L'héritage du professeur. de Armadragon

Tiing....tuunnng

Régis s'éveilla doucement. La sonnerie de l'avion lui signalait de remettre sa ceinture de sécurité en vue de l’atterrissage. Il s'exécuta, groggy, encore ensuqué par son sommeil profond.
Il avait rêvé que tout cela n'était pas arrivé, qu'il continuait de travailler paisiblement au laboratoire du professeur Sorbier, qu'il ne devait pas retourner au Bourg-Palette, et surtout...

...que son grand père était encore en vie.

L'avion atterrit, Régis saisit son unique bagage à main et sortit laconiquement de l'avion. Tout les passagers étaient abordés par une hôtesse de l'air et son Rosélia, qui offrait des bons de réduction pour un prochain voyage, avec l'habituelle formule :

-Et merci d'avoir choisi notre compagnie !

Régis regarda le prospectus, la date de validité était courte, mais il n'avait pas l'intention de rester longtemps, juste ce qu'il faut pour régler les formalités. La compagnie leur offrait cette réduction pour dédommager le retard causé par des intempéries de saison.
Aussi bref que soit ce retard, c'est pour cette raison que Régis n'avait pas pu assister aux funérailles de son grand-père. Il ne venait donc au final que pour l'ouverture du testament...

Dans le hall de l'aéroport de Céladopole, il reconnu Délia ainsi que Mr.Mime, ce dernier tenant une pancarte avec l'inscription « Pr.Régis Chen ». Il vint vers eux et fut accueilli chaleureusement. La mère de Sacha avait plutôt bien vieilli, ses cheveux désormais blancs encadraient toujours son regard doux. Mr.Mime lui aussi accusait le poids des années, des rides parsemaient son visage éternellement souriant, et son dos était voûté, mais il semblait avoir gardé la même énergie qu'il y a 20 ans...

-Tout va bien Régis ? Tu as fait bon voyage ?

-Oui madame...JE suis désolé de ne pas avoir pu venir plus tôt...

-Je t'en prie, appelle moi Délia ! Et pour les funérailles ne t'en fait pas, ce n'est pas de ta faute si tu es arrivé en retard...

Régis gardait un air gêné, a vrai dire, ce n'est pas envers Délia qu'il se sentait coupable... Devant son air contrit, Mr.Mime lui proposa de prendre son sac. Régis le laissa faire, et il montèrent de la Jeep de Délia, en direction pour le Bourg-Palette, ville qu'il n'avait pas vue depuis 20 ans...

-Au fait ! Félicitations pour ton diplôme ! Tu es désormais un vrai Professeur pokémon ! Ton grand-père était fou de joie quand il a appris la nouvelle !

-Oui...j’imagine...

Imaginer sa réaction est bien la seule chose que Régis pouvait faire...Cela faisait 2 ans qu'il avait eut sa certification, et pourtant il n'avait jamais appelé son grand-père pour lui apprendre la nouvelle, remettant la chose à plus tard, trop concentré sur son travaille... Le vieux professeur Chen l'avait donc sûrement appris via un collègue...

Arrivé en ville le soir était déjà là...il devrait donc attendre le lendemain pour voir le notaire à Jadielle, pour l'ouverture du testament, et repartir. Délia lui proposa de rester chez elle le temps qu'il lui faudra, et, las de faire des trajets, Régis accepta chaleureusement.
Il aida donc Mr.Mime à mettre la table, il mirent un couvert de plus car Jacky aller les rejoindre pour dîner.

On entendit sonner à la porte. Et après que Mr.Mime l'eut ouverte, Jacky fit son arrivée. Il avait bien changé au cours des 20 dernières années. Ces derniers temps il s’occuper de presque tout les nombreux pokémons du laboratoire, et avait donc une carrure de force de la nature, avec des bras énormes. Ses longs cheveux bruns étaient retenus par un catogan, tandis qu'il s'était laissé poussé une barbe brune bien fournie.

-RÉGIS !

A peine l'eut il vu qu'il l'empoigna et le serra fort dans ses bras. Régis s’étouffa presque. Sa carrure à lui était devenu chétive, due à ses longues journée passé dans un laboratoire à travailler des jours et nuits entières n'ingurgitant que de la caféine. Il se fit alors la remarque que refaire un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal.
Jacky finit enfin par le poser au sol avant que Régis ne finisse bleu.

-Cela me fait tellement plaisir de te voir !

-Moi aussi Jacky moi aussi...

-C'est vraiment une chance que...enfin pas que le professeur Chen soit mort... mais que tu sois là pour le...enfin ne va pas croire que..

-Ça va Jacky j'ai compris, ne t'en fais pas.

Le pauvre Jacky confus, se clama, et bientôt il passèrent à table. Comme dans ses souvenirs, la cuisine de Délia était excellente...à moins que ce soit celle de Mr.Mime ?

-Tu compte aller te recueillir sur sa tombe, demain matin ? Demanda Jacky à brûle pourpoint.

Surpris par la question pour le moins abrupte, Régis faillit en recracher sa gorgée de vin par les naseaux. Avec une certaine culpabilité il se rendit compte qu'il avait complètement oublié cette partie de son emploi du temps.

-Hé bien...oui j’imagine que j'aurai le temps d'y passer demain ...

-Tu veux dire que nous allions à Jadielle ?

-Comment ça ?

Alors Jacky expliqua un peu gêné que lui aussi figurait sur le testament du professeur, ou du moins suffisamment pour être convoqué par le notaire. Cela n'étonna pas Régis outre mesure, après tout ces ces dernières années, Jacky s’occupait autant des pokémons que du professeur, l'aidant dans son âge avancé. D'ailleurs son grand-père lui avait sûrement légué le laboratoire, à juste titre.
Enfin, cela ne l'avait pas empêché de mourir dans son sommeil d'une attaque. Lorsque Jacky s'en était rendu compte, il n'avait rien pu faire, apparemment, le vieil homme n'avait pas souffert...mais néanmoins il était bel et bien mort.
D'après Jacky pendant une semaine entière, tout les pokémons du laboratoires avait refusé de s'alimenter. Comme si ils marquaient le deuil à leur manière. D'ailleurs, étrangement, ils se remirent à agir correctement, dès que le professeur fut mit en terre.
Lors des funérailles, beaucoup de gens étaient présent, Sacha, Ondine, Pierre...tout les dresseurs que le professeur Chen suivait, ou avait suivi en un mot, tout le Bourg palette était venu lui rendre hommage...hormis Régis. Mais là encore, Jacky lui assura que tout le monde comprenait les raisons de son absence, et personne ne lui en avait tenu rigueur.

-Tout le monde hein ?... Pensa Régis en se couchant dans le lit qui fut autrefois celui de Sacha. Il en doutait légèrement. Puis il ferma les yeux, espérant ne pas voir le regard courroucé de son grand-père dans son sommeil.

…

Après un petit déjeuner frugal, Régis monta avec Délia dans la jeep, en direction du laboratoire. Elle s'était proposée de les conduire, lui et Jacky vers Jadielle, ayant elle même quelques courses à faire dans la grande ville la plus proche.

Arrivé devant le laboratoire, il se mirent à attendre Jacky. Régis fut alors stupéfait de la manière dont le laboratoire n'avait pas changé d'un pouce au cours de ses 20 dernières années. Il eut la sensation que si il passait cette porte, son grand-père serait là pour l’accueillir avec un poème et une histoire sur les pokémons. Mais quand bien même la nostalgie était forte, il savait très bien que cette époque était révolue.

Enfin Jacky fit son apparition. Ni Délia, ni Régis ne firent de commentaires sur son manque de ponctualité. C'est vrai que son travail au laboratoire était devenu de plus en plus exigeant ses derniers temps, et il n'était plus vraiment maître de son temps. Et de plus, Régis se voyait mal faire un reproche à l'homme qui avait faillit lui briser la colonne vertébrale la veille.

Une fois à Jadielle, Délia les déposa devant le bureau du notaire, repartant vers le centre commercial le plus proche. Le bâtiment, assez imposant, était un complexe comprenant notaires et avocats. Jacky et lui s'y engagèrent, et se présentèrent à l’accueil.

-Ah oui ! Le professeur Chen !

-En réalité, je suis son petit-fils... corrigea Régis.

-Mais...vous vous appelez bien Régis Chen ? Et vous êtes professeur pokémon non ?

Régis réalisa alors que oui...cela faisait bien de lui le professeur Chen désormais...tout cela était pour le moins...perturbant...

On leur indique une salle d'attente, et lui et Régis s'installèrent le temps que le client précédent finisse son rendez-vous.
Alors que Régis commençait à s'impatienter, la porte s'ouvrit. Un vieil dans un costume hors de prix sortit alors de la pièce. Il était vieilli, arc-bouté sur sa canne, mais Régis était pourtant sûr l'avoir déjà vu...son regard avait quelque chose de hautain et cruel...mais il n'arrivait pas à se souvenir de qui il s'agissait.

-Pousse toi morveux... fit il sans ménagement.

Régis s’exécuta. Cela faisait bien 20 ans que plus personne ne l'avait appelé comme cela.

-Professeur Chen ! Veillez entrer je vous prie.

Jacky et Régis entrèrent donc. Le bureau était vaste et bien meublé. Siégeant derrière le bureau se tenait une jeune femme à lunettes, qui semblait préoccupée par un dossier en cours, n'en levant même pas les yeux pour les accueillir. Sur le bureau trônait un chevalet porte-nom en métal sur lequel était gravé « Maître Maria GIOVANNI »
Régis toussota légèrement et elle sembla enfin remarquer leur présence.

-Oh, veillez m'excuser, asseyez vous. Voyez vous je suis l'avocate de votre prédécesseur, et son cas est pour le moins...complexe.

Régis retînt sa curiosité, sachant pertinemment qu'il ne pouvait en savoir plus du fait du secret professionnel.

-Bon, alors, au sujet du testament de votre grand-père... Oh ! Toute mes condoléances au fait...

-Merci...vous disiez donc, au sujet du testament ?

-Oui alors en substance il dit la chose suivante :
Si, moi, le Professeur Chen venait à mourir dans quelques circonstances que ce soit je souhaite léguer mes biens de la manière suivante.
A mon fidèle assistant Jacky, je lègue l'ensemble de mon œuvre de poésie ainsi que tout les royalties de mes œuvres publiées. Je sais qu'un artiste tel que lui saura en faire bon usage...
La notaire s'interrompit face à la réaction de deux hommes. Régis se retenait de pouffer et Jacky avait les yeux presque exorbités. Les poèmes du professeur Chen étaient, certes, pléthoriques, mais ne constituaient pas un richesse en soi...Quant au royalties, hé bien peut-être qu'un jour les recueils du professeur se vendront mais pour le moment...
Enfin, cela devait être suffisamment important au professeur pour figuré sur son testament...

-Je continue ? Demanda la notaire visiblement un peu irritée.

Quant à mon petit-fils, Régis, je lui lègue mon laboratoire, ainsi que tout ce qui va avec. Je sais que entant que professeur pokémon il saura en faire bon usage.
-C'est tout ? Fit Régis un peu surpris.

-C'est tout. Enfin c'est déjà pas mal si vous voulez mon avis.

-Mais...pour le reste de ses bien ?

-Justement, j'allais y venir, votre grand-père ne vous a pas léguer que des biens, il avait aussi un assez grand nombre de dettes.

-Que voulez-vous dire ?

-Hé bien...entre l'entretien du laboratoire et de ses pokémons ainsi que les divers emprunt pour l’équiper en matériel dernier cri, et les éditeurs pour publier ses poèmes... il a engagé une dette qui s'élève à environ...5 millions de pokédollars.

Régis et Jacky furent si surpris qu'il ne savait pas quoi dire. Son grand-père était certe un poète mais certainement pas un bon gestionnaire.
-Jacky...tu...tu étais au courant ?

-Je t'assures Régis que je n'en savais rien.

-Mais...et le reste de ses biens, ne peut on pas les vendre pour éponger la dette ?

-Si...je m'en suis déjà occupé. Fit la notaire.

-Et alors ?

-Hé bien, une fois l’imposition sur la succession et mes honoraires retranchés, il reste de quoi payer environ 1 million avec les diverses assurances vie et bien vendus. Il vous reste donc à payer 4 millions de pokédollars.

-Mais...mais je n'ai pas une telle somme !

-Ne vous en faîtes pas, vous avec un délai pour vous en charger, mais je vous conseil de vous y prendre au plus vite...

Soudain Régis eût une idée.

-Et le laboratoire, on ne peut pas le vendre ?

La notaire et Jacky le regardèrent un peu choqué.

-Vous...vous voulez vendre le laboratoire de votre grand-père ?

-Pourquoi pas ? Vous l'avez dit vous même, il est à la pointe, et j'ai déjà un travail qui me convient parfaitement à Sinnoh. Je n'ai aucunement besoin de cet immense complexe.

La notaire sembla réfléchir un temps.

-Heu..oui c'est possible, mais il va falloir du temps pour trouver un acheteur prêt à payer 4 millions de pokédollars pour cela...mais oui je eux vous mettre en relation avec divers promoteurs.

-Parfait ! On fait comme ça alors !

-C'est vous qui décidez Pr.Chen.

Sur ce Régis et Jacky sortirent du bureau. Décidément Régis ne se ferait jamais à ce titre.

Une fois à l'extérieur, Jacky et Régis se mirent à attendre Délia, censée les retrouver sur le parking.

-Tu sais Régis...je ne sais pas si vendre le laboratoire est une bonne idée ?

-Ah oui ? Et tu en vois une meilleure ? Je me retrouve avec un laboratoire dont je n'ai pas le besoin sur le dos, et une dette de 4 millions à rembourser ! Je suis désolé mais en vendant je me débarrasse de deux gros boulets !

-Si tu le dis...

Jacky semblait perplexe, mais il devait admettre que la situation était pour le moins complexe... et puis désormais le laboratoire appartenait à Régis, il pouvait en faire ce qu'il voulait.
Ils passèrent le reste l'après-midi à Jadielle. Sur le chemin du retour, alors que le soleil déclinait, ils s'arrêtèrent au cimetière, afin que Régis puisse ce recueillir sur la tombe de son grand-père.

Une fois sur place, il s'était mit à pleuvoir. Sortant les parapluies, Délia lui indiqua comment trouver la pierre tombale. Elle et Régis préférant le laisser seul pour un tel moment. Régis était plutôt d'accord d'ailleurs.
Après quelques errances dans ce cimetière, Régis finit part trouver la pierre tombale. Elle était modeste, mais son aspect récent lai faisait ressortir par rapport aux autres, tout comme les fleurs déposées récemment.
En guise d'épitaphe, un des poèmes du professeur était gravé sur le granit poli de la pierre.

''Couvert de Papilusions
L'arbre mort
Est en fleurs !'
Régis passa sur l'aspect un peu niais d'un tel poème. A cet instant il pensait surtout qu'il devait avoir bine déçu son grand-père pour qu'il lui ai légué un tel cadeau. Lui faisait-il payer son absence pendant toutes ces années ? Ou bien avait juste voulu lui donner une dernière leçon ?
Toujours est il que Régis se sentait en colère, contre son grand-père certes, mais surtout contre lui même. Et comme pour appuyer ses propose, c'est comme si le visage du vieil homme apparaissait sur la pierre tombale. Il pouvait voir ses traits dur le juger comme le jeune dresseur arrogant qu'il était.
Face à une telle apparition son esprit cartésien lui indiqua qu'il était temps de rentrer au Bourg-palette.

Mais ce que Régis ignorait, c'était qu'en réalité il s'agissait de son propre reflet sur la pierre de granit polie, luisante et de pluie.