Chapitre 12 : Infailtration
La Disaster Squad regardait son patron, partagée entre stress, énervement et curiosité. La nouvelle disant que leurs collègues s'étaient faits kidnapper avait été plutôt mal reçue, à raison. Alexandre continuait d'expliquer.
« La bonne nouvelle, commença t-il, provoquant un ricanement nerveux de Léanne et Nathanaëlle. La bonne nouvelle, donc est qu'on a une demande de rançon. Ils veulent échanger Davin et Sulian contre les criminels du Tunnel Ruinemaniac.
- C'est donc le même groupe, intéressant. Comment ont-ils pu les viser si précisément ? s'enquit Victor.
- On pense qu'ils se sont tombés dessus par hasard, comme pour Madame Jones. Mais que cette fois ils étaient préparés. La mauvaise nouvelle, pour continuer, c'est qu'ils demandent juste libération de leurs alliés, pas d'échange en bonne et due forme et donc... que les Jenny ont refusé. Et que ça ne nous avance pas sur leur position afin de leur venir en aide.
- Nous v'la bien alors, soupira Léanne. Ah ! Et le Capstick de Sulian ? Il y avait pas une balise GPS dedans ?
- Il a été retrouvé dans un bosquet près du Lac Courage, entouré de résidus de spores de Chapignon, soupira l'homme au chapeau. »
Un silence accueillit cette dernière déclaration. Léanne et Victor faisaient fonctionner leurs cervelles à toute vitesse afin de trouver une solution au problème pendant que Nathanaëlle observait sa manucure, intéressée mais sans plus. Arica, un peu éteinte souffla doucement.
« J'espère quand même qu'ils vont bien... »
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Pendant ce temps là, un Ranger et un Éleveur se faisaient une dinette.
« Puisque je te dis que les autres vont venir nous chercher... souffla Sulian.
- Tu parles on va crever ici comme des merdes, ouais. Et quelle idée de serrer aussi fort au niveau des chevilles, ça fait mal, bordel ! grogna Davin.
- Ah bon ? Moi ça va... Ils ont du avoir peur de toi je suppose, super colosse.
- Et sinon en tant que Rangers, vous apprenez pas à vous sortir d'un kidnapping ?
- Si c'est même notre première leçon, railla le roux. Ils m'ont viré mon Capstick et nos Pokéball sont dans le coffret là-bas, j'suis un peu pieds et poings liés. Oh attend, j'oubliais, je SUIS pieds et poings liés !
- Ca va, ça va, pas la peine de m'engueuler non plus ! »
Ils n'avaient pas trop compris ce qui leur était arrivé. A un moment ils marchaient en grognant pour sortir de la forêt, Davin se plaignant des pollens de fin de printemps qui lui donnaient un rhume des foins pas possible, et une seconde plus tard ils étaient par terre, endormis. Et quand ils avaient ouvert les yeux, désorientés, ils se trouvaient dans cette pièce et n'avaient pas eu plus d'informations depuis. Ils avaient l'air fin.
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« Il y a un moyen, marmonna Arica, alors que tout le monde était au point mort, à attendre. Il faut géolocaliser leurs Pokéball.
- Comment on fait ça ? grimaça Victor.
- Tous les Dresseurs sont reliés au grand fichier central de la Fédération, c'est comme ça qu'on peut suivre les populations de Pokémon dressés, qu'on déclenche les plans d'espèces protégées et qu'on empêche la relaxe de Pokémon trop puissants dans des zones sensibles, expliqua Nathanaëlle, soudainement intéressée.
- Comme pour le Grolem d'Alola de la dernière fois, on peut regarder où des Pokémon ont été capturés et relâchés. Les Pokéball envoient en temps réel ces informations, continua Arica. On peut s'en servir pour localiser des Dresseurs.
- Il y a un problème avec ce plan, soupira Alexandre. J'ai déjà fait cette demande. Mais il faut les autorisations pour. Et comme le problème ne concerne pas des Pokémon, on ne dispose pas du verrou des Jenny, il faut donc obtenir et justifier toute utilisation du fichier. Et ça peut prendre du temps, ce n'est pas une solution utilisée pour les cas d'urgence.
- On ne va pas laisser Davin et Sulian dans cette position pendant plusieurs jours quand même ! s'emporta Léanne, reprenant une jolie teinte rouge.
- Il y a une autre solution, fit Arica, timidement. Mais euh... c'est pas super légal. Mais normalement on ne saura pas qu'on l'a fait. »
Les regards se tournèrent vers elle. Puis vers Alexandre, qui n'en menait pas large. D'un côté, il voulait éviter les ennuis, surtout s'il devait utiliser une zone assez grise moralement. De l'autre, son équipe était sous sa responsabilité et il était absolument hors de question qu'une lenteur administrative mette en danger deux de ses subordonnés. On était très loin de la situation du Tunnel Ruinemaniac : ils étaient livrés à eux-mêmes cette fois. Et c'était à lui de prendre cette décision.
« Bon allez, j'autorise, fit-il lourdement, s'attirant un glapissement de surprise de la part de Nathanaëlle.
- Tu es sûr ? demanda Victor. Même si on sait, on ne pourra pas partager cette information avec la police, qui nous demandera d'où on la tient alors que eux ne savaient rien.
- Et donc on va devoir y aller nous-même, compléta Léanne, étrangement inquiète.
- Il va bien falloir, comme tu l'as dit, on ne peut pas les laisser comme ça.
- Je m'y oppose fermement, grommela Nathanaëlle. Mais par respect pour la démocratie je vais me taire.
- Ok, bon j'ai un coup de fil à passer, y en a pas pour long normalement » termina Arica.
Un peu moins d'une heure plus tard, une plantureuse blonde passa les portes de la Disaster Squad, une grosse sacoche dans chaque main. Avec un regard de connivence envers Arica, les deux se mirent en salle de réunion, observées par le reste de l'équipe qui se demandait ce qu'il se passait. Ils furent surpris quand chaque sacoche révéla une valisette fermée par un code. Chaque conteneur fut ouvert et de gros ordinateurs en furent extirpés. Léanne s'autorisa une question pendant que les machines démarraient.
« Euh Arica... C'est qui ? C'est quoi tout ça ? Vous allez faire quoi ? »
Bon ça faisait trois questions. Et elle faillit se faire royalement ignorer, mais les Zarbi d'Arica attirèrent son attention vers sa collègue à temps pour que la pseudo-archéologue puisse entendre les demandes.
« Ah oui euh. Je vous présente Chloé, c'est ma coloc' ! Elle est en études d'esthéticienne. On se connait d'un peu avant Sinnoh, on était à la fac ensemble. On était en informatique, à la sécurité des réseaux, mais on a arrêté parce que les cours étaient vachement chiants. Mais on a continué nos petites virées de filles après.
- Ouais ouais, rigole pas trop, j'ai bien compris que c'était un cas de force majeure mais j'aime toujours pas infiltrer les ordis de la Fédération, répondit la blonde. Ca va qu'on est dans un de leurs bâtiments, ça va nous épargner l'utilisation de proxys à foison.
- Comme vous le voyez, on va juste aller regarder le cache de la base de données du fichier de géolocalisation de Pokéball de la Fédération, en supposant que Davin et Sulian n'ont pas été déplacés depuis leur enlèvement, on devrait pouvoir obtenir leur position exacte. »
Le reste de l'assemblée regarda les deux filles, tout en restant abasourdi. Nathanaëlle et Alexandre en restaient cois, soufflés avant de glisser vers la salle de réunion. C’était le genre de moment où ils se disaient que l’alcool au boulot, ça devrait être autorisé parfois. Léanne était sur les fesses et Victor pris de court, posa une dernière question, halluciné :
« T'as d'autre secrets du genre ? Tu fais partie d'altermondialistes prêts à renverser la Fédération aussi ?
- Ahahah. Non. Tout au plus on reçoit parfois des demandes d'entreprise pour des audits de leur sécurité, ça arrondit les fins de mois et on reste anonymes. Et même pas besoin de diplômes quand on a notre réputation ! Pas vrai Chloé ?
- Ouaip' la fac c'était lourd, on apprenait pas grand chose et les mecs nous draguaient sans pause alors qu'ils étaient vraiment moyen en plus !
- Voilà le topo. A part ça non, je suis juste une "hackeuse" un peu geek, passionnée d'anciennes civilisations et avec une formation de géologue. Si vous voulez de l'héroïne, Chloé a un master de psychologie et a eu au moins... une cinquantaine de petits amis depuis juin dernier ?
- Cinquante-trois. Pas de ma faute si les hommes sont bêtes. Bon, on y va ? Tu m'as interrompue alors que je me refaisais Glee.
- Encore ? Tu vas encore chanter pendant tes ébats pendant deux mois, ça va être d'un chiant !
- Ecoute chacun ses problèmes, t'es gérontophile, j'aime les séries débiles.
- Retire ça, tu sais très bien que j'ai eu le poste d'assistante de Tecktel en draguant sa secrétaire. Ouh bon sang, heureusement que Sulian n'est pas là, il aurait fait une syncope. »
Léanne et Victor se regardèrent et décidèrent de rejoindre Nathanaëlle et Alexandre en salle de repos avant d'être définitivement perdus. Quand ils arrivèrent dans la pièce, ils purent voir le stock de café déjà prêt et prirent deux gobelets.
« Alors ? demanda le chef, lessivé.
- Elles ont l'air compétentes mais c'est un autre monde, répondit Victor.
- Même moi qui suivait un peu le côté technique je me suis faite noyer sous leurs délires. Est-ce que c'est ça devenir vieux ? demanda Lééanne à Alexandre qui grimaça.
- J'espère juste qu'elles ne se feront pas prendre, marmonna Nathanaëlle en empilant un cinquième verre sur sa pile.
- J'ai surtout l'impression qu'Arica rigole pour gérer le stress, ouais. Toute plaisanterie à part, comment on se débrouille ensuite ? On y va tous ensemble ? continua Victor.
- Non, certainement pas, c'est le meilleur moyen de leur donner d'autres otages, on va se répartir en groupes, l'un ira repérer les lieux et l'autre chercher les forces de l'ordre en inventant un beau mensonge, style un appel au secours ou une deuxième demande de rançon qui a permi de les localiser. Mademoiselle Olerisa, toute fantasque qu'elle est a prouvé sa valeur sur le terrain. Et vous, monsieur Eissen êtes un minimum formé à ce genre de cas, non ? Ce qui laisse mademoiselle De l'Aulne et moi-même pour rester ici et tenter d'alerter les forces de l'ordre, bien que cela me peine.
- Moi aussi, ne vous en faites pas, moi aussi, soupira la rousse.
- Euh Léanne ? »
Tous se tournèrent vers Arica qui demanda à sa collègue de la suivre. Les trois restants haussèrent les épaules et se resservirent du café.
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« Et donc c'est comme ça que j'ai eu Tropius.
- Wow, tu parles d'une histoire. Tu m'étonnes qu'ensuite tu veuilles avoir de vraies missions et pas te coltiner de la surveillance. Même si je pense que ce n'était pas une punition et que tu aurais du prendre ton mal en patience.
- Ouais t'as certainement raison, et tout le monde me l'a dit. Je ne regrette pas trop d'avoir choisi la Disaster Squad ceci dit. Sauf dans le cas présent mais je doute que ça soit vraiment une situation normale. Purée de parler ça m'a donné soif. HEY DEHORS ON A SOIF ! VOUS AVEZ PAS A BOIRE ?
- Pas la peine de brailler, bon sang ! Et puis je doute que ça ne les fasse venir et qu'ils te donnent de la boisson et... »
Davin s'était tu en voyant la porte de leur "prison" s'ouvrir, une jeune femme rentra, blonde, un peu filiforme et habillée tout en gris des pieds à la tête. Elle portait un petit bonnet de laine qui laissait à peine passer quelques mèches, montrant bien qu'elle portait les cheveux courts. Elle avait dans ses mains une bouteille d'eau et à ses côtés un Cradopaud, qui ricanait comme les membres de son espèce savaient si bien le faire.
« Pas la peine de brailler comme a dit le monsieur. J'ai bien aimé l'histoire de ton Tropius au fait. Tiens, bois.
- Qui... qui êtes vous ? Que nous voulez-vous ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » balbutia Davin, visiblement désarçonné.
La femme tenait la bouteille et l'avait fourrée dans la bouche de Sulian qui buvait autant qu'il le pouvait. Elle fit de même avec l'Eleveur sans lui répondre avant de se relever.
« Je ne sais pas, je suis juste la gardienne de la porte. On m'a juste dit de vous empêcher de vous barrer et je fais donc ça. Moi tant que j'suis payée, hein. »
Et elle s'en fut, suivie par son Pokémon qui leur fit un salut militaire en sortant. La porte se claqua, laissant les deux membres de la Disaster Squad pas plus avancés qu'avant.
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Beaucoup plus loin, dans le quartier chic de Féli-Cité, une jeune femme s'activait devant un ordinateur, connecté à un Porygon. Un jeune homme et son Goupelin la rejoignit et se pencha par dessus son épaule.
« Alors ? Quoi de beau ? Toujours ravie de te servir des cours de ton cher paternel ? railla t-il.
- Ta gueule Clément. On a bien fait de revenir, ça bouge bien à Sinnoh en ce moment.
- Chère cousine, pourriez-vous être un peu plus précise ?
- Hmph. Outre ce bordel avec les braconniers, qui sont une branche annexe de ceux de Rhode d'après les derniers rapports des Jenny, on a des petits malins qui sont en train de hacker des bases de données de sauvegarde de la Fédération, ahahah j'suis trop forte !
- Arrête ton char, Agathe, c'est le Porygon codé par ton père qui fait tout le boulot, soupira le prénommé Clément.
- Ouais, tu sais bien que je suis un bille pour ce genre de trucs. Ah, ils sont forts, ils ont réussi à effacer leurs traces. Et le signal venait de la Fédération elle-même, ce qui est d'autant plus étrange. Une erreur certainement.
- Ouais, je ne vois pas pourquoi la Fédération se piraterait elle-même. Autant je peux voir un Conseil Régional un peu belliqueux comme celui de Kanto le faire, autant à Sinnoh ça me semble bien compromis.
- Ah, toi t'as encore passé ta matinée à lire les infos politiques.
- L'Est et l'Ouest sont encore à se tirer dans les pattes, c'est d'un ennui. Dans un registre plus positif, ils ont enfin importé cette mission de gestion de crise comme à Johto et Kalos !
- C'est pas trop tôt, ouais... »
Avec un regard entendu, les deux laissèrent tomber les énigmes et les affaires courantes pour la journée et décidèrent d'aller s'entraîner un peu. On ne savait jamais quand on aurait besoin de Pokémon prêts au combat après tout.
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La petite incursion numérique des deux filles avait finalement porté ses fruits : elles avaient repéré les Pokéball des deux Dresseurs. Ils se trouvaient dans un entrepôt à moitié désaffecté de la banlieue de Voilaroc, bien connue pour abriter plein d'endroits bien craignos comme celui-là. Pas étonnant qu'on puisse y cacher des otages sans trop de problèmes. Victor et Nathanaëlle avaient accueilli la nouvelle avec des soupirs consternés : c'était le genre d'endroits qu'ils préféraient éviter. Chloé était repartie avec les ordinateurs et l'alolien avait décidé de partir sans tarder. Il avait passé le voyage à briefer sa partenaire brune, espérant qu'elle ne gaffe pas trop une fois sur le terrain. Les trois qui étaient restés à Unionpolis devaient essayer de demander l’intervention des forces de l’ordre sans pour autant compromettre la source de leurs informations.
Ne sachant pas trop à quoi s'attendre, le duo d’espions en herbe avait décidé de ne prendre aucun moyen de communication avec lui, histoire de ne pas donner de moyens de pression supplémentaires aux criminels. Leur mission était simple : si possible récupérer discrètement Davin et Sulian, ou tout du moins collecter assez d'informations pour contacter les forces de l'ordre et les obliger à bouger. Ce qui en soi était déjà un grand challenge.
Pour le moment leurs actions se résumaient à de la reconnaissance. Ils faisaient discrètement le tour du grand entrepôt, prenant soin de ne pas se faire repérer évitant du coup d'atteindre le bâtiment par devant. Victor pointa une grille d'aération. Ils avaient décliné le lien mental temporel que Nathanaëlle avait proposé d'instaurer entre eux. Arica parce que ça la télépathie risquait de déranger son lien avec ses Zarbi, et Victor parce qu'il avait très peur d'être totalement noyé par les pensées de sa partenaire. Aussi, ils firent tout en silence : Tritox fit fondre les coins de la grille alors que le Zarbi point d'exclamation de l'archéologue la réduisait en miettes, le tout sans faire un bruit s'il vous plaît.
L'ouverture ainsi pratiquée n'était pas très grande. Assez pour y faire passer tous leurs Pokémon et peut-être Arica, si elle n'avait pas autant forcé sur les churros ces derniers temps pensa t-elle, mais certainement pas Victor qui était un peu plus massif. Avec un regard de connivence, Arica laissa ses Zarbi avancer dans le tunnel, seuls. C'était l'une des situations pour lesquelles ils étaient préparés. En se collant contre une paroi, les Pokémon Symboliques pouvaient devenir quasiment invisibles si on ne les attendait pas.
Leur plan était simple : avancer assez loin tout en gardant en vue la sortie, effectuer un petit trou dans la paroi de métal, vérifier qu'il n'y avait personne puis créer un tunnel de téléportation pour transporter les deux humains. L'un des Zarbi les faisaient bouger jusqu'à lui pendant que l'autre les faisait sortir à l'air libre sans qu'ils ne restent coincés dans le conduit. C'était assez osé mais selon Arica : "au pire on réapparaît dans le tuyau et on l'explose par déformation psychique". Ils n'avaient pas mieux de toutes manières. Victor inspira, pas rassuré en voyant Arica se dissiper puis en sentant sa gorge se serrer et en remarquant la soudaine sensation de vide sous ses pieds.
Le duo se retrouva sans encombre dans une pièce qui ressemblait à un débarras. Logique puisqu'ils se trouvaient au fond du bâtiment. Tâchant de rester discrets, les deux s'accroupirent et regardèrent autour d'eux. Personne, parfait. D'après le plan de l'endroit, que Victor avait mémorisé, leurs collègues se trouvaient dans le coin du fond, mais à l'opposée, donc. Ce n'était pas de chance, mais ils avaient déjà réussi à infiltrer les lieux. La brune entrouvrit la porte laissa passer un de ses Zarbi puis sa tête pour observer un long couloir.
« Victor, grâce aux plans t'as remarqué, pas vrai ? chuchota Arica.
- Ouais, cet endroit est totalement symétrique. Et vu la disposition de cette pièce par rapport à celle qu'on a vu sur la photo, on est pile poil de l'autre côté. Quel dommage que l'aération et l'électricité ne soient pas symétriques aussi, répondit l'alolien. On reste sur nos gardes, on ne sait pas combien ils sont et je suis déjà étonné qu'on ne soit pas déjà repérés.
- Ask dit que la voie est libre. Go ? »
Après un hochement de tête, les apprentis espions sortirent discrètement et avancèrent dans le sombre couloir, toujours précédés par les petits Pokémon Psy. L'entrepôt était basé sur un modèle préconstruit basique : un énorme rectangle et quatre locaux de rangement à chaque coin, ce qui rendait leur action plutôt simple. La taille du bâtiment aidant aussi grandement. En entendant un éclat de voix, ils se collèrent à la porte qui donnait vers la zone principale pour écouter.
« Alors qu'est-ce qu'ils foutent ? Faut leur envoyer des doigts coupés à l'ancienne pour qu'ils se bougent ? grommela un homme.
- Ils disent que ça dépend des Jenny et pas d'eux et qu'ils ont fait les démarches mais qu'il va falloir attendre. On va les torturer un peu, ça passera le temps, répondit un autre.
- Rigolez pas, la nana veut pas qu'il soit fait de mal aux otages, c'était la condition pour qu'elle nous aide, continua un troisième.
- Ben vu ce qu'on la paye, qu'elle la boucle et qu'elle obéisse ! »
Arica avait eu du mal à retenir un glapissement. Victor était inquiet : certes les manoeuvres d'Alexandre auprès de l'administration leur faisaient gagner du temps, mais combien de jours voire d'heures avant que les ravisseurs ne soient gavés et ne mettent leurs menaces à exécution ? Ils étaient mal partis. Un regard à travers la porte leur montra l'état de l'immense zone de stockage : le soleil déclinant, malgré des fenêtres crasseuses posées sur les murs et le toit, déversait sa lumière dans la pièce sur des carcasses de voitures et de tonneaux. Il y avait aussi plusieurs piliers qui servaient de support au toit. Grâce à une sorte de miroir de glace que le Zarbi point d’interrogation avait formé au dessus d’eux, ils pouvaient observer le bâtiment, malgré le bazar ambiant. Le groupe de malfaiteurs, composé d'un peu plus d’une dizaine de personnes était regroupé au centre, autant d'une table et de papiers, mais assez loin pour qu'on ne les remarque pas.
Avec un geste, l'agent judiciaire fit signe à sa complice qu'ils allaient longer le mur du fond et espérer qu'on ne les remarque pas. Tout se passa plutôt bien au début, ils avançaient doucement, accroupis, les Zarbi faisant des rondes discrètes autour d'eux. Puis le drame. Qui ne prenait jamais vraiment la forme qu'on attendait. Ici, ce fut un Poichigeon qui nichait dans un des coins du hangar, et que personne n'avait remarqué. En bon scénario catastrophe, il vit les deux membres de la Disaster Squad passer sous son nid et fondit sur eux. Provoquant ainsi la surprise d'Arica, qui retint un cri mais s'étala de son long par terre. Ca aurait pu passer inaperçu, après tout les malfrats étaient habitués à entendre un Pokémon sauvage se déplacer, mais par réflexe les Zarbi lancèrent une Puissance Cachée sur l'oiseau, qui piailla de surprise, attirant l'attention sur lui.
Aussitôt, Victor se redressa avec un juron, maudissant les imprévus et laissa sortir Rapasdepic qui déclencha un Jet De Sable couplé à un Cyclone. Son Dresseur en profita pour faire une petite roulade et se cacha derrière une carcasse de voiture avant de se retourner pour juger les forces en présence. Grahyena, Migalos, Gigalithe... ouais il y avait du lourd. Il lâcha Goupix et Araqua et leur demanda une Poudreuse et Ecume.
« COCOTTE BOUGE TOI ! hurla t-il en voyant qu'Arica était restée dans l'expectative.
- COMMENT TU M'APPELLES TOI ? Y A UN PIAF QUI VIENT DE ME FONCER DESSUS LAISSE MOI LE TEMPS DE ME REMETTRE ! » répondit-elle véhémente, avant laisser sortir Wattouat.
Le premier flash vint du mouton. Il fit cligner des yeux à la quinzaine de bandits, comptés par Victor qui se disait que c'était peut-être pas loin d'une centaine de Pokémon qui allait leur tomber dessus. Un second éclat de lumière, qui les éblouit, répondit, lancé par l'araignée Poison qui s'était silencieusement placée au dessus d'eux. Elle tomba sur le blond et le menaça de ses crocs, faisant s'arrêter net ses Pokémon. Un regard de panique puis de résignation passa sur son visage. Arica se mordit les lèvres et se redressa, décidant de faire face.
« Ahahah, la petite dame veut combattre ! Ses Zarbi sont par terre et son mouton est pris dans les fils de mon Mygavolt, ricana un des braconniers.
- Ouais, mais il me reste ça ! »
Arica avait dans ses mains une étrange Pokéball. Elle était tout à fait normale mais son bouton central était noir. Victor, pas rassuré fut franchement étonné. Encore plus quand la jeune femme lança la sphère, comme pour libérer un Pokémon. Sauf qu'elle s'ouvrit sur rien.
« Et ben et ben, elle ne sait plus combien de Pokémon elle a ? demanda un des bandits qui avait eu un mouvement de recul avant de recommencer à s'approcher pour venir toiser le duo.
- Oui, hihihi que suis-je bête, gloussa la petite brune, avant de grimacer et de s'effondrer sous l'énorme baffe que le gars venait de lui asséner.
- On arrête de rire poulette. Où t'as eu cette Pokéball débridée ? »
Un regard de défi se forma dans les yeux d'Arica qui les ferma en serrant les dents, sentant venir un nouveau coup. Un raclement rauque de gorge arrêta subitement tout et elle rouvrit ses mirettes. Juste à temps pour voir un Doudouvet sautiller vers eux et lier leurs mains avec des Vampigraine.
« Je vais prendre le relais si vous voulez bien, fit une femme blonde en gris, très différente des autres bandits.
- Pas question ils doivent répondre à nos questions ! répondit l'un des hommes, visiblement embarrassé.
- Non. Pas de dégâts physiques aux personnes. Je vais passer sur la gifle, voyez-ça comme un geste commercial. Maintenant retournez à vos plans. Suivez-moi, vous deux, si vous savez ce qui est bon pour vous. »
Après un regard désolé l'un envers l'autre, Victor et Arica suivirent l'étrange blonde en gris, le Cradopaud de cette dernière fermant la marche. Sans ajouter quoi que ce soit d'autres, la geôlière leur lia pieds et poings, leur confisqua leurs Pokéball qu'elle plaça dans un coffret hermétique avant d'ouvrir la porte du débarras qu'ils cherchaient à atteindre il y a à peine quelques minutes.
« Vous avez de la visite » fit-elle en poussant les deux pauvre hères dans la pièce.
Le duo s'étala plus ou moins face contre terre et ne put qu'observer la femme placer leurs Pokémon à côté d'autres. Il relevèrent la tête et enfin aperçurent Sulian et Davin, qui étaient plutôt surpris. La porte se referma derrière eux.
« Euh, salut ? » tenta Arica, pas fière.
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Léanne sursauta en entendant son portable vibrer. Elle le sortit de sa poche et le porta à ses yeux avant de pousser un cri, attirant l'attention de Nathanaëlle et Alexandre. Quelque peu sans voix elle leur montra juste le message.
« Game Over
-- Arica »
Les trois soupirèrent. La journée ne faisait qu'empirer.