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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 04/07/2018 à 09:04
» Dernière mise à jour le 04/07/2018 à 12:47

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 35 : Nouvelles allégeances
Meika



Les G-Man récalcitrants étaient trainés sans ménagement dans la grande salle du manoir Irlesquo, surveillés par des membres de Lance. Il y avait plusieurs blessés, plus ou moins graves, dans le camp des loyalistes. Il y avait quelques morts aussi. Un gamin d’à peine sept ans était en train de pleurer sur le corps de son père, Lord Savaruel, qui avait un peu trop résisté quand mes hommes avaient investi son manoir pour l’amener ici de force avec sa famille. Ce n’était pas la faute du gosse, qui ne devait même pas comprendre ce qui était en train de se passer. Je priai pour lui pour qu’il se la ferme très vite avant qu’un G-Man de Lance ne perde patience et le fasse taire de force.

Le Coup d’Etat s’était passé de façon fulgurante et sans aucun souci. J’avais profité de l’absence de Bradavan, convoqué devant l’Empereur, pour me mettre en mouvement immédiatement après la rencontre avec mon père Kashmel et le reste de l’organisation. Puis le soir venu, nous avons attaqué tous les manoirs des G-Man qui ne faisaient pas partie de Lance. Nous avons capturé tous les loyalistes et les avons regroupés dans le manoir Irlesquo. Lord Inuit Psuhyox, en l’absence du Grand Maître, avait endossé le rôle de porte-parole des G-Man, et tentait encore de comprendre le pourquoi du comment de tout ceci : moi, la fille loyale de Bradavan, qui commandait aux G-Man de Lance, et sa propre fille Malwen qui avait fait partie du groupe chargé de les capturer, lui et sa femme.

- Lady Meika, par Xanthos, allez-vous nous dire ce qui se passe ?! Fit-il en se levant quand il me vit arriver. Que signifie tout ceci ?!

- Patience, oncle Inuit, répondis-je. Vous le saurez bien assez tôt.

- Mais enfin, il s’agit de trahison ! Nous…

Il se fit mettre à terre par nulle autre que sa propre fille Malwen, l’obligeant à ce taire. Ce n’était pas tous les enfants membres de Lance qui auraient pu maltraiter ainsi leurs parents loyalistes. Beaucoup espéraient que le moment venu, le reste de leur famille rejoigne le nouvel Ordre. Mais Malwen semblait n’avoir que mépris pour ses parents, à l’instar de sa défunte sœur Tilveta. Je la comprenais sans mal. J’avait toujours été dans la même situation. Mais aujourd’hui, tout allait prendre fin. Aujourd’hui, je pourrai renier à la face de l’Ordre entier ce lâche et ce faible de Bradavan Irlesquo, et me poser aux côtés de mon véritable père, mon maître, le cerveau dans l’ombre de Lance.

Je sentis alors une certaine perturbation dans l’Aura. Elle venait d’assez loin, et avait l’air insignifiante à première vue, mais je compris que le Grand Maître Bradavan venait de mourir. Ça ne m’étonnait pas outre mesure, sachant ce que mon père m’avait appris sur cette gamine de Six. L’Empereur avait dû le découvrir, et exécuter Bradavan. Bien fait pour sa gueule. Non content d’être un faible doublé d’un pleutre, il s’est rabaissé à coucher avec des humaines, et a été négligeant au point de laisser une bâtarde naître de ses ébats secrets. Ce qui me dérangeait, c’était que j’avais été capable de ressentir sa mort à cette distance, alors que personne dans la salle ne semblait avoir réagit.

Pourtant, je méprisais cet homme. Il n’était rien pour moi. Il m’avait certes élevé comme sa fille, mais il n’était que mon oncle, en réalité. Depuis le jour où mon vrai père m’avait révélé la vérité, il y a dix ans de cela, je n’ai plus eu que mépris pour lui et pour son rejeton, ce faible à son image du nom de Rohban. Quant à ma mère, elle aussi, je l’avais détestée alors, elle qui aimait réellement mon père, mais qui avait préféré se vendre à Bradavan au lieu de suivre Kashmel dans son exil. J’aurais pu naître avec mon vrai père, et il m’aurait inculqué ce qui était juste depuis le début. Mais à cause de Sareim Therno, j’ai passé mon enfance et une grande partie de mon adolescence à boire les paroles du Grand Maître, persuadée qu’il disait la vérité, et orgueilleuse de la chance que j’avais d’être son héritière.

- Mes amis, je dois vous faire une annonce, criai-je à tous les G-Man prisonniers. Le Grand Maître Bradavan Irlesquo vient hélas de nous quitter.

De l’ironie et de la joie purent se lire sur les visages des membres de Lance. Ce fut à contrario de la stupeur et de l’inquiétude qui peignirent ceux des loyalistes.

- Vous l’avez tué, c’est ça ? Rugit Inuit en pointa sur moi un doigt accusateur. Votre propre père !

- Vous vous méprenez par deux fois, mon oncle. Je n’ai pas tué Bradavan. Il l’a sans doute été par l’Empereur ou un de ses exécuteurs à cause de sa stupidité chronique. Un destin qui lui sied parfaitement. Quant à votre seconde erreur… cet homme n’était en rien mon père. Mon sang et mon héritage est bien plus noble. Laissez-moi vous présenter à tous mon véritable géniteur, le seul qui puisse prétendre au titre de chef de la maison Irlesquo, et notre nouveau Grand Maître à tous !

Je pointai de façon théâtrale du doigt la porte d’entrée de la grande salle qui venait de s’ouvrir. Kashmel Irlesquo s’avança sous le regard des G-Man. Admiratifs pour ceux de Lance, perplexes pour les autres qui ne le reconnaissaient évidement pas. Il avait son fidèle Furaïjin sur l’épaule ; ce qui lui donnait un air naturellement imposant, car à notre époque, il n’y avait pas beaucoup de Pokemon qui accepteraient de se tenir sur l’épaule d’un humain, même G-Man. Mais en dehors de ça, il portait ses vêtements habituels, sale, vieux, et sa mine de vieil homme bedonnant avec une grosse moustache le fit passer pour tout sauf un digne noble G-Man. Quand il prit place sur la chaise finement ouvragée sur laquelle trônait jadis son frère, les loyalistes se mirent à murmurer entre eux d’un ton outré, et bien entendu, Inuit Psuhyox ne put conserver le silence plus longtemps.

- Quelle est cette plaisanterie ?! Qui est ce gueux ? Meika, as-tu perdu la tête de laisser un vulgaire humain s’asseoir sur le trône du Grand Maître ?!

Je me tus, laissant à mon père le soin et le plaisir de répondre, ce qu’il fit après un ricanement rauque.

- Comme toujours, tu te sers plus de tes yeux que de l’Aura, Inuit. Mon corps n’est plus celui qu’il était jadis, mais mon Aura n’a que peu changé.

- Que…

D’abord outré que cet inconnu lui adresse la parole de la sorte, Lord Inuit n’en utilisa pas moins l’Aura, par réflexe. Et alors, ses yeux s’écarquillèrent de la plus grande des stupeurs.

- K-Kashmel… Kashmel Irlesquo ? Balbutia-t-il.

Ce nom fut repris en écho tout autour de lui. Pour les plus jeunes des G-Man loyalistes, il équivalait à une légende ; le genre de celles dont on ne parlait jamais. Mais ceux qui avaient autrefois connu le fort et fringuant fils aîné de l’ancien Grand Maître, admiré de tous, en restèrent tout aussi coi que Psuhyox.

- Oui, c’est bien moi, confirma mon père. Revenu tous droit des enfers pour reprendre trois choses qui m’appartiennent de droit.

Il me désigna d’abord de la main, et je ne pus m’empêcher de rougir de fierté.

- Primo : ma fille, Meika. Sareim était déjà enceinte d’elle quand j’ai été exilé. Elle a dupé Bradavan pour qu’il l’ignore. Aujourd’hui, je l’annonce à tous : Meika Irlesquo est de mon sang, c’est ma fille unique et héritière, et c’est sous mes ordres qu’elle a fondé le groupe Lance pour faire tomber l’Ordre décrépit de Bradavan.

Père laissa aux G-Man loyalistes le temps d’absorber cette nouvelle avant de reprendre.

- Deuxio, mon nom et mon titre. Parce que je suis né d’une mère humaine, l’Empire m’a retiré les deux. Pourtant, Bradavan est né de la même mère que moi, mais pour lui, l’Empire a laissé couler. Ça devrait bien vous montrer de quelle façon la loi impériale est appliquée, par ailleurs… Aujourd’hui donc, je l’annonce à tous : je suis Kashmel Irlesquo, héritier légitime de la gouvernance de mon illustre maison. Et tertio…

Père eut un sourire sinistre, qui fit trembler plus d’un G-Man

- Tertio : l’Ordre G-Man tout entier. Il m’appartient, par droit de naissance. Et il m’appartient car j’ai su le reconquérir alors qu’il m’avait été injustement arraché. Aujourd’hui enfin, je l’annonce à tous : je suis votre nouveau Grand Maître.

Bien évidement, père ne s’attendait pas à des applaudissements et des acclamations de joie de la part des loyalistes, et en cela il ne fut pas déçu.

- Ridicule ! Clama oncle Inuit. Tu es un bâtard et un criminel, Kashmel ! Tu as renié ton titre même de G-Man en t’associant avec ces rebelles Paxen. Ton droit de naissance ne vaut plus rien, et ta conquête de l’Ordre n’est qu’un Coup d’Etat qui sera vite réprimé par l’Empereur !

Père étudia Lord Psuhyox avec un vague étonnement.

- Toi qui était si timoré autrefois, te voir faire preuve d’autant de courage dans une telle situation est surprenant. Tu devrais faire attention. Courage et faiblesse n’ont jamais fait bon ménage. J’espère que tu vivras assez longtemps pour te rendre compte de ton erreur. J’ai passé ces trente dernières années à combattre l’Empire aux côtés des Paxen. Penses-tu que j’aurai décidé de m’emparer de l’Ordre G-Man sans aucune stratégie derrière pour faire face à Daecheron ? L’Empire ne nous arrêtera pas.

Lassé de parler, père me fit signe de continuer. J’acquiesçai et lançai d’une voix puissante :

- Ceux d’entre vous qui veulent faire allégeance au nouveau Grand Maître et à Lance sont libres de le faire. Ils ne seront en rien discriminés. Ceux qui préfèrent s’accrocher à l’Empire et au vieux régime de Bradavan sont également libres de le faire. Nous les laisserons partir, et ils pourront demander la protection de l’Empire.

Je vis, amusée, plusieurs G-Man soupirer de soulagement en entendant cela. Ces idiots n’avaient pas encore compris que se rendre à l’Empire maintenant était synonyme de condamnation à mort. Après tout ça, l’Empereur, sans doute sous les conseils de Scalpuraï, n’aura pas attendu pour décréter l’annihilation pure et simple de tout les G-Man, comme père l’avait prévu.

Je laissai Gilthis et les autres de Lance s’occuper des prisonniers, et je suivis mon père dans les souterrains du manoir. Ils étaient connus pour être particulièrement vastes et labyrinthiques, à tel point qu’on pouvait facilement s’y perdre et errer sans fin sans pouvoir en sortir. Mais père savait très bien où il se rendait. Dans la fameuse salle secrète où il y avait trouvé Furaïjin. Là où sommeillait le Phénix, l’arme ultime qu’il comptait réveiller. Car père n’avait pris le contrôle de l’Ordre que pour cela. Il n’avait aucune intention de régner sur la structure actuelle avec ce titre pompeux de Grand Maître. Il allait détruire l’Ordre et en créer un nouveau avec cette formidable création que nous avait léguée notre légendaire ancêtre, Sacha Ketchum.

Je suivis père en silence, simplement heureuse de pouvoir enfin marcher dans son sillage. J’avais attendu cela depuis dix ans, depuis ce jour où, adolescente, je l’avais rencontré, et où il m’avait dit toute la vérité. J’admirai cet homme, qui avait tout abandonné, qui avait souffert plus qu’aucun homme n’est capable de souffrir, mais qui n’avait jamais cessé de se battre pour ses convictions et pour la justice. J’étais fière d’être sa fille, fière d’avoir hérité de son type Roche.

Nous parvînmes au tunnel secret, puis devant la porte finement sculptée. Père l’ouvrit sans hésitation, me dévoilant une pièce impressionnante, aux murs en or, aux sculptures du légendaire Ho-Oh radieuses. Celle du fond, faite d’une matière qui empêchait l’Aura de s’y projeter, renfermait un minuscule oiseau enflammé qui voletait faiblement. Sous cette apparence, le Phénix n’était nullement impressionnant. Mais dès qu’il sera à l’air libre, il pompera inlassablement toute l’Aura autour de lui, de plus en plus loin, et il grossira, pour devenir gigantesque. Père posa une main sur la statue qui gardait l’arme prisonnière.

- J’aurai espéré revenir ici pour te libérer immédiatement, dit-il au Phénix. Mais ça prendra un petit peu plus de temps que prévu…

Je baissai la tête, honteuse.

- Je m’excuse une nouvelle fois, père, dis-je. Si j’avais su, j’aurai bien évidement fait en sorte que Rohban reste ici…

- Ne t’en fais pas, grommela mon père. Ce n’est pas ta faute. C’est moi qui ai oublié de te dire qu’il nous fallait trois personnes du sang de Sacha Ketchum pour libérer le Phénix. J’aurai peut-être dû passer à l’action quand Bradavan était toujours là. Ou plus simplement, j’aurai dû mieux surveiller cette gamine inconsciente de Six !

Père était en colère, ça se voyait. Mais plus contre lui-même que contre la bâtarde de Bradavan. Il lui avait fait croire que c’était sa mère Mizulia, l’espionne de Scalpuraï, qui avait assassiné Stuon Jarminal. Il lui avait dit ça bien sûr pour continuer d’en faire son instrument. Mais il n’avait pas prévu que Six aille attaquer Mizulia directement et se fasse capturer. Il lui avait pourtant dit de se tenir tranquille, mais il avait visiblement sous-estimé sa rage, et l’inconscience de sa jeunesse.

- C’est ironique, ricana Kashmel. Nous étions cinq Irlesquo dans cette foutue ville, et maintenant que nous en avons besoin de trois, il nous en manque un…

- Si vous me permettez, père… Nous pourrions nous servir d’un membre de la famille Psuhyox. Elle s’est tellement mélangée avec la nôtre au fil des siècles qu’oncle Inuit et sa fille Malwen doivent avoir autant de sang de Sacha que nous.

- Je le sais. Mais je ne le ferai pas. Ce devra être trois Irlesquo, les descendants directs de Ketchum, qui descelleront le Phénix. La symbolique, dans ce genre d’occasion, est importante, ma fille.

- Mais père, nous ne pourrons pas rester ici bien longtemps. L’Empire ne va pas tarder à nous attaquer. Nous devons nous cacher dans ville-basse où en dehors de la cité, le temps que les mercenaires que j’ai appelés n’arrivent. Et puis… peut-être sommes nous les deux seuls Irlesquo encore en vie. Bradavan est mort, sa bâtarde va probablement connaître le même sort sous peu, et Rohban… Il a toujours été un faible incapable. Il est peut-être déjà crevé, quelque part dans un caniveau de la ville-basse.

- Tu as senti Bradavan mourir, rétorqua père, alors que ce n’était pas mon cas, alors qu’il est mon frère. Comment expliques-tu cela ?

- Je… je l’ignore, père…

- C’est très simple pourtant. C’est parce que tu as toujours vécu à ses côtés, et que son Aura t’est extrêmement familière. C’est pareil avec ton demi-frère. S’il venait à mourir, tu le sentirais. Quant à Six… j’ai des raisons de croire que ce cher Scalpuraï ne l’exécutera pas tout de suite. Et puis, même si nous étions réellement les deux derniers Irlesquo, il te suffirait juste d’engendrer un enfant. J’ai attendu trente ans. Je peux bien attendre neuf mois de plus.

Un enfant… Cette perspective ne m’enchantait guère. Dans notre situation, s’embarrasser d’un moutard serait déraisonnable. Mais si vraiment il le fallait, je le ferai le jour-même. Je devrai pouvoir convaincre sans trop de problème Gilthis de m’aider.

- Toutefois, tu as raison, poursuivi père. Nous ne pouvons pas nous attarder dans le Quartier G-Man plus longtemps. Mais pas d’inquiétude. L’Empire ne trouvera jamais cette salle, et de toute façon, le Phénix est scellé par une couche protectrice que même l’Empereur ne pourrait pas briser. Nous allons nous cacher, nous disperser dans toute la cité, en attendant Draïen Malket et ses mercenaires, tout en continuant nos actions pour affaiblir l’Empire et faciliter notre opération. Puis nous reviendrons ici libérer le Phénix, quand nous aurons notre troisième Irlesquo sous la main.

- C’est bien compris, père, acquiesçai-je.

- Va préparer tes G-Man. Donne-leur une zone dans la cité où ils devront rester. Notre force sera notre division. L’Empire aura du mal à nous pister chacun à la fois.

- Dois-je m’attribuer une zone à moi aussi ?

- Toi, tu restes avec moi.

Je souris, toute fière, et allai donner les ordres aux G-Man de Lance. En partant, j’entendis mon père dire à Furaïjin :

- Nous y sommes, mon vieux camarade. La victoire nous tend les bras, et avec elle, la résurrection des G-Man telle que la voulait ton ancien dresseur. Rien ni personne ne pourra se mettre sur notre route, désormais !


***


Mizulia



Les événements se succédaient tellement rapidement qu’on avait du mal à tous les assimiler. Pourtant, tout semblait aller dans le sens du plan de mon maître. Tout, à part peut-être le Coup d’Etat soudain du groupe Lance dans le Quartier G-Man. Maître Scalpuraï avait sans doute escompté attaquer les G-Man de nuit, en profitant de la surprise. Mais visiblement, Kashmel Irlesquo l’avait devancé. Mais ce que je lisais dans les yeux de mon maître m’appris que ce n’était pas grave. Au contraire, mon maître serait sans doute plus que ravi de pouvoir affronter directement Lance.

- Votre Majesté, fit-il à l’Empereur. Cette action éclair de Lance ne change rien. Même s’ils tiennent une partie de la Citadelle, je les délogerait tous.

- Bien sûr que si, ça change quelque chose, répliqua Jugeros avec mépris. Vous n’aurez pas à faire à quelque G-Man endormis qui se doutent de rien là, mais à des G-Man organisés, qui ont pris possession du Quartier G-Man et qui sont bien décidés à le garder. Vos Nettoyeurs sont-ils suffisants, surtout si Kashmel Irlesquo est avec eux ?

- Je ne vous permet pas de douter de mes Nettoyeurs, Votre Excellence, riposta mon maître. Ils sont entraînés depuis des années à traquer les G-Man illégaux et à les combattre. De plus, Sa Majesté m’a promis un commandement des forces armées régulières.

- Oui, confirma Daecheron. Prends autant de Pokemon que tu veux, et pars sur le champ. Que les G-Man ne respectent plus les lois sur le contrôle des naissances, c’est une chose. Mais un Coup d’Etat en règle au sein même de ma capitale, c’en est une autre. Extermine ces vermines humaines. Pourquoi ne pas commencer par la bâtarde ici présente d’ailleurs ?

L’Empereur désigna Six de ses griffes rouges sang. Ma fille ne réagit même pas. Elle semblait totalement sonnée par cette succession de révélation, et surtout sans doute par la trahison désormais évidente de l’homme qu’elle admirait. Si l’Empereur commandait son exécution et que mon maître obéissait, elle ne chercherait sans doute même pas à sauver sa peau, malgré tout mon enseignement sur la survie. Cela étant, j’avais fait un marché avec maître Scalpuraï, et j’avais bien l’intention qu’il le tienne. Après m’avoir regardé pendant une demi-seconde, le Trigarde d’acier revint à l’Empereur.

- Majesté, à propos de cette bâtarde… J’aimerai vous demander l’autorisation de la conserver en vie comme esclave.

- Que voilà une demande étonnante, remarqua Daecheron. Toi, plaider pour la survie d’un G-Man ?

- Je déteste les G-Man plus que quiconque, mais cette jeune humaine a toujours vécu en dehors de l’Ordre, et n’a pas encore été polluée par leurs manières et leur mode de vie pompeux. Elle pourrait devenir une arme redoutable, et nous aider beaucoup justement dans notre future chasse aux G-Man.

- Ou devenir celle qui ressuscitera l’Ordre qu’on aura détruit, maugréa Jugeros.

- Cela n’arrivera pas. Je la ferai stériliser pour que jamais elle ne puisse donner naissance à un enfant. Et au moindre signe de trahison, elle sera éliminée. Vous savez qu’une fois que j’ai une cible en tête, elle ne peut plus m’échapper, Votre Majesté.

Daecheron fit un vague geste de la main, signe que la situation le barbait déjà.

- Soit. Fais donc de cette bâtarde ton animal de compagnie. Mais elle sera sous ton entière responsabilité. Si elle s’avise de causer des problèmes, ce sera toi qui devra en répondre devant moi, Ecorcheur Argenté.

Scalpuraï s’inclina, et se retira de la salle du trône. Je fis rapidement de même tout en amenant Six avec moi. Elle se laissa tirer en dehors de la salle sans opposer une seule résistance. Son regard rouge semblait vide. Une fois la porte fermée derrière nous, mon maître se tourna vers moi.

- Voilà, j’espère que tu es satisfaite, Mizulia, me dit-il. J’ai pris de gros risques pour ta gamine, et je suis mouillé jusqu’au cou maintenant. Fais en sorte qu’elle tienne ses promesses.

- Bien maître. Je vous remercie pour votre clémence.

- Je vais rassembler une escouade entière de militaires. Prépare les Nettoyeurs, qu’ils soient prêts à marcher sur le Quartier G-Man dans une heure. Ta fille vient aussi. Si elle peut éliminer deux ou trois G-Man à l’occasion, ce sera une bonne image renvoyée à l’Empereur.

- À vos ordres.

Je me rendis à la caserne des Nettoyeurs, toujours en tirant Six derrière moi, qui gardait toujours le silence. Quand j’entrai, les autres membres de l’unité spéciale de Scalpuraï regardèrent Six d’un air étrange, mais ne posèrent aucune question. Ils avaient tous appris en peu de temps que j’étais la favorite du maître, et que je n’aimais pas les questions indiscrètes. Avant de rameuter tous les Pokemon, je pris Six à part dans une pièce vide, et la poussai sans ménagement sur un tabouret vide.

- Tu travailles pour l’Empire, maintenant, lui dis-je sans tourner autour du pot. Messire Scalpuraï est ton nouveau maître, et tu vas nous aider à traquer et à éliminer ces vermines de G-Man.

Six leva la tête et me regarda d’un air quelque peu absent.

- Pourquoi… ferai-je une chose pareille ?

- Pour ne pas mourir, répondis-je simplement.

- Tu crois que je me soucie de ma vie à ce point ?

- Oui. C’est ainsi que je t’ai façonnée. Sachant que tu serais pourchassée toute ta vie par mon maître, je t’ai appris tout ce qu’il te fallait savoir pour survivre. Tout, jusqu’à la trahison.

- Oui… Tu as été une merveilleuse prof dans ce domaine là, ironisa ma fille.

- Et toi une bien mauvaise élève, sinon tu aurais tout de suite cerné Kashmel Irlesquo, répliquai-je. Stuon avait bien compris sa duplicité, lui. C’est sans doute pour ça qu’il est mort.

Six me regarda cette fois ci avec un air très sérieux.

- C’est donc vraiment… Kashmel qui a tué Stuon ? Ce n’est pas… un mensonge ?

- Je ne peux pas être sûre à 100%. C’est peut-être un autre membre de Lance, genre Meika. Mais ce n’était pas moi. Et ce qui est sûr, c’est que Lance est l’instrument de Kashmel depuis le début… tout comme tu l’as été. Il avait forcément compris que tu étais la bâtarde de Bradavan.

Six sembla se souvenir de quelque chose.

- Quand je lui ai dit que j’avais fait un rêve bizarre où j’avais vu Furaïjin et Kashmel quand il était jeune, il avait l’air… furieux.

- Je vois. C’est donc à ce moment là qu’il l’a su. Les G-Man ayant du sang de Sacha Ketchum sont liés à Furaïjin, qui était l’ancien Pokemon de Sacha lui-même. Il arrive que dans leurs rêves, ils discernent les souvenirs de Furaïjin quand il est à proximité.

- Et il a alors voulu modifier la lettre qu’il avait faite pour Meika, poursuivit Six avec toujours un peu plus de colère dans sa voix à chaque nouveau mot. Il lui a sans doute dit ce qu’il avait découvert sur moi. C’est donc pour ça que Meika s’est tellement marrée devant moi quand elle a lu la lettre…

Six pensa à quelque chose, puis secoua la tête.

- Si elle est vraiment la fille de Kashmel, elle est donc ma cousine, et Kashmel est mon oncle. Et Rohban… mon demi-frère…

- Ne te préoccupe pas de ces détails, renchéris-je. Ils seront bientôt tous morts, de toute façon. Tu demeureras la seule Irlesquo encore en vie.

- Je ne veux pas de ce nom, ni même de ce sang ! S’exclama Six. Pourquoi… Pourquoi as-tu couché avec Bradavan de ton plein gré ?

- Parce que c’était ma mission, répondis-je très naturellement. Tu as entendu Jugeros tout à l’heure ? Il a vu juste. C’était un plan de mon maître pour pousser Bradavan à enfreindre la loi en engendrant un bâtard G-Man. Vu qu’il en est un lui-même, mais qu’il a été pardonné, une seule transgression de sa part aurait signifié la destruction de toute sa famille… et donc de l’Ordre entier, vu que les Irlesquo en sont les représentants.

Je me rendis compte que je me devais de me justifier un peu plus sur ce sujet. Car si moi aussi, j’apprenais que j’avais eu mon père comme Bradavan Irlesquo, je me serai écœurée de moi-même à tout jamais.

- Je n’éprouvais rien pour cet homme, à part le mépris, ajoutai-je. Il était ce qu’on faisait de pire chez les G-Man. Partager son lit m’a longtemps dégoûtée. Je pensais que j’aurai autant de dégoût pour son enfant qui grandissait dans mon ventre. Mais il n’en fut rien, ou sinon, je ne t’aurai pas soustrait à mon maître. Tu n’es pas comme lui, Six. Ni comme Kashmel. Tous les deux sont pourris, à leur façon. Tu es de leur sang, mais tu es née pour les éradiquer, eux et leur héritage. Alors vis, Six. Survis comme je te l’ai toujours enseigné. Être au service de l’Empire est la meilleure des situations pour nous. Nous resterons ensemble. Nous serons à l’abri du besoin. Nous serons redoutées. Et surtout, nous serons du côté des vainqueurs. C’est ce que Stuon voulait pour toi.

Je tendis ma main vers ma fille, qui la regarda d’un air absent. Mais finalement, elle se leva et l’empoigna un moment.

- D’accord, fit-elle.

- Tu m’aideras donc à tuer et capturer des G-Man ?

- S’il le faut.

Six n’avait évidement pas l’air débordante d’enthousiasme à cette idée, mais je savais qu’elle le ferait. Elle avait bien compris où était son intérêt. Les G-Man n’étaient rien pour elle, et elle devait en vouloir énormément à Kashmel.

- J’en suis heureuse, dis-je sincèrement. Alors, déshabille-toi. Je vais te donner ta nouvelle tenue. Car désormais ma fille, tu vas « nettoyer ».