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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 14/03/2018 à 21:05
» Dernière mise à jour le 02/09/2020 à 20:27

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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053. 4x07 - Évoluera ? N'évoluera pas ?
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Durant leur voyage, les trois amis reçoivent un Super Bonbon chacun de la part du Maître des Pièges. Le groupe rencontre Annick, une amie d’enfance de Timmy avec qui Flora se lie très vite d’amitié. De son côté, Jessie, James et Miaouss se retrouvent à travailler pour Max Magma qui pratique des expérimentations sur le Galifeu de Sofian et qui veut voler un objet dans le sac à dos de Flora. L’entente entre Sofian et Annick se dégrade suite aux révélations d’Annick sur la sœur de Sofian : elle argumente que Sarah les a aidé à s’enfuir du repère de la Team Magma. Sofian refuse d’y croire, mais un détective mystérieux lui fait parvenir le dossier criminel de sa sœur. Les quatre adolescents partent en voyage vers Mérouville alors que ni le Professeur Seko, ni Norman n’acceptent qu’ils poursuivent leur route. Cet affrontement entre parents et enfants fait naître une violente dispute entre Flora et son père à qui elle reproche de ne s’être jamais occupé d’elle. Annick envoie son Rosélia empoisonné au Professeur Seko en échange d’un Azurill fraichement capturé.

Route 114


Pokémon #201c
Il était des phénomènes climatiques hors du commun dans la région de Hoenn. Après le déluge qui avait inondé les sentiers rocailleux de la Route 114 durant vingt-quatre heures, le soleil était finalement parvenu à chasser les nuages dans le ciel et à reprendre place sur son trône flamboyant. Plus impressionnant encore, malgré la saison automnale entamée, il régnait une chaleur particulière. D’aucun émettait l’hypothèse que la présence alentour du Mont Chimnée, un volcan de large envergue, réchauffait de plusieurs degrés le nord de l’île. D’autres s’inquiétaient d’un tel phénomène météorologique qui ne s’était plus produit pendant plusieurs décennies. Quoi qu’il en fût, ce matin-là, les Nirondelle voletaient allégrement dans les cieux et les Galekid couraient dans la poussière de la montagne. Seul un petit groupe d’adolescents venaient perturber ce calme idyllique.
Grimpant difficilement le chemin pentu qui escaladait la montagne, les quatre jeunes adultes étaient en proie à un nouvel échange musclé.
— Je persiste à croire que ce n’est pas normal qu’on grimpe autant alors que Mérouville se situe en bord de mer, envoya Sofian en trainant des pieds derrière le groupe.
— Mais puisque je te dis que le seul chemin accessible, c’est en traversant le Site Météore, argumentait Timmy en perdant patience.
— Ne me dis pas qu’il n’y a pas une seule route qui contourne la montagne plutôt que de la traverser ! poursuivit Sofian.
— Je sais quand même lire un plan ! s’énerva Timmy en lui jetant une immense carte froissée au visage. Mais si tu sais mieux le faire que moi, vas-y !
— On peut faire une pause ? demanda Annick, épuisée par la dispute entre ses trois amis.
— En même temps, elle date de quand ta carte, là ? maugréa Sofian en cherchant désespérément un chemin plus court sur l’énorme plan de la région.
— Je voudrais bien utiliser un GPS plus moderne, mais je te signale que vous m’en avez interdit l’accès ! fit remarquer Timmy en sortant son Pokénav de sa poche.
— Ah non ! intervint Flora. Tu n’allumes pas ton Pokénav !
— Qu’est-ce que je disais… soupira le jeune adolescent.
— J’ai un caillou dans la chaussure, on peut s’arrêter un instant ? demanda à nouveau Annick à qui personne ne prêtait attention.
— Ouais, non, c’est pas une bonne idée d’allumer ce truc-là. À tous les coups, on va recevoir des tonnes de coup de fil du Professeur Seko pour nous obliger à rentrer à la maison.
— Je te signale qu’il n’y a pas que mon père qui ne voulait pas qu’on reprenne le voyage ! rappela Flora. Ton père aussi était furieux !
— En attendant, c’est le tien qui nous a spammé d’appels et de messages depuis qu’on a quitté Autéquia, piqua Sofian.
— Et ta sœur ? grommela Flora entre ses dents, en évitant de se faire entendre car elle savait quelles seraient les conséquences si Sofian se mettait à penser à sa sœur.
— Je ne voudrais pas me mêler de cette merveilleuse conversation qui nous égaye tous, mais à un moment donné, je vais avoir besoin de prendre des nouvelles de mon Rosélia, indiqua Annick.
— Eh bien tu n’auras qu’à envoyer une lettre ! s’impatienta Flora. Je n’ai pas du tout envie que mon père sache où je me trouve.
— Ah tiens, ma voix est donc audible, ironisa Annick.
— De toute façon, il doit surement se douter qu’on est dans les parages vu qu’Annick le lui a dit hier, au CRISP, annonça Sofian sans scrupule.
— Tu l’as contacté ?! s’exclama une Flora outrée.
— Excuse-moi d’avoir d’autres Miaouss à fouetter que vos petites histoires de famille, se défendit Annick en lançant un regard noir à Sofian. Oui, j’ai contacté le Professeur Seko pour lui transférer mon Rosélia malade. Ça dérange quelqu’un si je prends soin de mes pokémons ?
Sofian et Flora baissèrent les yeux, à court d’arguments. Un silence tendu enveloppa le groupe.
— Moi, je trouve que tu t’occupes très bien de tes pokémons, complimenta maladroitement Timmy.
Flora émit un son de canard peu discret, et Sofian pouffa de rire sur un ton moqueur. Annick afficha un faible sourire à Timmy en ignorant les deux autres. Au bout d’un moment, lassée par la situation, elle s’arrêta net sur le chemin poussiéreux et déposa son lourd sac de voyage au sol.
— Tu fais quoi ? s’alerta Timmy.
— Je fais une pause, déclara Annick. On est perdu, vous ne voulez pas utiliser la technologie pour retrouver le chemin, j’ai mal au pied et il va être midi. Autant s’arrêter pour manger.
— Où ça ? rétorqua Sofian. Tu as vu un seul arbre ou endroit à l’ombre ?
— M’en fiche. Je mange. Continue ton chemin si ça te chante !
À ces mots, Annick croqua dans une pomme juteuse et s’étendit au sol crasseux de la montagne. Timmy la rejoignit rapidement tandis que les deux autres s’échangèrent un regard perplexe. Peut-être valait-il mieux s’arrêter pour l’instant, tout compte fait.

Pokémon #201o
La brise légère de l’automne avait adouci l’ambiance au sein du groupe et le processus de digestion les avait amenés à somnoler sous les rayons chaleureux du soleil. Le ventre plein, Sofian avait pris un peu de distance afin de prendre soin de son Galifeu. L’état psychologique de son pokémon n’avait toujours pas évolué, mais le dresseur ne perdait pas espoir. Chaque jour, il recommençait les mêmes gestes protecteurs telle une chorégraphie qui aurait soulagé le pokémon malade : hydratation, nutrition, massage des muscles, brossage des poils. Galifeu ne réagissait que rarement aux soins prodigués par son maître, mais un simple regard entre les deux était suffisant.
Laissant Galifeu se reposer, allongé sur la poussière de la montagne, Sofian s’était plongé à nouveau dans la lecture du dossier qu’il avait reçu mystérieusement la nuit précédente. Les dizaines de feuilles retraçaient en détail les moindres faits et gestes présumés de sa sœur, Sarah Match, depuis sa naissance jusqu’aux dernières plaintes contre la Team Magma recensées par la police de Hoenn. Sofian n’avait rien retrouvé à dire sur la partie du dossier qui traitait de la vie de sa sœur à Kanto, mis à part quelques coquilles dans l’orthographe des villes parcourues dans sa vie ou des incohérences de dates sans importance, toute la vie de Sarah était retranscrite à la perfection dans les données de la Police Internationale.
Évitant de penser à la manière dont chaque individu était surveillé par les forces de l’ordre, Sofian termina sa lecture des évènements qui s’étaient déroulées neuf ans plus tôt, le 24 août 2002. Sofian se souvenait de ce jour comme s’il s’était déroulé chaque jour durant depuis neuf ans, principalement parce que ce fut le jour où sa sœur avait brisé le cœur de tous les membres de sa famille en disparaissant à jamais dans les rangs de la Team Magma. Sofian avait beau avoir lu une demi-douzaine de fois ce passage dans le dossier de Sarah, il ne comprenait toujours pas certains éléments de l’affaire qui ne coïncidaient pas avec ses souvenirs. Sarah Match n’apparaissait nulle part dans le rapport du 24 août 2002 de la gendarmerie de Clémenti-Ville. Or, Sofian se souvenait particulièrement bien du rôle qu’avait joué sa sœur dans les évènements dramatiques de cette journée désastreuse. Comment la police avait-elle bien pu être passée à côté de son implication ? Ses dossiers avaient-ils été édités par la suite ? La Team Magma avait-elle effacé le rôle de Sarah dans l’histoire ? Si oui, pourquoi n’avait-elle pas complètement réécrit l’histoire ? Sarah avait-elle elle-même censuré la partie du rapport qui décrivait ses actes ? Ou, comme Annick et Flora semblaient le penser, Sarah était-elle finalement innocente ? Comme pour torturer un peu plus son esprit, la voix de Max Magma résonna alors dans ses oreilles : « Crois-tu sincèrement que ta sœur serait capable de faire du mal ? »
— Tout va bien ?
Sofian sursauta et fourra le tas de feuilles dans son sac avec précipitation, en faisant mine d’y chercher quelque chose. Flora l’observa, inquiète.
— Qu’est-ce que tu lisais ?
— Oh, rien, des trucs scientifiques sur les pokéballs que j’ai trouvé au CRISP, mentit-il avec une rapidité si impressionnante qu’il se surprit à croire lui-même à son mensonge.
— Je sais que tu n’aimes pas qu’on te parle de Galifeu, mais…
Sofian jeta un coup d’œil menaçant en sa direction. Cependant, Flora ne se découragea pas, et ajouta :
— …on a tous remarqué que tu subis beaucoup cette situation, dit-elle en ménageant ses mots. Depuis Autéquia, c’est comme si tu avais abandonné l’entraînement de tes pokémons pour te focaliser sur les soins que tu prodigues à Galifeu. Et c’est très bien ! Je me disais juste que… on pourrait se changer les idées en faisant un petit combat, histoire de dérouiller un peu nos pokémons ?
Sofian leva les sourcils, surpris.
— Depuis quand tu aimes combattre ? s’étonna-t-il.
— Disons que… en disputant le match retour improvisé contre Annick, hier matin, je me suis rendu compte de l’écart de niveau entre elle et moi, avoua Flora. Si je veux gagner un concours de coordination un jour, il va falloir que je me mette à travailler sérieusement la deuxième partie du concours, à savoir les matchs pokémons. Et je ne suis pas sans savoir que tu as aussi un match d’arène qui t’attend… si tu cherches toujours à collectionner les badges d’arène.
Sofian laissa son regard se perdre un instant dans le ciel bleu de l’après-midi. Flora avait posé le problème si simplement, sans toutefois laisser entendre son questionnement : avait-il renoncé ou non à la quête des badges d’arène ? Flora avait à juste titre touché un point sensible : depuis l’attaque de la Team Magma à Autéquia, Sofian s’était peu à peu désintéressé à son voyage, au point d’avoir failli abandonner le groupe. L’inquiétude de voir son Galifeu dans cet état de traumatisme, ajouté aux multiples interrogations qui remettaient en cause l’image qu’il avait de sa sœur détestée, avaient eu raison de l’excitation qui avait jadis jalonné son chemin d’arène en arène. Voulait-il poursuivre ce chemin ? Telle était la question.
— Peut-être que si ton Galifeu voit tes pokémons combattre, il voudra lui-même si remettre ? osa Flora.
— C’est d’accord ! accepta Sofian en se levant d’un bond.
— C’est… c’est vrai ? s’étonna Flora.
— Oui, pourquoi pas ? Ça fait combien de temps qu’on n’a plus livré de match, toi et moi ? Mes autres pokémons doivent être morts d’envie de se dérouiller les pattes ! Alors, allons-y !

— Le combat opposant le dresseur Sofian Match, du Bourg-en-vol, à la coordinatrice Flora Seko, du Bourg-en-vol, va débuter ! annonça Timmy qui s’appliquait si bien à rentrer dans le rôle d’arbitre qu’il en devenait ridicule aux yeux de ses deux meilleurs amis.
— Pas besoin de le prendre aussi sérieusement, Timmy ! lança Sofian, amusé.
— On sait que tu sais arbitrer un match, et Annick aussi le sait, figure-toi, s’amusa Flora de l’autre côté du terrain tracé sommairement sur le sol poussiéreux.
— Ça n’a rien à voir ! se défendit Timmy en reprenant un air sérieux. Les deux challengeurs n’auront droit qu’à trois pokémons chacun…
— En même temps, on n’en a que trois valides chacun, fit remarquer Flora.
— Ça va être difficile d’en faire participer d’autres, ajouta Sofian.
— Bon, vous me laissez arbitrer ?! s’impatienta Timmy qui tapait du pied.
Flora et Sofian levèrent les mains en l’air pour signifier leur soumission à sa volonté.
— Les deux challengeurs auront la possibilité d’échanger leur pokémon à tout moment. Le match se termine dès qu’un pokémon de leur équipe aura été vaincu ! Challengeurs, bonne chance ! Que le combat commence !
Timmy fit un signe du bras en prenant bien soin de mettre en avant son petit biceps et jeta un coup d’œil discret à Annick qui s’était installée derrière lui pour profiter du spectacle, son Azurill dans les bras.
— Frimeur… marmonna Flora.
— Écrapince, go !
Le petit crabe orange se matérialisa près de son maître alors que Flora lançait sa pokéball dans les airs. En voyant Skitty apparaître, Sofian scanna mentalement la liste des attaques et des compétences que le Skitty adverse maîtrisait. Comprenant que la technique de Flora était d’utiliser son pokémon le plus faible en premier afin de déstabiliser les défenses de Sofian, il compta bien ne pas la laisser faire en prenant les devants.
— Écrapince, « bulle d’eau » !
— Skitty, débarrasse-t’en avec « mimi-queue » !
De grosses bulles d’eau s’échappèrent d’une des pinces du pokémon aquatique et fusèrent vers le petit chat rose qui lui tourna le dos et agita sa queue. Skitty envoya les bulles d’eau valser avec sa queue et se retourna vers son adversaire. Mais Écrapince n’était plus au même endroit : le pokémon en avait profité pour courir à toute vitesse vers le chat.
— Skitty, déstabilise-le avec « attraction » !
— « Écume » ! ordonna simplement Sofian.
Skitty poussa un cri censé séduire son adversaire, mais étant plus rapide, Écrapince lui avait envoyé une mousse blanchâtre en plein visage.
— Oh non, Skitty ! s’exclama Flora qui comprit que son pokémon n’arriverait pas à amadouer Écrapince sans jouer de son regard.
— « Force-poigne » ! cria Sofian.
— Attention, Skitty !
Mais, aveuglée, Skitty ne put éviter la grosse pince de son adversaire qui l’empoigna et la jeta au sol. Effrayée par la tournure des évènements, Flora remplaça son Skitty par son Charmillon qui s’envola virevolter dans les cieux, bien au-dessus du petit Écrapince.
— Charmillon, de là-haut, tu ne pourras pas être touché ! Attaque « tornade » !
Le majestueux papillon tourna sur lui-même et battit des ailes de sorte qu’un vent se leva et fouetta Écrapince.
— Écrapince, « gros-yeux » !
Écrapince roula sur le sol sous la force de la tornade mais tint bon. Il lança un regard malveillant à Charmillon qui poursuivit son attaque alors que sa défense perdait en puissance. Ce fut le moment que Sofian choisit pour remplacer son Écrapince par Nirondelle.
— Nirondelle, « cru-aile » !
L’oiseau bleu s’envola rejoindre Chamillon en altitude. Le papillon écourta son attaque tornade mais Nirondelle fut trop rapide : l’oiseau frappa son adversaire à l’aide de ses ailes et Charmillon recula dans les airs.
— Aaaah ! Charmillon, on ne va pas se laisser faire et on va l’immobiliser avec « para-spore » !
— « Tornade » !
Le temps que Flora donne sa consigne, Nirondelle s’était déjà activée et fouettait l’air à l’aide de ses ailes. La poudre dorée qui émanait des ailes de Charmillon fut emportée par les coups de vent et retournèrent à l’envoyeur. Charmillon se pétrifia d’horreur : paralysé sur place, il eut bien du mal à battre des ailes afin de rester en altitude.
— « Vive-attaque » ! ordonna Sofian.
— Empêche-le de t’atteindre avec ta « sécrétion » !
— « Reflet ! »
Nirondelle fusa vers Charmillon alors qu’un filet de soie jaillit de la trompe de ce-dernier. Nirdondelle disparut aussitôt et réapparut derrière Charmillon avant de le pousser violemment. Charmillon perdit l’équilibre et, toujours paralysé, fit une chute libre, incapable de se ressaisir.
— Non, Charmillon !
Flora fit retourner son pokémon dans sa pokéball et envoya Gobou, son ultime chance de gagner le match.
— Gobou, mouille le sol pour créer de la boue avec « pistolet à eau » ! ordonna Flora.
Sofian comprit la stratégie de son amie et composa la sienne.
— Nirondelle, « rugissement » !
Alors que Gobou s’affairait à humidifier la poussière autour de lui, Nirondelle poussa un cri menaçant qui affaiblirait la puissance des attaques suivantes de Gobou. Il remplaça alors Nirondelle par Balignon.
— Envoie tes « vampigraines » dans la boue ! ordonna Sofian.
— Oh non ! Attaque « coup d’boue », vite !
Mais ce fut trop tard. Balignon avait envoyé une graine qui se planta dans la terre devenue poreuse grâce au « pistolet à eau » de Gobou et des lianes se formèrent autour des pattes de Gobou.
— Comment tu fais pour tout le temps avoir un temps d’avance sur moi ? s’impatienta Flora en voyant son pokémon souffrir.
— C’est parce que tu révèles toute ta stratégie quand tu donnes des ordres à tes pokémons ! s’écria Annick sur le côté.
— Comment veux-tu qu’ils sachent où je veux en venir ?
— Tu n’as jamais élaboré de stratégies avec eux pendant tes entraînements ? S’ils te font confiance et si tu leur fais confiance, vous devriez savoir quoi faire sans vous parler ! Comme le fait Sofian !
Flora serra les dents et maudit Annick qui lui révélait une vérité insupportable à entendre.
— Balignon, « charge » !
Balignon chargea violemment Gobou qui tomba au sol, toujours emmêlé dans les lianes.
— Riposte avec ton « pistolet à eau » !
Mais Gobou n’attaque pas. Balignon en profita pour charger à nouveau, et Gobou resta en léthargie.
— Pourquoi tu n’attaques pas, Gobou ? s’inquiéta Flora. Envoie ton « pistolet à eau » !
Gobou n’écouta pas sa maîtresse et resta figé sur place, tandis que Balignon lui assénait un troisième coup.
— Ne me dites pas que… bredouilla Timmy.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il lui arrive ?! cria Flora, hystérique. On arrête tout !
Flora courut jusqu’à son pokémon au moment où celui-ci se relevait et bondissait vers Balignon. Mais rattrapé au vol, Gobou frappa de toutes ses forces sa maîtresse qui fut propulsée au sol et roula sur la poussière avec brutalité.
— Flora ! s’écrièrent en chœur les trois adolescents.
Sofian accourut, très vite rejoint par Timmy et Annick. Azurill et Balignon aidèrent Gobou à se démêler de ses lianes alors que Sofian s’assurait que Flora n’était pas blessée.
— Gobou… bégaya Flora, attristée. Pourquoi tu as refusé de m’écouter ? Pourquoi tu viens de m’attaquer.
Gobou semblait aussi perdu que sa maîtresse et bondit dans ses bras afin de nettoyer la poussière sur son visage en la léchant amicalement.
— Au départ, j’ai cru qu’il était en train d’évoluer, avoua Timmy.
— Évoluer ? répéta Flora, hébétée.
— Mais en fait, il vient d’utiliser malgré lui l’attaque « patience », expliqua le jeune garçon.
— L’attaque « patience » ? répéta à nouveau Flora, comme si les capacités de son cerveau se limitaient à une simple répétition des bruits alentours.
— « Le pokémon se concentre pendant trois tours et renvoie, par rage, l’attaque en affligeant le double des dégâts subis », lut Sofian en consultant son Pokédex.
— En soi, tu n’avais pas complètement tort Timmy, dit Annick.
— Comment ça ?
— Le fait que Gobou sache utiliser l’attaque « patience » signifie qu’il est prêt à évoluer.
— HORS DE QUESTION ! s’exclama Flora.
Ses trois amis reculèrent d’un pas, surpris de constater l’humeur terrifiante de Flora. C’était comme si la peur l’avait enragée.
— Gobou n’évoluera pas ! Je ne le permettrai pas !
— Mais enfin, Flora, pourquoi réagis-tu comme ça ? s’inquiéta Timmy, perplexe.
— Parce que c’est moi qui décide ! Gobou me plait comme il est, et personne ne me l’enlèvera !
— Qui te parle de te l’enlever ? intervint Annick. Gobou suit une évolution naturelle. C’est positif, l’évolution. Regarde le Galifeu de Sofian. Il est devenu très puissant depuis son évolution.
— Tu parles du pokémon léthargique qui git sur le côté ? cracha Flora en ignorant son ami vexé. Non ! Mon Gobou me plait tel qu’il est, il est fort, il est beau, il a toutes les qualités pour gagner un concours ! Je ne vois pas pourquoi il changerait.
— Parce que c’est sa nature ! s’emporta Annick. Comment peux-tu être aussi bornée que pour ne pas comprendre la nature des individus qui t’entourent ? Ce n’est pas à toi de décider de ce qui est naturel ou pas chez les autres. Gobou doit évoluer, c’est tout. Et puis, de toute façon, tu ne gagneras pas un seul concours de coordination si tu refuses que tes pokémons s’améliorent !
Flora, en proie à une véritable crise de colère, se tourna vers Annick et lui lança sur le ton le plus acerbe :
— Toi, tu ferais mieux de t’occuper de tes pokémons plutôt que de fourrer ton nez dans les histoires de famille des gens !
Offusquée, Annick préféra ne pas répliquer. Elle prit son Azurill dans ses bras, plaça son sac de voyage sur son dos, et quitta le groupe en poursuivant son chemin sur le sentier montagneux. Timmy envoya un regard dégouté à Flora et courut rejoindre Annick tandis que Sofian évalua son amie du regard.
— Qu’est-ce qui te fait si peur dans l’évolution de Gobou et qui te blesse autant pour que tu décides de blesser les autres ?

Pokémon #201n
— Annick, écoute-moi ! appela Flora loin derrière.
Annick marchait d’un pas dynamique dans le désert rocailleux qui s’étendait à perte de vue.
— Annick, s’il-te-plait, laisse-moi m’expliquer !
Sofian et Timmy préférèrent rester en arrière alors que Flora rattrapait au pas de course son amie qui refusait obstinément de lui répondre.
— Annick, je m’en veux. Pardonne-moi.
Annick s’arrêta et Flora, entrainée dans son pas de course, la percuta de plein fouet. Sofian et Timmy préférèrent s’éloigner et poursuivre leur route afin de les laisser discuter entre filles.
— Je pensais que je devais m’occuper de mes pokémons plutôt que des gens, dit Annick sur un ton sarcastique.
Flora soupira, une larme à l’œil.
— Je n’ai aucune bonne excuse pour expliquer mes propos, admit-elle. Mes mots ont dépassé ma pensée, j’ai agi expressément dans le but de te blesser, et je m’en veux.
— Merci d’être aussi honnête.
Et Annick reprit sa marche.
— Attends !
Flora l’attrapa par le bras et l’immobilisa.
— S’il-te-plait, écoute-moi. J’aimerais t’expliquer pourquoi j’ai eu cette réaction.
— Et s’il ne me plait pas ?
Flora resta muette de surprise.
— J’imagine que tu as le droit de ne pas m’écouter et de reprendre la route sans me parler.
Annick évalua la situation et leva les yeux en prenant une longue inspiration.
— Ton père n’a pas été tendre avec toi, n’est-ce pas ?
Flora écarquilla les yeux, épatée par la capacité de déduction de son amie.
— C… Comment le sais-tu ?
— Je t’ai entendu dire à ton père que tu lui en voulais de ne s’être jamais occupé de toi, informa Annick. L’autre jour, à Autéquia, avant votre fugue.
Les yeux de Flora s’embrumèrent.
— Mon père est… Il est…
— C’est un scientifique follement passionné, compléta Annick.
— Exactement. « Follement » passionné, c’est le mot. Si passionné qu’il a rarement participé à mon éducation. J’ai passé une enfance très seule. Fille unique, un père qui travaille sans arrêt, toujours absent à cause de ses observations en pleine nature, une mère débordée par le maintien en place d’une maison et par l’éducation d’une fille qui se rebelle pour attirer l’attention de son père. J’ai accédé à l’âge de l’adolescence en ayant pour mon père des affinités aussi faibles qu’on pourrait en avoir pour un Caratroc tellement je me sentais loin de lui.
— J’imagine que Gobou représente cette relation compliquée que tu as avec ton père ?
— Tu es impressionnante de lucidité, Annick. J’ai rencontré Gobou le jour où mon père a daigné s’occuper de moi. J’avais treize ans. Ma maman était partie en visite dans sa famille pour un décès et mon père a dû se « charger » de s’occuper de moi, pour reprendre ses mots. Il m’a donc prise avec moi en observation et on a rencontré Gobou. Ensemble, on l’a observé dans son état naturel et Gobou s’est laissé capturer. Mon père ne voulait pas que je possède un pokémon car je n’avais pas l’âge légal. Il a donc gardé Gobou pour l’offrir à un des dresseurs qui viendraient pour commencer leur parcours dans Hoenn l’été suivant. Sauf que j’ai été plus maline que lui. J’allais jouer avec Gobou pratiquement tous les jours sans qu’il ne s’en aperçoive, et le jour où il devait partir avec un nouveau dresseur, j’ai remplacé sa pokéball avec celle d’un jeune Gobou que j’avais capturé la veille. En fait, si j’étais si douée en capture de pokémon avant de commencer mon voyage avec Sofian, c’est parce que chaque année pendant trois ans, j’allais capturer des Gobou pour les remplacer le jour où mon père distribuait les pokémons aux dresseurs qui démarraient leur voyage.
— Ton père ne s’est jamais aperçu de ta supercherie ?
Le silence de Flora en dit long sur le vide qu’elle ressentait à cause de l’absence de son père.
— Je comprends, indiqua Annick. Maintenant, je comprends la réaction violente que tu as eue en apprenant que Gobou allait évoluer. À l’avenir, essaie simplement de ne pas mordre ceux qui n’y sont pour rien dans ton histoire personnelle.
— Je te demande pardon, Annick.
Annick lui caressa l’épaule alors que Flora s’essuyait les joues humides.
— Rosélia me manque terriblement, avoua Annick en sentant ses yeux s’embrumer à son tour. C’est la première fois que je me sépare d’elle depuis que nous nous sommes rencontrées. L’histoire qui t’unit à Gobou est particulière, mais ce que tu ressens pour lui est similaire à ce que je ressens pour Rosélia. Ce que tu m’as dit tout à l’heure, c’était très rude à entendre.
— Je suis déso…
— Je sais. Je te le dis parce que j’ai aussi besoin de me décharger de ce poids. J’aimerais tellement avoir de ses nouvelles, savoir si elle s’est remise de son empoisonnement. Mais je comprends que tu ne veuilles pas indiquer à ton père où tu te trouves. Et avec la disparition du CRISP, je ne sais pas quand je vais revoir ma Rosélia.
— Écoute… Si tu en as tant besoin, Timmy sera ravi de rallumer son Pokénav pour toi.
Le regard d’Annick s’illumina et Flora lui sourit amicalement. Les deux filles se prirent dans les bras et fondirent en larmes.

Sofian et Timmy observaient la scène de loin.
— Quand je pense qu’à l’époque, j’ai dû subir votre dispute pendant une semaine, se souvint Timmy, et en une heure elles se jettent dans les bras l’une de l’autre. Annick est fantastique, tu ne trouves pas ?
— Je ne comprendrai jamais les filles… s’exaspéra Sofian.

Pokémon #201s
Sans la moindre hésitation, Timmy extirpa avec fougue son Pokénav de la poche arrière de son pantalon brun. Annick trépignait d’impatience à ses côtés, jetant un regard excité par-dessus son épaule, guettant le moindre signe de réactivation de l’appareil électronique. Sofian et Flora, quant à eux, restèrent en retrait loin des voix de leurs parents qui allaient à tout moment surgir du combiné.
— On fait comme on a dit, hein ! rappela Sofian.
— Vous êtes partis seuls d’Autéquia et vous ne savez pas où Sofian et moi sommes allés, résuma Flora dans un trémolo paniqué.
Préférant ne pas entendre la conversation qui allait suivre entre son père et Annick, Flora tourna le dos au binôme et se rapprocha de son Gobou qui reniflait quelque chose dans le sol poussiéreux. Une brève mélodie indiqua l’allumage du Pokénav de Timmy ; celui-ci se raidit en sentant son appareil vibrer obstinément dans ses mains.
— Cent quarante-trois appels manqués et trente-deux messages vocaux ! s’exclama-t-il. Vous allez recevoir une belle engueulade le jour où ils vous mettront la main dessus !
Sofian haussa les épaules et se laissa tomber sur ses fesses. Le sol lui parut étrangement mou et froid, et il tâta de ses mains la poussière alentour. Timmy lança l’appel et un silence sous haute tension enroba le groupe.
— Professeur Seko ! lança Annick d’une voix enjouée en reconnaissant le visage du père de Flora.
C’est alors que, tout à coup, se déroulèrent de nombreux évènements qui rendirent la scène chaotique. Annick n’eut pas le temps d’assister aux réprimandes du Professeur Seko qui s’inquiétait pour sa fille, ni de pouvoir discuter de l’état de santé de Rosélia car, derrière elle, Flora avait reculé d’un pas distrait. Son pied avait cogné contre quelque chose dissimulé dans la poussière du sol. Une gigantesque masse s’extirpa de son camouflage crasseux et Sofian, qui s’était assis sur la masse, bascula en arrière. Gobou bondit de peur et, dans la panique, frappa Annick dans le dos qui chuta au sol. L’énorme serpent noir s’éleva de tout son long et balaya sa queue fourchue. Flora poussa un cri d’effroi en étant percutée par la peau écailleuse du serpent et Timmy tomba à la renverse. Il s’accrocha au corps de l’immense pokémon et laissa glisser son Pokénav qui s’écrasa au sol alors que Timmy s’envolait dans les airs sur la queue du Seviper.
Soudain, des épines pointues fusèrent dans tous les sens et encerclèrent Flora qui avait tenté de prendre ses jambes à son cou. Emprisonnée par une jungle de dards qui menaçaient de lui trouer la peau au moindre mouvement, Flora appela son Gobou à l’aide alors qu’un papillon violet hideux fendait l’air. Mais Gobou resta tétanisé sur place et reçut un coup de queue du Seviper qui l’envoya valser sur le côté alors que Timmy chutait lourdement au sol. Le Papinox attrapa le sac de voyage de Flora dans ses pattes et le lui arracha de son dos avant de s’envoler vers deux silhouettes humaines.
— Échec…
— …et mat !
Étalés de tout leur long au sol suite à l’attaque surprise des trois pokémons, Sofian, Flora, Timmy et Annick tournèrent la tête vers les deux voix qui venaient de s’élever. Le cœur de Sofian se pétrifia dans sa poitrine en reconnaissant, derrière un Miaouss au sourire narquois, les deux personnes qu’il détestait probablement le plus au monde. Emmitouflé dans des capes rouges, les cheveux roux pour l’une et noir aux reflets bleus pour l’autre dissimulés dans une capuche, de grosses lunettes noires cachant leur regard dangereux, Jessie et James de la Team Rocket arboraient fièrement les couleurs et l’insigne de la Team Magma.
Le Papinox de Jessie se posa sur ses épaules, le sac de Flora toujours dans les pattes, et Seviper et Cacnéa rejoignirent à leur tour leur maître.
— Vous ! s’exclama Sofian qui eut du mal à se relever.
— Alors comme ça, vous collaborez avec la Team Magma à présent ? s’étonna Timmy qui n’en revenait pas ses yeux.
— J’aurais dû m’en douter ! dit Flora. Le Seviper et le Cacnéa qui me poursuivaient hier au CRISP, c’était vous !
— Je suis heureuse de voir que nos retrouvailles vous émerveillent à ce point, s’amusa Jessie.
— Qui aurait cru que vous nous auriez manqué autant, ironisa James.
— Vous n’avez pas honte ? s’emporta Annick. Après tout ce que vous nous avez fait subir dans le repère de la Team Magma, les fausses alliances que vous avez passées avec nous, toutes les trahisons, comment osez-vous vous pavaner ainsi ?
— Honte ? s’étonna Miaouss.
— Honte ? répétèrent Jessie et James, comme s’ils venaient de découvrir un nouveau mot de vocabulaire.
— Jessie, j’ai l’impression que ces enfants pensent que nous agissons en fonction de nos sentiments, fit remarquer James.
— Ils n’ont toujours pas compris que nous sommes chargés de missions ? demanda faussement Jessie.
— Mission que vous confie un type qui n’est pas votre véritable patron ! précisa Sofian, prêt à entrer dans leur jeu. Tiens, je me demandais une chose : comment l’a pris votre boss à la Team Rocket quand il a su que vous l’aviez lui aussi trahi ?
Jessie, James et Miaouss éclatèrent de rire.
— Vous n’avez tellement aucune idée de la manière dont fonctionne notre organisation que cela en devient ridicule ! ricana Jessie.
— Bon, ce n’est pas que cette conversation ne m’intéresse pas, mais nous avons une mission à achever, et un objet à restituer à notre patron Max Magma, rappela James en feignant de bâiller.
— Hors de question que je vous laisse repartir avec mes affaires personnelles ! s’exclama Flora. Gobou, « pistolet à eau » !
Mais Gobou ne réagit pas à l’ordre de sa maîtresse.
— Oh non, Gobou, tu ne vas pas recommencer ! s’impatienta Flora.
— Tiens, tiens, petits problèmes techniques chez les justiciers ? s’amusa Jessie. Seviper, balaie-moi ce terrain poussiéreux avec ta « queue poison ».
Mais Seviper n’eut pas le temps de réagir. Un jet d’eau avait fusé en leur direction et il s’écrasa sur Papinox dans la surprise générale. Flora se tourna vers Gobou avec fierté mais constata que ce n’était pas lui qui avait été à l’œuvre de l’opération, mais l’Azurill qui se tenait dans les bras d’Annick. L’attaque fut cependant efficace, car Papinox avait lâché le sac à dos qui était tombé aux pieds de Jessie.
Miaouss se retourna pour le ramasser mais sa patte avant se figea dans sa position, comme bloquée par une force invisible.
— Qu’est-ce que… ?
— C’est le gamin !
La corne sur la tête du Tarsal de Timmy révéla l’activité psychique qui empêchait Miaouss de bouger. Jessie et James répliquèrent : Seviper balaya son immense queue sur le sol et tous bondirent en arrière pour éviter l’attaque. Seul Gobou, toujours paralysé, fut touché par l’attaque. Cacnéa s’apprêta à le frapper de son poing rempli de dards, mais cette fois, Gobou réagit et renvoya à l’ennemi le double des dégâts qu’il venait de subir. Cacnéa fut propulsé en arrière, frappa Seviper de plein fouet, et les deux pokémons s’écroulèrent sur leurs maîtres.
— Bien joué, Gobou ! félicita Flora.
La jeune fille se releva en un saut, courut récupérer son sac à dos, et prit les jambes à son cou en suivant ses trois autres amis.
— Arcko, « puissance cachée » ! ordonna Timmy en faisant apparaître son pokémon.
Le pokémon plante se matérialisa devant eux et utilisa ses pouvoirs spéciaux qu’il avait appris quelques semaines auparavant afin de créer un passage dans la roche qui se trouvait le long du chemin sinueux.
Lorsque Jessie, James et Miaouss se relevèrent, les enfants avaient disparu.
— Vous ne perdez rien pour attendre ! s’écria Jessie. Vous pouvez vous cacher autant que vous le souhaitez, nous bénéficions de moyens exceptionnels grâce à la Team Magma pour vous retrouver ! Et lorsque nous remettrons la main sur vous, vous paierez cher cet affront !
— Et maintenant, Jessie, on fait quoi ? questionna James, inquiet.
— Il faudra bien qu’ils sortent de leur cachette à un moment donné, répondit Miaouss. Ils vont commencer à avoir faim et soif. Lorsqu’ils tenteront de refaire surface, nous serons là pour les accueillir. Il nous suffit simplement d’attendre ici bien sagement qu’ils se livrent à nous.

Pokémon #201e
La grotte improvisée qu’avait creusée Arcko à la hâte n’était éclairée que par la corne de Tarsal qui s’efforçait de transformer, grâce à ses pouvoirs psychiques, le trou dans le sol poussiéreux qui les reliait à la surface en une illusion de sol parfaitement recouvert de rochers. De cette manière, la Team Rocket pourrait passer plusieurs fois devant qu’ils n’auraient aucune possibilité de les retrouver. Cependant, leur cachette n’allait pas les sauver indéfiniment. Certes, ils avaient réussi à échapper à leurs ennemis, mais la présence des quatre adolescents et de leurs pokémons dans l’endroit exigu, le froid d’automne, la pénombre oppressante et l’odeur de soufre allaient avoir raison de la patience des quatre adolescents. À présent, c’était à celui qui tenait le plus longtemps : les prédateurs en surface, ou les proies en sous-terrain.
— Qu’est-ce que la Team Magma veut absolument récupérer dans mon sac à dos ? s’interrogea Flora lorsque l’attente lui parut trop longue.
— Shhht ! souffla Timmy, terrifié à l’idée d’être repéré.
— Oh, ça va, chuchota Flora. Si l’attaque « choc mental » de ton Tarsal fonctionne correctement, on a encore quelques heures devant nous avant qu’ils nous trouvent.
Timmy tendit l’oreille mais aucun son ne perça la couche de roches qui les surplombait.
— Sofian, toi qui étais dans l’hélicoptère avec leur chef quand on a tous failli mourir, tu sais ce qu’il cherchait dans le sac à dos d’Annick ?
Sofian se creusa les méninges à la recherche d’un quelconque souvenir de ce jour-là.
— Désolé de te décevoir, mais je crois que les médicaments qu’on m’a forcé à prendre quand j’étais à l’hôpital psychiatrique ont bousillé les souvenirs que j’avais de cette magnifique journée.
— Y a qu’à regarder ce que tu as de précieux dans ton sac, proposa Annick. De toute façon, on n’a rien d’autre à faire.
— Pas faux !
Flora ouvrit d’un coup sec la tirette de son sac à dos et en déversa tout le contenu au sol dans un nuage de poussière. Quelques pokéballs vides roulèrent sur un petit tas de vêtements, sa boîte à ruban tomba lourdement sur son Pokédex, et son porte-monnaie termina sa course enfui sous une montagne de médicaments et de pokéblocs emballés.
— Je ne vois vraiment pas ce qu’un groupe de terroristes pourrait trouver de valeureux dans les affaires d’une coordinatrice, marmonna Flora en poussant la tête de Tarsal au-dessus du bric-à-brac qu’elle avait créé.
— Ça, peut-être ?
Annick souleva une friandise perdue dans une trousse à maquillage.
— Mon Super Bonbon ? s’étonna naïvement Flora. Pourquoi la Team Magma voudrait d’un bonbon à la menthe ?
— UN BONBON À LA MENTHE ?! s’exclama Annick, avant de se plaquer les mains sur la bouche.
— Shhht ! s’impatienta Timmy en surveillant la brèche. Vous voulez qu’on se fasse repérer ?!
— Pourquoi tu le prends comme ça ? s’ébahit Flora.
— Mais enfin, c’est un Super Bonbon ! Tu sais combien coûte une friandise de la sorte ? C’est pas n’importe qui qui peut se le permettre financièrement ! D’ailleurs, tu t’es bien cachée de m’informer qu’on se baladait avec un Super Bonbon dans les poches ! Tu m’étonnes qu’on a tous les criminels à nos trousses !
— Qu’est-ce que ce bonbon à de si précieux ?
— Tu rigoles ou quoi ? intervint Sofian. Tu as oublié les effets que cela a produits sur Poussifeu lors de mon combat contre Voltère ? Sa puissance a tellement décuplé qu’il a évolué sur le champ ! Si tu n’en a pas besoin, moi je veux bien le prendre !
— C’est si incroyable que ça ?
— Tu débarques ou quoi ? poursuivit Annick. Tu crois que c’est facile de produire un objet qui décuple la force innée des pokémons ? Tu imagines, une petite pilule bleue qui rendrait les hommes puissants ? Tu imagines combien ça couterait ? Combien tout le monde voudrait s’en procurer ?
— Personnellement, je n’en aurais pas besoin, ajouta Timmy en jouant de ses sourcils.
— Vous pensez que la Team Magma voudrait ce Super Bonbon ? questionna Sofian, inquiet.
— Attendez une seconde ! réfléchit Flora qui venait enfin de saisir l’importance de l’objet qu’elle détenait. Si la Team Magma cherche absolument à mettre la main sur ce Super Bonbon, ça voudrait dire qu’ils essaient de rendre surpuissant un pokémon qu’ils détiennent…
— Mais bien sûr ! s’exclama Annick à son tour.
— Shhht ! Vous le faites exprès ou quoi ?
— Voilà la pièce du puzzle qui manquait ! continua Annick en ignorant son ami. L’attaque de la Team Magma à Autéquia était plus que réfléchie ! Le Poussifeu de Sofian a évolué en Galifeu suite à l’ingestion de son Super Bonbon. Sur ce, la Team Magma se rend compte que le Super Bonbon décuple les capacités d’un pokémon. Pour comprendre à quel point la puissance d’un pokémon peut augmenter, ils décident de voler Galifeu pour lui faire subir une batterie de tests. Ces expérimentations font sortir la puissance cachée de Galifeu qui est détruit par son propre potentiel. C’est ainsi que la Team Magma comprend à quel point un Super Bonbon peut être une arme redoutable et qu’ils décident de voler celui de Flora. Sauf que, manque de pot, ils volent mon sac à dos à la place et envoient la Team Rocket récupérer l’objet précieux !
— Y a un truc qui n’est pas logique… réfléchit Flora.
— Mais si, tout se tient !
— Comment la Team Magma était-elle au courant qu’on possédait un Super Bonbon ? Déjà, comment elle a su pour Galifeu ? Et même si elle l’a appris, comment pouvait-elle savoir qu’on en avait encore un ?
Annick resta muette, prise au piège par la faille dans son argumentation.
— La Team Rocket ! s’exclama Sofian.
— Shhht ! s’énerva Timmy. Y a que moi qui n’ai pas envie qu’on se fasse repérer, ou quoi ?
— La Team Rocket devait savoir qu’on avait des Super Bonbons ! expliqua Sofian. Souvenez-vous, ils étaient là le jour où on les a gagnés chez le Maître des Pièges. Et ils étaient là aussi le jour où j’ai utilisé le mien sur Poussifeu à l’arène de Lavandia.
— La Team Rocket nous épie et nous surveille depuis le début… Flora se rendit-elle compte.
— …et en s’alliant avec la Team Magma, ils ont tout révélé à leur patron… continua Sofian.
— …et ils ne nous lâcheront pas tant qu’ils n’auront pas eu mon Super Bonbon, conclut Flora.
— Ni le mien, précisa Timmy en se souvenant qu’il en possédait un lui aussi.
Tout à coup, le Pokénav de Timmy émit un frétillement aigu qui retentit dans toute la caverne.
— Shhht ! soufflèrent en chœur Flora, Annick et Sofian.
Timmy fourra son Pokénav dans sa poche avec précipitation.
— Désolé, je ne sais pas ce qu’il lui prend ! s’excusa Timmy en silence.
Le groupe resta silencieux, digérant les révélations qu’ils venaient de déduire.
— Quel que soit les buts qu’ils tentent de poursuivre, il faut les empêcher d’avoir cette arme, décida Timmy. Quand on voit la puissance de Galifeu, imaginez ce que cette arme provoquerait comme catastrophe si elle se trouvait être ingérée par un pokémon déjà surpuissant à la base.
— Mais comment faire ? s’inquiéta Flora. On ne peut pas simplement se débarrasser de ces objets si rares !
— Il suffit qu’on les utilise nous-mêmes, dit simplement Timmy. Sur nos pokémons.
Tous les regards se tournèrent vers Flora et son Gobou.
— Hors de question ! s’emporta Flora qui venait de découvrir l’impasse dans laquelle elle se tenait.
Ses trois amis préférèrent ne pas argumenter et évitèrent de croiser son regard lorsqu’elle porta son Gobou dans ses bras afin de le protéger.
— Alors, on va se battre, décida Annick. Les amis, je pense qu’il est temps que vous rencontriez tous les pokémons qui forment mon équipe.

Pokémon #201n
L’énorme serpent noir glissa sur le sol à toute vitesse, scrutant chaque parcelle de terre sèche à la recherche de ses proies. De l’autre côté du sentier, le petit cactus farfouillait autour de chaque rocher qui parsemait l’endroit. Non loin de lui, l’immonde papillon survolait le périmètre dans l’espoir de dénicher la planque des humains qu’ils recherchaient. Debout, dos au soleil couchant, James fit un signe de tête à sa complice afin de lui indiquer les vains résultats qu’il avait obtenu lors de sa fouille des alentours. Jessie lui retourna le signe de tête de l’endroit où elle se trouvait. Les gamins s’étaient évanouis dans la poussière trois heures plus tôt, et ils n’avaient toujours pas trouvé le moindre signe de vie. James commença à douter de leur présence. Mais s’ils revenaient les mains vides, quelque chose lui disait que leur nouveau patron serait moins patient qu’ils en avaient l’habitude au sein de la Team Rocket.
C’est alors qu’une lueur brilla au sol, quelques mètres devant lui. James fit un signe de la main à sa camarade, et les deux approchèrent de l’objet non identifié. Perché sur un rocher, Miaouss observait ses deux acolytes.
Jessie et James arrivèrent devant le petit pokémon sphérique qui barbotait dans une flaque d’eau et échangèrent un regard incrédule.
— Un Qwilfish sauvage ? s’étonna James.
Jessie regarda autour d’eux. Pas une flaque d’eau similaire. Si ce pokémon était sauvage, d’où sortait-il ?
— Mais il n’a pas plu… D’où vient cette eau ?
— James, je crois qu’ils passent à l’action… murmura Jessie.
— Mais ils n’ont pas de Qwilfish…
— La fille qui voyage avec eux !
James recula d’un pas mais sa jambe resta coincée sur place. Surpris, il tourna son regard vers le sol : d’énormes picots étaient plantés dans le sol et dans le tissu rouge de leurs pantalons.
— L’attaque « picots » ! reconnut Miaouss de son côté. C’est un piège !
Sa théorie se vérifia sans attendre : le Qwilfish rapetissa à vue d’œil et disparut dans la flaque d’eau, invisible à l’œil nu.
— Ils vont sortir de leur planque ! s’écria Jessie à l’attention de leurs pokémons.
— Soyez prêts à attaquer ! ordonna James.
Seviper, Cacnéa et Papinox se figèrent à l’endroit où ils se trouvaient sur le sentier rocailleux et décuplèrent de vigilance. La sueur perla sur le front de James qui ôta sa capuche, étouffé par une chaleur pesante… et soudaine ! Il leva les yeux au ciel et regretta ne pas avoir suivi de cours de physique car il était certain qu’un soleil couchant ne pouvait produire autant de chaleur ni de lumière. Au même instant, une épaisse brume se leva sur la montagne et enveloppa les environs.
— Ils arrivent ! s’exclama Jessie.
Tout à coup, la masse gigantesque d’un pokémon inconnu apparut de nulle part et s’imposa de toute sa largeur sur plusieurs dizaines de mètres.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?!
— Un Tournegrain ! s’écria Jessie en reconnaissant la graine jaune aux rayures noires qui venait d’apparaître.
— Depuis quand ils sont si grands ?!
Sans attendre les ordres de sa maîtresse, Seviper se lança tous crocs en avant sur l’ennemi qui le doublait en taille. Mais le gigantesque serpent passa à travers le Tournegrain et son corps se déséquilibra.
— C’est un mirage, comprit Miaouss qui restait à l’écart, créé par l’attaque « zénith » et l’attaque « brume »… Elle est très maline !
Un Azurill se matérialisa et frappa de sa petite queue ronde la tête de Seviper qui perdit l’équilibre et s’écrasa lourdement contre un rocher, avant de finir sa course dans les gravats.
— Cacnéa !
— Papinox !
Miaouss tourna la tête : les deux autres pokémons venaient de converger en même temps vers le même endroit. C’est alors qu’un tout autre sens lui fit comprendre ce stratagème car sa truffe de chat venait de lui indiquer la présence d’une odeur agréable.
— « Doux parfum », commenta-t-il.
S’il avait été un simple Miaouss sauvage comme il avait failli le devenir dans le passé, il serait tombé dans le même piège que Cacnéa et Papinox. Les deux pokémons découvrirent un petit Arakdo caché dans les rochers et s’approchèrent de lui, comme hypnotisé par l’odeur attirante qu’il dégageait. C’est alors que deux petites masses rondes, l’une verte, l’autre bleue, firent leur apparition sur les rochers.
— Un Grainipiot ! reconnut Jessie.
— Et un Nénupiot ! ajouta James.
Soudain, un vent violent fouetta les environs et se leva une dangereuse tempête de sable qui accabla les deux derniers pokémons de la Team Rocket.
— Tels sont pris qui croyaient prendre ! s’exclama une jeune fille.
Sofian, Flora et Timmy sortirent de leur cachette sur les pas d’Annick qui régnait sur la montagne de manière triomphante. Jessie et James échangèrent un regard inquiet, avant de transformer leur grimace en un sourire.
— Tu crois ?
— Pourtant, tu oublies un petit détail.
Annick comprit. Mais il était trop tard. Arakdo était déjà tombé sous les griffes de Miaouss. Son « doux parfum » s’évapora instantanément et Cacnéa et Papinox sortirent de leur transe. En un coup, ils vinrent à bout de Grainipiot et Nénupiot. Seviper profita de cet instant de surprise pour se remettre de ses blessures et balaya sa longue queue contre les agresseurs. En quelques secondes, les six pokémons d’Annick roulèrent à ses pieds, évanouis.
— NON ! s’exclama-t-elle en se jetant sur ses genoux.
D’un coup ferme, Jessie et James s’extirpèrent de leur piège et rejoignirent leurs propres pokémons épuisés.
— Alors ? s’impatienta Jessie. On n’attaque pas la méchante Team Rocket ?
— Je pensais que vous étiez dans la Team Magma à présent ! cracha un Sofian sans défense.
L’adolescent regretta avoir attiré l’attention sur lui car les étoiles qui brillèrent dans les yeux de ses ennemis lui indiquèrent qu’ils venaient de comprendre que lui-même n’avait plus de pokémons en état de se battre. En effet, depuis son combat contre Flora, ses pokémons étaient trop épuisés que pour se défendre dans pareille situation. Un nouveau regard vers Timmy indiqua à la Team Rocket que ni son Arcko, ni son Tarsal ne pourraient tenir le coup, trop épuisés par la construction de la cachette.
Sofian, Annick, Timmy, Jessie, James et Miaouss se tournèrent alors tous à l’unanimité vers le seul pokémon encore capable de se battre, le seul sur qui tout reposait : Gobou.

Pokémon #201t
Le temps s’était arrêté sur le sentir sinueux qui serpentait dans la montagne. Le soleil avait lui-même cessé sa lente descente vers l’horizon dans le but d’assister à l’affrontement qui allait bientôt exploser. Flora serra son Super Bonbon très fort dans son poing, comme si tous les problèmes venaient de ce petit morceau de friandise. Mais elle savait très bien que le moindre combat auquel Gobou allait prendre part scellerait à jamais sa transformation inaltérable. Dans quelques minutes, Gobou allait évoluer, et elle allait perdre le dernier souvenir qui la rattachait à son père.
Dans le silence le plus total aux oreilles de Flora, Jessie et James hurlèrent leurs ordres. Seviper se mit en mouvement au ralentit. Cacnéa courut si lentement que Flora pouvait voir en détail chacune de ses articulations bouger. Papinox battit des ailes pendant une éternité. La symphonie de leurs mouvements était si jolie à voir que Flora préféra ressentir une à une les émotions qui la traversaient à cet instant précis, l’instant où tout allait basculer. Les trois pokémons ennemis avançaient au rythme des cordes d’un violon qui chantait la désolation dans l’esprit de Flora. Leurs pas tonnaient tels les tambours qu’imitaient les battements de son cœur. Gobou restait planté sur place, imperturbable de quiétude, attendant patiemment que les cymbales annoncent la fin de la symphonie.
Alors, elle fut prête.
— Gobou, gobe ça !
Flora lança son Super Bonbon dans les airs et la scène s’accéléra violemment. Gobou courut en avant, suivant du regard l’arme fatale qui allait détruire son corps de jeune pokémon. Le Super Bonbon retomba vers le sol au moment où les quatre pokémons s’entrechoquèrent. Un nuage de poussière s’éleva et enveloppa les quatre monstres pendant quelques secondes. Des bruits sourds et des cris de douleurs s’envolèrent du nuage de crasse pendant quelques instants. Puis, plus rien. Lorsque la poussière retomba au sol, un petit pokémon bleu, une nageoire sur le front, trônait fièrement sur les corps inertes de trois pokémons.
— Gobou ! s’exclama Flora.
Le petit pokémon aux traits inchangés bondit dans les bras de sa maîtresse qui l’enlaça vigoureusement.
— Je suis désolée de ne pas avoir eu confiance en toi, s’excusa Flora.
Gobou lui lança un regard perplexe.
— En réalité, j’avais peur qu’en devenant plus fort, tu changes à ce point que ton caractère devienne différent, avoua Flora. En voyant ce que Galifeu était devenu après son évolution, et surtout sa manière de se comporter dans son nouveau corps, j’étais terrifiée à l’idée que tu ne sois plus le Gobou qui m’aidait à oublier l’absence de mon papa. C’est pour cela que je t’entrainais peu, que je ne veillais pas à ce que tu te développes correctement. J’ai peur que mon ami disparaisse. Mais… en fait, cela m’importe peu que tu changes d’apparence. Tu viens de me prouver que j’avais tort, que quel que soit ton niveau, quelle que soit ta force, tu resterais présent pour me protéger, pour me faire me sentir en sécurité. Ou tout simplement pour être mon ami. Et, quoi qu’il arrive, sache que… que…
Sa voix s’enroua dans sa gorge.
— …je t’aimerais toujours.
Une larme de bonheur coula sur la joue de Flora et se posa sur la nageoire frontale de Gobou. À cet instant, le petit pokémon s’illumina d’une lumière blanche éclatante et Flora ferma les yeux de surprise. Elle sentit dans ses bras le poids de Gobou décupler, sa taille doubler. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, un pokémon semblable à Gobou la regardait dans le blanc des yeux. Son antenne frontale s’était étalée sur le reste de son crâne vers son dos, sa nageoire dorsale s’était divisée en deux, et ses pattes avaient subi une transformation impressionnante : celles de derrière semblaient faites pour le maintenir debout tandis que celles de devant devaient lui permettre de nager à une vitesse remarquable.
— C’est un magnifique Flobio, complimenta Annick.
— Non, c’est Gobou, rectifia Flora.

— Eh, vous là !
Flora s’approcha de la Team Rocket qui s’était recroquevillée sur elle-même.
— Vous allez dire à votre nouveau patron que le Super Bonbon qu’il voulait n’existe plus. Et vous allez aussi lui dire que quoi qu’il cherche à faire, quels que soient ses plans, il ferait mieux de ne pas trop compter sur la Team Rocket qu’il vient d’engager. Ce sont des incompétents.
Jessie et James se relevèrent de tout leur long et, dans un geste vif, firent exploser un pétard à leurs pieds. Une fumée épaisse les enveloppa et, un instant plus tard, ils avaient disparu.
— Une Boule Fumée, soupira Flora. Pratique quand on veut s’enfuir comme des lâches !
— Il faut prévenir la police, indiqua Sofian à Timmy.
— Et je crois qu’il est temps que j’aie une conversation avec mon père, se résolut Flora.
— Il me semble qu’on m’avait promis un appel téléphonique au Professeur Seko, rappela Annick.
Timmy extirpa son Pokénav de sa poche et l’alluma. Il eut à peine le temps de voir la date du « 7 novembre 2011 » s’afficher que l’écran se noircit et que l’appareil émit un crissement aigu.
— Qu’est-ce que c’est que ce bazar ? s’impatienta-t-il.
Il essaya de rallumer l’appareil électronique mais sans résultat, hormis le bruit strident.
— Il a dû prendre un coup trop violent quand ils nous ont attaqué tout à l’heure, supposa-t-il. Ah c’est malin ! Maintenant qu’on veut l’utiliser, il est pété !
Annick baissa les yeux, déçue. Timmy se rendit alors compte que la panne de son Pokénav avait une toute autre signification aux yeux de son amie et sa colère décanta.
— Tu choisis la gauche ou la droite ?
Sofian tendit ses deux mains à Flora qui ne quittait plus Flobio d’une semelle. Elle l’interrogea du regard.
— J’ai un cadeau pour toi.
— La droite.
— T’es sûre que tu ne veux pas la gauche ?
— Bon, bah la gauche.
Sofian déroula la paume de sa main gauche. Au creux de sa main trônait un petit bonbon translucide.
— Un Super Bonbon ? reconnut Flora. D’où tu sors ça ?
— C’est le tien.
Sofian lui indiqua d’un signe de tête l’endroit où Gobou avait terrassé à lui seul ses trois adversaires.
— Ton pokémon est exceptionnel et n’avait pas besoin d’un artifice pour te le montrer, révéla Sofian. Il n’a jamais touché au Super Bonbon que tu lui as lancé.
Flora saisit le Super Bonbon de ses deux doigts et jeta un coup d’œil à son Flobio qui trottinait sereinement autour d’elle afin de découvrir le potentiel de son nouveau corps.
— Tu vas en faire quoi ?
Flora esquissa un sourire enfantin. Elle laissa le Super Bonbon tomber au sol et, d’un coup de pied bien placé, écrasa la friandise qui se brisa en centaines de petits morceaux qui s’envolèrent dans la poussière.
— D’après cette bonne vieille carte routière, le Site Météore n’est plus très loin à l’ouest, indiqua Timmy derrière eux, caché par l’énorme document qui le dépassait en hauteur de plusieurs décimètres. Il nous permettra de nous rendre à Mérouville, ce qui tombe plutôt bien vu que mon Pokénav est cassé.
Timmy s’extirpa de sa carte routière et découvrit ses amis Sofian et Flora dans les bras l’un de l’autre. Annick lui tapota l’épaule et le pris à part.
— Quand est-ce qu’ils attendent pour se déclarer leur flamme, ces deux-là ?
Timmy éclata de rire.

Pokémon #201i
— Vous avez… QUOI ?!
La caravane blanche trembla farouchement sous le coup de la colère du quarantenaire qui s’y était installé. Recroquevillés au sol, tels trois torchons rouges, Jessie, James et Miaouss évitaient du regard l’homme en proie à un état de rage incontrôlable. Lorsqu’il eut terminé de briser chaque objet qui lui passait sous les mains, lorsque la longue table en bois fut débarrassée de ses dossiers et autres matériels qui jonchaient à présent le parquet, la Team Rocket osa jeter un coup d’œil à leur patron.
Les yeux rouges parsemés de veines, se cheveux roux et terreux descendant jusque son cou derrière un visage pâle investi par de longues cicatrices, Max Magma se tenait droit et raide, les surplombant de sa silhouette grande et mince. S’ils n’avaient pas été habitués aux colères froides de leur patron au sein de la Team Rocket, l’expression faciale vide et glaciale de Max Magma les terrorisa, bien au contraire.
— Chaque instant de votre misérable vie au sein de mon organisation m’a été d’une déception sans nom, reprit Max Magma de sa voix lisse.
Derrière lui, Sarah Match se tenait l’avant-bras, le regard perdu dans le vide, alors que John se délectait de l’échec de ses comparses.
— Chaque moment insignifiant de votre inutile existence n’a fait que mettre en péril le déroulement de mes projets. Vous n’avez pas été capables de garder le contrôle de quatre enfants, vous n’avez pas été capables de m’apporter le sac à dos que je vous avais demandé. Et aujourd’hui, vous n’avez pas été capables de réparer vos erreurs en m’apportant ce Super Bonbon.
— Nous… nous vous avons ramené le Professeur Kosmo ! risqua James avec bravoure.
Un grognement long et désespéré retentit depuis l’extérieur, comme étouffé par la distance qui le séparait de la caravane. Max Magma ferma les yeux.
— Votre présence dans mon organisation m’est inutile. Votre vie est inutile.
Il leur tourna le dos d’un geste souple et s’adressa à ses deux sous-fifres.
— Exécutez-les.
Sarah serra sa main autour de son avant-bras par réflexe et envoya un regard horrifié à John qui se frotta les mains avec envie. Son Grahyèna apparut au centre de la caravane et avança à pas de loup, les crocs salivant de désir, vers les trois corps frétillant de terreur.
— On peut vous aider à construire votre machine ! s’écria soudainement Miaouss.
Max Magma arrêta sa marche vers la porte de sortie. Comment ces trois imbéciles étaient-ils au courant de l’existence de ce projet ? L’information avait-elle circulée dans l’organisation ? Impossible, les seules personnes étant au fait de ce projet se trouvaient dans ce local. En se tournant vers ses sbires, il reconnut dans la patte du pokémon parlant un des plans qu’il avait jetés au sol dans sa colère.
— La construction d’engins technologiques est notre spécialité, argumenta Miaouss sans laisser le temps à son patron d’ordonner à nouveau leur exécution. Nous sommes plutôt réputés pour la confection de ce genre de machines. Je vois sur ces plans que ce qui vous bloque dans sa construction, c’est un rouage très simple que nous avons nous-mêmes mis au point pour notre « Magnet Rocket ». Ce rouage vous permettrait de vous passer de la deuxième structure, ce qui allégera le poids, et qui favorisera l’échange d’énergie pour un meilleur rendement.
— Comment osez-vous encore plaider pour votre merci ? rugit John.
— Nous bénéficions de ressources financières illimitées ! lança Miaouss en abattant sa dernière carte. Notre boss à la Team Rocket peut nous fournir tout le matériel nécessaire si on lui fait croire que cet engin nous servirait dans la mission qu’il nous avait confiée.
— Vous n’êtes que d’immondes traitres, insulta John. Vous n’êtes que des…
Max Magma leva sa main droite pour tous les faire taire. Il examina le chaton, puis ses deux acolytes dont la teinte du visage venait de virer au vert pâle.
— Vous avez trois semaines, jour pour jour, indiqua-t-il sans émotion dans la voix. Si vous échouez, je m’occuperai personnellement de votre exécution.
À ces mots, il se tourna vers les deux Administrateurs, l’une soulagée, l’autre déconfit.
— John, Sarah ma jolie, allons nous coucher. Demain est un grand jour. Je veux toutes mes équipes prêtes avant le lever du soleil. Si tout se passe comme prévu, plus rien ne pourra nous arrêter.

Pokémon #201r
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