Chapitre 360 : La bataille de Veframia ( 12ème partie )
À l’instant où Naulos prononça le nom d’Erend en désignant cet épave humaine décharnée, le temps fut comme dilatée pour Estelle et ses compagnons. La Boss de la Team Rocket, qui avait souvent côtoyé le Commandant Suprême de la Confédération Libre pendant un an, était incapable de discerner des similitudes entre le jeune homme fringuant, noble et très intelligent qu’elle avait connu, et cet espèce de cadavre ambulant aux membres atrophiés et au regard terne et hanté. Elle n’arrivait pas à imaginer ce qu’il avait dû subir entre les mains de Naulos pendant un an pour finir dans cet état, et ne le voulait pas. Mais le capitaine de la GSR prit un malin plaisir à le leur raconter.
- Nous en avons traversé des choses, lui et moi, susurra-t-il presque avec délice. Nous avons exploré les frontières de la douleur et de la folie comme personne avant nous ! Déjà, tous les matins, je venais le réveiller avec un jet d’eau à haute pression - parfois il était glacé, parfois bouillant. Ce brave Erend devait donc passer toute la nuit à se demander lequel ce serait le lendemain. J’ai expérimenté sur lui des dizaines de poisons différents, à tel point qu’il doit être expert maintenant en Pokemon Poison. Puis vinrent les chocs électriques, les attaques psychiques pour le rendre dingue, le supplice de la noyade, et tellement d’autres que j’ai moi-même oublié.
Naulos semblait plonger dans une réelle félicité tandis qu’il racontait cela.
- Je lui ai coupé les tendons pour qu’il ne puisse pas s’échapper, au cas où. La queue aussi… mais je lui ai laissé les couilles quand même, je ne suis pas un monstre. Je me demande d’ailleurs s’il ressent toujours le désir sexuel, mais sans possibilité de se soulager maintenant ? Je l’ai épilé poil par poil, cheveux par cheveux. Ce fut long, mais si agréable… Mais au bout d’un moment, le cher Erend commençait à perdre la tête et à divaguer dans ses propos. C’était d’une tristesse, lui qui disait des choses si intelligentes avant. Donc, pour lui épargner de tenir des paroles indignes de son ancien génie, je lui ai coupé la langue.
Il montra à tout le monde un morceau de chair qui commençait à pourrir qu’il conservait autour d’une chaîne.
- Vous voyez ? C’est sa langue. Un trésor précieux, mais qui commence à sentir mauvais. Je vais devoir m’en débarrasser, comme je me suis débarrassé de sa queue y’a plusieurs mois, après l’avoir gardée autour du cou un moment… Enfin bref, après sa langue, comme il pouvait plus parler de toute façon, je l’ai aussi soulagé de ses dents. J’en ai conclu que j’aurai fait un très mauvais dentiste.
Il éclata de rire, et Estelle s’apprêtait, de colère, à se transformer complètement en Nukecrula pour le démembrer sur place. Mais toucher physiquement un bouclier d’Eucandia était pas recommandé. Se croyant à l’abri derrière, Naulos les narguait de bon cœur. Mais c’était sans compter sur Ithil. Alors qu’il était resté à genoux en train de regarder son frère avec horreur, le rire de Naulos le fit réagir. Il se releva et fonça vers lui si rapidement qu’on aurait dit une brume noire qui se déplaçait. Naulos ne le vit que quand il fut devant lui. Il pointa son fusil à Eucandia, mais fut estomaqué quand Ithil lui attrapa le bras. Pourtant, son bouclier d’Eucandia était toujours activé.
- Que…
Ithil venait d’utiliser sa capacité de dématérialisation pour contourner le bouclier, laissant ses membres à l’état solide à l’intérieur de la barrière. Estelle vit son regard, et frissonna malgré elle. Elle n’avait jamais vu des yeux pareils, qui n’étaient que haine et promesse de mort. Naulos leva la main et une lame sortit de sous son poignet, pour toucher Ithil à la tête. Mais la lame ne fit que lui passer à travers. Seules ses mains, qui tenaient son bras armé, étaient solides. Ithil utilisa une attaque Ball-Ombre sur le mini-générateur à Eucandia, inséré au brassard du GSR. Ce dernier explosa en emportant au passage une bonne partie du bras de Naulos. Mais il n’avait même pas commencer à hurler que déjà Ithil lui plantait un de ses couteaux dans sa main intacte.
- Tu semblais te réjouir de la douleur y’a quelque secondes, lui dit Ithil d’une voix très sombre. Réjouis-toi de la tienne.
Ithil fit tourner le poignard dans la main de Naulos, creusant encore plus la blessure. Le capitaine GSR brailla longuement avant de tomber à genoux. Il avait peur plus qu’il ne souffrait ; Estelle pouvait le voir dans ses yeux. Elle savait qu’il n’allait pas écoper d’une mort rapide telle qu’Ithil avait l’habitude de donner. Mais ce n’est pas elle qui allait faire quoi que ce soit pour l’en empêcher.
- A-attends ! Balbutia Naulos. J-je peux vous… ai-aider à trouver le p-prince, et…
- Tu pues de la gueule, coupa Ithil. Cesse donc de parler.
Pour se faire, il fit rentrer son second poignard dans la bouche de Naulos. D’un geste sec et précis, il trancha une bonne partie de la langue du GSR, qui hurla plus fort que jamais en vomissant du sang. Mais Ithil n’en avait pas fini. Il le remis debout par les cheveux, et s’adonna à lui faire sortir l’œil droit de l’orbite avec le bout de son poignard. Comme Naulos se débattait trop et que l’œil mettait trop longtemps à sortir, Ithil enfonça carrément son doigt dans l’orbite pour le prendre lui-même. Tender commença à grimacer face au long hurlement strident du GSR ; hurlement qui ne tarda pas à se changer en sanglot, alors que Naulos tentait visiblement de demander pitié, ce qui n’était pas évident avec la langue arrachée.
- Hein ? Demanda Ithil, impitoyable. Je ne comprend rien. Articule.
Il lui prit alors l’autre œil, et il avait commencé à lui arracher une oreille quand Imperatus finit par intervenir.
- Ithil, je sais ce que tu ressens, car je ressens pareil. Nous n’avons pas le temps. Et ce que tu fais est indigne d’un G-Man, et du bras armé de la justice que tu veux être.
Ithil jeta un coup d’œil à la Pokemon Fée et Plante, avant de revenir à Naulos avec la plus grande aversion.
- C’est de la justice, Dame Imperatus, répliqua-t-il. Cet homme a fait bien pire à Monsieur Igeus.
- C’est de la vengeance, et tu le sais. Je ne dis pas que c’est anormal ou malfaisant, mais ce n’est pas le moment.
Ithil lâcha Naulos qui se prostra au sol en sanglotant pitoyablement. Le G-Man contempla alors ses propres mains pleines de sang. Si la colère froide ne déserta pas son visage, elle fut complété par un dégoût de lui-même.
- Qu’Arceus me pardonne ma faiblesse, soupira-t-il.
Il s’accroupit devant Naulos et empoigna fermement un de ses poignards.
- Sache que je te hais véritablement, et que tu mérites encore plus de tourments, mais au nom de la justice et de la miséricorde d’Arceus le Créateur, je vais te faire don de la mort.
Il lui planta alors d’un coup sec le couteau dans une de ses orbites vides, atteignant son cerveau, et le tuant sur le coup. Il ne fut pas soulagé pour autant, loin de là. Mais continuer à torturer cet homme ne l’aurait pas soulagé non plus. Et même si son entraînement G-Man n’avait été que partiel et non-officiel, il s’en voulut d’avoir bafoué les règles élémentaires de l’Ordre, comme l’interdiction de la torture, ou l’usage de ses pouvoirs pour des sentiments personnels.
- Il faut amener Erend à l’un de nos vaisseaux, dit Imperatus en regardant son ancien dresseur avec tristesse. On pourra toujours… faire quelque chose pour lui.
- Je vais le faire, décréta Ithil.
Il s’approcha de son frère qui tenta de lui échapper en rampant, comme s’il voulait se cacher de leurs regards à tous. Estelle était accablée. À ce qu’elle voyait, l’état mental de l’ancien stratège-dirigeant était tout aussi déplorable que son état physique. Elle n’était ni médecin ni psychologue, mais elle doutait sérieusement qu’il redevienne un jour celui qu’il avait été. Il aurait peut-être mieux valut que tout le monde continue à le croire mort depuis longtemps, plutôt que de le voir dans cet état.
- Je vais prévenir le Justice d’Erubin par radio, dit-elle. La Reine Eryl doit être informée avant… avant de le voir.
Ithil souleva Erend avec une facilité déconcertante, comme s’il ne pesait rien - ce qui n’était sans doute pas loin de la réalité, vu son corps atrophié et décharné. Erend semblait se débattre, bien que ce soit difficile à dire tant ses gestes étaient lents et faibles. Tender observa Ithil et son fardeau partir avec accablement, avant de se souvenir de quelque chose.
- Et son Dieu Guerrier ? Triseïdon, c’est ça ? Il l’avait avec lui quand il a été enlevé à Algatia. Venamia doit l’avoir quelque part dans le palais. Ce serait dommage de laisser un tel Pokemon dans un coin. Il pourrait nous servir contre elle.
Estelle acquiesça. Tender se chargea alors d’informer le groupe de sa nièce via comlink. Puis le groupe quitta cet étage maudit, en espérant ne pas retomber sur une autre horreur que Venamia avait dissimulée.
***
Vu le visage que tirait Anna en écoutant sa radio, ça ne devait pas être très joyeux, selon Bertsbrand. Quand elle eut fini, elle dit à ses compagnons qui fouillaient le cinquième étage du palais :
- M’dame Boss et les autres sont tombés sur le coin où Venamia prenait soin de ses prisonniers politiques. Et t‘nez-vous bien : Erend Igeus est en vie.
La nouvelle fut accueillie avec surprise parmi les troupes Rockets, mais aussi avec une certaine joie. Même si Igeus avait longtemps été un ennemi de la Team Rocket, tous reconnaissaient son génie politique et militaire. Sans lui, la FAL actuelle n’existerait pas, et Venamia dominerait déjà probablement le monde entier. Adélie n’avait jamais réellement rencontré personnellement l’ancien Commandant Suprême, mais on lui en avait dit que du bien. Pour Bertsbrand, c’était son employeur, celui qui avait reconnu son génie et décidé qu’il le fallait absolument dans les rangs de la résistance à Venamia. Quant à Zeff, il ne laissa pas voir ce qu’il ressentait, mais haussa les sourcils et s’autorisa un petit rictus.
- Pourquoi tu tires cette gueule alors ? Demanda-t-il néanmoins.
- Il est dans un bien triste état, s’lon tonton Hegan. On ne le reconnaîtrait plus. Ithil est en train de l’amener dans un de nos vaisseaux. Il a buté Naulos de la GSR au passage, qui était responsable de l’état d’Igeus.
- Merde, lâcha Zeff. Le chiant en noir m’a pris de vitesse…
- Tonton Hegan nous d’mande de faire gaffe si on tombe sur le trident bleu d’Igeus, et de le récupérer.
- Il est soi dans une armurerie, soi dans un labo, soi carrément dans le bureau de Venamia, paria Bertsbrand.
- Alors on se grouille, conclut Ad. Il faut encore dénicher le gamin.
Ils montèrent au septième étage après avoir fini le cinquième, mais quand Zeff passa devant une fenêtre donnant vers la cour, il s’arrêta net et écarquilla les yeux.
- Nom de…
Les autres se pressèrent pour voir de loin Mercutio Crust affronter Silas Brenwark tandis que les Shadow Hunters, Djosan compris, faisaient face à plusieurs GSR et à Venamia elle-même.
- J’y crois pas, ricana Zeff. Il est revenu, ce con !
- Le gars aux cheveux bleus ? C’est le frère de Galatea non ? Demanda Ad en se souvenant de sa rencontre avec lui lors du gala du Sommet Mondial à Almia.
- Ouais. Et les connards en costard-cravate, ce sont les assassins les plus chiants du monde. L’enfoiré… il a vraiment réussi à devenir comme eux et de les rameuter ici ?! Ah, et ce grand débile de chevalier est là également ! Putain, le costume doit être vraiment taillé XXXXL pour lui…
Zeff semblait réellement ravi, et semblait mourir d’envie de s’envoler avec son argent pour les rejoindre. Mais la présence de Venamia le dissuada bien vite, et il avait une mission importante ici. Bertsbrand regarda au dehors avec un air pensif.
- Ainsi donc, ce sont eux, mes deux subordonnés de la X-Squad que je n’ai encore jamais rencontrés ?
- Ouais, j’suis sûre qu’ils vont kiffer d’avoir un commandant aussi classe que toi, l’interrompit Anna avec ironie. Bon, on bouge.
Ils trouvèrent d’autres fonctionnaires du palais ci et là, certains officiers qui refusèrent de se rendre et furent vite descendus, et un individu en uniforme avec plein de médailles qui gémissait en tremblant sous son propre bureau.
- Je me rends ! Fit-il en voyant le groupe Rocket. Je me rends ! Je suis le Généralissime Krova, commandant en chef des armées du Grand Empire, et de la Team Rocket avant lui. Je veux collaborer avec vous ! Je vous dirai tout ce que je sais ! Je suis quelqu’un d’important et…
En guise de réponse, Anna lui donna un coup de pied dans le nez avant de lui cracher dessus.
- Vous êtes surtout un foutu traître. Le vrai commandant en chef des Rockets était le général Boxtown, que vous avez trahi lors du Coup d’Etat de Venamia. J’vous descendrai bien ici et maintenant, mais la reine voudra sans doute quelque hauts pontes à juger pour crimes de guerre.
Elle ordonna à ses troupes de l’amener, ce qu’il fit sans résister. Mais Anna songea à quelque chose et lui demanda :
- Au fait, quelqu’un « d’important » comme vous devriez savoir où se trouvent le prince Julian et le trident de Triseïdon non ?
- O-oui… Le prince doit se trouver dans les quartiers de la Dirigeante Suprême, au quinzième étage, répondit le Généralissime. Quant à Triseïdon, je ne sais pas trop… Il me semble que Crenden le voulait pour des expériences. Il est peut-être dans son labo, aile droite du neuvième étage…
- Vous êtes bien aimable. Je veillerai à dire à Madame Boss que vous avez collaboré. Peut-être que ça vous évitera le bûcher des Blancs Manteaux. Ah, et juste un dernier pour la route…
Elle envoya cette fois son poing dans la figure de Krova avant que les sbires ne l’amènent. Bertsbrand ne fit aucun commentaire, mais on voyait à son visage qu’il sympathisait avec le général ennemi, étant le principal punching-ball vivant d’Anna.
- C’est qui, ce Crenden ? Demanda Ad.
- Le chef scientifique de Venamia, répondit Zeff. Enfin, officieusement. Il est censé être mort dans l’explosion de la prison où il était retenu. Mais c’est Venamia qui l’a libéré et qui l’a gardé secrètement avec elle pour qu’il crée plein de nouveaux jouets à sa GSR.
- C’est un de tes anciens collègues, si j’ne m’abuse, ricana Anna. J’ai lu l’rapport « Team Némésis ».
Zeff s’assombrit, comme à chaque fois qu’on lui remémorait ses années d’espion au service de Zelan en tant qu’Arme Humaine, mais il ne chercha pas à nier.
- Ouais. C’est un intello de base, mais il est dangereux. Une de ses expériences a foiré, et depuis il est coincé entre cette dimension et une autre. Autrement dit il peut se dématérialiser à volonté. Et dans la Team Némésis, il avait appris à se battre avec des lames en acier à chaque doigt. Faites gaffe si on le croise, mais ne le butez pas. Un type avec son cerveau pourrait nous être utile à l’avenir, surtout que je ne pense pas qu’il doit avoir une loyauté indéfectible pour Venamia.
Anna prévint Estelle par radio de la localisation de Julian, puis fit :
- Bon, on laisse Son Altesse à la boss et à tonton, et on file checker ce fameux labo au neuvième.
Malgré sa récente prise de conscience de lui-même, Bertsbrand put difficilement supporter que sa seconde donne les ordres à sa place.
- Hum hum… C’est moi le commandant ici, je te rappelle, femme.
- Commandant de quoi ? Des longues chutes pitoyables ?
- C’est de ta faute ! Ton fameux baiser devait me porter chance contre Venamia, et il n’a rien fait !
- La chance peut pas remplacer la compétence, ducon.
- Rien à voir ! Je suis sûr qu’en guise de chance, il m’a plutôt porté la poisse !
- Ahhhh, désolée, j’aurai plutôt dû t’offrir mon poing dans ta gueule, comme d’habitude. Il a l’avantage de te remettre les idées en place lui.
- Mes idées sont parfaitement bien placées, merci bien ! Tu ferais mieux de te pencher plutôt sur ton esprit tordu de femelle malséante !
Ad haussa les sourcils en écoutant leur face à face. Ces deux là s’étaient jetés dans les bras quelques minutes plus tôt dehors, et voilà qu’ils s’invectivaient copieusement. Drôle de couple. Mais étrangement, ils allaient bien ensemble.
- Euh, dites, si vous voulez, prenez une chambre hein ? Leur conseilla-t-elle. Je suis sûre qu’il y en a pas mal dans ce palais, avec de grands lits bien souples…
***
Eryl l’avait senti avant de le voir sur l’écran de contrôle du Justice d’Erubin. Depuis qu’elle avait pris conscience de sa nature réelle et de ses pouvoirs y attenant, elle était capable de percevoir le Flux à un certain niveau. Erubin, après tout, était née du Flux, et elle, Eryl, était née d’Erubin. Elle n’était évidement pas une Mélénis, mais était capable de les sentir, voir même de communiquer avec eux dans le Flux. C’est pour cela qu’elle avait senti Mercutio arriver. Cela va faire un an qu’elle ne l’avait plus ressentie, cette sensation rassurante et nostalgique. Et il y avait autre chose en plus aussi. Était-ce de la confiance ? De la maturité ? Une vision désabusée du monde ? Dans tous les cas, Mercutio avait changé.
- Qui sont ces gentlemans en costume ? Demanda le général Van Der Noob alors que l’écran de contrôle montrait Mercutio, Djosan et leurs alliés qui venaient d’arriver face à Venamia et Silas.
- Vous ne les connaissez pas, général ? S’étonna Eryl. Ce sont les Shadow Hunters. Ils étaient employés par vos amis les Dignitaires de Kanto avant.
Eryl les avait déjà rencontrés il y a quelque années, quand elle avait accompagné la X-Squad dans sa recherche des Pokemon Eï et Eü pour contrer le Pokemon Méchas D-Deoxys. Elle s’estimait d’ailleurs bien chanceuse d’être encore en vie pour s’en souvenir. À l’époque, elle les avait combattus avec Siena Crust à ses côtés. Aujourd’hui, les places avaient changé. C’était Siena qu’elle combattait, avec visiblement les Shadow Hunters comme alliés. Si ce n’était pas la preuve que ce monde était dingue…
- Oh oh, fit Van Der Noob. J’en ai entendu parler, effectivement. Mais ce sont des assassins, il me semble. Or nous sommes en pleine guerre. Ce ne sont pas des assassins qu’il nous faut, mais donc des guerriers, vous voyez ?
Vu comment tout le monde semblait galérer face à Venamia, Eryl n’était certainement pas à ça près. Cela dit, si c’était un Shadow Hunter qui s’avisait de porter le coup de grâce à la Dirigeante Suprême, ce serait politiquement assez ennuyeux pour la FAL…
- Majesté, intervint un chargé des communications. Nos troupes sur place ont trouvé le général Lance, ainsi que les agents Goldenger et Solaris de la X-Squad. Ils sont gravement blessés, et les déplacer pourrait être dangereux !
Eryl grimaça, et fit mentalement le tour dans sa tête des personnes disponibles.
- Contactez le G-Man Psuhyox, dit-elle enfin. Il pourra sans doute les déplacer facilement avec ses pouvoirs psy. Et acheminez le plus de Pokemon soignant possibles.
- Oui, Majesté, mais c’est que… le combat contre Venamia est tout proche, et ça vole un peu de partout à côté.
- Faites au mieux. Ce ne sont pas des personnes que l’on peut perdre. Qu’en est-il de Galatea et de Mewtwo ?
- Nous n’avons pas encore trouvé le Pokemon Mewtwo, et l’agent Crust est bien trop proche du combat pour que nos forces s’approchent.
Eryl ne pouvait pas trop leur en vouloir. S’approcher trop près d’un combat impliquant Mercutio Crust, les Shadow Hunters, Silas Brenwark et Lady Venamia était en effet le meilleur moyen de devenir rapidement une victime collatérale. Ce fut d’autant plus vrai quand, quelques instants plus tard, toute une partie de la ville fut carrément découpée en plusieurs morceaux, en provoquant un fracas épouvantable et un nuage de poussière énorme. Van Der Noob en perdit son monocle.
- Autant pour notre idée de limiter les pertes civiles, soupira Eryl.
Elle se dit toutefois qu’elle pourrait facilement attribuer tout cela aux Shadow Hunters en justifiant qu’ils ne faisaient pas partie de la FAL, et que cette dernière n’avait donc rien à se reprocher. Mais dès qu’elle eut pensé ça, elle secoua la tête, écœurée par sa propre réflexion mentale. Elle était devenue plus une politicienne qu’une reine de l’innocence…
- On ne peut rien faire dans ce combat, dit-elle. Que nos troupes essaient de récupérer nos blessés, et se retirent. Eliminez les dernières poches de résistance en ville, et investissez le Palais Suprême.
- Madame Estelle Chen de la Team Rocket vient de nous envoyer un message, Majesté. Elle et ses troupes ont déjà pris position dans une bonne partie du palais. La présence ennemie y est des plus réduites. Ils ont bon espoir de trouver le prince Julian rapidement.
- Bien. Quand tout sera sécurisé en bas, qu’on me prépare une escorte. Je devrai me rendre moi-même au palais pour déclarer la fin de la bataille… et de la guerre. Tant pis si le combat continue contre Venamia. Elle devra se faire une raison quand elle verra qu’elle est la dernière personne du Grand Empire voulant encore se battre. La communauté internationale pourra apprécier son jusqu’au-boutisme criminel et fou. C’est plus sa réputation que l’on cherche à détruire qu’elle-même.
- Comme c’est brillant, Votre Majesté, approuva Van Der Noob. Si on arrive pas à battre un méchant, il nous suffit donc de montrer à tout le monde à quel point il est méchant !
Le chargé des communications, gêné, toussota pour reprendre la parole.
- Oui, Majesté, mais… il y a autre chose. Madame Chen vient de nous prévenir à ce sujet. Le Commandant Suprême Igeus…
Les yeux d’Eryl s’écarquillèrent à l’écoute du rapport, passant d’une joie immense à une tristesse indicible et une colère froide.