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Portrait de ville de Corpus09



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Informations

» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 11/02/2018 à 20:56
» Dernière mise à jour le 26/10/2019 à 09:46

» Mots-clés :   Fanfic collective   Kalos

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Cécile
« Bonjour Monsieur, au musée s’il vous plaît. Si vous pouviez faire vite, je suis assez pressée, j’ai un rendez-vous et je ne voudrais surtout pas faire attendre Daniel. Vous êtes gentil.

« Oui, oui, j’ai bien vu que j’étais montée dans le taxi orange. C’est une de mes amies qui m’a parlé de vous. D’ailleurs, tout le monde parle de vous en ville, en ce moment. Faut dire que le concept « Racontez, c’est payé » plaît beaucoup. Ne vous méprenez pas, vous avez aussi des détracteurs. Des gens qui se méfient de ce que vous pourriez faire avec les informations que vous avez collecté. Qui sait, vous travaillez peut-être pour un grand groupe unysien qui se servira de ce qu’il a appris sur nous pour nous proposer encore plus de publicités ciblées où je ne sais quoi d’autre encore. Ou alors vous travaillez pour un gouvernement, le nôtre ou celui d’une autre région, et vous nous espionnez à des fins politiques. C’est possible après tout.

« Alors sachez que je n’ai rien à cacher et que je n’ai pas peur des informations que vous pourriez récolter sur moi. Je suis montée dans votre taxi uniquement parce que c’était le seul disponible et que je suis, très, très pressée. Pas en retard, pressée. Je préfère toujours prévoir une confortable avance quand j’ai un rendez-vous afin d’être quand même à l’heure en cas d’imprévu. Bref, je suppose qu’il va falloir que je me prête au jeu ?

« Alors, dans un premier temps, je vous parlerai des raisons qui me poussent à prendre un taxi pour aller au musée aujourd’hui, ensuite, nous nous intéresserons plus particulièrement à Illumis et à la raison pour laquelle je me trouve ici. Et enfin, si nous avons le temps, je vous dirai ce que je pense de cette ville.

« Arrêtez-moi si je me trompe, je viens de vous énoncer un plan en trois parties, là ? Rassurez-moi, je ne vous ai pas en plus donné une problématique, non ? Non ? Qui ne dit mot consent alors disons que je ne vous en n’ai pas donné. Non, parce que, il m’arrive de donner des conférences, et de rédiger des articles dans le cadre de mon travail, alors parfois, par déformation professionnelle, j’agis dans la vie comme dans mon métier. Je suis vraiment désolée si je vous ai effrayé !

« Pour tout vous dire, je suis conservatrice du patrimoine, et je travaille au musée d’Illumis. Daniel, c’est l’autre conservateur, nous travaillons ensemble. Nous avons rendez-vous ce matin pour planifier la sortie de certaines œuvres du musée. Elles doivent partir à Unys pour une exposition temporaire qui va s’appeler « La peinture de Kalos, entre traditions et renouveau ». Quelques-unes de nos plus belles pièces sont censées prendre la route, telle la Vierge au Laporeille, que vous connaissez sans doute, c’est un tableau extrêmement célèbre.

« Eh bien Daniel et moi devons aujourd’hui vérifier l’état des tableaux qui doivent partir, afin de déterminer si le voyage présente un danger pour leur conservation. Nous transmettons nos conclusions au ministère qui décide ensuite si les œuvres doivent partir ou non. Notre avis n’est, hélas, que purement consultatif. Faire partir des œuvres pour l’étranger est un geste éminemment politique et c’est le gouvernement qui prend des décisions de cet ordre.

« Si une œuvre expédiée contre notre avis venait à être endommagée pendant le transport, ce serait une perte considérable pour le patrimoine mondial. Mais je me dis que, quelque part, à force de ne pas nous écouter, le gouvernement finira bien par provoquer une telle catastrophe. Ce sera terrible pour l’œuvre en question mais ce sera un mal pour un bien parce que, après cela, ils nous écouteront. Enfin, du moins, j’espère.

« Voilà, maintenant, vous savez pourquoi je vais au musée ce matin. Mais pour être honnête, j’y vais tous les jours, c’est mon lieu de travail. Je me dis que j’ai de la chance de travailler dans un si grand musée. C’est un établissement prestigieux, vous savez, et tout le monde ne peut pas prétendre à un poste là-bas. Mon seul regret est que ce musée soit à Illumis.

« Je n’aime pas cette ville. Je suis venue ici, j’avais à peine dix-neuf ans. C’était pour faire mes études. J’aurais pu étudier l’histoire de l’art près de chez moi, mais la meilleure école et le plus grand musée sont ici, alors j’ai fait le choix de venir ici. Pas que j’aurais préféré rester chez mes parents, mon Arceus, non ! Je viens d’Auffrac-les-Congères. C’est une ville sympathique et, même si le climat y est rude, quand on a l’habitude, ce n’est pas gênant outre mesure. Mais je connais par cœur la ville et ses alentours, alors je trouve ça lassant.

« Déjà quand j’étais jeune, je rêvais d’en partir. Mais pas pour aller n’importe où ; c’était Illumis ou rien. Cette ville me faisait rêver. Je ne m’y étais rendue qu’une seule fois dans mon enfance, et j’avais adoré. Les places sont très agréables pour flâner un peu, les différents cafés permettent de prendre du bon temps en déjeunant et il y a toujours quelque chose à faire ou à voir. Il y a la tour d’Illumis bien sûr, mais à l’époque, je ne voulais pas monter à son sommet sous prétexte que c’était pour les touristes. Et je ne voulais pas être une touriste, je voulais être illumisienne et faire ma vie ici. Mais l’argument ultime qui me faisait fantasmer sur la vie que j’aurais pu mener ici, c’était le musée. Immense, avec des collections sans fin, des milliers de choses à voir et à étudier, voilà ce qui me faisait rêver. J’ai toujours été d’une curiosité insatiable et cette réserve illimitée d’objets en tous genres semblait être la seule à la hauteur de mon appétit. Alors je voulais venir vivre ici, quoi qu’il en coûte.

« C’est pour ça que, pour mes études, je n’ai pas hésité. J’ai dû me battre pour pouvoir venir ici, et plus encore pour y rester. J’avais même dû laisser mes Pokémons chez mes parents car je n’avais pas assez d’argent pour les entretenir ici. Je n’ai jamais été très douée en combat et je perds plus d’argent que je n’en gagne dans cette affaire, ce n’est donc pas très rentable pour moi.

« Rapidement, la vie ici m’a déplu. Déjà, à cause de son rythme. On court tout le temps, en tous sens, en croisant des tas de gens à qui on n’adresse pas la parole sauf pour les insulter s’ils nous écrasent un orteil. Et puis, la vie y est tellement chère ! Même à Auffrac-les-Congères, et Arceus sait à quel point les loyers ne sont pas donnés là-bas, même à Auffrac-les-Congères on peut avoir un logement décent pour le prix d’une chambre de bonne vétuste ici.

« Alors voilà, c’était une ville que je tolérais pour mes études mais je n’avais aucunement l’intention d’y passer le restant de mes jours. Je me disais déjà à l’époque que la seule chose qui pourrait me faire rester, ce serait d’obtenir un poste de conservateur dans le musée. Pour un métier passionnant, je voulais bien fermer les yeux sur tous les inconvénients de cette ville.

« Et c’est ce que j’ai fait, puisque je travaille ici depuis deux ans. Maintenant, mon Prismillon et mon Couafarel vivent avec moi, je suis vraiment installée. Enfin, pas pour toujours j’espère. Même si j’adore ce musée, il faudrait vraiment que j’épouse un illumisien pour consentir à rester ici. Et encore, sitôt divorcée, je déménagerai ! Parce qu’après tout, un mariage sur deux finit en divorce, alors pourquoi pas le mien ? On se dit toujours que les problèmes n’arrivent qu’aux autres mais parfois, ça vous tombe dessus quand même. Le mieux serait de ne jamais se marier. Ou en tout cas, surtout pas avec un homme d’ici ! Vous allez me dire, c’est assez difficile de rencontrer quelqu’un ailleurs qu’à l’endroit où on habite.

« Ah, je divague et je raconte vraiment n’importe quoi. Par pitié, ne faites pas attention. J’espère que vous n’enregistrez pas, ça m’ennuierait de réécouter ça plus tard.

« En vérité, mon rêve serait de m’installer dans le sud de la région. Pourquoi pas ouvrir un musée à Batisques ? Le patrimoine local y est très riche et mériterait d’être mis en valeur. Et, même si le climat y est très différent d’ici, je sais que je pourrai m’habituer, j’ai bien vécu près de vingt ans dans le froid d’Auffrac-les-Congères, alors d’un extrême à l’autre, ça doit pouvoir se faire, non ?

« Ou alors à Mozheim. Je ne sais pas pourquoi, mais cet endroit me plaît. J’y suis allée plusieurs fois en vacances et je dois dire que cette partie de la région me paraît très agréable. C’est une ville, mais c’est en même temps proche de la campagne. La vie là-bas doit être plus paisible qu’ici, je suis certaine que je pourrais m’y plaire. En revanche, j’admets que le patrimoine local m’enthousiasme moins. Très intéressant et aussi riche qu’à Batisques, ne vous m’éprenez pas, mais moins à mon goût.

« Enfin, toujours est-il que, pour l’instant, je suis à Illumis. Quelle heure est-il ? Ça va, je devrais arriver en avance.

« Vous savez ce qui me fait rire ? L’air de rien, je viens de vous parler de mes deux premières parties, et je vais même avoir le temps de vous parler de la troisième ! Comme quoi, c’est bien pratique de faire des plans. Je n’aurais jamais pensé dire ça dix ans plus tôt mais à présent, je suis forcée de l’admettre. Sans plan, vous perdez vite le fil de ce que vous dites.

« Alors bon, Illumis. Vous l’avez compris, je n’aime plus trop cette ville. Les places y sont toujours aussi agréables que la fois où j’étais venue durant mon enfance, et le musée possède des collections fantastiques, je ne reviens pas là-dessus. Mais qu’est-ce que c’est épuisant de vivre ici ! Si je pouvais exercer le même métier, mais ailleurs, ma vie serait parfaite. Je simplifie les choses mais vous comprenez l’idée. Dans un endroit plus calme, j’aurais sans doute moins l’impression de toujours courir. Et je suis convaincue que les gens y seraient plus sympathiques. Quoique, à Auffrac-les-Congères, c’était pas la joie non plus. Et dans les deux cas, il n’y a pas une personne pour respecter le code de la route ! Vous qui êtes chauffeur de taxi, je me demande comment vous faîtes pour ne pas avoir d’accident.

« Enfin. Je suppose que, quand on naît et qu’on grandit à Illumis, on ne connaît rien d’autre et on s’accommode très bien du rythme effréné de la vie locale. Il est même possible qu’on soit convaincu qu’il n’existe rien de mieux ailleurs. Cette étroitesse d’esprit me fait froid dans le dos.

« Je n’envie pas tous ces enfants dont les parents sont illumisiens, qui vivent à Illumis et qui, partout où ils iront ensuite, jugerons leur environnement à l’aune de cette ville. Où qu’ils iront, ils seront déçus. Tout ira trop lentement pour eux et comme ils auront besoin que ça bouge, et que ça bouge vite, ils reviendront ici. Naître ici, c’est presque être condamné à y vivre. Au moins, si vous venez d’ailleurs dans la région, vous pouvez venir à Illumis pour voir ce qu’il s’y passe, et rester si ça vous convient. Sinon, vous pouvez toujours vous installer n’importe où ailleurs dans la région. C’est je crois une richesse que les illumisiens ne comprennent pas. Ils sont convaincus d’avoir la meilleure place.

« À ce que je vois, nous sommes arrivés. Oui, garez-vous en double file, ça ira très bien. Combien je vous dois ? Ah oui, bien sûr, rien, puisque je vous ai raconté ma vie. Très bien, dans ce cas, merci de m’avoir déposée, et passez une bonne journée. Au revoir ! »


by Mentalira