C’est une mauvaise idée, maître. Ces gens sont fous !

Auguste étira douloureusement ses jambes dans la petite grotte aménagée en chambre que Régis lui avait donné.

- C’est bien possible oui, admit le vieil homme.
- Le Plateau Indigo est une forteresse, insista Ren. Un assaut général, même avec les forces que sont censés avoir ces rebelles - si tant est que ce soit vrai - est condamné à échouer.
- Nous avons Sulfura avec nous, lui rappela Auguste. Ce n’est pas rien.

Avant de partir pour Azuria, Auguste avait tenu à revoir son sauveur, le Pokémon qu’il admirait plus que tout, et le convaincre de l’aider. Il n’avait pas été bien difficile à trouver. Auguste avait fait de grosses recherches sur Sulfura au cours de sa vie, et était capable de lister ses différents habitats selon les mois de l’année. En cette période, il hibernait sur l’Île de Feu, au cœur de l’Archipel Orange.

Auguste lui avait parlé, et Sulfura l’avait écouté. Même si ce Pokémon n’était pas capable de parler, il aurait été une erreur de penser qu’il ne pouvait pas comprendre le langage humain. Il comprenait très bien, même. Il avait reconnu Auguste comme un véritable amoureux des Pokémon Feu et de l’entente entre les deux races, et avait accepté de l’aider. Il fallait dire qu’il ne portait pas l’Orateur dans son cœur de toute façon.

- Oui, nous avons Sulfura, admit Ren. Et si nous avions eu les deux autres également, j’aurais pu y croire. Mais là, ça me semble être du suicide. Ces… résistants agissent dans la précipitation la plus totale. Ils nous l’ont avoué eux-mêmes. Leur attaque contre le quartier général de l’Orateur devait se faire dans une semaine. Mais à cause de l’attaque d’hier, ils l’ont avancé en catastrophe à demain.
- Ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre plus longtemps si l’Orateur sait où ils se cachent, tempéra Auguste.
- Vous prenez leur défense, vous qui ne disiez que du mal d’eux il y a quelques jours encore ? Maître, sauf votre respect, je crois que…

Ren hésita, et Auguste l’encouragea à parler.

- Continues, mon garçon. Parle-moi franchement, comme tu l’as toujours fait.
- Je crois que… la mort de votre Feunard et de votre Galopa vous fait rechercher une vengeance aveugle et suicidaire.

Auguste sourit tristement.

- Tu penses que j’ai perdu la boule et que je suis prêt à aller me faire joyeusement tuer avec tous ces timbrés pour une petite chance de blesser l’Orateur ?
- Dîtes-moi que j’ai tort, le supplia presque Ren.
- Je n’aime pas l’Orateur, c’est certain. Et je mentirai si je disais que je ne souhaite pas sa mort pour ce qui est arrivé à mes Pokémon. Quant à K.L, j’ai encore des réserves sur eux. Mais… ils ne sont peut-être pas aussi dingues et irresponsables que je le pensais au début.
- Et vous en êtes arrivé à cette conclusion après une seule entrevue avec ce type ?

Après leur arrivée remarquée dans la Caverne Azurée, Régis avait pris Auguste à part et l’avait mené jusqu’à ses quartiers pour qu’ils y discutent en privé. Auguste avait décidé de mettre de côté ses préjugés et la première mauvaise impression que le petit-fils de Samuel lui avait laissée, pour voir ce qu’il en était réellement aujourd’hui. Après tout, Auguste avait toujours tenu Jeannine en grande estime. C’était une jeune femme intègre et très à cheval sur les notions d’honneur. Elle n’aurait pas accordé sa loyauté à Régis Chen si ce dernier ne le méritait pas.

C’était certain qu’au premier coup d’œil, Régis avait bien changé. Bien qu’encore jeune, il semblait avoir été prématurément vieilli par les évènements, et ressemblait d’autant plus à son grand-père. Auguste avait vu en lui une profondeur et une expérience de la vie qui lui manquaient tant la première fois qu’il l’avait rencontré. Régis l’avait d’abord remercié pour les avoir tous sauvés, et Auguste avait vu que même si ces remerciements étaient dit à contrecœur, ils n’en étaient pas moins sincères.

- Vous avez l’air d’avoir sacrément morflé, avait ensuite remarqué Régis en désignant ses bandages.

Auguste lui avait raconté « l’accident » qui avait détruit son arène, emporté deux de ses fidèles Pokémon et fait de lui un paria sur sa propre île. Régis avait hoché la tête avec sympathie.

- Je compatis à votre perte. J’ai moi-même perdu mon Elekable au champ de bataille. D’un autre côté, je ne peux pas sincèrement regretter ces évènements, car sans vous et votre oiseau légendaire, nous étions tous morts.
- Si un seul vieux grabataire comme moi est suffisant pour tous vous sauver, c’est que votre rébellion a un problème, avait fait remarquer Auguste non sans ironie.
- Peut être bien, avait admit Régis. La grande majorité de nos gars sont très jeunes. Moi-même, je ne me suis jamais senti digne de diriger ce groupe, même quand Koga m’en a donné la direction. K.L a la fougue de la jeunesse, mais il lui manque très certainement une touche de sagesse et de prudence que seules les personnes mûres telles que vous peuvent apporter.
- Koga était un brave type, et un mec perspicace. S’il vous a fait confiance pour diriger cette bande, ça ne doit pas seulement être parce que vous vous appelez Chen ou parce que vous êtes le dresseur le plus fort du groupe.
- On ne saura jamais pourquoi il m’a choisi, je le crains. Je ne peux que faire de mon mieux pour que sa cause et ses idéaux ne disparaissent pas. Et même si je sais que vous ne m’appréciez pas - sans doute à raison - je ne peux que vous supplier de nous aider.

Auguste avait haussé les sourcils et dévisagé Régis avec surprise.

- Vous avez bien changé depuis le jour où vous m’avez ratatiné dans mon arène, ça c’est sûr.

Régis avait éclaté de rire.

- J’étais un jeune con particulièrement insupportable, oui. Si ça peut vous rassurer, j’ai arrêté de voyager en décapotable rouge avec toute une bande de groupies à mes basques. D’ailleurs, j’ai…

À ce moment là, deux jeunes enfants, un garçon et une fille d’environ trois ans, étaient apparus dans la petite cave en sautillant. Ils se ressemblaient beaucoup, avec leurs cheveux châtains virant vers le roux et leurs yeux noisettes striés de vert.

- Papaaaaaaa, avait fait la fille. C’est fini, le vilain bruit ?
- Oui Silue, avait répondu Régis. Le gentil monsieur que voilà l’a arrêté.

La fillette avait alors seulement remarqué la présence d’Auguste et s’était cachée derrière le garçon, intimidée. Ce dernier en revanche, pas inquiet le moins du monde, avait rigolé en pointant Auguste du doigt.

- Il a une drôle de tête, le vieux monsieur !
- Sammy, sois poli, avait répliqué Régis.

Auguste s’était perdu dans la contemplation des deux bambins avec un regard d’une grande tendresse.

- J’ignorais que tu avais des gosses, avait-il dit à Régis.
- Dans les temps qui courent, et étant donné ma position, c’est pas quelque chose que j’ai crié sur tous les toits. Des jumeaux en plus. Il ne se passe pas un jour sans que je regrette cette folie…

Auguste avait vu ce qu’il voulait dire. Il est certain que quand on était le chef d’une rébellion à un régime tyrannique, et qu’on vivait caché dans une caverne, mettre au monde des enfants n’était pas la meilleure idée qui soit. Ces gamins n’avaient dû rien voir du monde extérieur, et ont sans doute toujours vécu dans la crainte d'être attaqués.

- Mais d’un autre côté, c’est leur existence qui me donne la force de continuer le combat, avait ajouté Régis. Je veux qu’ils vivent dans une région libre, où ils auront le droit de capturer et de faire combattre des Pokémon s’ils le veulent.

Comme Auguste n’avait jamais eu d’enfant - un de ses plus grands regrets - il ne pouvait pas prétendre savoir ce que Régis ressentait, mais il en avait quand même une vague idée. Et c’était ça, plus que tout autre chose, qui avait convaincu Auguste d’aider Kanto Libre, et de les percevoir comme autrement qu’une bande de jeunes fous inconscients. Et puis… finalement, ça le dérangeait un peu, de finir sa vie misérablement, dans l’anonymat, sans avoir rien accompli. C’est ce qu’il dit à Ren, avant d’ajouter :

- Tu es libre de faire ce que tu veux, mon garçon. L’arène n’existe plus, tu n’es donc plus mon disciple.

Le jeune homme balaya la remarque d’un geste de la main.

- J’ose croire que notre lien maître-disciple valait plus que quatre murs et un toit. Une arène, ça se reconstruit. Si vous y allez, j’y vais aussi. Je n’ai personne d’autre, à part vous.

Auguste acquiesça, honoré. Ren était vraiment le fils qu’il n’avait jamais eu… ou petit-fils, plus vraisemblablement. Voir même arrière petit-fils, mais peu importe.

- Dans ce cas, montrons demain ce que savent faire les dresseurs de Pokémon Feu. Tu n’as encore jamais été au Plateau Indigo, je crois ? Il est temps de leur rappeler que la flamme de Sulfura, qui sert de symbole à la Ligue Pokémon, ne s’éteint jamais !


*-*-*-*

Ce monde est absurde.
Dans un état de demi-sommeil, l’Orateur laissait sa conscience vagabonder vers l’immatériel. Vers ce qui a été, et vers ce qui sera.
Ce monde est une cage fermée.
Jadis, avant de porter ce masque, l’Orateur avait été un homme comme les autres, pleins de rêves et d’espoirs. Il avait aimé, il avait détesté, il avait eu des idéaux. Mais il avait fini par se rendre compte que rien de tout cela ne comptait dans ce monde.
Ce monde ne tourne pas rond.
L’Orateur en avait fait l’expérience. Pour illustrer par une métaphore, ce monde n’était qu’en fait qu’un empilement de boîtes, et les humains se contorsionnaient pour essayer d’entrer à tout prix dans une. Ces boîtes définissaient un homme pour toute sa vie durant, et en changer était presque impossible. Ceux qui arrivaient à entrer dans une boîte n’étaient alors plus qu’une brique au sein d’un mur, et ceux qui n’arrivaient pas à s’en trouver une étaient des rebus, des parias qui vivaient en dehors de cette société si mécanique et rigide.

Ce monde est une erreur.
L’Orateur avait été dans une boîte, lui aussi. Il avait pensé, naïvement, avoir réussi sa vie, en avoir trouvé un sens. Illusions. Mensonges que tout cela. Il n’y avait aucun sens à une vie réduite dans une boîte. Alors, l’Orateur avait fini par ouvrir sa boîte. Et au lieu de rester avec les sans-boîte, les rejetés, il avait décidé de détruire toutes les autres boîtes, afin que les humains soient enfin libres. Et si jamais certains voulaient rester dans leurs boîtes, alors ils disparaîtront en même temps qu’elles.
Et moi, je suis celui qui va réparer cette erreur !
L’Orateur, plongé dans ses pensées de conquêtes et de réformes, fut interrompu par l’alarme générale qui résonna de haut en bas dans tous les secteurs du Plateau Indigo. L’Orateur sourit derrière son masque. Ils avaient fait vite. Clément ne tarda pas à arriver, et s’inclina rapidement devant le trône.

- Seigneur…
- Oui, je sais. Les rebelles de Kanto Libre.

L’ancien dresseur psy hocha la tête.

- Environ deux cents Pokémon volants nous sont tombés dessus d’un coup, et provoquent le chaos partout autour de la base en attaquant nos défenses. Dans le même temps, nous avons perdu le contact avec nos hommes qui gardent la Route Victoire. Le reste des forces de K.L y sont probablement, et vont bientôt arriver. Il faut donc placer la majeure partie de nos troupes à sa sortie, et…
- Et c’est précisément ce qu’ils veulent que nous fassions, l’interrompit l’Orateur.
- Seigneur ?
- C’est une diversion. Ils ont éliminé nos hommes à l’entrée de la Route Victoire pour nous faire croire qu’ils sont passés par là. En réalité, le gros de leurs forces arriveront de… par ici.

L’Orateur montré le flanc est du Mont Argenté, à droite du Plateau Indigo sur la carte géante en dessous du sol.

- Par la montagne ? s’étonna Clément. Comment pouvez-vous le savoir ?
- Si Auguste est avec eux, c’est sûrement lui qui s’occupe de la stratégie. Tromper l’adversaire est sa spécialité. Et puis, il a grandi dans le Mont Argenté étant jeune, il doit connaître tous ses accès.

L’Orateur avait été négligeant. Il aurait dû se charger d’Auguste bien avant, ou ne pas s’en charger du tout. La tentative de meurtre n’avait fait que le précipiter dans les bras de K.L. Et si l’Orateur n’avait pas grand-chose à craindre des gamins qui dirigeaient cette rébellion, il se méfiait largement du vieil Auguste.

- Place nos forces en conséquent, ordonna l’Orateur. Détruisez l’essentiel de leur armée, mais n’essayez pas d’empêcher leurs dresseurs d’élite d’entrer ici s’ils veulent. Je les éliminerai moi-même, afin que tout le monde soit témoin, une fois de plus, de ma puissance.
- Bien, ô Orateur, sourit Clément.

Le dirigeant masqué crispa ses mains, qui commencèrent à dégouliner de poison et d’acide au fur et à mesure que son impatience de se battre augmentait.


*-*-*-*

Je suis trop vieux pour ces conneries…
C’était ce que pensait Auguste en ce moment, alors qu’il menait une attaque de Pokémon Vol sur le Quartier Général de l’Orateur, à dos de Sulfura. Qu’il s’occupe de la stratégie était une chose, mais qu’il prenne part lui-même à la bataille, et de plus en première ligne… Mais il fallait bien qu’un dresseur soit en temps réel avec tous ces Pokémon Vol pour les diriger. N’importe qui de plus jeune aurait pu s’en charger bien sûr, mais Sulfura n’acceptait d’être monté que par Auguste et lui seul. S’il avait pris Ren sur son dos la dernière fois, ce n’était qu’en simple passager. Donc Auguste s’y était collé, au grand mécontentement de Ren et au scepticisme affiché de la plupart des rebelles de K.L.

Il est vrai qu’Auguste arrivait à peine à marcher tout seul quelque jours plus tôt, mais étrangement, chevaucher le Pokémon Légendaire qui l’avait toujours inspiré et participer à des combats l’avaient comme fait rajeunir de vingt ans. Au final, son corps n’avait pas été le véritable problème : c’était son esprit et sa motivation qui déteignaient sur son physique. Cette petite escapade aventureuse, voir suicidaire, n’allait pas bien sûr lui faire retrouver son physique de jeune homme, mais il se sentait plus vigoureux qu’il ne l’avait été ces cinq dernières années.

Les défenses anti-aériennes de la base de l’Orateur menaient la vie dure aux Pokémon Vol. Ceux qui pouvaient tirer des attaques spéciales à distance tentaient d’en venir à bout, mais étaient constamment pris pour cible. De plus, la plupart de ces canons ne semblaient avoir personne pour les commander, et étaient donc automatisés. En faisant en sorte de bien s’accrocher au cou de Sulfura, Auguste analysa la situation, puis dit :

- Il nous faut une ligne de défense des Pokémon les plus résistants que nous ayons. Qu’ils encaissent les tirs un moment pour que nos tireurs à l’arrière puisse viser !

Sulfura relaya l’ordre en une série de cris, qui furent de toute évidence parfaitement compris par les autres Pokémon. Pour eux aussi, combattre aux cotés d’un des Oiseaux Légendaires était un honneur. Suivant son ordre, les Pokémon qui se savaient les plus forts en défense et défense spéciale se positionnèrent devant les autres dans la charge suivante. Des Ptera, des Airmure, des Vaututrice, des Scorvol et même un Drattak et un Dracolosse couvrirent les Pokémon plus faibles mais spécialistes des attaques à distance.

Sulfura mena la charge. Il avait beau faire partie de ceux qui attaquaient fort dans le spécial, il ne se souciait aucunement d’être touché, et chacun de ses passages était marqué par une muraille de flammes sur les remparts et les murs du Quartier Général. C’est alors que plusieurs portes de hangar s’ouvrirent, et laissant échapper des dizaines de chasseurs et d’avions de combat, qui prirent immédiatement en charge les Pokémon assaillants. Auguste jura. Le combat allait vite devenir sanglant. Il chercha à tâtons son oreillette et appuya dessus.

- Ils ont fait sortir leurs coucous. On ne pourra pas les harceler plus longtemps. Vous en êtes où ?
- Les charges sont prêtes, répondit la voix de Régis Chen. Explosion dans dix minutes grand max, le temps qu’on se place. Vous êtes vraiment sûr de vous ? Ça va faire s’écrouler toute une partie du Mont Argenté, un éboulement comme on en a jamais vu !
- C’est le but, oui !

Auguste n’escomptait pas s’emparer de la base de l’Orateur par la seule force des armes ou des Pokémon. Mais il avait le Mont Argenté juste à côté, et savait parfaitement où étaient les pans dangereux propices aux éboulements. Pourquoi ne pas en profiter ? Ça le dérangeait un peu d’abîmer le célèbre Plateau Indigo, chef lieu de toutes les générations de dresseurs d’élite de Kanto, mais ces derniers comprendraient. Il valait mieux qu’il soit en ruine plutôt qu’entre les mains d’un tyran anti-dresseur. Même si ce n’était absolument pas le moment, un souvenir revint en tête du vieil homme ; la dernière fois qu’il s’était rendu en ce lieu.



Neuf ans plus tôt…


La cent-trente quatrième édition de la Ligue Indigo s’achevait, avec la remise du trophée au vainqueur, sous les applaudissements du stade entier. Auguste, sur les tribunes officielles réservées aux champions d’arène, applaudit poliment, quoiqu’un peu faiblement. Le vainqueur de cette année était passable. Il avait remporté le tournoi, certes, mais à grand renfort de stratégies déloyales et de coups de chance insolents. Mais il avait gagné, et la victoire était le but ultime de tous les participants du tournoi.

- J’ai l’impression que les gamins d’aujourd’hui sont fichtrement faibles, fit une voix sèche à côté de lui. Ou alors c’est ainsi qu’on le voit avec nos yeux fatigués ?

Auguste se tourna vers sa collègue et vieille amie, la championne d’arène de Jadielle, Agatha. Elle était une dresseuse de la génération d’Auguste ou de Samuel Chen, et était vite parvenue au sommet, en devenant membre du Conseil des 4. Mais au bout d’un moment, elle en avait eu assez, et avait décidé de reprendre l’arène de Jadielle, laissée sans champion depuis le départ de Régis Chen.

- Les temps changent, et avec eux, la façon de se battre des dresseurs, philosopha Auguste. Ce n’est pas à nous de décider si leur façon est mieux ou moins bonne que la nôtre. Les résultats seuls comptent.
- Ah, je les constate souvent, les résultats, ironisa la vieille femme. Le dernier challenger qui a remporté mon badge doit remonter à deux ans.

Ils regardèrent, sur le terrain, le Maître Peter remettre le trophée de la Ligue Pokémon au vainqueur, tandis qu’un autre individu, silencieux comme une ombre, se glissa à leurs côtés.

- Eh bien, vénérables ancêtres, toujours à rouspéter sur les époques qui passent ?
- Tu peux parler toi, répliqua Agatha. Il me semble que tu as gagné encore plus de cheveux gris depuis la dernière fois que l’on s’est vu non ?

Koga, maître ninja et membre du Conseil des 4, sourit négligemment.

- Au moins, il m’en reste encore.
- C’est par choix que je n’en ai plus moi, riposta Auguste à son ancien confrère de Parmanie. Pourquoi tu n’es pas avec Aldo et les autres ?
- Pardonnez à un vieux père de venir prendre des nouvelles de sa fille indigne qui ne vient quasiment jamais le voir.

Auguste jeta un coup d’œil à Jeannine, plus loin dans la tribune, qui discutait avec Erika, la championne de Céladopole. Qu’elle avait poussé, elle aussi. Auguste la connaissait depuis le berceau, mais c’était une femme désormais.

- J’espère que vous avez profité de ce tournoi, reprit Koga. Ce sera peut-être le dernier que nous organiserons, avec les troubles politiques qui se profilent.

En effet, depuis quelques temps, un mystérieux individu masqué se faisant nommer « Orateur » s’était lancé dans une croisade contre le pouvoir en place. L’insécurité avait grandement augmenté dans quasiment toute la région, et avec elle se profilait une crise économique, en plus de la crise politique. Les gens s’intéressaient encore aux combats Pokémon pour oublier un moment tout cela, mais ces troubles avaient même fini par les impacter eux-mêmes.

- Bah, chez moi, c’est toujours aussi calme, répondit Auguste. On se soucie plus du prix de la crème solaire que de la politique, à Cramois’île.
- Eh bien, j’espère pour toit que ça durera. Mais n’oublie pas ceci Auguste : Cramois’île c’est Kanto, et Kanto c’est Cramois’île. Tu ferais peut-être mieux de te préparer à affronter de grands bouleversements dans le futur.
- À mon âge, on ne se soucie plus des « grands bouleversements ». Je laisse les jeunes gérer ça. C’est leur futur qu’ils construisent, et celui de leurs enfants. S’ils pensent que ce mec en tenue de carnaval peut leur apporter mieux que nos politiques actuels, alors je n’ai rien à dire.

Auguste savait que Koga, en fana de l’ordre et de la disciple qu’il était, n’appréciait guère un pseudo révolutionnaire comme cet Orateur, surtout avec le visage caché. Auguste lui n’avait pas vraiment d’avis sur la question. En fait, il s’en fichait un peu. Il continuerait à donner le badge Volcan à ceux qui le méritaient, et ce jusqu’à la fin de ses jours. C’était le seul devoir qu’il avait envers la région.