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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 22/04/2018 à 09:25
» Dernière mise à jour le 27/01/2020 à 11:41

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 358 : La bataille de Veframia ( 10ème partie )
Vilius assistait aux combats qui avaient lieu dans et à proximité du Palais Suprême depuis les écrans de contrôle de la salle de commandement. Enfant, il avait été un grand fan de combats Pokemon endiablés où l’issue était toujours incertaine. Il avait perdu cet intérêt quand il avait grandi, mais il se souvenait très bien de cette sensation qui l’animait quand, scotché devant la télé ou dans les tribunes d’un stade, il voyait se succéder les retournements de situation et se demandait qui sortirait vainqueur. C’était un peu ce qu’il ressentait aujourd’hui en observant les combats à distance. Il aurait sans doute pu apprécier cette sensation nostalgique, si seulement la situation n’était pas si grave.

En voyant le groupe mené par Estelle pénétrer dans le Palais Suprême, il avait cru la bataille gagné. Il avait même donné des ordres pour qu’on lui amène le prince Julian, afin qu’ils puissent tous deux être pris en charge par les troupes de la FAL quand elles arriveront jusqu’ici. Mais entre temps, Venamia s’était pointée, combattant la jeune Crust et quelque autres aux abords du Palais Suprême. Puis Brenwark était allé la rejoindre, et Venamia avait dévoilé la carte qu’elle gardait cachée : tout un bataillon de GSR dissimulé sous le palais, et plusieurs autres aux alentours.

Vilius avait trouvé bizarre que si peu de GSR gardent l’entrée centrale du palais. Il s’était dit que les GSR étaient tous allés se battre en ville, et en avait profité pour ordonner aux quelques anciens Rockets qui lui étaient fidèles de sécuriser la base de la GSR dans le palais. Officiellement, c’était pour empêcher les troupes de la FAL d’y pénétrer et de s’emparer de la bombe Arctimes. Mais les hommes de Vilius avaient bien compris qu’il s’agissait au contraire d’empêcher la GSR de se servir de la bombe en dernier recours. Sauf que s’il restait tant de GSR aux côtés de Venamia, ça allait poser problème…

Galatea Crust et les autres avaient bien sûr été écrasés, et il faudrait peu de temps avant que les GSR pénètrent dans le palais pour prendre à revers le groupe d’Estelle et de Tender qui s’y étaient infiltrés. Vilius avait alors sérieusement envisagé de prendre la fuite avec Julian, jugeant que Venamia avait gagné, quand alors étaient apparus les Shadow Hunters, avec en leur sein Mercutio Crust et Djosan Palsambec, deux anciens de la X-Squad qui avaient disparu depuis un an. Alors, l’espoir était revenu en Vilius. Il savait combien les Shadow Hunters étaient redoutables, et comme Venamia avait fait tuer l’une d’entre eux, et était également responsable de la mort de Kyria, qui se trouvait être la fille adoptive de celui au katana, les assassins en costumes noirs devaient avoir quelque raisons d’en vouloir à la Dirigeante Suprême.

- Monsieur ?

Vilius se détacha un moment de ses écrans pour se tourner vers le colonel Angurs. Il était l’un des rares officiers du Grand Empire en qui il était certain de pouvoir faire confiance. C’était un ancien homme de Tender, un fidèle de l’ancienne Team Rocket. Quand Venamia avait pris le pouvoir, il avait ravalé sa fierté et était rentré dans le rang, dans l’espoir de réussir à faire subsister un peu de la Team Rocket de Giovanni dans le nouveau régime. Quand Vilius, après la bataille d’Algatia, avait décidé qu’il en avait sa claque de Venamia, c’était vers lui qu’il s’était tourné pour mener leur opération de minage à long terme du Grand Empire au profit de la Confédération.

- Oui colonel ?

- Les hommes que j’ai envoyés chercher le prince sont revenus. Mais sans Son Altesse, je le crains. Il est enfermé dans les quartiers de la Dirigeante Suprême, et la porte est gardée par deux GSR. Vos ordres leur ont bien été transmis, mais ils tiennent apparemment les leurs de Lady Venamia en personne, et refuse de s’écarter.

- Evidemment, soupira Vilius.

- Doit-on engager le combat avec eux ? Ils ne sont plus très nombreux dans le palais. J’ai assez d’hommes loyaux pour qu’on puisse faire le ménage avant que madame votre sœur et le général Tender n’arrivent.

- Venamia a réussi à planquer plus de deux cent GSR dehors. Et même moi, je ne connais pas tous les foutus passages secrets qu’elle a fait installer dans ce palais à la con. Et même si nous prenons le palais, si Venamia et Brenwark sortent gagnants de leur face à face avec les Shadow Hunters, on ne pourra pas le garder longtemps.

- Mais assez longtemps pour nous enfuir avec le prince, répliqua Angurs. C’est le but premier de la FAL. Si Julian revient entre leurs mains, Venamia aura perdu la bataille, même si elle arrive à conserver la ville.

C’était sans doute vrai, mais Vilius avait espéré pouvoir offrir Julian ET la ville à la FAL d’un coup, histoire d’alléger les condamnations qui ne manqueraient pas de tomber lors de son procès pour complicité de crimes contre l’humanité. Cela étant, il ne voyait pas comment il pouvait continuer de rester avec Venamia si elle l’emportait.

- Je ne veux pas fuir comme un lâche, colonel. Si je l’avais voulu, je l’aurai fait il y a un moment déjà, du genre rentrer avec ma sœur lors d’une de nos réunions secrètes et implorer le pardon de la reine Eryl… Je veux rendre la monnaie de sa pièce à Venamia, et je veux qu’elle le sache. Elle m’a toujours traité comme quantité négligeable, comme un gentil toutou qui devait acquiescer sans rien faire, alors que c’est moi qui ait manœuvré pour la faire grimper rapidement dans la hiérarchie Rocket !

- Une belle connerie, sauf votre respect, monsieur, commenta Angurs.

- Certainement, oui, acquiesça Vilius en ricanant de lui-même. Je pensais pouvoir m’en faire une alliée obéissante pour éjecter mon père et prendre sa place. C’est à la fois pour me venger d’elle et pour racheter cette erreur que je veux contribuer à sa chute. Lui soutirer Julian et se casser d’ici ne suffira pas. On va le faire oui, mais pas avant d’avoir fait autre chose. Une chose que j’aurai dû faire depuis un moment, sans en avoir trouvé le courage…

Vilius regarda d’un air absent les écrans de contrôle, s’arrêtant un moment sur Mercutio Crust, sa défroque d’assassin des ombres et sa nouvelle épée.

- J’espère que Venamia pourra voir et entendre mon œuvre, mais je miserai quand même bien une petite pièce sur le môme Crust, dit-il.

- Et moi donc, sourit Angurs. Je me souviens encore de lui y’a dix ans, un cadet qui pensait être le meilleur dresseur Pokemon de la base, et qui batifolait avec ma fille…

Vilius se souvint que la fille du colonel, Emmy, avait été tuée il y a quelques années en tentant de protéger Kyria de Mister Smiley et de potes à lui. Décidément, Venamia et Brenwark n’étaient pas en manque d’admirateurs qui voulaient leur peau.

- On va y aller, colonel, fit finalement Vilius en se levant. On va chercher le prince. Dès qu’on l’aura avec nous, tous les GSR du palais seront nos ennemis. Vous êtes prêts à vous battre ?

- Plus que prêt, monsieur. Je suis impatient. J’en ai plus qu’assez de ces connards de fascistes en noir.

- J’ignore leur nombre exact, mais sans Venamia et Brenwark dans le palais, on a nos chances. De toute façon, on ne va pas nettoyer tout le palais. Il me faudra juste un passage d’ouvert vers la salle des transmissions, et quelques minutes de tranquillité. Vous pouvez me donner ça, vous et vos hommes ?

- On le fera, ou on mourra en essayant, monsieur.

Vilius sortit donc, avec à sa suite le colonel et une vingtaine de ses hommes loyaux. Des Rockets datant de l’ère de Giovanni, des vrais, pas des arrivistes qui ont profité du nouveau régime de Venamia pour enchaîner les promotions à force d’intimidation, d’actes de cruauté gratuite ou de plaisir sadique à exécuter les opposants. Quand Vilius et son groupe arrivèrent devant les quartiers de la Dirigeante Suprême, les deux GSR qui gardaient l’entrée ne bougèrent pas d’un pouce.

- Je dois amener le prince en sécurité, déclara Vilius d’une voix pleine de confiance. Veuillez vous écarter.

- Son Altesse ne doit pas quitter la pièce, répliqua l’un des GSR. Ordre de la Dirigeante Suprême.

- Vous avez jeté un coup d’œil dehors ? Enchaîna Vilius. Nos forces se font repousser de toutes parts, et les ennemis sont déjà à l’intérieur du palais. Je doute que la Dirigeante Suprême veuille que son fils soit capturé par la FAL.

- Il n’y a rien que la Dirigeante Suprême n’ait pas prévu. Elle voit tout, elle sait tout, et par conséquent, ses ordres doivent être exécutés à la lettre. Par nous… comme par vous.

Vilius s’était toujours un peu inquiété du fanatisme dont faisaient preuve les gars de la GSR envers Venamia, comme si elle était une genre de déesse vivante. Évidemment, la propagande fonctionnait à plein régime dans le Grand Empire, et Esliard était un type très compétant quand il s’agissait de manipuler les masses, mais quand même… Ces excès s’expliquaient sans doute par les capacités intellectuelles très limitées des hommes de la GSR.

- Bien sûr, je comprends, dit Vilius en faisant mine d’obtempérer.

Mais au lieu de se retirer sagement, il activa son bracelet de Sombracier pour décupler sa force et écrasa le crâne du GSR avec son poing. De leur côté, les hommes d’Angurs avaient déjà descendu le second GSR avant qu’il ne fasse quoi que ce soit. Vilius défonça la porte fermée à clé. Julian, qui était en train d’observer avec appréhension les combats par sa haute fenêtre, se tourna d’un coup avec surprise. Vilius remarqua qu’il avait toujours sa peluche Ecleus dans les mains.

- Monsieur Vilius ?

- Votre grand-père et quelques autres de la FAL sont en ce moment même en train d’investir le palais, Votre Altesse, dit Vilius. Il ne reste quasiment plus aucun GSR dans l’enceinte. C’est l’occasion de filer.

Le garçonnet tritura sa peluche, soudain hésitant.

- Mais… mère a dit qu’elle reviendrait…

Le prince semblait être en plein conflit mental. Il avait bien catalogué la GSR et le régime du Grand Empire comme des « méchants », mais n’arrivait pas à faire pareil avec sa mère, surtout depuis son retour. Vilius comprenait son dilemme et s’en voulait de lui imposer ça, mais ils n’avaient plus le temps de tergiverser.

- Votre mère est dehors, et elle s’apprêtait à tuer votre tante Galatea avant que ce cher tonton Mercutio ne débarque avec des amis. La FAL a quasiment pris la ville, Altesse, sauf que votre mère ne semble pas s’en rendre compte. Il est temps de lui expliquer qu’elle a perdu.

Vilius espérait que le fait de voir Julian en compagnie des dirigeants de la FAL dénoncer les crimes du Grand Empire allait secouer assez Venamia pour la faire abandonner. À moins bien sûr qu’elle ne perde le peu de raison qui lui restait et qu’elle s’acharne jusqu’au bout. Vilius avait bien pris en compte cette possibilité, et c’était pour ça qu’il avait demandé à ce qu’on empêche tout accès à la bombe Arctimes. Encore hésitant, Julian ne sortit pas moins lentement de la grande pièce, et son regard s’attarda un moment sur les cadavres des GSR à l’entrée, surtout celui avec le crâne écrasé par Vilius. Ce dernier se maudit de ne pas les avoir caché avant. Mais le prince ne fit aucune remarque à ce sujet, ni ne parut effrayé.

- On… on va voir papy alors ?

- Pas tout de suite. On va d’abord passer un message à tous les gens du Grand Empire, et à votre mère par la même occasion. Ce sera sans doute une déclaration qui restera dans l’Histoire, donc essayez de bien vous coiffer en chemin.


***


Le groupe d’Estelle avait totalement pris le grand hall d’entrée du Palais Suprême, sans trop de pertes de leur côté. Il y avait peu de GSR parmi les gardes. Avec Zeff, Ithil, Bertsbrand, Adélie Dialine et Imperatus, les simples Rockets qu’étaient Estelle, Tender, Anna et tous les autres sbires n’avaient pas grand-chose à faire. Le souci, c’était qu’une fois le hall d’entrée à eux, ils s'entre-regardèrent tous, confus, l’air de se dire « et maintenant… on va où ? ». Ils n’avaient aucun plan du lieu, et il fallait dire que Venamia n’avait pas lésiné sur les moyens pour se créer une forteresse aussi immense que pompeuse.

- On fait étage par étage jusqu’à trouver le gamin ? Demanda Zeff. On y sera encore demain…

- Vaut mieux se séparer, fit Estelle. Deux groupes pas plus, avec dans chacun, au moins deux personnes qui peuvent gérer un bataillon de GSR à eux seuls.

- Il y en aura plus, signala Anna en regardant tout le groupe. Trois dans chaque groupe, si on vous inclut aussi, boss.

- Je me transformerai au besoin, mais je crois pas qu’on rencontrera beaucoup de résistance maintenant.

Les groupes furent décidés. On sépara les sbires Rockets et les quelques soldats de la FAL en deux. Zeff, Bertsbrand, Ad et Anna furent chargés de passer au peigne fin les étages pairs, et Estelle, Imperatus, Ithil et Tender les étages impairs. Au moment de se séparer au premier étage, Ad leur signala :

- Ah au fait, faut que vous fassiez gaffe à quelqu’un que j’ai croisé dans les égouts. Il a dit qu’il ne prenait pas partie dans cette bataille, mais il a pas spécialement le look d’un gars en qui je peux avoir confiance. Vous le connaissez peut-être ? Un Zoroark de deux mètres, parlant et en métal ?

Le regard de Zeff s’assombrit.

- Ma vieille amie Licia…

- Pardon ? S’étonna Ad.

- Une des nombreuses identités de D-Zoroark, avec laquelle elle a commandé une team où j’ai bossé un temps, expliqua Zeff. On peut jamais deviner les intentions de ce connard robotique, et vaut mieux pas chercher à le faire.

Imperatus acquiesça gravement.

- Il s’était également fait passer pour l’un des anciens Dignitaires, et a manœuvré pour provoquer la guerre contre la Team Rocket, tout en fournissant les plans d’une arme de destruction massive au père d’Erend.

- Il ne m’a pas paru enclin à se battre quand je l’ai vu, mais j’avais l’impression que s’il avait voulu, il nous aurait tous massacré.

- C’est sûrement le cas, répondit Zeff. Ces Pokemon Méchas sont redoutables, lui plus que d’autres. Si vous le croisez, fuyez. Et faites attention, il peut se faire passer pour n’importe qui.

- Ouais, il s’est déguisé en Odion juste pour moi, ce blaireau. J’ai cru avoir une crise cardiaque pour le coup, pensant que j’avais salopé le boulot à Naya…

- Odion ? Qui c’est ça ? Demanda Anna.

- Oh, un ahuri en robe noire qui avait un léger petit problème d’égo. Il se prenait pour le créateur de l’univers et le fils de la mort, et voulait génocider toute forme de vie sur Terre.

- Charmant…

- Cet individu devait manquer singulièrement de swag, commenta Bertsbrand.

Sur ces sages paroles, ils se séparèrent tous, avec bien sûr un canal radio ouvert au cas où ils trouveraient Julian ou tomberaient sur des ennemis. Les premiers et seconds étages étaient totalement réservés à l’administration. Il n’y avait quasiment que des civils, qui se rendirent immédiatement dès que les troupes de la FAL arrivèrent. Estelle les fit se regrouper au rez-de-chaussée, où ils allaient être pris en charge quand le gros de la FAL allait arriver. Certains commencèrent déjà à clamer leur innocence, en disant que la GSR les avait menacé, les obligeant à travailler ici, qu’ils retenaient leur famille en otage, ou autres trucs du genre. Démêler la vérité du mensonge pour chaque cas allait être compliqué, mais heureusement pour Estelle, ce ne serait pas à la Team Rocket de s’en charger. Elle aurait déjà beaucoup à faire avec ses propres membres qui sont restés fidèles à Venamia.

Ils en interrogèrent plusieurs, pour savoir où se trouvait le prince Julian, mais visiblement personne ne savait, ou ne donnèrent que des réponses vague, du type « tout en haut du palais, sûrement ». Le sixième étage était totalement réservé à la GSR. Estelle et Tender s’attendaient donc à une résistance plus acharnée que celle des gratte-papiers des premiers étages, mais l’endroit était pour ainsi dire vide et abandonné. Abandonné, mais pas totalement inhabité tout de même, car ils tombèrent peu après dans le couloir des cellules, où quelques prisonniers se trouvaient encore.

Estelle ne chercha pas à comprendre qui ils étaient. Elle les libéra tous. Avoir été mis en prison par la GSR suffisait généralement à prouver votre innocence. Ils tombèrent même sur certains Rockets loyaux à Estelle ou soldats de l’ancienne Confédération qui avaient été capturés. Quand toutes les cellules eurent été vidés, Estelle s’apprêtait à repartir, quand elle remarqua qu’Ithil n’avait pas bougé de l’endroit où il était, regardant un mur de façon insistante.

- Ithil ?

- Il y a quelque chose derrière. Je le sens dans l’Aura.

- Quoi, un truc du style passage secret ? Demanda Tender. Vous ne pouvez pas jouer les passe-murailles pour aller vérifier ?

- Ce n’est pas un mur, répondit Ithil.

Il matérialisa une aura de type spectre au bout de ses mains et l’envoya contre le « mur ». Alors, il commença à se brouiller, comme un vieil écran de télé, et son apparence changea brutalement. Ce n’était plus un mur, mais une porte métallique de haute sécurité.

- Un hologramme pour cacher une porte, commenta Imperatus. Quelque chose me dit qu’il y a derrière un truc que Venamia ne tient pas qu’on trouve.

- Ça fait un raison tout à fait légitime pour qu’on y jette un coup d’œil, décréta Estelle.

Comme la porte exigeait une emprunte digitale et oculaire, ils laissèrent faire Ithil, qui se contenta de la traverser et de l’ouvrir de l’autre côté. Ça donnait sur un autre long couloir, avec d’autres cellules, mais celle-ci plus sécurisées. Tender fut un poil déçu.

- Seulement un quartier de détention de haute sécurité, dit-il.

Contrairement au premier, ils n’eurent pas grand-monde à libérer dans celui-là. Les rares pièces occupées l’étaient par des cadavres, en état de décomposition plus ou moins avancé. Mais il y avait une autre porte au bout du couloir, qui elle donnait sur une grande pièce noire et voûtée, avec un énorme portrait de Lady Venamia sur le mur. Tender grimaça de ce mauvais goût. Si sa fille commençait à mettre des portraits d’elle dans son propre palais, c’était que son égocentrisme avait atteint un point de non-retour.

- Il y a quelqu’un là ! Fit Imperatus.

Elle montra le bout de la pièce, où un individu par terre était enchaîné par les bras à une grosse barre de métal. Tous eurent un mouvement de recul dégoûté en voyant l’homme… si tant est qu’on pouvait toujours le qualifier d’homme. Il était nu, et totalement décharné. On aurait dit un cadavre. Tout fin, la peau grise, il ressemblait beaucoup à un squelette tant tous les os de son corps ressortaient de sa chair quasi-inexistante. Il n’avait plus aucun poil ni cheveu. Des parties de son corps étaient carrément écorchées, et sa virilité lui avait été arrachée. Pourtant, aussi incroyable que celui puisse paraître, cet homme était encore en vie. Il regardait ses visiteurs comme s’il ne les voyait pas vraiment, avec des yeux ternes où toute lumière semblait avoir disparu à jamais.

- Arceus de miséricorde… jura Tender, qui pourtant n’était pas spécialement pieu.

- Si jamais on avait des doutes sur l’importance qu’accordait Venamia aux droits de l’Homme, ils viennent d’être tous levés, dit Estelle froidement. Imperatus, voyez ce que vous pouvez faire pour ce malheureux avec vos attaques de soin. Nous le montrerons ensuite au monde entier, pour que tous voient de quelle façon le Grand Empire s’occupait de ses opposants.

Imperatus s’avança jusqu’à lui. Le prisonnier la regarda comme s’il voyait un fantôme.

- Ne craignez rien, tenta de le rassurer la Pokemon. Vous êtes libre, et nous allons nous occuper de vous.

Elle utilisa toutes les attaques qu’elle put pour soulager cet homme, de l’Aromathérapie aux Racines médicales, en passant par Soin Floral. Mais au bout d’une minute, elle dit aux autres :

- C’est terrible… On lui a sectionné les tendons des pieds et des mains. Il ne pourra plus jamais marcher, ni tenir quoi que ce soit. Il n’a plus aucune dent… ni de langue.

Tender serra les poings, à la fois d’indignation et d’incompréhension.

- Qu’a pu faire ce pauvre bougre pour agacer la GSR à ce point ?

- Peut-être pas grand-chose, répondit Ithil. Peut-être n’est-ce qu’un amusement pour ces mécréants…

Alors qu’il n’avait pas quitté Imperatus du regard, le prisonnier sembla enfin réagir. Il leva lentement et très difficilement son bras droit pour toucher le Pokemon Plante et Fée, en émettant avec sa bouche ravagée des sons gémissements inintelligibles. Un éclat, bien que très faible, venait d’apparaître dans son regard. Il paraissait vouloir dire quelque chose.

- Restez tranquille, lui conseilla Imperatus. Je vais vous prodiguer les premiers soins, pour apporter à votre corps les nutriments qu’il vous manque, et nous vous amènerons…

- Allons bon, vous avez trouvé mon passe-temps ?

Tous se retournèrent en même temps pour voir qu’un GSR venait d’arriver. Les soldats d’Estelle firent feu, mais les balles furent proprement stoppées par son bouclier d’Eucandia. Ce n’était pas n’importe quel GSR d’ailleurs, mais Naulos, qui paraissait presque content de pouvoir faire admirer à des visiteurs son travail. Estelle fit signe à ses hommes de cesser le feu, et dévisagea le capitaine GSR avec dégoût.

- Ceci est donc votre œuvre ?

- Tout à fait, répondit fièrement Naulos. Ça fait un an que l’on s’amuse tous les jours, lui et moi, durant mes heures de libre. Malgré tout ce que je lui ai fait, le bougre ne s’est pas encore résigné à mourir ! J’ai torturé beaucoup de gens dans ma carrière, mais jamais une personne ne m’avait procuré autant de plaisir, et ce pendant si longtemps !

Il éclata d’un rire gras de gros sadique. En voyant Naulos, le prisonnier rampa pitoyablement au sol en essayant de se cacher derrière la barre de métal qui le retenait attaché. Une froide colère éclata dans tout le corps d’Estelle devant ce spectacle. Elle aurait pu se transformer totalement à l’instant si elle ne s’était pas retenue.

- On va bien tâcher de vous prendre en vie, pourriture, déclara-t-elle à Naulos. Je ne peux pas vous promettre que vous souffrirez autant que ce malheureux - à l’inverse de vous, nous avons un minimum d’humanité - mais je ferai en sorte que vous passiez le reste de votre misérable existence à vous excuser chaque jour pour toutes les horreurs que vous avez commises.

- Ce « malheureux » hein ? Ricana Naulos. Bah, je peux pas vous en vouloir de ne pas l’avoir reconnu. Il a perdu un peu de poids en même temps que ses cheveux. Il a un peu régressé niveau intelligence aussi, vu qu’il ne sait plus que dire des trucs du genre « agneugneu ». Pourtant, regardez, lui il vous a reconnu. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu réagir ainsi.

Troublée, Imperatus examina profondément le visage décharné et hanté du prisonnier. À l’instant où elle eut un hoquet de stupéfaction profondément humain, Ithil avait lâché ses poignards sous le choc.

- Impossible… balbutia-t-il.

- Si, répondit Naulos avec un grand sourire tordu. C’est bien Erend Igeus, ancien Commandant Suprême de la Confédération Libre. Enfin, c’était. Aujourd’hui, il n’est plus rien. Un déchet même plus humain.