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» Auteur : Lutias'Kokopelli - Voir le profil
» Créé le 14/05/2018 à 22:19
» Dernière mise à jour le 22/05/2018 à 22:54

» Mots-clés :   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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Chapitre 1 — Nouvelle Affectation
La Plaine Ocre mérite bien son nom. C’est relativement plat, si on néglige toutes ses aspérités.
D’un point de vue plus objectif, il faudrait plutôt mentionner que cette plaine est généralement entretenue de telle sorte que le chemin soit en principe éclairci et dénudé de rochers, et limite au mieux les risques d’éboulements. Son trajet est donc a priori tout tracé et les quelques cailloux restants ne devraient poser aucun problème à une marche normale.

… C’est bien ce dernier point qui pose problème, ironiquement.

“Inutile de courir, on t’aura !”

Courir, c’est bien le mot.
Dans le cadre d’une course acharnée, tout ce qui n’apparaît au départ que comme un simple bout de paysage, des gravillons, du sable et autres rochers en poudre, se transforment sous le contact de petits pieds maladroits et terrifiés en véritables crocs-en-jambe — c’est le cas de le dire.
Le piège Voltomine est activé ! Germignon♀ perd 20 PV !
Un faux pas, et avant même qu’elle n’ait eu le temps d’entendre et d’identifier le déclic mécanique, la voltomine l’a déjà propulsée contre un mur dans une déflagration aussi brûlante que soudaine. Qui donc met ce genre de pièges au beau milieu du chemin ? La Plaine Ocre n’est pas censée être un repaire de bandits, pourtant !

Le petit germignon peine à se relever, mais l’adrénaline et la peur lui permettent rapidement de se remettre les idées en place et d’ignorer les brûlures et égratignures de ses pattes frêles. Un fugace regard vers son côté pour s’assurer que son sac est toujours là, puis la voilà repartie. Elle se demande comment elle peut toujours trouver la force de courir alors même qu’elle vient de perdre de précieuses secondes et que ses poursuivants se rapprochent toujours plus.
Germignon♀ est terrifié !

Le roc ocre tremble sous ses pas.
C’est étonnant. Il n’y a pas de soleil, pourtant la roche reflète des éclats roux, comme prête à s’enflammer au moindre contact. En d’autres occasions, elle aurait préféré s’attarder sur le paysage et réaliser quelques croquis— c’était exactement ce qu’elle était venue faire, d’ailleurs. Il ne manquait plus que ce groupe de voleurs pour parfaire le tableau avec un magnifique trou dans la toile.

En parlant de voleur, voilà le chef de la bande qui se pose juste devant elle, aussi délicatement qu’un wailord tentant un plongeon, la dévisageant avec un sourire carnassier de toute sa hauteur d’aéroptéryx. Derrière elle, le reste de la bande ne tarde pas à la rattraper et l’encercler.
Tandis qu’elle se retrouve bien forcée de s’arrêter, le côté rationnel de son esprit moque aussitôt le maigre espoir qu’elle avait eu d’échapper à un ennemi volant.

L’aéroptéryx semble sur le point de parler, probablement pour lui dire de leur donner son sac et son précieux contenu. Cependant, lui et ses sbires se taisent, comme subitement figés.
Hors-la-loi Aéroptéryx et sa bande repéré(s) !
Molène utilise Éboulement ! C'est super efficace ! Aéroptéryx♂ perd 102 PV. Arkéapti♂ perd 124 PV. Arkéapti♂ est K.O. !
Germignon n’a pas le temps de se demander ce qui leur arrive qu’un grondement violent retentit dans son dos, et en quelques secondes ses poursuivants se retrouvent enfouis sous un amas de rochers sortis de nulle part. L’aéroptéryx parvient douloureusement à s’extirper de son piège, mais il est encore sonné et incapable de réagir lorsqu’une Queue de Fer l’assomme de plus belle, le neutralisant pour de bon.
Molène utilise Queue de Fer ! C'est super efficace ! Aéroptéryx♂ perd 134 PV. Aéroptéryx♂ est K.O. ! Le hors-la-loi a été arrêté !

Ce n’est que lorsque l’attaque cesse et que Germignon voit un minuscule galékid tomber au sol qu’elle comprend l’identité de son sauveur. Ce dernier s’approche aussitôt d’elle ; elle s’apprête à lui adresser des mots de remerciement, mais avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit, un badge de secouriste lui est tendu.
Germignon♀ rejoint l'équipe test !


“Je vois. Et il t’a tellement éblouie avec son 2CKO que tu l’as supplié pour qu’il te recrute, c’est ça ?” enquit la coupenotte avec un coup de coude et un jeu de sourcils provocateurs.
“La ferme, Kibax.” rétorqua le miaouss sans même se tourner vers elle. “Donc c’est comme ça que tu l’as rencontré, hein ? Je suppose que t’as eu du bol, ouais. Il paraît que cet aéroptéryx était un Rang B, c’est quand même pas rien.”

Germignon acquiesça distraitement, sirotant tranquillement son cocktail Mepomme. La journée semblait s’être passée si vite, et dans le même temps elle avait été si lourde d’événements et de tâches à accomplir… Elle était bien contente que ses nouveaux collègues l’eussent invitée au restaurant le plus proche aussitôt qu’elle fût libérée de ses corvées.

Honnêtement, elle n’avait jamais réellement réfléchi à ce qui attendrait quiconque essaierait de s’inscrire à la nouvelle guilde de Noé-la-Brume ; mais s’il y avait bien une chose à laquelle elle n’aurait jamais pensé, c’était bien des piles de formulaires à remplir et des dizaines d’ordres de commandes à effectuer pour se procurer son nouveau matériel de travail. Certes, la guilde s’occupait des frais en majorité (bien qu’elle vît sur un coin de contrat en petites lettres que l’équipe vivait en réalité à crédit et que du fruit de leurs prochaines explorations serait débité petit à petit leur dette avec intérêts) ; certes, quelques de ses nouveaux collègues n’avaient pas tardé à lui offrir leur soutien pour l’aider à se préparer et à se situer dans les environs, ne négligeant pas de lui “refiler quelques tuyaux.” Mais tout de même. Pourquoi s’était-elle inscrite, déjà ?

“Si c’est pas indiscret, qu’est-ce que tu fichais dans les Plaines Ocre, aussi ?” lui demanda Machoc. “C’est vrai que c’est pas censé être si dangereux que ça en temps normal, mais je vois pas vraiment ce qu’un germignon aurait pu y faire.”
“Je dessinais.” avoua-t-elle avec un petit sourire avant de prendre une autre gorgée. “J’aime beaucoup peindre les donjons que je visite.”
“Ah bon ? C’est pas un peu dur, avec tes…?”

L’humanoïde avait commencé à manœuvrer quelques gestes incompréhensibles avec ses mains, comme cherchant à terminer sa phrase avec ses gestes plutôt qu’avec des mots. Coupenotte lui écrasa discrètement la queue en lui lançant un regard noir.

Oui, c’est possible pour un quadrupède de dessiner.” grogna froidement Germignon. “Et ça ressemble à quelque chose. Merci. Mon père est un majaspic, ça a un peu aidé.”
“Tu fais ça depuis longtemps ?” lança Miaouss d’un ton légèrement trop excité, masquant avec peine le fait qu’il posait cette question essentiellement pour détendre l’atmosphère.
“J’ai toujours aimé ça, aussi loin que je me souvienne. Après, bon, je pense que c’est seulement vers mes huit ans que ça a vraiment commencé à ressembler à quelque chose, hein.” rit-elle sarcastiquement. “Et puis, je ne sais vraiment dessiner que les paysages. En vrai… j’ai un peu rêvé de devenir cartographe aussi, parfois. Je suppose que faire partie de la guilde va m’y aider.”
“C’est sûr qu’avec nous, tu vas en voir des donjons.” soupira Machoc.

Quelques rires résonnèrent autour de la table, mais ils étaient très vite étouffés par la foule environnante. Pour une fois, cette soirée était bien occupée pour le Chez Mantis ; les restaurateurs n’allaient pas s’en plaindre, mais cette soudaine arrivée massive de nouveaux clients, en plus des habitués, ralentissait malgré tout leur capacité à gérer correctement le flux de monde. Il y avait de quoi se demander d’où tout ce beau monde pouvait bien venir et quel événement aurait bien pu tous les pousser à se retrouver dans la même ville au même moment.
Malgré cela, Germignon avait pu prendre le temps d’admirer la structure de l’établissement ainsi que son atmosphère chaleureuse, et elle avait tout de suite compris en quoi ce restaurant-bar avait tout pour plaire, et donc pourquoi il s’agissait du lieu de rencontre favori de ses nouveaux compagnons de route. Les aubergistes étaient accueillants et n’hésitaient pas à converser— pour le moins, ce n’était pas le cas en cette soirée, mais ses amis avaient répété que d’habitude ils avaient toujours le temps de discuter de tout et de rien pour s’échanger des anecdotes et des secrets que seuls les taverniers savent entendre et retenir. L’endroit était confortable et chaud ; et, bien sûr, la nourriture était excellente. Bon, pour ce dernier point elle ne l’avait pour l’instant qu’entendu dire, mais elle pouvait au moins vérifier sur le moment que ce cocktail qu’elle dégustait était bien meilleur que toute autre boisson qu’elle avait précédemment goûtée.

Dans le même temps, c’était également la première fois qu’elle était venue dans le restaurant d’une grande ville ; il était prévisible qu’elle sentît une différence par rapport à ses petites recettes de province.
Germignon jeta un regard discret et coupable vers sa sacoche. Ses amis avaient dit qu’ils s’occuperaient de l’addition, et justement une part d’elle se sentait toujours un peu mal à l’aise par rapport à cette petite dette en plus qu’elle leur devrait.

“Merci à vous trois…” souffla-t-elle subitement. “Je sais pas comment j’aurais pu m’en sortir sans vous, cet après-midi. J’avais même commencé à me demander ce qui m’avait pris de m’inscrire à cette guilde…”
“On s’est tous posé cette question au moment de remplir les papiers, t’inquiète.” rassura Coupenotte avec un grand sourire. “Et puis nous au moins on était trois ! On allait quand même pas te laisser remplir ces tas de trucs toute seule.”

C’était vrai ; elle se serait attendue à recevoir un minimum d’assistance de la part de son nouveau partenaire, mais ce dernier ne lui avait même pas adressé un regard.
Une petite part d’elle commença à se demander pourquoi il l’avait recrutée. Il lui avait de toute évidence demandé, mais elle n’avait techniquement pas été obligée d’accepter, si ? Une autre part d’elle commença à s’étonner du fait que la première fût si faible, et qu’elle ne se fût posé aucune question tout au long du processus d’inscription, le suivant sans réfléchir et obéissant docilement à tout ce qui lui avait été dit. C’était comme si…

“Désolée pour l’attente, nous avons beaucoup de clientèle ce soir.”

Germignon sursauta légèrement, brusquement tirée de ses pensées. Levant le regard, elle vit la floramantis revenir vers eux avec quatre plats fumants entre les pattes, une attitude formelle mais intéressée, et un petit sourire penaud et embarrassé.

“Vous en faites pas, on peut voir ça.” répondit Machoc de manière rassurante. “Bon courage pour la suite.”
“Merci.” Elle inclina légèrement la tête en signe d’acquiescement tandis qu’elle déposait les plats en face de chacun. “Je parie que vous aurez beaucoup à faire demain, avec votre nouvelle recrue.” ajouta-t-elle en adressant une mine encourageante à l’intéressée.
“Oh, elle fait pas partie de notre équipe !” corrigea Coupenotte. “Mais faut bien qu’on l’aide, vu son partenaire.”

L’hôte ouvrit de grands yeux en jetant un regard confus vers la petite dragonne. Cette dernière hocha la tête discrètement pour appuyer ses dires. Floramantis poussa un soupir court, puis se tourna de nouveau vers Germignon, son sourire étant cette fois bien plus tendu.

“Je comprends. Je te souhaite bien du courage, petite. Tu as dû en avoir pour arriver jusqu’ici.”

Le pokémon partit prestement, retournant aussitôt en cuisine. Germignon la suivit du regard pendant un temps, fronçant les sourcils d’incompréhension. Tous ces non-dits, l’intérêt tout particulier que ces trois explorateurs avaient tout de suite eu pour elle dès son arrivée… Peut-être qu’en fin de compte, ils n’avaient pas décidé de la prendre sous leur aile seulement parce que c’était la bleue.
C’était désormais clair comme de l’eau de roche, on lui cachait quelque chose.

Qu’est-ce qui se passe ici, au juste ?

L’esprit encore embrumé, elle appela distraitement ses compagnons de table pour attirer leur attention. Une fois qu’elle l’obtint, elle se tut quelques secondes, ne sachant comment elle pouvait exactement amener un tel sujet. Elle se sentit stupide.

“Je me demandais…” Germignon se stoppa au milieu de sa phrase, sans trop savoir pourquoi. Elle allait poser une question toute bête et innocente, pourquoi avait-elle ce sentiment singulier que cette question allait soulever un problème bien plus lourd qu’elle n’eut pu imaginer ? “J-je veux dire, je sais que je l’ai déjà dit une bonne dizaine de fois, mais je voulais encore vous remercier pour m’avoir aidée aujourd’hui, tous les trois…”
“T’inquiète,” souffla Machoc avec humour, “avec une guilde comme la nôtre faut bien se serrer les coudes.”
“Ha. Ce qui m’étonnait juste, c’est… Où est Galékid ?”

Silence. Les trois pokémon se jetèrent un regard gêné. Miaouss fut le premier à réagir, s’avançant sur son siège pour se rapprocher d’elle discrètement.

“Tu, euh… Tu t’attendais vraiment à ce qu’il vienne ici ?” demanda-t-il avec une curiosité sincère, ayant soudain baissé d’un ton au point où il murmurait presque.
“On est partenaires, non ? Je pensais qu’on pourrait peut-être apprendre à se connaître. Vous aviez raison, ce restaurant est le coin parfait pour faire connaissance. Je me demandais juste pourquoi vous ne l’avez pas… pourquoi il n’est pas venu, je veux dire. Il aurait pu discuter avec nous.”

Coupenotte s’étouffa avec son jus de fraive. Germignon pensa d’abord qu’elle eut pu avaler de travers, mais elle vit rapidement que ce n’était pas le cas quand elle entendit la petite dragonne éclater de rire.

“Galékid ? Discuter ?” gloussa-t-elle au milieu de son hilarité. “Nan mais tu l’as vu ce mec ? T’apprendrais plus de trucs sur lui en tapant la causette à un champ de pétrigraines, ma pauvre !”
Kibax.” grogna Machoc. Se tournant aussitôt vers la nouvelle recrue : “On va pas te le cacher…” Il avait cette fois un regard anxieux, presque apeuré même. “… c’est justement à cause de ça qu’on t’a invitée, en fait. T’as vraiment rien remarqué de bizarre chez lui ?”

Germignon commença à sentir le doux fumet de son rôti de pêcha s’embraser sous ses naseaux, tandis que le bruit environnant lui parut s’amplifier. La seule chose que son instinct put anticiper était qu’elle n’aimait décidément pas du tout la direction que prenait cette conversation.

“Qu’est-ce que vous lui trouvez de bizarre ?” rétorqua-t-elle par réflexe, s’axant sur la défensive. “Il est muet, c’est ça ? Vous le trouvez bizarre à cause de ça ?”
“Muet c’est faible comme mot.” marmonna Coupenotte.
Vide, on pourrait dire.” répondit Machoc.
“Ça va faire une semaine entière qu’il est avec nous, et il n’a même pas montré la moindre émotion depuis.” ajouta Miaouss d’un ton calme, mais intensément grave. “Et pas seulement à nous, les autres aussi l’ont remarqué.”
“Pas un mot pendant une semaine, ça se peut.” reprit Coupenotte. “Mais là, on atteint le sommet avec lui. Quand tu lui parles t’as même pas l’impression qu’il sait que t’existes. Il fait toujours la même gueule. T’imagines ?”
“Et en même temps c’est clair qu’il nous voit parfaitement bien.” contra Machoc. “Il serait certainement pas aussi balèze en combat s’il pouvait pas localiser ses ennemis précisément.”

Germignon gardait le silence. Le bois de leur table ronde sembla tripler en surface, mais elle tenta de ne pas se laisser berner par ce mal-être et fronça les sourcils, dévisageant ses interlocuteurs tour à tour.

“Qu’est-ce que vous lui voulez.” Probablement par volonté de se montrer plus sérieuse, voire légèrement intimidante, Germignon oublia d’infliger une intonation correcte à sa question.
“Nous on lui veut rien !” se défendit Coupenotte, bien qu’elle fût mystérieusement parvenue à chuchoter cette exclamation. “Si tu veux tout savoir, avant on le trouvait juste bizarre— mais maintenant que t’es là, bah…”
“On s’inquiète pour toi, c’est tout.” renchérit Machoc. “Peut-être qu’on est juste paranos, d’accord, mais on veut vraiment être sûrs que tu sais au moins ce qui va te tomber dessus.”

Discrètement, sans les lâcher du regard, elle se saisit de son sac et prépara une lente marche arrière. Coupenotte lui saisit aussitôt une patte, la forçant à la regarder en face. Alors que toute la journée elle avait toujours agi en comique de la bande, son visage n’affichait plus qu’une expression sinistre et sincère.

“Écoute. Je sais qu’on a l’air d’être des tarés, mais je te jure qu’on veut t’aider. On a des preuves.”

Contre son gré, le pokémon feuille se rassit sans un mot, mais sans perdre son regard noir non plus.

“Bon.” Machoc se tourna vers ses deux compères. “Alors on déballe tout ?”
“On déballe tout.” acquiesça Miaouss. Il prit une grande inspiration puis posa ses pattes sur la table, s’appuyant sur elles pour se redresser et se donner un air solennel : “Tout ce qu’on sait sur Galékid, c’est ce qu’il a fait depuis qu’il est arrivé à la guilde. À part ça, personne ne sait d’où il vient, personne ne le connaît d’avant son inscription, et personne n’a la moindre idée de la raison de son comportement. Il n’a même pas de papiers, et ça déjà en soi c’est suffisant pour faire de lui un hors-la-loi en principe. Sauf que ça, personne dans les autorités n’a l’air de s’en soucier. Ils font la sourde oreille quand on leur en parle, et en même temps s’il s’agissait d’un agent sous couverture ou quelque chose comme ça, ils lui auraient procuré des faux bien avant qu’on se soit aperçus de quoi que ce soit.”

Un sans-papiers ? Cette fois-ci, il fallait bien admettre que quelque chose se tramait réellement. Germignon avait du mal à croire ces dires juste à les entendre, mais le fait que chacun des trois semblait savoir parfaitement de quoi ils parlaient la confortait dans l’idée qu’ils étaient probablement sincères.
Tout de même… Un sans-papiers dont les autorités connaîtraient l’existence sans avoir l’envie de l’appréhender, et qui ne voudraient pas non plus lui procurer un moyen d’au moins masquer son illégalité dans le cas d’une potentielle conspiration politique digne des romans les plus tordus ? Cela ne faisait tout simplement aucun sens. Soit Galékid était dans leur camp et le gouvernement avait tout intérêt à l’aider, soit il s’agissait d’un ennemi, et il eut dû être arrêté sitôt qu’il eut été signalé par des témoins. Ce n’était pourtant pas si compliqué ! Était-ce encore un problème à associer aux méandres de l’administration ? Peut-être que le rapport avait été perdu quelque part entre deux piles de missions de bas étage, retardant son arrestation.
Mais cela signifierait que Galékid était effectivement un criminel potentiel…

“Ce n’est pas tout.” ajouta-t-il encore après une courte pause. “En plus de ça, on ne sait même pas comment il est arrivé à la guilde. Personne ne l’a vu.”
“Peut-être qu’il est arrivé de nuit.” rétorqua Germignon en haussant les épaules, bien que son scepticisme commençât à s’envoler couche par couche chaque fois que cette conversation progressait.
“Il n’aurait pas pu passer les gardes, banane.” contra Coupenotte. “La guilde est gardée jour et nuit, et y’a pas eu la moindre effraction depuis sa création. Pas une, sauf celle-là.”
“Et le plus bizarre, c’est que ça s’est fait en plein jour justement.” reprit Miaouss.
Et le pompon, c’est que le Maître n’a rien. Dit.” finit Machoc. “Personne n’a pu y croire, mais on était tous là. Le Maître lui a donné une chambre et un poste, et c’est tout. Il a même pas eu à signer les contrats ! En plus, il garde tout l’argent de ses missions, tu te rends compte ?!”

Germignon se rappela l’attitude du maître de guilde envers elle, et s’il y avait bien une chose qu’elle devait admettre, et que tous ceux à qui elle s’était adressée à ce propos avaient confirmé de vive voix à l’unanimité, c’était qu’il s’agissait très clairement du pokémon le plus opiniâtre qu’elle eut jamais vu— en plus d’un radin fini, à en croire les dires des habitants alentour. Le genre de comportement que l’équipe d’exploration lui décrivait semblait tout simplement inconcevable venant d’un tel individu.

“Le plus gros mystère, c’est comment il a pu rendre son équipe officielle.” renchérit Miaouss. “On est d’accord, il faut au moins trois membres et un minimum d’expérience pour espérer contacter la Fédération et candidater pour un nom d’équipe— et encore, y’a quelques décennies il fallait quatre membres. On a vérifié les textes de lois à la bibliothèque juste pour être sûrs. Alors même s’il est aussi costaud, comment il a pu créer une équipe pour lui seul ?”
“C’est peut-être parce qu’il a formé son équipe ailleurs ?” proposa Germignon. “Il me semble que les lois sont différentes dans les autres régions.”
“On y a pensé aussi. Personnellement, je suis quasiment sûre que c’est un immigré de la Terre de Sable.” chuchota Coupenotte, prenant bien garde de masquer ses mots d’un auditeur indiscret avec une patte collée à sa bouche. “C’est peut-être même un espion de Ramal-les-Sables, qui sait ?”
“Sauf que ça ne tient pas, je t’ai dit.” soupira Machoc. “Les papiers, t’as oublié ? Comment aurait-il pu prendre l’Express sans passeport ?”
“Il les a peut-être perdus en chemin ?”
“Peux-tu me dire qui va égarer ses papiers d’identité, en particulier si t’es un agent d’espionnage ?”

Coupenotte grogna, bien qu’elle parût plus agacée par le fait que sa théorie fût réfutée, que par réelle frustration d’être à bout d’arguments.

“Mais alors… Qu’est-ce que vous comptez faire ?”

La voix de Germignon paraissait cette fois complètement dénuée du moindre doute— mais dénuée de toute autre émotion également. Le regard vide et perdu, elle les dévisageait un à un, cherchant des réponses bien qu’elle eût bien compris que ses interlocuteurs n’étaient pas beaucoup plus avancés qu’elle. La dragonne l’interpella aussitôt en sentant sa mélancolie et posa doucement sa patte sur son épaule.

“On compte découvrir ce qu’il trame, bien sûr ! Tu verras, tout ira bien. C’est un membre de la guilde aussi, on va pas le torturer pour obtenir des réponses.” Et elle lui adressa un petit clin d’œil, plus par blague que par réel sentiment de complicité — à moins qu’elle n’usât justement de ce signe pour dédramatiser afin de la rassurer avec humour.
“On est peut-être dans une guilde d’exploration, mais on est avant tout des secouristes.” répondit Miaouss avec un sourire assuré. “Tant qu’à sauver des vies, on peut bien commencer par celles qui sont juste en face de chez nous. Alors notre plan ? Pour l’instant, c’est surtout de s’assurer que personne ne craint rien.”
“Et vu que t’es aux premières loges pour tout savoir de ses plans…” conclut Machoc. “Ça te dirait de nous aider ?”

Germignon garda encore le silence pendant plusieurs longues secondes. Après une petite vingtaine d’entre elles, elle prit une soudaine inspiration et les dévisagea une fois de plus.

“Je veux savoir ce qu’il se passe dans cette guilde. Je vais vous raconter ce que je vois, mais je ne veux pas m’embrouiller dans des histoires sordides. C’est tout ce que j’ai à dire.”

Les trois explorateurs s’échangèrent un regard en silence. Coupenotte acquiesça ; Machoc suivit ; Miaouss sembla hésiter et contorsionner ses moustaches quelques secondes de plus, mais il donna finalement le hochement de tête final. Se levant alors de son siège, le pokémon combat tendit finalement une main bienveillante vers leur nouvelle alliée :

“Germignon, nous te nommons agente officielle d’infiltration de la Ligue d’Investigation sur le Galékid Unanimement Énigmatique. Bienvenue dans le club.”