Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Code de Conduite de Lutias'Kokopelli



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lutias'Kokopelli - Voir le profil
» Créé le 19/05/2018 à 20:52
» Dernière mise à jour le 19/05/2018 à 20:52

» Mots-clés :   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2 — Déclaration Officielle
Bazoucan parcourut intensément les contrats qui lui avaient été présentés, prenant garde à bien scruter chaque champ durant plusieurs secondes, qui parfois se comptaient par dizaines pour les plus subtils. Il était difficile de savoir exactement si ses yeux plissés étaient un signe de sa concentration soutenue ou s’il s’agissait tout simplement de son expression naturelle, mais de toutes les manières il semblait bien que depuis qu’il s’était plongé dans sa lecture, le monde extérieur avait entièrement disparu pour lui.

“Coupenotte, je vous prierais de ne pas jeter vos pépins d’oran sur le sol ; les poubelles sont juste en sortie de la salle.”

… Ou pas, apparemment. Comment avait-il pu voir ça ?! Elle avait tout fait pour être discrète ! De toute façon, le sol était rocheux mais complètement sec, il n’y aurait presque aucune chance que les graines prissent sur un sol qui avait délibérément été rendu aussi peu fertile que possible.
La dragonne prit une mine renfrognée, mais ravala ses grommellements et se pencha vers le sol lisse, recherchant avec réticence les petites graines noires qui auraient pu se loger n’importe où entre les quelques rares touffes de mauvaise herbe qui étaient par miracle parvenues à sortir du sol désolé et régulièrement ratissé du bureau. Elle jeta un rapide regard au rideau rouge fermé au bout de la pièce, derrière le bureau : il lui semblait qu’un léger courant d’air en sortait au vu du mouvement minime mais aléatoire du tissu, et maintenant qu’elle sentait qu’il était plus fort au niveau du sol, elle craignait qu’il eût pu disperser ses graines un peu plus qu’elle ne l’eût espéré.

“Pendant que vous y êtes, une fois que vous serez dans le couloir, vous pourrez y rester.” continua le préfet d’un ton toujours aussi plat et imperturbable. “Ne vous éloignez pas trop, je compte sur vous pour guider notre nouvelle recrue une fois que nous aurons terminé. C’est ce que vous comptiez faire de toute manière, n’est-ce pas ?”

Coupenotte ne répondit pas, utilisant toutes ses forces pour se retenir de soupirer.
S’il y avait une chose qu’elle avait pu vérifier par le passé et dont elle venait d’obtenir l’ultime preuve à l’instant, c’était que l’oiseau n’avait pas été nommé préfet de la guilde par hasard. Même en n’arrivant pas à la cheville du Maître, sa puissance et son autorité n’étaient tout simplement pas contestables ; bien que personne ne l’eut vu réellement combattre depuis des années, ce qui rendait difficile l’évaluation objective de sa force réelle. Alors, face au manque de faits, seules les rumeurs pouvaient apporter de quelconques informations à son propos ; parmi lesquelles, la plus plausible et moins contestée de toutes racontait qu’il eut été un grand explorateur lui-même par le passé, peut-être même en tant que connaissance, ou même partenaire du Maître.
Tout ceci restait cependant de l’ordre de simples suppositions supportées par des preuves bien trop rares, étant donné que personne dans l’administration de la guilde ne parlait de leur passé ; soit parce qu’ils ne désiraient pas en parler, soit parce qu’ils avaient tout simplement rejoint la guilde après les faits et ne savaient donc rien de plus que tout le monde.

“… Bien.” Bazoucan leva ses deux yeux d’un geste vif pour aussitôt les focaliser sur Germignon. “Tout me semble en ordre. Il ne vous reste plus qu’à vous procurer votre équipement.”

Il relut une dernière fois la pile de feuilles en diagonale, puis en sortit certaines du lot au passage avant de les arranger en un plus petit tas bien cadré. Une aile posée avec une force mesurée sur cette petite pile la fit glisser le long de son bureau en direction de Germignon, tandis qu’il indiquait qu’il s’agissait de contrats qu’elle aurait besoin de présenter aux divers commerçants du quartier afin de faciliter les commandes et transactions. La nouvelle recrue acquiesça et le remercia timidement, récupérant la petite pile de papiers et la rangeant dans son petit sac avec d’immenses précautions.
Elle attendit quelques courtes secondes en silence pour s’assurer qu’il n’aurait plus rien à lui dire, puis le salua avant de s’éloigner. Cependant, alors qu’elle s’apprêtait à tourner la poignée de porte, elle se prit à hésiter. Rabaissant sa patte au sol, elle se retourna :

“E-Excusez-moi, mais…” Le bazoucan leva le regard vers elle et lui lança un regard aussi indéchiffrable et désintéressé qu’à son habitude. Elle déglutit nerveusement. “Ça ne vous… dérangeait pas que Coupenotte soit venue au lieu de Galékid ?”

L’oiseau leva un sourcil, sans pour autant montrer la moindre émotion incontrôlée.

“En quoi cela pose-t-il problème ?” demanda-t-il naturellement, mais toujours avec le même ton exagérément professionnel qui montrait que la question ne lui avait pas effleuré l’esprit, tout simplement parce qu’elle ne présentait pas le moindre intérêt à ses yeux. “C’est de vous dont il était question, pas de votre partenaire.”
“Euh— c-c’est vrai, mais…”

La nouvelle recrue se tut, refermant ses lèvres avec force. Tant d’objections auraient pu être émises ; pourtant les mots lui manquaient, principalement parce qu’elle pensa que le préfet ne l’écouterait pas avant qu’elle ne pût prendre le temps de réellement y réfléchir.
Elle voulait en savoir plus, certes ; mais s’il y avait une chose qu’elle voulait éviter bien avant cela, c’était de s’attirer des ennuis. Tenir tête à un membre de l’administration de la guilde, qui en plus d’être son supérieur avait très certainement des relations avec le système juridique local, était le meilleur moyen de donner une mauvaise image d’elle-même dès son premier jour de travail. Aussi décida-t-elle finalement, plus ou moins à contrecœur, de s’excuser pour immédiatement tourner les talons.

“Germignon.”

Elle se figea sur place. Trop tard, chanta la partie sarcastique de son cerveau dans un coin de sa tête.

Bazoucan se tut après ce simple nom, hésitant. Il jeta rapidement quelques regards autour d’eux et derrière lui, puis lui fit signe de s’approcher. Trop surprise par ce soudain changement radical de comportement, l’appelée obéit sans réfléchir. Tandis qu’elle revenait vers lui, elle ne put s’empêcher de le dévisager béatement : était-il, en fait, réellement au courant de quelque chose ? Allait-il être en mesure de lui donner des réponses, peut-être ?

“Petite. Je vais vous poser une question très simple. Vous n’êtes pas obligée de répondre si vous ne le souhaitez pas, mais je préfèrerais que vous soyez honnête avec moi.”

… Ou plutôt, simplement lui présenter plus de questions, il fallait croire. Ce n’était pas comme si elle en avait entendu suffisamment la nuit dernière.
Le préfet se pencha vers elle, baissant le ton de sa voix sans qu’il se fût mis pour autant à réellement chuchoter.

“Pour quelle raison avez-vous rejoint cette équipe en particulier ?”
“Eh bien, Galékid était présent, et non quelqu’un d’autre…” commença l’intéressée, intimidée. “J’avais pensé à rejoindre une équipe parfois, même si ce n’était pas sérieusement… J-je suppose que c’est arrivé parce qu’il était là, tout simplement.”
“Certes. Je devrais essayer de poser ma question autrement.” reprit-il. Il ajouta aussitôt : “Vous a-t-il forcée à le joindre ?”
“Non.” répondit-elle du tac-au-tac, peut-être avant même qu’elle eût eu le temps de réellement traiter sa question. Sa réaction immédiate fut d’avoir un léger soubresaut, comme si cette même réponse couplée à sa réactivité l’avaient surprise elle-même. Aussi décida-t-elle d’ajouter : “Je veux dire— euh… J-je ne crois pas ?”

L’oiseau cligna des yeux, imperturbable. Germignon voyait bien que d’innombrables engrenages tournaient dans son esprit, réécoutant en boucle ses paroles et analysant chacun de leurs détails ; mais s’il était évident qu’il était plongé dans une profonde réflexion, il était bien plus ardu d’avoir une réelle idée des conclusions qu’il en tirait. La trouvait-il suspecte ?
Il était visiblement déçu par sa réponse, ou en tous les cas il en attendait plus. Aussi chercha-t-il à reformuler :

“Bien. Si vous l’avez rejoint de plein gré, dans ce cas…” Il marqua une courte pause, dont le but était seulement d’accentuer le poids de la suite de sa phrase : “puis-je vous demander pour quelle raison vous l’avez fait ?”

Sa troisième question semblait très similaire à la première ; pourtant la manière selon laquelle il l’avait posée, couplée au fait qu’il n’avait de toute évidence pas été satisfait par sa première réponse, incitèrent Germignon à réfléchir plus en profondeur.
Elle se revit, seulement la veille, suivant Galékid depuis la Plaine Ocre sans lui poser la moindre question— sans se poser la moindre question. Elle se revit demander à rejoindre son équipe une fois arrivés à la guilde, alors qu’ils ne s’étaient pas échangé un mot sur le chemin. Elle se revit remplir les contrats, vaguement guidée par Machoc et Miaouss…

Un détail la fit soudainement frémir.
Au moment de remplir les contrats, elle n’avait eu aucune difficulté. Elle posait certaines questions quant à la signification de certains champs obscurs, mais une fois ceci fait— elle savait toujours quoi écrire, sans la moindre hésitation. Ce qui signifiait que…

Est-ce que qui que ce soit lui avait révélé le nom de son équipe, avant qu’elle ne l’inscrivît sans réfléchir ? Plus elle tentait désespérément de trouver un souvenir durant lequel un membre de la guilde l’aurait prévenue, plus elle se trouvait face à la rude impression que, contre toute attente, il lui semblait bien qu’elle avait tout simplement… su quel nom elle devait indiquer.
Comment avait-elle pu ignorer ce genre de phénomène ? Pourquoi fallait-il que quelqu’un d’autre lui fît remarquer ? Avaient-ils tous fait exprès de ne rien lui révéler sur Galékid et son équipe justement pour vérifier si elle aurait été capable de remplir les contrats sans la moindre information extérieure ? Comment avait-elle pu savoir, dans ce cas ? Comment savaient-ils qu’une telle chose allait se produire ? Qu’était-elle à leurs yeux, un cobaye ? Comment s’était-elle retrouvée dans une telle situation ?

Qu’est-ce que je fais ici ?!

Bazoucan vit le petit pokémon baisser un regard rempli d’une terreur croissante, tandis que ses petites pattes avaient commencé à trembler sans contrôle.

“Très bien. Pardonnez mon intrusion.” souffla-t-il finalement. “Je n’aurais pas dû insister autant.”

Deux yeux timides se levèrent vers lui, suppliants :

“P-préfet. Qu’est-ce qui se passe ici ?”

L’adulte se contenta de jeter un regard discret vers le rideau derrière lui.

“… Coupenotte vous attend dans le couloir. N’hésitez pas à recourir à ses services pour votre approvisionnement d’aujourd’hui.” rétorqua-t-il doucement. “… ou pour toute autre assistance à laquelle vous pourriez recourir.” ajouta-t-il en la dévisageant une dernière fois, semblant contre toute attente presque compassionnel.

Germignon pensa d’abord insister, mais déchanta rapidement lorsqu’elle vit son attitude ferme, alors qu’il avait déjà rangé ses contrats depuis plusieurs minutes pour les remplacer par d’autres papiers administratifs qu’elle ne put lire en raison de la hauteur du bureau couplée à l’angle de vue dont elle disposait.
Il était déjà passé à autre chose. De toute évidence, il n’avait réellement aucun intérêt envers elle. Elle peinait encore à le croire, tandis qu’elle passait le pas de la porte avant de la refermer derrière elle.


Quelques secondes plus tard, le rideau pourpre coulissa. Bazoucan accueillit la nouvelle venue sans surprise, lui présentant directement la nouvelle pile de papiers qu’il venait d’étaler sur son bureau. La lucario ne se fit pas prier, venant aussitôt à ses côtés.

“Du nouveau ?”
“Nous avons le support des JP. C’est à peu près tout.” répondit l’oiseau, sachant bien que sa supérieure ne voulait pas perdre de temps.

Le pokémon combat lorgna sur le rapport du congrès.

“Ils nous croient pas.” cracha-t-elle dans un grommellement. “Quinze ans qu’on leur arrête les plus grands criminels de la région, et tout ce qu’on a c’est une stupide association de bénévoles. J’te jure que s’ils nous coupent encore nos subventions, ils vont m’entendre.”
“Il nous faut des preuves tangibles.” soupira Bazoucan. “On nous a proposé d’envoyer des agents en observation, mais s’ils doivent rester dans l’ombre…”
“Ce ne sera pas suffisant. Ils n’obtiendront pas ce qu’ils veulent, et nous non plus.”

Elle vint malgré tout piocher la pile de fichiers qui rassemblait les espions qui pourraient potentiellement leur être envoyés. Lorsque le premier portrait qu’elle vit fut celui d’un miradar, elle pesta encore, envoyant la feuille de papier voler dans la salle.

“Inutile.” L’image d’un dracaufeu suivit. “Inutile.” Un amphinobi. “Inutile.”
“Au moins Maraiste est avec nous.”
“Bien sûr. Mais même lui a besoin de moyens pour arriver à quelque chose.” Elle rejeta un autre dossier identifiant le profil d’un scalproie. “Inutile.”
“Nous les aurons quand on aura réussi à convaincre la Fédération.”
Si on arrive à les convaincre.” Drattak. La fiche fut catapultée à l’autre bout de la salle, du moins elle aurait pu l’être si elle avait pris le temps de la réduire en une boule de papier au préalable. “Ils se foutent de notre gueule ou quoi ?!”

Les feuilles volaient tout autour d’eux tandis que le Maître de guilde enragé faisait les cent pas.

“Ah bah quand même !” s’exclama-t-elle finalement en voyant le profil d’un gallame. “On leur parle d’un phénomène qui affecte l’esprit, et ils nous proposent qu’un seul pokémon psychique ? Si c’est pas du foutage de gueule, ça !” Alors qu’elle parcourut un peu plus en détails son profil, elle vit que l’agent en question vantait ses talents d’épéiste et ses techniques de combat rapproché, mais pas une seule mention n’était faite de ses talents de télépathe. Le dossier complet s’envola. “Oh mais je rêve !”
“Leurs agents sont entraînés au combat, Lucario. Ce n’est pas dans leurs méthodes d’arrêter les criminels en jouant avec leur esprit. Certainement pas eux.”

Ce n’était pas une surprise, puisque la majorité des pokémon psychiques qui usaient de leurs pouvoirs pour lire dans l’esprit de leurs adversaires étaient aussitôt mal vus par leur entourage et devenaient vite le sujet de rumeurs et de méfiance : le simple fait d’enrôler des télépathes autrement que pour les communications les plus confidentielles et urgentes aurait donné une bien mauvaise image d’une fédération qui voulait apparaître comme digne de confiance. Mais bien qu’elle le sût parfaitement, le fait que la Fédération leur eût envoyé des agents avait ravivé un faible espoir en elle — après tout, s’ils envoyaient des pokémon pour les assister, cela signifiait que le conseil fédéral pensait que les agents en question leur seraient réellement utiles. Belle désillusion.
S’ils avaient émis la requête, c’était bien parce que la guilde avait besoin de talents dont elle ne disposait pas elle-même. Si le problème était d’arrêter les coupables, Lucario aurait bien pu le faire elle-même sans la moindre difficulté. Quel message essayaient-ils de donner, étaient-ils en train de lui dire qu’elle était trop faible ?

“Je vais essayer de contacter les lignes de télépathie.” offrit son second. “Et si cela n’aboutit pas, nous pouvons toujours essayer de recruter quelques civils.”
“Si la Fédération nous attrape à agir dans leur dos, on est foutus.” soupira-t-elle, tentant de masser ses tempes avec ses pattes. “Mais je crains qu’on n’ait plus le choix.”

Bazoucan acquiesça silencieusement, passant de l’autre côté du rideau pour accéder à la salle des archives qui se trouvait derrière. Pendant sa fouille, il demanda soudainement :

“Au fait, as-tu pu lire son aura ?”
“Oh, la nouvelle ? Ouaip. Tu l’as bien débloquée, ça c’est sûr. Peut-être même trop.” S’étant assise à la place de son subordonné, elle s’affaira à lire les derniers courriers qui leur restaient. Rien de bien intéressant, à son grand désarroi.
“Alors ?”
“Elle est normale.” confirma-t-elle. “De notre côté. Libre. Mais moins que nous.”

L’aura principale qu’elle avait vue depuis le départ était en effet celle d’un pokémon tout ce qu’il y avait de plus normal : saine, innocente, peut-être un peu nerveuse… Mais jusqu’à-ce que Bazoucan commençât à lui poser leurs questions du moins, rien ne semblait sortir de l’ordinaire.
La seule chose qui l’avait alarmée, mais non surprise, était l’ampleur de ce halo métallique qui l’entourait. Depuis un peu plus d’une semaine, de plus en plus d’habitants des environs avaient commencé à développer un halo similaire, bien que largement plus discret que celui de la petite germignon.

Elle était réellement comme tous les autres.
Sous son contrôle.

“Que proposes-tu ? Est-ce qu’on essaie de lui expliquer ?”
“Certainement pas.” contra-t-elle aussitôt. “Même si elle tient sa langue, c’est juste une gosse. Il remarquera forcément une différence dans son comportement. Et s’il le découvre…”

Il pourrait passer à l’action. Renforcer son emprise. Leur faire perdre à tous le peu de conscience et de liberté qui leur restait.

“De toute façon, l’ÉQUIPE fait déjà ce boulot à notre place.” continua-t-elle. “Ce serait beaucoup trop risqué de nous impliquer là-dedans. Avec un peu de chance, ils seront les seules cibles et ça nous laissera plus de temps pour agir.” Bazoucan baissa le regard, anxieux :
“Que faisons-nous s’ils ne sont pas assez discrets ?”

Lucario porta une patte à la méga-gemme qu’elle portait en boucle d’oreille, lui lançant un regard incertain mais déterminé :

“On devra frapper les premiers. Je vois pas d’autre solution.”