Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Calendrier de l'Avent 2017 de Corpus09



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 23/12/2017 à 19:27
» Dernière mise à jour le 23/12/2017 à 19:27

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Jour 23 : Mother, par Kloana
Mère a toujours été ainsi. Nous voyant comme ses poupées qu’elle pouvait habiller et contrôler à sa guise, nous, ses propres enfants. Petits, nous n’étions pas conscients, mon frère et moi, que cette relation que nous entretenions n’était pas « normale ». Et pourtant aujourd’hui, je donnerais n’importe quoi pour retourner à ces jours heureux que nous passions tous ensemble. Si cette époque est malheureusement révolue, il ne tient qu’à nous de tenter de former de nouveaux souvenirs, encore plus heureux que les précédents.

Assez simple comme raisonnement, n’est-ce pas ?

Et pourtant, aussi naïf soit-il, c’est ce pourquoi je vais me battre désormais.

Tout a commencé quand notre père a disparu dans une autre dimension. Gladio et moi n’étions pas en âge de comprendre les détails exacts de cette affaire. Mais c’est depuis ce jour que notre relation avec Mère a changé. Passant moins de temps avec nous, s’émerveillant de la beauté des Pokémon, nous manipulant peu à peu telles des marionnettes… Je ne saurais me rappeler exactement comment tout cela s’est déroulé. Une chose est sûre, cependant, cet engrenage infernal nous a mené jusqu’ici à présent…

Les années passent, et je ressasse toujours cet instant. Les regrets ont dominé mon cœur depuis ce jour. Aurais-je pu faire quelque chose, si j’avais été plus forte ? Aurais-je pu éviter que le pire ne se produise ? Si j’étais intervenue, serait-elle encore parmi nous aujourd’hui ? Des questions qui viennent hanter de temps à autres mes pensées. Des souvenirs qui me reviennent inlassablement, comme pour me rappeler que j’ai ma part de responsabilité dans cette histoire. Encore. Et encore. Toujours le même moment. Sans relâche.
Elle s’effondre.
Elle n’entend plus mes appels.
Elle reste inanimée dans mes bras.
Je ne peux rien faire.
Impuissante.

Tout ce que j'ai pu voir
Ma peur quand elle tomba
Succombant sous le poids de sa croix.


Oubliant ces remords, je me lève en ce jour. J’aperçois à travers ma fenêtre les doux rayons lumineux de notre divinité solaire. Cinq longues années maintenant que Doudou m’a quittée. Non… Ce n’est pas le moment d’y penser. Je suis revenue de voyage il y a peu, pour passer un peu de temps avec mon frère et avec elle en ces fêtes de fin d’année. Un soupir s’échappe de mes lèvres. Ici, à Alola, le beau temps et la chaleur règnent en toutes saisons, bien que je doive admettre que les températures sont quand même plus basses en hiver. Quel dommage que nous ne puissions admirer la neige pour Noël, comme dans tant d’autres régions…

Décidément, impossible de garder un fil de pensées cohérent, ce matin. Est-ce parce que cela fait longtemps que je ne suis pas rentrée chez nous ? Ou est-ce parce que je vais la revoir après ces mois passés à l’étranger ? A vrai dire, la raison importe peu. Je ferai mieux de me préparer, j’ai encore quelques cadeaux à aller acheter.

Habillée de façon simple, je sors de ma chambre, réfléchissant. Que pourrais-je offrir à Gladio ? Lui qui est si difficile… Je n’aurais qu’à aviser, après tout. Sortant de ma chambre, je vagabonde quelques temps dans les immenses couloirs de notre demeure. Tant de pièces, tant d’espace, pour si peu de personnes… Je ne comprendrai jamais l’intérêt de vivre dans une villa aussi imposante. Je ne connais même pas l’utilité de certaines pièces…

C’est sa chambre.
Je m’y arrête quelques instants.
Je suis incapable de faire un pas de plus.
Je sens ma gorge se serrer, une douleur presque imperceptible vient nouer mon ventre. Une nuée d’images vient s’ancrer dans mon esprit, tout défile si vite. Impossible de formuler un raisonnement cohérent. Mon cœur bat à tout rompre, tambourinant dans ma poitrine.
J’ai mal.
J’ai si mal.
Et je ne peux rien y faire.

Voyant le prix qu'elle paie
Pour le choix qu'elle a fait
Je ne peux pas rester sans me battre.


Tout semble vaciller autour de moi. L’angoisse me gagne peu à peu, enveloppant mon être comme pour me faire plonger dans des abîmes insoupçonnés. J’ai comme l’impression que ma vision se trouble, que ma respiration se fait plus rapide, une crise, encore…

« Lillie, qu’est-ce que tu fabriques ? »

Je crois que je ne remercierai jamais assez Gladio pour être intervenu à cet instant. Me retournant, je le regarde avec des yeux surpris. A son expression, il a l’air de comprendre ce qu’il m’arrive. Après tout, ce n’est pas la première fois. Passant un bras autour de mon épaule, il me guide, me faisant avancer pour dépasser cette chambre. Il reste près de moi, silencieux. Ni l’un, ni l’autre, n’avons besoin de parler. Parce qu’il le sait tout aussi bien que moi.

De longues minutes interminables. Le silence en deviendrait presque assourdissant. Juste les bruits de nos pas sur le sol. L’un après l’autre. Le moindre détail attire mon attention ; un tableau représentant des Pokémon, un vase orné de fleurs blanchâtres artificielles, la chaleur de sa main sur ma peau… Je commence à me détendre enfin. Nous arrivons finalement dans le hall principal, sans avoir échangé le moindre mot. La communication n’est pas notre fort dans notre famille, c’est ce que je pense un peu plus chaque jour. Et si… c’était à cause de cela… ?

« J’ai des choses à faire, on se retrouve ce soir. Fais attention à toi. »

Gladio s’éloigne donc, me laissant seule. J’en profite alors pour m’éclipser de la demeure, ne laissant pas les idées noires envahir à nouveau mon esprit. Ce soir, c’est le réveillon de Noël, pas question d’être triste ! Ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu.

Je m’en vais donc, sur un petit marché de la ville voisine, cherchant quelques cadeaux. Une ambiance festive et colorée règne, réchauffant mon cœur. De douces odeurs appétissantes emplissent mes narines, tandis que mes yeux sont émerveillés devant tous ces stands si joliment décorés. Errant d’un étalage à l’autre, je finis par trouver quelques petites choses à offrir, pour Gladio, pour nos Pokémon, mais aussi pour nos amis. Il me tarde de les revoir, d’ailleurs. Les bras chargés de sacs, je continue de me balader dans cet endroit si chaleureux. Je lève un instant la tête, admirant le ciel azuré qui abrite un soleil des plus éclatant aujourd’hui. Je suis sûre que Doudou veille sur moi de là-haut.

Il me manque. J’aurais aimé qu’il soit à mes côtés pour surmonter ma peine. Je vois des petites filles accompagnées de leur famille ; et je me souviens de ma propre enfance. Quand Père était encore parmi nous, quand Mère souriait et riait de bon cœur… Ces souvenirs appartiennent maintenant au passé. Et pourtant, je donnerai n’importe quoi pour qu’elle se réveille. Pour que nous puissions à nouveau enfin former une famille. Je sens mon cœur se serrer quand je pense à elle.

N’y a-t-il vraiment rien que je puisse faire ?

Mon unique désir,
Est de pouvoir la sauver.


Habitée par un sentiment d’amertume mêlé à du chagrin, je décide de renter. J’ai passé une bonne partie de la journée à vadrouiller de droite à gauche. L’esprit vide, je retourne sur le chemin de notre demeure. Je croise des petits groupes de Pokémon, la plupart d’entre eux sont de bonne humeur. Je laisse mes lèvres étirer un sourire en les regardant. Levant les yeux vers le ciel, j’aperçois les teintes orangées du crépuscule se dessiner au dessus de ma tête. Le temps est passé si vite aujourd’hui. Je m’arrête un instant ; j’ai déjà vécu une scène similaire. Je me souviens lui tenir la main en rentrant de l’école, mon frère marchant devant. Encore des souvenirs de nos jours heureux. En réalité, un rien peut me faire penser à elle. C’est ce qui est si douloureux…

J’arrive enfin chez moi. Remontant d’abord dans ma chambre, j’y dépose mes affaires avant de récupérer les cadeaux et de redescendre, les déposant au pied du sapin. Je n’ai pas croisé Gladio ; j’espère qu’il sera à l’heure ce soir. Le personnel s’occupant du manoir doit déjà être en train de s’affairer pour le repas. Je décide de me balader un peu en attendant.

Sortant dans les jardins, je profite un peu de l’air frais du soir, embaumé de parfums floraux. Les jardiniers font toujours un travail remarquable même après toutes ces années. J’avance tranquillement, profitant de ce cadre apaisant. Je ferme un instant les yeux. Je voudrais tellement qu’elle soit là, avec nous, qu’elle se réveille et que tout redevienne comme avant. Si seulement je pouvais l’aider… Si seulement j’étais capable de la ramener parmi nous…

La libérer des chaînes
De la dure fatalité.


Et Gladio qui n’est toujours pas rentré. Je l’attends maintenant dans le hall, légèrement anxieuse. Les minutes passent. J’entends le tic tac régulier de la grande horloge murale, formant un écho dans la pièce lourdement silencieuse. Et j’attends. Encore. Et encore. Une, deux, dix, vingt minutes. Et ce battement interminable.
Je ne peux plus rester là.
Pourquoi me sens-je si anxieuse ? Je ne comprends décidément pas. Et encore moins pourquoi je me suis dirigée inconsciemment vers sa chambre. J’y reste un moment, devant la porte, sans faire le moindre geste. Avant de me décider à entrer.

Un médecin s’incline, avant de partir, me laissant seule avec elle. Je n’y prête pas attention, mes yeux sont rivés sur son corps inanimé. Mon cœur s’accélère tandis que je m’approche d’elle. Je pose une main sur sa joue, ses prunelles qui autrefois étincelaient de vie sont désormais closes. Aucune réaction à mon toucher. Juste sa respiration régulière et le bruit d’un monitoring, ou d’une toute autre machine. Qu’importe.

Je sens ma main se mettre à trembler. Mon corps, parcouru de frissons, réagit sous la vague de sentiments qui déferle en moi. Je sens les larmes me monter, mais ne cherche à les retenir, j’en serais bien incapable de toute façon. Une douleur profonde se loge au creux de ma poitrine. D’un mouvement incertain, je viens m’asseoir sur le lit, juste à côté d’elle. Ma main glisse et vient prendre l’une des siennes, la serrant de plus en plus fortement en espérant qu’elle me serre en retour.
Mais je sais que cela n’arrivera pas.
Chagrin.
Désespoir.
Je ne me retiens plus.

« Mère… ! »

Je viens l’enlacer en posant ma tête contre sa poitrine. Mes pleurs redoublent d’intensité en entendant légèrement son cœur battre. Elle est vivante. Et pourtant, c’est comme si son esprit nous avait quittés. Mon emprise sur sa main se fait intense. Je ne veux plus la lâcher. J’ai peur. J’ai tellement peur de la perdre. Ma poitrine me fait de plus en plus mal. Je me redresse légèrement pour venir embrasser son front. Toujours aucune réaction. Je t’en supplie, réagis… Montre-moi que ton cœur anime quelqu’un de vivant…
Si seulement…
Si seulement je pouvais te ramener auprès de nous…
Si seulement je pouvais trouver un moyen pour te réveiller de ce coma…

Trouver un moyen pour
Nous tous de continuer,
D'avancer, d'espérer


Rendez-moi ma mère, c’est tout ce que je demande. Rendez nous nos jours paisibles passés à ses côtés, son sourire rayonnant, sa chaleur réconfortante, sa voix douce et rassurante. J’aimerais tellement qu’un miracle de Noël se produise. Mais j’ai compris depuis bien longtemps que les miracles n’existent pas. Je reste un long moment à la regarder. Mon cœur me fait atrocement mal à l’idée de me séparer d’elle. Je tourne ma tête vers une fenêtre en souriant tristement. Il ne manquerait plus que la neige tombe pour constituer un véritable tableau tragique. Encore une fois, nous ne sommes pas dans un conte de fée. Je suis à Alola, région de nature ensoleillée et chaude tout au long de l’année. Je ne peux espérer voir cette neige que j’aime tant. Tout comme je ne peux espérer qu’elle se réveille maintenant.

Je me relève, restant assise sur le lit tout en tenant sa main. J’essaie de me calmer progressivement. Si mon frère arrive et me voit dans cet état… J’esquisse un léger sourire en essuyant mes larmes. Ce soir, c’est le réveillon de Noël, et je sais que tu n’aurais pas aimé me voir triste. Je reste encore un peu à te regarder. Malgré tout ce temps passé, je garde espoir au fond de mon être, que tu te réveilleras un jour.

Le lâche enfin ta main, non sans difficulté, et me dirige vers la porte, t’adressant un dernier regard.

« Joyeux Noël, Mère. »

Je sors finalement, mes émotions quelque peu apaisées. J’étire un sourire quand je vois Gladio se précipiter vers moi, sûrement en train de me chercher. Voyant certainement mes yeux rougis, il me prend tendrement dans ses bras. Une étreinte que je lui rends silencieusement.

L’espoir… Je tenterai de le conserver malgré tout, malgré cette tristesse que je peux ressentir. L’espoir qu’elle se réveille d’elle-même. Ou l’espoir que je puisse faire quelque chose pour son état. Que Gladio et moi surmontions cette épreuve. Je sais que je peux trouver le moyen de tous nous rendre heureux…

Et de vaincre le mal.

D’après Sis Puella Magica ! de Yuki Kajiura, cover par Ωmegata