Chapitre 2
Elle se réveilla. Tout était parfaitement silencieux. Son réveille indiquait qu’il était déjà fort tard. La journée d’hier avait été fatigante. La chambre était sombre. Le soleil était pourtant levé depuis bien longtemps. Elle se prépara à sortir, ne prit que l’essentiel dans un petit sac, fit rentrer Chovsourir et Ponchien dans leur pokéball, mais elle ne trouva ni Léopardus ni sa pokéball. La jeune fille fouilla toute la chambre mais ils restèrent introuvables. Elle dû se rendre à l’évidence, Léopardus était parti. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? Elle était très inquiète. Comment faire si loin de chez elle, où trouver de l’aide ? Elle ne savait pas où elle devait aller, chez qui s’adresser. Alexia pourrait peut-être l’aider mais le rendez vous n’étais que dans l’après-midi et même pas sur cette île. Elle essaya de se rassurer, de se dire qu’il ne pouvait pas être allé bien loin. Il fallait déjà qu’elle cherche autour du motel. Elle sortit.
L’odeur si particulière des baies avait disparu. Le soleil était pale, les couleurs fades, les fleurs et la végétation comme fanés. Tout était si étrange. L’adolescente alla à l’accueil du motel mais il était désert. Ressortant elle appela Ponchien en lui demandant s’il pouvait flairer la trace de Léopardus. Il renifla partout, chaque recoin, fit le tour complet du motel avec sa dresseuse mais ne flaira aucune trace de Léopardus. Même dans la chambre son odeur était absente. Cela l’inquiéta. La dresseuse rappela Ponchien en le remerciant. Elle ne savait pas quoi faire. Descendre vers la ville ou regarder dans les environs. Elle décida de chercher d’abord aux alentours. Il y avait une petite maison près du motel, de l’autre côté du chemin, peut-être le propriétaire avait-il vu quelque chose. Elle alla frapper à la porte, resta un long moment devant mais personne ne vint. La jeune fille n’osa pas regarder par la fenêtre de peur d’être trop indiscrète. Elle se dit qu’elle retenterait plus tard.
L’adolescente alla jusqu’au champ de baies qui était à deux pas. Il n’y avait rien. Les champs étaient vides. Pas de baie, pas de plant, pas même un germe. Elle était pourtant absolument certaine d’avoir senti le parfum des baies hier soir. Même Alexia en avait parlé. Les seules choses qu’il y avait étaient un gros coffre en bois rempli d’engrais, des sacs eux aussi remplis d’engrais, quelques pots de fleur vides et une brouette. Quelques jardinières et paniers s’empilaient devant la maison tout au fond du champ. Des outils qui semblaient avoir été utilisés étaient posés d’un côté et une plante pendait dans un pot de l’autre côté. Mais elle semblait vide elle aussi, personne ne vint quand elle frappa. Cela désempara la jeune fille. Il n’y avait personne et pas de trace de Léopardus, elle continua son chemin.
En remontant la route elle tomba sur un Centre Pokémon. Son toit ne lui sembla pas aussi vif qu’à l’accoutumée mais elle se sentit rassurée de trouver un bâtiment connu. Elle alla directement voir l’infirmière. La dresseuse expliqua que son Léopardus s’était enfui. La soignante se montra plutôt gentille, mais elle aurait préféré un peu plus de sollicitude, et nota où elle séjournait pour la prévenir s’il était aperçu ou qu’on lui amenait. Au final pas plus avancée, la dresseuse alla fouiller les hautes herbes environnantes en rappelant Ponchien pour l’aider. Chovsourir fut réveillé et mis à contribution lui aussi. Elle chercha longtemps mais ne trouva rien. Alors qu’elle allait commencer les recherches dans une grotte proche de la route, la jeune fille se rappela sont rendez-vous. Elle ne pourrait bien évidemment pas rester et il lui ferait perdre du temps de recherche mais elle ne voulait absolument pas le manquer car Alexia pourrait certainement lui dire quoi faire. Elle rappela Chovsourir et Ponchien et se dépêcha de descendre vers la ville. Dans la conversation du soir elle n’avait pas particulièrement prêté attention au chemin mais il ne lui semblait pas qu’il y avait de bifurcation.
Ekaeka lui sembla moins verdoyante que dans la journée d’hier. Il y avait toujours autant de parcs, d’arbres et de fleurs. Mais tout semblait pâle. La joie et la bonne humeur qu’elle y avait respirée s’étaient évanouies. Elle pouvait aller à gauche mais fila tout droit car il lui semblait que c’était de là qu’elle était venue la veille. L’adolescente ne s’était pas trompée, arrivé à l’embarcadère elle prit le premier ferry pour Malié sur l’île d’Ula-Ula. Le trajet lui sembla interminable. A peine arrivée elle chercha frénétiquement Alexia. Ne trouvant personne elle finit par se rendre compte qu’elle avait ½ heure d’avance. Elle s’était tant dépêchée qu’elle avait pris le ferry à l’horaire d’avant. Elle s’assit. Cela l’aida à se calmer. La jeune fille regarda attentivement le flux de passagers aller et venir.
Le temps passa mais elle ne vit personne. Elle attendit encore. Toujours personne. Les nombreuses horloges lui indiquaient que le rendez-vous était passé depuis 1 heure. Elle avait pourtant été attentive. Alexia ne l’aurait pas vu ? Ce n’était pas possible, elle était en plein milieu du hall. Est-ce qu’elle serait partie sans elle ? Elle peinait à y croire. L’adolescente se précipita dehors. Malié était plus grande et surtout plus peuplé qu’Ekaeka mais semblait davantage traditionnelle. Comment trouver quelqu’un là-dedans ? Elle commença à doucement aller vers la ville et tomba sur l’entrée du parc. Il semblait très grand. Alexia lui avait parlé du parc elle était peut-être là.
En rentrant elle remarqua un plan. Il y avait 2 chemins. L’un était direct, menait à une petite aire de détente et pique nique avec une buvette. L’autre était un petit chemin qui serpentait à travers le parc, permettait d’approcher au plus près des Pokémon locaux et d’admirer toute la beauté du lieu. Elle ne le trouvait pas si beau ce parc. Il disait que le lac ressemblait à un Léviator. Elle ne vit pas de ressemblance. Au fond il y a avait une réplique de la Tour Carillon de Rosalia. Alexia avait dit qu’elle était venue faire un dossier complet sur Alola pour l’Editions d’Illumis. La dernière tendance de la cité toujours à la mode était Alola, il fallait surfer sur la vague, faire découvrir la région et préparer les prochaines vacances. Quel chemin aurait-elle pris ? Quel chemin un vacancier venu d’une ville comme Illumis aurait-il pris ? Surement le plus facile et plus direct. Mais il lui avait semblé qu’Alexia avait l’esprit aventureux. Elle aurait pris l’autre. La jeune fille le prit aussi, elle reviendrait par le plus direct.
Elle avait l’impression d’avancer dans une savane ; elle n’était jamais allée dans une savane mais était absolument certaine que cela ressemblait exactement à ça. L’herbe était assez sèche alors qu’il y avait de l’eau partout. Elle essaya de le traverser le plus rapidement possible mais de nombreux Pokémon lui barrait la route. Dans le meilleur des cas elle parvenait à les contourner ou s’enfuir avant qu’ils ne l’attaquent. Mais bien souvent la jeune dresseuse devait combattre avec Ponchien ou Chovsourir. Etant face à des Pokémon inconnus elle ne savait quelles attaques lancer et parvenait avec peine à les faire fuir. Pourquoi les Pokémon se montraient-ils si agressifs ? Finalement arrivée devant la réplique de la Tour Carillon sans avoir trouvée personne, elle questionna le personnel. Alexia, en tant que journaliste, n’avait pas dû rentrer comme un touriste lambda. Mais personne n’avait fait entrer une journaliste et une photographe venues d’Illumis. La jeune fille prit soin de bien inspecter l’aire de détente avant d’en sortir. La fatigue se faisait sentir. Elle avait traversé tout le parc et n’avait rencontré personne à pars le personnel à la tour. Ce parc lui semblait bien vide pour un endroit touristique. La ville par contre débordait de gens, ç’en était étouffant. Cela paraissait contradictoire avec l’image qu’elle se faisait d’Alola, une région calme et heureuse où l’on prend le temps de vivre, et avec la ville elle-même.
Elle arpenta les rues ne sachant où elle allait. Les maisons et bâtiments semblaient avoir eu un charme à l’ancienne. D’où venaient tous ce monde ? Elle finit par presque courir dans cette fourmilière, passant et repassant dans les rues comme affolée. La foule la gênait pour avancer. Elle ne savait pas où elle se trouvait, si elle tournait en rond ou pas. Elle passa plusieurs fois devant de grands bâtiments. Etait-ce les mêmes que les fois précédentes ou des différents ? La jeune fille se rendit à l’évidence, elle perdait son temps, elle ne pourrait jamais trouver quelqu’un là-dedans. Presque par miracle elle aperçut ce qui lui semblait être un policier de l’autre côté de la rue. Elle la traversa avec peine tant il y avait de monde qui allaient dans tous les sens. Elle réussit à l’atteindre. Elle pu lui expliquer la situation. Il se montra poli, lui donna même un plan détaillé des différentes îles, il semblait en avoir plusieurs, peut-être pour les touristes égarés. Il lui indiqua comment rejoindre l’embarcadère et lui montra où se situait le poste de police d’Ekaeka. Dire qu’elle était passée devant, il était presque en face du port. La jeune fille se demanda pourquoi l’infirmière ce matin ne lui en avait pas parlé. Elle pu reprendre sa route. Le policier lui avait semblé bizarre, elle avait vaguement eu l’impression de parler à une sorte de robot.
L’adolescente n’était pas toute proche de l’embarcadère, il lui fallut marcher dans cette foule pendant une éternité. En attendant le ferry elle étudia un peu le plan que le policier lui avait donné. Il était très détaillé et contenait de nombreuses indications sur chaque île et ville. Elle regarda un peu la carte Mele-Mele avant d’aller à la page de Malié. Elle remarqua que la ville avait une bibliothèque réputée, un centre culturel, un Malasa’Délices, un restaurant de sushi, un magasin de mode et beaucoup d’autres choses intéressantes. Elle était surement passé devant sans les voir. Alexia y était peut-être mais tant pis. L’avait-elle oubliée ? Avait-elle eu un empêchement ? Avait-elle cherché à la prévenir sans réussir ? Cela la tracassait. Et elle se sentait déprimée.
Elle pu enfin embarquer. Cette fois le trajet lui sembla court, elle était exténuée de sa marche et s’assoupit même, c’est un membre de l’équipage qui la réveilla. Le calme d’Ekaeka lui fit du bien. La jeune fille prit immédiatement la direction du commissariat. A peine avait-elle fait quelques pas qu’elle l’aperçut. Son pelage lui sembla étonnement foncé. Il fouinait le long de la clôture d’un parc. Elle l’appela. Il sauta immédiatement par-dessus la barrière, traversa le parc en quelques bonds lestes et sortit de l’autre côté. Sans réfléchir elle s’élança à sa poursuite. Léopardus sembla vouloir aller à droite mais un attroupement le fit obliquer vers la gauche. L’adolescente eu tout juste le temps de sortir du parc pour l’apercevoir au loin, tout au bout de la route, aller en direction du motel. Elle remonta la route en courant. Elle lui semblait si longue, elle était déjà si fatiguée. Elle souffla alors qu’elle venait de s’engager sur la route 2. Elle ne voyait plus Léopardus, il était certainement déjà bien loin. Etait-il allé tout droit ? Comme elle avait regardé le plan de l’île elle savait qu’il y avait un cimetière à proximité et la Grotte Verdoyante plus loin. Il aurait pu aller dans un ces lieux pour s’y cacher. Elle continua de courir. Alors que l’adolescente avait presque atteint le motel elle vit de nouveau Léopardus. Il fila. « Attend ! » cria-t-elle, mais il était déjà hors de portée de sa voix.
Elle continua d’avancer. Elle marchait rapidement mais ne couru plus, elle ne s’en sentait plus capable. Elle atteignit la route 3. Le soleil étant de l’autre côté de l’île, cette route était entièrement plongée dans l’ombre. Les falaises escarpées s’élevaient menaçantes. Elle trouvait la végétation globalement fade mais cette partie de l’île en était quasiment complètement dépourvu, juste de la roche. Tout cela dégageait une atmosphère malaisante. Elle se sentait très mal à l’aise. Elle avança prudemment et l’aperçut à nouveau. Il était bloqué par un éboulement. La dresseuse savait Léopardus très agile mais elle doutait qu’il parviendrait à franchir cet obstacle. Soudain il sembla foncer à travers roche. En s’approchant elle découvrit une entrée dans la montagne qui lui était cachée par une avancée de la falaise. Un panneau indiquait « Jardin de Mele-Mele ». Normalement c’était un cul-de-sac, elle devrait réussir à le rattraper.
Pour un jardin elle s’attendait à quelque chose de très fleuri. Alexia avait dit « superbe ». Mais les fleurs étaient jaune desséchées. Tout le jardin ressemblait à un bouquet prisonnier de hautes murailles, en train de faner. Elle s’engagea dans les fleurs. Ici aussi les Pokémon sauvages se montraient agressifs et les siens avaient déjà beaucoup combattu. La dresseuse était passée 3 fois devant un Centre Pokémon sans jamais prendre le temps de les soigner, et même sans y penser. Elle s’en voulu. Par chance les Pokémon ici étaient moins forts qu’à Malié et le jardin n’était pas très grand, elle voyait le fond et remarqua que les fleurs grimpaient un peu sur les parois rocheuses. Elle aperçut une petite cavité dans la roche et espéra très fort qu’il n’avait pas filé par là. La jeune fille fini par atteindre le fond et monta sur le chemin. De là elle avait une vue d’ensemble sur le jardin. En apercevant les fleurs en contrebas, elle se rendit compte qu’il valait mieux éviter de tomber. Elle marcha prudemment. Tous en haut du chemin elle vit Léopardus. Il était bloqué. Elle allait enfin pouvoir l’attraper. Léopardus l’aperçut et sauta. La jeune fille en devint blanche. Elle le voyait déjà gisant en bas, blessé, peut-être mort, mais il atterrit comme s’il avait sauté d’un petit muret, et partit en courant plus rapide que jamais. Il ne s’était pas du tout fait mal. La jeune fille prit le temps de reprendre son souffle.
Elle commençait à se dire qu’elle ne le rattraperait jamais. Elle avait besoin de se reposer. Mais il fallait encore qu’elle sorte d’ici et marche jusqu’au motel. En descendant elle vit un chemin qui longeait les falaises, il y avait moins de fleurs et moins de chances de rencontrer des Pokémon sauvages. En l’empruntant elle rencontra une jolie jeune femme dans une tenue un peu étrange pour la région mais qui s’accordait à merveille aux couleurs du jardin. Sans savoir pourquoi elle voyait bien les habitants de Malié porter ce genre de vêtement. L’inconnue s’arrêta à son niveau :
— Bonjour, je m’appelle Erika, dit-elle tout sourire. Je viens de Céladopole dans la région de Kanto où je suis championne d’arène et créatrice de parfums. Je suis venu ici à la recherche de nouvelles essences pour mes prochaines fragrances. Et toi ?
— Je … euh … eh bien, bafouilla-t-elle en se demandant si on se présentait vraiment comme ça quand on rencontrait quelqu’un. Je … je cherche mon Léopardus, il s’est enfuit, je suis très inquiète.
— Oh, s’il s’est enfuit c’est peut-être qu’il ne veut plus de toi, qu’en dis-tu ?
— Quoi ! elle était abasourdie.
— J’en suis certaine, continua la dénommée Erika, tu devrais cesser de le poursuivre, il sera beaucoup plus heureux sans toi.
Sur ces mots elle partit. Elle avait dit tout cela en souriant. Un sourire chaleureux qui contrastait complètement avec ces paroles. La sœur de Matis n’en croyait pas ses oreilles, comment pouvait-on dire des choses pareilles ? Comment une parfaite inconnue qui ne connaissait rien à la situation pouvait dire de telles horreurs ? Elle avait envie de pleurer tant elle se sentait désemparée. Fallait-il vraiment qu’elle laisse Léopardus tranquille ? Qu’elle l’abandonne ?
Elle reprit le chemin du motel. Son pas était lourd. Elle repensait à tous les évènements de la journée. Il s’était passé beaucoup de choses, beaucoup de choses étranges, et les paroles d’Erika étaient pour elle le coup de grâce. Il fallait qu’elle aille au commissariat. Normalement. C’est ce qu’elle était censée faire. Elle ne savait plus très bien. Elle avait besoin de dormir. Elle décida de rentrer au motel, de dormir et d’aviser ensuite, elle ne pourrait de toute façon rien faire dans son état. Elle s’arrêta au Centre Pokémon soigner ses compagnons, eux aussi avaient besoin de repos. Arrivée au motel, elle se dirigea vers sa chambre en cherchant les clefs dans son sac. La jeune fille entendit un bruit. En se retournant elle vit Léopardus plus loin sur la route. Il l’a regarda et fonça droit sur la ville. Est-ce qu’il l’attendait ? Est-ce qu’il voulait l’emmener à un endroit ? Ou alors pensait-il simplement l’avoir semé et être tranquille ? La jeune fille hésita un peu puis s’élança à sa suite. Non elle n’allait pas l’abandonner !
La course-poursuite la mena au port d’Ekaeka. Elle vit Léopardus faire un grand bond du quai jusqu’à un bateau qui était en train de le quitter. L’adolescente se demanda comment un tel saut était possible, mais ne pris pas plus de temps pour réfléchir sur sa nature irréalisable, elle cherchait quelqu’un du regard. Au premier marin qui passa la jeune fille demanda où se dirigeait le bateau en le montrant du doigt. Elle prit le premier ferry venu pour Ho’ohale sur Akala.