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Disaster Squad de Rodstar



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» Auteur : Rodstar - Voir le profil
» Créé le 05/02/2018 à 00:55
» Dernière mise à jour le 05/04/2018 à 00:35

» Mots-clés :   Action   Sinnoh   Slice of life

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Chapitre 3 : Baptême boueux
AKB48 - Beginner

La compagnie survolait Verchamps depuis quelques minutes, tentant de trouver un endroit à peu près sûr pour se poser. Les pluies diluviennes de début d'année avaient été plus fortes que prévu et une des digues avait lâché, inondant totalement la ville et mettant hors-service certains systèmes de drainage du Grand Marais, qui rendaient habituellement l'endroit tout au plus praticable. Dans le cas présent, c'était maintenant un torrent de boue qui sortait du bâtiment d'accueil du Parc Safari Sinnoïte, accompagné par d'autres ruissellements qui contournaient l'entrée. Des équipements de protection (bottes, imperméables et autres chapeaux) flottaient çà et là. Du côté sud de la ville, on pouvait voir une des barques privées côtoyer l'Arène ce qui était normalement impossible. Avisant une silhouette blonde perchée sur le toit du marché couvert local, le groupe s'approcha pour découvrir Nathanaëlle, bras croisés et parfaitement stoïque dans son imper et ses bottes jaunes qui juraient un peu avec son tailleur. A ses côtés, un Xatu visiblement blasé et un Rubombelle, qui s'était caché dans les plumes de l'oiseau mystique.

« - Bonjour à tous, vous avez un quart d'heure de retard.
- C'est parce que Léanne ne...
- Mademoiselle Arica Olerisa vous prendrez la parole quand on vous la donnera, pas avant, merci. »

Les trois autres frissonèrent. D'après ce que leur avait dit Alexandre, quand l'agent administrative commençait à utiliser des prénoms, c'est qu'elle était soit très énervée, soit tellement contente qu'elle en oubliait le protocole. Arica n'ayant pas cette information se garda bien de commenter, sentant qu'il vallait mieux ne pas empirer son cas. Elle se contenta donc de balbutier et de baisser les yeux. Les nouveaux venus n'avaient pas trop pu parler sur le chemin, le bruit du vent sifflant dans leurs oreilles, rendant toute conversation impossible malgré leur promiscuité sur le Tropius de Sulian. Heureusement que le Rapasdepic de Victor pouvait le porter, sinon ils n'auraient pas eu l'air malins, à quatre sur le pauvre Pokémon. L'agent judiciaire se frottait néanmoins le bras, le voyage accroché aux pattes du Pokémon l'ayant quelque peu éreinté tout de même.

« - D’après les instructions laissées par Monsieur Eleveny, nous devons aider les forces gouvernementales déjà présentes sans pour autant les gêner. Bon, monsieur Silverser, que préconisez-vous dans un cas comme celui-ci ? s'enquit Nathanaëlle, étant visiblement passée à autre chose.
- Et bien euuuh... commença le roux, peu assuré. Je vais contacter ma Technicienne pour nous mettre en relation avec la Base Ranger. Mais en général, il faut déjà s'assurer que tous les humains et Pokémon dressés aient bien évacué, protéger les lieux importants. Avec notre équipe, il vaut mieux faire des duos pour être plus efficace et... Ah, mais on n'est que cinq !
- Plus maintenant... »

Tout le monde se tourna vers Victor qui pointait un spectacle assez particulier : un homme agrippé à un Scalproie, ce dernier sautant de toit en toit pour les rejoindre. Quand enfin le Pokémon laissa descendre son Dresseur, tous purent constater que ce dernier, outre le fait d'avoir la peau mate, d'avoir une mâchoire bien carrée et des cheveux rasés très courts, faisait une bonne tête de plus qu'eux. Placé à côté du Pokémon Acier et Ténèbres, il faisait encore plus patibulaire.

« - Bonjour à tous, je suis Davin Ward, le dernier membre de la fine équipe de ce que j'ai compris, se présenta le nouvel arrivant. Pas la peine de faire les présentation, monsieur Eleveny m'a tenu au jus.
- Enchantée, Monsieur Ward. Désolée de ne pas vous faire la conversation dans le cas présent. Donc, monsieur Silverser, ces duos et affectations ? répondit Nathanaëlle, aimant visiblement bien prendre les choses en main.
- Est-ce que je peux connaître l'équipe de ... monsieur Ward si possible, histoire de pouvoir prévoir un plan d'action et...
- Scalproie, Trompignon, Tiboudet, le coupa Davin.
- Euh très bien... Donc... Mademoiselle Jones et Victor vont ensemble chercher à secourir les habitants encore coincés grâce à leurs Pokémon Psy et Eau. Une fois que tout le monde est certain d'avoir évacué, vous protégez le Centre Pokémon, en tant que structure la plus importante de la ville. Léanne et monsieur Ward, vous allez au point de rassemblement en dehors de la ville pour donner les premiers soins et prévenir tout mouvement de panique ou d'attaque de Pokémon. Quant à Arica et moi, nous partons rejoindre les équipes d'intervention du Grand Marais pour tenter d'endiguer le problème de la boue, le plus urgent. Une fois que la situation est plus ou moins normalisée, direction la digue pour bloquer l'autre arrivée d'eau. Des questions ? »

La petite compagnie se regarda, regarda Sulian, se plaça en duo et acquiesça avant de partir tout en se lançant des encouragements mutuels. Tous regardaient le drôle de spectacle des rues dévastées par les torrents de boue. Pour une première mission, c'était quelque peu impressionnant. Cependant, Sulian, Victor et Nathanaëlle n'avaient pas l'air plus stressé que ça : l'un par habitude, l'autre parce que le stress n'était pas trop dans sa philosophie et la dernière parce que... vous avez déjà vu Nathanaëlle stressée, vous ?

~~~
« - Bon déjà enchantée, Léanne de L'Aulne, médecin urgentiste à Unionpolis.
- Davin Ward, éleveur spécialisé dans les bébés Pokémon et les types Plante et Insecte. Originaire d'Unys, Ogoesse. Je viens tout juste d'arriver à Sinnoh, le temps pour mon bipeur de me faire enguirlander à l'aéroport de Féli-Cité, quoi.
- Wow, ça c'est de l'entrée en matière. T'es arrivé comment ici du coup ?
- Monsieur Eleveny est venu me chercher à l’aéroport et m’a ramené directement, je te connais donc un peu et je sais que tu sais que les Axoloto font de très bons traitements contre les peaux mortes.
- Oh magnifique, pile ce qu'il fallait à ma réputation. Bon Davin, je propose que tu t'occupes des Pokémon et moi des humains tout en laissant ton Scalproie pacifier les Pokémon sauvages. Il peut combattre tout seul ?
- Ouaip, il est même spécialisé dans ce domaine. »

Léanne et Davin, très pros et habitués aux urgences s'étaient tout de suite mis au travail, tout en faisant connaissance. Il fallait déjà rejoindre la zone d'évacuation à l'ouest de Verchamps, où se trouvaient rassemblés une bonne partie des habitants et un petit troupeau de Pokémon sauvages. Les deux groupes étaient soigneusement séparés et tous un peu choqués par les événements. Toujours accroché à son Scalproie, l'Eleveur se laissa tomber d'un côté tandis que la médecin faisait pareil de l'autre côté, ayant fait du surf sur Scarhino, qui avait décidément vu des jours plus beaux. Voyant que les médecins secouristes étaient déjà à pied d’oeuvre auprès de chaque groupe, les deux s’adressèrent aux groupes laissés un peu à l’abandon.

« - Bonjour à tous, je suis membre de la mission gouvernementale de gestion de crise et j'ai été mandatée pour aider. Que tous ceux qui ont été blessés légèrement pendant l'évacuation approchent s'il vous plaît ! lança la rousse à la cantonade, se mêlant aux pompiers présents, tout en sortant une trousse de premiers secours de son sac.
- C'est bien beau tout ça mais nos habitations ? NOS DOCUMENTS ?! S'il arrive quoi que ce soit à ma mairie... commença à vociférer un petit homme en costume, le visage tout rouge.
- Tout ... est censé bien aller, une partie de nos équipes est chargée de s'occuper de la ville, mais notre priorité reste la sécurité de la population. » répondit la sauveteuse, interloquée. Elle se rassura en voyant des habitants lui faire signe d'ignorer l'édile.

Pendant ce temps, son collègue avait des problèmes d'un autre ordre : une troupe de Mustébouée natifs de la zone commençait à s'en prendre à la tribu de Psykokwak venant du Grand Marais. Son Tiboudet et lui se regardaient d'un air critique, face à ce qui semblait être une bataille d'eau improvisée alors que la mousson redoublait d'intensité autour d'eux. Une veine battait sur la tempe de l'Eleveur et visiblement les canards n'allaient pas être les seuls à avoir mal à la tête en fin de journée. Il allait dire quelque chose quand un Pistolet à O, courtoisie d'un Akwakwak, le frappa au visage.

~~~
Autre lieu, autre moeurs. Avec une organisation chirurgicale, Nathanaëlle et Victor remontaient la rue centrale de la bourgade. Le duo s'était axé autour de Xatu, qui avait d'abord survolé la ville, tentant de déceler un attroupement bloqué. Maintenant, pour ménager le pauvre oiseau qui n'avait pas un radar mental équivalent à celui d'un Gardevoir, ils râtissaient plus finement la zone résidentielle. Jusqu'à maintenant, ils avaient surtout sauvé des Pokémon sauvages urbains, qu'ils avaient confié aux sauveteurs.

« Et moi qui pensait que vous n'étiez pas une manuelle...
- Je ne suis pas spécialisée, certes, mais je n'aurais pas rejoint une organisation de gestion de crise si je ne m'y connaissait pas un minimum, monsieur Eissen, souffla la blonde. Cependant je dois avouer que je préfère me trouver derrière un bureau que dans la rue.
- Et donc, votre avis sur cette situation ?
- A défaut d'avoir beaucoup d'expérience, monsieur Silverser a fait des choix logiques : les deux spécialistes de la médecine pour soigner, les spécialistes du terrain pour la gestion de la cause et nous, qui avons les équipes les plus adaptées pour l'évacuation. Rubombelle, vient ouvrir ici, s'il te plait ! »

L'agent judiciaire regarda sa collègue alors que le Pokémon de cette dernière se faufilait par une lucarne entrouverte et rentrait dans une maison. Peu de temps après il actionnait la poignée d'une fenêtre, libérant un Chaglam qui était jusqu'alors pris au piège. Le blond sourit, en regardant l'agent administrative examiner le Pokémon sous toutes ses coutures pour déceler des blessures, avec un air détaché. Ainsi, elle était juste maniaque et pas peau de vache. Si elle savait reconnaître de bons éléments et émettre des appréciations positives, tout n'était peut-être pas perdu pour la bonne ambiance du groupe.

« - Il n'empêche que cette situation est surréaliste. Je savais que Verchamps était située en zone inondable mais ça dépasse l'entendement, continua Nathanaëlle.
- Ce n'est pourtant pas la première fois que ça arrive, il y avait déjà eu une inondation de ce type il y a une dizaine ans de mémoire, je traitais un dossier de remboursement y étant rattaché pas plus tard que la semaine dernière...
- Oui, l'inondation Wailmereine, provoquée par le déplacement d'un Wailord femelle chromatique et de toute sa cour, un cas migratoire absolument fascinant !
- Je suppose que le point critique cette fois est la panne au Grand Marais, ces torrents de boue ont touché la moitié nord de la ville, qui d'habitude est un refuge sûr. Qu'est-ce que ça dit d'ailleurs sur les alentours ?
- Il y a des fleuves de déchets divers qui se déversent dans la forêtet ils s'attendent à ce qu'une partie atteigne le Lac Courage mais les équipes sur place sont prévenues et préparées. Fort heureusement, le Grand Marais est très bien entretenu, donc pas de problème écologique en perspective. Seule Verchamps aura des petits problèmes de reconstruction à faire valoir. » répondit sa collègue en consultant une tablette recouverte d'un revêtement imperméable.

Ils avaient fini leur ronde et étaient revenus au Centre Pokémon, maintenant certain que plus une âme innocente ne serait prise au piège. Le bâtiment était hermétiquement scellé par une dizaine de Monsieur Mime qui avaient poussé l'eau dehors au moyen de leurs murs. D'autres étaient prêts à se relayer afin de protéger le lieu de soin le plus important de la ville. Ce mécanisme de défense s'était mis en place dès qu'on avait annoncé la rupture de la digue. L'efficacité n'était pas à prouver et mis à part quelques éclaboussures terne sur la façade, le Centre Pokémon était miraculé. Cette escouade d'action avait été proposée puis instaurée après la dernière grande inondation, le maire actuel ayant pesté un bon bout de temps sur l'allocation des protections, qu'il aurait préféré allouer à sa mairie ou à l'Arène. En voyant le spectacle de plus près, les deux novices en catastrophes naturelles ne purent que siffler d'admiration.

~~~
En parlant du Grand Marais, justement, Arica et Sulian, tout les deux montés sur Tropius, regardaient l'entrée du local qui contenait un des groupes électrogènes défaillants, selon ce qu'on leur avait dit. Le petit bloc de béton était totalement embourbé, bien qu'un peu à l'écart donc pas totalement inaccessible.

« - Et donc tu vas me dire qu'en relançant l'électricité là-dedans ça va drainer toute la boue ? Je peux être dubitative ?
- Le système de sécurisation de la zone est extrêmement bien fait en temps normal. De ce que je sais, c'est pas mon affectation, mais il y a longtemps tout ce qui allait de Voilaroc à ici était marécageux. Les seuls points d'eau pure étaient le Lac Courage, et la Source Adieu.
- Oui, parce que ces deux lieux formaient des enclaves soit surélevées soit entourées de douves naturelles.
- Exactement. Puis les colons Hoennais sont arrivés et ont drainé les alentours.
- Puis ils se sont mêlés aux autochtones de l'Ouest, les Sinnoïtes originels pour former la population que l'on connait maintenant, dès que la traversée du Mont Couronnée a été rendue possible, je sais. Tu parles à une géo-archéologue-historienne quand même, répliqua rapidement Arica.
- Oh mes excuses, mademoiselle multi-fonctions ! En tout cas tu ne sais pas plus que moi comment le système de drainage a été automatisé, pas vrai ? Super historienne !
- Sulian, fais-moi plaisir, ferme ta bouche.
- Je tiens à signaler que TU as commencé à être "dubitative", hein !
- Je voulais une explication sur le mécanisme pas un cours sur la colonisation de la Région, abruti ! »

Les deux se regardaient méchamment avant de se recentrer sur leur travail. Sans échanger un mot, la blonde laissa un de ses Zarbi émettre une onde bleue pâle qui durcit la boue, puis le Taupiqueur de Sulian creusa un peu pour dégager de quoi ouvrir la porte. Laissant les Pokémon surveiller les alentours, ils pénétrèrent dans le local. Un coup d'oeil critique leur fit tout de suite remarquer quelques fils, mangés par des Rattata qui s'enfuyaient d'ailleurs en couinant. Blasée, Arica sortit son Wattouat.

« - C'est un Pokémon électrique organique donc il ne peut pas faire de liaison cuivrée. Tu veux faire quoi avec, un pull ?
- Sulian, encore une fois, ferme ta grande bouche. Et arrête de me parler comme si on était meilleurs amis.
- Ouais ouais on s'est jamais parlé tout ça... marmonna le Ranger.
- C'était il y a cinq ans, on était dans la même bande de potes pendant trois mois et on est sorti ensemble pendant TROIS JOURS ! explosa Arica en prenant quelques touffes de laine de son Pokémon.
- Et on a eu le meilleur rencard possible devant le meilleur nanar de la galaxie, sourit Sulian, ignorant l’exaspération de sa collègue.
- Oh purée m'en reparle pas, j'ai effacé ce réalisateur de ma mémoire. » soupira la brunette.

Pendant qu'ils étaient tout à leurs souvenirs, la géologue étirait les fils et les transformait en petits rouleaux qu'elle appliquait à plusieurs endroits stratégiquement rongés par les Pokémon. Elle fit venir un de ses Zarbi qui maintint le tout en place grâce à ses pouvoirs. Une petite attaque Tonnerre du mouton démarra la machine qui bourdonna. Les deux regardèrent leur travail, attendant de voir si tout allait exploser. Comme il semblait que non, il s'en furent, résumant leur vol sur Tropius, plus lent qu'à l'aller pour vérifier qu'il n'y avait pas de victimes oubliées, puisqu'ils allaient traverser toute la ville. Arica était noire comme le café et son partenaire avait l'air gêné et tenta d’arrondir les angles en discutant de tout et de rien.

« - Il a toujours pas évolué ton Wattouat ?
- Nan je le préfère comme ça, il est peu encombrant et tout mignon, marmonna Arica avant de continuer. Ecoute, on s'est séparé parce qu'on allait chacun partir de Mauville, comme tout notre groupe d'amis. On n'a pas gardé de contact, donc j'étais un peu déstabilisée de te revoir dans ces circonstances. Désolée d'avoir été cassante aujourd'hui.
- Pas de problème, je comprends... J'ai pas été très fin non plus. Mais bon je suis content de te revoir !
- Moi aussi, n'en doute pas mais... j'aime bien ma vie loin de Johto, je m'attendais pas à revoir quelqu'un de là-bas si tôt, quoi. »

Arica roula des yeux en grimaçant. Elle n'aimait pas trop les demi-vérités. Et elle ne voulait surtout pas dire à son ex, surtout s'ils étaient amenés à travailler ensemble pendant un moment, qu'elle le trouvait particulièrement collant et gênant à toujours parler pour ne rien dire. Mais, après tout, il n'avait rien fait de mal. Elle avait juste été surprise de le voir à la réunion, ayant même inventé un rapport factice pour échapper à la sortie qui avait suivi. Elle s'était même demandé s'il avait fait exprès de se mettre avec elle quand il avait fallu faire les duos. C'était juste elle qui était paranoïaque, elle en était persuadée mais cette situation ne lui plaisait pas plus que ça.

~~~
Pendant ce temps, le groupe chargé de protéger la ville prenait le thé. Enfin non, mais on aurait pu croire. On leur avait juste demandé de se rendre à l'Arène afin de récupérer les Pokémon du Champion. Ce dernier s'était blessé en tentant de reboucher la digue, au début de la crise et il voulait éviter que son Arène ne soit pillée pendant son absence. La demande était raisonnable, vu que l'eau commençait à recéder dans cette partie de la bourgade, grâce à un rassemblement de Tritosor dirigé par les Rangers locaux. Ces mêmes Rangers avaient redémarré une partie des générateurs d'urgence, ce qui accélérait le processus de désengorgement du nord de la ville. Si une leçon allait pouvoir être tirée de cette affaire c'est que le maire devrait arrêter de faire des coupes dans le budget d'entretien : la plupart étaient soit défectueux, soit abîmés par des Pokémon sauvages.

« - Bon bah voilà, ça s'est pas si mal passé que ça en fait ! se réjouissait Victor, surveillant les alentours avec Rapasdepic.
- Encore heureuse, ce n'est pas censé être notre place, je laisse ça totalement aux quatre autres la prochaine fois, maugréa Nathanaëlle avant de continuer. Quoique de mémoire mademoiselle Olerisa ne devrait pas faire d'intervention vu sa fonction et sa place d'intérimaire, il faudrait que j'en touche un mot à monsieur Eleveny, tiens. »

Le blond regarda sa collègue, quelque peu intrigué puis haussa les épaules. Pas son affaire. Nathanaëlle consultait avec attention une liste des endroits à sécuriser en priorité sur sa tablette. Centre Pokémon, Arène, bâtiments officiels (la mairie était hors de danger, les fameux documents dans une pièce scellée que Victor avait pris pour un coffre-fort), commerces de première nécessité afin d'avoir de ne manquer de rien après la baisse des eaux, du moins en attendant que du stock arrive de Voilaroc... Oui, tout allait plutôt bien, ce qui était un soulagement. Heureusement que Verchamps était une petite localité ça leur faisait moins d'endroits à vérifier. Les deux partirent donc en direction de la zone d'évacuation avec l'impression du travail bien fait.

~~~
Ce qui aurait dû être le moins difficile prenait des allures de bataille rangée épique. Davin regardait, interdit, Scalproie à ses côtés, la rixe entre Pokémon sauvages. Les gardiens du Grand Marais qui s'étaient proposés pour l'aider n'en menaient pas large non plus. La discorde entre les Psykokwak et les Mustébouée avait bien failli être tuée dans l'oeuf quand les Vortente, peu enclins à se faire violenter sans intervenir, s'étaient mis en mouvement. Même sous la pluie, ces plantes carnivores étaient bien partie pour faire un carnage de Pokémon Eau. Malheureusement, des coups perdus avaient touché des Rapion, Cradopaud et autres évolutions qui s'étaient joints à la récréation. Un Keunotor à l'air béat vola vers Davin, intercepté par Scalproie. Ils étaient mal barrés.

Du côté de Léanne, ça n'allait pas mieux. La médecin était assaillie par les questions des habitants, à commencer par le maire. C'était sans compter sur les rombières affolées pour leurs collections de plaids, les commerçants quelque peu énervés ou les pêcheurs du dimanche qui pleuraient leurs embarcations. La rousse tentait de faire face, mais elle sentait que bientôt, ça serait les secours qui auraient besoin de soins. Les migraines persistantes chez les pompiers qui l'accompagnaient en étaient la preuve. Tout ce joyeux bazar aurait pu continuer encore un moment si deux cris n'avaient pas résonné quasiment simultanément.

« - Scalproie tu me sépares, ces abrutis tout de suite ! Tiboudet, Séisme ! Ah les types Poison se prennent pour des cadors mais ce sont juste des contre aux Fées, hein ! ET VOUS LES BARBICHA, FAITES PAS LES MALINS, TROMPIGNON, MENACE-LES ! »

Ouais, Davin avait fini par péter un cable après avoir tenté de jouer les médiateurs pendant un moment. Ses Pokémon, blasés, s'exécutaient, même si le petit champignon s’était promis de faire la tête à son Dresseur suite à ses remarques sur le type Poison. Du côté des humains, même constat :

« - Mais monsieur le maire, je me FICHE de votre taxe d'habitation, vos formulaires, vous pouvez vous les mettre où je pense ! VOUS, des familles ont peut-être perdu leur habitation et vous venez pleurer une rivière pour votre bois de chauffage ?! Je suis médecin, j'essaye de soigner des gens, je ne suis pas Madame Irma ! MAINTENANT VOUS ATTENDEZ DES NOUVELLES, ESTIMEZ-VOUS DEJA HEUREUX QU'IL N'Y AIT NI DISPARU NI BLESSÉ GRAVE, MERDE ! »

L'air offusqué des mères de famille et les ricanements des enfants devant cette vulgarité ne suffit pas à arrêter la rousse, qui vociférait presque aussi fort que son collègue. Quand les deux se rendirent compte qu'un silence presque religieux régnait autour d'eux mis à part leurs braillements respectifs, ils cessèrent, étonnés. Les Pokémon sauvages s'étaient placés en rangs d'espèces, impressionnés par les hurlements de l'humain qui leur faisait peur. Quant aux habitants, quelques peu choqués, tout se passa bien mieux quand des Rangers arrivèrent afin de dire que la partie nord de la ville avait été sécurisée et qu'ils pouvaient la réinvestir. Très vite, Léanne et Davin se retrouvèrent seuls, restés pour s'assurer qu'il n'y avait pas de problèmes restants, comme par exemple des enfants oubliés, tant humains que Pokémon. Une fois certains que tout était bien terminé, les deux soufflèrent et se regardèrent. Un peu trop longtemps et trop intensément, d'ailleurs.

« - Euuuuuh... Mademoiselle Jones m'envoie vous chercher parce qu'elle veut des rapports à l'oral pour mettre en place le protocole de retour. »

Le duo avait sursauté quand Arica avait déboulé, interrompant leur duel d'yeux de braises. Ils la suivirent immédiatement, après s'être assurés que leurs Pokémon étaient bien avec eux.



Les six se retrouvèrent réunis dans un des petits bureaux annexes du Centre Pokémon, bien vite rejoints par Alexandre, qui avait coordonné les différents corps de secouristes pendant les manoeuvres.

« - Bon et bien je suis très satisfait par votre première mission, bravo à tous ! commença t-il.
- Il n’y a pas de problème supplémentaire ? s’enquit Nathanaëlle, assez pressée d’en finir.
- Non, la matinée de l’extrême est maintenant terminée, la digue vient d’être consolidée, vous êtes libres pour la journée. Je vous laisse préparer un rapport et le remettre à mademoiselle Jones d’ici deux jours par mal, puis nous aurons un debriefing dans une petite semaine, dès que nos locaux seront prêts. »

Le petit groupe, ravi, échangea quelques célébrations avant de se séparer : Sulian, Léanne, Nathanaëlle et Victor prenant un bus pour la partie ouest de la Région, pendant qu’Arica, Davin et Alexandre s’entassaient dans la voiture de ce dernier. Ils allaient faire un détour jusqu’à Unionpolis, où Arica prendrait une navette directe jusque Voilaroc pendant que les deux autres allaient jusque Bonville pour enfin permettre à Davin de s’installer. Les transports entre les quatre grandes villes de l’Ouest allait être fortement perturbé pour le mois à venir, enfin surtout pour aller de Verchamps à Rivamar.

~~~
Léanne fouilla ses poches en râlant, à la recherche des ses clés avant de blêmir. Elle était sortie par la fenêtre ce matin. Ses clés l’attendaient donc dans la serrure, de l’autre côté de la porte. Elle s’autorisa un facepalm avant de sortir Scarhino, qui la regarda avec des yeux très, trèèèès fatigués.