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A la recherche du bonheur passé de Cat-Aclysm



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Informations

» Auteur : Cat-Aclysm - Voir le profil
» Créé le 30/10/2017 à 22:10
» Dernière mise à jour le 30/10/2017 à 22:10

» Mots-clés :   Alola   Drame   Famille   Présence de personnages du jeu vidéo

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Epilogue
- Tu es sûr que c’est ce que tu veux ?

Nous nous tenions sur le pas de la porte, et même si Red venait de passer plusieurs mois à la maison, je rechignais à le laisser repartir. Mais il avait trente ans, et était habitué à vagabonder seul avec ses pokémon…

- Maman…

- Oui, je sais, je sais, tu es grand ! Mais… la Ligue, tu es déjà passé par là, pourquoi revenir en arrière ?

Il me regarda un moment, silencieux, et je me retins de le presser : mon petit garçon expansif, à la limite de la logorrhée, était devenu très laconique, et le demeurait plus ou moins, bien qu’il se fût beaucoup ouvert pendant le temps que nous avions passé ensemble après être revenus d’Alola.

- Tu sais, papa voulait faire partie de la Ligue.

J’attendis la suite, impassible.

- Et… je voudrais qu’il soit fier de moi.

- Mais mon chéri, c’était son rêve à lui, es-tu sûr qu’il s’agit bien là de ce que toi, tu veux ?

- …

Je soupirai, ne sachant comment me faire bien comprendre.

- Je veux juste que tu t’épanouisses. Je pense qu’il est temps que tu commences à vivre pour toi-même, pas pour tes parents… alors s’il te plaît, prends un peu de temps pour y réfléchir, si tu veux bien. Evidemment, tu fais comme tu veux, mais… je ne voudrais pas que tu vives la vie de quelqu’un d’autre et que tu te prennes, un jour, à regretter tout ce que tu n’as pas fait, que tu aurais voulu faire et que tu ne peux plus faire…

- Ne t’inquiète pas, maman. Je ne prends pas de décisions à la légère. Mes pokémon et moi, on a visité beaucoup d’endroits… je crois que je sais qui je suis maintenant. Papa voulait faire partie de la Ligue, parce qu’il admirait ses membres et voulait être respecté, et gagner de l’argent. Moi, je veux être défié, rencontrer de nouvelles personnes talentueuses, me mesurer à elles, et que l’expérience de notre combat nous fasse tous les deux grandir.

Il se tut à nouveau, et cette fois, je sus que je n’en tirerais rien de plus. De toute façon, je trouvais sa motivation bien trop étrange pour être le reflet de celle de son père…

- Bon, eh bien dans ce cas… tu as mon numéro, tu peux m’appeler quand tu veux… j’essaierai de ne pas trop t’embêter, et de ne pas trop m’inquiéter si tu ne réponds pas… parce que, après tout, tu n’es plus un enfant, tu as autre chose à faire que de t’occuper de ta mère, donc bon… et puis tu as renseigné mon numéro à l’ORDPK, donc s’il t’arrive quoi que ce soit, je serai très vite au courant !

Je m’interrompis en remarquant son air un peu moqueur, et me sentit rougir, embarrassée par mon verbillage inutile.

- Bon ! File, alors !

- Je t’aime, maman, me dit-il en m’enlaçant brièvement.

- Moi aussi, trésor…

Et il partit.

*

- Alolaaa !

- Alola, professeur, répondis-je, amusée comme toujours par l’exubérance de mon ami.

- Alors, comment allez-vous ? Red est enfin parti, vous allez avoir la paix ?

- Professeur !

- Bah, je rigole, je rigole… bon, c’est qu’on n’a pas trop eu le temps de se parler, ces dernières semaines ! Euh, ces derniers mois, même ! Alors, comment ça s’est passé, avec le fiston ? Vous m’avez dit vite fait que ça allait, mais donnez-moi des détails ! C’est le seul espoir qui m’a fait tenir le coup pendant cette terrible journée, seul et abandonné de tous, dans le désertique, aride, suffocant Canyon de Poni !

Bien que ce ne fût pas la première fois qu’il me taquinât avec ça, je sentis le rouge me monter aux joues, et ne pus m’empêcher de me défendre.

- Professeur, je me suis déjà excusée mille fois, je devais partir, et je suis navrée que vous- !

- Roooh, mais quand donc allez-vous cessez de tout prendre au sérieux, c’est incroyable ! Bon, allez, racontez-moi des choses que j’ignore, au lieu de rabâcher des excuses !

- Hum… eh bien, au début, c’était un peu difficile, comme situation… nous ne savions trop quoi nous dire, et puis, une fois rentrés dans notre vieille maison, il a fait quelques remarques, j’ai répondu, nous avons évoqué le passé… enfin, disons que l’atmosphère s’est un peu détendue. Nous avons passé quelques jours ainsi, à parler de tout et de rien, enfin, surtout moi, car Red est devenu assez taciturne avec le temps… peut-être la solitude, rien que lui et ses pokémon, pas besoin de parler…
Et puis un soir, sorti de nulle part, en plein milieu du repas, il m’a demandé pourquoi je ne lui avais pas dit que son père était mort !

- Bah, ça devait bien sortir un jour !

- Oui, évidemment… je lui ai donc expliqué que je n’avais pas voulu le bouleverser, lui qui était si heureux, épanoui dans son aventure… et puis, je lui ai surtout avoué que j’avais été égoïste, que je ne m’étais pas sentie capable, affectée par mon propre deuil, de supporter le sien…

- Franchement, ce n’était peut être pas la meilleure chose à faire, mais bon, après tout, qui peut se vanter d’avoir fait mieux ? Peu de gens ont à affronter ce genre de situation, alors peu de gens vous jetteront la pierre, soyez-en assurée. Et ceux qui le feront, eh bien, ce sont de sacrés idiots !

Son soutien me fit sourire, et je repris mon récit.

- Vous avez raison, merci, professeur. Comme à son habitude, Red est resté silencieux un bon moment, sûrement le temps de digérer ce que je lui avais dit… et puis il m’a juste dit : « ok » ! Comme ça, tout simplement, et il a repris son repas !

- Hum… eh bien, votre fils est visiblement assez spécial, mais après tout, n’est ce pas mieux que les larmes et les cris ?

- Eh bien… si, si, bien sûr, mais… je ne m’y attendais pas… et il ne m’a posé que quelques questions isolées après cela, toujours à sa façon, c'est-à-dire au beau milieu d’une conversation qui n’a rien à voir, ou après un long silence… ce qui rend d’ailleurs les silences assez tendus pour moi !

- Oui, je comprends bien…

- Enfin, il a fini par partir, bien sûr… et vous, alors ? Comment allez-vous ?

- Oh, bah, vous savez, je coach des p’tits jeunes, j’élabore mon projet de Ligue, j’aide ma femme dans ses recherches, et de temps en temps je mène les miennes… mais bon, récemment, j’ai pensé à inviter une amie chez moi, histoire de lui faire visiter les îles d’Alola… enfin, elle est passée en coup de vent, et je ne l’ai pas vue depuis un petit moment, et comme son fils vient de quitter la maison familiale, je me suis dit que peut être, elle aurait un peu de temps à consacrer à quelques vacances !

- Vous êtes trop gentil, répondis-je en riant, mais j’ai déjà quelques projets de mon côté, vous m’en excuserez…

- Oh mais je ne pensais pas à vous, hein ! Bon, d’accord, peut-être un peu… alors comme ça, vous êtes occupée ?

- Eh bien… je n’ai pas encore vraiment décidé… tant de choix s’ouvrent à moi ! Surtout que… jusqu’à présent, survivre avec la pension de l’ORDPK et quelques menus travaux à côté n’était pas impossible, mais parfois un peu difficile, sauf que Red a obtenu certains fonds en qualité de Dresseur de haut niveau… et hum, il m’en a reversé une partie quand il a vu l’état de mes finances, et m’a promis de m’envoyer un peu d’argent de temps en temps… alors, eh bien, je voudrais profiter de cet argent, car… c’est peut-être égoïste, mais… je pense que partir avec Sammy sur la route pourrait être intéressant. Alola m’a donné le goût de l’aventure, et retrouver Red m’a permis de faire la paix avec le passé. Je pense qu’il est temps pour moi de… eh bien, de vivre !

Il y eut un silence à l’autre bout de la ligne, et un instant je crus que nous avions été coupés, avant que le professeur ne répondît, un sourire dans la voix.

- Vous avez bien raison ! Vous n’êtes pas, et n’avez jamais été qu’une femme, qu’une mère : vous avez un nom, une identité, des rêves à vous, et nom de nom, quel plaisir de vous entendre me dire ça ! Je ne peux que vous encourager dans votre démarche ! J’espère évidemment que vos pérégrinations vous mèneront à Alola, mais oui, oui ! Vivez, vivez, tant qu’il en est encore temps !

- Vous avez raison… vous savez quoi ? Je partirai demain ! Comme ça, sur un coup de tête, sans rien préparer ! Sammy et moi, nous allons voyager...

Je laissai ces mots en suspens, songeuse. J’avais enfin non seulement les moyens, mais également l’envie, de vivre ma vie pleinement, en accord avec mes désirs. Tant d’années passées à attendre, et même avant ça, à réduire ma personne à un ou seulement quelques rôles, alors que j’avais le droit, comme n’importe qui, d’aspirer au bonheur… et pendant quelque temps, j’avais été heureuse, mais pas pleinement : j’avais trouvé du bonheur auprès des autres, de ma famille, de mes amis, mais je n’avais jamais su trouver le bonheur en moi. Et maintenant, je comprenais enfin pourquoi : parce que le bonheur n’est pas quelque chose que l’on possède et qu’il suffit de garder ; parce qu’il faut lui courir après, encore et toujours, car même lorsqu’on l’attrape, il finit par nous filer entre les doigts ; parce que finalement, c’est aussi la course après le bonheur qui nous le procure ; parce qu’à la fin de la vie, quoi que nous fassions, nous rencontrons la mort ; alors, le plus important, c’est de courir sans songer à ce qui nous attend au bout, sans songer à ce qu’on a laissé derrière, en appréciant, tout simplement, la folle course de la vie à la recherche du bonheur…