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La dernière éruption de Onanar



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» Auteur : Onanar - Voir le profil
» Créé le 04/10/2018 à 17:31
» Dernière mise à jour le 30/10/2018 à 16:55

» Mots-clés :   Guerre   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life

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Chapitre 2 : Kanto Libre
Faute de n’avoir rien à faire et de ne plus trop pouvoir bouger, Auguste passait la plupart de ses journées sur le terrain de son arène, truffé de roches volcaniques, de portes magnétiques qui ne s’ouvraient qu’en donnant la réponse à des devinettes, et même deux bacs de lave qu’il avait fait creuser exprès, pour donner un aspect encore plus « Pokémon Feu » aux lieux. D’ailleurs, certains Pokémon y vivaient. Ceux d’Auguste, parfois, et surtout des Pokémon sauvages du volcan que le champion avait apprivoisés, comme des Limagma ou des Magby. Il aimait bien les regarder jouer à l’intérieur, baignant dans la lave comme s’il s’agissait d’une simple piscine.

Cette arène, c’était la quatrième version, rien de moins. Sa première arène n’avait été composée que de portes à énigmes, toutes gardées par un dresseur. Auguste l’avait lui-même fermée quand la cohabitation avec les touristes de plus en plus nombreux était devenue insupportable. Alors Auguste en avait ouvert une autre, cachée, carrément dans le volcan, où seuls de véritables dresseurs motivés étaient invités. Puis l’éruption avait eu lieu, détruisant en grande partie l’île. Auguste avait alors déménagé dans les Iles Ecumes, où il était resté le temps nécessaire jusqu’à que la ville soit reconstruite. Malgré ces fermetures incessantes, Auguste n’avait jamais eu l’idée d’abandonner son arène. Il ne vivait plus que pour elle. Elle était son foyer et son héritage.

L’arène Feu de Cramois’île avait survécu à bien des choses, mais Auguste ne pensait pas qu’elle lui survivrait à lui. Ren était un brave garçon, loyal et consciencieux, mais il ne pourrait rien faire contre les lois tyranniques de l’Orateur et ses milices personnelles. Pour sa sécurité, voir même pour sa survie, il devrait l’abandonner à la mort d’Auguste, et partir refaire sa vie ailleurs. À l’heure actuelle, Auguste ne voyait pas d’avenir dans le dressage de Pokémon. Il avait beau attendre chaque jour sur le terrain de combat de son arène, attendre un challenger qui viendrait le défier pour tenter de remporter le badge, personne ne venait plus, à part bien sûr les laquais de l’Orateur pour l’intimider et le forcer à fermer l’arène de lui-même. Mais encore une fois, c’était sa fierté qui le faisait agir ainsi. Il resterait fidèle au poste, en tant que Champion. Car si jamais, par miracle, un dresseur venait un jour le défier et qu’il n’officiait plus alors, ce serait un immense déshonneur pour lui, l’arène et le badge volcan.

Alors qu’il était plongé dans ses mornes pensées, le regard fixant le magma en fusion d’un de ses bacs, la grande porte en pierre de l’arène s’ouvrit. Auguste en resta coi un moment. Ni lui ni Ren n’utilisaient cette porte pour rentrer ; elle était lourde, peu commode et faisait un boucan d’enfer. C’était la porte par laquelle on faisait rentrer les challengers, pour le décorum. Cela voudrait-il dire… que quelqu’un était enfin venu le défier ? Auguste, fébrile, se leva difficilement, en s’appuyant lourdement sur sa canne en forme de point d’interrogation. Mais personne ne semblait entrer. Ren, qui s’était trouvé dans la cuisine à côté et qui avait entendu le bruit de l’ouverture, arriva en courant et avait en main une de ses Pokéballs, comme s’il craignait une attaque.

- Qui va là ?! cria-t-il.

Il n’était pas exclu que ce soient les miliciens de l’Orateur qui venaient encore troubler leur tranquillité, même s’ils n’avaient encore jamais osé venir au grand jour, et surtout en passant par la grande porte. Aux aguets, Ren ne remarqua toutefois pas la silhouette sombre qui se matérialisa juste derrière lui, apparemment tombée du plafond, jusqu’à que cette dernière brise le silence.

- Tu fais un bien piètre chien de garde, mon garçon. J’aurais pu rester cachée dans l’ombre et attendre le bon moment pour tuer ton maître, si j’étais l’un des sbires de l’Orateur.

Ren sursauta et tenta d’atteindre l’intrus derrière lui d’un balayage de bras. Mais la silhouette, rapide et agile, bougea à une telle vitesse qu’on avait l’impression qu’elle s’était carrément téléportée. Puis elle se tourna vers Auguste, qui s’était rassis d’un air amusé en reconnaissant son visiteur.

- Vous feriez mieux d’investir dans quelques gardes du corps shinobi plutôt que dans la pierre volcanique, mon oncle.

Celle qui appelait Auguste « mon oncle » était une jeune femme proche de la quarantaine, qui portait toute la panoplie du ninja, de leurs collants moulants jusqu’au foulard qui flottait au vent à chaque déplacement. Jeannine n’était pas réellement la nièce d’Auguste, mais elle l’appelait ainsi depuis toute petite, car son père avait été un grand ami du champion de feu. Aujourd’hui, Jeannine était la seule championne de Kanto qui avait conservé son arène par défi envers l’Orateur.

Fille unique du grand Koga, l’ancien champion de Parmanie passé au Conseil des 4, Jeannine prenait très à cœur de s’entraîner autant que ses Pokémon. Héritière d’une vieille lignée de ninja, elle maîtrisait nombre de techniques qui de nos jours auraient pu s’apparenter à de la magie, comme sa vitesse surhumaine, sa furtivité, ou encore sa capacité à créer des images rémanentes d’elle-même, comme l’attaque Reflet des Pokémon.

- Jeannine… Que viens-tu faire sur cette île oubliée à part troubler les derniers jours d’un vieil homme… et tenter de provoquer une crise cardiaque à son jeune disciple ?

Le jeune disciple en question, toujours sous le choc, se tenait à distance respectable de la championne poison. Il avait bien sûr entendu parler de Jeannine de Parmanie, mais sans jamais l’avoir rencontrée. Et maintenant, il la regardait comme si elle était tout droit sortie de l’asile. Il fallait dire que, de nos jours, croiser des ninja n’était pas chose commune.

- Je venais vous prévenir, mon oncle, déclara Jeannine. Je viens de fermer l’arène de Parmanie.

Auguste hocha la tête, guère étonné, un peu triste, mais aussi soulagé, en quelque sorte. Il n’aurait jamais pensé que la fière Jeannine mette son honneur de côté pour protéger sa propre vie. Bah, tant mieux après tout. Contrairement à Auguste, elle était encore jeune et avait la vie devant elle.

- Je vois. C’est une sage décision. Les arènes auront tout loisir de rouvrir quand l’Orateur ne sera plus là.

La ninja prit un air offensé.

- Je ne l’ai pas fermée pour ma sécurité, oncle Auguste, protesta-t-elle. Mais parce que mes activités dans K.L occupent la plupart de mon temps.
- K.L… toi ? fit Auguste, affligé.

K.L, acronyme de Kanto Libre, était un groupuscule illégal qui rassemblait les opposants à l’Orateur prêts à en découdre. Leur but était de renverser l’Orateur et son gouvernement pour rétablir le mode de vie d’avant son arrivée. La plupart des membres étaient des dresseurs de Pokémon, n’ayant pas accepté le mépris de l’Orateur pour leur passion. Nul ne connaissait la taille réelle de ce groupe rebelle, et le gouvernement avait rarement réussi à en attraper un en vie. K.L semblait assez bien organisé. Mais Auguste ne les aimait pas pour autant. En soi, renverser l’Orateur était un but appréciable, mais K.L n’hésitait pas à user de méthodes très proches de ceux des terroristes, et avait fauché plus d’une fois, durant ses actions, la vie de personnes innocentes.

- Oui, moi, confirma Jeannine.
- Depuis combien de temps ? soupira Auguste.
- Depuis le début. Vous croyiez que j’allais bien gentiment entrer dans le rang après que ce chien de tyran ait fait disparaître mon père ?!

Auguste se traita d’imbécile pour avoir été si surpris. En effet, ce n’était guère étonnant de la part de Jeannine. Son père, Koga, avait été l’un des principaux opposants de l’Orateur à ses débuts. Sa disparition - qui était très probablement un assassinat politique - avait bien évidement dû provoquer une grande rancœur en Jeannine, et un désir de vengeance légitime. Les ninja avaient un code d’honneur très strict. De plus, du fait de ses étonnantes capacités, Jeannine était tout à fait indiquée pour participer aux diverses missions de K.L, de l’infiltration à l’assassinat.

- Je ne vais pas tenter de t’y faire renoncer, mais si peux me permettre, jeune dame, se battre aux cotés de K.L est encore plus stupide que laisser son arène ouverte, commenta néanmoins le vieil homme.

Jeannine eut un geste agacé de la main, comme si elle chassait un insecte inopportun.

- Vous pensez qu’il suffit d’attendre pour que l’on retrouve notre liberté. Mais avez-vous seulement pensé au fait que l’Orateur n’est pas un homme comme les autres ? Il est doté, selon les rumeurs, de capacités et de pouvoirs surnaturels. Il a bien réussi à vaincre Peter Lance, le maître dragon, sans aucun Pokémon. Peut-être n’est-il même pas humain ? Peut-être est-il immunisé contre la mort de vieillesse ? Et même s’il venait un jour à périr, il trouvera bien quelqu’un dans son gouvernement fantoche pour reprendre sa place en même temps que son masque, et Kanto sera partie pour des siècles de tyrannie. Non, mon oncle. Si on veut retrouver notre liberté, notre droit d’interagir avec les Pokémon comme nous l’avons toujours fait, il nous faut nous battre. Je suis venue pour tenter de vous convaincre de nous rejoindre.

Auguste ricana ostensiblement, ce qui lui provoqua une forte et longue quinte de toux qui le fit presque se plier en deux. Ren apparut immédiatement à ses côtés, inquiet, et foudroyant Jeannine du regard comme si elle était responsable.

- Vous rejoindre, hein ? Balbutia Auguste quand sa toux se fut calmée. Et à quoi donc vous servirai-je ? Regarde-moi. J’ai un pied et demi dans la tombe.
- Ce n’est pas votre corps qui nous intéresse, mais votre esprit et votre talent pour les combats Pokémon. Mon oncle, vous êtes le plus ancien de tous les champions de Kanto. Régis m’envoie vous dire que…
- Régis ? Répéta Auguste, soudain flamboyant. Régis Chen ? C’est lui qui dirige K.L ? Tu viens de me donner une raison de plus de ne jamais y mettre les pieds, mon enfant.

Auguste avait été ami de longue date avec le professeur Samuel Chen, aujourd’hui décédé. Mais il avait toujours éprouvé le plus grand mépris pour son petit-fils, un arriviste ingrat qui avait toujours voulu être le premier en tout. Et à chaque fois qu'il n’y arrivait pas, il s'était toujours débrouillé pour changer de domaine jusqu’à parvenir au plus haut grâce à sa réputation. Dresseur très compétent, il avait néanmoins échoué à devenir le Maître de région, coiffé sur le poteau par le légendaire Red. Après cet échec, il s’était recyclé comme champion d’arène, prenant à son compte celle de Jadielle qui était restée fermée suite à la fuite de son ancien champion, le tristement célèbre chef de la Team Rocket, Giovanni.

Il avait tenu quelques années, mais un jour, il s’était fait battre par ce gamin venu de Johto, Gold. Il avait donc, de dépit, abandonné l’arène, qu’il avait refilé à Agatha, ancienne membre du Conseil des 4, et s’était lancé sur les traces de son grand-père, dans des études Pokémonologiques. S’étant sans doute rendu compte qu’il n’était là que grâce à son nom de famille, et sans talent perceptible, il avait une nouvelle fois abandonné au bout de quelques années, pour repartir sur les routes du dressage dans diverses régions, où il avait entrepris différentes carrières… qui elles aussi n’avaient pas duré bien longtemps.

Ce gamin semblait totalement incapable de se poser quelque part. C’était un éternel insatisfait dont l’arrogance ne lui permettait pas de rester dans un domaine où il n’était pas le numéro 1. Et qu’au final, il soit devenu le chef d’un pseudo groupe révolutionnaire ne le surprenait pas trop. Il était sans doute jaloux de l’Orateur, qui avait réussi à s’imposer au sommet. Peut-être même voulait-il le faire tomber pour prendre sa place ?

- Régis Chen est un homme honorable, répliqua Jeannine avec conviction. Vous avez seulement des préjugés à son égard qui vous rendent aveugle de ses réelles qualités.
- Tu m’en diras tant… J’ai jamais eu une très bonne vue, et dernièrement, j’ai encore dû perdre quelque points à l’œil gauche.
- Cela vous convient de rester ici à attendre la mort sans rien faire ?
- Qui t’a dit que je ne faisais rien ? Je réfléchis, c’est déjà beaucoup. Je repense à ma longue vie et à ce que j’aurai pu faire ou ne pas faire. Si tu as la chance d’atteindre mon âge, il arrivera un moment où tu voudras toi aussi faire l’inventaire de ton existence.

La ninja secoua la tête, atterrée.

- Vous êtes un tel lâche, mon oncle ?
- J’en sais rien. C’est quoi ta définition de lâche ? S’il s’agit d’avoir peur de la mort, ne t’inquiète pas, ce n’est pas mon cas. Je l’attends comme une vieille amie, parfois même avec impatience. Mais j’entends la rencontrer en paix, non pas en gesticulant comme vous, les excités de K.L, en causant des dommages collatéraux partout où vous passez, et en risquant une fin pas très paisible dans les geôles d’interrogatoires de l’Orateur.

Parler trop longtemps et trop fort ne réussissait plus à Auguste, qui se mit à nouveau à cracher ses poumons. Ren intervint enfin, se plaçant devant Jeannine comme s’il l’espérait l’intimider avec sa grande taille, elle qui était plutôt menue.

- Ça suffit maintenant. Le maître a besoin de se reposer. Veuillez repartir, où nous prévenons la police !

Jeannine dévisagea le jeune homme comme s’il était un rebut.

- Les flics qui arriveront à m’arrêter restent encore à inventer, gamin. Et si je sors, c’est parce que je le veux bien. Je n’ai plus trop envie de m’attarder. J’espérais convaincre un vaillant dresseur de rejoindre notre cause, et je n’ai trouvé qu’un vieil aveugle égoïste qui se contente d’attendre paisiblement la mort.

- Comme tu dis, ajouta Auguste. Je m’en fiche de mourir. C’est de rester mort ensuite qui m’ennuie un peu.

Prenant un air digne et offensé, la ninja quitta l’arène. Ren s’approcha pour presque chuchoter ceci à l’oreille de son maître :

- Ne devrions-nous pas prévenir les autorités ? Si l’on donne son nom et celui de Régis Chen à l’Orateur, il laissera peut-être notre arène tranquille en remerciement.

Mais Auguste secoua la tête, catégorique.

- Non. Je n’ai aucune sympathie pour les gars de K.L, mais je connais Jeannine depuis des lustres. Si son père est vraiment mort, il m’attendrait dans les cieux d’Arceus avec ses kunaï affutés pour avoir vendu sa fille de la sorte. Et même si j’ai beau mépriser Régis Chen, je respectais trop son grand-père pour lui faire ça.

Oui, Samuel Chen… Son ami, confrère et rival en science, en Pokémon, et même en amour. Il lui manquait, le bougre. Ça faisait sept ans maintenant qu’il était mort d’une longue maladie, et il ne se passait pas un jour sans qu’Auguste ne repensât à leurs jours heureux, où ils étaient jeunes, forts et persuadés qu’ils domineraient la région…



Soixante ans plus tôt…


L’Arcanin tomba sur les côtés, enfin vaincu après un combat de vingt minutes. Il était le plus puissant Pokémon d’Auguste, avait mené nombre de combats endiablés, mais même lui ne faisait pas le poids face à toute la puissance d’un Pokémon quasi-mythique comme Dracolosse. Mais il aurait été inexact de dire que tout s’était joué uniquement du fait de la race du Pokémon adverse. L’Arcanin d’Auguste aurait bien évidement pu vaincre un Dracolosse si ce dernier avait été dirigé par un dresseur quelconque. Mais il s’agissait là du Dracolosse de Samuel Chen, qui était ni plus ni moins le meilleur dresseur de Kanto à l’heure actuelle.

- L’honneur est sauf, soupira Auguste en rappelant son Arcanin. Nous aurons tenu plus longtemps que la dernière fois.
- Oui, trois minutes, si je compte bien, sourit le gagnant du combat. Trois minutes… pour six mois d’entraînement. Allez, courage, mon vieil Auguste. Si tu continues ainsi, dans soixante ans, tu pourras tenir plus d’une heure contre moi.

Auguste était assez proche de son ami pour ne pas prendre ombrage de sa vantardise. Et puis, Samuel était fort, c’était incontestable. Plus que cela, c’était un génie des Pokémon. Bien qu’il soit un peu plus jeune que lui - vingt-sept ans seulement - Samuel Chen, surnommé Sam ou Sammy par ses amis, était déjà un scientifique reconnu doublé d’un dresseur d’élite. Il avait écrit de nombreuses thèses révolutionnaires sous l’égide des plus brillants savants, et avaient bénéficié de l’entraînement des plus puissants dresseurs du monde. Il était également l’un des rares à avoir pu voir les trois oiseaux légendaires de Kanto. Et selon ses propres dires, Samuel avait même voyagé dans le futur - rien que ça - grâce à un Pokémon fabuleux de la région Johto.

Bref, Samuel Chen avait tout fait, il avait tout vu, il avait tout réussi. Tout le monde le prenait pour le futur Maître Pokémon, ou bien le plus célèbre professeur du monde, au choix. Auguste tentait de marcher dans ses traces. Lui-même était doué en dressage comme en science, bien sûr. Comme Chen, Auguste avait étudié la Pokémonologie dans la prestigieuse université de Céladopole, sous la tutelle du professeur Erable. Mais c’était lui, Chen, qui avait eu l’honneur de devenir l’assistant personnel du professeur. Auguste ne pouvait pas lui en vouloir de sa réussite supérieure. Il la méritait, c’est tout.

- L’attaque Poing Eclair que tu lui appris… commenta Auguste. Ça ne fait pas doublon avec Tonnerre qu’il maîtrise déjà ?
- Tonnerre est une attaque spéciale. Dracolosse a l’avantage de jouer aussi bien sur le spécial que sur le physique. Si par exemple je tombe contre un Pokémon Eau avec une forte défense spéciale, comme il en existe plein, Poing Eclair me serait plus utile que Tonnerre.

Voilà, ça, c’était bien Samuel Chen. Il réfléchissait à tout, il analysait tout, et surtout, il savait tout. Et contrairement à Auguste qui s’était spécialisé dans les Pokémon Feu, Chen n’avait pas de telle limitation. Il se battait avec n’importe quel type de Pokémon, et en avait une collection impressionnante, Dracolosse étant bien sûr son plus puissant.

- Pourquoi un gars comme toi qui aurait pu battre à la suite tous les champions d’arènes de la région n’a jamais tenté de faire tomber le Conseil des 4 ? Demanda Auguste. Tu pourrais sans doute devenir Maître aujourd’hui, si tu le voulais.
- Peut-être bien, mais ça ne m’intéresse pas. Maître, c’est pas un job à mi-temps. On est le défenseur de la région, le premier des dresseurs. On doit assister à des interminables cérémonies chaque semaine, être présent pour chaque challenger qui veut conquérir le Plateau Indigo, même si on est sûr qu’il ne passera pas la première salle… Non, très peu pour moi. J’ai encore beaucoup à faire.
- Ton projet d’encyclopédie des Pokémon de la région ?

Le jeune homme aux cheveux châtains hocha la tête.

- J’ai répertorié et étudié plus de 120 spécimens. Et je suis sûr qu’il y en a plus que cela. Et il y a toujours quelque chose qui me parait inaccessible…
- Te trouver une fille ?

Chen rougit. En dépit de tous ses talents, le jeune homme était toujours assez gauche avec les femmes. Auguste ne perdait jamais une occasion de le charrier quand Agatha, la belle et terrible dresseuse de Spectre, était dans les parages.

- Non, pas ça, bien qu’il faudrait que je m’y mette sérieusement un jour, répondit Chen. Non, je pense à Mew.

Auguste soupira.

- Encore avec cette histoire ? C’est un mythe, mon vieux. Cette bestiole n’a jamais existé. Et même si c’était le cas, ça fait belle lurette qu’elle a disparu de la surface du globe.
- Je ne le pense pas, décréta Chen. J’ai beaucoup lu à son sujet, j’ai croisé les différents rapports et mémoires de grands chercheurs ou aventuriers. Je le trouverai, lui, ou au minimum une preuve de son existence. Je pense… non, j’ai la certitude que cette découverte fera grandir l’humanité, et la mènera vers un futur meilleur.

Ricanant, Auguste frappa du poing l’épaule du génie.

- Si tu le dis, mon vieux. Trouve donc ta petite bestiole rose… si tant est qu’elle soit réellement rose. Moi, je me contenterai du légendaire Sulfura, dont l’existence a elle été clairement établie.
- Et ensuite, nous conquerrons la région avec nos Pokémon légendaires ? Plaisanta Samuel.
- Et comment ! Nous ferons grimper à nous deux le QI moyen de tous les habitants de plusieurs dizaines de points, moi avec mes énigmes, et toi avec ta poésie !

Les deux amis éclatèrent de rire. Ils étaient jeunes, ils étaient exceptionnellement doués, et la région entière s’ouvrait à eux.