The Story of Evy de Evyx

Renouet. C'était une minuscule bourgade, tout au sud de la région d'Unys. Il n'y avait qu'une centaine d'habitants, ce qui en faisait le plus petit village d'Unys.
Cependant, ce minuscule village avait un certain charme. Les maisons étaient grandes, en bois pour la plupart, avec des toits colorés. Des jardins, de la verdure, des arbres, des pelouses, mais pas de béton. Les rues étaient en terre, ce qui donnait un air très coupé d'un monde à ce village. On s'y sentait très vite à l'aise, tout était rassurant et douillet. Un vrai cocon.

Une seule route reliait Renouet au reste du monde : la Route 1, qui partait vers le nord en direction d'Arabelle. La seule autre “attraction” était le Laboratoire Pokémon du Professeur Keeteleria. Ce laboratoire était habité par des Pokémons, que tout le monde aimait, et qui faisaient souvent sourire les habitants avec leur facéties.
Il y faisait bon vivre. Le faible nombre d'habitants faisait que tout le monde s'entendait bien.

En particulier quatre adolescents. Ils avaient le même âge et la même passion : les Pokémons.

Il y avait Noir, le plus déterminé, impulsif et passionné, qui n'hésitait pas, qui agissait plutôt que de parler. C'était la tête brûlée de la bande. Il clamait haut et fort à qui voulait l'entendre qu'un jour il serait Maître de la Ligue, et il n'aspirait qu'à devenir Dresseur. Il avait des cheveux ébouriffés couleur chocolat, et des yeux de la même couleur. Il en quittait jamais sa veste-sweat bleu vif, ni sa casquette rouge. Il n'était ni un nain ni un géant, même si il n'aurait pas refusé quelques centimètres en plus.

Il y avait Tcheren, le puits de science, qui avait appris par cœur le Pokédex, la table des types, la liste de capacités avec leurs types, leurs puissances et leurs effets, ainsi qu'une tonne d'autres informations. Doté d'une intelligence et d'une mémoire stupéfiante, il avait également une curiosité aiguisée. Son rêve était de devenir soit Professeur Pokémon, soit d'enseigner à l'École des Dresseurs, soit de devenir Champion. Il avait des cheveux bien disciplinés d'un noir d'ébène, parfaitement assortis à ses prunelles. Il portait lui aussi une veste bleue, et son signe distinctif était une paire de lunettes rouges.

Il y avait Bianca, la plus tête en l'air et étourdie. Elle oubliait toujours quelque chose et avait une fameuse tendance à être en retard. Mais elle n'en restait pas moins quelqu'un de très gentil et généreux, bien qu'elle soit un peu naïve. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait faire plus tard, elle voulait juste découvrir le plus de choses possible pour se trouver un futur. Elle avait des cheveux blonds et courts, pour la plupart disciplinés, à l'exception de deux mèches. Ses yeux étaient vert vif. Elle avait l'habitude de s'habiller en vert et orange, une habitude que ses amis avaient essayé de faire passer, en vain. Son objet fétiche était un béret vert.

La dernière, Evy, n'était pas née à Unys mais à Johto, dans une bourgade aussi minuscule que Renouet. Elle était arrivée quand ils avaient sept ans et s'était très bien intégrée, comme si elle connaissait ses nouveaux amis depuis toujours. C'était la plus effacée du groupe. Elle avait du mal à s'affirmer, surtout en présence d'inconnus. Elle n'avait pas la confiance en elle qu'affichaient les trois autres. Ses cheveux étaient d'un beau vert, assez foncé. Ils lui arrivaient au milieu du dos, et elle avait l'habitude d'en faire une queue de cheval. Elle s'habillait souvent en blanc et bleu marine, et elle aussi portait toujours une casquette.

Tous les jours, les quatre adolescents se donnaient rendez-vous au même endroit : à l'entrée du village, devant la pancarte en bois qui affichait fièrement le nom de Renouet. Et aujourd'hui était un jour particulier, très particulier même, celui que le quatuor attendait depuis des années, depuis qu'ils savaient ce qu'était un Pokémon.

Evy poussa la porte de la maison familiale en lançant un “au revoir” chaleureux à sa mère. Une légère brise printanière agita ses cheveux pendant qu'elle refermait la porte. Quelques Poichigeons étaient posés dans la rue, et s'envolèrent aussi vite qu'ils étaient arrivés. La verte se dirigea tranquillement vers le point de rendez-vous.
Elle n'était pas la première. Noir était déjà là, presque en train de sauter sur place, tellement il était impatient. Tcheren arrivait à peine de la direction opposée.

Ils se saluèrent de manière enjouée. Ils étaient fébriles, ils avaient l'impression que leur cœur allait exploser d'impatience. Cependant il manquait toujours la deuxième fille de l'équipe. Ce qui ne surprenait personne, Bianca était tellement bordélique et tête en l'air... Elle était en retard quasiment tous les jours. En l'attendant, Evy, Tcheren et Noir s'étaient assis dans la pelouse grasse à leurs pieds.
Lassée, Evy annonça à ses amis qu'elle partait chercher Bianca. Elle se releva, époussetant son short bleu marine pour le débarrasser des brins d'herbe qui s'y étaient logés.

Avantage de vivre dans une bourgade aussi petite, elle n'eut que quelques dizaines de mètres à faire avant d'arriver devant chez Bianca. Elle frappa à la porte, puis ouvrit sans attendre de réponse.

- Evy, quelle surprise ! s'exclama la mère de Bianca, avec un rire ironique. Bianca est en haut, comme d'habitude. Elle ne retrouve pas... un truc.

La mère de Bianca avait l'habitude de voir Evy tous les jours quasiment à la même heure. En effet, la blonde avait la désagréable habitude de perdre ses affaires, ce qui la mettait en retard avec une régularité effarante. Les jours de l'année où elle n'était pas en retard se comptaient sur les doigts d'une main. Evy monta les quelques marches qui menaient à l'étage, puis ouvrit la porte verte qui menait à la chambre de Bianca.

- Qu'est-ce que tu as encore perdu ?
- Evy ? s'exclama la blonde, surprise. Elle était toujours aussi surprise, à chaque fois que son amie arrivait dans sa chambre.
- Tu as... Elle consulta le Vokit bleu marine qu'elle portait au poignet. Exactement treize minutes de retard. Alors je suis venue voir ce que tu avais perdu.
- Je ne retrouve plus mon Vokit ! Je l'avais pourtant posé là hier !

Tout en disant cela, Bianca tournait en vain dans sa chambre à la recherche de l'appareil. Elle ouvrit finalement son placard, dans lequel rien ne semblait rangé. Elle en sortit un tas de bazar, dans lequel elle cherchait en vain son Vokit. Evy, elle fouilla sommairement le sac de l'autre.

- Bianca... Il est dans ton sac.
- Oooh, merci Evy ! Un sourire immense apparut sur son visage. Tu me sauves la vie ! Alors... Mon Vokit... Elle fouilla rapidement son sac, pour vérifier qu'il ne lui manquait pas autre chose. Ma Carte... Mes Chaussures de Sport... Ma Carte de Dresseur... Okay, j'ai tout !
- Ton Écrin à Badges est sur ton bureau, lui répondit Evy, avec un sourire las.
Bianca se retourna et aperçut l'objet.
- Oh, zut... J'étais​ sûre de tout avoir !
- Je ne sais pas ce que tu deviendrais sans moi.

Evy sourit, elle adorait cette fille complètement étourdie qui lui donnait l'impression d'avoir une petite sœur. Tous les jours, elle était obligée de venir la chercher et de lui retrouver ses affaires. Sans oublier toutes les fois où, enfant, elle avait réussi à se perdre dans Renouet, pourtant un village minuscule. Evy comprenait parfaitement l'inquiétude des parents de Bianca, qui allaient bientôt laisser partir leur fille sur les routes d'Unys.

Les deux adolescentes purent enfin sortir de chez Bianca pour aller rejoindre les garçons.
- Désolée du retard ! cria Bianca.
- Tu aurais pu faire un effort, aujourd'hui. Je n'ai pas besoin de te rappeler qu'aujourd'hui, c'est particulier ? fit Tcheren, sa voix oscillant entre l'acidité et la lassitude.
- Désolée ! s'excusa encore l'incriminée. Je ne retrouvais plus mon Vokit !
- Bon, intervint Noir. On ne va pas y passer la soirée. Non ? Le Prof nous attend !
Sa voix laissait transparaître son extrême impatience.

Pour souligner ses paroles, il se releva d'un bond et se dirigea vers le labo du Professeur, courant presque. Evy, Tcheren et Bianca le suivaient à grand-peine, essayant en vain de ne pas se faire distancer. Noir frappa à la porte, et attendit que le Professeur les invite à entrer.

Le Professeur Keeteleria les connaissait depuis toujours, eux et leur passion pour les Pokémons. Elle était un peu comme une deuxième mère pour eux, ou plutôt comme une grande sœur un peu fantasque. Combien d'heures avaient-ils passé dans le jardin attenant au labo, à jouer avec les Pokémons qu'étudiait Keeteleria ? Combien de fois avaient-ils raconté aux habitants du village que, plus tard, il seraient les meilleurs Dresseurs que Renouet n'avait jamais connu ?

- Vous voilà, mes chers ! Allez, ne traînons pas, je sais à quel point vous avez hâte. Venez par ici, vos Pokémons sont là !

Sans plus attendre, les quatre adolescents entrèrent dans le labo et traversèrent la pièce principale, au carrelage blanc usé, jusqu'au fond. À leur gauche, des étagères qui montaient jusqu'au plafond en forme de dôme. Elles débordaient de chemises colorées, contenant les compte-rendus du Professeur sur ses recherches. À leur droite, des fenêtres et des instruments d'observation, des microscopes, des loupes binoculaires.

Et tout au fond, il y avait une machine de soins, la même que dans les Centres Pokémon, et juste à côté une fenêtre et une étagère sur laquelle étaient posées des caisses dont on ne voyait pas le contenu. Bien centré, un bureau blanc, dont on avait visiblement posé le contenu sur les côtés. Trois Pokéballs y étaient posées. Le Prof les ouvrit les unes après les autres.
Trois mignons petits monstres de poche apparurent, sagement alignés devant les quatre futurs Dresseurs. Evy échangea un regard inquiet avec ses camarades. Trois Pokémons, mais ils étaient quatre.

- Allez, mes Dresseurs en herbe ! L'heure du choix est arrivé ! les invita le Professeur. Allez, Bianca, choisis en premier, on sait que tu en meurs d'envie.
- Je prends le cochon, il est trop mignon !
- C'est un Gruikui femelle, lui dit Tcheren, à titre informatif.
- Une femelle ? Super ! Je vais l'appeler... euh... Peppa !

Bianca prit le petit cochon orange dans ses bras et le fit tournoyer. Elle semblait pas dérangée par le traitement, puisqu'elle émit un petit cri de joie.

- Heu... Bianca... fit Evy, légèrement embarrassée. Ce n'est pas une peluche...
- C'est un Pokémon, Bianca, un être vivant... intervint le Professeur. Je te l'ai confié, ce n'est pas pour qu'il lui arrive quelque chose ou que tu l'oublies quelque part... Des fois je me demande si c'était une bonne idée de te confier un Pokémon...

- Vas-y, Tcheren, fit Noir en souriant. Je me moque bien de qui j'aurai. Tant que j'ai un Pokémon, c'est tout ce qui m'importe.
- Je prends Vipélierre, dit alors le désigné.
Gruikui avait l'air de correspondre à la personnalité de Bianca, câline et gentille, limite peluche - quoiqu'elle soit vivante -, Vipélierre semblait plus ressembler à Tcheren : calme et posé.
Il sauta de la table, s'avança jusqu'à son Dresseur et tendit une liane qu'il serra.

Evy échangea un regard avec Noir. Il ne restait qu'un Pokémon sur la table. Ils ne savaient pas ce qui arriverait à l'autre. Serait-il obligé de rester à Renouet ? Ou pourrait-il partir avec les autres ? Aurait-il un autre Pokémon ?
Evy avait peur de se faire mettre à l'écart. Elle en avait toujours eu peur. Parfois elle avait l'impression de se sentir effacée par rapport à ses amis.

- Donc je suppose que Moustillon est pour toi, Noir ?
Il échangea un regard avec Evy avant de répondre.
- Euh... Oui, je suppose...

Le cœur d'Evy se serra tandis que Moustillon trottinait vers son Dresseur. Dans le regard de ce Pokémon, on voyait la même détermination que dans celui de Noir.
Son inquiétude augmenta d'un cran. Le Professeur n'avait pas pu faire ça, tout de même ? Elle avait peur de ne pas pouvoir partir avec ses amis, ils avaient tellement attendu ce jour et s'étaient promis de partir tous ensemble à la découverte du monde... Elle ne voulait pas manquer ce moment. Mais elle savait bien que sans Pokémon, elle ne pourrait pas sortir de la ville...

Au pire, elle pourrait en prendre un au Professeur, elle en avait des centaines qui vivaient dans le parc, capturés pour la plupart par la mère d'Evy, pour remplir le Pokédex.
- Bon, les enfants. Elle alla chercher une caisse d'une étagère et la posa sur le bureau. Prenez chacun un Pokédex... et... Elle alla attraper une autre caisse. Cinq Pokéballs !

Seulement trois Pokédex. Cependant, lorsqu'ils eurent tous pris leurs Pokéballs, il en restait cinq. L'inquiétude baissa un peu dans le cœur d'Evy.
- Bon les jeunes ! On se retrouve sur la Route 1 ? Dans pas longtemps, j'ai juste un truc à régler. Evy, tu viens ?
- J'arrive, Professeur, répondit la concernée, son espoir grandissant encore.

Evy suivit Keeteleria à l'arrière de son labo. Elles arrivèrent dans le grand parc dans lequel jouaient de nombreux Pokémons. La mère d'Evy, Crystal, venait souvent aider le Prof à en prendre soin et à en capturait des nouveaux. Les adolescents venaient souvent les aider, ils adoraient passer du temps avec tous les Pokémons.

Juste à l'entrée du parc, un Pokémon était debout et tenait entre ses pattes un Pokédex. Et le Professeur se dirigeait justement vers lui. Evy l'identifia comme étant un Pokémon originaire de Johto. Comme elle. Un Pokémon Feu, vu les flammes qui sortaient de son dos. Elle l'avait déjà vu dans une encyclopédie géante des Pokémons. Un Héricendre, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

- Evy, je te présente Akemi. Une Héricendre femelle. Elle a appartenu à ton père. Il l'a fait naître pour toi, c'est la fille de son Typhlosion. Il l'a fait grandir et il l'a un peu entraînée. Il me l'a donnée pour que tu l'aies quand tu partirais en voyage initiatique. Il lui a déjà parlé de toi, elle te connaît et elle t'attendait.
Evy s'agenouilla devant le petit Pokémon et tendit doucement les bras. Cependant la Héricendre se contenta de la regarder, sans s'avancer.

Le père d'Evy, le légendaire Gold, était un sujet assez sensible pour la jeune fille. Il était mondialement connu, il avait gagné le titre honorifique de Maître de la Ligue de Johkan. Il était parti de leur foyer il y a neuf ans, peu après leur emménagement à Unys. La jeune fille n'avait jamais vraiment su pourquoi, sa mère et les autres adultes avaient été très vagues à ce sujet. Elle ne s'était jamais vraiment remise de son départ, même si elle n'en parlait pas souvent. Sa mère avait été triste au début, puis avait réussi à noyer son chagrin.

Crystal était elle aussi une des meilleures Dresseuses de Johto. Elle était notamment spécialiste de la capture de Pokémon, et avait aidé le Professeur Chen à remplir le Pokédex, et une fois la tâche finie, elle avait aidé le Professeur à prendre soin de tous ces Pokémons.
Dans la région d'Unys, elle avait naturellement choisi de s'installer à Renouet, pour pouvoir aider le Professeur Keeteleria.

- Sur le Pokédex, il y a un message de ton père. Je te laisse l'écouter, je serai dans le labo.
Elle rentra sans un bruit, laissant Evy écouter seule le message.

Elle tendit doucement la main pour prendre le Pokédex entre les pattes du petit Pokémon. Sa main trembla tandis qu'elle alluma l'appareil. Elle fouilla sommairement dans le menu avant de trouver ce qu'elle cherchait. Sa main tremblait tellement qu'elle dût s'y reprendre à deux fois avant de réussir à lancer l'enregistrement.

Qu'allait elle y trouver ? La raison de son départ ? Aurait-elle enfin la réponse qu'elle attendait depuis si longtemps ? Avait-il​ été obligé de partir ou était-ce son choix ? Evy était tellement nerveuse qu'elle tremblait de tous ses membres.
La voix familière de son père l'enveloppa tandis que l'image apparut sur le petit écran.

- Salut Evy, c'est moi. Si tu écoutes ce message, c'est que tu es grande, hein... Il détourna le regard et passa une main négligente dans ses cheveux. Son ton était hésitant. Tu t'apprêtes à partir pour ton voyage initiatique dans Unys... Il planta ses yeux dorés dans ceux de sa fille. Je ne vais pas te mentir. C'est un périple dangereux. Encore plus qu'il y a quelques années. Il existe une association nommée la Team Plasma. Elle pense que les Pokémons sont maltraités par leurs Dresseurs, et elle veut obtenir la libération des Pokémons. Mais... Il soupira. Elle est très organisée, et très puissante aussi, dans toutes les régions. En particulier à Unys. C'est pour cela que nous y avons déménagé. Ici, elle représente un véritable danger pour tous les Dresseurs, surtout pour les débutants. Elle peut se montrer violente. Elle n'hésite pas à blesser des Dresseurs pour parvenir à ses fins. J'en ai fait les frais. Alors, je suis parti m'entraîner, et je vais essayer de les arrêter. Je pense que nous nous croiserons pendant ton voyage, du moins j'espère. Ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vue... Mais je ne pouvais pas rentrer, je ne voulais pas te mettre en danger. Fais très attention à toi, Evy. Merci. N'oublie jamais que je t'aime. À bientôt.

Le message s'interrompit et l'image disparut, laissant place à un fond noir.
Elle n'avait plus cette question de savoir pourquoi. Cela l'apaisait de savoir que son père ne les avait pas abandonnées.
Maintenant Evy savait pourquoi son père était parti. Mais ce n'était pas la chose qui l'occupait le plus, maintenant. Une Team dangereuse ? La Team Plasma... Elle n'avait jamais entendu ce nom avant aujourd'hui. Mais son objectif l'inquiétait bien plus, et les moyens qu'elle employait encore plus.

Elle sentit alors une petite tête douce frotter son bras. En baissant le regard, elle croisa les yeux incandescents de la petite Héricendre, qui était venue s'installer à côté d'elle.
- Akemi, c'est bien ça ? demanda Evy à sa nouvelle partenaire.
- Héri, répondit-elle, calmement.
- Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Tu as peur de la Team Plasma ?
- Héri, fit-elle, en secouant la tête de droite à gauche.
- Tu as déjà combattu ?
- Hééri ! Un sourire étira ses lèvres et des flammes sortirent de son dos.
- D... D'accord. Bon... Alors... On est partenaires maintenant ?
- Héri, et elle haussa les épaules.
- Bon.

Evy n'était pas très rassurée. Akemi ne semblait pas vraiment l'accepter. Peut-être son père lui manquait-il à elle aussi...
Elle se releva et s'épousseta.
- Alors allons-y ? demanda-t-elle à son Pokémon.
- Héri.

Elle rangea le Pokédex dans sa poche et suivit Akemi qui trottinait​ joyeusement dans le chemin. Elle rentra dans le laboratoire et attrapa les cinq Pokéballs dans la caisse sur le bureau du Professeur.
- C'est bon, dit-elle. Je suis prête.

Evy et le Professeur marchèrent en silence en direction de la Route 1. Il n'y avait qu'une petite minute de trajet avant d'arriver à l'entrée du village. Les trois autres avaient profité de l'attente pour commencer à renforcer leurs liens avec leur partenaires, en faisant un combat Pokémon. Tcheren et Vipélierre affrontaient Noir et Moustillon sous le regard de Bianca et Gruikui.
- Evy, te voilà ! Tu arrives juste au bon moment pour voir le combat !

- Mimi-Queue, Moustillon !
- Groz'Yeux, Vipélierre !
- Maintenant qu'il est affaibli, attaque Charge !
- Esquive !
Les deux Dresseurs lançaient des ordres à leurs Pokémons, qui leur obéissaient du mieux possible. Cependant, Vipélierre ne put pas esquiver l'attaque de Moustillon.

- Relance Charge !
- Mince... Utilise Charge aussi !
Malheureusement, Vipélierre était déjà affaibli, l'attaque Charge de Moustillon lui fut fatale.
- Bien joué, Noir. Bravo, Vipélierre, merci, lui dit Tcheren en rentrant son Pokémon dans sa Pokéball.

- Evy, tu fais un combat contre moi ? lui demanda Bianca. Ah, et, au fait, tu as eu quoi comme Pokémon ?
- Je te présente Akemi ! s'exclama Evy, en lui montrant la petite Héricendre qui se roulait gaiement dans l'herbe. Herbe qui roussissait au fur et à mesure qu'elle se roulait. C'est une Héricendre femelle, elle a l'air vraiment... explosive.
- Trop cooool ! lui répondit Bianca, visiblement très contente pour sa meilleure amie.

- Un combat te tenterait ? demanda la verte à sa nouvelle partenaire.
- Héééri ! Le sourire d'Akemi et ses flammèches étaient explicites.
- Alors Bianca ? En garde ?
- Oui ! cria t-elle, s'écartant en courant, sortant sa Pokéball de son sac et la lança avec force. Peppa, en avant !
- Gruiiii !
- Akemi, je compte sur toi !

- Allez, Akemi, attaque Groz'Yeux !
- Peppa, attaque Charge !
Cependant Akemi n'utilisa pas l'attaque Groz'Yeux comme demandé. Elle inspira. Son expiration fut un torrent de flammes ardentes qui brûla Gruikui.
- PEPPA ! cria Bianca, tandis qu'Akemi lançait une attaque Charge sur la pauvre Gruikui.

- NOON ! MON GRUIKUI ! s'exclama Bianca, avant de courir vers son Pokémon blessé.
- D...Désolée Bianca, c'était pas... prévu.
- Mon pauvre Gruikui...
Evy était certes désolée pour Bianca, mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était qu'Akemi avait totalement ignoré ses ordres. La Héricendre avait visiblement un caractère bien trempé, encore plus que prévu, et l'adolescente ne savait pas si elle réussirait à l'amadouer.

- Eh bien vous avez déjà fait votre premier duel ! C'est super ça ! Bon, je suppose que vous n'avez pas besoin d'une leçon de capture... Alors, on va mettre directement le cap sur Arabelle pour soigner vos Pokémons !
Les quatre nouveaux Dresseurs acquiescèrent au paroles du Professeur, et ils se mirent en route.

Arabelle n'était pas très loin. Il suffisait de suivre la Route 1 jusqu'au bout. Le trajet durait environ une demi-heure, mais ce temps était rallongé par la présence de nombreuses herbes hautes, et donc de nombreux Pokémons sauvages. Heureusement, Akemi et Moustillon avaient quelques niveaux de plus, ce qui permit aux cinq d'atteindre Arabelle sans trop de soucis.

Arabelle était un charmant village. Il n'y avait pas plus de mille habitants, ce qui était déjà dix fois plus que Renouet. Les maisons en bois et les pierres gris clair au sol lui donnait une impression de fraîcheur, tout en gardant le côté agréable qu'avait Renouet. Evy était déjà venue quelques fois jusqu'ici, généralement pour faire des courses. Elle appréciait énormément cette ville.

Les quatre adolecents rentrèrent dans le Centre, accompagnés par le Professeur. Ils se dirigèrent spontanément vers l'infirmière, pour faire soigner leurs Pokémons. Une fois ceux-ci confiés à l'infirmière, Evy se dirigea vers la Boutique Pokémon, suivie par ses amis. Elle acheta des Potions et des Total Soin en quantité importante, ainsi qu'une Corde Sortie, au cas où, on n'était jamais trop prudent.

Une fois leurs achats finis, ils se dirigèrent de nouveau vers le comptoir de soins.
- Bon, les jeunes, je dois vous abandonner. J'ai quelques affaires à régler à Ogoesse, je pars devant. On se retrouve là-bas ! s'exclama le Prof, souriant, et elle sortit en leur faisant un signe.
Les quatre Dresseurs s'assirent sur les bancs pour attendre la fin des soins.

- Je suis vraiment trop, trop contente de partir à l'aventure, leur confia Bianca.
- Moi aussi, lui répondit Noir, un sourire jusqu'aux oreilles. J'ai hâte d'arriver à Ogoesse pour décrocher mon premier Badge !
- Encore faut-il l'obtenir Noir, lui répondit Evy, malicieuse.
- Je fais confiance à Moustillon pour ça, répondit le brun avec un clin d'œil.
- Moi aussi, j'ai hâte d'arriver à Ogoesse, mais pour aller à l'École des Dresseurs, intervint Tcheren.
- Tu parles, ils ne vont rien t'apprendre, ils vont juste essayer de t'engager comme prof ! s'exclama Noir, ce qui fit sourire ses amies.

- Excusez-moi, vos Pokémons sont soignés, les interrompit l'infirmière.
Après l'avoir remerciée, ils sortirent du Centre Pokémon.
Le Centre donnait sur la place principale du village, sur laquelle se trouvaient quelques habitants.
- Hé, Evy ! Un petit combat, ça te dit ? demanda Noir, toujours souriant.
- Pourquoi pas, répondit celle-ci.
- Super ! Alors voyons comment tu vas t'en sortir avec le désavantage de type ! Moustillon, au combat ! cria Noir, en lançant sa Pokéball.
- Mouuusti !

Evy lança sa propre Pokéball et Akemi en sortit. Elle bondit en avant pour lancer ses flammèches, qui, une fois n'est pas coutume, ne firent que des dégâts mineurs à Moustillon. Celui-ci, sur ordre de son Dresseur, répliqua avec une attaque Charge.
- HÉÉRI !

Mécontente, le Pokémon Hérisson Feu enchaîna avec une attaque Charge.
- Pistolet à O, Moustillon !
L'attaque fit mouche, et cela causa de gros dégâts à Akemi.
- Akemi, utilise Gros'Yeux !
Akemi n'hésita pas et réutilisa Charge, ignorant totalement l'ordre de sa Dresseuse.
- Akemi ! Je t'ai demandé d'utiliser Groz'Yeux ! Akemi !

Mais le petit Pokémon ignorait toujours les ordres de sa Dresseuse. Noir ordonna de nouveau à son Pokémon d'utiliser Pistolet à O, ce qui mit K.O. Akemi.
- Bon sang, qu'est-ce que tu es têtue... marmonna Evy en allant prendre le petit Pokémon dans ses bras. Bravo, Noir, dit-elle, plus fort.
La verte prit le Pokémon contre elle, entra dans le Centre Pokémon, et retourna donner sa Héricendre à l'infirmière. Noir prit également Moustillon dans ses bras, mais de joie, et accompagna Evy, pour que Moustillon soit soigné également.

Ils attendirent de nouveau un moment en bavardant distraitement.
Finalement, l'infirmière revint vers les adolescents pour leur rendre leurs Pokémons. Ils ressortirent en continuant de bavarder, mais s'arrêtèrent net en voyant qu'une estrade gris foncé était en train d'être montée.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Bianca aux autres, mais ils n'en savaient pas plus qu'elle.
Les hommes et les femmes en train d'installer la fameuse estrade étaient tous vêtus des mêmes uniformes gris. Derrière, on voyait un autre homme, vêtu d'un manteau coloré et tenant un sceptre. Une foule commençait à s'assembler aux pieds de cette estrade, curieuse.

L'homme au long manteau monta sur l'estrade, et tapa le sol de son sceptre plusieurs fois, pour attirer l'attention.
- Bonjour à tous, et merci d'être venus si nombreux ! Mon nom est Ghetis ! Ghetis, de la Team Plasma !
- La Team Plasma ?! s'exclama Evy, reculant d'un pas.
- Tu sais ce que c'est ? lui demanda Tcheren. Je n'en ai jamais entendu parler.
- Moi si... mais pas du tout en bien.
Elle n'eut pas le temps d'expliquer plus, elle fut coupée par Ghetis qui reprit la parole.

- Je suis venu vous apporter la bonne parole, celle de la libération des Pokémon !
- La libération des Pokémons ? interrogea Noir, en se retournant vers ses amis, tandis que des murmures similaires couraient dans la foule.
- Oui, c'est le but de la Team Plasma, les informa Evy.
- Mais pourquoi ? demanda Bianca, choquée.
- Nous autres, humains, avons toujours vécu aux côtés des Pokémon. Au nom d'un partenariat mutuel et tacite, d'une entraide mutuelle et indispensable... Du moins, c'est ce que pense le plus grand nombre. Mais je vous le dis, ces gens sont dans l'erreur, le déni... le mensonge !

- Je crois que tu as ta réponse, Bianca, dit Evy à son amie.
- Oui... Mais pourquoi ? C'est totalement stupide ! Je veux dire... les Pokémons sont nos amis, non ? répondit celle-ci.
- Je pense aussi, répondit Tcheren. Ce n'est pas non plus comme si nous maltraitions les Pokémons !
- Bien sûr que non ! C'est juste... stupide ! Bien évidemment que les hommes ont besoin des Pokémons, et les Pokémons sont amis avec les humains ! s'énerva Noir.

Ils attendirent la suite du discours.
- L'Homme préfère se vautrer paresseusement dans les certitudes, continua-t-il, sa voix grave portant ses paroles. Ne les avez-vous jamais remises en question, ces certitudes ? Pis que tout, les Dresseurs. Ils asservissent leurs Pokémon, les accablant d'ordres ! Ces pauvres créatures, soi-disant leurs partenaires, sont leurs serfs, taillables et corvéables à souhait ! Si je ne dis pas la vérité, que quelqu'un ose me contredire !

- Mais c'est n'importe quoi ! cria Noir, attirant sur lui les regards. Les Pokémons ne sont pas des esclaves ! Ce sont nos amis, et nous unissons nos forces dans un but commun ! Je ne laisserai pas quelqu'un dire de telles inepties !
Ses amis ne dirent rien, mais l'approbation se lisait clairement sur leur visage.
- Fais attention, Noir, lui dit cependant Evy.
Ghetis lui lança un regard, visiblement interpellé par son éclat, avant de reprendre son discours.

- Les Pokémon, contrairement aux humains, sont des êtres au potentiel insoupçonné. Nous avons tant à apprendre d'eux. Et donc notre devoir, en tant qu'êtres humains, est clair. N'est-ce pas ? Nous avons le devoir, que dis-je, l'impératif, de libérer les Pokémon !
- C'est de pire en pire... leur dit Tcheren. Je comprends que tu n'en aies pas entendu parler en bien. C'est du grand n'importe quoi ! Il y a vraiment des gens qui croient ce qu'ils disent ?
- Je suis d'accord sur le fait que nous aurons beaucoup à apprendre des Pokémons, intervint Evy. Mais il exagère... Les Pokémons ne sont pas malheureux auprès des humains et ils ne sont pas des esclaves !

- À cette seule condition, Pokémon et humains pourront, pour la première fois, vivre sur un pied d'égalité ! Écoutez, écoutez-moi bien ! Et réfléchissez à ce qu'il faut faire pour que les Pokémon puissent goûter à la douce vie qui leur est naturellement échue. Ainsi se termine ma déclaration. Merci encore de votre attention. Et que la paix soit avec vous.
- Les Pokémons sont égaux aux humains, non ? demanda Bianca. Ils ne vivent pas forcément dans des Pokéballs, enfin, nous n'avons jamais obligé nos Pokémon à rester dedans ? Et ils ne sont pas toujours d'accord avec ce qu'on leur dit, ils peuvent aussi se rebeller, non ?
- Non, Akemi n'aime pas la sienne, alors je la laisse marcher avec moi, lui répondit Evy. Et oui, Akemi a une fâcheuse tendance à se rebeller. Je ne pense vraiment pas qu'elle soit malheureuse avec moi, après... je me trompe peut-être.

La dernière phrase lui restait en travers de la gorge. La paix... Si elle croyait son père, qui lui disait que cette association était dangereuse et violente, qu'elle prône la paix était vraiment ironique.
- Vous n'avez pas vraiment l'air d'accord avec eux, leur lança un garçon inconnu.
Ils se tournèrent vers lui. Il portait une casquette grise, une chemise blanche, un pantalon blanc, des chaussures vertes et de nombreux bijoux. Ses cheveux étaient très longs pour un homme, et ils étaient d'un beau vert clair. Il avait les prunelles de la même couleur.

- Moi, je pense que VOUS avez tort, leur dit-il, froidement.