Chapitre 8 : Joyeux presqu'anniversaire
Léanne avait réuni toute la Disaster Squad à son bureau. Seule Nathanaëlle ne s'était pas déplacée, finissant diligemment ses rapports malgré l'heure tardive. Cette semaine était marquée par la présence de tout le groupe dans leurs locaux le lundi et le vendredi. Malgré l'heure tardive et le début de semaine qui n'aidait pas sa concentration, la médecin avait une annonce importante à faire.
« Bon, comme vous le savez, vendredi ça va faire deux mois qu'on travaille ensemble et on a même une belle réunion de prévue ce même jour. Ce qu'on ne nous a pas dit, c'est que ce jour là, c'est aussi l'anniversaire de ce cher monsieur Eleveny !
- Chouette chouette chouette, je suppose que tu veux préparer une petite fête surprise ? s'enjoua Arica.
- Bien deviné, poulette ! fit Léanne en imitant un accent de mafioso.
- Bonne idée, en effet ! Il faut qu'on se répartisse des rôles pour l'organisation du coup, acquiesça Victor, qui n'avait pas mis longtemps à joindre le projet.
- Euh non. D'abord il va falloir confirmer quelque chose, marmonna Davin avant de lever la voix. Vous en êtes, mademoiselle Jones ? »
L'assemblée eut un frisson en voyant Nathanaëlle se tourner vers eux, dérangée dans son travail. Le Baudrive de Sulian se cacha derrière ce dernier, qui s'efforça de le rassurer. Glaciale, "mademoiselle Jones" laissa son regard parcourir le groupe. Arica, nettement moins enthousiaste s'efforçait de faire bonne figure. Davin et Victor n'étaient pas plus apeurés que ça, plus intrigués par la réponse à venir. Quant à Léanne, elle avait un air de défi et les sourcils froncés.
« Pour le bien de l'organisation je suppose que je suis obligée de participer, non ? Heureux ? »
La médecin inspira, allant formuler une remarque cinglante mais elle s'arrêta en sentant la main de Victor sur son épaule qui lui fit signe que ce n'était pas le moment de déclencher une confrontation ouverte. Elle ravala donc ses commentaires et laissa Nathanaëlle prendre le contrôle des opérations. Ce qui se révéla de toutes manières une bonne idée puisqu'elle était très forte pour penser à tous les petits détails possibles et imaginables. En moins d'une heure un planning avait été fourni et chacun savait ce qu'il devait faire ou acheter d'ici le vendredi.
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C'est comme ça que Léanne et Arica se retrouvèrent le lendemain après leur astreinte au centre commercial pour acheter boissons et matériel de fête classique.
« Je suis d'accord avec Davin, c'est peut-être un peu enfantin comme idée. Mais c'est une occasion de remercier Alexandre de son soutien et de passer un bon moment, fit Arica en mettant des gobelets en plastique dans leur sac de courses.
- T'as bien raison, et puis ça sera notre première vraie activité tous ensemble. Si on omet la mission à Verchamps, mais j'ai connu plus reposant.
- Tu penses que ça va aller pour les autres ?
- Oh je suis sûre que mademoiselle Jones, dans sa grande sagesse a pensé à tout, ricana Léanne, sarcastique.
- Il y en a un que je plains surtout, pouffa la brunette. »
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« Vous êtes sûre et certaine qu'il faut un discours ? demanda timidement Sulian.
- De ce que j'ai compris des intentions de mademoiselle De l'Aulne, nous allons organiser une célébration pour marquer le coup, répondit Nathanaëlle en mimant des guillemets avec ses doigts. C'est pourquoi une petite prise de parole pour montrer notre cohésion et nos remerciements semble nécessaire, continua t-elle sans arrêter sa mimique en l'accentuant sur cohésion. »
Le Ranger soupira, regardant Baudrive qui voletait dans la pièce, insouciant. Les duos avaient été tirés à la courte paille, avec Léanne, Nathanaëlle et Victor comme responsables de chaque activité. Si la médecin et l'apprentie archéologue faisaient les achats, lui et l'administratrice devaient tout organiser pour que la surprise en reste une et que tout se passe bien le jour J. Il allait passer une fin de mercredi affreuse... Quant aux deux autres...
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« Farine ? s'enquit Davin, la tête fourré dans un placard.
- Ici ! T'as la levure ? Mince où est-ce que Ricardo a rangé le sucre ?
- J'ai ! Ah non, c'est le sel... Ah, Scalproie a trouvé !
- Pourquoi cette cuisine est aussi mal rangée... Ah c'est Manuella qui s'en est servie en dernier, tout s'explique... » souffla Victor, blasé.
Jeudi soir. Davin et Victor étaient à Joliberges, chez ce dernier afin d'organiser un atelier cuisine de fortune. A leur grand dam, ils avaient été chargés de la réalisation du gâteau. Ils savaeint tout les deux cuisiner, du moins assez pour réussir le "gâteau au chocolat tout simple pas la peine de vous casser la tête" préconisé par Léanne. Mais tant qu'à faire, ils auraient préféré n'importe quelle autre tâche.
« Tiens ton Scalproie veut nous aider pour le reste ? s'enquit Victor, étonné.
- Ouais, il est plutôt assez doué pour tout ce qui est préparation. Le laisse pas choisir les ingrédients par contre, surtout que je vois que t'as pleins d'épices. J'ai déjà testé le gâteau à la baie Tamato de sa part... » soupira son confrère.
Victor ricana et attrapa le sac de grains de café avec la ferme intention d'en ajouter à la pâte, sous les yeux effarés de son collègue. Une heure plus tard et plusieurs incidents culinaires évités, les deux hommes partageaient une boisson chaude sur les marches du petit pavillon, leurs Pokémon s'amusant sur le trottoir.
« Oh donc tu ne fais pas que t'occuper de bébés Pokémon ? s'étonna Victor.
- Non, on doit aussi procurer des soins de pédiatrie et c'est sans compter sur la partie entraînement de la Pension. A Unys on est beaucoup plus spécialisé et on reste le plus souvent dans sa branche. Je n'ai jamais fait autant de travaux différents que ces deux derniers mois... Et toi, du coup, ça consiste en quoi exactement ce que tu fais ? Je dois avouer que je n'ai pas trop saisi.
- En gros je coordonne les informations entre tous les acteurs d'un dossier judiciaire. Je vérifie que les infos de la police sont bien remontées aux avocats, juges et procureurs, qu'il n'y a pas de vice de procédure et que les accusés comme plaignants connaissent bien leurs droits. Je suis une sorte d'homme à tout faire, et je ne suis pas censé avoir d'opinion sur les affaires. Normalement grâce à mon travail, il y a très peu de recours après un jugement, ce qui fait de la justice de Sinnoh l'une des plus rapide et des réputées les plus efficaces. Vous n'avez pas ça à Unys ?
- Euh non... Le plus souvent c'est à qui crie le plus fort ou à qui paye le meilleur avocat. Je ne savais pas que le système judiciaire variait autant entre les régions... ça doit être vachement dur au niveau moral, en fait !
- Et bien pas tant que ça, on a surtout des problèmes au civil, il y a très peu de crimes en fait. Du coup une bonne dose de bon sens suffit à faire un jugement, tant qu'on connait les lois. Et tout le système judiciaire qui concerne exclusivement les Pokémon est géré par les Jenny et est donc totalement verrouillé par la Cour d'Instruction Spéciale aux Pokémon. Maltraitance ? Braconnage ? Accident involontaire ? Tout part là-bas et est réglé de manière encore plus expéditive. Depuis les grand mouvements radicaux du siècle dernier, tu sais ?
- Ouais, je vois très bien, répondit Davin, sombre. Et pour le coup, je crois que c'est pareil dans toute la Fédération. »
Les deux restèrent un peu silencieux à siroter leur café en observant leurs Pokémon jouer. Ils continuèrent pendant un moment à discuter de tout et de rien, jusqu'à ce que la sonnerie du four leur indique que leur préparation avait fini de cuire. Alors qu'ils allaient s'attaquer à la décoration, les colocataires de Victor rentrèrent. De fil en aiguille, ils aidèrent le duo à terminer leur cadeau puis Davin fut invité à rester manger. L'Eleveur n'en menait pas large, mais le dîner se déroula finalement très bien il en ressortit content de ne pas avoir décliné.
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Le lendemain midi, le vendredi de l'opération, tout le monde était en plein branle-bas de combat. Il fallait préparer la fête avant l'arrivée d'Alexandre pour la réunion de l'après-midi, tout cacher mais aussi finir leur travail, ce qui s'annonçait être un challenge en soit.
Quand le responsable principal de la Disaster Squad arriva, il fut étonné d'être escorté par Nathanaëlle jusqu'à la salle de réunion. Elle qui détestait parler pour ne rien dire lui faisait la conversation ! Avec un sourire, il se dit que soit elle était encore à essayer de négocier des faveurs en faisant la lèche-botte, soit ces deux mois avaient suffi à la rendre moins austère. Il fut encore plus étonné en voyant que tout le monde était déjà à l'attendre, dossiers étalés devant eux. Plissant les yeux, il prit sa place, regardant les six membres de la Disaster Squad, installés de la même manière qu'à leur première rencontre. Ils étaient cependant cette fois au complet.
« Bon et bien bonjour à tous. Je suis ravi de vous voir si ... enthousiastes pour cette réunion de bilan. Tout ... va bien Arica ? s'inquiéta t-il en regardant l'une des plus jeunes à la table.
- Oui oui oui, aucun problème, commencez commencez ! » balbutia la brunette en mettant un coup de pied à Sulian et en lui pointant discrètement Baudrive et les Zarbi, qu'ils avaient oublié dans la grande salle et qui étaient donc collés à la vitre.
Les préparatifs avaient été finis en toute hâte, Alexandre étant arrivé encore plus en avance que ce qui avait été prévu. Ce qui avait entraîné encore plus de précipitation. Outre les Pokémon fétiches d'Arica et Sulian, un Rumbombelle bougon s'occupait d'un Toudoudou geignard car loin de sa Dresseuse. Pendant ce temps, un Araqua et un Trompignon tentaient de finir les tâches qu'on leur avait confié, non sans mal pour éviter de se faire repérer à travers la baie vitrée qui bordait la salle de réunion. Nanméouïe et Scalproie, dans la salle de repos bataillaient avec Xatu, qui était décidément aussi têtu que sa Dresseuse.
« Du coup je propose que chacun nous fasse un petit bilan de ses actions et de son ressenti, après quoi je vous présenterai l'évaluation globale par les "en-haut" et enfin ce à quoi on peut s'attendre pour la suite, continua Alexandre. Léanne, tu veux bien commencer ?
- Ok ! Bon et bien en ce qui concerne mon pôle, en deux mois vous avez tous été formés aux premiers soins ce qui vient compléter vos premiers secours. Globalement je suis satisfaite : entre Verchamps et les problèmes de Racaillou je n'ai pas rencontré de gros problèmes. On va travailler avec les organismes de santé pour la suite afin d'éviter des blocages comme la dernière fois ceci-dit, ça va être mon gros dossier pour la suite. Davin, à toi ?
- Euh... Il n'y a pas trop eu de travail nécessitant du post-crise avec rééducation et réhabilitation de population Pokémon, je me suis donc surtout fait à Sinnoh pendant ces deux mois. La grosse opération a été le rapatriement et le traitement des blessés suite à l'affaire du Grolem Alolien, on est encore en cours là dessus à Bonville. Je m'occupe actuellement du Grolem en question, mon rapport arrivera de milieu de semaine prochaine, c'est encore assez critique. »
Il n'avait pas été particulièrement été ravi de voir débarquer le gros Pokémon Roche dont il avait maintenant la garde et la charge à la Pension. La bête était très bien entraînée, d'une force surprenante mais était à moitié retournée à l'état sauvage. Ils étaient actuellement à la recherche de son ancien Dresseur, mais le fichier de recensement des Pokémon de Dresseurs professionnels n'avait rien donné, il leur fallait maintenant attendre les autorisations pour consulter les bases de données des citoyens lambda. C'était au tour de Victor de prendre la parole.
« De mon côté je suis surtout resté sur les conséquences de la situation de Verchamps. Le dossier se monte petit à petit et promet de faire du bruit dans la presse. Je ne peux pas vraiment en dire plus que ça, désolé. A part ça j'ai aidé à réguler la situation de Célestia, mais mademoiselle Jones en parlera mieux que moi.
- Merci monsieur Eissen. Du côté de mes missions spécifiques, notre base documentaire a bien avancé et les relations avec les instances dirigeantes sont au beau fixe. Pour Célestia, nous avons relié tout leur système de prévention au dispositif régional. La prévention va être notre mot d'ordre pour la suite des opérations, de toutes manières. Mademoiselle Olerisa, à vous ?
- Ouaip ! Ma documentation s'est consacrée aux zones dites à risque géologique prononcé. Célestia principalement, mais il ne faut pas oublier Sinnoh ouest sur lequel nous nous sommes peu concentrés pour le moment. Je pense notamment à Joliberges et Charbourg qui sont les prochains lieux d'inspection prioritaires pour moi.
- Et donc pour terminer, le pôle d'intervention terrain a été responsable de formations de l'équipe à la base de la réaction en cas de crise. Il y a eu quelques ... péripéties dans le peu qu'on ait eu à faire, mais en règle générale le professionnalisme et la flexibilité des équipes a permis une résolution propre et nette. »
Sulian avait terminé le tour de table, sous le regard assassin de Nathanaëlle et Léanne, qui se savaient visées par la dernière remarque. Alexandre retint un ricanement qui reporta sur lui les tirs de missiles oculaires des deux femmes. Toussotant pour reprendre contenance, il enchaîna :
« Pas de gros problème à noter, c'est une bonne nouvelle ! Les supérieurs sont très satisfaits de notre travail et ont déjà commencé à parler de la seconde phase de la Disaster Squad de Sinnoh. Nom qu'il ont validé officiellement, au fait. On va bientôt être annoncés comme expérimentation réussie et pérennisée ! »
La table grimaça à l'annonce du nom, exception faite d'Arica, ravie. La seconde partie du message fut bien mieux accueillie : ils avaient confirmation que leur travail avait été reconnu et apprécié, ce qui était une très bonne nouvelle. Le groupe se lança ensuite sur des détails plus techniques et y passa une bonne partie de l'après-midi.
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« Joyeux anniversaire monsieur Eleveny ! »
Le groupe avait crié en même temps en sortant de la salle de réunion, des cotillons, installés furtivement par Baudrive et Rubombelle, pleuvant sur le pauvre trentenaire. Ce dernier cligna des yeux, surpris puis regarda sévèrement Léanne, qui haussa les épaules en ricanant.
« Oulah... C'est euh... gentil, merci ! »
Alexandre leva un sourcil, de plus en plus effrayé en voyant la porte de la salle de repos s'ouvrir et révéler Scalproie qui poussait un chariot (celui pour le thé, que Nathanaëlle avait ramené pour son usage personnel) sur lequel était posé le gâteau et des boissons. Restés en arrière, Nanméouïe et Xatu se regardaient, toujours brouillés.
La petite fête improvisée commença alors et se déroula plutôt bien, si on faisait abstraction du climat électrique qui régnait la médecin et la coordinatrice administrative. Cette dernière s'apprêtait d'ailleurs à faire son très attendu discours, observée par Sulian qui était blasé à jamais après cet atelier écriture. Cependant la sonnerie bruyante de l'alarme du Ranger et du portable d'Alexandre coupa brusquement le tout. Puis ce furent les téléphones de Nathanaëlle et de Victor qui se mirent à vibrer. Léanne, Arica et Davin, quelque peu restés dans l'expectative allumèrent leur grande télé murale suite à un signe de l'agent judiciaire. Tous ceux avec une oreille sur leurs combinés se tournèrent vers l'écran.
« Flash d'information spécial ! Au sud d'Unionpolis, une course poursuite est en train de se dérouler entre un groupe de criminels braconniers et plusieurs véhicules de la brigade policière de Jenny ! Nous revenons vers vous au plus vite avec davantages d'informations à ce sujet ! »
La Disaster Squad au complet échangea quelques regards avant de se tourner vers Alexandre, qui n'en menait pas large.
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La pièce était restée plongée dans le silence pendant quelques secondes. Chaque personne présente attendait que quelqu'un d'autre prenne la parole, réagisse. Ce fut finalement la télévision qui brisa cet instant, en répétant le message qu'ils avaient tous eu du mal à saisir : il y avait une course poursuite entre des braconniers et des membres de la force policière spécialisée dans les crimes concernant les Pokémon, l'escouade dite "des Jenny".
« On ... ne devrait pas faire quelque chose ? demanda timidement Arica, qui alternait entre la télé et le groupe, perdue.
- On me dit de me tenir prêt au cas où, mais ça dépend des Rangers, répondit Sulian, stressé.
- De même, mais niveau administratif, souffla Victor, pas très ravi.
- Alexandre, tes ordres ? C'est pas le genre de crise qu'on devrait gérer ? marmonna Léanne.
- ...Non. Pour le moment on nous a contacté en pré-mobilisation, donc on attend.
- Du coup on s'assoit et on regarde ?! » explosa la rousse, visiblement énervée.
La main que lui opposa Alexandre ne calma pas vraiment la médecin. Nathanaëlle fronçait les sourcils en regardant les images prises par un hélicoptère. Victor et elle étaient avides de détails. Léanne n'avait d'yeux que pour les Pokémon qu'on voyait dans les cages qu'on apercevait parfois sous la bâche du fourgon des criminels. Quant à Sulian et Arica, ils étaient en train de se ronger les ongles, peu rassurés.
« Je comprend ton envie d'y aller, Léanne, reprit Alexandre. Mais pour le moment nous avons été placés en soutien, on nous rappellera si on a vraiment besoin de nous. Ce n'est pas notre rôle de gérer des hors-la-loi.
- Tu dis ça, mais la prévention et la gestion des crises criminelles, on sait tout les deux ce qu'il en est, pas vrai ? cracha la rousse avant d'aller en salle de repos avant dire des choses qu'elle allait encore plus regretter.
- Je ... vais vous expliquer ça. » fit Alexandre en avisant le regard interrogateur des autres.
Deux minutes plus tard et c'était un concert de protestations qui fit sortir la rousse de son repaire. Entre Arica qui bougonnait qu'elle aurait préféré être au courant ainsi que Nathanaëlle et Davin qui râlait que leur documentation devait être revue, le pauvre Alexandre ne savait pas trop où donner de la tête. Il lança un regard plaintif à la médecin qui le toisa froidement avec de soupirer et d'arrêter les jérémiades des autres. Seuls Davin et Victor n'avaient pas pris part aux plaintes, ce qui était étonnant vu que le problème les concernait d'assez près. C'est d'ailleurs l'Alolien qui brisa le silence gêné qui s'était installé.
« Je comprend mieux Léanne. Il n'empêche qu'on est pas prêts pour ce genre de situation pour le moment et qu'il vaut mieux attendre des ordres plus précis plutôt que de se précipiter et de ne pas savoir quoi faire. »
Tout le monde écouta la voix de la raison, certains soulagés, d'autres renfrognés. Ils tentèrent de continuer la petite fête pour Alexandre, mais le coeur n'y était plus. Tout le monde était devant la télé ou à attendre un coup de téléphone. L'ambiance était lourde et électrique et personne ne parlait, Arica ne récoltant qu'un grognement quand elle proposa d'aller préparer du thé pour tout le monde. Ce n'est que quand le jingle du flash spécial retentit à nouveau que tout le monde releva la tête.
« De nouveaux développements ont été révélés concernant la course-poursuite entre la brigade Jenny et le groupe de braconniers qui se déroule en ce moment au sud de Voilaroc. Une partie des forces policières a été victime d'un sabotage de l'axe de circulation, tombant ainsi en contrebas des escarpements de la Route 214. Des secours ont été dépêché^s sur place. Les criminels se sont retranchés, avec leurs victimes dans le tunnel naturel de cette même route. »
Léanne, Davin, Sulian et Victor s'étaient levés avec effroi et se dirigeaient immédiatement vers la sortie, stoppés par Alexandre et Nathanaëlle, réprobateurs. Tout le monde se regarda en silence pendant quelques secondes avant le petit roux ne prenne la parole :
« En tant que Ranger, j'invoque mon devoir d'intervention et de solidarité pour me rendre sur les lieux, et non pas en tant que membre de la Disaster Squad.
- Je l'accompagne et personne ne peut m'en empêcher car officiellement je ne suis qu'une stagiaire sans responsabilités, et ça se sent niveau salaire, grommela Arica.
- J'y vais aussi, des gens ont besoin de soins, continua Léanne.
- Pas question pour toi, répondit Alexandre. Je ne peux rien dire pour les deux autres car ils ont raison, même si je désapprouve, mais tu es en service et tu vas faire des bêtises si tu y vas. »
La rousse regarda son chef, du feu dans les yeux. Elle se tourna vers Victor et Davin, un air déterminé sur le visage, pendant que les deux plus jeunes se préparaient à partir. L'Eleveur leva les mains en signe d'abandon.
« Je suppose que je dois y aller aussi alors, continua Victor, provoquant des bruits de surprises chez les autres. J'ai les prérogatives pour agir sur le terrain en cas d'attaque criminelle, quelque chose que j'avais bien précisé dans mes compétences, au cas où. Et je ne serai pas de trop pour canaliser ces deux-là, finit-il en pointant le duo.
- Protège-les au mieux. » répondit la médecin, toujours noire comme le café.
Les trois sortirent du bâtiment et s'entassèrent sur Tropius avant de partir aussi vite que possible vers le sud de Voilaroc. Dans la salle de réunion, le quatuor qui restait se préparait à réagir en cas de problème supplémentaire.
« J'espère qu'ils auront des sanctions exemplaires, souffla Nathanaëlle, donnant de la voix pour la première fois depuis le début de l'affrontement.
- Pardon ? fit Davin, surpris.
- Insubordination, insolence et mépris pour notre code d'action. Ça mérite une mise à pied ou une exclusion, principalement pour mademoiselle Olerisa qui de toutes manières n'a plus rien à faire ici, continua la blonde, impassible.
- Mais c'est QUOI ton problème ? » explosa Léanne en lui empoignant le col.
Nathanaëlle eut un regard menaçant et attrapa le bras de la médecin avant de le tordre de manière mécanique et mesurée. La rousse lâcha sa collègue et recula, massant son poignet endolori avec surprise, douchée dans sa colère. Les deux hommes se regardèrent, ne sachant plus trop où donner de la tête.
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Le trio d'intervention survolait la route 214, tentant de repérer un signe d'activité inhabituelle, histoire de savoir où aller. Enfin surtout Victor, parce que les deux autres...
« Mais pourquoi t'es venue ? criait Sulian pour se faire entendre.
- Parce que te laisser tout seul ça me semblait une mauvaise idée !
- Dis aussi que je suis un incapable !
- Je voulais voir pour les ruines des alentours, je connais un peu le lieu, je peux être utile. Et puis t'es un pas un incapable, un nain, capable peut-être plutôt ! pouffa Arica
- Retire ça ! grommela le Ranger avant d'être interrompu par Victor.
- Là, plus bas ! Du sérieux maintenant vous deux, c'est une situation grave ! »
Sulian et Arica hochèrent la tête, nettement plus concentrés et oubliant momentanément de taper l'un sur l'autre. La troupe se posa devant l'entrée d'un tunnel à moitié naturel à moitié creusé par une célèbre entreprise de construction à qui on devait les tunnels sous le Mont Couronné. Au dessus de l'entrée, un grand panneau "Tunnel Ruinemaniac, allez jusqu'à Bonville, ou presque !" et en plus petit "Attraction culturelle de Sinnoh Est, sous protection de la famille Farbes" et encore plus bas, en écriture cursive, et vraisemblablement gravé plus tard : "Soyez gentils avec les Hipopotas, A.F.".
« Je n'arrive pas à savoir si je trouve ça sympathique, crispant ou tout bonnement débile, soupira Victor.
- En tout cas on est au bon endroit, pointa Arica en montrant la fumée au loin, le camion à moitié renversé et les Jenny qui l'entouraient.
- J'vais aux nouvelles, établissez un lien avec Alexandre et les autres, souffla l'Alolien.
- T'es sûr que c'est une bonne idée vu notre départ ? » demanda timidement Sulian, se faisant ensuite royalement ignorer.
Les exs se regardèrent quelques secondes avant d'appeler leur quartier général, quelque peu apeurés parce qu'ils allaient recevoir comme remontrances.
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« Allô ? Ah, Victor ! fit Davin. Excuse-moi, je ne peux pas trop te parler c'est un peu critique la situation ici. Ouais Alexandre vous rappellera. Non il n'a pas l'air vraiment en colère, mais on a d'autres Flamiaou à fouetter. Ouais, bonne chance ! »
L'Eleveur raccrocha et reprit les tentatives de négociations auprès des deux femmes. Alexandre avait fini par les séparer, ce qui ne les empêchaient pas de se lancer des gentillesses d'un côté et de l'autre de la pièce.
« J'sais pas ce qu'il me retient de vous balancer des classeurs à la figure ! bougonnait Léanne.
- Le très peu de bon sens qu'il vous reste peut-être ? Ou la peur que mon bureau aille se loger dans votre cervelle bien vide ? »
Davin soupira en regardant son patron.
« Et joyeux anniversaire, hein.
- Si la situation n'était pas aussi stressante vis-à-vis des autres, j'en rigolerais volontiers » répondit l'homme au chapeau, las.
Ils relevèrent la tête en voyant les deux bellicistes sortir leurs Pokémon et leur donner l'ordre de balancer le mobilier. Nanméouïe et Xatu se regardèrent, puis leurs Dresseuses, haussèrent leurs épaules et rentrèrent d'eux-mêmes dans leurs Pokéball, provoquant un ricanement de l'Unysien, qui attira le regard furibond des folles furieuses sur lui.
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Victor ramenait des nouvelles, visiblement contrarié.
« Alors ils ont choppé la plupart, mais de ce qu'ils m'ont dit une partie des malfrats sont dans le tunnel, avec des Pokémon en otage. Ils veulent atteindre les Ruines et se barrer par Bonville. Et les Jenny n'ont pas assez de personnel pour sécuriser ceux arrêtés, aider les troupes qui ont eu un accident et continuer la poursuite.
- J'suppose qu'on y va, alors ? fit Sulian, soucieux.
- Ils sont fous, il n'y a pas de connexion entre la chambre au bout de la galerie et les Ruines ! s'étonna Arica. A moins que… Mince ! Faut qu'on se dépêche ! »
Et sur ces mots, elle commença à courir dans le tunnel, laissant en plan ses collègues qui lui emboîtèrent le pas très vite. Économisant son souffle, Arica commença ses explications.
« La chambre accessible depuis ici ne contient que des Zarbi ponctuation, comme Ask et Pop. Si on suit le principe des autres Ruines Zarbi, elle communique avec l'autre partie des Ruines, en "forçant" un peu.
- Forçant ?! s'étonna Sulian.
- Tu exploses le mur jusqu'à sortir. C'est faisable, surtout dans des condition désespérées. La mauvaise nouvelle c'est que contrairement aux Ruines Alpha, cet endroit se base sur des tunnels, si on pète un mur sans faire gaffe, il y a de bonnes chances que tout s'écroule comme un château de cartes. Surtout ce tunnel en fait.
- On a d'autres problèmes en plus. » grommela Victor.
Les deux avisèrent un attroupement d'Hipopotas qui entouraient deux homme ayant des Tadmorv et des Rapion KO à leurs pieds. Les débonnaires quadrupèdes étaient énervés et menaçaient les humains de leurs crocs. Sulian fit signe aux autres de s'arrêter, sortit son Capstick et lança son disque de capture avec difficulté. La machine fut repérée assez tard, le temps qu'elle fasse plusieurs boucles et finisse la procédure d'apaisement. Les Pokémon Sol s'éloignèrent alors que le trio toisait les deux criminels.
« Vous étiez seuls ? demanda Victor, de manière véhémente.
- ...on ne vous dira rien, cracha un des gars.
- Ask, Pop, Puissance Cachée ! » déclama Arica sans en attendre plus.
Tout le monde regarda le point d'interrogation produire des sphères blanches qui entourèrent les des pauvres hères avant que celles du point d'interrogation ne les forcent à avancer vers la sortie, au moyen de ce qui ressemblait de coups de pieds aux fesses. La brune ne rigolait pas du tout et se remit à avancer, elle fut cependant arrêtée par Victor.
« C'était quoi, ça ?
- Ask crée des liens, Pop les fait bouger. Il y a des traces de pas claires sur le sol, les Hipopotas sont partis en direction de la sortie, ils donc ont peur de ce qu'il y a plus loin, donc il en reste. Sinon ils nous auraient fui en se réfugiant loin de la lumière du jour. »
Les deux restèrent pantois devant l'explication et emboîtèrent le pas à leur collègue qui avançait bien vite. Ils arrivèrent en peu de temps au bout du tunnel, croisant Pokémon sauvages qui fuyaient au plus vite. Ils rentrèrent dans la Chambre des Zarbi de la manière la plus discrète possible et se cachèrent derrière un pilier.
« Bon alors ? Faisait une voix très basse.
- Cinq secondes chef, c'est dangereux de tout faire sauter comme ça, ça pourrait se refermer sur nous. répondit une voix qui sonnait tout aussi aimable, avant de continuer. Et puis toutes ces merdes de type Sol qui nous attaquent là... Grahyena Vibroscur ! »
Arica serrait les poings et ne put retenir un glapissement en entendant le bruit caractéristique d'un Smogogo. Elle sortit de sa cachette, sous les regards affolés de Sulian et Victor.
« - NON MAIS CA VA PAS LA TÊTE ?! hurla t-elle.
- C'est quoi cette potiche, une Jenny ? s'étonna un des braconniers.
- Nan, elle porte pas l'uniforme. Smogogo débarasse nous-en, Détritus ! »
Alors que la fana d'archéologie commençait à s'interroger sur le bien-fondé de son intervention, ne pouvant que repérer quelques cages renfermant des Hipopotas et d'autres Pokémon plutôt rares portées par des Machopeur, ainsi qu'un petit groupe d'hommes patibulaires habillés de la même façon que ceux qu'ils avaient croisé plus tôt. Des boulettes empoisonnées et bien collantes fonçaient droit sur elle, alors qu'elle était pétrifiée par la surprise. Fort heureusement, un grand coup de vent et des Ailes d'Acier d'un Rapasdepic arrêtèrent les projectiles. Le grand oiseau se posa à côté d'elle et poussa un cri rauque.
« Bordel elle est pas seule ! Activez-vous ! hurla le chef.
- Smogogo, Explosion ! » paniqua le subordonné.
Tout se passa alors très vite. Arica aboya plusieurs ordres pendant que Sulian et Victor fonçaient vers elle pour la plaquer au sol. Il y eut un gros bruit et un grand souffle d'air puis tout devint noir.
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« Disaster Squad de Sinnoh, Davin Ward, bonjour ! fit l'Eleveur, qui se rongeait les sangs pendant qu'Alexandre tentait de sermonner Léanne et Nathanaëlle. Qu... QUOI ? Mais, comment ? Pardon ?! Oui, nous allons faire ça. A tout de suite, oui. »
Son éclat de voix avait attiré l'attention des trois autres sur lui qui le regardaient maintenant de manière interrogative.
« Il ... y a eu une explosion dans le Tunnel Ruinemaniac. De ce que les Jenny ont pu comprendre des criminels qu'ils ont capturé alors qu'ils tentaient de s'enfuir, l'entrée de la chambre aux Zarbi est condamnée. Les collègues ont l'air d'avoir sorti les braconniers avant l'explosion et seraient enfermés dans les ruines, qui ont du coup perdu leur accès au réseau électrique. »
Tout le monde se regarda, pas rassuré du tout.
« Mademoiselle Olerisa doit être ravie, elle qui adore étudier les vieux monuments, marmonna Nathanaëlle, s'attirant un regard furibond de la médecin.
- Ah et ils veulent qu'on vienne pour gérer les Pokémon blessés et l'évacuation du Tunnel, ils ont peur de répliques, continua Davin.
- On va surtout tenter de sortir les autres de là, ouais ! grommela Léanne.
- Ca ne vous a pas suffit ce début de fiasco ? Vous suivez les ordres et on laisse les supérieurs gérer ! » souffla la blonde à chignon.
Alexandre frappa du poing sur son bureau avant que la querelle ne reprenne de plus belle. Le trio échangea un regard avant de sortir en silence, l’ambiance restant électrique.