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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 27/12/2017 à 10:28
» Dernière mise à jour le 27/12/2017 à 10:28

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 22 : Ceux qui portent des masques
Six



Quand Lord Rohban me passa un bras autour de la taille et me retourna vers lui, je m’aperçus que j’étais d’une nervosité traîtresse. Les quelques leçons de danse que j’avais eues avec Stuon se mélangeaient dans ma tête sans que je ne puisse y saisir quoi que ce soit. Les regards des G-Man autour de nous n’aidaient pas. Beaucoup étaient indignés, d’autres moqueurs, et d’autres - mes préférés - faisaient mine de nous ignorer. Que le fils du Grand Maître - qui ne dansait que très rarement - invite une G-Man comme moi, sortie de nulle part et d’une famille très modeste, avait de quoi provoquer l’ire de ceux qui ne juraient que par la tradition et le respect de la hiérarchie des familles de l’Ordre.

Si mon but était de me rapprocher discrètement des G-Man pour gagner leur confiance, Rohban venait juste de tout fiche en l’air en m’amenant sur la piste de danse. J’aperçus d’ailleurs le visage de Stuon plus loin, qui présentait une mine plus qu’exaspérée. Avant d’avoir pu lui lancer un regard d’excuse quelconque, la nouvelle danse commença, et je fus entraînée dans les pas de Rohban. J’essayai alors de me couper de tout ; les voix, les sons de la salle, et même l’Aura. Je ne laissais plus que la musique pénétrer mon esprit, et je focalisai mon attention sur mes pas.

Rohban, en dépit de ses dires sur le fait qu’il n’aimait pas danser et qu’il n’était pas galant, devait quand même connaître le minimum sur la question, car comme tout gentlemen qui invitait une gente dame à danser, c’était lui qui menait le rythme. Je me contentai de m’accorder à ses pas, de tournoyer quand je devais tournoyer, sans pour autant trop me laisser balader par les mains du jeune G-Man. Finalement, ce n’était pas si terrible. Avec Kashmel, j’avais effectué des exercices d’équilibre pour le combat, mais qui auraient aussi pu s’appliquer à la danse.

Mon ADN de G-Man de Félinferno faisait que j’étais relativement assez souple, et j’aurai donc pu sans problème accélérer le rythme de cette danse languissante. Mais, loin de vouloir me donner en spectacle alors que j’étais déjà un peu trop en vue. Les jeunes dames G-Man célibataires - et moins jeunes - qui avaient des vues sur l’héritier Irlesquo me regardaient déjà comme si elles allaient toutes se jeter sur moi après. Le regard le plus inquiétant venait surtout de la fille Psuhyox, Lady Tilveta, que Rohban était censé accompagner ce soir. J’aurai bien voulu lui crier que j’étais innocente, une victime de son plaisantin de cousin qui adorait briser les codes et mettre les autres dans l’embarras.

- Allons bon, vous dansez bien finalement, me souffla Rohban à l’oreille. Comment suis-je censé me couvrir de ridicule devant les autres maintenant ?

- Je suis sûre que vous n’avez pas besoin de mon aide pour cela… marmonnai-je. Vous avez vu comment les gens nous regardent ?

- Hum ? Oh oui, mon père a les yeux si exorbités qu’on dirait un Psystigri, et ma sœur a l’air d’avoir avalé quelque chose à base de matières fécales. Mais c’est comme ça qu’ils me regardent la plupart du temps.

- Je ne veux pas avoir de problème à cause de vous, le prévins-je.

- Vraiment ? Vous m’avez l’air d’une fille qui les connait très bien pourtant. Vous savez quoi ? Il se trouve que je suis doué avec les gens. Doué pour lire en eux. C’est peut-être mon côté insupportable qui fait perdre leur masque aux gens qui me fréquentent. Le fait est que je suis sûr que vous êtes bien plus qu’une petite G-Man provinciale timide venue admirer les grandeurs de la capitale.

Je me raidis d’un coup, en espérant que Rohban ne le remarquerai pas. Ce fichu G-Man avait-il des pouvoirs psychiques pour lire dans mes pensées ? Non… il n’était que G-Man de Couafarel, et en plus, le type Ténèbres de Félinferno était censé me protéger des intrusions mentales. Il n’avait rien contre moi. Aucune preuve. Seulement des soupçons.

- Voilà qui est intéressant, me contentai-je de répondre. Et vous Lord Rohban, que cachez-vous donc sous votre masque de désinvolture et d’insolence constante ?

- Je suis comme je suis, répliqua Rohban. À l’inverse de tous ces gens ici autour de nous… et même à l’inverse de vous, je ne prends pas la peine de porter un masque. C’est d’ailleurs pour cela que mon père et ma sœur ont une si piètre opinion de moi.

- Vous ne pouvez pas vous tenir éternellement à l’écart de l’Ordre. Vous êtes le fils du Grand Maître !

Il soupira, et me fit tournoyer d’un geste nonchalant.

- Vous avez sans doute raison. Mais plus je résiste, plus mon père sera contrarié, ce qui est déjà un but louable en soi…

- Il n’est pas la seule personne que vous blessez, insistai-je. Et les filles qui ne se font jamais inviter à danser parce que vous êtes trop occupé à fouiller dans vos livres ?

Pourquoi je lui disais tout ça, au fait ? C’était comme si je l’encourageai à bien s’intégrer à l’Ordre pour qu’il évite les ennuis. Or, Kashmel et moi, n’avions-nous pas prévu de carrément détruire l’Ordre ?

- Je crois que les dames n’ont aucun mal à trouver des partenaires plus accommodants que moi, répliqua Rohban. Du reste, je vous ai bien invitée vous.

- Seulement pour vous amuser, parce que je suis nouvelle et de bas rang, et pour provoquer votre famille. Pourquoi faire tant d’efforts pour échapper à vos devoirs ?

- Mes devoirs ? Répéta Rohban en fronçant les sourcils. Sixtine, il n’est pas question de devoir. Ce bal… tout ici n’est qu’un ramassis d’inepties et de distractions. Une perte de temps. Tous ces idiots s’amusent alors qu’une partie cachée de l’Ordre enchaîne attentats sur attentats contre des Pokemon, que l’Empereur a envoyé son plus haut magistrat enquêter sur nous, que nous sommes obligés de vivre désormais sous couvre-feu… La foutue fin du monde pourrait survenir demain que ces paons costumés ne renonceraient pas à ce bal !

La colère et le dégout de Rohban avaient l’air sincères. J’hésitai de plus en plus à son sujet. Kashmel avait bien dit que son petit jeu de rebelle n’était qu’un prétexte pour ennuyer son père, comme l’aurait fait un jeune homme en pleine crise d’adolescence. Mais pour moi, il semblait vouer un véritable mépris pour l’Ordre G-Man. Mais est-ce que cela était suffisant pour faire de lui un membre de Lance ? Devais-je tenter de le pousser un peu plus à se dévoiler en me dévoilant moi-même ? Devais-je mentionner son ami que j’avais combattu avant-hier soir ? Rohban était-il au courant ?

Je ne savais plus que penser. Sur Lance, sur l’Ordre, et sur Rohban. Où était la vérité ? Qui étaient les gentils et qui étaient les méchants ? Kashmel voulait détruire l’Ordre, probablement avec l’aide de Lance. L’Ordre était pourri, c’était certain, mais de son côté, Lance s’adonnait aux meurtres gratuits et au terrorisme, ce qui pour moi n’était pas spécialement mieux. Avais-je envie que Rohban soit un membre de Lance, ou non ? S’il en était vraiment un, probablement que Kashmel l’épargnerait malgré sa haine de la famille Irlesquo. Mais avais-je envie d’entendre que Rohban commettait lui aussi à l’occasion des meurtres d’innocents Pokemon la nuit ? Et puis… pourquoi je pensais tout ça, d’abord ? Je m’en fichais de ce type… non ?

Avant que j’ai pu mettre de l’ordre dans mes pensées, la musique avait cessé, et avec elle la danse. Bizarrement, quelque couples autour de nous nous applaudirent. Peut-être qu’ils avaient apprécié notre façon de danser ? Ou peut-être était-ce juste pour bien se faire voir du fils Irlesquo ? Rohban leur fit un sourire en hochant la tête, puis soupira longuement, comme si cette seule danse l’avait exténué.

- Bon, voilà une bonne chose de faite, dit-il à Sixtine. Je m’en vais m’en retourner à mes obligations mondaines auprès des Psuhyox. Je vous souhaite de passer une très bonne soirée, Lady Sixtine.

Il s’inclina parfaitement devant moi en me faisant un baisemain, puis quitta la scène de danse, en se dirigea vers Tilveta Psuhyox. Troublée, je touchai le dos de ma main où il avait posé les lèvres, puis je revins lentement à ma table. Stuon n’était pas revenu, en revanche, dès que je me fus assise, un autre G-Man vint à ma rencontre.

- Lady Sixtine Jarminal ? C’est un honneur de vous rencontrer.

Cette voix fut comme une caresse à mes oreilles. On aurait dit du velours, une voix profonde, belle et assurée. Son détenteur était lui aussi l’un des plus bel homme que j’avais jamais vu. Un visage parfait et rieur, de longs cheveux blancs magnifiquement coiffés, et des yeux roses envoutants. On aurait dit un dieu vivant, dans sa tenue et cape blanches immaculées.

- Oh… euh… Je… balbutiai-je comme une idiote. Je… je suis de même honorée, messire.

- Nous n’avons pas eu la chance de nous rencontrer lors du bal précédemment, je n’étais hélas pas encore rentré en ville. Je suis Gilthis Antenos.

Oui, j’avais entendu parler de lui. Le fameux G-Man aventurier qui passait son temps à vagabonder dans tous les coins reculés de l’Empire. Il avait aussi la réputation d’être le plus puissant G-Man de l’Ordre… et le plus courtisé par les dames célibataires. D’ailleurs, quasiment toutes le suivaient des yeux, et le fait qu’il se soit arrêté à ma table pour me parler me valu à nouveau une salve de regards meurtriers. D’abord Rohban, puis maintenant Lord Gilthis… Ils tenaient vraiment tous à me faire remarquer ce soir !

- Je vous ai observé danser avec le jeune Irlesquo, poursuivit-il. C’est assez rare, qu’il invite spontanément quelqu’un. Mais à vous voir de plus près, je crois discerner ce qu’il a pu trouver de si intéressant chez vous.

- Je… je suis confuse, milord. Je n’ai absolument rien d’intéressant ou de particulier. Lord Rohban aime seulement faire parler de lui et à embarrasser sa famille en s’adonnant à des actes non conventionnels.

- C’est le cas, mais malgré tout…

Il se pencha vers moi à tel point que nos visages se touchaient presque. Je ne pus m’empêcher de rougir, surtout en songeant à la réaction que ça devait provoquer dans la salle.

- M-milord ? Balbutiai-je.

- Vous avez des yeux fascinants, jeune dame. Et vos cheveux… décolorés, mais si soyeux. En fait, on dirait les miens. Qui est votre père ?

Je faillis lui dire que je n’en savais rien, avant de me rappeler de mon identité officielle.

- Maltiar Bufless, milord. Un G-Man de la province, sans titre ni demeure. Il a pris le nom de ma mère quand il l’a épousée.

Les G-Man sans titre de noblesse existaient, mais ils étaient rares. D’ordinaire, c’était des G-Man qui avaient quitté l’Ordre pour une raison ou une autre, ou tout simplement des G-Man naturels, qui étaient venus au monde sans parents G-Man. L’Empire les tolérait, mais l’Ordre les méprisait et ne voulait rien savoir d’eux ; d’où ce choix de Stuon de me faire fille de l’un d’eux. En réalité, sa cousine éloignée - qui était censée être ma mère - n’avait jamais eu de fille, du moins à la connaissance de Stuon. Je pensais provoquer la répulsion de Lord Gilthis en lui révélant ça, mais bizarrement, il sourit d’autant plus.

- L’Ordre voue un grand désintérêt aux G-Man naturels ou sans titre, mais moi, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer souvent lors de mes voyages, et je les trouve tout à fait fascinants. Leur mode de vie est celui de nos ancêtres G-Man à l’époque où ils étaient encore appelés Aura Gardien.

- Euh… oui, mais mon père a été anobli quand il a épousé ma mère, même si la maison Jarminal est de faible importance.

- L’amour n’a que faire des titres ou des distinctions, fit Gilthis de façon profonde. J’en sais quelque chose.

Je me demandai ce qu’il en savait vraiment, ce type. Il me semblait être du genre à coucher avec une femme différente chaque nuit. Un Stuon puissance mille. Il se pencha à nouveau vers moi, mais cette fois pour me murmurer quelque chose à l’oreille d’un air complice.

- En réalité, Lady Sixtine, vous me faites beaucoup penser à une femme que j’ai connu jadis. Vous n’avez ni ses yeux, ni ses cheveux, mais je peux la voir dans votre visage et dans votre regard.

Qu’est-ce qu’il voulait dire, ce mec ? Il commençait sérieusement à me faire flipper.

- V-vraiment ?

- Oui, vraiment. Et vous savez la meilleure ? Cette femme en question… elle n’était pas G-Man.

Gilthis recula pour observer ma réaction. Je m’efforçai de rester impassible, mais c’était difficile. Cet homme… Lord Gilthis… voulait-il parler de ma véritable mère, Mizulia ? Et s’il l’avait connue… alors… cela voudrait-il dire que…

- Je vous souhaite le bonsoir, Lady Sixtine, dit-il alors en reculant.

Il commença à s’éloigner, puis s’arrêta d’un coup. Il se retourna à nouveau vers moi, et d’un air malicieux, me dit :

- Vous feriez mieux de surveiller votre nouvel ami Rohban ce soir.

Il me laissa alors, avec ce conseil incompréhensible, et une intense sensation de malaise et d’excitation à la fois.


***


Rohban




J’avais un certain air satisfait en revenant vers père et Meika après ma petite danse avec Sixtine ; un air qui coula très vite comme de la mélasse sur mon visage après avoir vu de près le regard de ma sœur. Elle allait me faire payer cet outrage au protocole, c’était sûr. En tant que fils du Grand Maître et proche de la famille Psuhyox, j’aurai dû honorer de ma première danse ce soir Tilveta, la fille de notre hôte, au lieu d’inviter une nouvelle arrivante de basse caste. Je ne doutais pas que Tilveta saurait me le pardonner, elle qui adorait autant le protocole que moi, mais ça allait faire jaser pendant un bon moment.

Pourtant, je le savais quand j’ai amené Sixtine sur la piste de danse. Je le savais, mais j’ai décidé de l’ignorer. J’étais comme ça. Sur le coup, je ne réfléchissais jamais aux conséquences, ce qui avait tendance ensuite de m’attirer bien des ennuis. Et ensuite, je stressais sans fin à l’idée de ce qu’on allait me faire en imaginant les pires sévices. Une bien mauvaise habitude… Enfin, je danserai avec Tilveta une ou deux fois d’ici la fin de la soirée, en espérant que ça fasse renoncer Meika à l'idée de me trucider. Je remarquai alors mon ami Jald Raktalin, posté devant le buffet. Je le surpris par derrière en lui posant une main sur l’épaule en le faisant sursauter.

- Yo Jald, tu es venu. Ton bras va mieux ?

- Ah euh… Rohban… Oui oui, ça va mieux…

- Tilveta m’a dit que Dalvin était souffrant et qu’il ne viendrait pas. Tu sais ce qu’il a ?

Mon ami regarda en l’air, comme à chaque fois qu’il était gêné.

- Euh… non, il ne m’a rien dit. Rien de grave, j’imagine…

Je plissai les sourcils. Il y avait dans sa réponse la même hésitation que dans celle de Tilveta, comme s’ils savaient quelque chose que j’ignorai.

- Bon. C’est dommage qu’il ne m’ait pas vu danser avec la Lady Sixtine. T’en as pensé quoi ?

- De… de quoi ?

- De ma danse avec Sixtine !

- Ah, euh… je viens d’arriver en fait…

- Par Xanthos, qu’est-ce que tu es lent aujourd’hui ! T’es sûr de ne pas t’être cogné la tête en chutant dans tes escaliers ? Allez, viens, j’ai un nouveau traité du professeur Al-Merdios de 1759 à te montrer, qui traite de l’intelligence des Pokemon à cette époque. Une pure merveille ! Si on…

Je le pris par le bras en lui parlant, mais Jald se dégagea avec raideur. Il avait l’air plus gêné que jamais devant mon air interrogateur.

- Désolé… Rohban. Je ne peux pas ce soir… Un autre jour peut-être…

Et il se dépêcha de s’éloigner de moi, comme si j’étais atteint de la peste. Qu’est-ce qu’il avait donc ? Ça avait un rapport avec sa fameuse blessure ? Ou alors il ne voulait plus être vu avec moi à cause de mon attitude ce soir ? Pourtant, on avait toujours fait les quatre cent coups ensemble… Perplexe, je revins vers Tilveta, qui venait de terminer une danse avec Lord Bilfest Argoin.

- Tu as vu Jald ? Il a l’air bizarre.

Ma cousine et amie me dévisagea comme si elle venait à peine de me voir ce soir. Elle aussi avait l’air bizarre.

- Rohban… J’aimerai prendre l’air. On sort dans le jardin un peu ? Me demanda-t-elle.

- Euh… oui, si tu veux.

C’était étrange de la part de Tilveta ça. Même si elle détestait le protocole, contrairement à moi, elle s’y pliait avec efficacité. La fille du seigneur de la demeure ne devrait pas s’éclipser si rapidement après le début du bal. Mais peut-être avait-elle des soucis avec sa famille dont elle voulait me parler ? Ses parents avaient-ils enfin décidés de la marier ? Je la suivis donc au premier étage, où nous entrâmmes sur le balcon arrière de la demeure, qui donnait sur le magnifique jardin des Psuhyox. Nous étions seuls bien sûr, tous les invités se trouvant à l’intérieur ou de l’autre côté de la demeure. La nuit était noire, sans lune ni trop d’étoiles. Mais la visibilité importait peu aux G-Man, vu qu’ils voyaient aussi avec l’Aura. Même moi, qui n’était pas spécialement le plus puissant des G-Man de sa génération, savais me servir de cette double vue à volonté.

- C’est sûr que ça fait du bien, affirmai-je en m’appuyant contre la rambarde du balcon et en respirant l’air frais. La danse, c’est de l’exercice physique éprouvant !

- Cette fille m’avait l’air du genre à pouvoir enchaîner dix cavaliers sans s’essouffler, commenta Tilveta.

- Ouais, t’as remarqué aussi ? Ça ne se voit pas trop sous son costume, mais elle a des muscles développées pour une fille de son âge et de sa taille. Elle doit s’entraîner. J’ai entendu dire que les G-Man de la province étaient bien plus physique que nous autres, les citadins. Au fait, euh… tu m’en veux pas d’avoir dansé avec elle en premier hein ? J’ai fait ça sur un coup de tête, sans réfléchir, et Meika va sans doute me passer un sacré savon…

Tilveta secoua la tête pour me dire que c’était sans intérêt pour elle. Elle dansait d’un pied à l’autre, cherchant apparemment à me révéler quelque chose. Elle paraissait soumise à un sacré dilemme.

- Tilveta ? Quelque chose ne va pas ? Tu peux tout me dire, tu le sais.

Ma cousine ouvrit la bouche pour parler… puis la referma. Elle le fit deux autres fois, comme si se lancer lui était finalement impossible.

- Allons donc, ça peut pas être si grave si ? M’inquiétai-je. Qu’est-ce qui se passe ?

Tilveta se mordit les lèvres, puis me dit enfin :

- On m’a ordonné… de faire quelque chose. Quelque chose… que je ne veux pas faire, mais que je suis obligée, pour ma maison.

- Oui, c’est souvent comme ça, soupirai-je. On se croit si supérieurs aux humains, qui sont esclaves des Pokemon, mais nous, nous sommes nos propres esclaves.

- Rohban… Je n’ai vraiment, vraiment pas envie de faire ça, insista Tilveta. J’aurai aimé que ça se passe autrement. J’aurai aimé que ta sœur te dise toute la vérité et que tu nous ai rejoins, comme Jald et Dalvin…

Je pensais qu’elle allait m’avouer devoir se marier avec un quelconque Seigneur G-Man vieux et influant, mais là je fus un peu perdu.

- Ma sœur ? Jald et Dalvin ? J’ai bien peur de ne pas comprendre…

- Je sais qu’elle te déteste, continua Tilveta en commença à pleurer. Mais j’ai toujours pensé, qu’un jour, tu serais des nôtres ! Toi plus que tous les autres, tu as toujours remis en cause le fonctionnement de l’Ordre ! C’est injuste !

- Euh… Tilveta ? J’ai pas tout suivi là. De quoi tu parles ?

Pour réponse, Tilveta se jeta dans mes bras en pleurant à chaudes larmes. J’étais totalement perdu, mais de toute évidence, elle était bouleversée.

- Tu veux bien m’expliquer ? Lui demandai-je doucement.

- Ça ne changerait rien, sanglota Tilveta. Je dois obéir à Lady Meika. Notre heure est enfin arrivé Rohban, tu comprends ? Enfin nous sortirons au grand jour et nous jetterons à bas ce vieil Ordre pourri ! Ah ah ah !

Je commençais vraiment à avoir peur maintenant. Tilveta était passé des pleurs à un rire nerveux, un rire fou. Je reculai avec prudence.

- Tilveta… tu…

- Je suis membre du groupe Lance, Rohban, avoua-t-elle.

Je restai un moment bouche bée devant cette révélation.

- N-non, c’est impossible… Tu me fais une blague hein ?

- C’est la vérité. Ça fait deux ans maintenant.

- Mais… que…

C’était totalement fou. Tilveta, ma gentille et douce cousine d’une très grande famille, en terroriste révolutionnaire qui tuait des Pokemon ?

- Le chef du groupe Lance m’a confié une mission difficile ce soir, continua Tilveta. Je dois tuer quelqu’un. Un G-Man. Le fils de notre ennemi, le Grand Maître Irlesquo.

Tilveta avait désormais sa Lamétrice à la main. Je ne l’avais même pas vu la prendre ! Elle l’avait sans doute appelé à distance grâce à ses pouvoirs psychiques. Comme elle commençait à la pointer vers moi, je reculai encore un peu plus.

- T-Tilveta… tu déconnes hein ? C’est encore une blague à la con de Jald ?

- Je suis désolée Rohban. Vraiment, vraiment désolée. Mais… meurs, s’il te plait.

Elle tendit la main, et alors je fut propulsé en arrière sous l’effet d’un choc psychique considérable. Je chutai six mètres plus bas, dans un massif de fleur. J’avais mal. J’avais mal, et mon cerveau semblait marcher au ralenti. Tilveta… essayait de me tuer ? C’était un rêve ? Un cauchemar ? Quelqu’un avait mis un hallucinogène dans mon verre ? Pourtant, la douleur semblait bien réelle. En haut, Tilveta sauta jusqu’en bas d’un geste leste et précis, son épée au poing.

Je n’aurais jamais cru être un jour autant terrifié par ma propre cousine. Je commençai à filer dans la direction opposé, cherchant quelqu’un, n’importe qui. Quand je décidai d’appeler à l’aide en criant, mon corps fut stoppé net et ne m’obéit plus. Tilveta venait de me lancer quelque chose. Une Entrave, ou une autre attaque du genre. Je ne pouvais plus bouger, ni même parler. Je tentai de me servir de l’Aura pour m’échapper, mais l’emprise de Tilveta était trop puissante. Elle était une G-Man psy, celle de Staross, et moi je n’étais qu’un pauvre G-Man de Couafarel qui avait découvert ses pouvoirs sur le tard. Je n’avais pas l’ombre d’une chance.

- Ne te débat pas, Rohban, fit ma cousine quand elle fut devant moi. Ce sera rapide, je te le promets.

C’était pas une blague. Elle comptait vraiment me tuer. Pourquoi ? En quoi donc je pouvais bien gêner le groupe Lance ? Ahhhhhh, ma vie n’a vraiment été qu’une succession de misères. Né dans une famille que je ne pouvais pas supporter, délaissé par mon père, maltraité par ma sœur, et finalement tué par une fille que je considérai comme une amie, sans comprendre pourquoi. Ça me donnait presque envie de pleurer, mais je me retenais, pour pas que Tilveta imagine que je sanglotais de peur.

- Adieu Rohban, me dit-elle.

Elle avança sa Lamétrice vers mon cœur. Je voulus fermer les yeux, mais même ça, j’en étais incapable. Mais alors, à deux centimètres à peine de ma poitrine, la lame fut déviée par une autre en un « clang » retentissant. Pour la seconde fois cette nuit, je fus éberlué. Mais cette fois, Tilveta l’était tout autant que moi. Lady Sixtine Jarminal, sortie de nulle part, venait de contrer la lame qui m’aurait tué avec sa propre Lamétrice, un feu brûlant dans ses yeux rouges.