Chapitre 351 : La bataille de Veframia ( 3ème partie )
Galatea avait quitté le Giovanni et se servait du Flux pour se mouvoir dans les airs et foncer en direction de la ville. Elle avait fait cela à contrecœur en ayant jeté un coup d’œil au combat endiablé qui se déroulait entre Venamia et Solaris, Goldenger et le général Lance. Elle aurait aimé les rejoindre pour combattre sa sœur, mais était bien consciente qu’elle était l’une des rares à pouvoir bien endommager les défenses anti-aériennes de Veframia avant que les vaisseaux ne débarquent. Zeff, qui volait à ses côtés avec ses ailes en argent, semblait au contraire plutôt rassuré de ne pas avoir à faire face à Venamia. Pas par crainte de la défaite bien sûr, mais parce qu’il devait douter être capable de pouvoir combattre, blesser et même tuer la fille aînée de sa tendre Livédia, dont il était de plus le parrain. Il capta le regard sombre de Galatea alors qu’elle regardait de loin l’affrontement, et s’approcha d’elle pour lui coller un petit coup sur la tête.
- Reprend-toi gamine. Il y a d’autres types bien chiants qu’on va certainement croiser en ville. Et si jamais on tombe sur ce connard de Naulos, je me le réserve.
- Pas moyen, répliqua Galatea. Ce sera premier arrivé premier servi.
Tous les deux avaient certains comptes à régler avec l’exécuteur de Venamia. Il y a deux ans, Naulos avait tué de sang-froid le protecteur Mélénis de Galatea, Seamurd, alors qu’il était venu négocier en son nom. Zeff l’avait brièvement affronté ensuite avant que la X-Squad ne déserte les troupes de Venamia. Zeff n’avait jamais été proche de Seamurd, et s’il voulait tuer Naulos, c’était pour que Galatea n’ait pas à se salir les mains. Cette dernière le savait et lui en était reconnaissante, mais si elle pouvait venger Seamurd elle-même, elle n’allait pas se gêner.
- On reste ensemble, fit Zeff alors qu’ils approchaient des remparts fortifiés de la ville. Venamia n’aura pas laissé ses canons sans protection.
- Je crois que Venamia se soucie à peine du reste de la bataille, marmonna sombrement Galatea. Elle doit penser pouvoir vaincre notre armée à elle seule du moment qu’elle se débarrasse d’abord de tous les gros bonnets.
Galatea n’ajouta pas que c’était sûrement vrai d’ailleurs. S’il n’y avait plus la X-Squad, Lance et ses G-Man, Mewtwo, les Gardiens de l’Harmonie et peut-être les Dumbass, rien ni personne au sein de la FAL ne pourrait arrêter Venamia, quelque soit le nombre de leurs vaisseaux, soldats ou Pokemon. Ils étaient pour ainsi dire déjà mal partis après avoir perdu Bertsbrand. Penser au commandant la rendit encore plus anxieuse. Elle ne pouvait même pas dire s’il avait périt ou non. Il y avait trop de présences dans Veframia, trop d’activités, et tout cela brouillait sa perception du Flux. Elle n’aurait jamais pu sentir Bertsbrand dans tout ce bazar, même s’il était en vie.
Alors qu’ils arrivaient en vue des premières tourelles à longue portée, ils furent bien évidement pris pour cibles de pas mal de côtés, par des balles, des tirs balistiques et même des attaques Pokemon. Tout en virevoltant pour éviter tout cela, Galatea lança une attaque de Troisième Niveau de Flux contre la batterie anti-aérienne la plus proche, et marmonna en juron quand elle vit son rayon lumineux se heurter à une barrière immatérielle violette. De l’Eucandia. Les rapports secrets de Vilius affirmaient qu’ils étaient à sec, mais apparemment, il en restait encore assez à Venamia pour protéger les défenses de la capitale. Elle voulut lancer une attaque plus puissante, de Sixième Niveau, mais Zeff l’arrêta.
- Inutile de gaspiller toutes tes réserves de Flux pour ça. On descend, et on se le fait manuellement.
Mais à peine eurent-ils pris pied sur le rempart qu’ils eurent devant eux tout un bataillon de soldats, menés par cinq GSR en armure intégrale et une vingtaine de Pokemon. Galatea vérifia qu’aucun ne portait de l’Ysalry sur lui, et après en avoir eu confirmation, elle fit un balayage du bras vers l’avant en invoquant une onde de Flux. Ça aurait dû envoyer voler tout ce beau monde plusieurs mètres plus bas, mais les GSR, placés en tête, avaient activé leur bouclier d’Eucandia pour encaisser le choc, et ainsi protéger leur groupe.
- Vilius s’est foutu de nous, grinça Galatea. Ils ne sont pas si à court d’Eucandia que ça si tous les GSR et les canons de la ville en sont pleins !
La jeune femme, aidée du Flux, sauta en l’air pour échapper aux tirs nourris, puis retomba au milieu des soldats ennemis avec un coup de pied sur le sol en Quatrième Niveau, ce qui fut suffisant pour fissurer le béton et jeter la plupart des ennemis à terre. Zeff avait fait sortir son Scalproie, et tous deux s’adonnèrent à trancher de diverses façons tous ceux qui se trouvaient devant eux, en se protégeant des tirs avec l’argent flottant de Zeff, qui voletait devant lui comme un bouclier.
C’est alors qu’un coup de canon de la tourelle fit exploser le mur d’argent de Zeff en mille morceaux. Même s’il pouvait le reconstituer rapidement à partir de toutes les molécules éparpillées, Zeff était momentanément à découvert. Il utilisa alors en urgence l’argent dont été constituée la lame de sa fidèle pistolame, qui le protégea les quelques secondes nécessaires le temps que Galatea fasse le ménage. L’un des GSR, sans doute un peu trop aventureux, la saisit par derrière pour tenter de la plaquer au sol. Il ne parvint même pas à la faire bouger d’un millimètre. Galatea en profita pour le saisir et s’en servir comme bouclier humain contre ses camarades. Il encaissa nombre de balles à sa place, et une fois qu’il eut servi, elle le lança contre les autres.
Zeff arriva alors avec des dizaines d’espèce de piques à glace argentés au dessus de lui, et les lança d’un geste du doigt sur les troupes restantes. Le spectacle final était intéressant. On aurait dit une collection d’insecte qu’on épinglait à l’aide d’aiguilles. Il ne restait plus un ennemi debout. Si certains d’entre eux étaient encore vivants, gémissant à terre, ils ne le restèrent pas longtemps. Le fidèle Scalproie de Zeff adorait achever les ennemis impuissants, et ce généralement en leur arrachant des petits trophées, comme des yeux ou des oreilles. Son maître le laissa à ses occupations pour matérialiser une énorme lance d’argent qui traversa le bouclier d’Eucandia et alla percer le générateur. Galatea termina le tout en relançant une attaque de Troisième Niveau, qui cette fois fit bien exploser la tourelle.
- Et voilà, une. Plus qu’une petite vingtaine, s’exclama Galatea d’un air faussement réjoui.
- Les autres en haut n’attendront pas jusque là, dit Zeff. Il devront se démerder pour passer même s’il en reste. Le plan est de s’emparer de la ville et surtout du palais au plus vite.
- T’es dans les petits papiers de Lance pour savoir ça ?
- Si ce G-Man n’est pas con, c’est ce qu’il a en tête. Dans le cas où on se révèlerait incapable de battre Venamia, la seule solution est d’avoir son môme avec nous.
- On avait Julian avec nous pendant un an. Ça n’a pas empêché Venamia de faire ce qu’elle a fait pour autant, renchérit Galatea. Je ne suis pas certaine qu’elle ferait passer son fils avant son délire de domination, d’autant qu’elle sait qu’on ne lui ferait pas de mal.
- C’est pas spécialement pour le prendre en otage, dit Zeff. Eryl et Wasdens s’en tiennent au plan initial d’Igeus, qui voulait faire de Julian une alternative à Venamia pour la supplanter et prendre possession du Grand Empire de façon plus ou moins légitime. On prend le gosse, on lui fait énoncer les crimes de Venamia à la télé en lui faisant ajouter qu’il rejette sa mère, on le bombarde empereur, on lui fait rejoindre la FAL, et le tour est joué. Tout Lunaris se rangera derrière lui, et avec de la chance une bonne partie de Johkan. Même si on arrive pas à se débarrasser de Venamia, on lui prendra son pouvoir. Enfin, c’est ce que pensent notre divine reine et son illustre conseiller…
- Et pas toi ?
Zeff haussa les épaules, l’air soudain très las.
- Je m’en cogne un peu, en fait. Johkan, ça me gonfle. La Team Rocket, ça me gonfle. La FAL vient juste d’être créée qu’elle me gonfle déjà. Dès qu’on en aura terminé avec tout ce bordel, je retournerai à Mandad. J’ai des trucs à faire là-bas, et puis… même si je n’y ai pas de supers souvenirs, je m’y sens bien plus chez moi qu’ici.
Galatea était un peu triste d’apprendre que leur irascible camarade se pensait plus chez lui dans une région soumise à des barbares sanguinaires en armure qu’ici avec eux. Mais elle n’y pouvait rien. Zeff était Zeff. Il ne vivait que pour le combat et la vengeance. S’il était resté si longtemps auprès de la Team Rocket, c’était pour honorer le souvenir de Livédia Crust, sa bienfaitrice, en protégeant ses enfants. Mais il avait vu les jumeaux devenir bien plus puissants qu’il ne le serait jamais, et Siena se transformer en personne peu recommandable. Il devait se dire qu’il ne servait à rien ici. Galatea n’allait pas tenter de le dissuader du contraire, car Zeff détestait qu’on se mêle de ses propres sentiments. Et puis, il avait ses propres fantômes du passé à combattre. Tant qu’il n’en aura pas terminé avec ce qui le rattachait encore à la Garde Noire, il ne pourra pas avancer, il ne pourra pas entreprendre quelque chose de nouveau.
- Pour un peu, je t’accompagnerais bien là-bas, dit Galatea. Il doit y avoir de beaux mecs bien virils dans cette région, sans doute plus qu’au Refuge des Mélénis où je suis censée aller. Mais revenons un peu au moment présent pour l’instant. On a de la visite.
En effet, d’autres soldats du Grand Empire venaient vers eux, certains ayant commencé à tirer. Galatea et Zeff se relancèrent dans la bataille, en ne gardant en tête que leur objectif de mettre hors service le plus de défense anti-aériennes possible en peu de temps.
***
Sur l’un des balcons du Palais Suprême, Vilius tentait de percevoir la bataille qui se jouait dans les airs. Il voyait les vaisseaux et pouvait même, s’il se concentrait, en distinguer les origines. Mais impossible bien sûr de repérer Venamia et ses adversaires dans tout ce bordel. Selon les rapports du centre de commandement - souvent assez contradictoires, la Dirigeante Suprême avait vaincu Bertsbrand, qui s’était écrasé dans Veframia, et affrontait maintenant Solaris et Peter Lance, entre autres. Vilius ne pouvait que souhaiter bonne chance aux adversaires de Venamia, quels qu’ils soient.
Vilius se demandait avec une vague honte pourquoi il restait là, sans rien faire. Il avait refusé d’être présent sur l’un des vaisseaux du Grand Empire, prétextant qu’il devait rester au palais pour le protéger, ainsi que Julian, si jamais la FAL arrivait jusqu’ici. Venamia l’avait laissé faire, apparemment persuadée de pouvoir gérer tous les ennemis à elle seule. Évidement, Vilius n’allait pas prendre activement les armes contre la FAL, alors qu’il souhaitait ardemment sa victoire. Mais alors, pourquoi ne retournait-il pas totalement sa veste ? Pourquoi ne prenait-il pas officiellement faits et armes pour la FAL ? Venamia et la GSR étaient trop occupés pour l’empêcher de déserter et de se battre pour le camp adverse. Alors… pourquoi ne faisait-il rien ?!
C’était à lui-même qu’il se posait cette question. Il avait un trouvé un semblant de réponse en se disant qu’il devait rester près de Julian, au cas où, et s’assurer que la bombe Arctimes ne soit pas utilisée. Mais ça ressemblait plus à une excuse qu’autre chose. Il aurait pu prendre Julian et s’enfuir au plus vite vers la flotte de la FAL, que le jeune prince le veuille ou non. Mais sans doute qu’en lui-même, il n’était pas encore totalement convaincu que la FAL allait l’emporter. Et Vilius étant Vilius, il voulait obligatoirement se trouver dans le camp du vainqueur, quel qu’il soit. Si jamais il quittait le Grand Empire maintenant mais que la flotte de la FAL était écrasée, il coulerait avec elle.
Quelle plaisanterie… Il avait beau avoir juré fidélité à Julian, il avait beau désirer de tout son être la chute de Venamia, il avait beau avoir envie de se racheter pour ses erreurs, il hésitait toujours sur la conduite à adopter, et à quel dirigeant faire de la lèche. Et c’est un type comme lui qui autrefois ambitionnait de diriger la Team Rocket ? Vilius se mit à rire de sa propre vacuité. Il était décidément un pauvre gars. Un imbécile et un lâche.
- Vous trouvez la situation marrante ?
Vilius cessa son rire silencieux, et se retourna pour voir Silas Brenwark le regarder avec son éternel sourire moqueur.
- Je vous comprend, reprit-il en s’avançant. Les batailles sont toujours drôles. La mort l’est aussi. La vie l’est tout autant. Tout est drôle en ce monde. Il suffit d’être du côté de ceux qui s’amusent de tout.
- En général, ce sont les cinglés comme vous, cracha Vilius.
- La folie est la chose la plus drôle, admit l’Agent de la Corruption. Mais je ne suis pas cinglé. Je suis plutôt de ceux qui rendent les autres fous, pour s’amuser ensuite de leurs actes. C’est là une occupation des plus plaisantes.
- Comme vous avez fait pour Siena Crust et Tuno, par exemple ?
- Vous me surestimez, mon cher Vilius. Venamia n’est absolument pas folle, et si quelqu’un a su briser sa coquille de bien-pensance pour l’amener à ce qu’elle est aujourd’hui, le mérite en revient sans doute à mon seigneur et maître Horrorscor. Quant à Tuno, là, je plaide innocent. Ce n’est pas moi qui ai tenté de l’assassiner et qui ai trucidé sa femme et sa fille à naître.
- Tout vient de vous et de votre fichu Pokemon de la Corruption, renchérit Vilius. C’est vous, depuis le début, qui avez fondé la GSR avec Crust. C’est vous qui lui avez mis dans la tête qu’elle pouvait acquérir plus de pouvoir et à terme destituer mon père ! C’est vous qui…
Silas leva une main pour l’arrêter.
- Cette fois, vous vous sous-estimez vous-même. Vous voulez me faire croire que vous n’avez pas tiré avantage de cette situation, que vous n’avez pas tenté de vous servir de Venamia pour vos propres objectifs ? Vous ne vous souvenez pas, de ces quelques mois où nous régnions en Triumvirat sur la Team Rocket ? Le trio de choc 002, 003 et 004 ? Vous me semblez bien hypocrite, Vilius.
- Ouais, je le suis, reconnu le fils de Giovanni. Mais mieux vaut être un hypocrite qu’un salopard comme vous. Vous êtes venu ici pour quoi faire au juste ? Vous ne deviez pas nous aider ?
- Oh, parce que vous vous incluez dans ce « nous » ? Il me semblait pourtant que, ces mois derniers, vos objectifs et ceux de Venamia avaient quelque peu différé sur certains points…
- Venant de quelqu’un qui a servi dans deux organisations différentes pour le compte d’une troisième, qui a trahi son propre père et qui n’a jamais cessé d’espionner et de manipuler, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Le sourire de Brenwark s’élargit, comme si Vilius venait de le complimenter. Par Arceus, qu’est-ce que Vilius pouvait détester ce type ! Lui, son masque débile et son sourire qui lui donnait envie de lui coller son poing ganté de Sombracier dans la figure. Vilius n’avait pas une vision machinéenne du monde ; d’un côté les gentils, et de l’autre les méchants. C’était bien plus complexe que cela. Vilius avait même pensé que le mal à l’état pur, ça n’existait pas, qu’il n’y avait seulement que des intérêts différents selon les personnes.
Mais l’existence de Silas Brenwark lui avait fait remettre cette idéologie en question. Si le mal absolu existait bel et bien, alors Mister Smiley en était le digne représentant. Il ne servait aucun intérêt particulier, aucune idéologie. Même le délire de la corruption propre à tous bons serviteurs d’Horrorscor n’était pour lui qu'un prétexte. Tout ce que cet homme désirait, c’était semer la discorde et la désolation juste pour son bon plaisir. Il s’amusait de la souffrance des autres et du chaos qu’il semait partout autour de lui. Et en effet, comme il l’avait lui-même avoué, il n’avait pas l’excuse de la folie. Il était tout simplement un homme mauvais, qui se nourrissait du mal.
Vilius se demanda vaguement s’il pouvait l’attaquer par surprise et le tuer, ici et maintenant. Ce serait un grand service rendu à l’ensemble de la planète. Mais Vilius n’ignorait rien de ses fameux pouvoirs. Il était même possible que le Silas devant lui ne soit qu’une vulgaire copie, un de ses clones d’ombres. Et comme Vilius se l’était auto-diagnostiqué, il était un lâche. Ou du moins, il ne voulait pas mourir pour rien, surtout de la main de cet être infâme. Pourtant, Arceus seul savait ce que ferait ce type plus tard. La Guerre Mondiale qu’il avait contribué à déclencher n’était peut-être qu’un hors-d’œuvre pour lui. Quelle catastrophe causera-t-il à l’avenir, pour son seul amusement ?
- J’aiderai quand le besoin s’en fera ressentir, dit finalement Silas. Lady Venamia semble sincèrement s’amuser toute seule en haut. Si des adversaires sympas comme les Mélénis arrivent jusqu’ici, alors j’interviendrai.
- Je mettrai une petite pièce sur eux, si ça devait arriver…
- Ah ah, je n’en doute pas ! Sur ce, je vous laisse profiter de la vue, mon cher Vilius. Rappelez-vous d’une chose, cela étant : tout, dans la conclusion à venir de cette bataille, a été décidé à l’avance. Il vaudrait mieux pour vous que vous soyez loin quand le moment arrivera…
Et il retourna à l’intérieur du palais, en riant comme un bossu. Vilius déglutit difficilement, en se demanda vaguement combien de temps encore il pourrait tenir et résister à l’envie de prendre Julian avec lui pour se tirer d’ici au plus vite.
***
Le Justice d’Erubin, vaisseau-mère de la flotte de la FAL, était en train d’effectuer une percée à travers les bâtiments ennemis. Évidement, il attirait sur lui un feu nourri, et en temps normal, les boucliers seuls, fussent-ils de fabrication kalosienne et hautement performants, n’auraient pas suffi à préserver le croiseur. Mais sur la passerelle-même du vaisseau, Clément Psuhyox, G-Man de Xatu, employait toute son énergie psychique à lever deux attaques Protection et Mur Lumière combinées juste devant le vaisseau, qui pour l’instant semblait tenir contre le feu ennemi. Clément avait pour cela l’aide d’une dizaine de Pokemon Psy, rassemblés en ligne derrière lui, qui l’alimentaient en énergie télékinésique. Et bien sûr, comme les vaisseaux ennemis, appâtés par l’énorme croiseur qui fonçait sur eux sans défense, s’acharnaient sur lui, une partie du reste de la flotte de la FAL put traverser en suivant le passage qu’avait libéré le Justice d’Erubin, et en le couvrant par l’arrière.
- Formidable défense, G-Man Psuhyox, s’exclama le général Gontran Van Der Noob sur le siège de commandement. Ces idiots de grands impériaux sont décidément imbéciles ; ils n’ont pas compris que comme ce vaisseau est notre plus gros bâtiment, et celui où se trouve Sa Majesté Eryl, nous le défendons plus que les autres ! Parce que si nous perdons notre chef du coup, on perd la bataille aussi, c’est évident ! Et eux, ces pauvres débiles, ils se permettent d’envoyer le leur en première ligne…
- C’est aussi ce que nous faisons je crois, marmonna Marion avec un coup d’œil à Eryl.
Van Der Noob se tourna vers la reine comme si c’était la première fois qu’il remarquait sa présence.
- Votre Majesté ? Mais que faites-vous là ?!
- Je suis là depuis qu’on a décollé, général…
- Vraiment ?! Bigre alors… Du coup nous sommes aussi idiots qu’eux. Mais ils ne le savent pas, alors que nous, nous savons qu’ils sont idiots, et ils savent que nous le savons, alors qu’ils ne peuvent pas savoir que nous savons qu’ils ne savent pas que nous sommes aussi idiots. Du coup nous avons toujours l’avantage de l’intelligence, vous voyez ?
- Et vous êtes un sacré expert dans ce domaine, général, dit Clément avec l’exploit de ne pas laisser transparaître son ironie.
Concentré comme il était à tenir la barrière protectrice devant le vaisseau, il ne quittait pas le hublot des yeux. Quand une batterie de missiles fonça vers eux, au lieu de les laisser s’écraser contre sa barrière, Clément leva une main et utilisa ses pouvoirs psy pour dévier la trajectoire des armes et les renvoyer vers leurs expéditeurs.
- Je vais plus tenir la barrière trop longtemps, dit le G-Man. Il faut que les vaisseaux de derrière se mettent en…
Mais alors, une série d’explosion sur la coque supérieure retentirent, bousculant tout le monde sur le pont et en faisant tomber certain. Un des techniciens signala de nombreux rapports d’avaries et de brèches.
- C’était quoi ça ? Ça venait pas de devant ! S’exclama Marion.
Un des écrans montrait que de multiples objets tombaient sur le croiseur, apparaissant à la suite de nulle part.
- Ce sont… des bombes qui nous tombent dessus ? Demanda Eryl.
- Si on veut, maugréa Clément. Ce sont des Electrode. Ils se mettent à exploser dès qu’ils touchent notre coque.
- Mais pourquoi des Electrode tomberaient du ciel, oui oui oui ? S’interrogea Duancelot des Dumbass. Les Electrode, ça ne vole pas, non non non.
- Il doit y en avoir un stock en ville, et ils les téléportent depuis là grâce à des Pokemon Psy, répondit Clément. Je peux pas protéger à la fois le devant et le haut. Il faut que quelqu’un monte sur la coque et les descende avant qu’ils ne nous percutent, et vite !
Eryl donna ses ordres en conséquence, et envoya l’unité Dumbass. Pour aller plus vite, la capitaine Shizu Vanilla tira avec sa carabine de précision sur le plafond, faisant un trou jusqu’à l’air libre ; un trou qui contrasta avec le petit canon de son arme, signe que ses balles n’étaient pas naturelles. Le petit mais vaillant colonel Duancelot sauta en premier, en utilisant son énorme épée double comme une perche pour un saut en hauteur. Une fois sur la coque, et sans attendre ses quatre coéquipiers, il leva des murs de feu et de glace pour protéger le vaisseau des Electrode. Les quatre autres Dumbass finirent par arriver, et chacun, avec leurs armes fortifiées avec les sceaux de Duancelot, se mirent à canarder les Electrode d’où qu’ils apparaissaient.
- C’est horrible d’utiliser les Pokemon de cette manière, grimaça Eryl. Le Grand Empire les envoie s’immoler sans la moindre considération !
- C’est normal, Majesté, expliqua Van Der Noob avec grand sérieux. C’est parce que ce sont des méchants, et ils font donc des trucs de méchants, c’est-à-dire des trucs que nous, les gentils, nous ne faisons pas… justement parce que nous ne sommes pas méchants, vous voyez ?
- La flotte ennemie commencent à s’espacer, fit remarquer Marion. Ils s’écartent de plus en plus.
Chose normale quand on avait devant soi un vaisseau paraissant indestructible qui avait déjà balayé tout ce qu’il y avait devant lui. Mais c’est alors que les batteries anti-aériennes de la ville s’en mêlèrent.
- Nous sommes déjà à portée de leur artillerie ! S’exclama un technicien.
- Descendez au plus vite, ordonna Van Der Noob. Transférez la puissance de nos armes sur les bouclier ventraux. Que tous nos Pokemon couvrent notre descente, et que la flotte se positionne à 180° au dessus de nous.
Étrangement, plus ils descendaient vers la ville, moins les canons se mirent à tirer. Cela s’expliquait par les explosions qui avaient lieu parfois ci et là sur les remparts ennemis, signe que les combats avaient déjà débuté là-bas, et que quelqu’un se démenait pour réduire la force de frappe défensive du Grand Empire. Les vaisseaux restés en arrière ouvrirent la voie au Justice d’Erubin en pilonnant les alentours du lieu d’atterrissage. Eryl se leva de son siège, et ordonna à l’ensemble du croiseur, via haut-parleur.
- Nous sommes à l’intérieur des murs ennemis. Soldats de la Fédération des Alliances Libres, le temps est venu. Cette ville corrompue est la dernière qu’il nous reste à purifier. Battez-vous vaillamment, avec la certitude qu’Erubin est avec vous.
Van Der Noob hocha la tête, et ajouta d’une voix tonitruante :
- À L’ASSAUT ! TOUTES LES COMPAGNIES, PREPAREZ-VOUS À SORTIR ! ELIMINEZ TOUS LES ENNEMIS JUSQU’AU PALAIS SUPREME !
Quand toutes les portes du croiseur s’ouvrirent, laissant passer des centaines de soldats, la bataille de Veframia avait officiellement commencé à l’intérieur de la ville.