Chapitre 8 : Winter is coming
Je tournais en rond comme un Arcanin en cage.
J’avais la désagréable sensation qu’Encelade m’avait quittée depuis une bonne demi-heure, ce Condor ayant refusé catégoriquement que je les suivent. Je ne l’aimais pas celui-là !
Qu’est-ce que ce Lilien, ce sage de pacotille, pouvait bien vouloir à ma petite-amie ?
Ah ! Je l’avais pressenti, que son numéro de force allait lui causer des problèmes, j’aurais dû être plus insistant.
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L’attente dura encore éternité, de mon point de vue.
Quand elle revint enfin sur la passerelle supérieur, émergeant de la proue, mon amie arborai un de ses plus beau sourire. À mon grand soulagement.
« Alors, pourquoi il voulait te voir ? m’empressai-je de la questionner.
- Il voulait me parler d’une montée en grade, dû aux capacités tactiques dont j’ai fait preuve face au commandant Condor…, commandant Rogue !
Hein… comment ça, commandant ?
Je la dévisageai, circonspect. Là, je crois que j’avais vraiment raté un épisode.
- Mais, pourquoi ?… Et puis pourquoi moi aussi, j’ai rien fait d’extraordinaire !
- Ben, en faite. avoua t-elle, gênée, en se grattant l’arrière du crane. J’ai imposé une condition : que tu sois commandant toi aussi, sinon ils pouvaient dire adieu à ce que j’utilise mes pouvoirs... Ça me stresse trop de te savoir loin de moi pendant la mission. J’ai peur de gaffer, sans toi…
J’étais émue de l’attention. Néanmoins, il ne fallait pas qu’elle se dévalorise, j’étais tout autant capable d’en faire une.
Puis, elle ajouta, plus assurée.
… Et de toute manière, on est une équipe ! Je vois pas pourquoi je serais plus gradée que toi.
Cette promotion n’était sûrement pas illogique, après tout, ils devaient offrir les meilleures places à leurs plus puissants soldats. Je ne m’en plaignait pas, nous serions sûrement prévenu plus tôt que les simples sbires, de l’imminence du ’’grand projet’’.
Qui disait grade plus élevé, disait aussi probablement chambre d’un plus grand standing, avec un lit confortable. Ah, c’est beau de rêver ! Surtout quand on peut dormir.
J’étais intrigué quant à la suite du programme.
- Et donc, je suppose qu’on va avoir des responsabilités ?
- Ouais ! sourit Encelade, toujours aussi joyeuse. Une mission importante même ! Cet après-midi, on filera vers Janusia avec le commandant Condor et un espèce de ninja un peu louche...
Je plissai les yeux, j’osai supposer qu’elle parlait d’un des membres du Trio des Ombres. J’avais entendu dire que ces trois puissants shinobis étaient les chiens de Ghétis, prêts à tout pour leur maître vénéré, j’avais pas vraiment envie de les affronter.
… mais avant, il faudra qu’on passe à l’armurerie. On ira après avoir mangé. »
Chouette, j’étais heureux de récupérer une arme. Même si je n’étais pas spécialement chaud à l’idée de tirer sur quelqu’un, je devais avouer la présence d’un de ces engins à la ceinture était réconfortante, surtout en plein territoire ennemie.
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En allant prendre notre repas de midi, nous retrouvâmes, par hasard, notre colocataire, Crossbow, si je me rappelais bien.
Entre des frites trop grasses et un steak trop sec, je pouvais définitivement dire que la nourriture était mauvaise. J’avais déjà hâte de retrouver la qualité presque parfaite de la cafétéria du bureau.
« Alors comment se passe votre première journée à bord nous interrogea le roux.
La bouche pleine, je laissai à Encelade le soin de répondre.
- Très bien ! On a été promus commandants.
Bien que notre ami fut surpris, je vis aussitôt dans ses yeux, une once de jalousie.
- Non, pas possible !? Mais comment ?… Si vite !…
Réfléchissant, il marqua une pause, avant de s’exclamer, stupéfait.
… Attends Pénélope, ne me dit pas que c’est toi qui humiliée le commandant Condor à la levée de poids, ce matin ?!
A ce que je voyais, les nouvelles se répandaient vite, ici. Ce n’était pas la seule personne à nous avoir fait la remarque.
- Ben si ! Sourit fièrement mon amie.
- C’est quand même un mutant de Mackogneur ! T’es mutante de quoi ?
Son sourire disparu d’un coup, à la place,apparut une petite moue.
- C’est compliqué.
Alors que nous nous attendions à ce qu’il demande plus de détails, il porta sa main à son menton.
- Après tout, c’est logique qu’ils vous donnent des grades plus élevés. Vous les mutants, vous êtes bien plus puissants que des humains… Et depuis que les scientifiques du labo P2 et Nikolaï se sont faits embarquer par les services secrets, je suppose qu’ils cherchent à conforter leurs liens avec les plus puissants d’entre nous…
J’ignorais qu’ils étaient au courant pour le labo, ça expliquerait pourquoi ils nous avaient fait confiance si rapidement.
C’était bon pour nous, ils devaient sûrement accélérer la mise en place de leur ’’grand projet’’, avec le risque de faire de grosses erreurs. Comme laisser s’infiltrer deux agents des services secrets au pire moment, par exemple.
Mais le roux ne semblait intéressé que par notre récente promotion.
… donc, vous allez avoir des missions importantes, maintenant ?
- Oui, cet après-midi, on doit aller à Janusia.
Buvant littéralement les paroles d’Encelade, il hocha la tête.
- Janusia ? OK.
Tout à coup, il se leva, nous remercia puis sortit du réfectoire en pressant le pas.
- Qu’est-ce qu’il nous fait ?! Lâcha mon amie, sidérée, les yeux grands ouverts.
- J’ai ma petite idée, si tu veux savoir. »
Oui, à mon avis, notre ami n’était pas aussi fidèle à la Team qu’il voudrait le faire paraître.
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Encelade frappa vigoureusement la porte blindée que nous avions enfin trouvée. Sur celle-ci, un simple petit écriteau en métal doré indiquait que nous étions au bon endroit.
Je remarquai une petit caméra, placée au plafond dans notre direction, la LED à coté de l’oculaire indiquant sa mise en marche.
Nous entendîmes alors un mécanisme se déclencher, et l’imposante plaque d’acier coulissa sur ses gonds.
Mon amie entra bien entendu la première et je fis de même juste après, juste avant que la porte ne se referme derrière moi.
Comme beaucoup d’autres dans ce navire, cette pièce ne disposait pas de fenêtre, ce qui était plus que logique dans son cas. En effet, je ne pouvais pas compter le nombres d’armes à feu autour de nous, il y en avait partout : des fusils à pompes et des mitrailleuses parfaitement alignés à la verticale sur des étagères en métal, des pistolets de toutes sortes rangés par ordre de taille sur des présentoirs argentés et surtout des dizaines de boites de munitions posées ça et là sur les tables en inox, certaines même à moitié vide.
Arrivant du fond de la salle, où se trouvait quatre stands de tir, un homme s’approcha de nous. Bien bâtit, mais moins que le commandant Condor, il arborait une extravagante moustache blonde recourbé au extrémité en plus d’un crâne parfaitement chauve.
« Bienvenue ! nous salua t-il. Je suis Amstrong, l’armurier…
Stoppant son regard sur Encelade, il la détailla de la tête aux pieds.
… Alors c’est donc toi, la petite qui a surpassée le commandant…
Il hocha la tête, passant un doigt sur son appendice pileux.
… Intéressant !
- On aurait besoin d’armes. Lui annonçai-je, pour lui rappeler le motif de notre venue.
Le type acquiesça aussitôt.
- Oui, évidemment, le sage Lilien m’avait prévenu que vous viendriez…
Il s’approcha alors des porte-armes.
… Qu’est ce qu’il pourrait vous faire plaisir ? J’ai de tout ici. Des petites, pour plus de discrétion, ou des plus grosses, si vous préférez les choses qui envoient du lourd.
Avant d’arriver, mon idée première était de me contenter d’un pistolet de la taille de celui avec lequel on m’avait appris à tirer. Mais vu l’arsenal qu’il y aurait face à nous en cas de problème, je ne pouvais pas me permettre de prendre plus de risque.
- Un fusil à pompe et un pistolet pour moi… Et bien sûr, beaucoup de cartouches.
Tendant déjà la main vers les présentoirs, le chauve acquiesça. Il se tourna alors vers mon amie.
- Et la terreur, elle veut prendre quoi ?
- Ah… Euh… non rien du tout ! bafouilla rapidement l’intéressée, prise au dépourvu. Je tire beaucoup trop mal pour que ça me soit utile.
L’armurier sembla surpris, il haussa les sourcils en lui tendant aussitôt le pistolet qui m’était destiné.
- Ah bon !… Viens, on va régler ça ensemble… Tu sais te servir de ça, au moins ?
- Oui, mais j’ai des difficultés à viser correctement.
- T’inquiète donc pas ! Je vais t’aider. Sourit le chauve, en l’invitant à la suivre.
Encelade me consulta d’abord du regard, je lus une légère peur dans ses prunelles bleu azur.
- Ça va aller ! lui murmurai-je pour la rassurer.
Rejoignant, plus sereinement, l’homme au crane brillant dans une des cabines de tir, elle désenclencha la sécurité de l’arme.
C’était la première fois que je voyais ma petit-amie tirer. Toutes nos séances d’entraînements au QG, nous les avions faites avec un instructeur différent. Et en vérité, je ne savais même pas l’exacte raison qui lui faisait manquer la cible. Je ne tenais ce fait que de Carter, qui me l’avait avouer une fois.
Ma coéquipière tendit alors le bras en direction du mur, comme on nous l’avait appris, sous le regard approbateur du sbire.
Assis contre une table en inox, je compris tout de suite ce qui n’allait pas.
Elle tremblait. Pas énormément, certes, mais suffisamment pour que, sur une grande distance, la balle soit écartée du point visé.
- Te stresse pas, ça va bien se passer ! conseilla l’homme, bienveillant.
- J’arrive pas à m’empêcher de le faire.
Voulant la rassurer, je posai ma main sur son épaule.
- Qu’est ce qui te fait peur comme ça ?
- C’est pas de la peur, c’est juste un mauvais souvenir. assura t-elle. Ça me rappelle trop Kanto.
Oui, c’était évidant bien sûr. Elle avait vécue à Jadielle, une ville malheureusement réputée pour le nombre important de règlement de comptes à l’arme à feu.
- Je te comprends, ça doit pas être facile d’oublier les meurtres en pleine rue…
Sur le coup, son visage s’assombrit légèrement, et elle murmura quelque chose que je ne pus clairement comprendre. Je pensais avoir entendu : ’’Ouais, aussi.’’, mais je n’en discernais pas la signification.
… Respire… Concentre toi.
Toujours en position, Encelade ferma les yeux, puis prit une grande respiration. Sa main commença alors à se calmer, tout doucement.
Quand elle rouvrit les paupières, une salve de balles partit du canon dans un boucan d’enfer. Balles qui, après avoir ramené la cible à nous, l’avait transpercée au niveau de l’épaule du type qui y était dessiné. C’était suffisant.
- Ben voilà ! Suffisait que tu te concentres un peu ! conclut le chauve. »
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C’est ainsi qu’Encelade acquit deux pistolets identiques au mien, qu’elle porterait à la ceinture, comme dans les films de western. Quant à moi, j’avais fait passé le fusil, retenu par sa bandoulière, dans mon dos, et mon pistolet dans l’intérieur de mon manteau.
Sur le chemin du pont supérieur, là où nous attendaient normalement nos partenaires de mission, elle m’avoua n’avoir accepté ces engins de mort uniquement par sympathie envers le chauve, car elle ne pourrait toujours pas s’en servir dans les moments critiques. Et d’ailleurs, elle ne voulait pas, de toutes manières, s’en servir, c’était trop de douloureux souvenirs.
Mais alors que nous continuions de suivre ces couloirs exigus, un puissant grondement fit vibrer notre environnement. Contre toute attente, notre vaisseau se mettait à bouger, et nous prenions de l’altitude.
Enfin arrivés à l’extérieur, nous humes la surprise de découvrir le panorama qui s’offrait à nous, nous avions déjà presque atteint la hauteur des nuages. Tout Unys s’étendait devant nos yeux, nous étions comme les maîtres du monde.
Les deux hommes qui devaient nous accompagner, se tenait là, contre la rambarde. Le mutant profitait du spectacle, tandis que le fidèle de Ghétis nous faisait face, dos au vide, les bras croisés.
C’était assez étonnant a voir d’ailleurs. En effet, il y avait une certaine différence de taille entre les deux gradés. Quand Condor était taillé dans un lourd roc, le ninja lui, était maigrichon et ne dépassait même pas mon amie en taille.
Néanmoins, je ne doutais pas qu’il soit tout aussi redoutable que le premier.
« Vous êtes en retard ! nous fit-il remarquer, avec condescendance.
Lui, je ne l’aimais déjà pas. Si ça n’aurait pas impacté la mission, je lui aurait probablement mit un coup de tête.
Nous remarquant à son tour, le colosse se tourna dans notre direction, dardant un regard mauvais sur mon amie.
D’une main, il agrippa une HyperBall à sa ceinture.
- Très bien ! Si nous sommes tous là, nous pouvons partir. »
Un Alakazam sortit de la sphère métallique, armé de nunchakus plutôt que de cuillères. C’était suffisamment important à mes yeux pour que je le souligne.
Sur les ordres de Condor, nous nous mîmes en cercle autour du pokémon psy et nous disparûmes dans un grand éclat albâtre. C’était la première fois que je faisais l’expérience de Téléport.
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La lumière de la téléportation m’éblouît, m’obligeant à clore un temps les paupières.
J’eus alors comme l’impression de chuter, en continuant pourtant de sentir quelque-chose sous mes pieds. Perturbant comme sensation !
Quand tout se stoppa, je me rendît compte que nous étions arrivés dans une ruelle sombre, uniquement parcourut par des clochards.
La grande carrure du mutant lui valut de percuter une benne à ordure. Encelade ne put s’empêcher de lâcher un ricanement, et j’en fis tout autant à vrai dire.
« Fermez là ! Cracha le concerné, visiblement courroucé.
Sautant sur le couvercle de cette même benne à ordures, le membre du Trio Ombres repositionna le foulard noir qui dissimulait une partie de son visage.
Il ordonna, avec le même soupçon de condescendance dans la voix que tout à l’heure.
- Nous savons de source sûr que l’objet est en position de Watson... Séparons-nous ! Rogue et Condor, partez en direction de l’arène. Pénélope, vous me rejoindrez chez cet infâme champion, dirigez-vous vers le centre pokémon, je vous ferais signe.
A peine sa phrase finie, il disparu dans un fin nuage de fumée. Fuite classique pour un ninja.
Encelade me lança un regard anxieux. C’est vrai, nous allions être séparés, malgré l’énergie dont elle avait fait preuve pour me permettre de devenir commandant. J’étais certain qu’elle réussirait toute seule, j’avais confiance en elle.
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Nous arrivâmes enfin devant le bâtiment de l’arène. Je reconnaissais bien là, la démesure architecturale unovite. L’arène ressemblait à une sorte d’énorme pyramide de pierre lisse et taillée, de chaque coté de laquelle se tenait de toutes aussi grandes statues de dragons orientaux majestueux. L’un était noir, quand l’autre était d’un blanc pur.
Pendant tout le trajet, je n’avais pas adressé un seul mot à l’homme que je suivais. Pas envie, principalement. Mais je devais me rendre à l’évidence, j’avais grandement besoin de réponse.
Jouant depuis déjà un moment à faire tourner l’HyperBall de mon Mélodelfe dans ma main droite, je pouvais facilement activer le dispositif d’écoute sans me faire repairer.
« Au faite, on est sensé faire quoi ici ? lançai-je à mon collègue, intéressé.
Faisant d’abord semblant de ne pas avoir entendu ma question, le mutant finit enfin par daigner y répondre. Il marmonna, une pointe d’énervement se trahissant dans sa voix.
- Le grand projet nécessite un artefact ancien, un objet capable de partiellement redonner sa puissance originelle à un certain pokémon. Et nous savons que cet élément est gardé par Watson, le maire de cette ville.
Je hochai la tête. Très bien, je n’étais pas spécialement renseigné sur la mythologie unovite, mais à coup sûr, il devait s’agir d’un objet qui concernait Kyurem.
- Et vous comptez prendre d’assaut la ligue comme il y a deux ans ? Ou vous comptez vous en prendre à d’autres instances importantes ?
- Non, nous allons asservir tout Unys, d’une seule offensive, nul ne pourra l’arrêter cette fois. Mais tu n’as pas à savoir tout ça !
Je continuai tout de même mon interrogatoire.
- Et Ghétis dans tout ça ?! Il cherche un autre artefact ? C’est pour ça qu’il n’est pas là ?
D’un coup, il se retourna. Je vis sa main fondre sur moi sans que je ne puisses rien faire pour l’en empêcher. Le colosse me souleva à un bon mètre du sol, sa main m’agrippant au niveau du col. Je me retrouvait ainsi à la bonne hauteur pour voir son regard me transpercer. Il mugit férocement.
- Je n’étais déjà pas d’accord pour que ton exécrable copine soit promue, surtout après qu’elle m’ait humilié de la sorte ! Mais que TOI, simple humain, le soit aussi, je ne le supporte pas ! Alors arrête de me faire chier avec tes questions ! Même si Lilien ne veux l’admettre, je ne peux m’empêcher de douter de la véracité de ton engagement ! »
Les quelques passants autour de nous nous dévisagèrent étonnés, mais aucun intervint. J’aurais voulut penser qu’ils avaient peur de Condor, en vérité, je pense qu’ils étaient juste trop lâches pour agir face à cette brute.
Finalement, je n’eus pas besoin d’eux, le mutant me lâcha. Atterrissant assez violemment sur le goudron, je sentis une très légère douleur dans ma cheville droite, rien de bien méchant.
J’étais déçu, je pouvais dire adieu à ce qu’il réponde à mes questions.
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Nous entrâmes enfin dans le bâtiment, Condor avait défoncé la porte à grands coups de poings, les arènes étaient fermées le mercredi.
Alors que nous nous pensions seuls, un homme fit son apparition tout en haut, sur la tête du dragon de jais qui occupait le centre de la pyramide. De là où nous étions, je ne pouvais pas le détailler clairement.
« On m’avait prévenu de votre arrivée, Plasma ! vociféra l’individu.
Le mutant à coté de moi rugit à son tour.
- Watson ! Nous venons pour le pointeau ADN ! Remettez-le nous maintenant, ou nous serons forcés d’en faire subir les conséquences aux habitants de votre ville !
D’un geste rapide, le champion sortit un Altaria qui lui permit de descendre jusqu’au rez-de-chaussée, juste devant nous.
C’était un homme approchant visiblement des cinquante ans, musculeux, reconnaissable à ses cheveux blancs et à son étrange barbe qui lui remontait sur le visage pour former comme une mâchoire inférieur de dragon.
- Je sais. finit-il par avouer en redressant les manches de sa chemise blanche. Mais vous devrez d’abord m’affronter !…
Je saisis l’HyperBall de Mélodelfe. Il fallait que je joue le jeu du sbire Plasma, John nous avait exhorté de le faire. Et l’autre à coté qui commençait à avoir des soupçons, il fallait que je fasse attention à mon comportement.
Je l’avoue, je n’avais pas cherché loin pour me retrouver en avantage face à un champion du type dragon.
Mon pokémon fée apparut avec sa traditionnelle bonhomie, néanmoins il fallait pas si tromper, elle était redoutable.
… Altaria, Piqué !
Virevoltant déjà au dessus de nos têtes, le type vol fondit sur nous, tête la première. Je ne le laissais pas faire.
- Éclat Magique !
Super-efficace, le faisceau de lumière pailletée fusilla le dragon encore en pleine attaque. Mais loi de Newton oblige, il percuta tout de même mon pokémon.
J’enchaînai aussitôt avec le même ordre. A ce rythme, il ne ferait pas long feu. Même si je n’avais que trois pokémons, nous étions deux, et armés.
Soudain, un bruit de turbine titanesque fendit l’air. Nous nous retournâmes vers l’ouverture béante laissée par la porte défoncée.
- L’issue de ce combat ne changera rien ! Somma le colosse, voyant tout comme nous, la frégate occultant le soleil au dessus de la cité. Notre atout vient d’arriver !…
Il se retourna vers le champion.
… Watson, donnez nous le pointeau ! Sinon, Janusia périra sous la puissance de Kyurem !
- Kyurem, dites-vous ?! doutais notre adversaire, d’une voix rauque et puissante. Je ne peux vous croire ! Vous ne pouvez détenir l’ultime exuvie du dragon originelle !
Je craignais ce qui allait se passer maintenant.
Les deux colosses se jugèrent mutuellement du regard, aucun n’osait esquisser le moindre mouvement.
Condor hocha finalement la tête. Activant le dispositif à son poignet, il communiqua un simple ’’Activation’’ aux sbires restés sur la frégate.
D’un coup, nous vîmes la coque du bateau s’ouvrir pour libérer un immense canon qui visa immédiatement les plus gros buildings de la ville. J’étais terrifié, ils comptaient vraiment détruire une ville ? Il devait y avoir des milliers d’innocents, rien que dans ces quelques bâtiments.
Un rayon fut aussitôt tiré, bleu azur, comme le corps du légendaire dont il tirait sa puissance. Sa simple émission me glaça le sang, en même temps qu’il gela la vie des habitants, au sens propre du terme. Les tours s’étaient transformées en glaçons géants.
- Vous n’avez donc aucune limite, Plasma ! vociféra l’homme aux cheveux blancs. Massacrer des innocents pour assouvir vos desseins !…
D’un coup, il lança une HyperBall dans les airs
… Tranchodon, Draco-Queue !
Profitant du laps de temps d’apparition du pokémon, Condor fit apparaître sa deuxième paire de bras, puis recouvrit ses poings d’une couche de glace. Le cueillant, pour ainsi dire, dès sa sortie, il mit presque K.O le dragon.
Il ne lui fallut qu’un second coup, porté au sternum, pour qu’il s’effondre.
Poursuivant dans son mouvement, le mutant fondit sur le champion tel une bête sauvage, et lui asséna un fantastique crochet du droit.
Watson s’écroula à son tour, encore conscient.
Le commandant se pencha vers l’homme, qu’il agrippa par le col.
- Écoutez ! Ne m’obligez pas à sacrifier la ville entière ! Le pointeau, s’il-vous-plaît, je ne vous le demanderais pas deux fois !
Forcé de capituler, pour sauver des vies, l’expert des dragons détacha un long collier argenté qu’il portait jusque là sous sa chemise, une sorte de petite tétraèdre comme pendentif. Le colosse s’en saisit immédiatement.
Ce dernier se redressa, victorieux, écrasant symboliquement le maire de toute sa carrure.
- Il est temps pour nous de nous replier ! m’adressa t-il, tout en activant son dispositif de communication pour prévenir les autres. »
Sur ce, il commanda à nouveau à son Alakazam de nous téléporter.
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Nous nous retrouvâmes instantanément sur le pont de la frégate, où il y avait toujours autant d’effervescence. Mais parmi tout ces sbires qui couraient dans tout les sens, un individu se distinguait. Il portait un gros anorak et une sorte de chapka violet.
Je me doutais qu’il s’agissait de ce fameux sage Lilien. Son visage se déchira rapidement en un sourire machiavélique quand il aperçu le collier que mon coéquipier tenait.
« Parfait ! Le grand jour arrive ! s’extasia t-il, en s’approchant. Je savais que vous feriez ça rapidement !
Snobant tout bonnement ce qu’il pouvait bien déblatérer, je parcourrai du regard le pont à la recherche de ma petite-amie.
Je ne la voyais nulle part. Mon cœur commença à sérieusement accélérer. J’avais peur pour elle.
- Dites , les autres sont déjà revenus ? l’interrompis-je, sans prendre plus de pincettes.
Le plus gradé m’étudia du regard.
- Non, pas encore.
- Ils devrait pourtant être là, Ombre m’a confirmé avoir reçu mon message de repli. Grogna le colosse. Ces types qui ont mis la main sur le labo P2, ils nous traquent… Ce sont peut-être eux qui ont prévenus Watson. On ne sait pas ce que Nikolaï à pu leur dire. Ils ont sûrement dû postés leurs agents dans sa demeure… On ne peux rien faire pour eux ! On ne peut pas retarder le plan !
Intérieurement, je ris jaune. S’ils savaient !
Mais le temps n’était pas au rire, Encelade avait disparue, et je ne pouvais rien contre cela.
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Je n’arrivais pas à dormir. Le sort d’Encelade m’occupait beaucoup trop l’esprit.
Où était-elle ? L’avait t’ont enlevée ? Ou pire, tuée ? Qui étaient donc ses ravisseurs ? Ou alors, elle était partie d’elle même ? Pourquoi ?
J’espérais qu’il ne lui soit rien arrivée de grave.
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On tambourina du poing sur ma porte.
Ayant trouvé tant bien que mal le sommeil, peu réparateur certes, je mis plusieurs minutes avant d’ouvrir.
Le colosse se tenait là, légèrement voûté a cause de sa grande taille.
« Venez ! C’est urgent ! me sembla hurler ce dernier, alors que je me frottais les yeux.
- Quoi ! À cette heure ! Ça peux pas attendre demain ?
- Non ! »
A moitié endormi, je le suivi comme je pus.
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Le mutant ouvrit la porte devant nous, semblable à celles de la prison que j’avais quittée il y a finalement peu de temps.
Alors que j’étais toujours à moitié assoupi, mes sens se réactivèrent en un instant. Même si intérieurement, j’aurais voulut retrouver ma petite-amie dans cette pièce sombre et crasseuse, c’était le roux qui trônait prostré au centre, sous l’unique néon faiblard.
A ce que je voyais, on l’avait enchaîné sur sa chaise, puis on l’avait interrogé violemment, et cela pendant plusieurs heures. Une tache noir commençait à se former sous son œil droit. Du sang coulait de son nez et du coin de ses lèvres.
La seule question qui me vint en tête à ce moment était : Pourquoi ?
« Un traître s’était glissé dans nos rangs ! m’éclaira le commandant, furieux. Pendant qu’on était en bas, ils l’ont surpris en train d’essayer de placer des barrettes d’explosifs sur un des réacteurs...
Mal en point, mais pas K.O, le traître rétorqua, lui coupant ainsi la parole.
- Vous déshonorez les préceptes de notre roi ! Vous humiliez notre nom, en voulant dominer le monde !…
- N n’est qu’un gamin ! Rugit Condor en réponse. Il ne connaît rien au monde qu’il devait gouverner !
- Ghétis se joue de vous ! Il vous abandonnera dès qu’il le pourra !
Le commandant sembla d’un coup légèrement peiné.
- Je le sais ! Mais je veux que ce monde, que tu défends, périsse…
Ses gestes accompagnant ses mots, il me tendit le revolver qu’il portait à la ceinture.
… Tiens ! J’ai obtenu tout ce que je pouvais de lui…
L’homme marqua une minuscule pause. J’osais douloureusement imaginer la fin de sa phrase. Ces derniers mots me tombèrent dessus comme une guillotine.
… Tues-le ! »