Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Là où l'horizon s'efface de Oriwan



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Oriwan - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 21:03
» Dernière mise à jour le 31/10/2017 à 21:03

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 3 - Iguolta
J’aurais bien dit « le matin, au réveil », mais aucun d’entre nous n’avait dormi. Aux premières lueurs de l’aube, quand la luminosité devint suffisante et quand les Rocabots se mirent à hurler, l’île entière s’activa. Il fallait évaluer les dégâts. Le camp lui-même était presque intact, bien sûr la pluie avait rendu le sol boueux et quelques tentes étaient hors d’usage, mais ce n’était rien à côté des destructions que l’on pouvait redouter dans l’intérieur des terres, là où une épaisse fumée noire s’élevait toujours de la jungle.

Natu sur mon épaule, je me dirigeai vers l’entrée du centre Pokémon. Beaucoup de gens faisaient déjà la queue pour faire soigner leurs protégés. Je repérai un officier de police accompagné de son Iguolta.

- Monsieur l’agent ! dis-je en l’accostant. Quelles sont les nouvelles ? Vous avez retrouvé Electhor ? Et Tokorico ?

En m’entendant arriver, l’Iguolta avait déployé sa collerette d’un air menaçant.

- Laisse-moi tranquille gamin, je suis très occupé, je n’ai pas le temps de répondre aux questions.

Ce fut la seule réponse que j’obtins. Avec dédain, l’officier s’éloigna. Pas très aimable ce type. Enfin bon, étant donné la situation, ça peut se comprendre. Sur mon épaule, Natu piaillait d’un air mécontent.

- Taki ! Eh Taki !

Je me retournai, Jin et les trois frangins arrivaient dans ma direction, habillés et apparemment prêts à partir en expédition.

- On veut aller vers le village de Lilli’i, c’est dans la jungle, ils ont dû être sévèrement touchés par le combat, on veut voir ce qu’on peut faire pour aider. Tu viens avec nous ?
- Bonne idée, je prends mon sac et j’arrive !

Le chemin ne fut pas de tout repos. On aurait dit qu’un ouragan venait de ravager l’île. Plusieurs cocotiers avaient été déracinés et jonchaient le sentier. Il fallait les enjamber pour progresser. Mais le plus impressionnant c’était les impacts de foudre.

- Ohlalala, je n’avais pas réalisé qu’il y en avait eu autant, s’exclama Jin.

En effet, le sol était largement noirci, et de nombreux trous déformaient le relief. Et encore, nous ne nous étions pas encore aventurés dans la jungle. Ici et là, des habitants déblayaient les débris devant leur porte. Sur un promontoire rocheux, le toit d’une maison avait été complètement détruit. A califourchon sur une poutre, un vieil homme avec un marteau tentait de fixer de nouvelles tuiles. Alors qu’il redescendait pour chercher un nouveau stock de tuiles, les trois frangins l’aidèrent à soulever le lourd paquet. Il ne leur adressa aucun remerciement.

Nous n’étions plus très loin de Lilli’i à présent, mais le chemin était à nouveau barré, pas par un tronc d’arbre, mais par une clôture en bois décoré. Devant, deux gorilles en uniforme et casquette verte montaient la garde. En nous voyant arriver, ils nous lancèrent :

- Halte ! Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
- Nous venons du camp d’Ekaeka, répondit Jin en parlant la langue d’Alola avec un fort accent, nous venons simplement à Lilli’i pour…
- Vous êtes des réfugiés de Johto ? coupa l’un des gardes avec mépris. Et sans attendre notre réponse, l’autre garde déclara :
- La route est coupée sur ordre de Pectorius, le doyen de l’île, rebroussez chemin.
- Mais nous venons simplement voir si nous pouvons faire quelque chose pour aider… insista Jin.
- Vous en avez déjà assez fait, répondit le premier garde.
- Comment ça, on en a assez fait ?! Qu’est-ce que vous voulez dire ? s’indigna Jin.
- Laisse, coupai-je, partons.

Et j’entraînai Jin et les garçons avec moi. Peu importe la raison, ces deux-là n’avaient pas l’air de rigoler, il valait mieux ne pas les énerver. Jin ne décolérait pas :

- Non, mais tu as vu comment ils nous ont parlé ? On va laisser tomber comme ça ?
- Bien sûr que non, répondis-je, c’est suspect cette réaction. On va redescendre un peu, et passer par la jungle. J’ai bien envie de voir ce qui se passe au village.

Jin sourit. Elle s’empressa de traduire ce que je venais de dire aux garçons. Je fis sortir Cap’ et Nat’ de leur pokéballs. Natu s’envola au-dessus des arbres et garda un œil sur les gardes postés sur le chemin, au cas où. Capidextre nous ouvrait le chemin en voltigeant entre les branches. Tobi, Yan et Aris semblaient bien s’amuser en sautillant entre les racines. J’avais remarqué que Jin ne leur avait pas traduit les remarques désagréables des gardes.

Après un quart d’heure de progression entre les palmiers, à éviter de marcher sur des Croquine, Aris, qui marchait en tête, nous fit signe de nous arrêter et nous montra quelque chose du doigt. A quelques mètres devant nous on apercevait les maisons de Lilli’i. Comme nous le pensions, le village était dans un sale état. Plusieurs impacts de foudre grêlait la place centrale, beaucoup d’habitations étaient à terre, les autres portaient les stigmates des attaques tonnerre. Quelques personnes colmataient les brèches dans les maisons, mais le gros des habitants se relayaient au niveau du passage au nord du village.

- Qu’est-ce qu’il y a par là-bas ? demandai-je
- C’est le temple de Tocorico, répondit Jin, venez, grimpons dans cet arbre, on verra mieux.

Un homme sortit alors en trombe de la plus grande maison. Il avait les cheveux blancs et une chemise jaune. Il était suivi par un Pokémon qui ressemblait aux Krabby d’Irisia, et semblait passablement énervé. Il rejoignit à marche forcée une femme aux cheveux blancs et un officier de police qui étaient en grande discussion sur la place du village.

- Qui est-ce ? demandai-je.
- Le vieux avec la chemise jaune c’est Pectorius, le doyen. L’officier c’est le chef des forces de police de l’île, et la femme… oui, je crois bien que c’est Pimprenelle, la femme du professeur Euphorbe, tous les deux sont des scientifiques respectés ici, détailla Jin en chuchotant.
- Alors Pectorius, vous avez retrouvé Tokorico ? demanda l’officier. Ils parlaient si fort qu’il n’était pas dur d’entendre ce qu’ils disaient.
- Toujours pas ! Il est introuvable depuis hier, le temple est en ruine ! Répondit Pectorius, furieux, comment ont-ils osé s’en prendre à notre gardien !
- Comment ça « ils » Pectorius ? coupa Pimprenelle, je n’ai vu qu’Electhor dans le ciel hier.
- Et on sait tous ce qui l’a amené ici ! Il les a suivis, « eux ».
- « Eux » ? Vous ne parlez tout de même pas des réfugiés de Johto ? s’indigna Pimprenelle.
- Bien sûr que si ! Ouvrez les yeux ! On n’a pas signé pour en accueillir autant, nous sommes une petite île, et il en arrive des nouveaux tous les jours ! Et maintenant Electhor ! Cet oiseau de malheur va où sont ses semblables, il suit les Pokémon qui lui sont familiers. S’ils viennent pour détruire notre culture, on n’a atteint un point de non-retour.
- Calmez-vous Pectorius, ces gens ne sont absolument pas responsables des agissements du Pokémon légendaire ! Ils sont là parce qu’ils n’ont plus de chez eux, et ça doit être la même chose pour Electhor à présent.
- Et bien bientôt, nous n’aurons plus de chez nous non plus ! Au lieu de les défendre, vous feriez mieux de vous dépêcher de trouver ce qui cloche là-bas, qu’on puisse les renvoyer d’où ils viennent.

Puis le doyen s’adressa au chef de la police :

- Vous avez délogé Electhor ?
- Pas encore, il se terre au fond du volcan, c’est très difficile d’accès, et un Pokémon blessé peut être très dangereux.
- Je me fiche de l’état de santé de cet oiseau, s’il ne dégage pas très vite le chaos va régner sur cette île. La nature a horreur du désordre James, si Tokorico est hors d’état de garder son territoire, alors quelque chose d’autre viendra chasser Electhor, si vous voyez ce que je veux dire, et personne ici n’a envie que ce combat se déroule ici.
- Je vois très bien Pectorius, nous faisons le maximum.
- Bien, et tant que vous y êtes, contrôlez de plus près tous ceux qui arrivent par bateau, certains peuvent avoir des Pokémon dangereux. Les pêcheurs se plaignent déjà de trouver de plus en plus de Magicarpes inutiles dans leurs filets, notre faune marine est menacée !
- Pour la dernière fois Pectorius, répliqua Pimprenelle, ces gens ne sont pas responsables de ce…
- Je leur ai accordé suffisamment de chances. Dorénavant, l’accès à cette partie de l’île leur est interdit. Et si j’étais vous James, je leur interdirais de sortir du camp, mais ce n’est pas de mon autorité. Maintenant je vous laisse, Tokorico a besoin de l’aide des gens de ce pays.

Nous nous regardâmes en silence. Même les trois frangins semblaient avoir compris. Il était inutile de rester plus longtemps ici. Il n’y avait personne à aider et de toute façon, notre aide n’était pas la bienvenue. Le retour au camp se fit en silence. Je risquai un regard en direction de Jin, derrière ses longs cheveux blancs, son visage oscillait entre la tristesse et la colère.

Etait-ce un effet de notre imagination ? Les regards sur notre passage semblaient plus méprisants, je surprenais des messes basses sur le pas des portes. Ces gens nous détestaient-ils vraiment ? Croyez-moi, mesdames, messieurs, j’aurais préféré rester chez moi.

A Ekaeka, un nouveau ferry venait d’entrer dans le port. Une vingtaine de réfugiés en descendirent, entourés par les anciens qui venaient quémander des informations. Je me mêlais à eux. Apparemment, l’ombre n’avait pas encore atteint Irisia, mais flottait au-dessus des Tourb’îles. Et Lugia ? Aucun signe de vie. Irisia s’était encore remplie, tous les derniers survivants y étaient désormais rassemblés, attendant le prochain départ en bateau.

De nouveaux emplacements de tentes avaient été montés à proximité du centre Pokémon, on était désormais plus serrés. Jin avait déménagé sa tente juste à côté de la mienne. La nuit tomba vite et nous nous couchâmes en silence.

Je n’avais dormi que quelques heures quand je fus réveillé en sursaut. Enfin c’est ce que je pensais, il y avait une lumière aveuglante, mais ce ne pouvait pas déjà être le jour, c’était trop tôt.

- Contrôle police ! hurla une voix, amplifiée comme dans un mégaphone. Ces mots avaient été prononcés dans une langue de Johto très approximative. Pas de résistance, présentez vos Pokémon à police !

Un contrôle, comment ça un contrôle ? En pleine nuit ? Et qu’est-ce que c’était que cette lumière ?! Je sortis la tête de ma tente, et le faisceau de lumière changea de direction, il me fallut un moment pour me réhabituer à l’obscurité. Il y avait de l’agitation dehors, je commençais à distinguer des silhouettes, des silhouettes de policiers, ils étaient nombreux. Je fus à nouveau aveuglé pendant une fraction de seconde quand le faisceau de lumière repassa sur ma tente. Je vis alors d’où il provenait. C’était l’Iguolta que j’avais croisé la veille. Il se tenait à côté de son dresseur, le policier à l’air méchant, et éclairait le camp comme la tour de contrôle d’une prison.