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Sous les glouglous de la mer de Nicéphore



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» Auteur : Nicéphore - Voir le profil
» Créé le 29/10/2017 à 21:46
» Dernière mise à jour le 30/10/2017 à 18:36

» Mots-clés :   Absence de combats   Action   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo

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Épilogue- Se désaltérer
« Alors, j’ai compris que l’on n’arriverait à rien en se battant sous l’eau, expliquait Raphaëlle. J’ai regagné la surface, et j’ai vu le Wailord où on avait laissé nos Pokémon.

- Pendant ce temps-là, je me débattais comme un fou là-dessous en essayant de nager et de capturer la bête du même bras, précisa Ilario.

- J’ai ordonné au Wailord d’ouvrir la bouche…

- La gueule, plutôt, rectifia quelqu’un.

- …Oui, pour récupérer mon Étouraptor. J’ai aussi dit à l’Archéduc d’Ilario…

- Qui est une Archéduchesse, et qui est à Alyxia.

- … très bien, donc, de le ramener sur le dos du Wailord. Là, il y avait trois Pokémon qui attendaient. Je connais une peu les légendes, j’ai compris qu’il s’agissait des trois gardiens d’îles, le quatrième étant certainement celui qui avait combattu la méduse, sous l’eau.

- L’Archéduchesse m’a donc sorti de l’eau, ce qui tombait bien, parce que je pensais que j’étais foutu. Une fois dehors, j’ai vu ma collègue (il s’amusait à l’appeler ainsi) sur son Étouraptor ; la méduse, qui était une Ultra-Chimère, est sortie de l’eau d’un coup, et ma collègue a essayé de l’attraper avec son Capstick. Ça a fait une diversion qui a permis aux trois totems d’attaquer l’Ultra-Brèche simultanément. La méduse a essayé de les en empêcher, mais ce brave petit gars-là (il montra fièrement Rozbouton qui restait stoïque à ses pieds) l’a retenue avec des lianes. Là, les Pokémon marins qui ne bougeaient pas tout à l’heure ont dû se réveiller, en quelques sortes, et ont eux aussi attaqué la Brèche. Et tout ça combiné, ça a fait une explosion énorme.

- On avait l’impression que c’était le monde entier qui explosait, confirma Raphaëlle.

- Le Wailord a été bien secoué, continua Ilario, mais finalement, il est tellement large qu’on n’est pas passés par-dessus bord. Ça a fait un énorme geyser d’eau, ça nous a bien secoués quand c’est retombé. Et puis plus rien. Tout est redevenu calme, comme ça. Alors en est rentrés, et c’était fini. »

Raphaëlle acquiesça. Devant eux, la troupe d’enfants poussait de grands cris, les yeux brillants ; leurs piaillements se confondaient en un joyeux vacarme. Deux d’entre eux, des tout-petits au teint typiquement Alolien, s’approchèrent timidement pour caresser Rozbouton qui n’était pas beaucoup moins grand qu’eux. Il se laissa faire, très posé, attendant simplement que le fléau passe. Ilario couvrit la scène d’un regard amusé.

« Étouraptor a moins de succès, sourit Raphaëlle.

- Ah faut savoir ! lança-t-il avec un haussement d’épaules dramatisé. Soit ça vole et ça sauve des gens, soit c’est mignon et ça attire les gamins. Les deux se valent.

- Certainement. Et ça a beau être mignon, on notera accessoirement que ça retient les méduses mutantes à la surface de l’eau.

- Oui, accessoirement. »

Le professeur Euphorbe s’approcha d’eux avec de grands signes. Il était arrivé au cours du récit de leurs aventures aux enfants de Konikoni, s’était assis comme eux à même le sol en attendant qu’ils aient terminés.

« Yo, les jeunes ! Alors, ça a plutôt bien marché, vos expéditions ! J’ai eu vent de tout ça, ça circule vite, par ici, haha !

- En effet » acquiesça Ilario avec un certain étonnement.

Ils n’étaient revenus que depuis une demi-heure. Cela dit, un Wailord transportant des passager, à Alola, ça ne devait pas être très courant.

« Votre arrivée a fait pas mal de bruit, sourit le professeur. Ces petits gars en témoignent, d’ailleurs, continua-t-il avec un regard vers les bambins qui jouaient aux Rangers et à l’Ultra-Chimère. La mère d’Alyxia nous a appelés quand vous avez débarqué. On était en train d’évaluer les dégâts du dernier cyclone sur la plage de Hano-Hano. Pas grand-chose, rassurez-vous ! Vous nous avez laissés assez perplexes, à vrai dire, votre réponse à l’appel d’Alyxia était un peu bizarre, faut l’avouer ! »

Raphaëlle se tourna vers Ilario, surprise.

« Un appel ?

- Ah oui, oui, c’est quand on venait de quitter ces chers Engloutyran, je crois.

- Ouais, t’as parlé de glouglous et d’Ultra-Brèche. Alyxia a pas tout saisi, elle était assez furieuse de base. On était inquiets pour vous, mais avec le cyclone qui se pointait, hein… et puis on savait pas où vous étiez, alors... »

Ils comprirent au terme de quelques secondes qu’il était en train de se justifier pour ne pas être venu à leur aide. Certes, cette assistance aurait été bienvenue, mais ni l’un ni l’autre n’avait attendu d’éventuels secours durant tout cet épisode d’Ultra-Chimères. Sur le moment, ça ne leur avait pas spécialement manqué ; qui aurait su qu’ils avaient besoin d’aide, et où ils étaient ?

« Surtout que vous étiez en sacrée mauvaise posture… Vous savez quoi, sur les Ultra-Chimères ?

- Pas grand-chose, répondit Raphaëlle pour eux deux. Qu’elles viennent de sortes de mondes parallèles, qu’elles sont très dangereuses et qu’une folle furieuse a récemment voulu en libérer dans tout Alola.

- Ouais, c’est l’essentiel, approuva Euphorbe. Après, avec ce qu’il s’est passé à ce moment-là, puis avec les recherches qui ont suivi, on en a appris pas mal plus. Vous avez essayé d’en capturer une avec vos… Capstich, là ?

- Capstick, oui, fit Ilario en hochant la tête.

- Bah, c’était mal barré, désolé de vous l’apprendre maintenant. Ça transmet vos sentiments d’amitié aux Pokémon, hein ? Bah on dirait pas trop comme ça, mais ces machins mutants sont des mines de désespoir. Ah vraiment, plus que ce que vous pouvez imaginer. La présidente d’Æther, Elsa-Mina, vous voyez ? Son idée, c’était de transmettre son amour aux chimères, bah au final, ses bestioles chéries l’ont bouffée de l’intérieur. »

Ils firent la moue.

« Holà, c’est une image, hein ! Juste qu’elle était bien dérangée, quoi. »

Même, ce n’était pas très rassurant. Ilario préférait l’apprendre maintenant plutôt qu’avant de faire face à ces créatures. Quoiqu’en fin de compte, il aurait aimé ne pas le savoir du tout.

« Sympathique, fit-t-il.

- N’est-ce pas ? lança le professeur. Tout ça pour dire que vous l’auriez sans doute pas attrapée, votre Chimère. »

Les deux équipiers affichèrent un certain découragement. Tous deux avaient tenté le coup, plus ou moins ardemment ; alors ça, ils auraient bien aimé le savoir dès le départ.

« Z'avez eu de la chance que les Gardiens des Îles se pointent, ou vous seriez pas allés bien loin, du coup, haha !

- Ils ne se sont pas pointés, précisa Ilario, ils étaient là depuis un certain temps. Enfin, au moins depuis hier soir (l'éclair assourdissant de son retour d'Æther restait gravé dans sa mémoire). Mais l'Ultra-Chimère se cachait sous l'eau, alors il n'y avait que Tokopisco qui puisse l'atteindre.

- Vous l'avez attiré à la surface, du coup, c'est ça ?

- En quelque sorte, intervint Raphaëlle. En fait non, on s'attendait à ce qu'elle reste en sécurité sous l'eau, en gardant sa Brèche. Mais elle en avait tellement après nous qu'elle a suivi Ilario quand il est remonté. »

L'intéressé nota le fait qu'elle passait sous silence son propre rôle dans sa « remontée », et lui en fut reconnaissant.

« Ça aussi, c'est un truc que vous devez pas savoir, acquiesça Euphorbe en secouant la tête. Comme on l'a découvert après l'épisode d'Elsa-Mina, ça a fait moins de bruit. En fait, quand un humain traverse une Ultra-Brèche, il s'imprègne de son énergie. Et les Chimères réagissent très violemment à cette énergie. Pas étonnant, donc, qu'elle ait été si agressive.

- Sympathique, répéta Ilario. En bref, on n'aurait pas dû emprunter cette Brèche ?

- Ben non, man, t'en poses des questions !

- Ça nous a tout de même permis de nous reposer et réchauffer un peu, tempéra Raphaëlle.

- Vu le spectacle ensuite, j'aurais encore préféré éviter.

- On dirait que vous vous en êtes quand même sacrément bien tirés, les jeunes, reprit Euphorbe en tendant la main vers eux (ils la serrèrent l'un après l'autre). Content d'avoir fait appel à vous ! Les deux petits gars s'en sont bien sortis aussi à Mele-Mele et Poni !

- Il y a eu une grosse part de hasard, tout de même, modéra Raphaëlle. Ça, c'est parce que les Engloutyran se sont déchaînés juste au moment où Ilario passait au-dessus d'eux.

- Ouais, mais quand même ! Ah, j'ai entendu que tu avais aussi secouru les gens du Paradis Æther, man ! Bien joué !

- Euh, oui. Merci, sourit-il.

- Ah mais, tiens ! s'exclama le Professeur en apercevant quelque chose plus loin. C'est Alyxia, justement ! »

Il lui fit signe, et elle obliqua dans leur direction.

« Ah, hem, fit Ilario, je reviens tout de suite, faut que je passe au Centre Pokémon. »

Il fila sans attendre vers le bâtiment au toit coloré, laissant sur place deux mines surprises par la brusquerie de l'annonce. Confronté à Alyxia, il devrait lui rendre son Archéduchesse ; or celle-ci ressortait de plusieurs traversées de mer dont certaines plutôt agitées, et d'un séjour dans la gueule d'un Wailord. Cela ne devait pas correspondre à la notion que la Doyenne avait de « faire attention à un Pokémon ». Un petit tour au Centre ne serait pas de trop. Il avait voulu s'y rendre tout de suite après leur retour, mais la population locale leur avait littéralement sauté dessus.

Il pressa le pas. Le temps était doux, sans doute pas équivalent à la réputée chaleur de l'archipel, mais cela ne tarderait pas à venir. Il espérait pouvoir obtenir de son supérieur de Véterville quelques jours de répit pour visiter un peu Alola.

En attendant, le ciel était d'un bleu timide, encore caché par quelques nuages pâles ; le soleil, après s'être si longtemps fait désirer, ouvrait lentement sur le monde un œil ensommeillé. Rozbouton en était ravi, d'ailleurs, il tournait constamment sa petite tête vers l'astre. Ces Pokémon s'épanouissaient avec la chaleur des rayons du jour, et il n’avait pas dû beaucoup s’épanouir pendant ces derniers temps.

Les gens sortaient de chez eux, discutaient avec leurs voisins pour s'enquérir de la situation ; certains ouvraient de grands yeux ronds, d'autres poussaient des exclamations de joie. Parfois on le saluait, il répondait d’un geste avec entrain, atteint par la bonne humeur retrouvée des habitants des îles.

Il passa la porte du Centre Pokémon ; le même, en tous points, que les deux précédents qu’il avait visités. Mais celui-ci était plus lumineux, plus animé et souriant. Des gens discutaient à la cafétéria, des enfants se poursuivaient dans le coin opposé, l’infirmière souriait derrière son grand comptoir. Il s’approcha d’elle en décrochant de sa ceinture la Pokéball de l’Archéduchesse.

« Alola, se souvint-il juste à temps.

- Alola ! Vous devez être l’un de ces fameux Pokémon Rangers qui nous ont sortis de l’embarras, non ? demanda-t-elle en le dévisageant avec curiosité. (Elle saisit la Ball qu’on lui tendait et la plaça dans la machine de soin en continuant :) Ma fille vient de me parler de vous, le ‘’grand monsieur avec des cheveux en pétard’’ !

- Ça doit plutôt bien me décrire, en effet, sourit-il en passant une main dans son fouillis indescriptible de boucles entremêlées.

- Elle m’a dit que vous reveniez d’un combat contre une Ultra-Chimère sous la mer ? C’est vrai ? Brr, ces bestioles quand j’y repense, c’est déjà effrayant de loin, alors je n’ose pas imaginer…

- Vaut mieux pas imaginer, en effet ! Ce n’est pas très sympathique.

L’infirmière hocha la tête, en faisant la moue.

« Oh, un Archéduc, fit-elle en consultant l’écran de sa machine. Bon Pokémon !

- C’est une Archéduchesse, corrigea-t-il. Oui, bon Pokémon, mais ce n’est pas le mien, haha.

- Ah oui, c’est une femelle, bien vu ! »

Après quelques secondes de silence, elle reprit sur le ton de la conversation :

« C’est quand même fou, ça, vous n’êtes pas d’ici et vous ne connaissez pas Alola, mais c’est quand même vous qui nous avez sauvés ! »

La discussion prenait un tour qui le mettait un peu mal à l’aise. Il s’efforça tout de même de répondre.

« Ah, mais c’est le métier, vous savez. Je ne travaille pas pour aider seulement les gens que je connais !

- Non non, bien sûr ! Enfin, vous exposer à tous ces dangers pour une région avec laquelle vous n’avez aucun lien… Je connais beaucoup de gens qui ne le feraient pas. »

Il haussa les épaules. Le débat était stérile.

- Après, dire que je me suis réellement exposé au danger, c’est un peu exagéré. Pour la plupart, ils me sont tous tombés dessus sans que je n’aie rien à demander, les dangers, haha ! Et une fois en face, eh bien, on n’a plus beaucoup de choix. Je suis venu pour secourir des gens, moi, pas pour me battre contre vos Ultra-Chimères !

- N’empêche que vous avez subi tout cela pour sauver Alola. Nous vous sommes tellement redevables ! Vous avez dû avoir très peur. »

Les images du combat lui re-traversèrent la tête, les tentacules, son bras hors-service, l’eau noire insondable…

« Un peu. »

Elle dut sentir l’énervement qui commençait à l’envahir, car elle lui rendit la Pokéball sans plus attendre.

« En tous cas, merci infiniment ! »

Il acquiesça.

« Bonne journée. »

Ilario se sentait un peu étrange. La région était hors de danger, certes, mais il peinait à penser que c’était grâce à lui. Qu’avait-il fait, au juste ? Trouver une bonde de baignoire dans la mer par hasard, s’en étonner, et approfondir les recherches. Bof, c’était à la portée du premier venu, ça. Tous ces gens étaient un peu excessifs.

Il réfléchissait aux paroles de l’infirmière en s’éloignant du comptoir. En effet, il avait pensé cela, qu’Alola serait sauvée s’il capturait Zéroïd, lorsqu’il était en sa compagnie sous les vagues de la mer. Finalement, il ne l’avait pas attrapé, c’était peut-être pour ça qu’il ne se sentait pas si responsable de la dissolution de la menace. C’étaient les Pokémon marins, qu’il fallait remercier, et les gardiens des îles !

Il se sentait bien davantage en question sur le sauvetage des employés de la Fondation Æther, tiens. Peut-être n’était-ce qu’une histoire de modestie.

Quoiqu’il en soit, ainsi, peut-être aurait-il la promotion au rang de Top Ranger, maintenant, et il pourrait garder ce Capstick qui tourne sur les tables. Il resterait à Alola quelques jours, visiterait, aiderait peut-être Alyxia à reconstruire sa forêt, passerait dire bonjour à la Fondation, irait s’excuser auprès de l’infirmière-épongeuse d’Ekaeka qu’il avait bien ennuyée. Les gens étaient sympathiques et il ne tarderait pas à refaire beau.

Prêt à sortir, il se ravisa pour retourner vers le bar ; il n’avait pas eu son café, ce matin.