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Assombri [Concours USUL 2017] de Wiziry



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Informations

» Auteur : Wiziry - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 13:31
» Dernière mise à jour le 31/10/2017 à 13:31

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Alola   Fantastique   Présence de poké-humains   Présence de Pokémon inventés

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Comment elle bouleversa mon univers
Ça a commencé ce matin. Même le matin, j'suis plus tranquille. Quelqu'un a toqué à la porte - enfin "toquer" c'est pas le mot qui convient - plutôt comme un forgeron martèlerait sur une de ces balles pour capturer ces bestiaux. Ma mère était pas là alors j'savais pas depuis quand ma porte se faisait exploser mais à en deviner la couleur rouge du visage de mon invitée ; ça faisait pas depuis quelques secondes. Elle était là, derrière ma porte. Ses cheveux tannés glissaient le long de son corps et, au moment où j'ai ouvert la porte, son poing s'est trouvé dans l'air, sans rien à marteler. Alors c'est qu'elle est tombée la brunette, en plein sur moi. De bon matin, j'vous jure. Y a des jours où je ferais mieux d'y rester, au lit.

On a marché dans les rues du village et on a parlé de tout et de rien. Enfin, elle parlait et j'écoutais. Elle me racontait sa vie, comment sa famille avait voyagé de Kanto à Alola pour changer de climat, comment elle avait capturé son premier Rattata et qu'elle était surprise que son pelage y soit noir. Elle sautait partout au magasin, souriait à chaque personne qu'elle voyait et hurlait un bonjour accompagné du mouvement de main quand quelqu'un nous fixait longuement. Je savais pas si elle parlait réellement de la façon dont elle était montée sur un Tauros ou encore de comment elle avait rencontré le Poulet ou je ne sais qui gardait Mele-Mele pour faire la conversation. Ou si elle parlait seulement d'autres trucs pour pas qu'j'lui parle de la bête. La chose poilue qu'elle avait explosé d'une flèche et laissée, là, sur le sol au milieu de la forêt. Sur Monsieur Paquelle.

On est arrivé au milieu du champ qui était au devant du volcan. Elle s'est arrêtée pour regarder les Tritox qui se promenaient et elle m'a regardé.

Et elle parlait.

Encore et encore.

Toujours.

Sans jamais s'arrêter.

"Est-ce que tu avais déjà vu des Tritox aussi violets ?"
J'ignorais jusqu'à leur nom avant qu'elle me le dise.

"Est-ce que le volcan est déjà entré en éruption ?"
J'ai à peine eu le temps d'ouvrir ma bouche qu'elle m'a interrompu.

"A Kanto, on a aussi un volcan. Il a détruit toute une ville au milieu de la mer. Le machin, je te jure"
Ah bah c'est bête, le nôtre il a rien fait depuis qu'j'suis né.

"D'ailleurs, je t'ai pas montré mes badges, ce sont des preuves que je suis trop forte"
T'as à peine dix ans.

"Regarde, celui-là, je l'ai eu dans une arène où j'ai dû fouiller dans des poubelles. Aah"
C'est vrai que c'est pas commun de tripoter les poubelles pour monter qu'on est trop fort.

"Et sinon j'ai dû te décrire aux gens du village pour te retrouver. Ils m'ont dit que tu t'appelais Bart ? C'est sympa comme nom. Moi mes parents m'ont appelé Milly. Je trouve ça trop banal et ça me va pas au teint."

Au milieu de sa longue tirade, j'ai réussi à la complimenter un peu : "J'trouve qu'c'est très mignon, Milly". Et j'ai eu l'impression d'avoir rougi. Elle a ralenti et a rougi aussi. Au moins, j'ai pu avoir deux secondes de silence ; deux secondes de vide où sa voix ne m'apaisait plus.
Alors qu'on rentrait au village, elle m'a tapoté sur le dos et a rit en affirmant : "C'est mignon mais pas au point de s'imaginer une fille qui tire une flèche dans une bête pour sauver le premier inconnu hein ?"

Elle a souri en prononçant ces mots. J'étais agréablement tétanisé. A la fois, Milly était bel et bien la fille d'hier soir qui m'avait sauvé, mais elle avouait cela comme un fait-divers.
Je l'ai regardée, de dos, avancer en sautillant partout et en s'exclamant à chaque pas.
Elle s'est retournée vers moi et a prononcé ces mots qui m'ont vachement plu : "Tu sais quoi, Bart tu es très sympathique ?" C'était la première fois que je rencontrais une fille qui me parlait autant et la première qu'une fille me complimentait.
"En fait, je pense que je peux t'avouer que " et elle s'est effondrée.
Sans finir sa phrase.
Sans plus rien dire.
J'ai dû courir à elle, la porter dans mes bras : je ne saurais dire si elle était légère ou si l'incident avait décuplé ma force, mais je n'ai aucun mal à la porter à l'auberge du village et à hurler au docteur Mathis de s'pointer.


L'odeur du bar est toujours aussi boisée en début d'après-midi. On a l'impression d'être au milieu d'un trou sous le sol mais c'est ça qui rend les boissons si apaisantes. J'ai regardé l'horloge et Monsieur Dahn m'disait qu'elle avait une heure de retard. Un chic type, M'sieur Dahn. Il me donnait chaque jour un Chocolat Skitty en échange de baies ou d'infos. Ma mère m'disait qu'il me ressemblait parce qu'il était si distant mais proche de tout le monde. N'importe quoi.
Le doc m'avait dit de repasser la voir ce soir et que son Guérilande s'occuper des soins thérapeutiques. Elle avait fait un choc sans qu'il m'en ait dit l'origine. Je m'étais sacrément inquiété, je crois à en devenir tout blanc.
Heureusement, que le bar était calme à cette heure de la journée. Y avait pas les gamins de l'auberge.

Y avait qu'ce gars dont la tête me revenait pas sauf que je l'ai remarqué qu'incliné sur mon Chocolat Skitty, la vraie boisson qui vous lâche jamais même dans les pires moments, quand il s'est exclamé : "Tu vas encore nous saouler longtemps à chouiner, gamin ?" J'ai tourné la tête, il avait un fusil dans son dos et une cicatrice sur son front. Même quand la charrette m'est tombée dessus, j'en avais pas une aussi grosse. Il a pris sa tasse de Café Granbull et l'a posée si violemment sur la table que j'ai cru qu'il allait la briser et devoir payer Monsieur Dahn, le gérant du café.
Il s'est levé du bar, m'a jeté et un regard noir que je pourrais pas oublier. De profil, sur le point de quitter le café, je pouvais voir qu'son œil en disait long : il avait cet air sombre qui vous méprise et vous défie rien qu'en vous croisant du regard. J'ai préféré l'ignorer et rajouter un sucre dans mon Chocolat mais il a grogné pour attirer mon attention et quand je me suis retourné, un basculement de son épaule m'a invité à le rejoindre. Il a quitté le bar, j'ai mis la monnaie sur le comptoir de Dahn et je me suis retrouvé dans la rue. Madame Géranon me regardait en face, en train de coudre une éternelle chemise semblable à toutes les autres, et me surveillait m'approcher du chasseur qui avait déjà bien avancé presque hors du village.

Il s'était arrêté à l'entrée du bois où Milly et moi nous étions rencontrés. Quand j'me suis approché, il m'a pris par le poignet le bougre. Qu'est-ce qu'il f'sait mal.
"La bête ? Tu l'as vue ?" Il a fait tomber brutalement ses mots sur moi et si j'avais encore eu mon Chocolat Skitty, j'l'aurais craché d'surprise. Mais c'était pas le cas. J'ai mis un certain temps avant de répondre. Déjà parce qu'ça f'sait des années que j'avais parlé autant en aussi peu de temps mais surtout parce qu'on espère tous qu'un silence fait croire qu'on a pas compris ; même si, ici, malgré toute ma volonté, j'avais parfaitement compris. Si je l'avais vue, bien sûr. Milly lui avait fait son compte. Une flèche dans la crête, en deux temps trois mouvements, elle avait mis fin à ce qui aurait pu être la plus grosse misère de not' p'tit patelin. Milly nous avait sauvés et maintenant, elle en tombait dans son lit.
"Ouais. Enfin, elle sera plus jamais là
- Comment ça, gamin ?" Il avait craché la cigarette qui s'consumait depuis deux minutes et m'avait appuyé si fort sur mes épaules qu'il m'a bien semblé rétrécir de quelques centimètres. J'répondai pas sous la pression souvent, parce qu'on me parlait pas et que c'était mieux aussi, mais car les gens écoutent moins quand y sont énervés ; ils entendent ce qu'ils veulent.
"Disons, qu'elle peut plus bouger." ai-je affirmé fièrement à ce moment-là. Peut-être que j'aurais dû m'en douter à son sourire mais il est parti si vite que la conversation s'est fini comme un ch'veu sur la soupe de m'man.
Enfin, fallait que j'apporte les Ceriz à Milly. Hier, j'avais laissé le Facteur Bazoucan s'en occuper mais j'ai pas trop confiance en ces bêtes, encore moins en ce gars-là, j'l'ai déjà vu s'envoler. Boudiou ! J'conseillerais à personne de lui donner quelque chose de précieux.
C'était tard dans la nuit, mais la récolte des meilleures Ceriz avait pris plus de temps que je ne l'avais prévu. En tout cas, j'me sentais moins fatigué la nuit, c'est comme si à la lumière du crépuscule, j'étais revigoré pour toute la nuit. J'imagine que c'est mieux qu'un soin de n'importe quelle infirmière.

Arrivé à la chambre de l'auberge qui servait de chambre de repos pour Milly, j'étais surpris qu'il y ait pas un Flamiaou. Il était tard - ou très tôt dans le matin ; tout dépend du point de vue - mais y avait aucune trace des gamins qui viennent piailler autour de l'auberge, d'habitude, il manquait jamais d'hurler à la mort quand j'entrais pour pas que je réveille leur fichu Manglouton.
J'suis monté à l'étage et, au travers de ce couloir obscur, un silence de plomb transformait l'auberge en morgue éclairée seulement par la lumière d'une seule cellule, celle de la fille que j'étais venu chercher.


J'me souviens que trop bien de ces ambiances mortuaires. La longueur d'un couloir donne cette impression qu'au moment où tu ouvriras la porte, y aura plus rien d'vivant mais qu'un corps malade et en décomposition. En un certain sens, ce couloir c'est un moyen d'nous préparer à pleurer tout ce qu'on a parce qu'on est jamais sûr que notre espoir s'envole pas comme une broussaille.

Sauf qu'elle a le don de me faire revenir sur chacune de mes pensées.
Du coup, quand j'l'ai ouverte la porte et bah elle a bondi hors de son lit. Ses deux jambes sont tombées hors de son lit et elle se ruait vers moi. J'aurais p'têtre dû ouvrir les bras pour l'accueillir et la serrer mais on va s'calmer, j'la connaissais que d'puis un jour. Pourtant, elle avait bien changé ma vie et là, en la voyant se ruer vers moi, ses cheveux bruns éclatant à la lumière de la pièce, qu'est-ce qu'elle était belle. J'ai pas pu m'empêcher de les entrouvrir un peu, mes bras, et de sourire.

Qu'est-ce que ça rend niais tous ces livres qu'on lit. Alors, je vous raconte pas ma peine quand, en arrivant à moi, elle a pris le panier de baies Ceriz et a sauté au plafond. J'ai vu dans le miroir sur sa commode, mon regard qui s'décomposait et un sourire béat apparaître sur mes lèvres.
Elle a pris deux baies Ceriz et en a croquée une d'un coup sous mon regard indulgent. Puis, elle m'a souri avec un léger jet de jus de Ceriz sur ses dents. Milly me paraissait être cette fille qui vous fascine par chacune de ses actions. Alors quand elle s'est penchée au-dessus de moi et que son visage était à cinq centimètres du mien, je n'ai pas pu m'empêcher de rougir et de lui demander ce qu'elle voulait.

"Viens, on va voir dehors ! Je n'en peux plus d'être ici" a-t-elle pouffé en s'approchant de la porte. Je me suis relevé et elle m'a lancé, enchantée : "Mais oui, j'ai le droit de sortir. Ne t'en fais pas, ça va aller !" Et elle a ouvert la porte.
En même pas vingt-quatre heures, elle arrivait déjà à savoir ce à quoi j'pensais sans même que j'lui dise. Effrayante comme fille.


Dès qu'on était dehors, elle m'a ôté ma veste des épaules. Je l'ai regardée et j'trouvais pas que l'air était si frais mais bon, du coup, elle pouvait bien la prendre.
"J'allais te la donner, toute façon" murmurai-je en détournant le regard. Elle avait déjà sacrément avancé au milieu de la ville nocturne et elle riait.
"Allons-y, Bart, dépêche-toi.
- Où ça ?
- A l'autre bout du monde."


Il était presque cinq heures du matin et elle voulait m'emmener, moi, le paysan du coin, au bout du monde.