Chapitre 4- Émerger
On ne verrait pas qu'il avait pleuré, parce que son visage était déjà noyé d'eau salée, alors.
Non content de sauver de la famine les résidents de la Fondation Æther, le petit Abra nouveau-né avait jugé intéressant pour son image de re-téléporter son équipage à la case départ, plutôt que de le laisser peiner dans la tourmente.
Allongé entre les algues et les poissons morts, Ilario prêtait honneur à son nom en riant à gorge déployée, combinant des mers de nervosité, son amour pour les retournements de situation improbables et son sens de la démesure. Mais pas trop quand même, puisque les employés d'Æther pourraient l'entendre, et il n'y tenait pas. Pas trop.
« L'Abra, eh. L'Abra, putain ! »
L'intéressé déambulait parmi les algues sans y prêter attention. Rozbouton regardait la mer, bien plus calme par ici, et l'Archéduchesse lissait ses plumes étourdies par la tempête.
Il se redressa avec un immense sourire d'une oreille à l'autre. C'était la surface. Dessous, la terreur et le froid l'engourdissaient encore mais c'était très important de garder la face devant son partenaire. Rozbouton, avec toute sa rationalité, se moquerait de lui.
« On a failli crever, hein, fit-il à moitié pour lui-même. C'est pas très drôle. »
Un peu préoccupé, il s'assit en tailleur et posa le menton sur son poing. Il en avait entendu de nombreux récits, plus ou moins réalistes d'ailleurs, mais impossible d'imaginer l'arrivée de la mort avant de l'avoir vécue. Il n'avait jamais tellement risqué sa vie au point de se retrouver, comme ça, persuadé de ne plus pouvoir en réchapper.
Il se souvenait d'absolument tout, du décor comme de chacune de ses pensées stupides. Manquerait juste le contexte, comme consistance, pour revivre exactement la scène à l'égal de la première fois.
Avec le recul et ces souvenirs précis, il se faisait idée que la peur de la mort agissait plus sûrement à enivrer un homme que n'importe quel alcool. Ou alors son cerveau emporté par les vents avait-il véritablement tournoyé dans sa tête. Ses pensées étaient toutes incohérentes comme rien ne pouvait l'être. Ça le faisait rire.
Il fallait repartir avant d'être repéré par les membres de la Fondation, car c'était assez stupide de s'être retrouvé plongé dans une tempête après leur avoir assuré qu'il n'y en aurait plus. Mais il ne s'agissait pas de retomber dans l'ouragan de tout à l'heure, alors mieux valait essayer une direction différente.
« Archéduc, appela-t-il en se souvenant du nom de l'île où était assignée Raphaëlle. Ula-Ula, tu vois où c'est ? Parce qu'on y va. »
L'oiseau répondit par un cri qui sonnait affirmatif ; Ilario décida de s'y fier et prépara, pour la deuxième fois, le dispositif de transport des deux plus petits Pokémon.
Deux détails le tracassaient encore. D'abord, aucun moyen de se rendre compte s'il avait perdu connaissance, avant ou après le Téléport d'Abra : la transition s'était faite si brutalement qu'il avait eu l'impression de sortir d'un mauvais rêve, la tête lourde, mais les oreilles encore sifflantes. Du coup, il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était et son estomac criait famine. Il n'avait mangé qu'un sandwich sur le bateau, bien suffisant, vu le prix des repas dans ces pièges à touristes. Le ciel n'aidait pas à se retrouver de ce côté-là : impossible de se rendre compte s'il s'était encore assombri depuis l'affront des vents.
Il fit remonter les deux bestioles dans son dos, l'Archéduchesse prit son envol, agrippa ses épaules et se projeta en l'air. Il apprécia tout de suite le nouveau calme du ciel. Le deuxième détail qui le travaillait était les agissements des éléments quelques instants avant le Téléport. Cela avait paru tout à fait normal à son esprit voilé, sur le moment, mais ça ne l'était pas du tout, normal. Il revoyait parfaitement ces mouvements de vagues en cercles autour d'une sorte de dépression dans l'eau, comme si la mer était soumise à une dévastatrice bonde de baignoire ouverte. Et la foudre qui s'était abattue à cet endroit précis, sa lumière propagée sous les flots. Rien de naturel à ça. Mais avec ces tempêtes déclarées d'un seul coup, ce climat dans cette région paradisiaque, était-ce vraiment naturel... ? Le fruit d'un malheureux hasard ?
Si, la nuit commençait à tomber. Ça se voyait mieux par là-haut étrangement, maintenant qu'il se déplaçait à l'intérieur même de ce crépuscule. Le vent était plus doux et le milieu à nouveau agréable, même sombre, comme une grande nappe de coton gris.
Une dernière chose l'inquiéta soudainement. Abra, le merveilleux Abra, était déjà affaibli par la faim avant de quitter le Paradis Æther ; transporter trois corps, en plus du sien, n'avait pas dû arranger son état. Ilario craignait qu'en cas de nouvelle tempête, il ne puisse pas reproduire son exploit précédent. Mieux valait ne pas tenter le diable ; mais le diable surgissait sans prévenir, et on ne pourrait pas l'en empêcher.
Le trajet se fit donc sous la même tension qui avait pesé sur le chemin de l'aller. Et en plus sombre. La nuit tomba vite, avec empressement, ou alors était-ce lui voyait de partout sa hâte d'arriver. Ula-Ula fut en vue assez vite, grâce à son immense montagne qui perçait l'horizon ; il se souvenait l'avoir vue sur la carte d'Euphorbe. Ainsi, l'île parut proche durant presque trois quarts d'heure et semblait le narguer de parvenir un jour à destination. Cette dernière partie du voyage fut sans doute la plus longue. Arrivée près des côtes, la mer se modifiait : les contours de la terre se dédoublaient d'une ligne mouvante de déchets indistincts, concentrés près des terres, dispersés vers le large. On aurait dit que l'île se désagrégeait peu à peu dans l'océan, dans les glouglous de la mer, tiens. Cette eau-là, là-dessous, était teintée du brun de la boue que les lames avaient emportée. Quelques cimes d'arbres et de buissons en affleuraient. Spectacle étrange.
L'Archéduchesse-boussole savait où elle allait ; il fallait dire que sans connaître les noms précis des villes d'Ula-Ula, il n'avait pu lui en indiquer aucune, alors l'oiseau prenait l'initiative. Ils survolèrent une dense forêt, puis les ailes obliquèrent afin de contourner les façades escarpées du plus haut pic de l'île. Passé ce moment, Ilario cessa de regarder le paysage défiler sous ses pieds : un léger vertige s'emparait de son corps. Même pour un Ranger entraîné, ce long séjour dans les hauteurs, à toute vitesse, ne pouvait pas laisser indifférent.
Le Pokémon volant amorça enfin sa descente, et au terme d'une ou deux minutes le posa sur un sol pavé de pierres plus ou moins foncées qui formaient des motifs sous une légère couche d'eau. Celle-ci était bien moins haute qu'à Ekaeka, et atteignait tout juste le haut de ses semelles. Content de l'idée de pouvoir marcher sans inonder ses chaussures pour peine de faire attention, il tenta quelques pas précautionneux dans l'eau d'Ula-Ula.
Mieux valait ne pas détacher Abra et Rozbouton pour le moment, eux n'avaient pas de semelles. Archéduc en revanche protestait, et Ilario se souvint, en quelques secondes, de l'existence de la Pokéball qu'il portait toujours à la ceinture. Après un petit temps à comprendre le fonctionnement de l'objet, l'oiseau rejoignit avec une certaine satisfaction son habitat sphérique. Un peu perplexe, Ilario se demanda si l'intérieur en était confortable. Vu le trajet qu'avait accompli le Pokémon d'Alyxia, et avec une telle charge, il espérait qu'il puisse se reposer un peu.
Problèmes pratiques réglés, il leva les yeux vers le décor dans lequel il avait atterri. Le sol pavé appartenait à une rue bien droite comme celle d'Ekaeka, mais qui en croisait d'autres en un parfait quadrillage. Cette organisation carrée faisait penser aux quartiers résidentiels des grandes capitales, mais les immeubles tenaient plutôt d'un village simple et coloré.
Empêché d'abord par la pluie puis par cette histoire de Paradis Æther, il n'avait pas eu l'occasion de voir du pays au minimum que lui permettait sa mission à Alola. Cette ville, même mouillée et assombrie, dégageait une atmosphère bien propre, correspondant à l'idée qu'on pouvait s'en faire en connaissant la réputation de l'archipel. Une brise tiède agréable, quelques fenêtres allumées renforçaient cette impression. Il devait être environ vingt-et-une heures. Il se mit en marche un peu au hasard, veillant à ce que ses semelles restent seules victimes de ces flaques qui traînaient par terre. Par endroits, les vieux pavés se creusaient en créant plus de profondeur : le piège était vicieux.
À regarder la rue dans l'enfilade plutôt que vers ses pieds, on en concluait que cette nappe d'eau n'était pas qu'un dommage : partout les reflets des lumières des immeubles miroitaient sur la surface lisse, avant que son passage ne les éclate doucement en mille petits éclats dorés. Il lui semblait marcher sur la surface d'un lac taché de lueurs pâles.
Ces fenêtres éclairées donnaient une vue paisible aux maisons dans la crise, on pourrait oublier que des tempêtes ici se faisaient destructrices. Les gens, derrière les carreaux embués, lui semblaient convaincus à essayer de vivre tout de même. Quoique ces gens, il ne les voyait pas.
Encore un peu engourdi par le froid du voyage, étourdi par ces vents coincés dans ses oreilles, le premier venu aurait pu le prendre pour une espèce d'ivrogne tentant de marcher droit. Avec dans le dos une boule de feuilles et une autre boule de poils jaunes qui lâchaient, de temps en temps, des commentaires au ton très philosophique. De ce qu'il percevait derrière une croissante migraine, ils semblaient bien s'entendre.
Après un certain temps à voguer au hasard en bouclant les mêmes boucles, Ilario tomba enfin sur le Centre Pokémon qu'il recherchait. Les vitres teintées laissaient passer une lumière diffuse dans la flaque tout autour, comme une bougie flottante dans un pot de papier. Il entra, notant au passage que le niveau de l'eau s'arrêtait à la marche qui donnait accès à la porte, évitant ainsi le type de forteresse de serpillières d'Ekaeka.
« Bonsoir » lança-t-il sans trop savoir s'il était d'usage de saluer dans ce genre d'établissement.
La configuration du lieu était la même que celle du précédent centre qu'il avait visité, mais l'ambiance était moins sombre, sans doute par l'absence d'une masse d'yeux scrutateurs et de visages cernés. Il n'y avait ici qu'un barman endormi derrière ses pots de poudre et une infirmière vaillante qui tâchait de se tenir droite, levant des yeux attentifs vers le nouveau venu. Il s'approcha, un peu ébloui par cet intérieur lumineux.
« Alola (Ilario se souvint qu'on saluait de cette façon ici, et qu'il n'avait pas employé cette formule plus d'une fois depuis son arrivée). Que peut-on faire pour vous ?
- Eh bien, fit-il en détachant le système qui maintenait sur son dos les deux petites créatures, j'aurais besoin de votre permission pour téléporter une dizaine de personnes et de Pokémon ici. Ils sont coincés depuis cinq jours au Paradis Æther et ils meurent de faim. »
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Ilario faisait tourner son Capstick sur lui-même sur la table tachée : là était une grande partie de l'intérêt de l'objet par rapport à celui qu'il avait l'habitude d'utiliser.
L'infirmière avait eu quelques difficultés à comprendre ce qu'il lui demandait, au début, mais s'était ensuite montrée d'une bonne volonté très reposante par rapport aux Aloliens qu'il avait pu croiser jusque-là. Abra avait eu un peu plus de mal à saisir ce qu'on attendait de lui, il avait d'abord ramené du Paradis une balle colorée qu'il avait ensuite fait léviter en poussant de petits cris de satisfaction. Impossible d'obtenir son attention alors. Après un long quart d'heure de négociations poussées, ils avaient finalement réussi à ramener à Malié (Ilario venait d'apprendre le nom de la ville où il se trouvait) tous les pensionnaires involontaires du bloc artificiel d'Æther.
Toujours avec l'aide de l'infirmière, qui connaissait beaucoup des habitants des alentours, chaque employé de la Fondation avait été accueilli par une famille de la ville, nourri et logé de façon provisoire. Les Pokémon de la Fondation avaient été pris en pension chez ces mêmes personnes, pour la plupart, tandis que les plus gros avaient été emmenés au Parc de Malié, lieu apparemment plutôt renommé. Le Tropius aux ailes brisées en broutait les branches indemnes en ce moment même.
Cette histoire de téléports lui avait permis de connaître un peu mieux la population Alolienne, et il y avait de quoi se réjouir ; la dernière heure avait été une sorte de branle-bas de combat général, les autochtones jaillissant de leurs maisons dans le seul espoir de pouvoir rendre service. Les rues silencieuses s'étaient mises à une fête provisoire, dans une joyeuse agitation qui avait secoué en tous sens les reflets de lumière sur le sol détrempé.
Même après une longue journée de nuages menaçants pesant au-dessus des toits, les locaux restaient des gens parfaitement adorables. Ils avaient accueilli le Ranger presque comme un héros, avec un excès de félicitations et de remerciements qui l'avaient rendu profondément heureux et mal à l'aise. On aurait dit que tout ce monde puisait au maximum dans une occasion de reprendre espoir. Après les mines résignées des membres de la réunion de l'après-midi, cela avait quelque chose de rafraîchissant.
À propos de frais, sa veste était encore humide d'embruns et il ne faisait pas chaud à cette cafétéria. Il dormirait au Centre Pokémon de Malié avant de pouvoir regagner Akala, mais ne voulait pas aller se coucher tout de suite, même épuisé et les membres lourds. Il faisait plutôt tourner son Capstick sur la table comme le prétexte d'avoir une occupation. Rozbouton dormait sur la chaise en face de lui (pour la deuxième fois de la journée) : il avait toujours été la voix de la raison.
Un peu trop fatigué pour réfléchir, Ilario recevait passivement des bribes de souvenirs vifs de la part de son cerveau ; ses pensées dérivaient comme ces bouts de bois flottant aux côtes des îles dévastées. Il se rappelait de la poignée de main reconnaissante du Directeur Saubohne, l'éclat derrière ses lunettes d'un homme comblé qui ne sait pas exprimer de remerciements corrects ; mais il avait vu la gratitude dans toute son attitude et cela lui allait très bien.
Il y avait eu le moment où il avait conté avec force gestes et images le récit de ses trajets en chantant les louanges du merveilleux Abra à des enfants passionnés. Ils avaient ri et ça l'avait fait rire. La bestiole psychique se retrouvait logée à la même enseigne que le jeune employé qui ressemblait à Primo. Il avait été un peu triste de le quitter, ce petit Pokémon, et Rozbouton aussi.
Gladio et Vicky étaient toujours sur Akala, mais il ne tarderait sans doute pas à avoir de leurs nouvelles. Il avait accompli à la perfection la mission qu'on lui avait assignée, bien qu'en manquant de se faire tuer, et ça le rendait heureux. Les doutes qui l'avaient pris sur le bateau s'étaient dissipés en l'espace d'une soirée.
Un autre, unique, les avait remplacés. Hésitant depuis un certain temps, il décida soudain de s'en débarrasser. Il cessa de faire tourner le Capstick pour le porter devant lui et sélectionner le contact de Raphaëlle, enregistré dans l'engin par les soins de la Fédération. La dernière modification des appareils de capture consistait à l'ajout d'une fonction téléphonique, permettant de communiquer plus facilement avec un coéquipier qu'au moyen des traditionnels Vocogrammes.
« Vocogramme, Vocogramme » fit-il à voix basse en attendant une réponse. Imiter la voix synthétisée du Capstick était une chose qui faisait pouffer Loann.
Le Vocogramme, télégramme vocal sans doute, ne permettait qu'un message vocal sans possibilité de communication directe. Pas très pratique, mais étrangement symbolique du métier de Ranger.
Les sonneries se perdirent un moment dans une pièce inconnue, puis on décrocha.
« Oui ?
- Raphaëlle ? C'est Ilario, le Ranger de Véterville. Alors... »
Il chercha ses mots, qui s'étaient fait engloutir sous une vague de fatigue assez envahissante. Son interlocutrice attendit sans s'impatienter à l'autre bout du fil.
« Alors je reviens du Paradis Æther où j'ai secouru les employés bloqués grâce à un Abra extraordinaire qui m'a sauvé aussi. Parce que j'ai été pris dans une tempête, au retour, avec une Archéduchesse qui fait aussi boussole. C'est de cette tempête dont je voulais parler. »
C'était peut-être un petit peu décousu ; il se figura la mine perplexe de la Ranger ailée.
« Très bien, hésita-t-elle, la voix brouillée par la qualité du réseau. Tu dois être fatigué ?
- Euh, oui. Un peu. »
Il voulut recommencer à faire tourner le Capstick sur la table, mais s'aperçut qu'il téléphonait avec.
« Cette tempête, donc, reprit Raphaëlle avec une patience qu'il admira. Comment est-ce que tu t'en es sorti ? »
Il se concentra pour se lancer dans l'explication la plus claire possible des événements de l'après-midi, à partir du moment où Gladio et Vicky l'avaient pris à part après le briefing.
« Et ce qui m'intrigue, c'est ces trucs que j'ai vus avant le Téléport. Ça devait être... à peu près à mi-chemin entre la Fondation et Akala ? La foudre est passée sous l'eau à un endroit où il y avait une sorte de trou dans la mer. Comme une bonde de baignoire, ajouta-t-il en se souvenant du sentiment que le phénomène lui avait inspiré sur le coup. Je suis certain de ne pas avoir rêvé. »
Il avait passé sous silence les pensées étranges qui l'avaient traversé lorsque son cerveau était ballotté par les vents déchaînés.
« C'est assez étrange, en effet. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Que c'est étrange. Et que comme la météo est étrange, il doit y avoir un lien par étrangeté.
- Certainement, approuva Raphaëlle comme on parle à un enfant idéaliste (c'était un peu comme ça qu'il se sentait, d'ailleurs). Et alors, tu veux aller vérifier, j'imagine.
- Exactement !
- Et tu as besoin de moi pour ça ?
- Oui. C'est un truc d'ampleur, on sera toujours mieux de deux.
- Et donc laisser tomber nos deux îles simultanément ?
- Il ne s'y passe rien pour le moment. Imagine que cette bonde de baignoire soit la cause des tempêtes ?
- Tu crois que c'est possible ?
- Peut-être. Pourquoi pas ?
- Pourquoi pas. Oui, très bien. À vrai dire... (elle baissa un peu le ton) … si je peux m'éloigner un moment de mon binôme, je considérerais que cette excursion aura servi à quelque chose. »
Ilario sourit.
« Si terrible que ça ?
- Il m'a pris à part une fois arrivés chez lui, et m'a fait un discours de deux minutes pour m'expliquer qu'il n'y avait plus rien à faire. Depuis, plus un mot, plus un regard. L'ambiance est assez pesante. Je me suis éclipsée une heure pour survoler l'île, il ne s'y passe définitivement rien. Ah, tu es sur Ula-Ula aussi, du coup ?
- Oui, à Malié. C'en est loin, chez... (il rechercha dans sa mémoire le nom du concerné, en vain)... ton binôme ?
- Rien du tout à vol d'oiseau. Malié, c'est là où le bateau nous a déposés, après la réunion ; une demi-heure de marche depuis là, à peu près.
- Parfait alors. On se retrouve là-bas, demain à sept heures. Il faut que je dorme, je suis crevé.
- Oui, confirma-t-elle.
- Oui.
- Là-bas où ? À Malié ?
- Oui. Devant le Centre Pokémon.
- OK. À demain. Cette bonde de baignoire m'intrigue. »
Ilario hocha la tête sans penser qu'elle ne pouvait pas le voir, et coupa la communication.
Il s'imaginait faire comme Rozbouton tout à l'heure : s'endormir sur la chaise, en tomber, puis taper dessus. Il était sans doute temps qu'il aille se coucher.