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Les douze tableaux de Jaune de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 05/10/2018 à 00:58
» Dernière mise à jour le 05/10/2018 à 00:58

» Mots-clés :   Aventure   Kanto   Mythologie   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de personnages du manga

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Esquisse – Jeunesse dorée
Le soleil couchant semblait s’évanouir derrière la mer azurée, diaprant tout Kanto de ses chatoyantes couleurs.

Pleurant la mort de l’astre safran aux reflets orangés, les nuées incarnadines bordées de parme l’enveloppaient dans un dernier soupir. La sphère de feu, devenue cramoisie, se consuma alors, ne laissant qu’une flamboyante aura carmine derrière elle. Ainsi s’acheva le sempiternel rituel de l’étoile des jours, condamnée à renaître éternellement.

Le phénix du jour laissa humblement sa place à la sélène déesse de la nuit qui, bientôt, illumina le monde de ses blanches couleurs. La belle lune se mit alors à recouvrir les arbres céladon et les prairies de jade de sa douce lueur argentée, tandis que les nuées dispersées sur le ciel indigo recouvraient une mystique teinte lavande.

Autant de magnifiques couleurs que tout peintre rêverait d’ajouter à sa palette. Et la jeune femme qui observait en silence ce spectacle de la nature ne faisait pas exception. Elle se sentait encore plus petite que d’ordinaire face à l’immensité du monde qui lui faisait face. Mais, outre ce sentiment, elle demeurait sereine. Oui, son esprit était absolument paisible. Et pour cause…

Elle était enfin de retour.

En effet, cela faisait près de vingt ans que la jeune femme n’avait pas arpenté les routes de sa région natale. De nombreuses aventures l’avaient amenée, alors qu’elle n’avait que douze ans, jusqu’à la proche région de Johto. Trois ans plus tard, après un rapide retour à Kanto, elle s’était ensuite retrouvée, bon gré mal gré, à Hoenn.

À la suite de toutes ces péripéties, ses amis avaient organisé un tournoi Pokémon, auquel elle avait pris part. C’était sans surprise qu’elle avait perdu, car beaucoup de ses camarades étaient des dresseurs d’exception, avec qui elle ne pouvait rivaliser. Mais elle n’aimait pas vraiment les combats Pokémon. Elle l’avait réalisé à ce moment-là.

La jeune femme avait alors cherché sa voie. Que voulait-elle faire de sa vie ? Comment voulait-elle que le nom de « Jaune de la Forêt de Jade » soit retenu par l’Histoire ? Si ce n’était pas en tant que dresseuse Pokémon, alors elle s’illustrerait dans un autre domaine. Et, justement, il se trouvait qu’elle aimait beaucoup dessiner, de même que les arts en général.

Mais ses gribouillis d’enfant peu travaillés étaient bien loin de lui convenir. Elle voulait s’améliorer, et devenir une véritable artiste. Pour cela, elle devait s’inspirer des plus grands. Cependant, à Kanto… Il n’y avait rien de tel. Pas d’artistes. Si Jaune espérait un jour voir son nom reconnu dans la communauté artistique, il lui faudrait chercher ailleurs. C’était la raison pour laquelle elle voulut s’envoler de chez elle : pour cultiver son âme d’artiste.

Malheureusement, la jeune femme n’était pas assez fortunée pour voyager autant que l’exigeait son projet. Mais c’était sans compter la dette que sa région natale avait envers elle. En effet, Jaune, avec l’aide de ses amis, avait enrayé la lourde menace que constituait le conseil 4 de Kanto, en plus d’avoir vaincu la Team Rocket plus d’une fois.

Pour remercier les sauveurs de leur belle région, les champions de l’Alliance Pokémon avaient alors autorisé les jeunes héros à voyager gratuitement à bord de l’Océane – un bateau de croisière faisant escale dans toutes les régions du monde – où et quand ils le souhaitaient. Ce fut ce merveilleux présent qui permit à Jaune de découvrir le vaste monde et ses horizons artistiques.

Durant ses pérégrinations, Jaune rencontra d’innombrables âmes d’artistes, qui l’inspirèrent et lui enseignèrent tout ce qu’elles savaient. Elle découvrit bien des formes d’art, mais s’intéressa tout particulièrement au dessin et à la peinture. Ainsi, elle se lia d’amitié avec Artie, un champion d’Unys qui réalisait d’audacieuses toiles colorées, et avec Oléa, une capitaine d’Alola aussi flegmatique que talentueuse – autant en combat Pokémon qu’en peinture.

Et ce soir-là, sur le pont de l’immense paquebot, alors que le soleil couchant illuminait une dernière fois ses cheveux blonds et se reflétait dans ses yeux mordorés, embrasant tout Carmin sur Mer, la jeune femme revenait à Kanto, après un très long voyage d’apprentissage.

*
Le matin apportait ses premières couleurs, et le phénix des jours renaissait une fois de plus. Dès la première aurore, il vint chatouiller le visage de Jaune de ses rayons dorés si chaleureux. Celle-ci était encore assoupie, les paupières closes d’un sommeil profond et serein.

Jadis si juvénile, son portrait était désormais celui d’une jeune adulte dans la fleur de l’âge. Ses joues rebondies d’enfant avaient laissé place à de saillantes pommettes roses, et elle prenait grand soin de sa chevelure blonde et lisse. D’un éclatant jaune Pikachu, ses cheveux étaient désormais bien plus longs, et elle ne prenait plus la peine de les cacher sous son chapeau de paille. Elle avait cependant conservé l’habitude de les nouer en queue-de-Ponyta, en prenant soin de laisser sa frange ébouriffée habiller le côté droit de son front.

Titillées par l’insistant soleil, ses paupières finirent par s’ouvrir doucement, révélant au monde ses grands yeux bruns, encadrés par ses fins sourcils arqués. Instinctivement, la jeune femme réagit à ce réveil – un peu trop – matinal par un gémissement, et leva son bras pour faire de l’ombre à ses yeux agressés.

Puis, lorsque son regard se fut habitué à la clarté environnante, la jeune femme se redressa dans son lit et étira chaque membre de son corps menu en bâillant. En effet, s’il y avait une caractéristique qui rattachait encore la jeune Jaune à son passé, c’était bien sa taille : même si les années lui avaient permis de dépasser le mètre cinquante, elle demeurait petite. Mais cela ne la dérangeait pas.

La jeune femme regarda tout autour d’elle. Jaune se trouvait dans une chambre simple et plutôt exiguë, aux murs blancs écaillés, qui avait pour seul mobilier une petite commode en bois de chêne et le lit dans lequel elle se trouvait, fait du même bois. La pièce, tout en longueur, présentait deux portes, à l’opposé l’une de l’autre. Quant à la lumière qui avait réveillé Jaune, elle provenait d’une unique fenêtre située face au lit – elle avait oublié d’en baisser le store.

Ne reconnaissant pas du tout l’endroit, elle essaya de se remémorer ce qu’elle avait fait la veille. Ah oui, c’est vrai, elle était rentrée à Kanto ! Elle était arrivée au port de Carmin sur Mer à bord de l’Océane, puis elle s’était trouvé une chambre dans une auberge bon marché, qu’elle avait payée grâce à ses maigres économies. Puis elle s’était écroulée sur le lit, exténuée.

L’esprit un peu plus clair désormais, Jaune se dirigea alors vers sa besace – qu’elle avait posée sur la commode – sur laquelle était posée sa ceinture. Celle-ci, très pratique, lui permettait de transporter ses Poké Balls. Elle retira alors ces dernières de leur étui et les aligna sur la moquette vert-jaune un brin usée. Elle voulait vérifier que ses Pokémon allaient tous bien. C’était en effet le cas, puisqu’ils dormaient tous à poings fermés. Attendrie, Jaune contempla quelques instants ses Pokémon endormis à travers leurs capsules bicolores, avant de ranger ces dernières dans sa besace.

Puis elle en retira de quoi s’habiller : des sous-vêtements, un t-shirt à col roulé noir, un long gilet sans manches beige en laine de Wattouat et des chaussettes blanches. Elle récupéra ensuite son jean de la veille, posé sur la commode, et ses bottes marron qui gisaient non loin sur le sol. Puis elle posa le tout sur le lit – à l’exception des bottes – et ôta précipitamment son pyjama vert clair.

Enfin, elle se munit de sa trousse de toilette et se rua vers la petite porte du fond, qui menait à la salle de bain, pour prendre une douche bien fraîche. Cela n’était pas de refus avant d’aller sillonner les rues de Kanto, comme au bon vieux temps !

*
Une heure plus tard, Jaune quittait la petite auberge, après avoir avalé un frugal petit-déjeuner. Un large sourire sur le visage, elle était plus que prête à repartir sur les routes de sa région natale. Qu’est-ce qu’elle avait hâte ! Elle était tellement enthousiaste qu’elle ne savait même pas par où commencer.

Son objectif était pourtant simple : elle voulait redécouvrir Kanto après toutes ses années d’absence. Elle était certaine qu’il y avait une beauté cachée – et résolument artistique – dans cette région aux noms de villes si colorés. Et elle comptait bien le prouver ! La jeune artiste s’était promis de peindre un tableau de chaque événement inspirant qu’elle rencontrerait sur son chemin.

Une fois tous ses peintures achevées, elle comptait organiser sa propre exposition d’art. Son rêve était de devenir la toute première artiste kantoïte de l’Histoire de l’Art. Mais pas seulement. L’exposition de ses tableaux serait également un moyen de prouver au monde entier à quel point la région de Kanto était magnifique.

En effet, durant ses voyages à l’étranger, elle avait constaté – avec peine – que Kanto n’était absolument pas représentée dans l’Art, et encore moins dans la seule peinture. Quel désarroi cela fut pour Jaune de constater qu’aucun des époustouflants chefs-d’œuvre du musée d’Illumis – capitale de Kalos – n’était à la gloire de son pays natal ! C’était à ce moment-là qu’elle avait eu le dessein de faire un jour justice à la fière Kanto, lorsqu’elle aurait atteint une certaine maîtrise de son art.

Et ce jour était arrivé.

Jaune était si impatiente à l’idée de peindre ! Malheureusement, elle avait dû réfréner ses envies et se résoudre à envoyer son matériel de peinture par colis chez elle, à Jadielle. En effet, peindre sur les routes pouvait sembler attrayant, mais cela posait de nombreux problèmes techniques que Jaune préférait éviter, tels que les intempéries, le temps de séchage des peintures et le manque de moyens pour transporter les toiles – une fois celles-ci peintes – sans les abîmer, entre autres.

C’était donc la raison pour laquelle elle n’avait dans son sac à dos qu’une quinzaine de petites toiles vierges, ses fidèles crayons et son appareil photo – pour immortaliser tout ce qui lui semblait inspirant. Ainsi, elle se bornerait à crayonner ses toiles sur le moment, et ne les peindrait dans son atelier qu’à la fin de ses pérégrinations. C’était peut-être moins champêtre, mais bien plus raisonnable.

Ne tenant plus en place, Jaune se mit à farfouiller la besace marron qu’elle portait en bandoulière. C’était un peu son fourre-tout : elle y avait mis des habits, des vivres, ses économies… et sa carte de Kanto. Elle connaissait évidemment la région comme sa poche ; elle consulta cette dernière plus pour se choisir une destination que pour véritablement s’orienter.

Elle inspecta rapidement les différents lieux : lequel choisir ? Elle se trouvait actuellement à Carmin sur Mer, une ville portuaire située plus ou moins au centre de Kanto, ce qui était pratique quand, comme elle, on ne savait pas vers où se diriger.

Après avoir minutieusement fait le tour de la carte, ses yeux s’arrêtèrent naturellement sur Safrania, la mégapole située au nord de Carmin sur Mer. C’était une grande ville où dominaient – du moins, dans les souvenirs de Jaune – de belles nuances dorées qui apporteraient très probablement à Jaune l’inspiration pour un magnifique tableau.

Mais si le regard de Jaune s’était arrêté sur cette ville-là plutôt qu’une autre, c’était surtout parce que son amie d’enfance Verte lui avait confié que c’était désormais là qu’elle résidait. Jaune n’avait dit à aucun de ses amis qu’elle était revenue. Et pour cause, elle voulait leur faire la surprise à tous.

C’était décidé. Elle irait à Safrania rendre visite à Verte. Elle avait vraiment hâte de la revoir. De tous les revoir. Elle ne put s’empêcher de se demander si elle lui avait un peu manqué, à lui aussi… Mais elle chassa bien vite cette pensée en secouant la tête, et détacha l’une de ses Poké Balls de sa ceinture.

En général, lorsque la jeune femme voulait se rendre dans un endroit éloigné, elle faisait appel à son Papilusion, Chenipou, pour qu’il la transporte en volant. Cependant, pour un trajet aussi court que celui-là, Jaune préférait éviter de fatiguer le pauvre petit Pokémon inutilement, d’autant plus qu’elle n’avait plus le corps de ses douze ans. Et puis, de toute façon, après tout, la jeune femme était là pour voir du pays !

Elle sollicita donc plutôt l’aide de son robuste Dodrio, Dodounet. Le volatile brun à trois têtes apparut dans un éclair blanc face à sa dresseuse, l’air ravi. Celle-ci lui fit quelques caresses avant de l’enfourcher et de déclarer : « En avant, Dodounet ! Que l’aventure commence ! Direction : la route 6 ! ».